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29 février 2008

Quelques mots...

L'imagination est plus importante que le savoir.  

[Albert Einstein]

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27 février 2008

Le Libraire

Critique de lecture

Le Libraire /  Régis De Sá Moreira. – [Paris] : Éd. Au diable vauvert, 2006. – 189 p. ; 18 cm. – Coll. Livre deLe_Libr poche : 30619. – ISBN 2-253-11371-9

Quatrième de couverture :

- Vous l'avez lu ?
- Oui, dit le libraire.
- Moi aussi, répondit le jeune homme.

Le libraire lui sourit. Le jeune homme prit confiance :

- Mais je l'ai offert à quelqu'un... à qui je n'aurais pas dû l'offrir.
- C'est difficile d'être sûr de ces choses-là, répondit le libraire.
- Oui, dit le jeune homme.
- Ne désespérez pas, dit encore le libraire. Certains livres sont à retardement...

L’auteur :

Régis de Sá Moreira est né en 1973. Son père est brésilien et sa mère est originaire de France. Il publia son premier roman, Pas de temps à perdre, en 2000. Ce premier roman fut vendu reçut le prix Le Livre élu (Prix des jeunes lecteurs des Hauts-de-Seine) et se vendit à plus de 3700 exemplaires.

Bibliographie :

  • Pas de temps à perdre (2000)
  • Zéro tués (2002)
  • Le Libraire (2004)

Commentaires :

Il arrive qu’une critique détaillée ne me semble pas nécessaire. Ou alors, disons tout simplement que je n’ai pas envie de décortiquer le texte. Le Libraire raconte l’histoire d’un homme, un libraire, qui vit dans sa librairie. Il y reste jour et nuit, au cas où un client viendrait… il ne voudrait pas qu’il se bute à une porte fermée. Le libraire est un homme solitaire, parfois heureux, parfois triste, mais surtout passionné par ses livres. Il a une famille qu’il ne voit jamais mais à qui il envoie des pages de livres. Il avait des amis, mais il n’en a plus. Et il y a les clients, parfois réels, parfois imaginaires. Parfois, il aide ses clients, parfois, il les fuit et même se cache. Parfois, il leur donne de fausses informations, et parfois il refuse de leur répondre. Mais il y a certains clients auxquels il consacre son temps, avec plaisir. Il sélectionne les gens avec qui il va partager sa librairie. Il boit des tisanes après avoir servi un client ou se cache derrière son bureau quand il ne veut pas voir un client.

Le roman est court, l’écriture poétique, onirique… assez singulière. L’auteur joue avec les mots, les sons, les répétitions, la musicalité des phrases. Des petites scènes, des instants, des rencontres… Ce roman est plutôt un conte ou encore une fable – même si ce n’est pas la même chose… On sent que certains passages ne sont qu’un exercice de poésie, de style… qu’un jeu avec les sons et les mots. Peu de descriptions, beaucoup de non-dits, il faut parfois remplir les blancs… on s’imagine alors ce que l’auteur voulait dire ou encore ce qu’on aimerait qu’il ait dit. On peut noter ici et là certaines allusions, certaines allégories sur la mort, Dieu, l’amour, la vieillesse, la solitude, la littérature… le questionnement que nous avons tous sur la vie…

Les livres ont une place centrale dans le roman et dans la vie du libraire. La librairie est un reflet des lectures du libraire et des conseils qu’il fait à ses clients. Il est le passage entre le livre et la lecture. Il semble que l’auteur ait rassemblé dans son livre ses expériences de librairie, de lecteurs… de bouquineurs. Roman sans véritable histoire, il est surtout composé de moments, de livres… et de soupirs.

C’est une librairie impossible qu’on voudrait pouvoir trouver un jour, au détour d’un coin de rue. Entrer dans cette librairie remplie de livres sans classement. Errer dans les rayons à la recherche du livre qui nous bouleversera, et peut-être échanger quelque mots sans sens et irrationnels avec un libraire étrange.

Certains peuvent se lasser du style de l’auteur… mais le roman est si court que je vois mal comment on peut se fatiguer des répétitions et étrangetés du libraire.

J’ai lu le livre rapidement… et voyant les pages défilées, j’ai voulu ralentir pour ne pas finir trop rapidement… mais les poudoupoudoupoudou demandent une lecture rapide et rythmée. Et j’ai voulu le relire… facile, il est si court… et j’ai encore aimé. Et il m’a ensuite rappelé d’autres lectures… et des visites à des librairies…

J’ai beaucoup aimé le libraire – Le Libraire – même si lorsque j’ai refermé le livre, j’étais mélancolique et triste.

L’avis de Lilly

Citations :

« En redescendant son escalier, une tasse de tisane à la main, le libraire aperçut la question.
Elle venait de se faufiler sous la porte sans déclencher le poudoupoudoupoudou et elle cherchait le libraire dans la librairie. La question entrait de temps en temps et toujours sans prévenir. »
p. 63

« Et sa préférée parmi toutes : « Il y a beaucoup de choses intéressantes à apprendre sur les icebergs. » Il y avait quelque chose dans cette phrase. Un pouvoir magique qui marchait à tous les coups. Le libraire avait d’abord pensé qu’il était le seul à y être sensible, qu’elle réveillait peut-être en lui un rapport particlulier qu’il entretenait avec les icebergs, mais il l’avait essayée dans plusieurs situations et il avait découvert que les clients aussi y réagissaient, même si les réactions étaient chaque fois différentes, ainsi qu’étaient différents les clients. » p. 94

25 février 2008

La cité du Soleil: 2. L'oeuvre

La cité du soleil / Tommaso Campanella ; trad. de l'italien par Arnaud Tripet ; notes et postface de Jérôme Vérain. -Campanella Paris : Éd. Mille et une nuits, 2000. - 92 p. ; 15 cm. - (La petite collection, 261). ISBN 2-84205-450-4

Titre orginal : La città del Sole

L’œuvre :

Pour mieux comprendre l’œuvre de Campanella il faut connaître la vie remplie de souffrances et d'injustices qu'a subies l'auteur. Ce besoin de justice sociale se retrouve dans l’œuvre utopique La Cité du Soleil.

Città del Sole fut écrit en italien en 1602 dans une Naples Espagnole en pleine Contre‑réforme, alors que Campanella est en prison. Cette version ne sera publiée qu’au XXe siècle. Une deuxième version du texte fut rédigée en latin sous le titre Civitas solis en 1613 et est éditée en Allemagne en 1623. Le texte rencontra un large public mais fut immédiatement saisi sur ordre de l'Inquisition. La Cité du Soleil est une description d'une société politique, d'une république philosophique idéal. Une société, une organisation communiste que l'auteur croyait pouvoir réaliser. L'auteur ne cache pas ses influences de La République de Platon et d'Utopie de Thomas More, mais il apporte à son utopie ses propres théories.

Le texte fut d’abord rédigé en un italien vulgaire, vivant et populaire, dans lequel on retrouve de nombreux termes dialectaux. Malgré une apparence de simplicité, le style est étudié et élaboré pour donner une impression de spontanéité. Ce qui sert à donner une crédibilité au texte, un sentiment d'immédiat. Le récit est bref et décrit des choses concrètes et quotidiennes de la vie des gens de la Cité. Il se présente sous forme de dialogues entre un Hospitalier et un marin génois. On remarque deux parties sous-entendues: dans la première un marin génois raconte sa visite à la Cité du Soleil, ville inconnue et merveilleuse à un hospitalier - qui n'a pour rôle que d'écouter et poser les bonnes questions aux endroits appropriés -; la deuxième partie reprend un après l'autre tous les concepts théoriques mentionnés auparavant.

