Le sang du temps - Expérience de lecture
Maxime Chattam
commence son roman Le Sang du temps,
par une réflexion personnelle présentée en prologue. Il commence par dire
ceci :
« La lecture est une expérience toute
personnelle. Une exaltation folle qui naît d’une rencontre. Celle de taches
noires sur des fragments de bois traité avec un esprit. Un cerveau qui vient
capter les mots et les interpréter. Selon ses sensibilités. Le moteur de tout
récit est l’esprit du lecteur, son imagination est son carburant. […] Mais tout
est question de sens. » p. 7
Et dans les
lignes qui suivent, il partage son expérience de lecteur. Comment il agit en
tant que lecteur, ses habitudes de lecture…
Il en met
peut-être un tout petit peu…mais je suis d’accord sur deux points : 1. la
lecture est une expérience toute personnelle et 2. tout est question de sens.
Quand j’ai fait
quelques recherches sur le roman de Maxime Chattam, je me suis rendue compte
que beaucoup de lecteurs, principalement des fans de la fameuse Trilogie du Mal, ont été déçu par cette œuvre.
Leurs raisons m’ont semblé valables. Il est vrai que ce roman se détache un peu
de l’intensité des romans précédents. Qu’il y a quelques éléments un peu flous,
que quelques éléments sont traités rapidement, voire cavalièrement.
Mais ma lecture
fut très agréable. Et j’ai même aimé davantage Le sang du temps que les romans de la Trilogie du Mal.
Et pourtant le 4e de couverture
ne m’a pas particulièrement accrochée. Très bref… deux histoires différentes
qui éventuellement se recouperaient… déjà lu souvent. Et puis, quelques clichés,
selon moi… une jeune femme détient un secret et doit fuir… des cadavres d’enfants
mutilés, peut-être tués par un monstre légendaire, mais le détective n’y croit
pas… encore assez habituel dans le genre. Et puis finalement, les deux dernières
lignes… légèrement « sensationnalistes » : « À première vue, rien de commun
entre ces deux époques. Et pourtant... La vérité se cache dans ces pages.
Saurez-vous la retrouver? »… on veut nous intriguer, et
habituellement ce genre de manœuvre m’exaspère.
Mais trois
choses ont fait que j’ai tout de même acheté le livre : le
Mont-Saint-Michel, Le Caire et j’aime bien l’auteur.
J’ai commencé
la lecture du roman, seule dans une chambre d’hôtel, alors que j’étais à un
congrès à Santiago de Compostela. J’étais très stressée par les jours qui
allaient suivre et j’avais besoin d’un bon dérivatif. Je me suis installée dans
le lit, et j’ai commencé à lire. J’avais un sac de graines de tournesol… C’est
bizarre, mais quand je lis un roman de suspense, un thriller, un roman
fantastique ou un roman policier, j’ai besoin de mon sac de graines de
tournesol. J’ai lu tous mes Agatha Christie en grignotant des graines de
tournesol.
J’ai terminé la
lecture du roman pendant la nuit. Je ne pouvais m’arrêter. Je devais savoir. J’avais
visité le Mont-Saint-Michel l’année précédente et j’avais encore des milliers d’images
en tête. L’enquête au Caire m’a complètement captivée et je suis devenue la
lectrice du Mont-Saint-Michel. Et quand j’ai fermé le livre… j’étais triste de
terminer. Mais je me suis endormie tout de suite tranquillement, prête pour ma
semaine.
Oh… il y a quelques
points faibles… Marion ne m’a intéressée que du point de vue de « lectrice »,
son histoire ne m’a pas vraiment captivée. La fin m’a légèrement agacée, mais j’ai
très bien compris la tactique de l’auteur. Par moment, j’ai eu l’impression de
lire du déjà lu. L’enquête au Caire est remplie de clichés mais qui m’apparaissent
finalement nécessaires à l’histoire. Cette histoire est une histoire déjà contée... une sorte d'hommage à ce genre d'enquête du début du siècle dans un pays "étrange"... Et surtout, le narrateur et son implication
dans l’enquête sont une approche connue du « qui a tué »… et je pense
ici à Agatha Christie – je n’en dis pas plus pour ne pas tout dévoiler… Le tout est très anglais...
Mais finalement, le roman est un roman sur la lecture. Sur notre besoin de se perdre dans une histoire, d’arriver à oublier notre quotidien, nos peurs, nos problèmes pour vivre l’histoire qu’on lit… Et ma lecture fut toute personnelle… remplis de souvenirs, d’odeurs, de goûts salés et d’émotions.
Voir aussi: