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Quelques pages d'un autre livre ouvert...
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30 août 2015

Le moment captif d'un dimanche : une lutte acharnée

2015_09_02"Si tu ne peux le combattre, embrasse ton ennemi." [Proverbe chinois]

Il y a des jours où on a l'impression de se battre contre des moulins à vent. On se lève péniblement, notre corps refusant de se réveiller et nos yeux semblant peser une tonne. On se prépare lentement. Rien ne semble vouloir fonctionner. Les rôties sont brûlées, le café est froid, les cheveux se rebellent avec force et les pantalons sont frippés.

On réussit à quitter la maison en catastrophe. On court jusqu'à l'arrêt d'autobus car on est vraiment à la dernière minute. On pense l'avoir raté, la sueur coule dans nos yeux. On a peur pour notre mascara. Et puis, on attend impatiemment l'autobus en retard. Il est rempli de sacs à dos d'ados nonchalants.

On arrive au travail épuisé, pas tout à fait réveillé et vaguement enragé. La journée nous paraît déjà interminable. Elle commence. On voudrait bien la prendre à deux bras et lui dire qu'on ne veut pas lutter contre elle, qu'on veut juste l'embrasser et la vivre pacifiquement. Mais elle est plus forte que nous aujourd'hui. Elle veut se battre et ne nous laissera aucun répit.

Et alors on tourne en rond, on court après le temps, on se bat contre les piles de dossiers, contre l'ordinateur, contre le monde entier,... Et on finit par voir arriver la fin de cette journée. On court se réfugier dans nos draps, on souhaite la bonne nuit à ce jour qui nous a vaincu, aujourd'hui. Demain est un autre jour !

"Ils étaient quatre qui voulaient se battre -- Contre trois qui ne voulaient pas..." [Comptine]

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16 août 2015

Le moment captif d'un dimanche : tolérer le temps

2015-07-05"Le plus grand obstacle à la vie est l'attente, qui espère demain et néglige aujourd'hui." [Sénèque]

Ils attendent patiemment. La patience est une vertu. Alors, ils attendent. Tout vient à point à ceux qui savent attendre, ne dit-on pas ? Alors, ils attendent.

Jour après jour, ils viennent sur ce quai et attendent. Parfois, un poisson récompense leur patience. Ils sont alors heureux. Puis, ils remettent leur ligne à l'eau et attendent.

Tout vient à point à qui sait attendre, ne dit-on pas ? Alors ils attendent. Mais ils ne font que ça. Ils attendent. Ils nous disent qu'ils ont besoin de tranquillité, besoin d'attendre et de prendre le temps de perdre leur temps.

Et je les envie. Je les crois. J'essaie d'attendre aussi. L'attente est une façon de vivre chaque seconde de sa vie. Doucement. Avec intensité. Mais attendre quoi ? Parfois il faut laisser le temps passer. Et parfois attendre est une folie.

Je veux attendre mais je veux pas voir la vie passée pendant que j'attends. Je veux prendre mon temps. Mais la vie est si courte et je ne veux pas en perdre une minute. Je veux respirer et profiter tranquillement des moments qui passent. Mais je ne veux pas voir le temps disparaître et s'évanouir sans que je les respire momentanément.

Je veux vivre aujourd'hui. Je veux vivre hier et j'espère vivre demain.

"On croit user le temps, c'est le temps qui nous use." [Proverbe français]

6 août 2015

La corde de Stefan Aus Dem Siepen

corde2La corde / Stefan Aus Dem Siepen ; traduit de l’allemand par Jean-Marie Argelès. – [Paris] : Éd. Écriture, 2014. – 153 p.;  23 cm. – ISBN 978-2-35905-142-1

Quatrième de couverture

Les habitants d’un village situé à l’orée d’une immense forêt mènent une vie simple, rythmée par les saisons. Un jour, l’un d’eux découvre dans un champ une corde qui s’enfonce dans les bois. Comment est-elle apparue ? Où mène-t-elle ? Délaissant leurs familles, les hommes décident de la suivre. D’abord accueillante, la forêt devient peu à peu menaçante, hostile. Les villageois s’obstinent pourtant, quitte à manquer le début de la récolte et à courir au-devant du danger… Comment l’irruption de l’inattendu au sein d’une société bien réglée parvient-elle à en perturber l’équilibre ? Récit d’une quête absurde, ce conte baigné de romantisme sombre offre une réflexion sur les passions humaines.

L’auteur

Stefan Aus Dem Siepen est né en 1964 à Essen en Allemagne. Il étudia à Munich en Droit. Il rejoint le corps diplomatique allemand et sera posté à Bonn, au Luxembourg, à Shanghai et à Moscou.  Il s’établit ensuite à Berlin et travaille au ministère des Affaires étrangères. Il publie son premier roman, Luftschiff, en 2006.

corde1Bibliographie

  • Luftschiff (2006)
  • Die Entzifferung der Schmetterlinge (2008)
  • Das Seil (La corde) 2012
  • Der Riese (2014)

Mes commentaires… (je dis presque tout sur la fin, vous êtes avertis !)

Un village tranquille, sans histoire, anonyme, isolé et sans lieu défini. Nous sommes aujourd’hui ou hier. Cela se passe au siècle dernier ou alors celui d’avant ou encore dans un futur rapproché. On ne le sait pas vraiment. Comme beaucoup de conte, l’histoire racontée par l’auteur n’a pas de lieu précis, pas d’époque définie.