Le narrateur fait une description détaillée des mœurs, des habitudes de vie d'un peuple vivant selon un ordre social nouveau.

Il donne pour origine à ce peuple, l'Inde dont il aurait fui la tyrannie. Il leur attribue une langue particulière et, grâce à leur façon de vivre, une espérance de vie de deux cent ans. C'est une société parfaite qui détient sa puissance dans l'importance qu'elle accorde à la connaissance ; les enfants sont d’ailleurs éduqués dès leur plus tendre enfance. Elle se caractérise également par son système communautaire. On note une absence totale de propriété individuelle - chaque citoyen doit changer tous les six mois de domiciles - pour le profit de la communauté. Tout est décrit en détail: la vie quotidienne (l'habillement, le travail, les loisirs, la nourriture, etc.), l'apparence physique des citoyens, la vie sexuelle (l'accouplement, la famille), la vie religieuse, la vie guerrièr

Le texte commence par une description géographique de la cité. Celle-ci est située dans une plaine de Taprobane (près de Sumatra). C'est une ville inconnue et unique. Elle est située sur une île inconnue. Elle est circulaire, composée de sept murailles concentriques se rapprochant d'un temple rond situé au milieu sur une colline et qui est le cœur de la cité. Ce temple possède une coupole représentant le ciel ainsi qu’un autel avec deux cartes du monde. Tout y est grandiose, énorme et somptueux. Les sept murailles, portant le nom des sept planètes, servent à protéger la ville contre les attaques et sont aussi destinées à enseigner toute la connaissance des Solariens. Gravé et dessiné sur les murs, on retrouve tout le savoir: figures mathématiques, arbres, plantes, animaux, métiers, machines, lois, arts, alphabet etc. C'est une connaissance universelle de tout et même de ce que nous ne connaissons pas encore. Ils sont plus savants que n'importe quels autres peuples. Sur les murs, on retrouve également les noms d'hommes qui se sont distingués par leur valeur. On remarque des Solariens mais également Moïse, Osiris, Pythagore, Mahomet et Jésus.

Si les Solariens se distinguent par leur besoin de connaissance, ils se caractérisent également par leur désir de s'instruire sur tous les autres peuples.

Le narrateur s'attardera longuement au régime politique de la Cité dirigé par un chef suprême détenant le pouvoir temporel et spirituel, Hoh ou Métaphysicien, celui-ci a le plus haut niveau de connaissance. Il est assisté par trois gouvernements: Puissance, Sagesse et Amour. Amour (Mor) s'occupe de la génération de la vie sexuelle et de l'épuration de la race ; Puissance (Pon), de l'armée, la guerre et la défense. Quant à Sagesse (Sin), il détient le pouvoir sur l'art, les métiers et la science. Ce dernier est assisté de fonctionnaires: Médecin, Mathématicien, etc. La société est également dirigée par des magistrats qui représentent les vertus: Magnanimité, Courage, Chasteté, Justice, Activité,  etc.

On remarque cette particularité des noms des Solariens qui s'étend au peuple: Beau, Cordial, Bonne... Les noms signifiant un trait de personnalité.

Le narrateur décrira ensuite en détail tout ce qui entoure la vie des Solariens: la monnaie qu'ils utilisent dans leurs échanges commerciaux avec d'autres peuples; comment ils accueillent les visiteurs, leur système judiciaire, leurs croyances religieuses et leurs rites. C'est un peuple idéal, qui ne connaît pas le crime, la maladie, la vanité, la jalousie. Tout est exécuté en fonction du bien de l'état.

La fin du texte deviendra par la suite un peu confuse et prétexte à l'exposition de diverses théories de Campanella. On y retrouve un amalgame de thèse sur l'origine de l'univers, la philosophie, l'immortalité de l'âme, la trinité... Il fait ensuite une apologie de la chrétienté, une énumération d'inventions. Il jette ensuite, pèle‑mêle sa théorie sur la vertu des nombres, le rôle de la femme. Il fait quelques prédictions - notamment sur la christianisation du Nouveau Monde.

Campanella, dans sa cité utopique voulait une société juste. Il avait vécu toute sa vie dans l'injustice et l'incompréhension de sa société face à son désir de connaissance. Il créa donc une ville où il pourrait vivre libre de savoir et de penser comme il voulait.

La Cité du Soleil est une République universel inspirée de l'église catholique. C'est une société qui vit en communauté totale de biens et de femmes. Il élimine dans sa Cité toute forme de propriété. Tous ont le même habillement etc. Les fonctions et les services sont distribués de façon égale entre tous. Tout est en commun, aucune propriété individuelle: magasin d'état, réfectoire où chacun à la même portion de nourriture. Les magistrats sont cependant responsables de la juste répartition des biens. La répartition est faite selon les mérites de chacun. Personne ne doit manquer de ce dont il a besoin.

Les qualités principales de tout bon citoyen de la Cité sont le dévouement, la solidarité et la fraternité. Il n'y a donc aucune convoitise, jalousie, envie entre les Solariens. Autre caractéristique des Solariens : l'importance qu'ils accordent à la connaissance. La journée de travail est de quatre heures pour permettre aux citoyens d'étudier, discuter, lire... C'est une connaissance de tout qu'ils préconisent. Celui qui connaît le plus de métier est valorisé. L'activité physique est également important

Campanella laisse entrevoir dans son texte son intérêt pour l'astrologie, la science et Dieu. Tout est réglé par les astres; la science est mise de l'avant; la religion est essentiellement catholique. La science et la religion ne sont pas toujours clairement distinguées l’une de l’autre.

Dans sa cité nouvelle, Campanella reforme une religion catholique ou le Soleil est adoré comme représentant Dieu. C'est une religion monothéisme où sont présent Jésus, le Christ, la Trinité, mais où est également présent le sacrifice humain volontaire mais non mortel. La ville est dirigée par des magistrats qui font office de prêtres. C'est un catholicisme nouveau.

Campanella décrit aussi avec beaucoup de détails une société où la famille est abolie, où les relations sexuelles sont réglées et où il y a une certaine licence surprenante. L'amour n'est pas tout à fait proscrit, le couple ne peut cependant s'unir, sauf si la femme est stérile ou déjà enceinte. La femme est ici encore valorisée selon sa capacité à continuer la génération. Il existe encore dans la société idéale des différences entre les deux sexes. Il y a séparation des tâches, de certaine activité. Les hommes travaillent le bois, les femmes tissent!

Ce peuple paisible accorde cependant beaucoup d'importance à la force guerrière. Isolés sur une île, ils n’en sont cependant pas les seuls occupants. Un peuple si heureux et parfait suscite nécessairement des jalousies parmi les autres contrées. Ils doivent être bien formés et capables de se défendre. Les Solariens n'ont aucune défaite et ont conquis de nombreuses contrées. Élément particulier du texte du moine dominicain est cette domination extérieure des Solariens. Ils ont répandu leur société idéale, leurs lois à d'autres peuples. C'est cependant un peuple bon pour ces ennemis:

"... la guerre n'a pas pour but de les exterminer,
mais bien de les rendre meilleurs." (p.81) 

Ils s'instruisent de leurs mœurs, leur gouvernement, leurs lois, leur histoire, ils observent le bon et le mauvais. Car les Solariens sont toujours ouvert au perfectionnement. Il faut souligner que la guerre avec les peuples qui les attaquent est en un sens nécessaire à la Cité. La menace qu’elle constitue permet la cohésion de la société.

