Pages à brûler de Pascale Quiviger
Pages à brûler : roman / Pascale Quiviger. -- [Montréal] : Boréal, 2010. -- 254 p. ; 22 cm. -- ISBN 978-2-7646-2073-1
Quatrième de couverture
Une jeune femme, Clara Chablis, est portée disparue. L’inspecteur Bernard Lincoln est responsable de l’enquête. Il ne trouve aucun antécédent à cette disparition, ni intention suicidaire, ni comportement douteux, pas de casier judiciaire. Les proches de Clara Chablis, au premier chef son compagnon, Daniel Kieffer, ne semblent aucunement inquiets. Toutefois, quelque jours plus tard, un cadavre est retrouvé dans une décharge publique, affreusement mutilé, qui correspond au signalement de Clara Chablis. Il serait tentant de soupçonner le petit ami, mais un problème surgit. Le code génétique du corps qui a été trouvé est absolument identique à celui du principal suspect.
Pascale Quiviger semble avoir donné naissance à un genre nouveau, celui du « thriller poétique », juste pour raconter cette histoire au charme envoûtant. Très vite, C'est le lecteur qui mène l'enquête, cherchant à percer le mystère de Clara Chablis, de sa vie, comme un livre qui reste toujours à écrire, passe de main en main, de génération en génération, avant d'être jeté au feu.
L'auteur
Pascale Quiviger est née en 1969 à Montréal-Nord au Québec. Elle a un baccalauréat en arts plastiques de l'Université Concordia et une maîtrise en philosophie de l'Université de Montréal et de l'Université des Sciences humaines de Strasbourg.
Elle vivra pendant plusieurs années à Rome, où elle étudie l'art de l'estampe. Elle partage ses passions entre les arts visuels et l'écriture et publie un premier recueil de nouvelles en 2001, Ni sols ni ciels. Elle obtient le Prix du Gouverneur général pour Le Cercle parfait publié en 2003.
Pascale Quiviger enseigne la peinture et les arts visuels à Nottingham en Grande-Bretagne où elle réside présentement. Elle se spécialise aussi en hypnothérapie.
Bibliographie
- Ni sols ni ciels (2001)
- Le Cercle parfait (2003)
- Below Zero (2005)
- Un point de chute (2006)
- La maison des temps rompus (2008)
- Pages à brûler (2010)
- Si tu m'entends (2015)
Site de l'auteur.
Mes commentaires
J'ai comme vraiment l'impression de me répéter... mais ça commence à franchement m'énerver. J'ai envie de crier aux maisons d'édition : "la quatrième de couverture C'EST IMPORTANT, bordel !!!". Est-ce que c'est possible de faire un maudit effort pour qu'elle reflète un tant soit peu le contenu du roman en question ???? Parce que là j'ai comme l'impression que la personne qui a rédigé ledit résumé n'a pris connaissance que du premier chapitre - qui a peut-être 66 pages mais qui est loin de ce en quoi consiste le roman.
Parce que si on se fie uniquement au quatrième de couverture, on pourrait penser qu'on s'embarque dans un roman policier conventionnel : disparition, enquête, inspecteur, cadavre mutilée ; et même avec un brin de non-conventionnel : un revirement intriguant à saveur de code génétique mystérieux et impossible. Et bien, si on cherchait vraiment cette recette, alors on sera complètement et définitivement déçu... Et si je n'avais pas fait un effort et continuer ma lecture, j'aurais abandonné celle-ci vers la page 70. Peu après le premier chapitre, en fait. Heureusement, j'ai continué, même si je ne comprenais plus rien de cette fausse enquête annoncée. Heureusement, car j'ai vraiment adoré ce roman. Même si je garde une petite déception de ne pas avoir lu le roman policier que je pensais lire.
