La Comtesse de Ségur a sauvé ma vie
Mes grands-parents avaient une maison en face d'un lac. Donc tous les étés quand leur rendions visite, nous nous baignons dans le lac. Ce qui inquiétait fort ma mère. À mes 7 ou 8 ans, il fut donc décidé que je prendrais des cours de natation. On m'envoya donc, tous les samedis matin, à une école de natation.
J'ai immédiatement détesté mes cours de natation. Tout d'abord, ils avaient lieu le samedi matin, très tôt. J'étais déjà une lève-tard et n'aimais pas me lever tôt et en plus, je manquais ainsi mes programmes de télévision du samedi. Ensuite, c'était une grande école, bien connue, mais avec beaucoup de monde. Je me sentais un peu perdue et seule. Et je n'aimais pas les méthodes employées... les professeurs étaient très stricts et il n'y avait aucun plaisir à nager.
Mais tous les samedis, j'allais à mes cours. Et j'apprenais tranquillement à nager. Pas excessivement bien, mais suffisamment pour me débrouiller. Un matin, il fallait faire des longueurs dans le côté profond de la piscine et sans le "flotteur" que nous avions d'habitude. Je partis donc à la nage vers le côté 12 pieds (environ 3 1/2 m). La piscine était très grande. Très longue. Et arrivée au bout, j'étais épuisée. Je me suis donc tenue sur le bord. Mais les professeurs n'aimaient qu'on se tienne sur le bord. Il fallait faire du surplace. On me cria donc de revenir. J'étais très fatiguée, je suis donc restée un peu plus.
Et puis, je ne sais trop comment, j'ai glissé. Ma main a lâché le bord de la piscine et j'ai coulé dans le fond. Je ne me souviens pas clairement comment j'ai pu couler directement vers le fond, mais comme ce fut très rapide, je n'avais pas pris de respiration. Et puis là, je me souviens très bien, avoir eu très peur. Je savais très bien que je coulais. J'essayais de remonter à la surface, mais, je ne n'avais aucune force et je continuais à descendre. Plus je me tortillais pour remonter, plus je descendais et me fatiguais. J'ai paniqué et même si je n'avais que 6 ans, je me souviens parfaitement avoir pensé que j'étais en train de me noyer.
Et puis, j'ai soudainement su. En un flash, je me suis souvenue des Petites Filles Modèles de la Comtesse de Ségur. Je venais de lire ce livre, il n'y avait pas trop longtemps. Et il y a un épisode où Sophie et Marguerite (enfin, il me semble que ce sont elles) tombent dans l'étang. Marguerite se souvient alors qu'on lui a dit de donner un grand coup de pied dans le fond pour remonter à la surface. Et c'est ce que j'ai fait. Quand j'ai senti le fond, j'ai donné un grand coup de pied et je suis immédiatement remonté à la surface. Je me suis raccrochée au bord et j'ai respiré... Cela n'avait sûrement duré que quelques secondes, mais cela me semblait des heures. Aucun moniteur ne m'avait vu. On me cria de lâcher le bord et de revenir à la nage. J'ai désobéi - ce qui était très rare pour moi - et je suis revenue en tenant le bord puis je suis sortie de la piscine. J'ai attendu que mon père vienne me chercher sur un banc. Je n'ai rien dit à personne.
Bizarrement, j'ai continué mes cours. J'ai cependant arrêté juste avant
qu'on ne commence les plongeons. J'ai dit à ma mère que je ne voulais
pas apprendre à plonger et que de toute façon, je ne plongerais jamais.
Et je ne voulais pas le certificat. Je pouvais maintenant nager un peu
et c'était suffisant pour moi et mes parents.
Et donc, la lecture des Petites Filles Modèles de la Comtesse de Ségur m'a sauvé la vie ! Lire est vital pour moi, dans tous les sens du mot !!! ;)