Peinture: Le Vampire de Munch
Titre de l’oeuvre: Le Vampire
Nom de l’artiste: Edvard Munch
Date: 1893-4
Médium: Huile sur toile
Dimension: 91X109 cm
Biographie de
l’artiste :
Munch a brièvement étudié à
l’école technique, puis se consacre rapidement à l’étude de l’art. Il étude le
l’Art classique, la naturalisme, le dessin et ses premières œuvres sont
inspirées du réalisme français et il est reconnu très tôt dans sa carrière
comme un artiste de grand talent. Il rompra cependant rapidement avec le
réalisme. Son passage à l’expressionnisme provient en grande partie dans sa
recherche pour transmettre dans son œuvre une expérience personnelle et
douloureuse. Il produit alors en 1885, le tableau « L’enfant
malade ». Malgré les critiques négatives, Munch poursuit dans cette voie
et même si les prochains tableaux sont un peu moins provocants, on retrouve
encore une atmosphère lyrique qui se détache définitivement du réalisme.
Ses œuvres seront par la
suite fortement influencées par ses relations dans la sphère anarchiste de
l’époque. On retrouve dans ses tableaux l’expression de ses conflits internes,
de sa volonté de dépeindre les ennuis de la vie moderne ainsi que sa propre
vie. On dit souvent les œuvres de cette époque font partie de sa production
« biographique-littéraire ».
Il vivra un certain temps à
Paris, où il explorera les mouvements post-impressionniste et anti-naturaliste
et même pointilliste. Ses œuvres demeurent cependant empreintes de ses propres
expériences, impressions et émotions, ainsi que de l’expression de la décadence
de la fin du siècle. Il ira ensuite à Berlin, et gravite dans un cercle
d’artistes, littéraires et intellectuels où on retrouve nombres de scandinaves.
Les discussions tournent autour de l’art, la philosophie, l’occultisme, le
fantastique, la psychologie, etc. Ses œuvres de cette époque conservent les
mêmes thématiques, mais on peut y voir également certains aspects sombres de
l’amour, la mort, la maladie… On note une tendance au symbolisme. Une grande
influence sur l’œuvre de Munch provient de l’écrivain polonais Stanislaw Przybyszewski et de la femme
de ce dernier connu sous le nom de Ducha. L’écrivain polonais qui explore le
satanisme et le fantastique pousse Munch dans ses thèmes et sa femme, très
belle, et dont Munch aurait été amoureux lui inspire sa vision de la femme
troublée : attirance et peur, érotisme et mort…
De retour à Paris, vers 1896,
Munch explorera d’autres moyens graphiques, tels la gravure, la lithographie.
Il réalisera également des affiches. Il peint cependant toujours. Ses œuvres
ont pour thèmes, la solitude, l’angoisse, la difficulté de vivre, l’amour
sombre et tragique, la maladie, la mort, la tristesse, etc., mais on retrouve
également une orientation métaphysique courante à l’époque. Les expériences et
émotions personnelles de la vie de Munch se retrouvent toujours dans ses
œuvres.
Il s’établit au début du XXe siècle, comme un peintre reconnu et comme une influence sur de nombreux artistes. Il expose à plusieurs reprises à Berlin, Prague, ... Parmi ses œuvres les plus connues on retrouve Le Cri (1893) qui exprime toute la solitude de l'homme. Comme beaucou de ses oeuvres, il en fit plusieurs versions. Edvard Mubch décède au début de l'année 1944 à Ekely.
L’œuvre :
L’œuvre de Munch aborde
souvent le thème de la femme dans son aspect conflictuel d’objet d’amour et de
désir mais également de répulsion.
Le cycle « La Frise de
la Vie » finira par incorporer la plupart de ces œuvres majeures, dont
« Le Cri ». Il exposa la première séquence d’images de ce cycle à
Berlin en 1893 sous le titre « Amour ». On pouvait voir dans cette
exposition, six pièces (des peintures et des pastels-études pour des peintures)
qui proposait la vision de Munch du chemin sur la voie de l’Amour :
l’innocence, la passion, la douleur émotionnelle, la jalousie et le désespoir.