J'ai réussi à passer par-dessus cette déception, mais combien de lecteurs n'ont pas continué leur lecture ou n'ont pas réussi à pardonner cette quatrième de couverture trompeuse et mensongère. Et c'est triste, car le roman de Quiviger est vraiment excellent et m'a complètement envoûtée. Et donc, je répète combien de lecteurs n'ont pas pu découvrir ce superbe roman ? Qui est un brin particulier, mais très touchant. Et puis, il y a aussi tout ceux qui n'avait rien à faire d'un roman policier et qui ne l'ont alors pas lu... et qui seraient possiblement tombés en amour avec les mots de Quiviger... Triste, je vous dis.
Bien sûr, vous direz que le 2e paragraphe de cette quatrième de couverture laisse présager autre chose qu'un roman policier... mais entre vous et moi... c'est assez subtil !
"Enquête poétique" lit-on dans le quotidien La Presse. Peut-être. Car nous enquêtons, dans ce texte... nous cherchons à savoir qui est Clara Chablis. Ou plutôt nous embarquons dans une quête pour découvrir qui est vraiment Clara et comment et pourquoi elle a marqué et surtout bouleversé tout ceux qu'elle a croisé dans sa vie... enfin tout ceux qu'elle a laissé la croiser...
On dit que l'auteur a écrit un texte sur l'altruisme et la compassion... j'ai plutôt l'impression que Quiviger a écrit un texte sur un être improbable, unique et irréel. Sur un être mi-angélique/mi-féérique qui transforme tout ceux qu'elle croise et qu'elle croit devoir transformer. Un être qu'on a parfois peine à croire en son existence.
Clara disparaît... on commence par la chercher, mais bientôt on suit plutôt ses proches pour tout simplement essayer de la comprendre. Chaque chapitre prend la voix de quelqu'un qui a pu cotoyer Clara. Un roman choral composé des voix d'un policer, d'un chien, d'une ancienne amie, d'un faux beau-père, d'un faux copain, d'une multitude de gens finalement. Une écriture parfois déroutante puisqu'on change de style selon le narrateur... et les derniers chapitres sont écrits entièrement en vers libres.
Mais ce qui m'a le plus touchée dans le roman, ce n'est pas Clara, elle-même, mais plutôt tous ces personnages secondaires qui sont tellement vivants, tellement réels. Ils sont remplis de défauts, de peurs, de peines, de joies... ils sont si pleins de vie que c'est la raison pourquoi j'ai eu l'impression que Clara état plutôt une "idée" qu'un être réel.
Les mots de l'auteur
"En bref, votre disparue : ou elle est la fille de sa mère et elle est la jumelle de son copain et elle n'est pas le cadavre, ou sa mère n'est pas sa mère, son copain n'est pas son frère et, encore une fois, elle n'est pas le cadavre." p. 51
"Quand j'y repense, je me dis que la spécialité de Clara, c'est de défoncer des portes ouvertes." p. 89
"J'ai vu comment j'allais mourir en regardant la serrure sans clef, la cellule sans fenêtre, comment mon coeur allait arrêter de battre, coincé par les murs. J'ai vu comment les pages à brûler allaient s'éparpiller dans le courant d'air du troisième étage, comment elles allaient planer au-dessus de notre ville médiocre." pp. 114-115
"Le moment venu -- je l'attendis la nuit était lente -- j'entendais les bruits étouffés -- que font les heures sombres : -- les pas -- les voix -- des bouts de mudiques -- les portières des taxis qui s'arrêtent et repartent. -- Je ne lisais pas. -- Je ne buvais pas. -- Je ne regardais pas la télévision. -- Je n'étais qu'un garçon qui attend une fille." p.228
"Elle proposa de repeindre les murs -- en diverses teintes de blanc -- qu'elle choisit pour leur nom -- neige de mai -- fleur de lotus -- crème alpine -- Pour moi -- c'était tout aussi bien -- sucre en poudre -- noix de coco -- eau de Javel --..." p.245
Pour en savoir un peu plus...
- Article sur l'auteur sur Wikipedia
- Article dans La Presse
- On en parle sur Babelio