Critique de lecture
La fête du potiron / Agatha
Christie ; traduit de l'anglais par Claire Durivaux. -- Paris: Librairie des
Champs-Élysées, 1973. -- 252 p. ; 17 cm. -- Coll: Club des Masques; 174.
Titre original: Hallowe'en Party
Titre alternatif : Le Crime d’Halloween
Quatrième
de couverture
Hercule Poirot s’apprêtait à
passer une paisible soirée dans son appartement londonien lorsque surgit –
venant troubler sa quiétude – son amie, la romancière Ariadne Olivier, dans un
état de surexcitation fébrile.
Dans une petite agglomération pas
très éloignée de Londres, elle a assisté à une réunion pour enfants et
adolescents, offerte par Mrs Drake à l’occasion de la fête du Potiron. Or, au
cours des réjouissances, une fillette bavarde et menteuse a été sauvagement
assassinée. Peu de temps avant de mourir, elle s’était vantée publiquement
d’avoir assisté à un meurtre, des années plus tôt.
Mrs. Olivier supplie Poirot
d’aller à Woodleigh Commun pour tenter d’élucider les raisons de ce meurtre et
d’en découvrir le coupable. Le célèbre détective accepte et à peine arrivé dans
la paisible bourgade, il s’apercevra que cette paix n’est que d’apparence.
Résumé
Dans une paisible petite ville près de Londres, une
fête pour enfants est organisée à l’occasion de l’Halloween. Pendant les
préparatifs, une fillette, Joyce, se vante d’avoir été témoin d’un
meurtre alors qu’elle était plus jeune. Personne ne la prend au sérieux et on
croit qu’elle veut bien paraître devant une des dames invitées, une romancière
connue : Mrs Olivier.
La fête de déroule selon les plans, les jeux se
succédant au grand plaisir des enfants. Mais après la fête, alors que Mrs.
Drake – l’organisatrice de la fête – et quelques adultes rangent les pièces,
Joyce est découverte dans la bibliothèque, noyée dans le sceau d’eau ayant
servi au jeu des pommes.
Alors que la communauté – et la police – croient à
l’œuvre d’un détraqué, Mrs. Olivier est convaincue que l’enfant fut assassinée
à cause de la déclaration qu’elle avait faite à propos d’un meurtre dont elle
avait supposément été témoin. Elle fait donc appel à son bon ami, le détective
privé Hercule Poirot, connu pour ses méthodes inhabituelles et surtout
pour son haut taux de réussite.
Poirot se rend donc dans la petite ville pour mener
son enquête. Son vieil ami, le Superintendant Spence, maintenant à la
retraite vit également dans cette ville avec sa sœur et Poirot le persuadera de
lui donner un coup de main. Le frère et la sœur lui apporteront nombres de
renseignements sur les gens demeurant dans le village et sur les possibles
crimes ayant eu lieu – et susceptibles d’être le meurtre dont aurait été témoin
la fillette assassinée.
Le détective interrogera les gens ayant participé à la
fête ainsi que d’autres gens du village. Petit à petit, il se forge une idée
des habitants de Woodleigh Commun et des relations qui les lient. La mort d’une
vieille femme, une jeune femme au pair qui disparaît, un testament falsifié, un
jardin de rêve, un jardinier narcissique et une fillette angélique et une
fillette qui mentait … tout cela finira par le mener à l’assassin de Joyce.
L’œuvre et Commentaires personnels
Le roman parut en 1969 et met en vedette un des
personnages les plus connus d’Agatha Christie : le détective
belge, Hercule Poirot. D’autres personnages récurrents sont également
présents : l’écrivaine de romans policiers, Ariadne Olivier ainsi
que le superintendant Spence, maintenant à la retraite et résidant dans
la petite ville où a lieu le crime.
Le roman fut d’abord traduit en français sous le titre
de « La fête du potiron » pour ensuite se voir donner le titre
français « Le crime d’Halloween ».
