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29 décembre 2006

12 uvas

La nuit de la Saint-Sylvestre, ou la veille du Jour de l’An… une tradition espagnole assez connue souligne le passage à la nouvelle année. La vieille du Jour de l’An, et donc le 31 décembre, que les gens appellent ici la « Nochevieja » (en catalogne, on parle de la « nit de cap d’any »), après le traditionnel repas de famille qui se prend à la maison mais également souvent dans les restaurants, les gens vont se réunir dans le salon ou encore descendre dans la rue pour être prêt pour les douze coups de minuits.

uvasLes gens ont sur eux douze grains de raisins. Les raisins de la chance. Et à chaque coup de l’horloge, à minuit, on mangera les raisins, un à un. Si on réussit à manger les 12 raisins pendant les 12 coups, nous aurons de la chance pendant toute la année. La plupart des espagnols suivent religieusement cette tradition et au fil des années, les commerces ont même commencé à vendre des boîtes de conserve avec 12 raisins sans peau et sans pépins pour rendre la consommation plus facile ! On dit qu’en ce moment, pendant ces 12 secondes, les espagnoles dépensent près de 6 millions d’euros en raisins ! Plus de 1 600 tonnes de raisins seront consommés !

Et donc manger les 12 raisins aux 12 coups de minuit qui marque la fin de l’année et le début de la nouvelle année, apportera une bonne année ! On spécifie aussi qu’il faut garder son sérieux pendant le rituel, sinon il est sans valeur. Ensuite les bouchons de la Cava sautent et on porte un toast à la nouvelle année avec les confettis et les baisers… comme un peu partout d’ailleurs. Beaucoup de villes et villages organisent des fêtes sur les places, où on va danser et boire toute la nuit.

D’où provient cette tradition ? On dit qu’elle est relativement récente et qu’elle remonte au tout début du XXe siècle, en 1909 ou 1904. On dit qu’une année du tout début du siècle fut particulièrement bonne pour les viticulteurs de toute l’Espagne. Les vignobles produirent des récoltes si abondantes que les viticulteurs ne savaient que faire de tout ce raisin ! Des viticulteurs de la région d’Alicante ont donc pensé à commencer une nouvelle tradition : manger des raisins à minuit ce qui apporterait la chance et la prospérité pour l’année à tout ceux qui réussiraient à manger les douze grains… tout comme eux avaient eu de la chance et de la prospérité… On dit aussi que si on ne réussit pas à manger les raisins, c’est plutôt une année de malchance qui suivra. Le nouveau rite se répandit rapidement à travers l’Espagne et on ne saurait aujourd’hui ne pas suivre cette tradition. Douze raisins… pour les 12 coups de minuit évidemment, mais on dit aussi pour les 12 mois de l’année. On mange en Espagne, des raisins frais ou en canne, mais dans d’autres pays hispanophones, comme par exemple, l’Argentine, ce sont des raisins secs.

Cependant, certaines références font remonter plus loin les origines de cette tradition – jusqu’à l’époque romaine. On croyait en effet que les raisins avaient des vertus bénéfiques et donc prendre un grain pour chacun des mois à venir assurait une bonne année. Le raisin fait partie de toutes les cultures méditerranéennes, il est donc normal de le retrouver dans beaucoup de rites et traditions. 

On peut également ajouter certains éléments à cette coutume de consommer 12 grains de raisins aux 12 coups de minuit. Tout d’abord, il est coutume de mettre de l’argent –habituellement une pièce de monnaie- sous le pied droit dans le soulier, le tout enveloppé dans un petit mouchoir rouge avec son nom écrit dans le mouchoir… ceci nous dit que nous entrons dans la nouvelle année avec de l’argent à ses pieds, en foulant de l’argent, et que donc toute l’année, nous aurons de l’argent au besoin. Quand arrive minuit et l’heure de trinquer la nouvelle année, il faut mettre un anneau ou tout objet d’or que l’on porte sur soi pendant l’année dans la coupe avec laquelle on trinquera et qui comporte les 12 grains de raisins. En plus d’apporter la chance lorsqu’on réussit à manger les 12 raisins, on dit aussi qu’il faut faire un vœu à chaque grain pour chaque mois… un vœu pour janvier, un vœu pour février, etc. On peut répéter les vœux…

On peut aussi lire que à ce moment, lorsqu’on lève la coupe de cava, il faut dire au 72 génies, aux 4 éléments (terre, eau, feu et air) et au « dieu » de notre tradition (habituellement en Espagne, se sera le dieu chrétien ;) ) : « je demande que cette cava, de même de cette coupe, sortent les bulles et que soit retirés de mon corps toute la négativité et que dans la prochaine année entre tout ce qui est positif ».

Il existe aussi des directives très précises pour la décoration, principalement en rouge, mais également avec d’autres couleurs. Un cendrier avec un parchemin sur lequel on a écrit avec un crayon, 3 vœux à « nettoyer ». On écrit sur le parchemin les choses négatives de l’année qui vient de se terminer et qu’on veut brûler, on roule le parchemin, le noue d’un ruban rouge et on le brûle ensuite. Il est aussi coutume de porter des souliers neufs ou du moins un morceau neuf.

Et donc… 12 raisins pour célébrer la prochaine année !

Sources :
http://enciclopedia.us.es/index.php/12_uvas
http://es.wikipedia.org/wiki/12_uvas

© 2006 Laila

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27 décembre 2006

La Chasse-galerie: II. Commentaires

La Chasse-galerie, légendes canadiennes / Honoré Beaugrand, Montréal, 1900, 123 p.; Fides, 1979, 107 p.

