Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Quelques pages d'un autre livre ouvert...
Archives
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 786 941
Quelques pages d'un autre livre ouvert...
21 novembre 2007

Crime littéraire partagé : fermer le livre

Livre_ferm_

Ce n’est pas que je croyais que j’étais la seule à le faire. Mais pour une raison obscure, je n’en parlais jamais. J’avais la vague sensation que même si plusieurs faisaient comme moi, j’étais tout de même coupable d’un crime littéraire. Ou encore plus coupable que les autres. C’est qu’on m’avait dit qu’il fallait terminer ce qu’on commençait. Ma grand-mère était particulièrement ferme sur ce sujet : « Ne commence pas ce que tu ne peux terminer ». Ma mère avait tendance à dire la même chose… « Si tu as commencé quelque chose, finis-le ». Et je crois me souvenir de quelques professeurs disant la même chose.

Donc, je me sentais obligée de terminer les livres que je commençais. C’était une obligation morale. Terminer ce que je commençais. Si j’ouvrais un livre, je me devais de le terminer. C’était aussi un devoir envers le livre. J’avais l’impression qu’il se sentirait abandonné, délaissé… qu’il serait triste de ne pas être lu au complet. Et je me sentais coupable. J’ai donc terminé plusieurs livres que je n’aimais pas. Le livre m’ennuyait ? Je le lisais tout de même jusqu’à la dernière page. Parfois de peine et de misère… de longues soirées ennuyantes à tourner les pages… ou encore de longs mois à lire quelques lignes chaque jour pour essayer de terminer cet interminable livre… relisant parfois 10 fois la même ligne car je n’arrivais pas à m’en souvenir, faute d’intérêt.

Même sentiment horrible de culpabilité, si je n’arrivais pas à aimer un livre ou le style d’un auteur, surtout si c’était un auteur connu, reconnu… ou le pire… un chef d’œuvre de la littérature… enfin considéré comme tel… Je lisais péniblement chaque page, essayant de retenir les phrases, tentant de voir le génie derrière les mots. J’ai bien sûr pu parfois reconnaître comme un bon livre certains ouvrages même si je les avais détestés. Mais je n’arrivais pas à arrêter de lire le livre…

Et puis, bien sûr, l’inévitable arriva… j’ai fermé certains livres avant la fin. Par paresse, me disais-je… parce que j’étais lâcheuse, je me disais honteusement. Et bien sûr, je cachais ces crimes. Et quand je passais devant le livre – que j’étais incapable de vendre ou donner – je baissais honteusement la tête et je me disais que j’en reprendrais la lecture un jour. Je l’ai parfois fait avec divers résultats : habituellement, je le terminais, toujours à cause de cette culpabilité, mais le livre ne m’intéressait pas plus qu’auparavant ; parfois, je le refermais une seconde fois avant de le terminer, me sentant encore plus coupable d’avoir donner de faux espoirs au pauvre livre mal-aimé ; et parfois, je le terminais contente parce que cette fois j’avais aimé le livre.

Bizarrement, tout ceci c’est poursuivi sur des années et des années… et ce n’est que lorsque j’ai lu sur certains carnets, des textes de lecteurs et lectrices qui se permettent de ne pas terminer un livre et qui le disent ouvertement, que je me suis sentie moins coupable.

Le temps passe vite… tant de choses à faire, tant de livres à lire… droit de ne pas finir un livre, et droit de ne pas aimer un livre... Et il y a donc des livres qui furent fermer sans être entièrement lu: Portrait of a Lady de Henry James ; Lost Souls de Micheal Collins ; Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, pour en nommer quelques uns.

J'en ferai peut-être une liste un jour... expliquer pourquoi j'ai fermé le livre sans l'avoir lu au complet, pourquoi il m'a ennuyé au point tel que je me suis sentie incapable de le terminer, pourquoi les mots, l'histoire, le style ne m'ont pas plu...

Évidemment, je réalise que ce serait tout de même une façon de ne pas les abandonner complètement...

Publicité
Commentaires
Publicité
Quelques pages d'un autre livre ouvert...
Publicité