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29 août 2016

Suspendre le temps

2016-08-29bLe temps s'étire. Il semble interminable. Mais il passe à toute vitesse en même temps. Qui a dit que le temps était logique ? Et enfin, les vacances approchent. Enfin. Nous prenons habituellement nos vacances en automne. On a l'habitude. Mais cette année, je dois avouer que j'ai particulièrement hâte à ces vacances.

Car en principe, ce seront de vraies vacances. Et pas un long voyage. Vous savez des vacances où on se repose vraiment. Car même si j'adore voyager, je reviens toujours émerveillée mais épuisée. Complètement vidée. Oui, j'ai fait le vide, j'ai oublié les tracas quotidiens, les petits soucis du travail, j'arrive même à oublier parfois mes mots de passe. Mais je reviens aussi complètement vidée d'énergie. Et alors, je retourne au travail la tête pleine de souvenirs mais vraiment fatiguée.

Doc, j'ai réussi à obtenir une année sans grand voyage. Ce fut difficile, une tâche quasiment 2016-08-29impossible. Mais mon PisTout a finalement accepté. Pas de voyage cette année. Deux semaines ici à la maison. Non seulement ça, mais on ne fera que deux petits séjours à l'extérieur de la maison. Un trois jours au Saguenay et un deux jours à Portsmouth au États-Unis. Et puis, des petites visites de quelques heures autour de la maison. C'est un miracle. Et je sais que c'est très difficile pour PisTout.

Et il ne peut s'empêcher d'essayer de me faire changer d'idée... "on peut faire une semaine ici..." "on peut avoir des billets d'avion pas cher pour là-bas...". Mais je résiste. Je suis forte... même si moi aussi, ça me titille... surtout avec les superbes articles de Karine:) qui nous raconte son séjour en France. Je m'ennuie tellement de pouvoir faire un saut à Quéribus, Céret ou Castelnou, le temps d'une journée... ou de prendre l'avion pour Berlin, Stockholm ou Prague, le temps d'un week-end.

Mais, il y a beaucoup à voir ici aussi... Et j'ai vraiment besoin de ces jours plus relax... et même quelques jours juste à la maison, dans ma cour ou dans mon salon avec un bon livre. Se lever le matin, dans mon lit, à l'heure qui me plait, faire mon café et non pas me réveiller dans un lit que je ne connais pas, à l'heure prescrite par le check-out ou le petit déjeuner obligatoire et programmé et un café inconnu. Décider le jour même si on reste à la maison pour paresser au jardin ou si on saute en voiture pour aller visiter le fort de Chambly, faire du vélo dans les Cantons de l'Est ou du kayak dans les Îles de Boucherville. Ou peut-être un saut au centre-ville, sur la Plaza St-Hubert ou dans le Mile-End. On verra le moment venu.

Encore quelques semaines... le temps semble se suspendre et me narguer... il me dit de patienter... Et puis une fois là, il filera à toute vitesse. C'est un taquin ce temps !

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24 août 2016

Maman a tort de Michel Bussi

maman01Maman a tort de Michel : roman /Michel Bussi. — [Paris] : Presses de la Cité, c2005. – 508 p. ; 23 cm. – ISBN978-2-258-11862-1

Quatrième de couverture

Quand Malone, du haut de ses trois ans et demi, affirme que sa maman n’est pas sa vraie maman, même si cela semble impossible, Vasile, psychologue scolaire, le croit.
Il est le seul… Il doit agir vite. Découvrir la vérité cachée. Trouver de l’aide.
Celle de la commandante Marianne Augresse par exemple.
Car déjà les souvenirs de Malone s’effacent.
Ils ne tiennent plus qu’à un fil, qu’à des bouts de souvenirs, qu’aux conversations qu’il entretient avec Gouti, sa peluche.
Le compte à rebours a commencé.
Avant que tout bascule. Que l’engrenage se déclenche. Que les masques tombent.

Qui est Malone ?

L’auteur

Michel Bussi est né à Louviers en France en 1965. Il est professeur de géographie à L'Université de Rouen et directeur du laboratoire commun "Identité et Différenciation des Espaces, de l’Environnement et des Sociétés" (I.D.E.E.S) de l'Université de Rouen, du Havre et de Caen (Unité mixte de recherche du CNRS). Il a publié de nombreux articles et ouvrages dans son domaine, principalement en géographie du politique (géographie électorale, recompositions territoriales, etc.).maman02

Il commence à écrire de la fiction dans les années '90, mais ne parvient pas à se faire publier. En 2006, il publie enfin son premier roman, Code Lupin qui est un grand succès avec plus de 7 000 exemplaires de vendu. Son deuxième roman Omaha crimes paru en 2007 obtient de nombreux prix. Ses romans suivants connaissent tous le succès et il devient un auteur de romans policiers reconnu.