Commentaires :

Ce conte fait partie du patrimoine québécois autant d’un point de vue littéraire que traditionnel. Au Québec, c’est la version d’Honoré Beaugrand qui est le plus connu.  L’auteur s’est inspiré de légendes et folklores du Québec, mais également de la vie quotidienne. Il raconte l’histoire du Québec, sa vie quotidienne, ses coutumes et traditions.

chasseLa « Chasse-Galerie » s’inscrit parfaitement dans le contexte de l’époque : la vie des coureurs des bois, les traditions et coutumes de ces hommes des bois, les traditions de Noël et du Jour de l’An, les croyances et peurs dans le fantastique, le diable, la présence incontournable de la religion dans la vie des gens, et même la consommation d’alcool… On note aussi dans son récit, la fascination pour un monde qui demeurait mystérieux pour la majorité des gens : le monde de la route, des coureurs des bois, des hommes qui s’enfonçaient pour des mois dans les profondeurs de la forêt. Forêts et routes, mondes remplis de mystères, de créatures étranges, de noirceurs…

On retrouve également dans ce conte la recherche du fantastique et le goût de s’effrayer…On peut facilement voir les craintes et les peurs des gens de cette époque : le diable, l’enfer, la perte de son âme… Et on voit également la présence de l’église et de la religion qui jouait volontiers avec ces peurs pour garder les gens dans le droit chemin. Le conte était également une occasion de provoquer une rupture avec le quotidien et permettait d’entrer dans un autre ordre du temps, de l’espace, … un autre univers extraordinaire. On le dit toujours rituellement au début du conte : on va maintenant conter une histoire qui va changer la vie des auditeurs.

Ce conte fait partie des traditions orales du Québec. Il était conté lors des veillées en famille ou dans les réunions de paroisses. Il a forgé l’imaginaire québécois et nous offre non seulement une histoire fabuleuse mais également un regard sur la société de cette époque. 

Mais si ce conte fait partie de la culture québécoise, on sait que les premiers colons ont mélangé des éléments de légendes françaises avec des mythes amérindiens qui parlent de canoës volants.  Cette légende est connue dans plusieurs cultures à travers le monde, sous différents noms.

Il y a tout d’abord, la légende française qui parle d’un noble très riche qui aimait la chasse et qui selon certaines traditions auraient eu le nom de Gallery. Un jour au lieu d’aller à la messe, il décide d’aller chasser. Il fut alors condamné à errer dans le ciel tout en étant lui-même chassé par des cheveux et des loups.

Dans la Banque de dépannage linguistique panfrancophone, un article très intéressant fait venir le mot « chasse-galerie » du parlers de l’Anjou, du Poitou et de la Saintonge. Le mot ne serait attesté en France que depuis 1829 (ou peut-être depuis 1791), et il serait arrivé au Canada au XVIIe siècle au Québec et en Acadie. On y traite également de l’étymologie du mot « chasse-galerie ». Le mot chasse devrait être pris dans son sens collectif qui englobe les chasseurs, les chiens de chasse, l’équipement, etc. Le mot « galerie » pourrait venir du nom du noble qui avait été condamné à errer dans le ciel. Ou encore le mot serait rattacher aux mots « galier » et « gaille » qui en ancien français ou en patois signifieraient « cheval ».

On dit aussi que l’histoire viendrait aussi de la « troupe infernale ». La troupe composée de diables, démons, sorciers, etc. courraient dans les airs pendant la nuit, et faisait un grand vacarme : hurlement, aboiement, sifflements, etc. La légende de la chasse-galerie sert alors à expliquer les bruits étranges de la nuit…

On rattache également la légende à ce que les anglo-saxons appellent la « Wild Hunt ». Cette chasse comprenait un groupe de chasseurs –souvent des spectres- qui se lançaient dans une course folle dans les cieux. Voir cette Chasse sauvage n’était pas un bon présage et annonçait des catastrophes. Si on se trouvait dans le chemin des chasseurs, on pouvait être enlevés et amené aux Enfers. Cette légende se trouve en Angleterre, Allemagne et même dans les pays Scandinaves. On pourrait en dire beaucoup plus sur les origines de la.Wild Hunt.

On peut même faire remonter les origines de la légende de la Chasse-Galerie aux Vikings. On parle alors de ressemblances avec des récits mythiques liés au dieu Wotan. Ce dieu de la guerre chevauchait un cheval ailé à 8 pattes, il transmettait la rage à ses combattants, et ses apparitions avaient apparemment lieu entre Noël et l’Épiphanie. Les apparitions du dieu sont accompagnées de cris. Les récits concernant le dieu se sont transformés a leur introduction en France et avec la christianisation. On peut la rattacher aussi à la croyance française que lorsqu’on s’enrageait, on était condamné à notre mort à errer dans le ciel pour toujours.

Peu importe les origines de la légende, elle fait aujourd’hui partie des traditions québécoises…

Premier article: La Chasse-galerie: I. L'auteur et le récit

Sources :

http://www.chez.com/feeclochette/lachasse.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Chasse-galerie
http://www.ratsdebiblio.net/beaugrandhonore.html
http://www.forum.umontreal.ca/numeros/1999-2000/Forum00-02-21/article06.html
http://en.wikipedia.org/wiki/Wild_Hunt

© 2006 Laila Seshat

26 décembre 2006

L’Home dels nassos

Une autre tradition de Catalogne sur laquelle je n’ai malheureusement pu trouvé beaucoup de renseignements. J’essaierai au cours de l’année de faire une petite recherche plus poussée.

Le 31 décembre, il existe une vieille tradition qui se perd aujourd’hui. Le jour de la Saint Sylvestre était en effet le jour de l’ « homme aux nez ». On raconte aux enfants qu’un homme assez particulier se promène dans les rues de Barcelone, en particulier dans la vielle ville. Cet homme a autant de nez qu’il y a de jours dans l’année. Le dernier jour de l’année, le 31 décembre, il ne lui reste qu’un seul nez, mais de belles proportions. Les enfants vont parcourir les rues à la recherche de cet homme aux nombreux nez, sans réaliser que puisque c’est le dernier jour de l’année, il n’aura qu’un seul nez comme tout le monde. On dit alors que nous sommes tous cet homme et les enfants cherchent en vain.

La recherche pour l’Home dels Nassos commencent parfois avant – on cherche alors un homme avec autant de nez qu’il reste de jours à l’année. On va parfois voir encore des parades ou des rassemblements en l’honneur de l’Home dels nassos. On verra alors le personnage avec des mouchoirs immenses et même des draps. Traditionnellement, on retrouvait la parade sur le Passeig Marítim, maintenant on la retrouve plutôt à la Plaça del Palau.

Ce personnage semble originaire de Barcelone, mais on peut retrouver cette tradition dans différentes villes de la région. Dans d’autres villes, par exemple dans la province de Girona, le personnage passe dans les rues en menaçant les enfants qui ne sont pas sages. Les enfants lui offrent alors parfois une pièce de monnaie.

Ce semble être une tradition ancienne même si son origine est inconnue. On note des références à cette histoire au 18e siècle et selon Jairo Labrador sur la page L'alfabet de Ciutat Vella http://www.xtec.es/centres/a8052700/abc/abc_poster.htm, sur le site du réseau éducatif de Catalunya, les origines pourraient être majorquines – de Mallorca.

Selon le folkloriste catalan, Joan Amades, le personnage serait une transformation ou même une parodie d’un autre symbole mythique qui symbolise l’année, l’arbre des nez. À la souche de cet arbre vivait l’homme des nez, qui le 31 décembre était vêtu des feuilles de 12 arbres différents. Le folkloriste affirme également que l’origine de l’home dels nassos pourrait être trouvée dans la figure du dieu romain Janus. En effet, le dieu romain (lui-même aux origines incertaines) a deux visages, un tourné vers le passé et l’autre vers l’avenir… et donc vers l’année qui vient de terminer et l’autre qui commence.

Et apparemment, il y aurait un « hommes aux oreilles » qui serait vue le 30 décembre… mais je n’ai pas trouvé beaucoup de références à ce sujet.

Sources:

http://www.xtec.es/centres/a8052700/abc/h_text.htm
http://www.ub.es/geohum/inventari/fitxes/invt145.htm
http://ca.wikipedia.org/wiki/Home_dels_nassos

http://www.labuenanoticia.com/?q=node/158

http://www.bcn.es/nadal/en/tradicions.htm
http://www.barcelona-on-line.es/noticies/noticia.asp?idIdioma=2&idPublicacio=1573


- Almerich, L "Tradicions i costums populars a Barcelona", Ed. Milà, Barcelona, 1944, pàg. 89
- Amades, J. "Costumari Català", Salvat editores, Ed. 62, Barcelona, 1982, vol. 1, pàg. 255-260

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25 décembre 2006

La Chasse-galerie: I. l'auteur et le récit

La Chasse-galerie, légendes canadiennes / Honoré Beaugrand, Montréal, 1900, 123 p.; Fides, 1979, 107 p.

Ce recueil d’Honoré Beaugrand comporte plusieurs contes très intéressants, dont mon préféré, « La Chasse-Galerie ».

L’auteur :

Honoré Beaugrand est né un 24 mars de 1848 à Saint-Joseph-de-Lanoraie au Québec. Il fera des études classiques au Collège Joliette. Il fréquentera l’école militaire de Montréal brièvement après son expulsion du Collège. Il joindra les forces militaires françaises de l’empereur Maximilien et partira pour le Mexique. Il y sera blessé à plusieurs reprises et même emprisonné. Il ira en France en 1867 avec les troupes françaises après la chute et l’exécution de Maximilien.

Il devra quitter la France à cause d’activités antigouvernementales et il séjournera alors la Nouvelle-Orléans où ilhb sera journaliste. Il retournera au Mexique puis s’installera au Massachusetts où il fonde un journal « L’Écho du Canada » en 1873. Il y rencontre et épouse Éliza Walker avec qui il aura une fille. Il voyagera ensuite dans l’Ouest des Étars-Unis après avoir vendu son journal. Il fondera en 1875, un 2e journal « La République » dans lequel il publiera en plus de ses opinions sur la religion –notamment sur ses allégeances franc-maçonniques - et la politique, les premiers chapitres d’un roman sur l’émigration : « Jeanne la fileuse ».

Il déménage ensuite en 1878 à Ottawa où il fonde le journal « Le Fédéral » qui ne paraît que quelques mois. Il part ensuite pour Montréal où il fonde plusieurs journaux : « Le Farceur », puis le journal « La Patrie ». Il restera propriétaire du journal jusqu’en 1897. Le succès de ce journal libéral lui permettra de se lancer en politique. Il sera maire de Montréal en 1885-1886.

Il fera une carrière politique mais demeure également connu pour la publication de nombreux essais et récits de voyages. Il sera un défenseur de la cause des Canadiens Français. Honoré Beaugrand est connu comme journaliste, romancier, essayiste, et comme homme politique. Il recevra en 1885, la croix de la Légion d’Honneur française.

Il écrivit de nombreux récits et contes dont le fameux récit : « La Chasse-Galerie » qui parut pour la première fois le 13 décembre 1891 dans « La Patrie ». Le conte sera réimprimé plusieurs fois et le titre sera repris pour un recueil de contes publié en 1900.

Honoré Beaugrand meurt le 7 octobre 1906 à 58 ans. Sa vie très remplie mérite d’être lue en détail. Quelques liens pour en savoir plus sur sa vie et sa bibliographie.

- L'ÎLE, le Centre de documentation virtuel sur la littérature québécoise. – URL : http://www.litterature.org/ile32000.asp?numero=55
- Wikipédia
. – URL :  http://fr.wikipedia.org/wiki/Honor%C3%A9_Beaugrand 
- 
L'univers du conte québécois du XIXe siècle. -- URL : http://home.ican.net/~galandor/littera/conteurs.htm#beaugrand
-  L’Encyclopédie de l’Agora. – URL : http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Honore_Beaugrand

Le récit :

« La légende qui suit a déjà été publiée dans la Patrie, il y a quelque dix ans, et en anglais dans le Century Magazine de New York, du mois d'août 1892, avec illustrations par Henri Julien. On voit que cela ne date pas d'hier. Le récit lui-même est basé sur une croyance populaire qui remonte à l’époque des coureurs des bois et des voyageurs du Nord-Ouest. Les “gens de chantier” ont continué la tradition, et c'est surtout dans les paroisses riveraines du Saint-Laurent que l'on connaît les légendes de la chasse-galerie. J'ai rencontré plus d'un vieux voyageur qui affirmait avoir vu voguer dans l'air des canots d'écorce remplis de “possédés” s'en allant voir leurs blondes, sous l'égide de Belzébuth. […] ». H.B.

