Le Libraire
Critique de lecture
Le Libraire / Régis De Sá Moreira. – [Paris] : Éd. Au
diable vauvert, 2006. – 189 p. ; 18 cm. – Coll. Livre de poche : 30619. –
ISBN 2-253-11371-9
Quatrième de couverture :
- Vous l'avez lu ?
- Oui, dit le
libraire.
- Moi aussi,
répondit le jeune homme.
Le libraire lui
sourit. Le jeune homme prit confiance :
- Mais je l'ai
offert à quelqu'un... à qui je n'aurais pas dû l'offrir.
- C'est difficile
d'être sûr de ces choses-là, répondit le libraire.
- Oui, dit le
jeune homme.
- Ne désespérez
pas, dit encore le libraire. Certains livres sont à retardement...
L’auteur :
Régis de Sá Moreira est né en 1973. Son père est brésilien et sa mère est
originaire de France. Il publia son premier roman, Pas de temps à perdre, en
2000. Ce premier roman fut vendu reçut le prix Le Livre élu (Prix des
jeunes lecteurs des Hauts-de-Seine) et se vendit à plus de 3700 exemplaires.
Bibliographie :
- Pas de temps à perdre
(2000)
- Zéro tués (2002)
- Le Libraire (2004)
Commentaires :
Il arrive qu’une critique détaillée ne me semble pas
nécessaire. Ou alors, disons tout simplement que je n’ai pas envie de
décortiquer le texte. Le Libraire raconte l’histoire d’un homme, un
libraire, qui vit dans sa librairie. Il y reste jour et nuit, au cas où un
client viendrait… il ne voudrait pas qu’il se bute à une porte fermée. Le
libraire est un homme solitaire, parfois heureux, parfois triste, mais surtout
passionné par ses livres. Il a une famille qu’il ne voit jamais mais à qui il
envoie des pages de livres. Il avait des amis, mais il n’en a plus. Et il y a
les clients, parfois réels, parfois imaginaires. Parfois, il aide ses clients,
parfois, il les fuit et même se cache. Parfois, il leur donne de fausses
informations, et parfois il refuse de leur répondre. Mais il y a certains
clients auxquels il consacre son temps, avec plaisir. Il sélectionne les gens
avec qui il va partager sa librairie. Il boit des tisanes après avoir servi un
client ou se cache derrière son bureau quand il ne veut pas voir un client.
Le roman est court, l’écriture poétique, onirique…
assez singulière. L’auteur joue avec les mots, les sons, les répétitions, la
musicalité des phrases. Des petites scènes, des instants, des rencontres… Ce
roman est plutôt un conte ou encore une fable – même si ce n’est pas la même
chose… On sent que certains passages ne sont qu’un exercice de poésie, de
style… qu’un jeu avec les sons et les mots. Peu de descriptions, beaucoup de
non-dits, il faut parfois remplir les blancs… on s’imagine alors ce que
l’auteur voulait dire ou encore ce qu’on aimerait qu’il ait dit. On peut noter
ici et là certaines allusions, certaines allégories sur la mort, Dieu, l’amour,
la vieillesse, la solitude, la littérature… le questionnement que nous avons
tous sur la vie…
Les livres ont une place centrale dans le roman et
dans la vie du libraire. La librairie est un reflet des lectures du libraire et
des conseils qu’il fait à ses clients. Il est le passage entre le livre et la
lecture. Il semble que l’auteur ait rassemblé dans son livre ses expériences de
librairie, de lecteurs… de bouquineurs. Roman sans véritable histoire, il est
surtout composé de moments, de livres… et de soupirs.
C’est une librairie impossible qu’on voudrait pouvoir
trouver un jour, au détour d’un coin de rue. Entrer dans cette librairie
remplie de livres sans classement. Errer dans les rayons à la recherche du
livre qui nous bouleversera, et peut-être échanger quelque mots sans sens et
irrationnels avec un libraire étrange.
Certains peuvent se lasser du style de l’auteur… mais
le roman est si court que je vois mal comment on peut se fatiguer des
répétitions et étrangetés du libraire.
J’ai lu le livre rapidement… et voyant les pages
défilées, j’ai voulu ralentir pour ne pas finir trop rapidement… mais les
poudoupoudoupoudou demandent une lecture rapide et rythmée. Et j’ai voulu le
relire… facile, il est si court… et j’ai encore aimé. Et il m’a ensuite rappelé
d’autres lectures… et des visites à des librairies…
J’ai beaucoup aimé le libraire – Le Libraire –
même si lorsque j’ai refermé le livre, j’étais mélancolique et triste.
L’avis de Lilly
Citations :
« En redescendant son escalier, une tasse de
tisane à la main, le libraire aperçut la question.
Elle venait de se faufiler sous la porte sans
déclencher le poudoupoudoupoudou et elle cherchait le libraire dans la
librairie. La question entrait de temps en temps et toujours sans
prévenir. » p. 63
« Et sa préférée parmi
toutes : « Il y a beaucoup de choses intéressantes à apprendre sur
les icebergs. »