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27 février 2009

Vous avez dit où ?

Hier soir, j'ai glissé. Dans mon salon. Et pan, mon pied arrive directement en contact avec le soulier - qui contenait le pied - de mon PisTout. Le petit orteil part d'un côté, le reste du pied de l'autre, et la fille aboutit à terre à crier de douleur. Sautillement vers le sofa. Ça fait mal, mais ça bouge, donc sûrement rien de cassé. Ce n'est pas comme si c'était la première fois que je me toe"pétais" un orteil.

Ce matin, je me lève. C'est enflé et douloureux, mais ce n'est pas une douleur très forte. Je pars donc pour une réunion. Erreur. Le soulier. Le méchant soulier. Je reviens chez moi. L'orteil est maintenant tout bleu et encore plus enflé. Bon. La clinique est à côté - disons à 2 minutes et 20 secondes de chez moi. J'y vais. 15 minutes plus tard - oui, c'est très efficace comme système public - je sors avec un papier pour une radiographie. Je dois me présenter sans rendez-vous et revenir porter les radios au médecin - oui, ici, on traîne et on garde chez nous, les radios.

La clinique ? Le nom que le médecin m'a dit et qu'elle a écrit sur le papier : "rue" Padre Claret, no 19-21. Je ne connais pas. Je retourne donc chez moi - toujours à 2 minutes et 20 secondes de là - pour regarder sur Internet.

Et puis là, rien. Je fouille sur tous les sites que je connais de recherche de noms de rue. Sites habituellement très efficaces. J'ai beau écrire "Padre Claret", ça ne me donne absolument rien. Je fais différentes recherches sur Google, pour essayer de trouver. Et j'ai mal au pied. Finalement, un site me dit que cette rue n'existe pas et me donne comme rue "Maria Claret". Me semble que c'est pas tout à fait la même chose, donc, je continue à chercher. Et puis, finalement après quelques recherches dignes de la bonne bibliothécaire que je suis, je trouve.... C'est que le nom de la rue est "Sant Antoni Maria Claret" ! Ce saint est aussi connu sous le nom de Padre Claret, et la clinique est nommée Pare Claret (padre est pare en catalan). C'était simple comme bonjour, non? Et tout le monde sait nécessairement que si on dit rue Padre Claret, c'est la rue Sant Antoni Maria Claret ! Oú avais-je la tête !!!

Enfin, pour finir mon histoire. Je pars à 15h10 pour la radiographie. À 16h00, j'étais de retour avec la radiographie dans le bureau de mon médecin - oui, je répète c'est vraiment efficace ! Rien de cassé. Mais un bandage stabilisateur pour 15 jours. Et quelques petites pilules pour la douleur et l'enflure. Oh et un bras qui chauffe parce que tant qu'à être là et pendant que l'infirmière me faisait le bandage, elle a décidé que 20 ans sans vaccin pour le tétanos, c'était trop, donc... hop une piqure en plus avant de partir.

Et tout ça pour un glissement de salon. Soupirs !

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25 février 2009

Pauline de George Sand - Suite

GS2Pauline / George Sand ; édition établie et présentée par Martine Reid. – [Paris] : Gallimard, 2007. – ISBN 978-2-07-034208-2. – (Coll. Folio 2€ ; 4522)

Résumé:

Laurence est une actrice renommée de Paris. Lors d'un voyage, elle doit s'arrêter par hasard dans la petite ville de Saint-Front où elle a vécu il y a plusieurs années. Elle était alors la gouvernante-institutrice d'une jeune fille qui devint son amie, Pauline. Les deux amies se sont cependant perdues de vue, lorsque Laurence quitta la campagne avec sa mère et sa soeur, pour Paris où elle monta sur scène.


Obligée de rester dans la ville, le temps que son équipage soit prêt à reprendre la route, elle décide de reprendre contact avec son ancienne amie qui vit toujours dans la ville avec sa mère malade. Laurence est cependant appréhensive, elle connaît l'opinion des gens sur les acteurs parisiens. À sa grande surprise, elle est accueilli avec chaleur par Pauline. Elle reste donc quelques temps avec son ancienne amie et reprend contact avec la vie et les gens de la petite ville. Alors qu'au début, la mère de Pauline et les voisins la traitent avec méfiance, Laurence, charmante et élegante, réussit à gagner leur sympathie. Elle apprécie pendant un temps la vie calme et paisible de son amie. Mais elle doit retourner à Paris, au grand désespoir de Pauline qui envie la vie mouvementée et si différente de la sienne de Laurence.


Peu de temps après, la mère de Pauline meurt et laisse la jeune fille dans la misère. Laurence décide d'aider sa vieille amie et lui demande de la rejoindre à chez elle à Paris. Pauline est accueilli avec joie par Laurence, sa mère et sa soeur. Les premiers mois passent doucement et Pauline fait sa place dans la maison. Les jours coulent paisiblement - au grand désespoir de Pauline qui trouve la vie à Paris plutôt tranquille. Mais bientôt Laurence doit reprendre son travail et sa vie mondaine. Les invités se succèdent chez elle. Pauline goûtent enfin à la vie parisienne qu'elle voulait tant connaître.


Mais la générosité de Laurence pèse bientôt sur Pauline. De plus, elle est courtisée par un admirateur de Laurence qui veut rendre jalouse l'actrice. Pauline en vient bientôt à jalouser Laurence et à la mépriser. L'amitié des deux jeunes femmes sera durement éprouver.


On retrouve le texte complet ici et le livre audio ici.

Commentaires personnels :

George Sand écrivit ce roman vers 1832. Elle l'écrivit d'un seul jet puis le mis de côté et l'oublia pendant quelques années. En 1839, elle le retrouva par hasard et décida de le compléter. Le roman étant relativement court, elle le publia d'abord dans la Revue des Deux Mondes puis l'oeuvre fut éditée en 1841.


L'auteur reprend ici un de ses thèmes préférés, la vie provinciale, mais elle la compare à la vie parisienne. Malgré les préjugés habituels, la vie mondaine et parisienne de l'actrice finit par se révéler plus saine, plus respectable et décente que la vie provinciale qui laisse voir de l'hypocrisie, la rancoeur, la jalousie, l'envie et la médisance.


Nous avons deux femmes, amies dans leur jeunesse, qui sont maintenant très différentes l'une de l'autre. Pauline est une jolie jeune femme qui a une vie austère et triste près de sa mère malade. Elle semble dévouée à sa mère, mais on sent rapidement la tyrannie qui s'est installée dans leur relation. La fille en veut à sa mère de devoir en prendre soin et la mère en veut à sa fille de devoir dépendre d'elle. Pauline rêve de liberté, de grandeur, de divertissements. Elle accueille la venue de Laurence avec joie, même si elle l'envie secrètement.


Laurence, quant à elle, a choisi une vie différente. Elle vit à Paris, est une actrice célèbre, reçoit artistes et nobles dans son salon et mène, selon les principes provinciaux, une vie mouvementé et dissipée. Mais Pauline s'avère une femme douce, droite, charmante, généreuse et intègre. Alors que Pauline laisse rapidement voir des sentiments calculateurs ainsi que de la rancoeur, de la jalousie et de l'envie.


George Sand, malgré la brièveté de son roman, réussit à bien nous dépeindre les relations complexes de ses deux femmes. O a un portrait vivant de la vie provinciale et de la vie parisienne. On sent peut-être un peu, qu'elle défend son propre style de vie, qu'elle cherche à le réhabiliter aux yeux de la société qui encore regarde avec pleins de préjugés les artistes et les acteurs. Laurence semble parfois trop bonne, Pauline trop envieuse.  L'actrice devient la "sainte", la petite provinciale se perdra dans sa fierté, sa jalousie et sa rancoeur.