Ce peuple de La Cité du Soleil, est presque parfait. Il existe cependant des lois – même s’il y en a très peu - et une justice pour les quelques crimes présents. Il n’y a cependant pas de besoin pour une prison. La justice et la solidarité sont telles que le suicide est souvent commis pour sauvegarder l'intégrité de la Cité.

Ce texte de Campanella se trouve à la croisée de la pensée du Moyen-Âge qui attendait une Jérusalem céleste et théocentrique et de la pensée de la Renaissance. A la renaissance on trouve un mélange de Christianisme venant de Platon et de superstition astrologique. La Cité du Soleil renferme ces deux types de pensée. Elle est une utopie typique: c'est une incarnation de l'idéal traduit par une cité et où régit une religion universelle mené par la raison.

La Cité de Campanella est idéale, exempte d'injustice, de jalousie, d'avarice, de propriété, de maladie, de difformité, d'imperfection. Une société exemplaire où le savoir et la communauté sont mises en première place. Bien des siècles plus tard, des socialistes tels que Bernard Russel reprendront certaines théories de La Cité du Soleil de Campanella. C'est un texte du XVIIe siècle, mais qui véhicule des idéaux communistes intemporels.

Texte utopique par excellence mais qui possède ses particularités. Texte, où se mélangent théorie philosophique, prédiction et inventions qui se sont réalisées dans le futur. Utopies réalisées. Campanella a imaginé une société parfaite qui a fait rêver plusieurs idéalistes, pour sa part il était certain d'en voir la réalisation dans un futur proche.

Sources à consulter :

Voir le premier article: La Cité du Soleil: 1. L'auteur

24 février 2008

La cité du Soleil: 1. L'auteur

La cité du soleil / Tommaso Campanella ; trad. de l'italien par Arnaud Tripet ; notes et postface de Jérôme Vérain. - Paris : Éd. Mille et une nuits, 2000. - 92 p. ; 15 cm. - (La petite collection, 261). ISBN 2-84205-450-4

Titre orginal : La città del Sole

Bien que le terme d'utopie vient de Thomas Morus qui écrivit en 1518 son texte Utopia, sive de optimo republica statu, la notion quant à elle existait depuis déjà plusieurs siècles. Depuis toujours, écrivains et philosophes décrivent des pays et des villes imaginaires ayant des systèmes gouvernementaux idéaux et qui diffèrent de ceux connus dans le monde réel. Si les noms de Platon, Moore, Bacon viennent facilement à l'esprit lorsque l'on parle d'utopie, on oublie souvent celui de Campanella. Il est pourtant un célèbre auteur de la Renaissance. La Cité du Soleil est en fait une utopie remarquable.

L’auteur :

campanella_MDTommaso Campanella (Giovanni Domenico Campanella) est né à Stilo en Calabre, le 5 septembre 1568 dans une famille pauvre. Dès son enfance, il fut considéré comme un enfant prodige, ayant une passion pour les arts et les sciences. À l'âge de 14-15 ans il entre au couvent des Dominicains à Cosenza en Calabre –c’est à ce moment qu’il prend le nom de Tommaso. Sa volonté d'apprendre et de tout savoir ne le quitte pas: il s'intéresse à la médecine, à l'astronomie, la théologie, la magie. Il mélange volontiers la science et la superstition.

Il se lasse cependant très vite de l'enseignement traditionnel pour se diriger vers une pensée philosophique libre. Il lit le philosophe Telesio qui dirige sa pensé contre Aristote et vers une nouvelle conception des sciences et de la réalité basée sur l'observation. Il écrivit alors son premier ouvrage Philosophia sensibus demonstrata qui se veut une critique d’Aristote ainsi qu’une défense de Telesio et de la philosophie démontrée par une observation de la nature et non plus apprise abstraitement dans les livres. À Naples, en 1589, il rencontra Giambatissta della Porta qui l’introduira à l’astrologie et la magie. Petit à petit, Campanella s’éloigne de la pensée dominicaine.

Son texte, Philosophia sensibus demonstrata, ne passera cependant pas inaperçu et en 1591 il est emprisonné et accusé d'être inspiré par un démon. Il fut cependant acquitté l'année suivante, sous condition de regagner la Calabre qu'il avait quittée en 1589. Il s'y refuse et part à travers le pays. Il sera alors victime de plusieurs accusations. Il parcourt diverses villes, écrit, ne cesse jamais de défendre ses théories philosophiques et de se battre contre les idées reçues et les préjugés. Après dix ans d'absence, il est de nouveau arrêté et retourne cette fois-ci dans son pays.

C'est alors que survient le drame capital de sa vie. Loin de se renfermer dans le silence, il organise une conjuration pour arracher la Calabre au joug de l'Espagne. Ce sont une révolte politique et une refonte sociale totale qu'il désire voir se réaliser. Son projet de liberté et de république communautaire réussi à gagner de nombreux adhérents. Il sera quand même trahi et capturé en 1599. Il est accusé de conjuration, de lèse-majesté et d'hérésie. Après de longues et atroces tortures, il est reconnu fou, ce qui le sauve de la peine de mort. Il restera en prison pendant 27 ans.

Pendant ces années de détention, il écrit plusieurs ouvrages philosophiques et utopiques que des amis réussissent à faire publier à l'extérieur. Malgré son emprisonnement, il est célèbre à travers l'Europe et ses idées des philosophies naturelles et d’astrologie sont connus de tous.

En 1626, il est libéré provisoirement. A peine un mois plus tard il est de nouveau jugé pour les mêmes raisons, mais cette fois devant un tribunal ecclésiastique. Il est définitivement libéré deux ans plus tard grâce à l'intervention du Pape Urbain VIII. Il a maintenant soixante ans, mais il refuse de se calmer et de se reposer. Enfin libre, il continue à écrire de nombreuses œuvres qui pour la plupart se perdront définitivement. Il continu à militer dans divers projets politiques et philosophiques. Il suscite de nombreuses jalousies, surtout de la part des Jésuites. Il devra fuir en France, où finalement il pourrait jouir d'une liberté sans problèmes. Il devient plus tôt, à l'âge de soixante-dix ans, le conseiller de Richelieu.

Toute sa vie, il continue à se défendre contre ses ennemis. Il se bat contre les censeurs, défend ses thèses et ses idées politiques et religieuses, cherche à réformer les sciences – en suivant à la fois la Nature et les Écritures Saintes ainsi que les nouvelles découvertes géographiques et astronomiques. Il meurt en 1639, soit à l'âge de soixante et onze ans, à St Honoré à Paris en France. Il n'aura jamais cessé d'espérer une paix entre les peuples et une justice sociale.

Il écrivit de nombreux ouvrages poétiques d'une grande beauté – la plupart alors qu’il est captif - des œuvres philosophiques et même une tragédie sur la mort de Marie Stuart. Son œuvre philosophique – parfois considérée comme révolutionnaire - se caractérise par sa critique d'Aristote et par son parti pris pour une méthode naturelle et expérimental. Plusieurs écrits sont aujourd’hui introuvables ou incomplets. Parmi les ouvrages connus, on retrouve: La Monarchie d'Espagne, Athéisme Vaincu, Monarchie du Christ, Astronomie, Métaphysique, Antivénitiens, Le Sens des choses, Aphorismes politiques et bien sûr La Cité du Soleil.