La « chasse-galerie » d’Honoré-Beaugrand raconte l’histoire de coureurs des bois qui pour aller retrouver leurs petites amies vont passer un pacte avec Satan. Très loin dans les bois, en une veille du jour de l’An bien arrosée, un jeune homme se laisse entraîner par ses camarades à faire la chasse-galerie. Il s’agit de faire un pacte avec le diable, qui permettait de partir en canot dans les airs. On voyageait à plus de 50 lieues à l’heure et on pouvait se rendre très loin. Il fallait être revenu dans les 6 heures et on ne devait pas prononcer le nom de dieu pendant le trajet, ni accrocher les clochers d’Église.

Le jeune hésite mais se laisse convaincre par un compagnon qui dit avoir déjà fait la chasse-galerie 5 fois. Il s’agit de ne pas prendre de boisson en route pour ne pas perdre la tête. Il faut être huit pour faire le voyage et il embarque donc. Il faut cependant faire un serment à Satan. Il répéta avec ses compagnons l’incantation et le canot s’éleva à toute vitesse dans les airs.

Le voyage d’aller se passe bien et ils arrivent au réveillon pour voir leurs amis et surtout leurs copines. Mais un des compagnons ne peut résister à l’alcool et prend plus d’un verre à la fête. Le voyage du retour est plus difficile et les coureurs des bois passent bien proche de mourir et de perdre leur âme. Heureusement, ils en sont quittent pour une vilaine chute et l’histoire se termine sur la morale qu’il vaut mieux attendre l’été pour aller embrasser sa petite amie !

Œuvre disponible en-ligne :

La chasse-galerie: légendes canadiennes (format PDF, Bibliothèque électronique du Québec) 

Commentaires à suivre...

© 2006 Laila Seshat - Résumé

24 décembre 2006

Les archives de Pauline: Je n'ai jamais cru au Père Noël

J'ai réalisé que malgré le fait que j'adore cette époque de l'année, que pour moi, Noël est un temps très important, que j'aime les décorations, les traditions, les repas, les contes, les cadeaux, les réunions, les légendes et mythes... je n'ai jamais cru au Père Noël !

J'ai fait cette réalisation alors que je rédigeais mon petit résumé des origines du Père Noël... et j'ai remonté dans mes souvenirs, et rien... en fait oui des souvenirs de Noël, par miliers, mais pas du Père Noël... ou plutôt de souvenir de ma croyance en le Père Noël.

pnoelEt pourtant, voyons voir... mon amour de Noël me vient de toute évidence de ma mère. Pas de mon père pour qui Noël est tout simplement une autre journée. Ce n'est pas qu'il n'aime pas Noël, non, il ne s'en préoccupe tout simplement pas. Il a bien sûr participer toutes les années, mais pour ma mère et pour ses enfants. Et donc, Noël, c'est ma mère... les décorations, les lumières, l'arbre, les tourtières, c'était elle... Et je me souviens du Père Noël dans les livres d'images, dans les contes qu'elle me lisait, dans les dessins à la télévision, et du Père Noël dans les magasins... Je me souviens même qu'elle nous contait que lorsqu'elle était petite, elle laissait des biscuits et un verre de lait pour le Père Noël... mais je ne me souviens pas l'avoir fait.

Et pourtant, j'ai cru à beaucoup de chose, et on pourrait dire encore aujourd'hui, que je crois à des choses qu'on pourrait dire qu'elles sont "imaginaires"... et je me souviens que ma soeur croyait au Père Noël, je me souviens d'avoir entretenu cette croyance pendant très longtemps, lui racontant des histoires... et elle a une belle photo d'elle assise sur le genou d'un Père Noël de centre d'achat, toute souriante, et confiante d'être sur le genou d'un représentant du Père Noël, bien trop occupé aux préparatifs de dernières minutes pour aller dans tous les magasins... Et combien d'histoires -en plus du Père Noël- j'ai raconté à mon filleul, à ma petite cousine... qui fut convaincue pendant très longtemps de l'existence de bluyous dans la rocaille de ma grand-mère...

Alors pourquoi n'ai-je pas cru au Père Noël ? C'est un petit mystère pour moi... pourquoi ma mère n'a pas insisté sur cette histoire, pourquoi mon père -qui même si Noël n'était pas particulièrement important- nous a toujours raconté tant d'histoires dont certaines on ne sait toujours pas si elles sont vraies ou non, n'a pas enjolivé cette histoire à sa manière ? Je ne le saurai jamais, bien sûr...

Cela m'intrigue... j'ai pourtant des souvenirs de tant d'amis imaginaires très réels, de rencontres d'entités astrales, de formes... mais de Père Noël... aucun... Bizarre, tout de même...

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22 décembre 2006

Le Père Noël

Laissons de côté les traditions purement catalanes ou espagnoles, j'y reviendrai au cours de la prochaine semaine. Voyons plutôt les origines d'une figure un peu plus connue à travers de multiples cultures.

Une discussion sur un forum sur les origines du Père Noël ainsi que sur son image m'ont obligée à fouiller dans mes souvenirs et à aller feuilleter des références papier et virtuelles pour retrouver d'où venait ce personnage...

Un résumé... nick1

La grande majorité des sources s'accordent pour dire que l'origine du "Père Noël" est bien Saint Nicolas. Et elles s'accordent également pour dire que le Père Noël est le nom français de "Santa Claus" qui lui même est une déformation du nom hollandais "Sinter klaas" qui est une contraction de Sint Nicolaas !

Et donc, le Père Noël actuel a certaines de ses origines dans la figure de Saint Nicolas. On retrouve d'ailleurs dans l'image du personnage, la barbe blanche, le chapeau (la mitre a été remplacé par un bonnet) et le grand manteau. Saint Nicolas est un évêque qui a vécu au IVe siècle dans le sud de la Turquie. On l'appelle également Nicolas de Myre ou Myra. C'est une figure importante du christianisme. De nombreuses légendes existent à son sujet et on dit qu'il sauva des enfants de la mort.  Et après sa mort, des miracles lui furent attribué.

Plusieurs mythes, légendes et traditions païennes existaient pour célébrer l'hiver, le solstice, etc, et donc au Moyen äge, l'Église tenta de donner un air chrétien à toutes ces fêtes et traditions. On remplaça alors diverses figures païennes par des figures saintes au sein de l'église catholique. Et donc Saint Nicolas, qui est présenté comme le protecteur des enfants, est célébré le 6 décembre. On le représente avec sa barbe longue, les habits et symboles d'un évèque et il va dans chaque maison donner des cadeaux aux enfants -sages.

nick2Les protestants vont rejeter ce symboles - comme ils rejettent le culte aux saints. Ce sera donc Jésus - enfant -qui prendra la place du protecteur des enfants et est donc celui qui amène les cadeaux aux enfants. Cette tradition est d'ailleurs rester dans de nombreuses cultures... "le petit Jésus va t'amener des cadeaux si tu es sages" disait ma grand-mère québécoise... ;)

Dans les Pays-Bas, la réforme protestante va transformer Saint-Nicolas en Sinter Klaas... qui n'est pas tout à fait Saint-Nicolas même s'il lui ressenble... Et lorsque des immigrants hollandais et allemands s'installent aux États-Unis au XVIIe siècle, la prononciation de Sinter Klaas devient petit à petit "Santa Claus".

L'image du personnage va peu à peu se transformer pour prendre une allure plus joviale, plus festive... il perd aussi l'aspect moralisateur ainsi que le personnage du Père Fouettard qui l'accompagnait auparavant.  Et c'est le pasteur américain Clement Clarke Moore qui donne au personnage, au début des années 1820, la plupart des attributs maintenant si connus. Il écrit d'abord un conte "The Night before Christmas" et ensuite un poème qui s'intitule: A Visit from St. Nicolas. Son Saint Nicolas y est représenté comme un personnage sympathique, souriant, légèrement dodu. Il donne des cadeaux aux enfants dans leurs maisons et se déplace dans un traîneau qui vole et qui est tiré par des rennes au nombre de huit et qui ont les noms bien connus de « Fougueux », (Dasher) « Danseur », (Dancer) « Fringant », (Prancer) « Rusé », (Vixen) « Comète », (Comet) « Cupidon », (Cupid) « Élégant », (Donder), et « Éclair » (Blitzen). Ces textes furent publiés à plusieurs reprises au cours des années suivantes et furent même traduits dans plusieurs langues et donc diffusé dans nombreux pays. D'autres éléments furent rajoutés à ces histoires, le 9e renne Rudolf, parpn1 exemple.

C'est dans les années 1860, qu'un journal de New York, le Harper's Illustrated weekly, transforme encore un peu plus l'image du Santa Claus. C'est l'illustrateur Thomas Nast qui lui donne le costume rouge avec de la fourrure blanche, la ceinture noire de cuir, le gros ventre, la barbe bien fournie, etc. Il dessine pendant 30 ans, ce personnage et c'est lui qui lui a donné l'image actuelle. C'est également lui qui aurait déterminé la résidence du personnage au Pôle Nord - même si toutes les traditions ne sont pas d,accord sur ce lieu!

On dit souvent que c'est la compagnie Coca-Cola qui a "inventé" Santa Claus ou le Père Noël, et ce a des fins commerciales - raison de plus pour médire du personnage et de sa symbolique... Mais bien que l'illustrateur Haddon Sundblom reprit en effet en 1931, le personnage pour une campagne publicitaire de la fameuse boisson et que cette image fut utilisée très longtemps - encore aujourd'hui, l'image était déjà bien en place...

Beaucoup d'autres traditions ou légendes se rattachent au personnage... On dit aussi que le personnage serait inspiré d'un lutin nordique "Julenisse" qui au milieu de l'hiver apportait des cadeaux, ou encore au dieu celte Gargan ou le dieu viking Odin...

pn2Mais qu'on l'appelle Santa Claus, St. Nicholas, Father Christmas, Kris Kringle, Santa, Père Noël, Chalande, Père janvier, Olentzaro, Père froid, Barbassionné, ... il demeure une figure importante de l'imaginaire de Noël... peu importe ses origines... il fait partie de ces images fictives qu'on aime bien laisser croire qu'elles sont réelles ! On retrouve ses traces dans tant de cultures... Norvège, Russie, France, Suède, États-Unis, Allemagne, Pays-Bas, Québec,Grèce, ... sous tant de forme, tant de ressemblaces et différences...

Il serait si intéressant de répertorier toutes ces traditions ainsi que la symbolique du personnage... une autre fois... ;)

Aujourd'hui, on retrouve autant de gens qui aiment que de gens qui détestent... on le dit américian, on le dit anti-chrétien, on lui attribut des pensées commerciales et mercantiles, le symbole du capitalisme... enfin...

Moi, je me contente de lire sur les origines possibles du mythe, sur les transformations au cours des siècles, et sur les raisons qui font que les enfants écrivent de longues lettres à ce personnage...

Quelques sources:
http://www.noel-vert.com/pere-noel.php
http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A8re_No%C3%ABl

http://en.wikipedia.org/wiki/Santa_Claus
http://www.newadvent.org/cathen/11063b.htm

http://www.planet-turquie-guide.com/pere_noel.htm

© 2006 Laila

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13 décembre 2006

El Caganer

Autre tradition catalane de Noël, la présence d'un petit personnage singulier parmi les figures de la crèche traditionnelle, le "caganer". Les origines du personnage sont incertaines, mais sa présence parmi les personnages de la crèche daterait du 18e siècle. On dit cependant qu'on retrouvait caga
ce personnage dans diverses imageries populaires. Traditionnellement, ce personnage est habillé du costume traditionnel catalan avec chemise blanche, pantalon noir et le bérêt rouge et est représenté en une position précise - il est accroupi pour "faire ses besoins"... hum... en effet caganer signifie "chieur" !!! ;)

Le personnage est habituellement situé à l'arrière de la crèche de Noël, parfois bien caché... c'est d'ailleurs une coutume de trouver la cachette du caganer !

Pourquoi ce personnage irrévérencieux ? Plusieurs théories existent:

- Une simple tradition drôle et ironique
- Symbole apportant la chance et la prospérité
- Symbole de fertilisation de la terre - et donc pour favoriser les récoltes de l'année à venir
- Représentation des origines simples et humbles de la naissance de Jésus

Les caganers traditionnels sont très réalistes et figuratifs. Au cours des années, plusieurs figures populaires se sont ajoutées au caganer traditionnel: personnages politiques contemporains, artistes, célébrités, athlètes, etc.