Les femmes sont le point central de son roman - les hommes n'ont en effet que peu de place et la plupart n'ont pas un beau rôle !  George Sand a toujours eu a coeur la place des femmes dans la société de son époque; l'émancipation des femmes. Mais ici, elle n'hésite pas à opposer deux femmes... à remettre en cause l'amitié entre femmes, elle soulignent les jalousies qu'on voit souvent entre deux amies devant le succès de l'une.  C'est un tableau définitivement impitoyable que nous trace George Sand: sur la prétendue droiture morale de la province mais qui en fait se révèle mesquine et hypocrite; sur la violence des sentiments que la générosité peut provoquer; sur l'envie, la jalousie, le dépit que peut ressentir une jeune femme qui sent qu'elle a gâché sa vie.


C'est un roman - presque une nouvelle - qui se lit rapidement, avec douceur. On plaint parfois les personnages, on les déteste ensuite. On a pitié d'eux puis on dit qu'ils ont ce qu'ils méritent. Certains diront que c'est par moment caricatural... peut-être.


L’avis de Nebelheim, de Praline, Mag, et Tamara.


Voir aussi l'article : Pauline de George Sand


Citations :

 « Pauline dévorait ses paroles. Elles tombaient dans son cœur et dans son cerveau comme une pluie de feu ; pâle, les cheveux épars, l’œil embrasé, le coude appuyé sur son chevet virginal, elle était belle comme une nymphe antique à la lueur pâle de la lampe qui brûlait entre les deux lits. » p.56

« Le soir, Laurence était partie. Pauline avait pleuré en la voyant monter en voiture, et, cette fois, c'était de regret, car Laurence venait de la faire vivre pendant trente-six heures, et elle pensait avec effroi au lendemain. Elle tomba accablée de fatigue de son lit, et s'endormit brisée, désirant ne plus s'éveiller. Lorsqu'elle s'éveilla, elle jeta un regard de morne épouvante sur ces murailles qui ne gardaient aucune trace du rêve que Laurence y avait évoqué. Elle se leva lentement, s'assit machinalement devant son miroir, et essaya de refaire ses tresses de la veille. Tout à coup, rappelée à la réalité par le chant de son serein, qui s'éveillait dans sa cage, toujours gai, toujours indifférent à la captivité, Pauline se leva, ouvrit la cage, puis la fenêtre, et poussa dehors l'oiseau sédentaire, qui ne voulait pas s'envoler. 'Ah ! tu n'es pas digne de la liberté ! dit-elle en le voyant revenir vers elle aussitôt. » p.60

Sources :

22 février 2009

Le moment captif d'un dimanche - Rêverie marine

A9

La réflexion est une sotte habitude humaine, le fruit d'une conscience coupable. La liberté animale consiste à vivre l'instant présent. [Théodore Roszak]

Un ciel mécontent. Un vent étourdissant. Des vagues bouleversantes. Une plage déserte.

La plage de San Sebastian est habituée à une mer coléreuse. Elle se laisse alors envahir par un vacarme étrangement silencieux. Peu de gens s'aventurent alors sur le sable. Parfois un promeneur solitaire. Des gens qui comme moi aiment espionner les vagues perpétuellement fragiles et puissantes.

En cette journée, il n'y avait que moi sur ce bout de plage. Quelques minutes avant un rendez-vous important. Mon regard perdu dans le gris et le blanc. Ma pensée accaparée par les moments à venir avec quelques dérapages sur les futilités de ma vie, mon passé, mon présent, mon futur... enfin toutes ses idées qui nous assaillent sans cesse.

Et puis, je n'ai plus été seule. Je ne l'ai pas vu arriver. Un moment mon regard était dans les vagues, et ensuite il apercevait ce chien solitaire. Tranquillement assis sur le sable, face à la mer, le regard aussi perdu dans les vagues. Tout petit sur cette immense plage déserte. Est-ce qu'il rêvait comme moi ? Est-ce qu'il réfléchissait à sa vie ? Ou vivait-t-il simplement le moment présent ?

Je ne pus m'empêcher de croire qu'il contemplait comme moi la mer et rêvait tout simplement... se questionnant sur la mer, sur le passé, sur le présent, sur le futur, sur la vie, sur sa vie...

Savoir, penser, rêver. Tout est là.   [Victor Hugo] 

20 février 2009

Pauline de George Sand

Pauline / George Sand ; édition établie et présentée par Martine Reid. – [Paris] : Gallimard, 2007. – ISBN GS1978-2-07-034208-2. – (Coll. Folio 2€ ; 4522)

Quatrième de couverture :

« Pauline était vêtue de brun avec une petite collerette d'un blanc scrupuleux et d'une égalité de plis vraiment monastique. Ses beaux cheveux châtains étaient lissés sur ses tempes avec un soin affecté ; elle se livrait à un ouvrage classique, ennuyeux, odieux à toute organisation pensante : elle faisait de très petits points réguliers avec une aiguille imperceptible sur un morceau de batiste dont elle comptait la trame fil à fil. La vie de la grande moitié des femmes se consume, en France, à cette solennelle occupation. »

L’auteur :


Amandine Aurore Lucile Dupin est née à Paris le 1er juillet 1804. Son père, Maurice Dupin  est un officier et le descendant d'une famille riche. Sa mère, Sophie Victoire Delaborde, est une aventurière reconnue et fille d'un marchand d'oiseaux. La famille Dupin s'opposera à l'union, mais un mois après le mariage du couple, nait la petite Aurore.


Après un séjour à Madrid alors qu'elle a 4 ans (afin de suivre son père qui est aide de camp pour le prince Murat lors des grandes campagnes napoléoniennes) la famille retourne ensuite en France pour vivre dans la propriété familiale de Nohant - qui appartenait à sa grand-mère paternelle. Son père meurt la même année d'une chute de cheval. La petite Aurore est alors confiée à sa grand-mère paternelle qui devient sa tutrice officielle en 1809. Elle grandit donc à Nohant bien qu'elle visite parfois sa mère à Paris. Son enfance à la campagne marquera profondément l'oeuvre de George Sand.


GS

En 1818, à sa grande joie, la petite est envoyée dans un couvent à Paris. Elle y restera pendant deux ans. Sa grand-mère meurt en 1821. Elle hérite de sa grand-mère mais la tutelle de la jeune fille est alors incertaine - entre sa mère et une personne choisie par sa grand-mère. Elle retourne finalement vivre avec sa mère mais celles-ci n'arrivent pas à s'entendre. Aurore va séjourner chez des amis où elle rencontre le baron Casimir Dudevant. En 1922, à l'âge de 18 ans, elle épouse Dudevant. Elle aura deux enfants avec son mari: Maurice et Solane. Malgré les efforts du couple pour s'entendre, ils n'avaient rien en commun. En 1830, elle rencontre Jules Sandeau qui devient son amant. Elle décide alors de s'installer, seule, à Paris. Elle commence alors une vie bohème et mouvementée plus proche de l'éducation libre qu'elle avait reçu à Nohant. Elle écrit ses premiers romans, Le Commissionnaire puis Rose et Blanche, en 1830-31 en collaboration avec Sandeau.


Aurore Dupin, baronne Dudevan, publie ensuite son premier roman seule, Indiana, sous le pseudonyme de G. Sand. Puis en 1831, elle publie Valentine sous le nom de George Sand. Peu de temps après, elle commence à rédiger une chronique pour la Revue des Deux-Monde. C'est dans cette chronique, qu'elle commence à ouvertement critiquer la société de son époque, la vie des femmes et des couples de son siècle. Son cercle d'amis et de connaissances s'agrandit et elle côtoie Sainte- Beuve, Marie Dorval, Stendhal, Alfred de Musset, etc.