Conte, parabole, réflexion philosophique, délire littéraire… le roman de Stefan Aus Dem Siepen a été décrit de nombreuses façons. L’auteur avoue lui-même s’être inspiré d’un rêve qu’il a fait. Ce rêve étrange d’une corde mystérieuse dont il ne voyait pas la fin lui a semblé une bonne prémisse pour un roman et lui a paru une belle parabole sur les obsessions qui nous habitent.  Il dit s’être ensuite inspiré des contes de Grimm pour écrire son histoire. Et on ressent très bien les aspects sombre et menaçant de la majorité des contes et fables.

Un villageois découvre un jour, une corde en bordure du village. Un bout à ses pieds, elle s’enfonce dans la forêt noire. Objet anodin dans un lieu incongru, la corde attire la curiosité de tout le village. On découvre bientôt que l’autre bout semble se perdre bien loin dans la forêt. Les villageois s’interrogent tous sur la provenance de la corde et le fait qu’elle soit apparue soudainement : qui l’a mise à cet endroit ? pourquoi ? jusqu’où va-t-elle ? Beaucoup de questions sans réponse. Quelques hommes décident de la suivre pour trouver l’autre extrémité. Mais une première expédition revient bredouille et dans le drame.

La curiosité se transforme en obsession et tous les hommes du village (sauf un qui reste pour garder) partent pour résoudre cette énigme. Mais ce qui devait être une expédition d’une journée se transforme en une quête qui n’aura pas de fin.

Car il n’y aura pas de fin. Et cela, je m’en doutais depuis le début. Parce que comment pourrait-il y avoir une fin ? Enfin, je le savais ou plutôt je l’espérais. Car j’aurais été très déçu par toute fin qu’aurait pu proposer l’auteur. Cela n’aurait pu être que décevant. Soit l’explication aurait été banale, normale et décevante ; soit l’explication aurait relevé du domaine du fantastique et, selon moi, il y aurait eu peu de chance pour qu’on y croie. Donc, nous ne saurons jamais pourquoi la corde a été mise là, ni où elle se termine.

La corde ne se termine probablement pas. Et les villageois n’auront jamais de réponses à leurs questions. Et ne reviendront de toute façon probablement jamais à leur village. Qui sera abandonné comme celui qu’ils ont croisé à un moment.

Bien sûr qu’en quelque part, j’aurais voulu savoir. Mais il est nettement préférable de ne pas le savoir. Et donc nos propres questions n’auront, elles aussi, aucune réponse. On ne peut que suivre cette quête vers l’inconnu amorcée par une curiosité irrépressible. On ne peut que lire sur ce désir incontrôlable de toujours vouloir plus ; sur le danger de rester sédentaire et le danger de vouloir tout changer.

Le récit de l’auteur nous permet de suivre d’un côté, l’expédition  qui part à la recherche de réponses et d’un autre la longue attente de ceux qui sont restés au village. Les deux groupes s’enfoncent dans la noirceur et l’isolement. Ils sont tous poussés à l’extérieur de leur quotidien, de leurs habitudes, de leur confort dans l’inconnu.

On peut analyser le texte de l’auteur de nombreuses façons et les symboles semblent multiples : le village, la corde, les personnages, la forêt, etc. Le texte soulève beaucoup de question, tout comme la corde, et nous oblige à nous questionner sur la nature humaine.  Tout semble avoir une signification. Allégorie philosophique, psychologique, sociale, morale… On y a même vu une métaphore idéologique,  historique et politique. C’est le propre des contes.

Les mots de l’auteur

« Ce petit geste le rendit plus heureux encore, car toujours il fallait qu’il fasse quelque chose, si peu que ce fût, toujours il lui fallait œuvrer à son propre bonheur afin de pouvoir en profiter pleinement ; s’il s’était contenté de contempler le visage endormi, une inquiétude se serait aussitôt éveillée en lui – une peur sournoise, inexplicable, qui surgissait sans cesse, parfois dans les moments de plus grand bonheur, la crainte que la vie douce et paisible qu’il menait avec les siens pût ne pas durer. » p. 13

«La corde arrachait maintenant les paysans à tout cela, éveillant en eux un désir demeuré jusqu’ici caché dans les régions les plus inaccessibles de leur âme : échapper, ne serait-ce qu’une fois, à leur petit univers, couper, dans un moment de joyeuse et folle insouciance, les mille fils qui les enchaînaient à leur chez-eux. » p.62

Pour en savoir un peu plus…

2 août 2015

Le moment captif d'un dimanche : s'envoler

2015-08-16"Tout le monde peut rester jeune, à condition de s'y entraîner de bonne heure". [Paul Fort]

Je suis vieille. Je ne suis plus capable de me déplacer comme avant. C'est très frustrant. Et certains jours, je rouspète toute seule comme une mémère. Ce n'est pas facile d'accepter que je peux plus me lever et aller.

C'est que j'étais très indépendante. Personne pour me dire "fais ceci" "ne fais pas cela" et surtout personne pour me dire "attends, je vais le faire pour toi". C'est le "je vais le faire pour toi" qui m'énerve. Mais je suis vieille. Et je dois accepter ce corps usé.

Et pourtant, je me sens si jeune dans ma tête. J'ai l'impression que je pourrais m'envoler comme ces oiseaux. Que je pourrais courir sur la place, manger dix glaces et puis danser toute la nuit. Ça sert à quoi de vivre si longtemps si on ne peut plus gambader comme avant.

Mais je suis vieille. Et je veux vivre longtemps. Alors, je mange ma glace et je regarde courir les enfants. Je suis peut-être vieille mais moi je sais que je suis toujours la même.

"Vieillir est encore le seul moyen qu'on ait trouvé de vivre longtemps." [Charles-Augustin Sainte-Beuve]

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