Sources à consulter :

Comentaire sur l'oeuvre à suivre

22 février 2008

Jalousie

J'ai un ordinateur portable nommé Fujitsuuuu. Ce gentil ordinateur fut acheté à Montréal juste avant mon départ pour Barcelone. Né en décembre 2003, il traversa l'océan pour m'accompagner dans ma vie barcelonnaise. Quelques petits accrochages au début mais avouons que c'était plus la faute de l'électricité fluctuante de l'appartement...

Et donc pendant 4 ans, mon Fujit m'accompagna dans mon travail et dans mes loisirs. Il voyagea beaucoup... et tous les matinsClavier il était au rendez-vous. L'été, il surchauffait un peu... s'arrêtant abrutement en plein milieu d'une réunion en-ligne. Et les lettres sur le clavier avaient presque toutes disparues... Il était très lourd à porter. Et puis, évidemment, la connexion n'était pas la bonne et je devais le brancher sur un transformateur... Et récemment, les clients chez lesquels je l'amenais semblait le trouver bien vieux. Et puis, je sentais qu'il se faisait vieux. Oh... encore en forme mais il semblait toujours soufflé si fort.

Et donc, il y a quelques semaines, j'ai décidé qu'il était temps de trouver un nouveau compagnon informatique. Et Samsuuuung entra chez moi. Nouvel ordinateur bien espagnol... Mais le temps manquant pour plein de bonnes raisons, le transfert des données et l'installation des programmes ne se firent pas immédiatement... petit à petit... Et donc, je travaillais tranquillement sur mon bon vieux Fujit en attendant de terminer de la préparation de Samy. Mais je crois que Fujit sentait bien qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Et il planta un soir sans raison. Il revient immédiatement, mais je crois qu'il devint de plus en plus jaloux.

Et puis, lundi... il se fâcha... et pouf... il s'arrêta. Et ne voulut plus revenir... Pendant un très long temps, il ne voulut plus me voir. Me laissant sans données, sans presque aucun programme... panique et gricements de dents... Et puis, Fujjit se sentit peut-être un peu coupable et décida de revenir à la vie. Il me laissa le temps de faire transferts et installations.

Il dort présentement, se reposant. Il servira à nouveau après une convalescence de quelques temps. Et Samy et bien il est maintenant fin prêt pour m'accompagner à chaque jour. Et je respire à nouveau !!! Bien que le clavier espagnol soit un peu un casse-tête, mon monde informatique fonctionne à nouveau !!!


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16 février 2008

Les archives de Pauline: Faire des boudins

Vous avez peut-être remarqué dans un texte précédent des « Archives de Pauline », les photos d’une petite Pauline. Sur ces photographies, elle porte fièrement de magnifiques cheveux frisés… en boudins. Elle était très Boudinsfière de ses boucles longues en spirale. Mais elle n’aimait pas du tout se faire faire ses boucles. C’était un long processus qui débutait le soir alors qu’elle commençait par se laver les cheveux. Ensuite quand les cheveux étaient encore humides, mais bien peignés, d’abord par elle, puis par sa mère qui avait une main un peu plus vigoureuse, les boudins pouvaient être commencés. Sa mère prenait des linges qui avaient été préalablement déchirés en bandelettes de quelques centimètres de large. Les bandelettes devaient être assez longues pour pouvoir y enrouler les mèches de cheveux.

Chaque mèche humique était ensuite fortement tirée, lissée et enroulée sur une bandelette de linge qui était ensuite nouée. Sa mère travaillait vigoureusement à cette tâche fastidieuse. Une mèche après l’autre… un long travail ennuyeux, légèrement douloureux et qui était marqué par la petite baboune de la petite Pauline. Pendant que sa mère enroulait ses mèches, Pauline faisait son propre boudin. Mais discrètement. Car il ne fallait pas que sa mère la voit bouder. Ça ne se faisait pas…

Une fois chaque mèche enroulée sur sa bandelette et bien nouée, il fallait ensuite passer toute la nuit pour que les cheveux soient bien secs et par le fait même bien frisés. Et il fallait donc tenter de dormir, le corps bien droit, le cou bien raide,  avec toutes ses bandelettes sur la tête, en prenant bien soin qu’elles ne se dénouent pas. Pour que le lendemain, quand chaque bandelette était dénouée et enlevée, la mèche ait une belle forme de spirale bien longue… un beau boudin… Et la chevelure était maintenant toute bouclée ! Et la petite Pauline était bien contente d’avoir souffert pendant toute une soirée et toute une nuit ! Et son attitude maussade et obstinée de la vieille s’envolait. Jusqu’à la prochaine séance de coiffure où faire du boudin était toujours associé à la confection des boudins !

14 février 2008

Quelques mots...

"On ne s'aime jamais comme dans les histoires, tout nus et pour toujours. S'aimer, c'est lutter constamment contre des milliers de forces cachées qui viennent de vous ou du monde"

[Jean Anouilh]

"Le véritable amour c'est quand un silence n'est plus gênant."

[Jean-Jacques Goldman]


"L'amitié, comme l'amour, demande beaucoup d'efforts, d'attention, de constance, elle exige surtout de savoir offrir ce que l'on a de plus cher dans la vie : du temps ! "

[Catherine Deneuve]

  
Amour
" We're so wonderfully wonderfully wonderfully
Wonderfully pretty!
Oh you know that I'd do anything for you...
We should have each other to tea huh?
We should have each other with cream
Then curl up by the fire
And sleep for awhile
It's the grooviest thing
It's the perfect dream"

[Love Cats - The Cure]

11 février 2008

Des détails sans importance

Et bien voilà, cela devait arriver un jour... je suis taguée !!! Et par Lily ;-)

Voici ce qu’on demande :

- Mentionner la personne qui nous a taguée
- Mettre le règlement sur son carnet
- Révéler six choses sans importance sur soi
- Taguer six autres personnes en mettant leur lien
- Prévenir ces personnes sur leur carnet

Des choses sans importance ? Voyons voir...

Chocolat1 1. Je ne peux plus manger de chocolat, mais cela m'indiffère complètement. Ce qui surprend toujours les gens. Quand on m'offre du chocolat (avec un gros sourire) et que je refuse, on insiste toujours. Je dois alors dire que le chocolat me donne de violentes migraines (du genre à devoir être coucher dans le noir complet et à vomir sans arrêt), on prend invariablement un air attristé... et on ne me croit jamais quand je dis que cela ne me dérange pas. Cela fait environ une dizaine d'année que j'ai développé cette intolérance au chocolat. Mais je n'ai jamais été folle du chocolat et je n'en mangeais que très très rarement. Quand on me demandait: un morceau de gâteau au chocolat ou à la vanille?  j'ai toujours répondu - même enfant - "à la vanille" !!

2. J’ai presque tous les films animés de Walt Disney et en version originale. De Snow White and the Seven Dwarfs àDusney Treasure Planet, en passant par Fantasia, The Aristocats, Aladdin et Mulan. Et je peux vous chanter à peu près toutes les chansons ! Et je peux vous réciter les dialogues de bons nombres de ces films... en particulier Aladdin, The Lion King et Pinocchio.   