Elle rencontre Musset en 1832 et ils entament une liaison presque immédiatement. Ils partiront en voyage en Italie, puis s'installent en 1834 à Venise. Le séjour est cependant mouvementé, Musset sera gravement malade, le couple sera infidèle et chacun aura de nombreux amants, ils se séparent et se réconcilient de nombreuses fois. George Sand a une liaison avec le médecin qui avait soigné Musset et la rupture est inévitable. Sand quitte Venise en juillet 1834. Pendant son séjour en Italie, elle aura publié plusieurs romans qui lui assurent une sécurité financière. En août 1834, elle retourne vivre à Nohant qui lui appartient. Elle obtient finalement sa séparation de son époux en 1836. Et elle repart presque aussitôt en voyage. Elle part pour la Suisse où elle restera avec le compositeur Franz Listz et Marie D'Agoult. Elle continue toujours d'écrire et de publier.


En 1838, elle commence une relation avec Chopin et ils se rendent aux Iles Baléares. Ils reviennent à Nohant et le couple passe son temps entre la campagne et Paris, en compagnie des deux enfants de Sand. L'écrivaine publiera de nombreux romans pendant cette période. Finalement, en 1847, elle rompt avec Chopin.


George Sand poursuit la rédaction de romans, mais s'essaie aussi au journalisme. Elle avait, par le passé, fondé La Revue indépendante et l'Éclaireur de l'Indre. Elle milite alors pour les opprimés. En 1848, profondément imprégnée de la Seconde République, elle crée à Paris le journal La Cause du Peuple. Elle participe aux Bulletins de la République et publie divers pamphlets. Rapidement déçue par le nouveau régime, elle délaisse son implication politique et retourne à Nohant.

Sa vie demeure très mouvementée. Elle crée le Petit Théâtre de Nohant et continue d'écrire. Elle se liera en 1850 avec Alexandre Manceau. Quelques drames personnels et familiaux l'affectent spécialement et finalement en 1855, elle part à nouveau pour l'Italie.


Sand consacre sa vie à écrire et ses oeuvres se multiplient: articles, romans, pièces de théâtre. Elle poursuit également son autobiographie: Histoires de ma vie. Elle voyage beaucoup. Elle demeure très impliquée au niveau social et n'a pas peur d'émettre ses opinions souvent très controversées. Elle militera toujours pour les droits des femmes. Elle sera également toute sa vie très présente dans la vie artistique française. Elle écrira jusqu'à la fin de sa vie. En 1873, elle entâme d'ailleurs une série nommée Contes d’une grand-mère qu'elle écrit pour ses petits-enfants.


George Sand - née Aurore Dupin - décède en 1876 à Nohant d'une maladie intestinale.


Résumé et Commentaires personnels à suivre...

Bibliographie

  • Le Commissionnaire (avec Jules Sandeau) (1830)
  • Rose et Blanche (avec Jules Sandeau) (1831)
  • La Fille d'Albano (1831)
  • Valentine (1831)
  • Indiana (1832)
  • Lélia (1833)
  • Aldo le Rimeur (1833)
  • Une conspiration en 1537 (1833)
  • Journal intime (1834)
  • Jacques (1834)
  • Le Secrétaire intime (1834)
  • La Marquise (1834)
  • Garnier (1834)
  • Lavinia (1834)
  • Métella (1834)
  • André (1835)
  • Mattéa (1835)
  • Leone Leoni (1835)
  • Simon (1836)
  • Mauprat (1837)
  • Dodecation, ou le Livre des douze. Le Dieu inconnu (1837)
  • Les Maîtres mozaïstes (1838)
  • La Dernière Aldini (1838)
  • L'Orco (1838)
  • L'Uscoque (1838)
  • Gabriel (1839)
  • Spiridion (roman, 1839)
  • Les Sept Cordes de la lyre (1840)
  • Cosima, ou la Haine dans l'amour (1840)
  • Pauline. Les Mississipiens (1840)
  • Le compagnon du tour de France (1841)
  • Mouny Roubin (1842)
  • Georges de Guérin (1842)
  • Horace (1842)
  • Un hiver à Majorque (1842)
  • La Comtesse de Rudolstadt (1843)
  • La Sœur cadette (1843)
  • Kouroglou (1843)
  • Carl (1843)
  • Jean Zizka (1843)
  • Consuelo (1843)
  • Jeanne (1844)
  • Le Meunier d'Angibault (1845)
  • La Mare au diable (1846)
  • Isidora (1846)
  • Teverino (1846)
  • Les Noces de campagne (1846)
  • Evenor et Leucippe. Les Amours de l'Âge d'or (1846)
  • Le Péché de M. Antoine (1847)
  • Lucrézia Floriani (1847)
  • Le Piccinino (1847)
  • La Petite Fadette (1849)
  • François le Champi (1850)
  • Le Château des Désertes (1851)
  • Histoire du véritable Gribouille (1851)
  • Le Mariage de Victorine (1851)
  • La Fauvette du docteur (1853)
  • Mont Revèche (1853)
  • La Filleule (1853)
  • Les Maîtres sonneurs (1853)
  • Adriani (1854)
  • Flaminio (1854)
  • Histoire de ma vie (1855)
  • Autour de la table (1856)
  • La Daniella (1857)
  • Le Diable aux champs (1857)
  • Promenades autour d'un village (1857)
  • Ces beaux messieurs de Bois-Doré (1858)
  • Elle et lui (1859)
  • Jean de la Roche (1859)
  • L'Homme de neige (1859)
  • Narcisse (1859)
  • Les Dames vertes (1859)
  • Constance Verrier (1860)
  • La Ville noire (1861)
  • Valvèdre (1861)
  • La Famille de Germandre (1861)
  • Le Marquis de Villemer (1861)
  • Tamaris (1862)
  • Mademoiselle La Quintinie (1863)
  • Les Dames vertes (1863)
  • Antonia (1863)
  • La Confession d'une jeune fille (1865)
  • Laura (1865)
  • Monsieur Sylvestre (1866)
  • Le Don Juan de village (1866)
  • Flavie (1866)
  • Le Dernier Amour (1867)
  • Cadio (1868)
  • Mademoiselle Merquem (1868)
  • Pierre qui roule (1870)
  • Le Beau Laurence (1870)
  • Malgré tout (1870)
  • Césarine Dietrich (1871)
  • Journal d'un voyageur pendant la guerre (1871)
  • Francia. Un bienfait n'est jamais perdu (1872)
  • Nanon (1872)
  • Contes d'une grand'mère vol. 1 (1873)
  • Ma sœur Jeanne (1874)
  • Flamarande (1875)
  • Les Deux Frères (1875)
  • La Tour de Percemont (1876)
  • Contes d'une grand'mère vol. 2 (1876)
  • Marianne (1876)
  • Légendes rustiques (1877)
  • L'Orgue du Titan (1873)
  • Les Ailes du courages


Citations :


« […] la mère avait une peur réelle de sa fille. On eût dit qu’à travers cet admirable sacrifice de tous les instants, Pauline laissait percer malgré elle un muet mais éternel reproche, que sa mère comprenait fort bien et redoutait affreusement. Il semblait que ces deux femmes craignissent de s’éclairer mutuellement sur la lassitude qu’elles éprouvaient d’être ainsi attachées l’une à l’autre, un être moribond et un être vivant : l’un effrayé des mouvements de celui qui pouvait à chaque instant lui enlever son dernier souffle, et l’autre épouvanté de cette tombe où il craignait d’être entraîné à la suite d’un cadavre. » p.40-41

Sources :

18 février 2009

The Road not taken de Frost

The Road Not Taken  -  Robert Frost


Two roads diverged in a yellow wood,
And sorry I could not travel both
And be one traveler, long I stood
And looked down one as far as I could
To where it bent in the undergrowth.

Then took the other, as just as fair,
And having perhaps the better claim,
Because it was grassy and wanted wear;
Though as for that the passing there
Had worn them really about the same.

And both that morning equally lay
In leaves no step had trodden black.
Oh, I kept the first for another day!
Yet knowing how way leads on to way,
I doubted if I should ever come back.

I shall be telling this with a sigh
Somewhere ages and ages hence:
Two roads diverged in a wood, and I--
I took the one less traveled by,
And that has made all the difference.


Commentaires personnels

AALe poème publié en 1916 est sûrement le plus connu de Robert Frost, avec Nothing Gold Can Stay. J'ai connu Frost avec le film The Outsiders, et j'ai ensuite lu sa poésie. The Road not taken m'a immédiatement touché - comme il a touché beaucoup de gens. Et lorsqu'il est récité dans le film Dead Poets Society, toute l'émotion contenue dans les vers semble s'échapper de l'image sur l'écran et envahir les spectateurs.

 

La signification du poème de Frost semble alors évidente. Les mots, l'expression du professeur, le visage des étudiants... on ne peut avoir aucun doute. Mais seuls les trois derniers vers sont récités dans le film... et cela fait toute la différence.

 

Il semble alors clair que le poème conseille au lecteur de foncer, choisir le chemin moins connu et que cela sera peut-être plus difficile, mais sûrement plus stimulant. Ces vers ont longtemps été repris et récités pour justifier des choix audacieux, intrépides. Le poète semble valoriser la non-conformité - ne pas suivre le chemin pris par tous. Mais est-ce vraiment ce que le poème signifie ?


Je dois avouer que lors de ma première lecture, j'avais eu cette impression, j'avais ressentis ces mots comme un encouragement à ne pas avoir peur de choisir des chemins plus difficiles... Mais au cours des années, cette impression a diminué. Lire et relire les vers permet de bien voir ces deux chemins qui s'offrent au promeneur et on ne peut que se questionner sur ce choix final.

 

Frost lui-même a expliqué lors d'une conférence qu'il avait écrit le poème en pensant à un de ses amis qui avait été à la guerre, et qui semblait toujours regretter le chemin qu'il choisissait. Cet ami se questionnait sans cesse sur ce qui serait arriver s'il avait choisi un chemin différent. Il se remettait ainsi toujours en question. Et Frost de souligner que son poème est sournois, très délicat, voire embêtant. Et on ne peut que lui donner raison. Il faut bien lire le poème, comprendre la signification des mots qu'il a "choisi" !

 

Le poème est dans son ensemble relativement simple: tout le monde est un jour confronté à choisir entre deux chemins. Il faut alors prendre une décision difficile. Quel chemin choisir pour continuer sa vie ? Il faut faire un choix, c'est inévitable puisqu'on ne peut tout faire - et marcher sur deux (ou trois, quatre,...) chemins à la fois et on doit ensuite vivre avec cette décision.

 

Les premiers vers présentent le narrateur qui se promenant dans les bois se retrouve devant deux chemins. Il aimerait essayer les deux chemins mais il sait qu'il ne peut le faire. Il observe les deux chemins. Le poème décrit les deux chemins, le premier semble invitant mais il choisit le deuxième, tout aussi invitant mais semblant moins utilisé. Les deux chemins sont finalement à son avis assez similaires mais le deuxième semble tout de même un peu moins emprunté.

 

Le narrateur pense aux deux chemins, finalement assez semblables, et se dit qu'il prendra le premier chemin une autre fois. Mais le temps passe et il sait qu'il ne retournera pas en arrière et qu'il ne prendra probablement jamais ce chemin. Il a choisit un chemin, celui qui lui semblait plus sauvage, moins utilisé et cela a fait toute la différence...

 

Mais est-ce que cette différence est nécessairement positive ? Le narrateur soupire devant son choix, devant la réalité qu'une fois le choix fait, il ne peut plus prendre l'autre chemin. Est-ce que le narrateur a pris la bonne décision, le bon chemin ? Seul le temps pourra le dire. Il a peut-être pris le bon chemin, peut-être pas. Le narrateur ne peut pour le moment le savoir.

 

Il soupire:

De soulagement pour avoir pris la bonne décision ?
De regret pour ne pas avoir pris l'autre chemin ?
De repentir pour toutes les possibilités qu'il laisse derrière lui ?
De libération pour avoir fait un choix, tout simplement... et qu'il n'a plus à choisir, il ne doit plus que vivre avec les conséquences de ce choix ?

 

Quel chemin devons-nous suivre ? Quand la vie nous met devant un choix, doit-on choisir le chemin plus facile ou le chemin moins conforme, plus difficile ? Les deux chemins sont-ils si différents ? Un chemin est-il mieux que l'autre ? Choisir un chemin plutôt que l'autre fera toute la différence... Mais laquelle ? On ne le saura qu'avec le temps. Peut-être faut-il parfois sortir des sentiers battus ? Peut-être.

Une chose est certaine, on ne peut prendre les deux chemins. Il faut choisir. Et malgré toute la réflexion devant les chemins, on peut aussi se tromper et regretter... cela demeure finalement aussi une question de chance...

Voir aussi: Nothing Gold Can Stay (poème)

Sources


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17 février 2009

Garde-fou

Jetée contre un murmur,
ma progéniture se multiplie
en rien. Je n'ai pas d'enfant
que quelques gouttes perdues.
Petites mains sans visages
s'aggripant à mes draps.

Deviner les murmures
et les regards vides.
Remplis de dédains envers
les décisions.
Rires s'égouttant sur
le sol de ma salle de bain.

Des babioles utilisées par
les mauvaises personnes.
Photos vides de bambins
mais si jolies tout de même.
Concevoir sa vie
et y croire.

15 février 2009

Le moment captif d'un dimanche - Mon manège à moi

Il est des animaux qui ne se lassent jamais d'entendre de la musique. Par exemple les chevaux de bois.   [Pierre Doris]

A6

Un mois de mai pluvieux. Nuageux. Peu importe. La mer demeure somptueuse. Parfois, nous l'observons de Barcelone, parfois nous filons sur la route pour la retrouver plus loin.


Sur les routes tortueuses de la Costa Brava, nous nous sauvons parfois jusqu'à la frontière. Et de l'autre côté de la frontière, tout près, il y a ce joli petit village, Banyuls-sur-Mer. Quand le temps nous le permet, quand le chemin nous concède ce détour ou parfois pour le simple plaisir de l'effleurer d'un arrêt rapide, nous flânons dans le port de Banyuls...


L'été, la promenade est souvent envahie de gens qui, comme nous, flânent en regardant les bateaux, en prenant une glace ou un croque-monsieur. Mais en ce dimanche pluvieux d'un mois de mai nuageux, il n'y avait que des oiseaux.


Les cris des oiseaux envahissaient chaque coin. Nos pas nous amenèrent tranquillement vers l'autre côté de la promenade. Isolée, calme. Personne sauf nous. Sans oublier les oiseaux... Et quelques chevaux de bois, silencieux. Immobiles. Nous observant de leurs yeux figés. Attendant que la musique commence. Mais il n'y avait que les cris des oiseaux, que le bruit des vagues sur la plage tout près.


J'aurais voulu pouvoir les aider à courir. Trouver le mécanisme qui leur permettrait de tourner, qui allumerait les lumières, qui laisserait la musique couvrir les oiseaux et la mer. Les réveiller de ce sommeil de pluie. Et peut-être même les voir s'évader comme dans mes rêves d'enfant alors que je regardais les chevaux de bois de Mary Poppins. Et que je croyais que mon carrousel libérerait un jour ses chevaux pour que je puisse moi aussi m'envoler. Ces chevaux dormants doucement semblaient me demander de les laisser courir sur la plage. Mais j'étais impuissante. Je ne pouvais même pas les faire tourner. J'ai caressé leur museau et chuchoté à leur oreille mes rêves de fillette. Ils m'ont répondu, et je garde précieusement leurs secrets.


