Une image de matamore – Santiago de Compostela
Comme tous les saints, on fit plusieurs
représentations de Saint Jacques : fresques, peintures, statues… On représenta
Saint Jacques de différentes façons, souvent assis en majesté ou encore debout
en pèlerin avec la tenue traditionnelle du jacquet (pèlerin de Compostelle) qui
inclut un bâton, une besace, une gourde, une grande cape et un chapeau de
feutre orné d’une coquille.
Mais à partir du XIIe siècle, on le représente aussi,
principalement en Espagne, en guerrier monté sur un cheval – habituellement
blanc – avec une épée qu’il brandit ardemment. On le nomme alors Saint Jacques,
le Matamore ou « tueur de maures ». On le voit également parfois frapper un ou des guerriers des armées
maures d’al-Andaloûs. Saint Jacques est donc plus qu’un évangélisateur, il est
également un guerrier sauveur.
On dit en effet qu’en 844, à Clavijo, Saint Jacques
apparut miraculeusement lors d’une bataille opposant le roi asturien Ramiro 1er
(842-850) à l’armée de l’émir Abd al-Rahmân II (822-852).
Le roi Ramiro venait de subir une défaite à Albelda.
Il se retira à Clavijo pour y passer la nuit. C’est alors que Saint Jacques lui
apparaît en rêve et l’incite à retourner à la bataille. Il dit au roi qu’il le protégera, lui et son
armée. Le roi reprend donc les armes et engage de nouveau les armées de l’émir.
Pendant le combat, Saint Jacques, lui-même, reprenant son titre de « Fils
de Tonnerre » descend pour aider les armées du roi asturien. Il apparaît
alors, transfiguré, sur un cheval blanc. Il porte un étendard blanc avec une
croix rouge ainsi qu’une épée avec laquelle il tue tous les soldats musulmans
qu’il rencontre. Il contribue donc à la victoire des chrétiens sur les Maures.
Ramiro 1er pour démontrer sa gratitude accorde à l’église de
Compostela, un tribut annuel.
Mais Saint Jacques continua d’aider les chrétiens et
participa à plusieurs combats contre les Maures, lors de la Reconquista des
Espagnes, entre autres lors des batailles à Coïmbre, Ourique et Las Navas de
Tolosa. Il devient donc un symbole de la lutte contre les Infidèles. Une armée
de moines qui fut d’abord appelés «Congrégation des Frères de Cacérès »
et qui devait d’abord protéger les hospices sur le chemin du pèlerinage et qui
ensuite sous la bannière de Saint Jacques prit le nom de « Chevaliers de l’Épée »
en souvenir de l’épée du Saint. Et sa réputation
de valeureux guerrier se répandit au-delà des frontières de la péninsule et on
invoque le Saint pour gagner ses batailles.
Le cri de guerre des chrétiens lors de la
Reconquista devient même « Santiago y cierra, España » Cette
phrase était dite par les troupes espagnoles et fut utilisée pour la première
fois à la bataille de Navas de Tolosa en 1212 par le roi Alphonse VIII. La phrase invoque le Saint et appelle à l’ordre
militaire « cierra » qui signifie « charger » « attaquer ».
Elle appelle donc l’Espagne à attaquer sous le patronat de Saint Jacques. (La
phrase fut reprise ultérieurement mais de façon péjorative).
Saint Jacques est donc un saint guerrier et on
trouve de nombreuses représentations du saint dans cette posture.
Sources :
- § Les Chemins de Saint-Jacques de Compostelle / Textes rédigés avec la collaboration de Julie Roux.
– Vic-en-Bigorre : MSM, c1999. –320 p. : ill. en coul.; 24 cm. – ISBN
2-911515-21-8.
- http://www.saint-jacques.info/accueil.php