Nuit

3. Je me réveille au moins 3-4 fois par nuit. J’ai le sommeil hyper léger et le moindre petit bruit va me réveiller… mais uniquement la nuit. Je me peux m’endormir partout et dormir profondément… dans les autobus, devant la télévision, dans l’auto, avec un bruit de fond de trafic et de construction, etc… mais pas la nuit dans le silence. Alors le moindre petit bruit va me réveiller : un craquement, la respiration de quelqu’un, mon chat qui mangeait, …Genoux

4. Mes genoux craquent. Beaucoup. Et fort !  Depuis toujours. C'était même une "inside" quand j'étais professeur. D'ailleurs mes étudiants, lors de la soirée des finissants, avaient fait une liste des caractéristiques de chacun de leur professeur... et une des miennes: "on sait toujours où  elle se trouve dans la classe pendant les examens car on entend ses genoux craqués quand elle approche de nous" ! Et le bruit peut être si fort que quand je me tourne la nuit, le bruit me réveille.

Bidet5. J’ai récupéré le bidet de ma salle de bain que je n’utilisais pas pour y mettre des plantes bambous, des chandelles et des roches. Cela ajoute une belle petite touche verte à ma salle de bain.

6. Je collectionne les bibelots de chats. Mais pas n’importe quel. Il faut que vraiment le bibelot m’interpelle
Chats5 quand je le vois. Partout où je vais, dans tous les magasins, dans les ventes de garages, les brocantes… je cherche toujours le chat… Et je collectionne les photos de chats lors de mes voyages. Quand on regarde mes photos de voyages, il y a toujours quelques photos de chats croisés au détour d’une rue, couchés sur un perron, à une fenêtre, dans une cour, se promenant sur le trottoir… Un voyage n’est pas complet tant que je n’ai pas croisé un chat !

Et voilà… et je ne tague personne… ;-) une autre fois peut-être !

7 février 2008

Quelques cendres sur mon front

Cela faisait des années que je n’avais pas « pensé » à cette journée. Le mercredi des cendres n’a pas traversé ma vie depuis un bon moment. Mais depuis que je vis à Barcelone, je ne peux m’empêcher de penser à cette journée. Parce que l’Espagne est encore très près de sa religion catholique. Parce que l’Espagne célèbre encore les fêtes religieuses les plus obscures. Parce que l’Espagne aime fêter tout simplement. Et le Carnaval est une fête très importante. C’est même la principale occasion de se déguiser et de fêter pendant près d’une semaine. Et on peut voir des défilés, les enfants se déguisent et reçoivent des bonbons,Cendres les grands se déguisent et sortent dans les bars, les boutiques de costumes font fortunes… jusqu’au mardi gras.

Évidemment, ce qui est étrange pour moi, qui n’ai jamais vécu auparavant de Carnaval, c’est que chaque année, celui-ci n’a jamais lieu exactement à la même période. Les Carnavals et les Mardi gras de ma connaissance ont soit eu lieu dans le passé ou dans des villes lointaines… le Mardi Gras de la Nouvelle Orléans, le Carnaval de Rio de Janeiro ou de Venise, les Carnavals médiévaux… Je n’avais aucune idée que le Carnaval ou le Mardi Gras pouvaient se célébrer aujourd’hui en Espagne. Et pourtant c’est une période très, très, très importante ici. La fin de semaine dernière, il y avait pleins d’enfants de déguiser… tout mignon…

Mais évidemment, pour l’ancienne très pratiquante, religieuse que je suis, après le mardi gras, vient le mercredi des cendres qui débute le carême… jusqu’à Pâques… enfin jusqu’à la Pâque chrétienne. Parce que pour tenir ces fameux 40 jours de carêmes, il faut d’abord s’assurer de faire un mardi gras… et se laisser aller à tous les excès – bon, surtout alimentaires et alcooliques – avant de se lancer dans ces 40 jours de jeûne et contrition…

Et cette première journée de Carême est maquée par ce mercredi… des cendres. Les cendres représentant le péché et surtout la fragilité de la vie… poussières, tu retourneras en poussières… En célébrant ce mercredi, en acceptant qu’on mette des cendres sur son front, l’homme reconnaît non seulement ses fautes et sa nature éphémère, fragile, mortelle. C’est un rappel à l’humilité que nous devons avoir… Évidemment, tout ça est très religieux et très ancré dans la foi d’un dieu – chrétien.

À l’origine, uniquement les gens qui avaient commis de graves fautes recevaient les cendres – ils devaient être publiquement recouverts de cendres. Ils devaient également revêtir un sac – afin de bien marquer leur pénitence. Et puis, la tradition fut étendue à tous les croyants… et évidemment, on en est venu à une simple marque sur le front lors de la messe du mercredi des cendres, en prononçant les versets suivants provenant de la Genèse : Memento, homo, quod pulvis es, et in pulverem reverteris – histoire de bien se souvenir qu’on est poussière et qu’on redeviendra poussière… on est rien et on redeviendra pas grand-chose… enfin… toujours l’humilité… hum… Et puis, tout cela vient de vieilles traditions juives… d’Adam qui n’est que poussière, de l’Ancien Testament et de l’utilisation des cendres comme pénitences, Samuel, Jonas, Judith, les Maccabées… et ensuite des 40 jours du Christ dans le désert… enfn… les références sont nombreuses.

En principe, les cendres viennent des rameaux bénis l’année précédente (recueillis lors du dimanche des rameaux) et réduits en cendres. Oui, je sais cela… ai-je dis que je fus un jour très très religieuse?

D’ailleurs… c’est à cela que je pensais ce mercredi quand j’ai réalisé que c’était le mercredi des cendres. Mon copain me disait que le Carnaval était terminé puisque le Mardi Gras venait d’avoir lieu et moi de répondre, « oui, je sais, c’est le mercredi des cendres aujourd’hui ». Et comme toujours, lui de s’étonner que je sache ce genre de chose… Je ne peux m’empêcher de me rappeler ces heures de cours que j’ai manqué au secondaire – alors que j’allais au Collège Reine-Marie qui possédait sa propre chapelle, son propre prêtre et bien sûr les religieuses de la Présentation de Marie… Car de Carnaval et de Mardi Gras, je n’avais jamais entendu parlé, mais le Mercredi des Cendres était très important. Toute la journée était consacrée à cet événement. L’avant-midi nous allions à la confesse… pendant les cours… une après l’autre… (l’idée étant de confesser le plus de péchés possibles afin d’avoir le plus de prières à faire à la chapelle en pénitence, afin de manque le plus de cours possible)… puis dans l’après-midi, nous manquions toute une période pour assister à la messe du Mercredi des Cendres. Moment important, car pour cette occasion, nous n’allions pas à la chapelle des étudiantes, mais nous allions dans la partie – plus grande – des religieuses…

Mais je dois avouer, que même si c’était surtout l’occasion de manquer des cours et de rigoler doucement entre nous… quand nous devions faire la file devant le prêtre et quand celui-ci nous faisait une croix de cendres sur le front, nous nous taisions toutes… C’était définitivement étrange cette cendre… un peu morbide. Cela me semblait si proche de la mort… Et pendant quelques moments, on ne pouvait s’empêcher d’être touché… sentir une certaine énergie au rituel… On ne peut dire le contraire, se faire mettre une croix de cendres est plus marquant qu’une croix d’eau – peu importe qu’elle soit supposément bénite !!!