Le caganer fait partie des crèches catalanes traditionnelles, incluant les crèches publiques dans les églises, cathédrales et places publiques. Malheureusement, depuis quelques années, le politiquement correct fait quelques ravages et on enlève parfois le caganer de la créche.

On retrouve certaines similarités au caganer catalan dans d'autres traditions d'Europe, tel le Père la Colique, par exemple.

Sites:
- http://www.amicsdelcaganer.org/
- http://www.webquestcat.org/~caceres/caganer/index.htm
- http://fr.wikipedia.org/wiki/Caganer

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10 décembre 2006

Caga Tío

J'aurais pu commencer par relater des légendes et contes du Québec, il y en a tellement et de si beaux ! Mais j'ai tant d'années à rattraper de mes racines espagnoles... Et donc j'aurais pu y aller des contes et légendes du sud de l'Espagne, mon père venant de l'Andalousie ! Mais je vis présentement à Barcelone et la majeure partie de la famille incluant mon père vivant ici, je commence par une tradition catalane...

Les derniers Noël, j'avais bien vu cette bûche à chapeau rouge traditionnel catalan, avec son visage cocasse et quatre pattes, mais je n'y avais pas porté trop attention... mais voilà, hier, en me promenant près de la Cathédrale de Barcelone, il y avait la Feria de Santa LLucia et cette énorme bûche que les enfants frappaient de toute leur force ! Il fallait que je connaisse le pourquoi du comment ! ;) medium_tiocaga1

Et donc, en Catalogne, on décore allégrément une bûche, appelé "tío",  d'un visage et d'un chapeau. On choisit traditionnellement cette bûche, le 13 décembre lors de la Sainte Lucie. On la trouve traditionnellement dans les bois et forêts et de plus en plus, tout simplement dans les marchés de Noël. Elle est vendue de plus en plus déjà décorée. Mais on passait traditionnellement plusieurs heures en famille à la décorer. On la place ensuite à la maison ou dans la classe.

Les enfants passent ensuite les prochains jours à "nourrir" la bûche qui doit habituellement rester cacher sous une couverture - même si cette coutume n'est pas toujours respectée. Ils donnent des friandises, du turrón, des fruits, etc. à cette bûche qui a pour nom "caga tío", ce qui signifie plus ou moins bûche ou tronc qui "chie" ;) et ce jusqu'au 24 décembre.

Le jour de Noël, les enfants vont se rassembler autour de la bûche et chanter une chanson - assez vulgaire ma foi :D. J'ai pu lire plusieurs versions des vers chantés, en général, on dit:

"Caga Tio, almendras y turron. Si no cagas, te doy con baston, un dos tres cuatro"

On dit donc au tronc de "chier" ce qu'il cache ou alors on lui donnera des coups de bâton !

Les enfants vont donc danser et tourner autour de la bûche et ensuite lui donner des coups de bâton jusqu'à ce que les friandises tombent... On enlève ensuite la couverte et on découvre tous les bonbons, turrónes, etc...

On célèbre évidemment souvent cette tradition avant le jour de Noël, et samedi dernier, nous avons pu voir sur la place de la Cathédrale de nombreux enfants frappés une énorme bûche !!! On faisait même la file pour pouvoir frapper cette énorme bûche !

On dit que cette fête remonte très loin dans le temps et que c'est une façon de célébrer l'arbre - matière de tant d'objets essenciels ! Le bois servait à construire, chauffer, nourrir, etc et il fallait une fête pour souligner le rôle essentiel de l'arbre dans la vie de l'homme et lui rendre hommage par la même occasion.

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9 décembre 2006

Quelques flocons en moins

Et bien oui... je l'avoue, j'aime la période des Fêtes... j'aime Noël.  Et j'aime tout ce qui entoure cetteNoel2 période... J'aime les décorations, j'aime les rues illuminées, j'aime les repas traditionnels, j'aime la musique et les chansons, j'aime les contes et j'aime même les repas de famille -même lorsqu'ils sont longs et pénibles et j'aime même les magasins bondés - même lorsque j'ai envie de pousser les gens hors de mon chemin !

J'aime chercher le cadeau qui pourrait peut-être faire plaisir, j'aime faire mes tourtières et mes biscuits au beurre, j'aime passer mes journées à décorer, à faire et défaire les lumières dans le sapin pour qu'elles soient exactement au bon endroit...

Et je ne suis pas du genre à faire mes propres décorations... même si je trouve très bien ceux et celles qui le font, mes décorations proviennent toutes de magasins... même celles que j'ai "volées" à ma mère, lorsque je suis partie vivre en appartement.

Je comprends que cette période puisse être difficile pour certains, mais je ne comprends pas qu'on puisse mettre systématiquement cette saison dans la catégorie "chose à détester". Je sais... je sais... beaucoup de gens qui profitent commercialement de cette saison... beaucoup de gens qui reçoivent pour paraître... et je sais, je sais, on a pas besoin de Noël pour se dire et pour faire...

Mais j'aime cette période... je n'y peux rien... et je suppose que cela vient de mon enfance... tant de souvenirs... et pas tous agréables ! Mais tout de même... j'aime me promener dans les magasins à la recherche des décorations qui s'ajouteront à ma "collection", j'aime jouer des coudes dans les boutiques pour trouver le cadeau qui fera "peut-être" plaisir... j'aime sortir mes biscuits du four... j'aime mettre la table pour recevoir ou arriver avec ma bouteille chez les parents ou les amis... avec ma nouvelle robe...

J'aime entendre le beau-frère dire ces stupidités et j'aime même me retenir afin d'éviter de lui dire ses quatre vérités. J'aime voir la neige -bon il n'y en aura pas ici à Barcelone- sur les sapins et voir le lac complètement glacé... chercher les patins que je n'utilise qu'une fois par année...

Je suis foncièrement "kétaine"... je le sais... mais je n'aime pas les gens qui vont détester cette période uniquement parce que c'est "in" de la détester... Je crois qu'on comprend cette période selon ses souvenirs mais je crois qu'on peut aussi la réinventer.

