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31 mars 2007

Les archives de Pauline: Maîtrise de ses mots

Les mots sont importants. L'utilisation des mots... bien écrire et bien parler... Très important. Elle aimait écrire. Former de belles lettres. Elle était gauchère, mais on lui avait appris de force à écrire de la main droite. Et elle écrivait très bien. Une belle calligaphie qui lui permettait de composer de beaux textes parfaitement rédigés. Sans faute, sans erreur et sans liquid paper.

Elle était toujours félicitée par ses professeurs pour ses rédactions. De belles rédactions... toujours écrites selon les consignes, avec une grammaire et un orthographe parfaits, une syntaxe impeccable et un brin de fantaisie. Ces beaux textes à sujets habituellement imposés par les professeurs lui permettait de s'évader un peu. Suivant le style strictement demandé, mais se permettant quelques petits traits imaginatifs.

Elle rédigeait même les rédactions de son grand frère, en échange de dessins qu'il lui faisait, elle préférant écrire, lui dessiner. Elle n'était Diplomevraiment pas douée pour le dessin de toute façon. Et elle faisait bien attention de changer légèrement son style et laissait même une ou deux fautes, il ne fallait pas qu'on s'aperçoive de leur entente.

Elle fit tous ces examens avec succès. Elle eut tous ses diplômes. Et lorsqu'elle dut quitter l'école pour travailler, elle savait très bien écrire et très bien parler. En français et en anglais. Elle utilisa ses atouts dans les emplois qu'elle eut tout au long de sa vie. Et elle était très fière de son style de rédaction soigné et de sa diction parfaite. Et elle ajouta ensuite à ces habiletés, un doigté irréprochable à la dactylo.

Évidemment, il fut également très important que l'on écrive et parle très bien. Elle n'exigeait pas la perfection mais nous savions que c'était important. Et j'ai tout de suite voulu bien écrire et bien parlé aussi. Ce fut rapidement très important pour moi aussi. Et j'aimais faire des rédactions. Elle prenait toujours le temps de les lire. Et de lire tous les textes que l'on écrivait.

Et elle continua de bien écrire et bien parler. Même lorsqu'elle ne put plus travailler. Et même si elle ne rédigeait plus beaucoup, elle composait toujours quelques lettres. C'était celle qui écrivait de sa belle écriture, les lettres de mon père. Et lorsqu'elle répondait au téléphone ou lorsqu'elle appelait des "inconnus", c'était toujours de sa voix parfaite et claire, légèrement plus aiguë, avec un accent un peu plus pointu.

Mais les années passèrent et la maladie s'empara de son corps. Elle n'avait plus la force d'écrire beaucoup. Les quelques lettres ou mots qu'elle rédigeait avaient une écriture tremblotante. Les lettres vacillantes la torturaient. Et lorsqu'elle voulut écrire à l'ordinateur, envoyer des courriels à sa famille, elle se rendit compte que son doigté n'existait pratiquement plus. Taper sur le clavier était devenu ardu... son doigté transformé en deux doigts qui cherchaient les lettres sur le clavier. Et il lui semblait qu'elle ne savait plus composer, elle avait oublié comme rédiger et oublié son orthographe, sa grammaire...

Elle détestait ne plus être capable de rédiger, d'écrire comme avant. Mais cela ne l'empêcha pas de m'envoyer des courriels. Et elle ne perdit jamais ses mots, ses belles tournures de phrases. Elle ne perdit jamais non plus sa belle diction et sa belle voix. Mais ne plus être capable d'écrire et de rédiger fut très difficile pour elle.

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