Il y a sûrement beaucoup à étudier sur ce rituel… mais bon… je trouve simplement étrange, aujourd’hui, de me souvenir du mercredi des cendres…

Quelques sources à consulter :

 

4 février 2008

Le Fou et le professeur

Simon2Critique de lecture

Le Fou et le professeur: une histoire de meurtre, de démence, de mots et de dictionnaire / Simon Winchester ; traduit de l'anglais par Gérard Meudal. -- [Paris]: JC Lattès, c2000. -- 316 p. ; 18 cm. --ISBN 2-253-15082-7

Quatrième de couverture :

À l'automne 1896, le Dr James Murray, prestigieux auteur de l'Oxford English Dictionary, décide de rendre visite à un certain Dr Minor, qui depuis des années lui adresse bénévolement des notices érudites d'une remarquable précision. Une surprise de taille l'attend : le Dr Minor vit à Crowthorne (Berkshire), dans un asile d'aliénés, où il a été interné à la suite d'un meurtre. Entre cet ex-chirurgien militaire américain, en proie à des pulsions sexuelles morbides, et le brillant universitaire autodidacte, va naître une étrange amitié.

Le Fou et le professeur : une histoire vraie où les obsessions d'un meurtrier dément côtoient l'élaboration du monumental dictionnaire anglais ; un récit haletant où les mots « folie », « passion » et « mort » sont explorés dans leurs plus ténébreux arrière-plans...

La société américaine de Luc Besson a acheté les droits cinématographiques du livre de Simon Winchester.

L'auteur:

Simon Winchester est un journaliste et auteur, né en Angleterre en 1944.

Il étudia la géologie au St Catherine’s College à Oxford. Il travailla tout d’abord comme géologue et ingénieur pendant quelques temps en Afrique sur des plates-formes pétrolières. Il devient ensuite journaliste et publia divers articles et essais pour plusieurs magazines et journaux tels The Guardian, Smithsonian Magazine, The Sunday Times et National Geographic. SesSimon articles traitent de sujets très diversifiés, allant de l’architecture, l’océan Pacifique, de critiques de romans, relations de voyages, … Il est également connu pour avoir été arrêté et détenu par les forces argentines pour espionnage, dans les Iles Malouines dans les années 1980.

Il a écrit de nombreux ouvrages dont les plus connus sont The Map That Changed the World (2001), A Crack in the Edge of the World:America and the Great California Earthquake of 1906 (2005) et The Surgeon of Crowthorne (1998). 

Il vécut dans de nombreuses villes, Hong Kong, London, New Delhi, New York, Belfast, entre autres. Il vit présentement, à la fois, sur une petite ferme du Massachusetts aux Etats-Unis et en Écosse sur les Western Isles. Il est membre de l’Ordre de l’Empire Britannique (OBE).

Le site de l’auteur: http://www.simonwinchester.com/

Bibliographie partielle :

  • In Holy Terror: Reporting the Ulster Troubles (1974)
  • American Heartbeat: Some Notes from a Midwestern Journey (1976)
  • Their Noble Lordships: The Hereditary Peerage Today (1981)
  • Prison DiaryArgentina (1983)
  • Stones of Empire: The Buildings of the Raj/Jan (1983)
  • Outposts: Journeys to the Surviving Relics of the British Empire (1985)
  • Korea: A Walk through the Land of Miracles (1988)
  • The Pacific Hutchinson (1991)
  • Pacific Nightmare (1992)
  • Small World (avec Martin Parr) (1995)
  • The River at the Centre of the World (1997)
  • The Surgeon of Crowthorne: A Tale of Murder, Madness and the Making of the Oxford English Dictionary (Publié aux EU sous le titre: The Professor and the Madman) (1998)
  • The Fracture Zone: A Return to the Balkans (1999)
  • America's Idea of a Good Time (avec Kate Schermerhorn) (2001)
  • The Map That Changed the World (2001)
  • Krakatoa - The Day the World Exploded: 27 August 1883 (2003)
  • The Meaning of Everything: The Story of the Oxford English Dictionary (2003)
  • A Crack in the Edge of the World: America and the Great California Earthquake of 1906 (2005)

Résumé et commentaires:

Dans son livre, Le Fou et le professeur, Simon Winchester nous raconte comment est né au XIXe siècle, le Grand Dictionnaire d’Oxford. Ce Dictionnaire est le premier ouvrage à répertorier et définir tous les mots de la langue anglaise et il est le résultat de près de 70 ans de travail. Avec ses 424 825 définitions, le Dictionnaire qui naquit en 1857, est considéré comme la référence par excellence de la langue anglaise.

Le livre nous raconte comment l’idée de ce grand dictionnaire a fait son chemin dans l’histoire de la lexicographie. Un dictionnaire comme le Oxford English Dictionnary était une nouveauté et sa naissance fut difficile. Les débuts laborieux du Dictionnaire nous sont expliqués ainsi que la méthode utilisée pour construire cette œuvre gigantesque. L’auteur nous présente également deux figures centrales et essentielles du Dictionnaire : celui qui deviendra le directeur du Dictionnaire, le professeur James Murray ainsi qu’un des principaux collaborateurs volontaires, le docteur, W.C. Minor.

On nous raconte la rencontre et l’étroite collaboration entre les deux hommes. La vie des deux hommes nous est d’abord racontée : leur enfance, leur cheminement et ce qui les a conduit au Dictionnaire. On s’attardera beaucoup sur la vie de W.C. Minor, ce collaborateur précieux mais étrange qui contribuera fortement à l’élaboration du Dictionnaire. Le docteur W.C. Minor est un américain, chirurgien retraité de l’armée qui vécut les horreurs de la Guerre de Sécession et qui s’exila à Londres où il sera arrêté et condamné pour meurtre. Il est ensuite enfermé dans un asile pour criminel pour le restant de ces jours d’où il offrira sa collaboration à la réalisation du Dictionnaire. L’équipe du Dictionnaire avait en effet demandé l’aide de volontaires pour répertorier et noter des citations pour tous les mots du Dictionnaire. Cet appel à tous avait été répondu par nombres de personnes, dont le docteur Minor. Le Professeur Murray et son équipe ignorèrent longtemps que leur plus précieux collaborateur, l’érudit et méthodique, docteur Minor, était certes un génie mais également était également un meurtrier dément. On nous raconte d’ailleurs en détail la psychose paranoïaque de Minor, ses causes probables et son évolution. L’auteur nous offre également quelques explications sur le type de folie qui aurait affecté Minor.

Cette oeuvre n’est pas un roman. Winchester nous offre ici une sorte de compte-rendu historique, le récit des événements et personnes qui ont entourées la réalisation d’une œuvre unique. Cependant, il faut noter que l’auteur s’est tout de même permis quelques effets et extrapolations. Certains événements sont nécessairement inventés ou déduits.  

L’histoire est par moment captivante mais parfois décousue. On passe souvent du coq à l’âne et on peut noter certaines répétitions. Certains passages m’ont apparus très longs et j’avais hâte qu’on en revienne à Minor et Murray. J’aurais aimé également qu’on traite un peu plus de Murray lui-même. Mais dans l’ensemble, le récit est bien mené et nous avons un compte-rendu historique, une intrigue psychologique, l’histoire d’un meurtre et le récit de l’étrange amitié de deux hommes liés par une même passion (obsession) et enfermés chacun dans leur prison (l’un dans un asile, l’autre dans le scriptorium qui est son lieu de travail)… mais surtout nous avons l’histoire de mots et de définitions. Chaque chapitre commence d’ailleurs par des définitions extraites du Dictionnaire et qui viennent illustrées la suite du récit.

Finalement, Winchester nous offre ses réflexions personnelles et les raisons qui l’ont poussé à écrire ce récit bien véridique de la naissance et la réalisation d’un ouvrage magnifique et grandiose. Et qui est marqué à jamais par la collaboration d’un génie complètement fou.

