Haunting of Hill House, The (Suite)
Maison
hantée / Shirley Jackson. – [Paris] : Presses Pocket, 1993. – 253 p.; 18 cm. – ISBN2-266-05527-5
Titre original: The
Hauting of Hill House
L’oeuvre
Le roman de Shirley Jackson
est simple et efficace. Son style d’écriture, sans fioriture, offre pourtant de
magnifiques descriptions. Son choix de mots est juste et précis. Le roman est
classé habituellement dans les romans fantastiques et d’horreur, cependant
jamais nous ne trouveront d’images excessives ou sensationnalistes. On a
parfois plus l’impression de lire un roman psychologique que d’horreur. Mais
l’horreur et le fantastique sont bien présents. La narration demeure
étonnamment calme et posée, voire détachée et froide, malgré la peur et
l’angoisse que l’on sent atteindre les personnages.
Les personnages sont réels et
bien cernés, même si certains traits de caractères sont parfois moins
développés. Les personnages principaux sont de toute évidence, Eléonore et la
maison elle-même. La maison semble réellement vivre et est un personnage à part
entière. Certaines critiques négatives ont soulignés justement que les autres
personnages sont un peu sous-développés. Beaucoup de place a été en effet fait
à Eléonore et à son rapport avec la maison. On a parfois l’impression que les
autres protagonistes n’ont que peu d’importance dans l’histoire.
Il existe deux adaptations
cinématographiques du roman. Une première qui fut réalisée par Robert Wise en
1963 sous le titre de « The Hauting » (La maison du diable) et une
deuxième adaptation en 1999 par Jan de Bont également intitulée « The
Hauting » mais « Hantise » en français. L’adaptation de Wise, en
noir et blanc (par la volonté du réalisateur) est excellente et rend de façon
fidèle et efficace le roman. On ne « voit » rien, tout est subtil,
mais très effrayant. La musique et la bande sonore sont un chef d’œuvre et
soulignent à merveille chaque moment. Ils en deviennent presque un personnage à
part entière. L’actrice qui interprète Eléonore est excellent et a su nous
montrer l’évolution du personnage au cours de son séjour dans la maison. L’adaptation
de 1999 est malheureusement beaucoup moins réussie. On a misé sur des effets
spéciaux inutiles – et non demandés par l’histoire –, par des ajouts qui
veulent expliquer le pourquoi du comment et surtout par une fin non conforme au
roman. Les acteurs sont connus et adéquats pour la plupart, mais il n’arrive à
rendre les émotions des personnages.
Commentaires personnels
J’ai vu le film de Wise avant
de lire le roman. J’ai vu ce film une nuit de travaux intense pendant mon
cégep. J’avais besoin d’une pause et j’ai ouvert la télévision pour quelques
instants. Malheureusement pour mon travail de littérature je n’y suis pas
retournée. Mais j’ai pu voir, cette nuit-là, un des meilleurs films « d’horreur »
qu’il m’ait été donné de regarder. Rien. On n’y voit pratiquement rien et
pourtant, j’étais complètement figée pendant tout le film. Des sons, des mots,
des plans… et ce sont tout. On n’hurle pas, il n’y a pas de sang, mais on sent toute
la malveillance, l’horreur de cette maison.
J’ai donc longtemps hésité à lire
le livre. Encore une fois, j’avais peur d’être déçu… ou du film ou du roman. Je
n’ai pas regretté d’avoir lu le livre. Le roman est extrêmement bien construit.
Le style est direct et réaliste. On nous présente les personnages et la
situation comme très normaux malgré le fait que la maison est toute sauf
normale. Dans le livre, on sent la maison vivre.
Le livre est tout aussi froid
que le film. Pas de fioritures, pas de sang, tout est suggéré. Mais on peut aussi
critiquer cette froideur et le détachement de la narration – alors même que d’autres
y voit une force. On a parfois de la difficulté à s’attacher aux personnages, même
le personnage principal, Eléonore. Tout est décrit de son point de vue, même si
au tout début, c’est un point de vue extérieur. Rapidement, la maison et
Eléonore ont un lien et c’est parfois agaçant. On voit Eléonore se transformer
au cours du roman, pour devenir complètement paranoïaque et angoissée… mais il
aurait été intéressant de voir plus les réactions des autres personnages. La
peur est elle aussi un « personnage » du roman. On en vient à presque
la voir. Elle se transforme au cours du roman. Elle est, à la fois impalpable
et très présente. On passe des frissons à l’hystérie totale. Et ce, même si les
personnages ne « voient » rien…
On peut se sentir aussi un
peu frustré par la fin puisqu’on ne peut être certain des causes de tous ces
phénomènes mais personnellement, j’ai trouvé cette fin très adéquate.
J’ai vu la deuxième
adaptation cinématographique du roman. Elle est nettement inférieure. Le
réalisateur n’a, selon moi, pas compris le roman. Ou alors il a succombé à la
tentation de le rendre plus « commercial ». On voit trop de choses.
On explique trop de choses. Quelques scènes sont magnifiques, mais n’ont rien à
voir avec le roman. Mais contrairement à la plupart des critiques, j’ai trouvé
les acteurs bien choisis, particulièrement Catherine Zeta-Jones (que je n’aime
pas habituellement), elle dégage toute la froideur de son personnage.
Mais je conseille de livre le
roman et de voir la première adaptation cinématographique. Et d’oublier la
deuxième adaptation. Ce qui me peine car j’aime beaucoup l’actrice Lily Taylor.
Sources
- http://www.tabula-rasa.info/DarkAges/ShirleyJackson.html
- http://www.bookrags.com/studyguide-haunting-of-hill-house/
- http://en.wikipedia.org/wiki/Shirley_Jackson
Castricano, J. “Shirley Jackson’s The Haunting of Hill House and the
Strange Question of Trans-Subjectivity.” Jung: the e-Journal of the Jungian
Society for Scholarly Studies 2.3 (2006):26 pp. [date retrieved] http://www.thejungiansociety.org/Jung%20Society/e-journal/Volume-2/Castricano-2006.html
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Citations
« Aucun organisme vivant ne peut connaître longtemps une existence saine dans des conditions de réalité absolue. Les alouettes et les sauterelles elles-mêmes, au dire de certains, ne feraient que rêver. Hill House se dressait toute seule, malsaine, adossée à ses collines. En son sein les ténèbres. Il y avait quatre-vingts ans qu’elle se dressait là et elle y était peut-être encore pour quatre-vingt ans. À l’intérieur, les murs étaient toujours debout, les briques toujours jointives, les planchers solides et les portes bien closes. Le silence s’étalait hermétiquement le long des boiseries et des pierres de Hill House. Et ce qui y déambulait, y déambulait tout seul. » p. 9
Premier article: Haunting of Hill House, The (Maison hantée)