Site Web officiel de l'auteur, sa page Facebook, sa fiche sur le site de l'Université de Rouen,

Bibliographie partielle

  • Éléments de géographie électorale à travers l'exemple (1998)
  • Pour une nouvelle géographie du politique : territoire, démocratie, élection (2004)
  • Code Lupin (2006)
  • Omaha crimes (2007)
  • Mourir sur Seine (2008)
  • Sang famille (2009)
  • Un monde en recompositions. Géographie des coopérations territoriales (2009)
  • Nymphéas noirs (2011)
  • Un avion sans elle (2012)
  • Ne lâche pas ma main (2013)
  • N'oublier jamais (2014)
  • Gravé dans le sable (2014) (réédition revue et corrigée de Omaha crimes)
  • Maman a tort (2015)
  • Le temps est assassin (2016)

Mes commentaires

Parfois, on s'attend à tellement aimer une lecture que je crois qu'on ne peut qu'être déçu. C'est ce qui s'est passé avec ce roman. La quatrième de couverture m'avait immédiatement conquise. J'avais acheté d'autres romans de Michel Bussi pour la bibliothèque mais je n'en avais encore jamais lus. Mais celui-ci, je l'ai tout de suite noté. Et puis, les critiques du roman et de l'auteur étaient en général très bonnes. J'avais donc très très hâte de le lire. Puis j'ai attendu. J'ai attendu que nous le recevions, puis qu'il soit traité, puis qu'il soit disponible. Et j'ai attendu. J'aurais pu le réserver, mais je n'aime pas faire ça... je laisse nos abonnés emprunter les nouveautés. Mais ce fut long. Le livre était toujours emprunté. Ce qui ne faisait qu'augmenter mon envie de le lire. L'histoire me semblait très intriguante. Et j'avais vraiment hâte de me plonger dans ce suspense psychologique.

Ouf, quelle déception. Le roman n'est pas complètement mauvais. Mais ma lecture fut pénible, pénible, pénible. Et si ce n'avait été du fait que j'avais tellement eu envie de le lire et que cela avait pris des mois avant qui je puisse l'emprunter, j'aurais abandonné ma lecture à plusieurs reprises. Mais je me suis poussée à le lire jusqu'au bout.

Bon, commençons par l'histoire. Vasile Dragonman, le psychologue d'une école contacte la police car un élève, Malone, affirme que sa maman n'est pas sa maman. De plus, l’enfant affirme que son toutou lui raconte des histoires qui lui rappellent sa vraie maman et sa vie d’avant. La commandante Marianne Augresse n’accorde pas trop de foi à cette histoire, mais comme elle trouve Vasile de son goût – et que son besoin d’avoir un enfant devient pressant, horloge biologique oblige – elle enquête tout de même un peu. Mais tout semble normal, les parents vivent au même endroit depuis un certain temps, ont plein de photos du petit et les voisins n’ont rien à redire sur cette petite famille. La commandante ne voit pas ce qu’elle peut faire, surtout qu’elle est en charge d’une grande opération  policière sur un vol qui a mal tourné et toute son équipe est à la poursuite des braqueurs qui ont réussi à se sauver. Elle a donc autre chose à faire. Mais le psychologue insiste, Malone ne ment pas et il faut faire vite car il finira par oublier son histoire, la mémoire d’un enfant de 3-4 ans est éphémère.

Le roman entrecroise donc les deux intrigues : la quête de la vérité sur Malone et la poursuite des fugitifs. L’auteur ajoute à ceci les histoires de la peluche de Malone. Bien sûr, les deux intrigues vont finir par se rejoindre. Mais c’est long avant qu’on sache exactement comment et pourquoi. On se doute bien que l’enfant a un rapport avec le braquage, mais ça traîne.

Le petit Malone est un personnage très intéressant et il est au centre du roman. Il est intelligent et on ne peut que s’attendrir devant ses réflexions et son désir de ne pas oublier sa vie d’avant et sa vraie mère. On ne peut s’empêcher de penser que ce sont peut-être juste des histoires d’un enfant imaginatif, mais sa conviction est touchante.

Mais mis à part Malone, les autres personnages m’ont soit énervée, agacée ou laissée complètement indifférente. La plupart était des clichés ambulants : la policière en charge, femme forte, mais qui cherche désespérément un homme pour avoir un enfant, le beau psychologue à moto, la meilleure amie compatissante, les collègues machos ou vieillissant, le braqueur en chef cruel et sanglant, et j’en passe… Et je ne peux passer sous silence les noms des personnages : la commandante (avec un e, on le souligne à toutes les deux lignes) Marianne Augresse – car c’est une femme forte ; Vasile Dragonman – parce qu’il est roumain ; et puis Malone Moulin, Lieutenant Jibé Lechevalier, Lieutenant Pasdeloup,… c’est insupportable. Et comme, on répète sans arrêt les noms complets des personnages, je ne pouvais les ignorer. Cela enlevait à mes yeux toute crédibilité aux personnages. Il arrive que des gens aient des noms étranges – j’ai connu une Peggy Latortue – ou qui ressemblent à leur caractère ou travail – on peut penser à Pierre Plouffe, champion de ski nautique – mais là c’est comme juste trop !

Et puis, j’ai aussi trouvé insupportable les extraits du site enviedetuer.com. Non seulement, ils semblent insignifiants et sans aucun rapport avec l’histoire, mais quand on sait pourquoi on nous avait parlé de ce site, on ne comprend toujours pas pourquoi on s’est tapé tous ces extraits sans intérêt. Finalement, l’histoire est remplie d’invraisemblances et de coïncidences beaucoup trop faciles. Tout finit par s’emboîter et c’est trop simple.

L’auteur écrit bien mais je n’ai tout simplement pas accroché à son style et ses histoires.