Le réalisateur Luc Besson a apparemment acheté les droits du livre pour une adaptation cinématographique. Et on parle de Mel Gibson et Robin Williams dans les deux rôles principaux. J’avoue que cela m’intrigue et je vois très bien Robin Williams dans le rôle de ce professeur qui malgré ses hallucinations et sa démence est un homme cultivé et érudit.

Sources :

Citations :

« Peu de livres [Dictionnay of the English Language / Samuel Johnson] sont aussi agréables à regarder, à toucher, à feuilleter, à lire. On peut encore en trouver des exemplaires. Ils sont terriblement lourds, davantage prévus pour le lutrin que pour la main. Ils sont reliés de beau cuir brun, le papier est épais, d’un blanc crémeux, les caractères sont fortement imprimés sur la feuille. » p. 121.

« Définir correctement un mot exige un talent très particulier. Il existe des règles. Un mot (prenons par exemple un nom) doit d’abord être défini en fonction de la catégorie à laquelle il appartient (mammifère, quadrupède par exemple) puis différencié des autres membres de sa catégorie (bovin, femelle). La définition ne doit comporter aucun mot compliqué ou susceptible d’être moins connu que le mot qu’elle cherche à expliquer. Elle doit préciser ce qu’est une chose et ce qu’elle n’est pas. […] Tous les mots employés dans la définition doivent se trouver par ailleurs dans le dictionnaire. Le lecteur ne doit jamais tomber sur un terme dont il ne pourrait trouver la signification dans le dictionnaire. Si l’auteur de la définition suit rigoureusement toutes ces règles, s’il introduit dans cette confusion un souci constant d’élégance et de concision, s’il s’applique à la tâche, alors il doit en résulter une définition correcte. » p. 201

3 février 2008

Ma vie télévisuelle : Comment on finit par vouloir apprendre l’anglais

Je ne sais plus à quel âge on commence à apprendre l’anglais dans les écoles québécoises, mais quand j’étais jeune, nous avions nos premiers cours d’anglais en 4e année du primaire, donc environ à 9-10 ans. Si je dis « Kick the ball Sandy! » à un québécois de mon âge, il est à peu près certain qu’il me répondra « All right Tom! ». Comme dans beaucoup d’autres endroits, nos leçons d’anglais passait systématiquement par « Meet Sandy and Sue » !!! Et donc on commence très jeune à apprendre l’anglais. Ce qui ne veut pas dire que nous parlons ou comprenons l’anglais. J’ai des amis de mon âge qui peuvent difficilement faire une phrase en anglais et qui sont incapable d’écouter un film ou une émission en anglais. Même après des années et des années d’apprentissage.

Parce que finalement, c’est une question de vouloir apprendre une langue et non pas simplement de l’apprendre. J’ai répété à partir de 9 ans, mes « Meet Sandy and Sue » et en bonne petite élève, je faisais tous mes devoirs et j’avais d’excellentes notes dans mes cours d’anglais. Mais cela ne voulait pas dire que je comprenais l’anglais. Et quand j’écoutais les Flintstones à la télévision, je ne comprenais pas vraiment. Mais ce n’était pas grave, quand je ne comprenais pas quelque chose, je demandais à ma mère de traduire. Jusqu’à mes 12 ans…

HappyDays1J’avais une amie qui écoutait beaucoup la télévision en anglais. Elle était italienne et parlait couramment l’italien, le français et l’anglais. Et elle écoutait une émission qui s’appelait « Happy Days» et qui jouait à un poste anglais. Quand je jouais chez elle, il fallait obligatoirement s’arrêter pour regarder cette émission qu’elle adorait. Et bien entendu, j’écoutais avec elle. Malgré le fait que cela faisait déjà quelques années que j’apprenais l’anglais, je ne comprenais pas grand-chose et mon amie avait beaucoup moins de patience que ma mère… À mes questions, elle ne répondait pas toujours… en fait, pratiquement jamais.

Mais le problème est que, petit à petit, j’ai commencé à écouter l’émission chez moi. C’est que j’aimais la musique… j’aimais les personnages… bizarrement, j’aimais bien « Potsie » (bizarrement, car aujourd’hui, je ne vois pas trop ce que je lui trouvais, mais bon…) et je rageais de ne pas comprendre. Et ma mère n’avait pas envie d’écouter l’émission donc je me retrouvais seule devant mon incompréhension… J’avais donc maintenant ma motivation ! Et ce ne fut pas bien long… les heures de cours, les devoirs, les exposés oraux… combiner avec mon besoin d’écouter et comprendre Happy Days ont finalement eu raison de mon indifférence à l’anglais. Je devais comprendre…

Et ce ne fut pas long avant que je comprenne les épisodes d’Happy Days… L’émission fut tournée à partir de 1974, mais très tôt les épisodes furent présentés en syndication, en reprise… Et quand à 12 ans, j’écoutais Happy Days l’après-midi, c’était déjà des reprises, même s’il le programme offrait encore de nouveaux épisodes. J’ai cependant écouté les dernières saisons en « live »… L’émission a quand même duré 11 ans, ce qui est très rare en télévision.

L’émission se déroulait cependant dans les années 1950 et début ’60. Et déjà à l’époque, j’adorais cette période… j’aimais la musique que je connaissais déjà un peu grâce à ma mère et que j’ai appris à connaître encore plus grâce à l’émission. En vedette, était des adolescents, principalement, un jeune garçon un peu innocent, Richie Cunningham et ses deux meilleurs amis. Les parents et la jeune sœur de Richie étaient également souvent présents. Ainsi qu’un personnage un peu plus vieux, surnommé, The Fonz… qui est d’ailleurs devenu rapidement connu et célèbre.

Les émissions étaient souvent très stéréotypées… on nous présentait des situations qui se voulaient représenter les problèmes de jeunes des années ’50, mais qui étaient très édulcorés… et tout finissait toujours bien, souvent avec une belle leçon à apprendre… Il y avait parfois des situations de conflits entre parents et enfants, mais cela finissait toujours par une belle réconciliation. La famille des Cunningham était la famille moyenne idéale ! Les jeunes se rencontraient toujours au « dinner » du quartier de la ville de Milwaukee (Wisconsin) où la musique était toujours présente… c’était très caricatural, mais j’adorais… c’était l’époque du rock’n’roll… je savais bien que cela n’était pas vraiment la réalité, mais là n’était pas le but de l’émission ! L’émission était ce qu’on appelle une « sitcom » « comédie de situation »… l’idée était de faire rire, tout simplement.

On peut analyser la représentation qu’on offrait des années ’50 et surtout on peut retrouver les critères et barrières de la télévision des années ’70… ce qu’on pouvait et ne pouvait pas dire… Le personnage de Fonzie, le faux délinquant au blouson de cuir, populaire avec les filles, macho, mais sans jamais être un vrai rebelle, mérite en lui-même une longue analyse !

L’émission évolua beaucoup au cours de ses 11 ans… des personnages quittèrent, de nouveaux apparurent… j’ai écouté tous les épisodes jusqu’à la fin… et j’ai encore en mémoire certains moments très précis… quand Potsie chante « Happy Birthday sweet sixteen » à Joanie… quand Fonzie fait du ski nautique… quand…HappyDays2

Et tout cela en anglais !!!!