You don't really understand human nature unless you know why a child on a merry-go-round will wave at his parents every time around - and why his parents will always wave back. [William D. Tammeus]


14 février 2009

Quelques mots...

J'aime qu'on m'aime comme j'aime quand j'aime"  Blanche de Castille

"Aimer beaucoup, comme c'est aimer peu ! On aime, rien de plus et rien de moins"  Guy de Maupassant

"Je veux bien vieillir en vous aimant, mais non mourir sans vous le dire" Rivarol

 

Amour

"Whenever I'm alone with you
You make me feel like I am young again
Whenever I'm alone with you
You make me feel like I am fun again"


LoveSong - The Cure

13 février 2009

Petite pensée sur la ponctualité

Je sais que pour certaines personnes qui me connaissent, j'ai un problème de ponctualité. Carrément un problème avec le temps. Je serai donc brève. Et je ne m'étenderai pas comme j'ai souvent l'habitude de faire. Parce que même si je m'étends parfois dans mes propos, pour moi, le temps c'est important.

Je ne suis jamais en retard. Et si par un malheureux hasard, je suis en retard, cela me blesse pronfondément. Je vais devenir DSCN2551complètement folle, je vais courir, paniquer et quand finalement j'arrive, je vais m'excuser pendant des lunes et en rêver pendant des années.

Et je peux difficilement supporter les retards des autres. Même informels. Si on me dit : "on part dans une demi-heure", pour moi, il faut partir, dans 25-30 minutes, pas 45 minutes plus tard. Si on me donne rendez-vous, je suis là, au moins 10 minutes avant. C'est pour moi, la norme (sauf pour les soupers chez les gens... je connais mes manières tout de même et je laisse le temps aux hôtes de respirer avant d'arriver).

Mais sinon... je suis là en avance et je m'attends à ce que les autres soient là en avance ou à l'heure... Alors quand on me donne un rendez-vous à 14h30 et qu'on arrive à 15h15, pour moi, c'est un calvaire total ! Je ne peux supporter... et je ne comprends pas.

Je sais qu'en Espagne, "tantôt" est toujours de mise et que le "pourquoi faire aujourd'hui ce qu'on peux faire demain" est un mode de vie... tout de même quand j'ai un rendez-vous chez un client à 11h00, que j'arrive à 10h50 et qu'eux arrivent à 11h20... pour moi, c'est une insulte. Même en connaissant la fameuse règle de 20 minutes (qui s'étend à 40 ou 90 minutes pour certains), je ne suis pas capable... pas capable vous m'entendez !!!

Je suis là à l'heure... la moindre des choses c'est qu'on soit là aussi... Je sais, je sais... j'ai un problème pointu de ponctualité pointilleuse...

Enfin, tout ceci pour dire que je devrais peut-être apprendre à vivre avec le temps. Peut-être. Mais que quand on donne rendez-vous le jeudi à 15h00, qu'on avance la rencontre à 14h30, puis qu'on cancelle pour la reporter le lendemain à 14h30 pour finalement arriver à 15h15, et bien je suis relativement de mauvaise humeur !!!! Pfifff !

12 février 2009

Crime littéraire : perdus dans la foule

PerdusComme beaucoup de lecteurs frénétiques et ma foi compulsifs, j'ai une quantité de livres à lire. Et qui attendent bien sagement en petites piles. En règle général, ces piles de livres à lire - qu'on appelle allégrement les PALS - se trouvent dans mes bibliothèques. Bien placées en piles verticales devant les rangées horizontales de livres lus. Il y en a aussi parfois par terre, près de mon lit. Pour la lecture du coucher. Et parfois aussi à côté du sofa.

Mes livres à lire sont donc bien visibles. Et ils attendent. Parfois, la pile diminue. Mais d'autres livres viennent souvent s'y ajouter. Rien de bien extraordinaire. Ils vivent la vie habituelle et commune de bien des piles de livres à lire à travers le monde des lecteurs déraisonnables.

Mais voilà. Il y a les autres. Il y a les oubliés, les perdus... Car il arrive que pour diverses raisons inexcusables, certains livres à lire, certains livres non lus, se retrouvent sur les tablettes de mes bibliothèques parmi les rangées horizontales de livres terminés, de livres lus... Je les ai reçus ou je les ai achetés; ils sont arrivés chez moi. Parfois, ils ont passé un certain temps dans une pile verticale, parfois non. Et ils ont été placés sur une tablette sans avoir été lu ! Sur la photo volontairement floue, on peut voir deux de ces livres jamais ouverts et perdus dans la foule des lus - ainsi qu'un jamais terminé car vraiment ennuyant et un autre jamais terminé pour aucune raison valable puisque très intéressant, mais ça c'est une autre histoire criminelle.

Pourquoi n'ont-ils pas été lus ? Aucune raison, aucune excuse... ce sont des livres voulus, qui me semblent intéressants, que je veux lire, mais que j'oublie de lire. Quand je termine un livre et que je vais me chercher une nouvelle lecture, j'oublie tout simplement ces livres perdus dans la multitude de mes bibliothèques - un peu partout dans la maison ...

Je n'ai qu'à les retirer des étagères et à les mettre à la verticale dans les piles de livres à lire - comme on se doit de faire - pour me rappeler de les lire, me dira-t-on ! Oui, je le sais. Mais c'est que si je les retire de leur rangée, celle-ci perdra sa cohésion... Il y aura des trous. Ces trous seront comblés et je ne pourrai plus les remettre ensuite. Excuse faible. Oui, je le sais.

Mais je promets que ma prochaine lecture sera un de ces livres perdus... et finalement retrouvé !

9 février 2009

Un cadavre dans la bibliothèque

cadaUn cadavre dans la bibliothèque / Agatha Christie ; texte français de Louis Postif. -- Paris: Librairie des Champs-Élysées, 1967. -- 252 p. ; 17 cm.

Titre original: The body in the library

Quatrième de couverture

- Madame, Madame ! Il y a un cadavre dans la bibliothèque !

Puis, avec un sanglot nerveux, la femme de chambre sortit. Mrs. BANTRY se dressa sur son séant. Son rêve prenait-il un tour extravagant, ou Mary s'était-elle vraiment précipitée dans la pièce en criant cette phrase incroyable, fantastique: "Madame, Il y a un cadavre dans la bibliothèque"?
- C'est impossible, prononça tout haut Mrs BANTRY, j'ai dû rêver !
Mais elle était convaincue de n'être point le jouet de son imagination, Mary, cette femme si pondérée, avait réellement proféré des paroles étranges.

Résumé

Tout est tranquille chez les Bantry en ce matin ordinaire. Lorsque soudain, on vient annoncer en catastrophe, au couple encore au lit, que le cadavre d'une femme inconnue vient d'être découvert dans la bibliothèque. La police arrive sur les lieux et l'enquête est mené par le Colonel Melchett qui est un ami des Bantry et l'inspecteur Slack. Mais Mme Bantry fait aussi appel au support de la calme et sensée Miss Marple, qui vient immédiatement retrouver son amie.

L'enquête commence et on cherche d'abord à connaître l'identité de la femme qui a été étranglée et abandonnée dans la bibliothèque des Bantry. On interrogera les serviteurs, puis un jeune artiste un peu trop fêtard qui habite non loin et qui serait un suspect idéal. On découvre finalement l'identité de la jeune femme, une danseuse dans un luxueux hôtel voisin. Alors que l'enquête avance très - trop - tranquillement, les rumeurs dans le village vont bon train. On ne peut que pointer du doigt le Colonel Bantry. Sa femme décide donc de séjourner à l'hôtel, tout en amenant avec elle la précieuse Miss Marple, pour tenter de résoudre le mystère et faire cesser les rumeurs sur son époux.