La 3e œuvre de cette séquence était intitulé « Amour et
Douleur » et était une étude en pastel. Cette étude se voulait étude de
l’intimité entre la douleur et l’amour. On sent le désespoir de l’homme qui
aime, la femme offrant un peu de compassion à cet amour et semble consoler son
amant. Elle le domine cependant et on sent de l’ambiguïté dans ce tableau.
Est-ce qu’elle le garde sous sa domination ou tente-t-elle de le consoler?
On sent de la tendresse mais également une froideur de sentiment soulignée entre autre par les couleurs sombres et oppressantes du décor. Les deux personnages s’enlacent dans la scène et donc sont attachés l’un à l’autre, peu importe l’aspect conflictuel de l’amour et de la douleur, du désespoir et du réconfort. L’un n’allant pas sans l’autre dans la thématique de Munch. Malgré la douleur, l’homme s’agrippe désespérément à la femme à qui il offre sa douleur, sa dévotion, alors que la femme le tient aussi fermement comme si elle voulait le réconforter mais également le garder dans cette position de supplication. Elle est celle qui garde cet amour-douleur dans cet état. Nous sommes ici très proches des sujets et l’intimité de leur enlacement, nous rend voyeurs de leurs passions et leurs douleurs.
Lorsqu'il vit la peinture pour la première fois, son ami Stanislaw Przybyszewski donna spontanément le titre « Vampire » à l'oeuvre en y voyant cet aspect de douleur que la femme semble soulager mais aussi amplifier. Il y vit une domination de la femme qui vampirise l'amour de l'homme. Munch décida de conserver ce titre. Il reprendra ce théme dans plusieurs autres oeuvres, en soulignant de plus en plus, cette idée qu'aimer une femme est dangereux pour l'homme qui risque d'y perdre sa volonté, son identité et le rapproche de la mort. Petit à petit, il ira jusqu'à enelever de ses oeuvre, l'élément de réconfort qui semble présent dans le « Le Vampire » comme par exemple, dans « Cendres » où la femme et l'homme sont complètement séparés. On y retrouve le désespoir, mais aussi l'isolation et le sentiment de perte.
« Cendres » 1894
Et « Amour et Douleur » devient donc « Le Vampire ». Le regard que l’on porte alors se transforme avec ce titre, et on y voit en plus d’un sentiment de soumission, de douleur, de domination, mais également de réconfort, une sensation plus sombre, de vie et de mort. La passion devient maintenant synonyme de l’aspiration du sang de l’homme, de son essence, de son amour, de sa sexualité, de sa vie par la femme.
On voit tout de même l’homme s’accrocher à son vampire et donc une relation ambiguë avec la douleur et l’amour procurés en même temps par la femme. L’homme a désespérément besoin de l’amour et de la douleur que lui donne le vampire et ce même si cela lui donnera probablement la mort également. Alors que certains vont parfois y voir, une domination parasite de la femme sur l’homme, on doit surtout y voir une symbiose presque sacrificielle entre les deux. Malgré tout, les deux personnages semblent consentants et trouver du réconfort dans leur situation. Ils assument leur rapport douloureux envers l’amour. Ils acceptent de se faire mal par leur attitude.
Sources:
* Munch, 1863-1944 / [comité de rédaction, Maryse Bordet-Maugars... et al.]. -- Paris : Cercle d'art, 1995. --63 p. : nombreuses ill. (certaines en coul.) ; 32 cm.
* Diverses sources Web dont:
http://www.insecula.com/contact/A008594.html
http://www.photosmarval.org/peintres/expressionnisme/edvard-munch.shtml
http://en.wikipedia.org/wiki/Edvard_Munch
http://www.edvardmunch.info/edvard-munch/biography.asp
© 2006 Laila Seshat