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5 février 2009

Le Vide de Senécal - Suite

Le Vide / Patrick Sénécal. -- [Québec] : Alire, 2007. --642 p. ; 22 cm. VS

Commentaires personnels

Ce roman de Patrick Senécal est souvent considéré comme une mordante analyse et critique sociale. Mais est-ce une critique ou une simple constatation ? Senécal y traite principalement de ce qu'il considère le vide, c'est à dire, l'insignifiance de nos vies en général. La réalité absurde de nos existences, la futilité de notre quotidien, l'injustice banale qui parsème la vie. Il appuie sur le malaise, la désillusion, le sentiment de déchéance...

Et il emploie tous les moyens pour nous le faire comprendre.

Les romans de Senécal oscillent habituellement entre l'intrigue policière et l'horreur. Et ce roman semble à prime abord ne pas faire exception. Bien qu'ici, il est vrai qu'on retrouve une analyse sociale qui penche beaucoup vers l'analyse psychologique.

L'auteur a choisi une façon particulière de nous présenter son roman. Un mise en forme qui a beaucoup étonnée la critique et les lecteurs. Les chapitres ne sont pas en ordre. Le livre commence au chapitre 21 puis passe au chapitre 8, etc. Le lecteur a donc le choix de lire le roman d'une couverture à l'autre, les chapitres en désordre et passant ainsi à travers de nombreux flashbacks - pour la plupart bien placée mais avec quelques passages plus boîteux. Ou alors, on suit l'ordre habituel, commençant au chapitre 1, à la page 31, puis au chapitre 2, à la page 249, etc. On privilège habituellement une façon de lire ou l'autre (en grande partie, la lecture dans le désordre...) mais personnellement, je trouve les deux lectures aussi difficiles et intéressantes.

Plusieurs critiques centrent leur analyse sur la critique que Senécal semble faire de la téléréalité. Il est vrai qu'il présente ce type de télévision sous un jour très négatif. Mais je crois que ce n'est pas le sujet central du roman. Les personnages sont au centre de l'histoire et surtout leur mal de vivre. Mais c'est un mal de vivre personnel, qui tente tant bien que mal de culpabiliser la société et sa supposée vacuité. Trouver un sens à sa vie, aller au delà de la banalité et de la routine, réaliser que finalement, l'absurdité de l'existence est évidente. Chercher à combler le vide par des rêves fous et finalement se rendre compte que la réalisation du rêve n'a rien changé dans ce vide de notre existence...

C'est cependant une erreur, selon moi, de ne voir dans le roman que du pessimisme, du noir, du fatalisme. Le roman, par plusieurs personnages, nous dit que ce vide que ressente certains personnages n'est qu'un vide personnel... on peut mettre le blâme sur tout et chacun, mais il n'en reste qu'à nous de le combler... et pas nécessairement par des moyens extrêmes, mais par de petits gestes.

Le roman ne me semble pas vraiment une enquête policière, même si le personnage de Pierre Sauvé, policier, demeure le plus intéressant. Son intervention policière dans la trame de l'histoire n'arrive qu'à la fin et est secondaire. Ce qui prime ici est le développement du caractère des personnages. Leur évolution personnelle est définie par divers moments clés qui changent leur vie dramatiquement.

Beaucoup de moments forts dans le roman de Senécal. Et on y note une nette évolution dans le développement des personnages. Mais il reste que personnellement, je vois de gros manques à cette histoire. Le passages les mieux réussis du roman demeurent selon moi, les chapitres traitant de la relation entre le policier et sa fille, et l'évolution du personnage de Maxime Lavoie. Ces chapitres sont pour la plupart bien menés, écrits sobrement et efficacement. Je note cependant, encore une fois, un surplus de scènes violentes, sexuelles pour la plupart, qui me semblent excessives. Ou plutôt non nécessaires à l'intrigue. L'impact de certains passages ne nécessitait pas cette abondance de détails. On a parfois l'impression que ces détails ne sont là que pour être bien sûr de choquer un peu et de rester dans la classe "gore" dans laquelle l'auteur fut placé avec ses romans précédents. Cela gâche la sauce, selon moi. Et cela me semble une écriture "adolescente". Comme si l'auteur ne sortait pas de sa phase "choc, pipi, caca, pénis"... On a souvent l'impression que l'auteur en fait trop, à un point tel que c'est souvent plus "risible" que choquant. Et cela rend par moment son écriture "vide", sans intérêt. Car pour choquer et bouleverser il n'est pas nécessaire de tout dire... Plusieurs intrigues et personnages - tel le personnage de Frédéric Ferland - sont complètement perdus ainsi.

L'histoire est intéressante, et on peut nettement déceler par moment une écriture solide. Voyons voir comment Senécal poursuivra son travail de créa
tion.

L'avis de d'Alexandre (Fortrel), Stéphane, Stfoch (sur Plume Libre), Suzanne, Karine, Blogueuse cornue, Christian, Renart Léveillé.

Consulter le premier article: Le Vide de Senécal

Citations

"Non, on n'est pas cons, répondit Lavoie. Mais on ne veut pas réfléchir ! On n'en a pas envie ! Déjà qu'on travaille sept à dix heures par jour, on ne se fere pas chier à réfléchir en plus ! Faisons comme tout le monde, à la place ! Écoutons les mêmes conneries que tout le monde, mangeons la même merdre, achetons les mêmes cochonneries et pensons tous la même chose ! C'est plus simple ! C'est rassurant ! Et pendant un certain temps, ça marche ! On se croit heureux parce qu'on est ce qu'on nous dit d'être ! Et on y croit, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ?" p. 444

Sources

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Commentaires
L
;)
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R
Merci pour la plogue!
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L
C'est un livre qui m'a laissée songeuse. Oui, le propos est pertinent et l'histoire est en général très bien menée. Mais d'un autre côté, je trouve que cela dérape par moment. Mais c'est le genre de relation que j'ai avec cet auteur ; j'adore certains de ses romans et je trouve "moches" certaines de ces oeuvres. <br /> <br /> Le mieux est de toujours se faire sa propre idée. L'histoire est difficile par moment, mais si c'est votre première lecture de Senécal, je crois que vous devriez apprécier. Surtout en regard de ce que vous commentez! Vous lirez l'auteur d'un oeil libre de ses autres romans, et je crois que de ce point de vue, le livre vaut la peine d'être lu ! <br /> <br /> J'espère que si vous lisez le roman vous nous partagerez vos impressions de lecture !<br /> Amitiés<br /> Laila
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F
Je ne connais pas cet auteur, je ne sais pas trop si j'ai envie de lire ce livre, car il semble à vous lire chère Laila qu'il décrive presque à la perfection notre société citadine. Les moins de 40 ans ont été nourri à la télé et il semblerait qu'au Canada, en Amérique, en France, elle a parfaitement réussi son impact : décerveler le monde et le rendre vide. Il faut beaucoup d'énergie, de volonté pour se cultiver et s'intéresser aux choses qu'on ne voit pas à la télé, à ce qui existe autour de nous. Je suis d'une famille téléphage et hélas, c'est le grand vide, chez les jeunes comme chez les vieux. <br /> Je vais voir si je trouve ce livre. Je verrais si je supporte sa lecture.<br /> C'est la même chose dans le monde du travail, il y a eu de nombreux livres qui sont sortis sur le sujet, assez terrifiant je dois dire, mais le monde du travail que j'ai vêcu à Paris était terrifiant, c'est donc une réalité. <br /> Je crois qu'on vit dans une drôle de société qui nous échappe un peu.<br /> A très bientôt.
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