Différentes personnes sont interrogées - et soupçonnées -  des clients de l'hôtel, des employés, la cousine de la jeune victime... Finalement, l'enquête se centre sur un vieil homme, riche, handicapé. Il a perdu l'usage de ses jambes lors d'un accident d'avion qui a aussi tué sa femme, son fils et sa fille. Il vit présentement avec son gendre et sa bru. Le vieil homme s'était entiché de la jeune danseuse et voulait l'adopter, contre l'avis de sa famille.

L'enquête se complique lorsque la voiture d'un des clients, une des dernières personnes à avoir vu la victime vivante, est retrouvée complètement brûlée et contenant le corps d'une jeune fille. Deux corps que rien ne semblent liés mais qui pourtant mèneront Miss Marple vers la vérité et la capture du coupable.

L'oeuvre

Ce roman policier d'Agatha Christie fut publié en 1942 et met en vedette Miss Marple. Personnage central de 13 livres de l'auteur, Un cadavre dans la bibliothèque est le troisième roman avec la vieille demoiselle vivant bien tranquillement dans son petit village de St. Mary Mead mais qui semble toujours impliquée dans la résolution des crimes commis aux alentours. Les personnages des Bantry sont également déjà connus des lecteurs par l'entremise d'une nouvelle de l'auteur.

Agatha Christie a elle-même décrit son roman comme un "cliché" du genre policier. Elle avait voulu les lieux conventionnels et le cadavre improbable. Un exercice sur le thème classique du cadavre dans la bibliothèque. Le roman est souvent donc considéré comme une excellente parodie du genre. On y retrouve d'ailleurs de nombreuses allusions comiques souvent exagérées principalement sur les différences entre les classes sociales de l'époque. Les personnages sont volontairement caricaturaux.

Le roman fut en général bien reçu lors de sa publication. Le personnage de Miss Marple devient plus important dans l'oeuvre de l'auteur et les lecteurs semblent l'apprécier. Quelques critiques soulignent cependant une intrigue bien mince et un développement diffus. Mais on applaudit en général l'utilisation ingénieuse par Christie de lieux communs en littérature policière.

Le roman fut adapté pour la télévision en 1984 par la BBC dans le cadre d'une série mettant en vedette Miss Marple. Cette adaptation est fidèle au roman. Le roman fut de nouveau adapté en 2004 par ITV, mais on changea alors beaucoup l'intrigue.

Commentaires personnels

Ce roman d'Agatha Christie peut sembler légèrement différent de la plupart de ces autres romans policiers. L'auteur a elle-même expliqué qu'elle souhaitait revisiter un thème commun au genre : le cadavre dans la bibliothèque, mais en y ajoutant certains aspects atypiques pour transformer l'histoire. On retrouve donc une jeune femme inconnue, vêtue de façon extravagante, retrouvée étranglée dans une bibliothèque quelconque d'un manoir austère chez un couple plus que respectable ! La première scène du roman demeure d'ailleurs une des plus célèbre de l'auteur et une de mes préférées - et je ne suis pas la seule à adorer cette scène ! Les mots prononcés par la domestique (qu'on retrouve dans le quatrième de couverture de la présente édition) sont pour moi, légendaires ! Et des mots même de Christie dans une entrevue pour le Life Magazine en 1956 : "the best opening I ever wrote" !!!

L'intrigue semble souvent simple, mais les suspects et les enquêteurs se multipliant au cours des chapitres, on ne sait plus bien si la solution sera jamais trouvée. L'auteur multiplie aussi les clichés sur ses personnages. On a toujours senti les traits bien caractérisés de ces personnages, dans tous ses romans: la bourgeoisie, l'aristocratie, les gens sans argent, les étrangers, les domestiques, les artistes, la jeunesse moderne, les aînés vieux jeu,... ils sont tous bien empreints des idées reçues et des valeurs de l'époque. Mais on sent dans ce roman que l'auteur a volontairement forcé la peinture et que les clichés sont intentionnels. Et j'ai parfois ri franchement des traits et des propos de ces personnages.

Le roman met en scène Miss Marple, la vieille dame sage et posée qui réussit toujours à élucider tous les crimes en faisant de simples déductions et associations. Miss Marple étudie la nature humaine. Elle affirme sans cesse qu'on peut retrouver les mêmes caractéristiques chez la plupart des gens. Telle personne agit de la même façon que telle autre personne, on peut donc en déduire que... Et Miss Marple se trompe très rarement. Vieille dame gentille, charmante, généreuse mais réaliste, pragmatique et ne faisant confiance à personne. Mon principal regret est que la vieille dame est trop peu présente dans le roman. On a trop peu de ses remarques si justes. Et on voit trop peu cette fameuse bibliothèque !

Mais tout le reste y est... surtout cette atmosphère bien anglaise que j'aime tant des romans d'Agatha Christie !

L'avis d'Erzebeth et Sheherazade.

Citations

" -- Tiens ! J'oubliais votre présence. Il est temps que vous déguerpissiez... Auparavant, laissez-moi faire les présentations : Dinah Lee, le colonel Machin-Chouette de la police du comté... Vous pouvez constater que ma blonde est vivante et en bon état. Et maintenant, colonel, veuillez poursuivre votre besogne, concernant les fredaines du vieux Bantry. Bonjour !

Le colonel répliqua:

-- Je vous conseille un peu plus de politesse, jeune homme, autrement, il vous en cuira.  Là-dessus, Melchett s'en alla, le visage rouge de colère." p.34

"Ah ! oui. Aimez-vous les romans policiers? Moi, j'en raffole. Je les lis tous et j'ai obtenu des autographes de Dorothy Sayers, d'Agatha Christie, de Dickson Carr et H.-C. Bailey. Est-ce qu'on parlera du crime dans les journaux?" p. 84

Sources

 

8 février 2009

Le moment captif d'un dimanche - Un soleil à la fenêtre

Le soleil accepte bien de passer par de petites fenêtres.   [Frederik van Eeden]A5

Conjugaison.Ils croient, vous croyez, il croit et tu crois.Je ne crois pas.

Ce qui ne m'empêche pas de toujours entrer, toute petite, dans ces lieux silencieux. Divinité, démiurge. Je ne vois que dispersion d'illuminations lyriques. Pour être honnête j'y vois aussi l'acquisition d'une croyance fictionnelle qui empêche l'autonomie émotionnelle. Mais ce n'est pas le moment qui fut capturé.


La veille, il y avait eu tempête. Un cyclone en fait. Et nous étions en voyage justement dans une de ces régions... l'Aquitaine. Mer déchaînée, arbres fous, vents et pluies... Mais le lendemain, le ciel bleu et le soleil envahissaient les paysages; ils voulaient se réapproprier la nature.


Un long retour vers Barcelone. Un arrêt de temps en temps. Pour observer ces lieux si délicieux que peut-être nous ne reverrions pas. Quelques pas dans ce petit village coquet. Je ne peux qu'ouvrir la porte de cette église. Modeste mais grandiose. Remplie des espoirs et désespoirs de ces fidèles. J'entre doucement. Il n'y a personne. Que le silence et le soleil.

Un soleil qui semblait conquérir les lieux. Il proclamait son droit d'envoyer ses rayons accaparer les bancs inoccupés. Et je peux que voir ces rayons se transformer en plaintes, en rires, en hurlements silencieux, en sanglots, en sourires... Ces bruissements extérieurs envahissant ces lieux intimes et froids.


Le Soleil extérieur a soif du soleil intérieur.   [Jakob Böhme]

7 février 2009

Quelques mots...

Le plagiat est la base de toutes les littératures, excepté de la première, qui d'ailleurs est inconnue. 