Les mots de l’auteur

« - Qu'est-ce qu'elle te disait ta maman ? - Que tout ce qu'il y a dans ma tête va partir, comme les rêves que je fais la nuit. Mais qu'il faut que je me force à penser à elle. Et puis à notre maison aussi. À la plage. Au beateau de pirates. Au château. Elle me disait juste ça, que les images dans ma tête vont partir. J'avais du mal à la croire mais elle répétait toujours la même chose. Les images dans ta tête vont s'en aller. Elles vont s'envoler si tu ne penses pas à elles dans ton lit. Comme les feuilles sur les branches des arbres.» p. 27

Pour en savoir un peu plus…

  • Page Wikipedia sur l'auteur
  • Entretien avec l'auteur dans la revue EchoGéo
  • Critiques sur Critiques Libres
  • Avis sur Sens critique
  • Avis sur Babelio
  • L'avis de Serial Lectrice
  • L'avis de Léa TouchBook
  • Les avis de Lucie Merval et Sophie Peugnez sur le site ZoneLivre.fr : l'Univers du romanpolicier et fantastique
  • L'avis de Caroline sur le blogue Carobookine
  • L' avis de Johanne sur le blogue Livresse des mots
  • L'avis de Audrey891 sur le blogue Songe d'une nuit d'été
  • L'avis de La Livrophile
  • L'avis de Manou sur le blogue La Bulle de Manou
  • L'avis d'Exuline sur le blogue Exulire
21 août 2016

Le moment captif d'un dimanche : façonner sa vie

2016-09-18"Une seule enfance est supportable : la nôtre" [Pierre-Henri Simon]

L'enfance passe et repasse. Une fois terminée, elle ne nous quitte pourtant pas. Mais quels souvenirs de nos 8 mois, 18 mois, 2 ans, 5 ans ? Des images qui fuient. Des photos jaunies. Aucune importance donc. Mais on dit que l'enfance influence notre vie d'adulte. On dit aussi qu'on oublie tout de notre enfance. On dit tant de choses sur l'enfance.

Des souvenirs inventés. Des souvenirs racontés. Je me souviens de moments dont je n'ai pas de souvenirs. Mais ces images sont fortes, réelles et colorées. On m'a tant raconté ces instants qu'ils ont pris vie dans ma tête. Ils sont réels. Aussi réels que les moments furtifs que je crois me souvenir vraiment. Ces moments que j'ai vécu, seule, sans quelqu'un pour me raconter comment j'ai pleuré, j'ai ri, j'ai aimé ou j'ai eu peur.

Est-ce que ces moments que je me rappelle sont plus importants que ceux que j'ai oubliés ? Peut-être. Je ne sais pas. Je ne suis pas experte en enfance. J'aimerais parfois oublié certains moments et me rappeler d'autres. Je ne choisis pas. Je vie et revie. Et je rêve et cauchemarde. Mais je me souviens d'avoir vieilli. Et d'avoir oublié.

"Il y a des choses de l'enfance que seule l'enfance connaît" [Colum McCann]

19 août 2016

Nancy croit qu’on lui prépare une fête de Simon Boulerice

Boulerice02Nancy croit qu’on lui prépare une fête / Simon Boulerice. — Montréal : Poètes de brousse, c2011. – 66 p. ; 22 cm. – ISBN 9782923338491

Quatrième de couverture

Nancy renouvelle aux six mois les piles
du détecteur de fumée et de son vibrateur
simultanément
l'un lui fait penser à l'autre
projet de causalité
activité de survie

Nancy calme son feu comme elle le peut

L’auteur

Simon Boulerice est né en 1982 sur la rive-sud de Montréal. Il  étudie d’abord en  littérature au Cégep de Saint-Laurent puis à L’UQAM. Il étudie ensuite en interprétation théâtrale au Collège Lionel-Groulx. En 2005, il co-fonde la compagnie de théâtre Abat-jour. Il obtient son diplôme en 2007. Il est acteur, metteur en scène et auteur. Il a écrit des pièces de théâtre, de la poésie ainsi que des romans pour enfants, ados et pour enfants. En tant qu’acteur, en plus de jouer au théâtre, on peut également le voir au cinéma et à la télévision.

En 2007, sa pièce Simon a toujours aimé danser a remporté le prix de la création Fringe. Sa pièce fut présentée dans de nombreux pays. Ses œuvres ont remporté de nombreux prix.Boulerice01

En 2016, son recueil de poésie Nancy croit qu’on lui prépare une fête a été adapté au théâtre par le comédien et metteur en scène François Hamel.

Bibliographie partielle

  • La condition triviale (théâtre) (2005)
  • Qu’est-ce qui reste de Marie-Stella ? (théâtre-jeunesse) (2009)
  • Les Jérémiades (roman) (2009)
  • Poèmes du lendemain 18 (poésie) (2009)
  • Nancy croit qu’on lui prépare une fête (poésie) (2011)
  • Écric n’est pas beau (théâtre-jeunesse) (2011)
  • Les mains dans la gravelle (théâtre-jeunesse) (2012)
  • Martine à la plage (bamde-dessinée) (2012)
  • Javotte (roman) (2012)
  • La sueur des airs climatisés (poésie) (2013)
  • Jeanne Moreau a le sourire à l'envers (roman jeunesse) (2013)
  • Un verger dans le ventre (album illustré) (2013)
  • M'as-tu vu ? (01) Hors champ (roman jeunesse) (2013)
  • Les Monstres en dessous (roman jeunesse) (2013)
  • Le premier qui rira  (roman) (2014)
  • Pig (théâtre) (2014)
  • Peroxyde (théâtre) (2014)
  • Edgar paillettes (roman jeunesse) (2014)
  • Les garçons courent plus vite (roman jeunesse) (2014)

Mes commentaires

"Nancy fait" "Nancy a" "Nancy..." Nous suivons dans une sorte d'odyssée poétique, la pauvre Nancy qui semble seule, maladroite, fade et triste. On ne la remarque pas. Elle est gauche, asociale, mésadaptée... jeune mais déjà vieille.

Elle aime les tulipes, n'a jamais compris comment les faire pousser, plante ses dents de sagesse dans l'espoir qu'elles se transforment en tulipes... et entre marguerites et jonquilles, une tulipe pousse. J'ai souri.

Le texte de Boulerice est un long poème qui nous raconte la vie de Nancy. Mais chaque page peut être lu comme un seul poème. Et chaque poème est une partie de Nancy. Ses peurs, ses échecs, ses espoirs et son désespoir... sa vie tout simplement. Elle est banale et unique. Il n'y a pas de fête, on s'en doute, mais il y a de l'espoir.

Les poèmes sont des tranches de vie. Et nous n'avons pas de difficulté à voir défiler la vie de Nancy. Et j'aurais aimé voir la transposition du texte au théâtre.

Il faut lire ce recueil de poésie... ce poème qui raconte une histoire. Ce ne sera pas long, même pas une heure ne sera nécessaire pour lire ce livre. Ce qui fait qu'on peut le relire tout de suite, histoire de bien vivre la vie de Nancy. Et le relire ensuite... j'aime relire les poèmes pour qu'ils nous livrent tous leurs secrets.

J'ai lu des moments, des situations, une vie, des vies. Nancy m'a touchée et m'a énervée. Et j'ai vu Nancy dans ma vie, dans la vie de gens que je connais... Nancy est une fiction poétique beaucoup trop réaliste et réelle.

Les mots de l’auteur

« Nancy n’a pas la patience requise pour démêler

le fil de ses écouteurs

elle se prive de musique

ne va pas jogger

s’achète des tulipes de plastique

elle n’a jamais réussi à en faire pousser des vraies » p. 12

 

« […] rendue dans l’allée des salles de bains

elle pleure

mais c’est juste parce que la canelle de sa gomme

lui pique la gorge

comme si toutes les abeilles qui sommeillaient en elle

se réveillaient » p. 15

 

« Nancy rentre chez elle

certaine que Santa Fe est la ville des fées de dents

confrérie de sorcières douces

de mairesses aux coffres pleins

de dents de lait

mêlées aux caries

de mauvaise augure » p.39

Pour en savoir un peu plus…

16 août 2016

La logique du sang de Martin Buysse

logique_02La logique du sang /Martin Buysse. — Léchelle : Zellige, c2013. – 121 p. ; 21 cm. – ISBN978-2-914773-56-0. -- (Coll. Vents du Nord)

Quatrième de couverture

François, architecte divorcé, tombe sous le charme de Sana, jeune Palestinienne venue poursuivre ses études à Bruxelles. Ils s’installent ensemble et ont une fille, Farah. Mais petit à petit, le couple se délite. Viennent la séparation et les gardes alternées.

Lors d’un voyage à Gaza, Sana et Farah rendent visite à une parente. L’immeuble est fréquenté par un dignitaire palestinien manifestement impliqué dans la lutte armée. Dans le cadre d’une opération ciblée, un avion israélien largue une bombe sur le bâtiment. Il n’y a pas un seul survivant.

François est effondré. Confronté à la réalité d’un conflit qui lui était jusqu’alors indifférent, il n’a plus qu’une obsession : venger la mort de son enfant. Son objectif : le général qui a commandé l’opération. Il sait qu’il ne pourra pas l’atteindre en Israël, sa seule chance réside dans un hypothétique voyage à l’étranger du général. Les années passent, jusqu’à ce qu’il reçoive un message codé de Saïd, le frère de Sana : le général doit se rendre à titre privé au Portugal.

Avec ce premier roman, l’auteur nous livre l’histoire d’un homme paisible qui, brisé par la perte d’un enfant, se mue en prédateur.

L’auteur

Martin Buysse obtient son doctorat en physique des hautes énergies en 2003 à l'Université catholique de Louvain. Il enseigne à l'Université logique_01catholique de Bukavu (République démocratique du Congo) pendant quelques temps puis il enseigne la géométrie et la physique à l'Institut Supérieur d'Architecture (ISA) Saint-Luc de Tournai. Il dispense des cours dans d'autres maisons d'enseignement, puis en 2010 il devient le directeur de l'ISA Saint-Luc de Tournai. Il y reste pour un mandat de 3 ans. Il continue aujourd'hui à enseigner.

Il a toujours voulu écrire et il publie finalement en 2013 son premier roman, La logique du sang.

Page Facebook de l'auteur, sa fiche à l'Université Louvain. Si vous voulez lire sa dissertation "Vers une réduction du nombre de paramètres libres dans le Modèle Standard" présentée en 2002.

Bibliographie

  • La logique du sang (2013)

Mes commentaires

Une autre lecture sauvetage ! Peu de prêts, ignorer lorsque mis en présentoir... Je ne comprends pas.  Et vous le savez, quand une couverture vient me chercher, quand la quatrième de couverture me semble intéressante, je ne comprends pas et je veux comprendre. Alors, j'ai emprunté. Bon, le titre n'est pas des plus inspirants, rien ne n'explique le non-emprunt.

Et donc, j'ai lu. En une soirée. Quel roman différent, froid, dur et réaliste et collé à la réalité de hier et d'aujourd'hui. J'ai vraiment beaucou aimé.

Le roman nous raconte l'histoire de François, un homme ordinaire, divorcé, père d'un jeune garçon. Il rencontre une jeune femme. Sana, une jeune Palestinienne, et en tombe éperdument amoureux. Les premiers temps sont merveilleux, ils s'aiment. Ils ont ensemble une petite fille, Farah. Mais au fil du temps, la relation entre François et Sana se termine. Tout simplement.

Lors d'un voyage dans sa famille à Gaza, Sara et Farah sont tuées lorsque l'immeuble où elles se trouvent est la cible d'un attentat militaire. Un dignitaire palestinien s'y trouvait à ce moment. Elles sont les victimes collatérales de cette opération isralienne.

François est dévasté. Et il n'a plus qu'un but dans la vie. Se venger de celui qu'on lui a désigné comme celui qui a commandé cette opération. Il doit cependant attendre que cet homme soit à l'extérieur d'Israël pour pouvoir l'attendre. Ce qui lui laisse tout le temps de préparer sa vengeance.

Toute sa vie n'est plus dirigée que vers cette volonté froide de tuer cet homme. Il continue à vivre, mais n'est plus que l'ombre de lui-même. Il s'entraîne à tirer, et avec l'aide du frère de son ancienne femme, planifie, planifie, planifie. Il attend. Jusqu'au moment où l'occasion se présente enfin. Et il va jusqu'au bout. Sans morale, sans regret.

Le roman est une longue planification. Un texte logique, calculateur, froid, sec, méthodique. On suit le personnage principal dans ses plans. Pas à pas. Cette planification est fascinante. Le texte peut semble un peu drabe. Mais il est très direct et efficace. On sent le scientifique derrière l'auteur.

Malgré cette froideur et sécheresse du texte, on resent très bien la détresse du personnage. C'est un homme mort à l'intérieur. Il vivote pour son fils, sa mère, son partenaire... mais il n'a plus de vie. Il souffre énormément.

Son plan est  minutieux. Et il a tout prévu. Le roman est très actuel. Bien que l'auteur se serait inspiré d'un fait divers qui a eu lieu au début du XXIe siècle, il pourrait avoir lieu aujourd'hui. C'est terriblement triste.

Les mots de l’auteur

« Avec Louis, je parlais de Farah. Il n'étais pas naïf. Il savait ce qu'étaient les bombes et avions de chasse. Il en avait, d'ailleurs, en modèle réduit. Il y avait aussi les jeux vidéo. Un jour il m'a invité à venir constater les dégâts qu'il avait infligés à l'ennemi à bord de son F-16. J'ai regardé sans ciller. Puis il a demandé : "Farah, c'est comme ça qu'elle est morte ?" Il s'est levé, je l'ai pris dans mes bras et je l'ai serré contre moi.»

Pour en savoir un peu plus…

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13 août 2016

Les assassins de la 5e B de Kanae Minato

5bb_Les assassins de la 5e B : roman / Kanae Minato ; traduit du japonais par Patrick Honnoré. — Paris : Éditions du Seuil, c2015. – 242 p. ; 23 cm. – ISBN 978-2-02-105627-3. – (Coll. Seuil Policiers)

Quatrième de couverture

Moriguchi Manami, 4 ans, est retrouvée noyée dans la piscine du collège où enseigne sa mère. Un mois plus tard, lors de son discours d'adieu à sa classe de 5e B, Mme Miroguchi accuse deux élèves d’avoir tué sa fille et leur annonce sa vengeance. À cette première intervention succèdent celles de la déléguée de classe, sous forme d'une lettre adressée à l’enseignante ; de la mère de l'un des deux meurtriers, dans son journal intime ; de l’adolescent lui-même, qui a des visions en flash-back de sa petite enfance traumatisante ; de l'autre coupable, qui se vante sur son site Internet de ses géniales inventions scientifiques ; enfin, un coup de téléphone de Mme Moriguchi à ce dernier.

Dans ce roman construit avec virtuosité, le suspense est maintenu jusqu’au bout, quand les différentes pièces s’assemblent pour dévoiler une machination glaçante.

L’auteur

Kanae Minato (湊 かなえ) est née en 1973 5b1à Hinnoshima au Japon. Elle étudie à l'Université des Femmes de Mukogawa.

Elle commence à écrire pour la télévision et la radio. En 2008, elle publie son prenier roman, Kokuhaku, littérallement L'aveu et traduit en France sous le titre de Les assassins de la 5e B. Le roman est un best-sellers et fut adapté en manga et au cinéma.

Bibliographie partielle

  • Kokuhaku (告白) (2008) (L'aveu) (En France : Les Assassins de la 5e B)
  • Shojo (少女) (2009)  (La fillette)
  • Shokuzai (贖罪) (2009) (La rédemption)
  • Enu no Tameni (Nのために) (2010) (Pour N)
  • Yako Kanransha (夜行観覧車)(2010) (La grand roue de nuit)
  • Hana no Kusari (花の鎖) (2011) (manga) (La chaîne de fleurs)
  • Kyogu (境遇) (2011) (La situation)
  • Shirayukihime Satsujin Jiken (白ゆき姫殺人事件) (2012) (Le meurtre Blanche-Neige)
  • Bosei (母性) (2012)(La maternité)
  • Koko Nyushi (高校入試) (2013) (L’examen d'admission du lycée)
  • Mame no Ue de Nemuru (豆の上で眠る) (2014) (Dormir sur un légume sec)
  • Yama Onna Nikki (山女日記) (2014) (Le journal de la femme de la montagne)
  • Monogatari no Owari (物語の終わり) (2014) (La fin du récit)
  • Zessho (絶唱) (2015)
  • Reverse (リバース) (2015)

Mes commentaires (attention quelques spoilers)

On dit de l'auteure qu'elle est la reine des "Iyamisu". D'après mes sources, en japonais, Iyamisu signifie "un thriller à l'arrière goût désagérable", et le mot aurait été inventé par Aio Shimotsuki. Thriller avec un arrière goût désagréable... oui, en effet ! On lit définitivement un roman nous montrant le côté sombre de l'homme... et j'ai terminé ma lecture en me disant... ouf bien fait, mais ouf.. tout ça est malsain. Mais quel roman incroyable !

Je dois avouer cependant que j'ai eu de la difficulté au début. Et je me suis demandée après quelques pages, si je n'abandonnerais pas ma lecture. C'est que c'est foncièrement un roman choral, avec, comme premier narrateur, le professeur qui dialogue avec sa classe... dont on ne lit pas les répliques. Et au début cela m'a semblé lourd et difficile à lire. Mais j'ai persisté et j'en suis fort heureuse car c'est un roman déroutant, choquant, mais très puissant.

Mme Moriguchi est le professeur principal de la classe de 5eB. Alors que c'est la dernière journée de classe, elle fait un discours d'adieu à ses élèves. Elle quitte l'enseignement. Une des raisons de son départ est la mort récente de sa petite fille de 4 ans qui a été retrouvée morte noyée dans la piscine de l'école. Bien que la mort a été classée comme un accident, Mme Moriguchi dit qu'elle sait que c'est un meutre et que les deux meutriers se trouvent parmi les élèves de sa classe. Comme elle sait que puisque ce sont des mineurs ils ne seront jamais accusés et punis comme ils le devraient pour ce meurtre qu'elle déclare prémédité, elle raconte aux élèves comment elle a planifié sa vengeance. Et quelle vengeance !

Ici, je dois faire un aveu... j'ai trouvé parfaite cette vengeance et très légitime. Oui, cela n'a pas réussi - dans un sens - mais le simple fait d'insinuer dans les esprits cette idée de vengeance et le but était atteint. Et puis la vengeance finale est très retorse et géniale.

Et puis, nous changeons de narrateur. Après l'enseignante qui s'adresse à ses élèves, nous avons le récit d'une de ses élèves et la façon dont elle voit les événements. Et même si elle comprend et elle est compatisante, elle voit aussi l'intimidation et l'isolement dont souffrent les deux éléves maintenant. Et c'est elle qui nous annonce une des conséquences du geste du professeur.

Et nous avons ensuite le témoignage de la mère d'un des deux coupables par le biais de son journal intime. Nous entrons dans l'intimité de cette famille et surtout de cette relation mère-fils - assez inconfortable. Et qui se termine par le drame annoncé par la jeune étudiante.

Ensuite, ce sont les mots des deux jeunes garçons qui ont été accusés d'avoir tué cette petite fille de 4 ans. Un après l'autre, ils nous parlent. Nous donnent également leur point de vue.

Et le roman se termine par une dernière intervention de l'enseignante qui nous révèle sa vengeance ultime.

C'est un roman très fort. Et cette alternance de points de vue est incroyablement efficace. Elle nous permet d'entrer dans l'univers des personnages, de croire comprendre la psychologie de chacun, d'avoir de l'empathie, de la sympathie et finalement de la colère et même de la haine envers ces personnages. Et les bourreaux sont parfois aussi des victimes. Mais parfois, alors qu'on voudrait bien que ces bourreaux soient des victimes, elles ne sont que des tortionnaires et on ne peut les excuser. Et c'est là que cela devient sombre et qu'on retrouve l'arrière goût désagréable. Malsain. Étrange. Car on voudrait bien leur pardonner, les comprendre, mais au final, on ne peut pas. Enfin, je n'ai pas pu.

On parle de critique du Japon, de la culture niponne. Peut-être. Cette critique est en tout cas assez cruelle. On nous présente une culture froide mais passionné et violente, à la recherche de l'excellence et de l'extrême, mais aussi une société en errance. La pression est partout. Sur tout le monde. Mais si certains aspects apparaissent particulièrement japonais... on pourrait transposer ce roman dans beaucoup d'autres lieux. Et c'est ce qui en fait un roman fort, habile, tordu et tortueux.    

Les mots de l’auteur

 « Au lieu de parler de gens qui ont fini par réussir leur vie malgré quelques bêtises de jeunesse, ne devrait-on pas plutôt parler de ceux qui ne sont pas sortis du droit chemin et n’ont pas fait de bêtises ? Est-ce que ce ne sont pas plutôt eux les héros ? Mais la lumière des projecteurs ne tombe jamais sur la vie ordinaire des gens ordinaires. À l’école c’est la même chose. Et voilà comment on en arrive à trouver suspects ces professeurs qui font leur travail sérieusement mais ans passion extravertie, voire à les considérer comme des perdants. » p.16

« Le soir même du jour où l’unique être que j’aimais m’a quitté, en prenant mon bain j’ai trouvé le flacon de shampooing vide. La vie, c’est toujours comme ça. Que pouvais-je faire d’autre ? J’ai ajouté un peu d’eau, j’ai bien remplie de mousse.