Le roman reprend les principales caractéristiques qui
ont marqué les œuvres policières d’Agatha Christie : les dialogues et
interrogatoires de Poirot, les manies et habitudes du détective belge, les
traits et même clichés de la société anglaise d’une certaine époque, etc. Mais
il introduit cependant quelques éléments plus modernes. Le meurtre d’une enfant
qui sous-entend de possibles motifs sexuels est nouveau dans l’œuvre d’Agatha
Christie. On parle en effet d’un détraqué ou d’un obsédé lorsqu’on parle tout
d’abord du possible meurtrier; on ne nomme jamais la possibilité du motif
sexuel, mais il est sous-entendu). Elle parle aussi des adolescents et de
certaines caractéristiques des jeunes de ce temps. Le roman est évidemment
d’une autre – nouvelle - époque. L’auteur s’éloigne de la première moitié du siècle
pour commencer une incursion dans une époque qui semble, tels ses personnages,
la surprendre un peu, même si on sent qu’elle demeure très ouverte à la
jeunesse et à la modernité.
On retrouve aussi dans le roman le thème du
narcissisme, le désir de la perfection qui amène une personne à commettre les
pires crimes afin de réaliser leurs rêves. Le mythe de Narcisse est amené et
suggéré à plusieurs endroits pendant l’histoire pour culminer à la fin du
roman.
Encore une fois dans son roman, Agatha Christie
souligne l’importance de la personnalité de la victime, de l’assassin et même
des gens impliqués dans le crime pour la résolution du crime. Ce dernier ne
peut se résoudre uniquement par quelques indices mais par la recherche de
mobiles. On assiste alors à une enquête intellectuelle. On est très loin ici
des preuves médico-légales (ou forensiques comme on dit maintenant parfois),
pas d’analyses d’ADN ou des os, etc. Il y a bien parfois dans les romans
d’Agatha Christie, des indices qui donnent une « idée », un fil, un
morceau de papier, un tissu déplacé, ou comme dans le roman « La fête du
potiron », un vêtement mouillé et un vase brisé. Mais habituellement, la
recherche du coupable se fait par déduction et par la réalisation
d’interrogatoires plus ou moins formels. Ici, Poirot va parler, discuter avec
les invités de la fête, avec des personnes liées de près ou de loin à
l’histoire et va poser des questions, non seulement sur le crime, mais surtout
sur la victime et sur les gens. Et il remonte dans le temps, s’éloignant
parfois du crime actuel pour remonter dans les vieilles histoires qui ont
peut-être (ou non) un lien avec les événements présents. Il s’agit alors de
découvrir les liens, les relations entre les gens et événements et même
parfois, l’absence de liens fournie un indice.
Dans « La fête du potiron » ont
retrouve également un des cadres favoris de l’auteur, la campagne anglaise.
Souvent dans ses romans, l’auteur présente des crimes à caractère privé, se
passant dans un vase relativement clos. Les traditions anglaises, la vie
« respectable » et traditionnelle, l’importance du paraître, sont
encore mises de l’avant. À la fois pour les vanter mais aussi pour souligner
les lacunes de ces valeurs. Les personnages du roman ont souvent des idées
traditionnelles et ont parfois de la difficulté à accepter le changement.
Le livre offre également d’excellentes représentations
des personnages connus de Christie. Les principaux traits caractéristiques des
personnages sont repris et mis en évidence. On retrouve en particulier une
excellente description d’Ariadne Olivier, auteur de romans policier, et qui est
évidemment une caricature d’Agatha Christie, elle-même.
Le style de l’écriture peu paraître parfois un peu
vieillot, de même que certaines descriptions ou personnages. On sent cependant
une différence entre ce roman parut en 1969 et les romans de l’écrivaine qui
parurent dans les décennies précédentes. On note tout de même encore une
certaine façon de voir les rôles des hommes et des femmes, la bienséance, etc.
qui semble un peu dépassée… mais qui fait tout le charme des romans d’Agatha
Christie. Et qui donne une bonne idée de la société anglaise de l’époque –
enfin d’une certaine portion de la société anglaise. Certaines reprises
d’images et d’événements peuvent cependant lasser certains lecteurs.
« La fête du potiron » s’inscrit dans
l’œuvre de Christie. On retrouve tout ce qui caractérise le style de l’auteur,
mais personnellement, je considère ce roman comme se démarquant légèrement par
le type de crime (une enfant) et par certains thèmes.
Comme j’aime beaucoup l’auteur, d’autres analyses de
ses romans suivront certainement prochainement, je vais donc réserver à plus
tard, un article sur l’auteur, elle-même… ;)
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