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24 mars 2008

Jésus de Montréal (1989) - Suite

Commentaires personnels: (attention spoilers)

Genre : Drame

Jesus8Le film prend place à Montréal dans une société occidentale moderne. Et Denys Arcand s’applique à transposer les Évangiles, la vie de Jésus et le récit de la Passion dans le destin d’une troupe d’acteurs. Alors que l’acteur principal, Daniel, commence à monter sa représentation de la Passion, les comparaisons avec les Évangiles se font de plus en plus claires.

Daniel recrute des amis pour jouer dans sa pièce, tel Jésus qui recrute ses disciples. Ses disciples mènent principalement des vies insatisfaisantes et sont plus qu’heureux de le suivre dans cette aventure. La Passion qu’ils présenteront est controversée et attirent immédiatement une foule de spectateurs. La pièce et surtout Daniel deviennent la coqueluche des critiques et Daniel reçoit des offres de toute part. Mais l’Église est scandalisée et veut interdire le spectacle. Nous retrouvons ici, la foule d’admirateurs, les Tentations (avocats, critiques, etc.), le Sanhédrin (les prêtres qui veulent faire cesser la transmission du message de Daniel), la dernière cène (le dernier repas des acteurs), les exemples sont multiples et leur transposition, originale. D’autres événements qui ont lieu dans la vie de Daniel et des autres acteurs sont également un miroir des évangiles, comme par exemple, les marchand du Temple et la colère de Jésus et la destruction des étalages. Nous retrouvons cette scène dans la colère de Daniel devant les publicitaires qui exploitent son amie et la destruction de l’équipement.

Dans son film, Arcand veut présenter une histoire qui a été raconté d’innombrables fois. Arcand propose donc une relecture des Évangiles et une transposition contemporaine du message du Christ. Il veut raconter autrement une histoire connue. Donner une version différente, une interprétation humaine, Arcand veut offrir une vision athée de ce qu’il considère comme la mythologie catholique. Jésus est un homme, un personnage historique qui a laissé un message et ce message est à nouveau retransmis par Daniel. Jusqu’à la toute fin du film, alors que la pièce est brutalement interrompue et Daniel sur la croix, est blessé. Même la résurrection est reproduite sous une forme moderne ainsi que la continuité de l’œuvre de Daniel par ses disciples. Dans son exercice de relecture des Évangiles, Arcand en profite aussi pour faire ses commentaires sur la société moderne : les critiques, l’art, le cinéma, la publicité, le système de santé, etc. sans oublier le métier d’acteur, lui-même.

Arcand met beaucoup d’efforts pour présenter sa critique de la société et sa critique de la religion catholique. Dès les premières scènes, alors qu’on nous présente une oeuvre de Dostoievski adaptée pour le théâtre,  Les frères Karamozov, l’acteur sur scène prononce ces paroles « Il faut détruire l'idée de Dieu dans l'esprit de l'homme! Alors seulement, chacun saura qu'il est mortel, sans aucun espoir de résurrection, et chacun se résignera à la mort avec une fierté tranquille […] ». Le message d’Arcand est clair, les symboles transparents. Et certains pourraient dire qu’il est même trop clair, trop explicite…

Le scénario est original et intelligent, même si certaines scènes semblent faciles (afin de transposer un moment précis de la vie de Jésus à la vie moderne, je pense à la scène des « marchands du Temple »). On sent tout de même qu’on veut nous expliquer que le message de Jésus n’a rien de divin… c’est le message d’un homme simplement qu’on peut retrouver facilement aujourd’hui. Daniel change la vie des acteurs qui l’ont suivi et son œuvre se poursuivra après sa mort. Certains trouvent que le film est légèrement moralisateur. Et il est vrai que sans entrer dans les leçons de morale, on sent qu’Arcand veut nous transmettre un certain message. Mais bien que dramatique et émouvant, Jésus de Montréal reste un film drôle, satirique et divertissant. Le film lui-même bien dirigé, les acteurs offrent une belle performance, même si Lothaire Bluteau semble un peu passif dans son interprétation. Les dialogues sont intéressants, vifs et efficaces. L’histoire est bien menée, les symboles et les transpositions bien choisies. Jésus de Montréal, de par son discours demeure un de mes films préférés d’Arcand.

Sources :


Premier article: Jésus de Montréal (1989)

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