Moment captif du dimanche : les mercis par-ci
« Il faut remercier les hommes le moins possible parce que la reconnaissance qu'on leur témoigne les persuade aisément qu'ils en font trop ! » [Benjamin Constant]
"Trop c'est comme pas assez", disait ma mère... et ma foi, pas mal de monde. Et il y a des gens qui disent merci pour un oui, pour un non. Mercis par-ci, mercis par-là, ici des mercis, par-là des mercis, partout des mercis. Et puis, ils ne veulent plus rien dire ces mercis. On ne les entends plus, on les reconnaît plus. On dit "de rien", on dit "bienvenus"... mais on ne sent rien.
Je ne me fais pas d'illusion. Je fais trop souvent partie de la gang des mercis. Et je dis merci par ici et par là. Quand je ne le dis pas, je me sens coupable. Ai-je assez remercier ? je me demande avant de partir de chez mes beaux-parents. Ai-je dis assez de fois mercis ? je me demande lorsque je quitte un endroit où on m'a reçu ou lorsque je reçois un cadeau. C'est obligatoire, c'est stressant. "Dis merci", "Sois polie" "N'oublie pas de dire merci", disait ma mère... comme tout le monde, ma foi. Et alors, je dis merci, à tout vent, sans trop y penser, par peur d'oublier de le dire. Je glougloute comme une dinde: merci, merci, merci.
Mais je suis aussi capable de remercier doucement, silencieusement. Un merci pour la vie, pour la joie, pour la paix, pour le silence, pour le temps qui passe, pour les amis, pour la famille, pour mon chat, pour les livres, pour la musique, pour les étoiles, pour les mots et pour...