Alors j’ai pensé : Voilà, c’est comme moi, un vague fond de bonheur crevé que je dilue pour faire durer et remplir le vide de petites bulles. Des illusions pleines de vide, je le ais, mais tout de même mieux que du vide sans rien. » p. 187

Pour en savoir un peu plus…

10 août 2016

Ce qui n'est pas écrit de Rafael Reig

Écrit02Ce qui n’est pas écrit / Rafael Reig ; traduit de l’espagnol par Myriam Chirousse. — Paris : Métailié, 2014. – 238 p. ; 22 cm. – ISBN 978-2-86424-943-6. – (Coll. Métailié Noir)

Quatrième de couverture

Carlos emmène son fils Jorge en montagne pour un week-end entre hommes, c’est sa mère qui l’élève et il le voit très peu. Il le trouve étrange, trop rond, trop bébé pour ses quatorze ans, bref il est déçu par cet ado renfermé et maladroit dont il veut faire un homme, un vrai. Mais dès le début de la balade c’est Carlos qui découvre ses limites physiques et son incapacité à communiquer avec son enfant. Le séjour s’annonce difficile, surtout qu’au chalet les attend la nouvelle petite amie de Carlos, qu’il ne l’a pas dit à son fils et qu’elle n’est pas un modèle de discrétion.
Carmen restée en ville tombe sur un manuscrit laissé chez elle par Carlos, un polar scabreux et terriblement efficace ; peu à peu elle y voit de drôles de ressemblances avec la réalité, des prémonitions macabres, des menaces à peine voilées contre elle ou contre son fils. L’angoisse monte, les sous-entendus se multiplient. Elle tente d’appeler Jorge, mais Carlos a confisqué son téléphone. Désespéré et humilié le garçon s’enfuit dans la forêt et disparaît…
On ne lâche plus ce roman parfaitement noir où tout le monde, lecteur inclus, s’échine à lire entre les lignes « ce qui n’est pas écrit », et s’imagine le pire. Thriller psychologique basé sur les rancœurs et les frustrations, se déployant dans une nature inquiétante sur une trame de film d’horreur habilement construite, ce texte confirme la virtuosité stylistique et l’inventivité narrative de son auteur.

L’auteur

Rafael Reig est né en 1963 à Cangas de Onís dans la communauté autonome d’Asturias en Espagne. Il passe son enfance en Colombie puis revient en Espagne pour faire des études en philosophie et en lettres à Madrid. Il termine ses études aux États-Unis et y enseigne la littérature pendant quelques années. Il travaille en édition, écrit pour diverses publications et en 1990, il publie son premier roman Esa oscura gente. Écrit01

Il enseigne présentement la littérature à Madrid à l’école de création littéraire Hotel Kakfa, et continue d’écrire pour divers périodiques. Ses romans ont reçus plusieurs prix et furent traduit en plusieurs langues. Ce qui n’est pas écrit est son premier roman traduit en français.

Bibliographie

  • Esa oscura gente (1990)
  • Autobiografía de Marilyn Monroe (2005)
  • La fórmula Omega (1998)
  • Sangre a borbotones (2006)
  • Guapa de cara  (2007).
  • Hazañas del capitán Carpeto (2005)
  • Manual de literatura para caníbales (2006)
  • Visto para sentencia (2008)
  • Todo está perdonado (2011)
  • Lo que no está escrito  (Ce qui n’est pas écrit) (2012)
  • Un árbol caído (2015)

Son profil Facebook, son compte Twitter, son blogue sur le site Hotel Kafka,

Mes commentaires

Carlos et Carmen se sont déjà aimés. Mais leur relation s'est terminée dans le drame. Et aujourd'hui, leur fils vit avec sa mère, Carmen, une femme indépendante. Le père, Carlos, n'ayant que quelques droits de visite. Les deux parents semblent avoir leurs défauts mais c'est Carlos, un aspirant écrivain, alcoolique et à tendance violente, qui semble porter tous les torts. Carmen adore son fils, Jorge, et le fait tout pour le protéger. Cependant, elle se sent un peu coupable de l'empêcher de voir son père, alors elle accepte que Carlos amène Jorge, qui a maintenant 14 ans, pour un week-end de camping afin que le père et le fils se rapprochent. Jorge aime son père mais semble terrorisé chaque fois qu'il est seul avec lui. Il a peur de le décevoir, peur de ne pas être à la hauteur. Il ne connaît pas son père et ne sait pas comment agir avec lui.

Et donc, Carlos vient chercher son fils pour un week-end qui, il l'espère, leur permettront de se retrouver, de se connaître mieux. Carlos trouve que Carmen couve trop leur fils et il veut donc que ce temps ensemble lui permettra de faire de son fils "un homme". Après le départ de son fils avec son ex-mari, Carmen découvre un manuscrit que Carlos lui a laissé. Une note lui demande le lire. Carmen commence donc à lire mais au fur et à mesure qu'elle avance dans sa lecture, l'angoisse l'envahit.

Le roman se divise en trois récits. Nous avons tout d'abord le récit du week-end de camping de Carlos et Jorge qui dérape. En parallèle, Carmen lit le manuscrit laissé par Carlos et s'inquiète de plus en plus. Et finalement, nous pouvons lire avec elle, l'histoire écrite par Carlos et qui raconte un vol et un kidnapping. Les trois histoires sont sombres, glauques, lourdes. Et même les lieux sont sordides et sinistres

Le livre est intéressant, la structure intriguante. Mais malheureusement, je n'ai pas réussi à me perdre dans le texte. Les personnages sont trop pénibles. Le fils est énervant, Carmen paranoïaque et Carlos, insignifiant. Les personnages du manuscrit sont légèrement plus intéressants, mais assez conventionnels : le truand, la victime, etc. Le style du manuscrit se démarque aussi du reste du roman, puisqu'il est en principe écrit par Carlos. C'est ce qui m'a en fait le plus intéressé du roman.