Ma mère aimait Noël et je crois bien qu'elle nous a appris à aimer ce temps... peu importe nos croyances, peu importe les chicanes... à Noël... on devait arrêter de penser à nous, et penser aux autres... Ici, à Barcelone... je suis un peu plus isolée... mais je ne lâche pas et je vais continuer à sortir mes décorations choisies de façon très attentionnée dans les magasins, à écouter mes chansons kétaines et à faire mon souper de Noël...
Ce ne sera pas le dernier post de Noël... ;p

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7 décembre 2006

Lullaby par Anne Sexton

Lullaby

It is a summer evening.
The yellow moths sag
against the locked screens
and the faded curtains
suck over the window sills
and from another building
a goat calls in his dreams.
This is the TV parlor
in the best ward at Bedlam.
The night nurse is passing
out the evening pills.
She walks on two erasers,
padding by us one by one.

My sleeping pill is white.
It is a splendid pearl;
it floats me out of myself,
my stung skin as alien
as a loose bolt of cloth.
I will ignore the bed.
I am linen on a shelf.
Let the others moan in secret;
let each lost butterfly
go home. Old woolen head,
take me like a yellow moth
while the goat calls hush-
a-bye

Commentaire personnel:

Un de mes poèmes préférés d'Anne Sexton... que je lis toujours à haute voix. Spontanément, après la première lecture, j'ai voulu le relire et immédiatement, je l'ai lu doucement, dans une sorte de chuchotement, avec un petit rythme, comme une berceuse... malgré la teneur du texte !

L'imagerie de ce poème me touche particulièrement... le silence, la solitude... la description de la "pilule" et de son effet me semble terriblement réelle. Et puis, les gémissements qui se font entendre dans le silence de l'hôpital sont également si tangibles.

Ces mots sont doux et laissent transparaître beaucoup d'émotions et malgré l'utilisation de mots "modernes", froids, apparamment sans "musique"...

J'aime beaucoup les poèmes d'Anne Sexton, particulièrement les poèmes reprenant certains contes de fées, tels Snow White and the Seven Dwarfs et Rapunzel.

Premier article: Selected Poems of Anne Sexton

© 2006 Laila Seshat

5 décembre 2006

Selected Poems of Anne Sexton

Selected Poems of Anne Sexton / edited with an introduction by Diane Wood Middlebrook and Diane HumeimageDB George. -- Boston : Houghton Mifflin, c 1998. – xxvi, 266 p.; cm. – ISBN 0-395-44595-7. – Comprend une chronologie.

L’auteur et l’oeuvre

Anne Gray Harvey est le née le 9 novembre 1928 à Newton, dans le Massachusetts aux Etats-Unis. Elle passera une grande partie de sa vie dans les environs de la ville de Boston. La plus jeune de trois filles, son enfance se passe entre un père supposément alcoolique et une mère dont les aspirations littéraires furent brimées. Elle se sentit rapidement la moins choyée et la moins aimée des trois sœurs. Elle fut une enfant et jeune fille, rebelle et sauvage, qui n’aimait pas l’école et qui avait des problèmes d’attention. Elle fut envoyée à ses 17 ans, en 1945, à une école préparatoire pour jeunes filles dans l’espoir de la transformer « en jeune femme convenable ».

C’est à cette époque qu’elle commença à écrire – principalement de la poésie. Elle publia ses premiers poèmes dans le livre annuel de son école, sans encouragement de ses parents qui ne croyaient pas leur fille capable d’écrire elle-même de tels poèmes.

Elle fréquenta alors l’école Garland à Boston pendant un an. Autre école pour jeunes femmes qu’Anne détesta tout comme les autres établissements qu’elle fréquenta. Elle rencontra à Boston lors de cette année, Alfred Muller Sexton II et elle l’épousa à l’âge de 19 ans, en 1948. Ils déménagèrent à Hamilton, New York où son mari – communément surnommé Kayo, étudiait. Incapables de survenir à leurs besoins, ils retournèrent au Massachusetts où Anne s’inscrit à une école de mannequin. Elle termina le cours et modela pour l’agence pendant une brève période de temps.

En 1953, Anne donne naissance à sa première fille, qui fut conçue lors d’une permission de Kayo, faisant alors partie de la réserve marine en mission en Corée. Lors du retour de Kayo, ils achetèrent une maison à Newton Lower Falls (Massachusetts) près de leurs familles. Son mari travaillera alors pour le père d’Anne comme vendeur. Il s’absentera souvent autant lors de ces années que plus tard alors qu’il fonde sa propre entreprise, laissant Anne seule. Elle eut apparemment de nombreuses aventures extraconjugales.  

Mais dès 1954, Anne Sexton fut diagnostiquée pour une dépression post-natale qui s’avéra être sa première dépression. Elle fut admise à ce moment, pour la première fois, à un hôpital neuropsychiatrique, Westwood Lodge.

En 1955, après la naissance de sa deuxième fille et la mort d’une de ses grande-tantes dont elle était très proche, elle souffre d’une autre dépression nerveuse et est hospitalisée pour une seconde fois. Ses enfants sont alors pris en charge par la famille de son époux. Cette même année, le jour de son anniversaire, elle tente de se suicider. De plus en plus dépressive, elle sera hospitalisée à plusieurs reprises. Ses parents désapprouvèrent ouvertement ses séjours à l’hôpital.

sextonSon premier thérapeute l’encouragera à écrire pour l’aider à exprimer ses sentiments. Elle s’inscrira alors à des ateliers d’écriture, dont certains animés par le poète John Holmes ou encore Robert Loweel, etc. Ses poèmes sont peu à peu connus et reçoivent une critique favorable. Elle est publiée dans diverses revues et journaux américains. Au cours de ces ateliers, Anne rencontrera la poétesse Maxine Kumin qui restera sa proche amie. Elles écriront ensemble 4 livres pour enfants. Elle rencontrera également lors des ateliers, la poétesse Sylvia Plath. Finalement, Anne animera éventuellement, elle-même des ateliers de poésie.