Titre original : Happy Days

Producteur : Garry Marshall
Genre: Comédie
Langue: Anglais
Couleur: Couleur
Pays d'origine: États-Unis
Durée: 30 minutes
Nombre de saisons : 11 saisons - 255 épisodes + 2 émissions spéciales
Années de diffusion : Janvier 1974 à Septembre 1984

Distribution :

Ron Howard: Richie Cunningham
Henry Winkler: Arthur "Fonzie" Fonzarelli
Tom Bosley: Howard Cunningham

Marion Ross:  Marion Cunningham
Anson Williams: Warren"Potsie" Webber
Donny Most: Ralph Malph
Erin Moran: Joanie Cunningham
Scott Baio: Charles "Chachi" Arcola
Pat Morita: Arnold (Matsuo Takahashi)
Al Molinaro: Alfred Delvecchio
Lynda Goodfriend: Lori Beth Allen Cunningham
Cathy Silvers: Jenny Piccalo
Ted McGinley: Roger Phillips

Pour en savoir plus sur l’émission, consulter ces liens :

Générique du début

Happy Days

Sunday, Monday, Happy Days,
Tuesday, Wednesday, Happy Days,
Thursday, Friday, Happy Days,
Saturday, what a day,
Rockin all week with you.

This day is ours
Won't you be mine. (Oh Happy Days)
This day is ours (Oh Happy Days)
Oh please be mine.

Hello sunshine, goodbye rain,
She's wearing my high school ring on her chain.
She's my steady, I'm her man,
I'm gonna love her all I can.
(Chorus)
Gonna cruise her round the town,
Show everybody what I've found
Rock'n'roll with all my friends
Hopin' the music never ends.

These Happy Days are yours and mine (oh Happy Days)
These Happy Days are yours and mine (oh Happy Days)
These Happy Days are yours and mine, Happy Days.
     
 

1 février 2008

La maison assassinée (suite)

Critique de lecture

magnan1La maison assassinée / Pierre Magnan. – [Paris] : Denoël, 1991. -- 345 p. ; 18 cm. – ISBN 2-07-037659-1. – Coll. Folio ; 1659.

Résumé :

À la toute fin du XIXe siècle, une famille vivant dans une auberge d’un village de la Haute-Provence est brutalement assassinée. Le seul survivant est un bébé de trois semaines. Trois hommes étrangers de la région sont arrêtés, condamnés et exécutés pour le crime.

L’enfant est envoyé dans un couvent où il est élevé par les religieuses qui ne lui révèlent rien de son passé. Devenu un homme, il part au combat lors de la Première Guerre Mondiale. Séraphin Monge revient des champs de bataille, sans aucune blessure mais marqué par ce qu’il y a vécu. Il devient cantonnier et décide de retourner au village qui l’a vu naître, Lurs. Depuis le massacre de sa famille, 25 ans se sont écoulés et le village semblait avoir oublié l’événement, mais le retour de cette homme, fort, beau, placide et qui semble insensible, dérange les habitants superstitieux qui l’évitent.

Alors qu’il se retrouve par hasard dans la maison familiale, laissée à l’abandon, un vieil homme lui révèle l’histoire horrible qui l’a laissé un orphelin : le massacre de son père, sa mère, son grand-père et ses deux frères. Le vieil homme prend soin de lui souligner que personne n’a jamais pu expliquer pourquoi il avait été épargné dans son berceau, ainsi que le fait que lui-même n’a jamais cru à la culpabilité des trois hommes exécutés.

Séraphin devient alors obsédé par l’histoire du massacre de sa famille et par des visions de sa mère. Il entreprend d’abord de détruire morceau à morceau la maison elle-même, La Burlière. Pendant cette destruction, il commence par découvrir petit à petit les secrets de sa famille. Et puis, il pense avoir trouver le mobile du crime ainsi que le nom des véritables coupables. Il décide de venger sa famille, mais alors qu’il commence à planifier la mort des coupables, un d’entre eux est retrouvé mort, probablement assassiné.

Commentaires :

Cela faisait longtemps que ce roman était sur ma liste… l’histoire m’apparaissait intéressante et j’aimais bien le titre. Il y a quelques semaines, je me suis finalement décidée. Et je ne sais…

Le livre se présente comme un roman noir, à la fois, polar, roman psychologique, avec quelques touches fantastiques. L’écriture est définitivement efficace. Les descriptions sont très bien rendues… je dois même dire que d’un point de vue purement personnel, le texte m’a complètement charmé !!! Les mots, les descriptions m’ont captivés… alors pourquoi n’ai-je pas été captivé par l’histoire ? Difficile à expliquer.

L’histoire est très noire et difficile. La psychologie du personnage principal très bien définie – même si je l’ai trouvé un tantinet pesante. Les personnages sont très bien campés, on les sent littéralement vivre sous nos yeux et la symbolique de leur personnalité très bien démontrée. L’atmosphère du roman est très noire… l’horreur de la guerre et les stigmates laissés sur la population, très bien présentés. On comprend parfaitement également l’angoisse de Séraphin et les angoisses des habitants du village face au seul survivant d’un massacre inexpliqué.

Mais l’intrigue n’a pas réussi à me captiver. Elle semblait à la fois accessoire et centrale et je n’ai pas réussi à savoir si elle m’intéressait ou non. Les personnages secondaires m’ont apparu peu approfondis et j’aurais aimé les comprendre plus. En particulier les personnages féminins – pourtant souvent dépeints par la critique comme très forts – m’ont semblé faibles et caricaturaux…

La toile de fond est cependant habilement rendue… la région, le village, l’époque, la vie de certains personnages, … une sorte de « polar du terroir » comme on dit certains… je dirais plus… « polar de la terre »… Roman qui se veut réaliste et poétique à la fois… peut-être trop… car le mystère de la mort de la famille de Séraphin Monge prend selon moi, trop l’arrière-plan. Ce n’est pas ce qui est important dans le roman… et donc, la fin tombe un peu à plat selon moi, à cause de cela…

Et donc… chaque page tournée me donnait envie de la relire et j’ai trouvé le roman très beau et poétique… mais je n’ai pas réussi à accrocher à l’histoire. Donc, je suis un peu déçue… Ce qui fait que je me promets de le relire dans quelques temps…

L’avis de Sylvie : http://passiondeslivres.over-blog.com/article-15518993.html

Citations :

« Avait-il vraiment tout effacé ? Une brique lui pesait sur l’estomac comme s’il avait mangé quelque chose de vénéneux.  […] Il redoubla de vigilance, les yeux à l’affût, tout son subconscient tendu vers il ne savait quoi. Il passa, il repassa, dix fois aux mêmes endroits, il s’obstina de son pas lourd qui arpentait l’espace vide entre les quatre cyprès-cierges, lesquels paraissaient maintenant souffrir d’une secrète pauvreté. » p. 132

« Un emportement prodigieux quoique refréné se frayait chemin par tous les défauts de son quant-à-soi ; Séraphin reçut cette vision et cet appel en pleine figure. » p.147

« Le soir était long à se dessiner, à s’installer sur la terre. Il devait y avoir eu de gros orages sur les hautes vallées, entre l’Ubaye et la Clarée car les nuages à tête rose fusaient hors des montagnes comme un bouquet trop longtemps contenu. » p. 156

« Car l’olivier est l’arbre de la douleur. Il n’apporte la paix qu’à ceux qui le contemplent à travers Dieu. Rien qu’à le voir, d’ailleurs, on devrait s’en douter. Tordu, noueux, arqué de toute sa stature voûtée de vieillard rompu à toutes les roueries du temps […] » p. 256

Sources :

Voir le premier article: La maison assassinée

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