Jean Giraudoux

5 février 2009

Le Vide de Senécal - Suite

Le Vide / Patrick Sénécal. -- [Québec] : Alire, 2007. --642 p. ; 22 cm. VS

Commentaires personnels

Ce roman de Patrick Senécal est souvent considéré comme une mordante analyse et critique sociale. Mais est-ce une critique ou une simple constatation ? Senécal y traite principalement de ce qu'il considère le vide, c'est à dire, l'insignifiance de nos vies en général. La réalité absurde de nos existences, la futilité de notre quotidien, l'injustice banale qui parsème la vie. Il appuie sur le malaise, la désillusion, le sentiment de déchéance...

Et il emploie tous les moyens pour nous le faire comprendre.

Les romans de Senécal oscillent habituellement entre l'intrigue policière et l'horreur. Et ce roman semble à prime abord ne pas faire exception. Bien qu'ici, il est vrai qu'on retrouve une analyse sociale qui penche beaucoup vers l'analyse psychologique.

L'auteur a choisi une façon particulière de nous présenter son roman. Un mise en forme qui a beaucoup étonnée la critique et les lecteurs. Les chapitres ne sont pas en ordre. Le livre commence au chapitre 21 puis passe au chapitre 8, etc. Le lecteur a donc le choix de lire le roman d'une couverture à l'autre, les chapitres en désordre et passant ainsi à travers de nombreux flashbacks - pour la plupart bien placée mais avec quelques passages plus boîteux. Ou alors, on suit l'ordre habituel, commençant au chapitre 1, à la page 31, puis au chapitre 2, à la page 249, etc. On privilège habituellement une façon de lire ou l'autre (en grande partie, la lecture dans le désordre...) mais personnellement, je trouve les deux lectures aussi difficiles et intéressantes.

Plusieurs critiques centrent leur analyse sur la critique que Senécal semble faire de la téléréalité. Il est vrai qu'il présente ce type de télévision sous un jour très négatif. Mais je crois que ce n'est pas le sujet central du roman. Les personnages sont au centre de l'histoire et surtout leur mal de vivre. Mais c'est un mal de vivre personnel, qui tente tant bien que mal de culpabiliser la société et sa supposée vacuité. Trouver un sens à sa vie, aller au delà de la banalité et de la routine, réaliser que finalement, l'absurdité de l'existence est évidente. Chercher à combler le vide par des rêves fous et finalement se rendre compte que la réalisation du rêve n'a rien changé dans ce vide de notre existence...

C'est cependant une erreur, selon moi, de ne voir dans le roman que du pessimisme, du noir, du fatalisme. Le roman, par plusieurs personnages, nous dit que ce vide que ressente certains personnages n'est qu'un vide personnel... on peut mettre le blâme sur tout et chacun, mais il n'en reste qu'à nous de le combler... et pas nécessairement par des moyens extrêmes, mais par de petits gestes.

Le roman ne me semble pas vraiment une enquête policière, même si le personnage de Pierre Sauvé, policier, demeure le plus intéressant. Son intervention policière dans la trame de l'histoire n'arrive qu'à la fin et est secondaire. Ce qui prime ici est le développement du caractère des personnages. Leur évolution personnelle est définie par divers moments clés qui changent leur vie dramatiquement.

Beaucoup de moments forts dans le roman de Senécal. Et on y note une nette évolution dans le développement des personnages. Mais il reste que personnellement, je vois de gros manques à cette histoire. Le passages les mieux réussis du roman demeurent selon moi, les chapitres traitant de la relation entre le policier et sa fille, et l'évolution du personnage de Maxime Lavoie. Ces chapitres sont pour la plupart bien menés, écrits sobrement et efficacement. Je note cependant, encore une fois, un surplus de scènes violentes, sexuelles pour la plupart, qui me semblent excessives. Ou plutôt non nécessaires à l'intrigue. L'impact de certains passages ne nécessitait pas cette abondance de détails. On a parfois l'impression que ces détails ne sont là que pour être bien sûr de choquer un peu et de rester dans la classe "gore" dans laquelle l'auteur fut placé avec ses romans précédents. Cela gâche la sauce, selon moi. Et cela me semble une écriture "adolescente". Comme si l'auteur ne sortait pas de sa phase "choc, pipi, caca, pénis"... On a souvent l'impression que l'auteur en fait trop, à un point tel que c'est souvent plus "risible" que choquant. Et cela rend par moment son écriture "vide", sans intérêt. Car pour choquer et bouleverser il n'est pas nécessaire de tout dire... Plusieurs intrigues et personnages - tel le personnage de Frédéric Ferland - sont complètement perdus ainsi.

L'histoire est intéressante, et on peut nettement déceler par moment une écriture solide. Voyons voir comment Senécal poursuivra son travail de créa
tion.

L'avis de d'Alexandre (Fortrel), Stéphane, Stfoch (sur Plume Libre), Suzanne, Karine, Blogueuse cornue, Christian, Renart Léveillé.

Consulter le premier article: Le Vide de Senécal

Citations

"Non, on n'est pas cons, répondit Lavoie. Mais on ne veut pas réfléchir ! On n'en a pas envie ! Déjà qu'on travaille sept à dix heures par jour, on ne se fere pas chier à réfléchir en plus ! Faisons comme tout le monde, à la place ! Écoutons les mêmes conneries que tout le monde, mangeons la même merdre, achetons les mêmes cochonneries et pensons tous la même chose ! C'est plus simple ! C'est rassurant ! Et pendant un certain temps, ça marche ! On se croit heureux parce qu'on est ce qu'on nous dit d'être ! Et on y croit, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ?" p. 444

Sources

4 février 2009

Le Vide de Sénécal

Le Vide / Patrick Sénécal. -- [Québec] : Alire, 2007. --642 p. ; 22 cm. VS

Quatrième de couverture


Pierre Sauvé
À l'orée de la quarantaine, veuf, père d'une fille de vingt ans. Sergent-détective à la police municipale de Drummondville, il enquête sur un quadruple meurtre qui a toutes les apparences d'un crime passionnel.

Frédéric Ferland
Début de la cinquantaine, divorcé, père de deux adultes qu'il ne voit guère, il cherche depuis des années l'excitation ultime, celle qui donnera un sens à son existence et à la vie en général, qu'il a toujours trouvée terne. Psychologue, il exerce sa profession dans la ville de Saint-Bruno.

Maxime Lavoie
Trente-sept ans, célibataire, idéaliste et milliardaire. Il y a deux ans, il a quitté ses fonctions de président de Lavoie inc. pour devenir le producteur et l'animateur de Vivre au Max, l'émission de téléréalité la plus controversée de l'heure... mais aussi la plus populaire.

Trois hommes différents, trois existences que tout sépare. Or, contre toute attente, leurs chemins se croiseront bientôt et leur vie en sera bouleversée à jamais. Tout comme celle de milliers de gens... tout comme la vôtre !
 

L'auteur

Patrick Senécal est né en 1967 dans la ville de Drummondville au Québec. Patrick Senécal aime particulièrement l’écriture forte où les émotions, la tension, le suspense, la terreur et le fantastique se mélangent. Parallèlement à son écriture, Senécal continue aujourd’hui d’enseigner au Cégep de Drummondville.

Voir la biographie de l'auteur sur cet article.

Voir le site de l'auteur.


Résumé (attention spoilers)

Pierre Sauvé est policier. Il vit à Drummondville. Sa vie se résume à sa carrière. Il adore son métier. Peut-être trop. Sa femme le quitte et elle part avec leur petite fille. Pierre comprend mal, mais tente de vivre cette séparation. Alors qu'il est en retard pour venir chercher sa fille, il se cogne à une porte fermée. Il attend et attend. Malheureusement, le pire arrive, son ex-femme est retrouvée noyée et il doit maintenant prendre la garde sa petite fille, traumatisée par la mort de sa mère. Il n'arrivera jamais à établir un contact avec sa fille qui le quitte à ses 17 ans pour aller vivre sa vie à Montréal. Pierre continuera à se perdre dans son travail.