Anne luttera cependant toute sa vie contre la dépression ainsi que l’instabilité mentale et elle fera au cours de sa vie plusieurs tentatives de suicide. Elle deviendra une poétesse reconnue qui abordera des sujets controversés considérés comme typiquement féminins. De nombreuses controverses entoureront également sa vie personnelle : elle avoua n’avoir aucune confiance en elle et croire n’être bonne que pour la prostitution ; elle eut de nombreuses aventures dont une avec son second thérapeute ; après sa mort des enregistrements de ses thérapies furent diffusés par sa biographe dans lesquels elle parle d’abus sexuels sur sa fille lors des absences prolongées de son époux et lors de ses périodes dépressives ; on souleva même la possibilité qu’Anne ait elle-même été abusé sexuellement par ses parents pendant son enfance, et elle fut sans doute négligée par des parents hostiles à sa personnalité.

De plus en plus seule, ses périodes dépressives et ses tentatives de suicides éloignent peu à peu ses amis et sa famille. Elle se sépare de son mari en 1973. Malgré une carrière florissante et de nombreux prix, elle sombre encore plus dans la dépression, l’alcoolisme, la dépendance aux médicaments et peu à peu sa santé se détériore. Le 4 octobre 1974, elle mettra fin à ses jours.

L’œuvre d’Anne Sexton s’inscrit résolument dans un style direct, intime et confessionnaliste. Dans ses poèmes, elle écrit sa vie. Ses poèmes vont aborder des sujets controversés à son époque. Elle tente de lever le voile sur des sujets considérés résolument féminins : les menstruations, la masturbation féminine, l’avortement, etc. ainsi que d’autres sujets également difficiles : l’adultère, la dépression, l’hospitalisation, la maladie, le suicide, la folie, etc. Elle fut parfois considérée comme une écrivaine féministe à cause des thèmes qu’elle aborde. Cependant, son approche est parfois assez loin des idées féministes.

Ses poèmes sont parfois lyriques, mais peuvent parfois sembler très froids. Ses poèmes marqués par son état psychologique instable. Elle s’éloignera également petit à petit de son approche confessionnalisme pour plutôt critiquer certaines pratiques culturelles, rejoignant toujours ses thèmes habituels mais en les regardant d’une autre perspective, moins personnelle. Il faut cependant souligner que même si certains de ses textes sont très intimes, ils ne sont pas nécessairement autobiographiques. Elle réussit à rendre une impression d’intimité, touchant les gens par son approche de la peine, de la douleur, de la détresse. Ses poèmes peuvent cependant parfois être joyeux. Ses vers sont souvent forts, directs, et les rimes étranges. Les mots utilisés sont très précis et peuvent permettre plusieurs interprétations. Elle joue facilement avec les mots.

Elle s’éloignera finalement de ses thèmes habituels pour écrire des poèmes à caractère religieux. Ces textes plairont moins à son public et cela contribuera à approfondir son insécurité, son instabilité et sa solitude. On note même une touche de sacré dans ses dernières compositions.

Elle écrira tout au long de sa vie, et à la fin de sa vie, elle fera même partie d’un groupe musical à tendance jazz dans lequel elle récitera ses poèmes. Beaucoup de ses poèmes se prêtent en effet très bien à une lecture rythmée.

Auteure reconnue, elle fut cependant une femme torturée. Après sa mort, la controverse ne fit que débuter. Principalement à cause de sa biographe, Diane Wood Middlebrook, qui publia une relation de la vie de l’écrivaine basée en grande partie sur les enregistrements que son thérapeute fit de ses sessions de thérapie. Il note cependant que la controverse provient surtout sur les sujets de la confidentialité et le sujet de l’éthique plutôt que sur les révélations que ces enregistrements offrent.

Les poèmes d’Anne Sexton sont selon moi très intéressants et magnifiques. Ils nous livrent une vision parfois belle, parfois difficile de sujets féminins.

Bibliographie

 

· To Bedlam and Part Way Back (1960)
· 
All My Pretty Ones (1962)
· 
Selected Poems (1964)
· Live or Die (1966)
· Poems (1968)
· Love Poems (1969)
· Transformations (1971)
· The Book of Folly (1972)
· The Death Notebooks (1974)
· The Awful Rowing Towards God (1975, posthume)
· 45 Mercy Street (1976, posthume)
· Words for Dr. Y.: Uncollected Poems with Three Stories. (1978, posthume)
· The Complete Poems (1981, posthume)
· Selected Poems of Anne Sexton (1988, posthume)

Livres pour enfants:

· Eggs of Things (1963)
·
 More Eggs of Things (1964)
· 
Joey and the Birthday Present (1971)
· The Wizard's Tears (1975)

Elle publiera également quelques essais sur la poésie et donna plusieurs entrevues très intéressantes sur le sujet.

Poème : Lullaby

Quelques extraits:

 

Extrait de: My Friend, My Friend

Who will forgive me for the things I do?
With no special legend or God to refer to…” 


Extrait de: For the Year of the Insane

“O Mary, open your eyelid.
I am in the domain of silence.
the kingdom of the crazy and the sleeper.

There is blood here

and I have eaten it.

O mother of the womb,
did I come for blood alone?

O little mother,

I am in my own mind.

I am locked in the wrong house.”

Extrait de: Her kind

“I have gone out, a possessed witch,
haunting the black air, braver at night;
dreaming evil, I have done my hitch
over the plain houses, light by light:
lonely thing, twelve-fingered, out of mind.
A woman like that is not a woman, quite.
I have been her kind.”

Sources:

Selected Poems of Anne Sexton / Edited with an introduction by Diane Wood Middlebrook and Diana Hume George. – Boston : Houghton Mifflin, c1988. – ISBN 0-395-47782-4

http://en.wikipedia.org/wiki/Anne_Sexton
http://www.english.uiuc.edu/maps/poets/s_z/sexton/sexton.htm

http://www.poets.org/poet.php/prmPID/14
http://www.uta.edu/english/tim/poetry/as/sexton.html
http://www.levity.com/corduroy/sexton.htm

Consulter également ce site pour quelques traductions en français: Anne Sexton par Michel Corne.

 

Photo © Gwendolyn Stewart www.english.uiuc.edu/.../s_z/sexton/sexton.htm

© 2006 Laila Seshat

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