Parallèlement, le roman nous présente Maxime Lavoie. Son père, homme d'affaires riche et célèbre, meurt brutalement d'une crise cardiaque en compagnie de sa dernière conquête. Maxime, qui méprise son père, ses affaires et son mode de vie, doit venir identifier le corps. Le bras droit de son père, Masima, lui conseille vivement de prendre la relève de son père, dont Maxime vient d'hériter de toute la fortune. Maxime ne veut tout d'abord rien savoir, mais accepte finalement. Avec le soutien de son meilleur ami, Francis, il croit pouvoir changer les pratiques d'une grosse multinationale. Mais essayer de rester honnête et juste dans ce monde est très difficile. Et après la mort accidentelle de Francis, Maxime n'en peut plus. Un voyage qui tourne à l'horreur change complètement sa vie. Il abandonne la direction de l'entreprise de son père et décide de se consacrer à la production et réalisation d'une émission de téléréalité complètement irréelle qui permet aux gens de réaliser leur rêve le plus fous. Mais Maxime a un objectif caché derrière cette émission vide de sens.

Alors que les premières émissions commencent avec grand succès, un téléspectateur cherche à auditionner afin de rencontrer Maxime. Frédéric Ferland croit avoir enfin trouver quelqu'un qui comprend le vide de l'existence. Cela fait plusieurs années que Frédéric cherche à combler ce mal de vivre qui le poursuit: sexe, sport extrême, meurtre, il considère même le suicide. Mais sa rencontre avec Maxime semble le rapprocher d'une réponse à ses questionnements. Il se rend cependant compte très rapidement que le vide de Maxime n'est pas le même que le sien. Il poursuit tout de même sa route avec Maxime vers l'objectif que ce dernier s'est donné.

Pendant ce temps, des suicides et des meurtres violents qui semblent gratuits se multiplient. Pierre Sauvé est chargé de l'enquête. Sa route croisera celle de Frédéric Ferland, psychologue. Les trois vies sont maintenant liées dans ce vide omniprésent.

Commentaires personnels à suivre

Citations

"Sous les exhortations gestuelles de l'animateur de foule, les spectateurs en studio se mirent à applaudir, certains poussèrent même des petits cris d'enthousiasme. Tout en souriant, Maxime ne cessait de se répéter les consignes qu'il avait bien assimilées au cours de la semaine. Les consignes du jeu..." p. 126

Sources

3 février 2009

Cage d'oiseau de Saint-Denys-Garneau

Cage d'oiseau

Je suis une cage d'oiseau
Une cage d'os
Avec un oiseau

L'oiseau dans sa cage d'os
C'est la mort qui fait son nid

Lorsque rien n'arrive
On entend froisser ses ailes

Et quand on a ri beaucoup
Si l'on cesse tout à coup
On l'entend qui roucoule
Au fond
Comme un grelot

C'est un oiseau tenu captif
La mort dans ma cage d'os

Voudrait-il pas s'envoler
Est-ce vous qui le retiendrez
Est-ce moi
Qu'est-ce que c'est

Il ne pourra s'en aller
Qu'après avoir tout mangé
Mon cœur
La source de sang
Avec la vie dedans

Il aura mon âme au bec.


OsCommentaires personnels


Cage d'oiseau, un des poèmes les plus connus du poète, paru en 1937 dans son seul recueil de poésies qu'il publia à compte d'auteur avec l'aide financière de ses parents.

Solitude et mort, sujets fréquents de Hector de Saint-Denys Garneau. Poème de 24 vers libres qui semble une simple litanie. Une longue parole d'un poète qui veut rendre légitime son désir de mourir. L'oiseau est la mort et elle fait son nid tranquillement.  L'oiseau est dans une cage d'os, elle-même prisonnière de sa propre mortalité. Car elle contient un nid construit par la mort. Un cercle de vie et de mort.

Et l'oiseau est à l'intérieur. Il vit à l'intérieur du poète. Il le gruge, le dévore et s'évadera que s'il prend la vie du poète. Le poète est la cage de l'oiseau mais ne pourra de toute évidence pas contenir cet être. Il devra se sacrifier - sacrifier son âme - pour permettre à l'oiseau de vivre. Mais l'oiseau pourra-t-il vivre sans sa cage ?

Tragique. Oui. On sent qu'il n'y a pas d'espoir.

Beaucoup ont analysé ce poème si connu de Saint-Denys Garneau. On discours sur les métaphores... et surtout sur les liens entre le titre et le texte. Le texte n'étant en soi qu'une métaphore (dites filée) du titre. On dit aussi que l'oiseau est l'organe - le coeur - de Saint-Denys Garneau... Le poète était souffrant, son coeur véritablement malade. Et la cage d'os est simplement sa propre cage thoraxique. Qui peine à retenir ce coeur souffrant. Et Saint-Denys Garneau ressentait le besoin de parler de son coeur qui le menait probablement à une mort rapide. Est-ce l'analyse qu'on doit faire de ce poème? Probablement. D'autres parlent aussi de la prison littéraire dans laquelle le poète se sent. Il voudrait se libérer des règles, des normes littéraires de l'époque. Peut-être.

Pour moi, c'est tout simplement un poème triste à lire à voix haute très lentement. Un poème sur la solitude, sur la mort, sur la délivrance qui s'échappe. Chaque mot signifiant une blessure. Chaque mot un souffle du coeur.

Sources à consulter

1 février 2009

Le moment captif d'un dimanche - La petite bicyclette

L'enfance est ce que le monde abandonne pour continuer d'être monde.   [Christian Bobin]A3

Le balcon de ma voisine. Plus grand que le mien. Laissé à l'abandon. Elle n'y va qu'une ou deux fois par année. Une vieille table en fer forgé blanc et quatre chaises, toutes rouillées. Quelques pots et bacs à fleurs. Abandonnés eux aussi. Dans ces pots et bacs poussent librement des cactus, des géraniums, des mauvaises herbes qui viennent de on ne sait trop où, amenées par le vent. Il y a chaque année des graines de mes plantes grimpantes qui tombent dans ces pots et qui réussissent à grandir... Sans eau, sauf celle de la pluie, sans soin, sans engrais.... Certains cactus sont si grand qu'ils pointent le nez sur mon balcon. Je les laisse faire.

Il y a trois ans, au début novembre, la voisine est sortie sur son balcon et a posé dans le coin, sur ces bacs abandonnés, une petite bicyclette. Bien enveloppée dans du plastique. Petite bicyclette d'enfant entreposée pour l'hiver, je me suis dis. Pourtant au printemps, la petite bicyclette demeura sur le balcon. Les mois ont passés. Le vent, la pluie, les orages, les plantes folles et sauvages, ont peu à peu fait tombé le plastique qui la protégeait.

Et la rouille est venue l'envahir, comme elle a envahi la table et les chaises. Et les plantes ont commencé à reprendre l'espace occupé par la petite bicyclette. Les tiges l'entourant, l'emprisonnant tout doucement... La bicyclette n'a plus quitté le balcon. Abandonnée elle aussi. L'enfant qui la conduisait fougeusement avant, devenu sûrement trop grand. Et la petite bicyclette toute seule, négligée, résignée, fait maintenant partie de ce balcon déserté. S'ennuie-t-elle de l'enfant qui l'avait pourtant aimée mais qui l'a oubliée ? Songe-t-elle aux courses folles qu'elle faisait il n'y a pas si longtemps ?

Elle semble triste mais pourtant, elle me semble aujourd'hui parfaitement s'intégrer dans cet environnement sauvage. Les fleurs de géranium la caressent délicatement, les cactus la protègent des intempéries, les tiges l'enlacent calmement...

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Quelques pages d'un autre livre ouvert...
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