Mais je dois avouer que le roman m'a déçue. L'histoire entre Carlos et son fils est ennuyeuse. Ils ne se comprennent pas. Et on sent que l'auteur veut nous faire comprendre qu'un drame se prépare dans cette rencontre manquée entre le père et le fils. Mais au final, je ne cromprends pas trop pourquoi leur relation est présentée comme si désastreuse. À part une relation difficile entre un adolescent et son père qu'il ne connaît pas trop, ce qui est bien normal, je ne vois rien qui laisse anticiper un drame. Et donc, je ne comprends pas le drame final. C'est comme une réaction énorme de la part du fils pour pas grand chose... je sais bien qu'à l'adolescence tout est amplifié, mais j'ai trouvé cela un peu "gros" à digérer.

Et puis surtout, je n'ai pas réussi à comprendre l'angoisse de Carmen. Encore une fois on nous présente Carlos comme un père et un homme manqué. D'accord. Mais je ne vois pas ce que la lecture du manuscrit évoque en elle pour lui faire redouter le pire. Elle semble y voir le présage d'un drame, la concernant, concernant son fils. Elle y lit des menaces à peine voilées. Et si un drame arrive bel et bien, cela n'a rien à voir avec l'histoire du manuscrit. Vraiment je ne vois pas ce qu'elle voit. Alors, soit le personnage de Carmen est paranoïaque ou alors l'auteur n'a pas réussi à me transmettre ce qu'il voulait dire.

Je saisis l'idée de l'auteur et la mise en abyme du roman dans le roman, de la projection de nos peurs, etc. Mais pour moi, la lecture a été manquée et je n'ai vraiment pas vu ce qui n'était pas écrit et qu'on était supposé lire entre les lignes.

Les mots de l’auteur

« Les mariages ne se brisent pas quand on connaît la vérité de l’autre et qu’on découvre qu’il n’est pas comme on espérait. Ils se défont quand on se connaît enfin soi-même et qu’on se retrouve avec ce qu’on redoutait en secret de voir apparaître.» p. 54

« Ça, c’est tout le problème  avec la lecture, vous projetez sur le texte l’ombre de vos désirs ou de vos craintes, votre ombre à vous qui obscurcit la page jusqu’à ce que vous ne lisez plus que ce que vous vous attendez à lire, et tout parle de vous, et s’il y a une femme morte, ça ne peut pas être une simple montagne ni même une autre femme, quelle idée, il faut que ce soit vous, votre cadavre à vous, qui d’autre sinon. Vous lisez ce qui n’est pas écrit et, à partir de là, vous construisez l’auteur à la mesure de votre lecture. Car ce n’est pas l’auteur qui crée le livre, mais le contraire : c’est le livre qui, pour être lu, exige un auteur et qui par conséquent le construit à son image et à sa ressemblance.

Ce qui est écrit est toujours plein de contradictions, de changements de ton, d’impasses, d’omissions alarmantes ou de détails inutiles : seule la foi en l’auteur résout le sens de la lecture, on ne peut lire qu’en croyant qu’il y a un auteur, quelqu’un qui se rend responsable.

L’auteur est dans le livre, pas dehors. C’est le livre qui, pour être lu, nous oblige à imaginer qu’il a un auteur. Nous invitons l’auteur comme nous invitons des dieux.» p. 150

Pour en savoir un peu plus…

  • Article Wikipedia sur l’auteur en espagnol et en anglais
  • Article sur le livre dans le journal 20 minutes
  • Article dans le journal Le Huffington Post
  • Articles de Rafael Reig sur le site web du journal El Diario
  • Avis sur Babelio
  • Présentation du roman par l’auteur sur Youtube
  • L’avis de Yan sur le blogue Encore du noir !
  • L’avis de Velda sur Le Blog du polar de Velda
  • L’avis de Virginie Neufville sur la Cause littéraire
  • L’avis de Sandrine sur le blogue Tête de lecture : chroniques en partage
  • L’avis de Lucie Merval sur le site ZoneLivre.fr : l'Univers du roman policier et fantastique
  • L’avis de Philippe Lemaire sur On l’a lu : site de critiques et d’informations littéraires
  • L’avis de Jean Dewilde sur le blogue Jack is back again
  • L’avis de la Livrophile sur le blogue Conduite en état livresque
  • L’avis de Clarabel sur son blogue
  • Avis sur Cannibales lecteurs
7 août 2016

Le moment captif d'un dimanche : sur le chemin

2016-08

« La route ? Là où on va, on n’a pas besoin de route ! » [Robert Zemeckis / Retour vers le futur, Dr. Emmett Brown et Marty ]

Je vais où je veux. J’ai une idée en tête et je la suis. Avec insouciance. Mais la route penche un peu et j’ai des papillons dans l’estomac. La route est sinueuse, étroite, difficile. Un mauvais coup de volant et la voiture plonge dans le vide.

J’ai peur de m’engloutir. De sombrer dans l’inconnu. Je me redresse. Je reste sur la route. Ma route.

Je vois ma destination au loin. Mais la route s’estompe. Ma route semble s’effriter petit à petit. Il n’y a plus de route. Je suis perdue. Alors j’oublie ma route. J’oublie ma destination. Je plonge.

Et je me retrouve sur une route imaginée qui conduit à toutes les destinations. Je m’immerge de béton, de terre, de gravier. La route est magnifique, entière et suffisante. Et quand j’ai accepté le chemin, je peux le quitter et me perdre dans ma destination.

« Ce n'est pas la destination mais la route qui compte. » [Proverbe gitan ]

4 août 2016

L'ascendant d'Alexandre Postel

Ascendant02L’ascendant : roman /Alexandre Postel. — [Paris] : Gallimard, 2015. – 124 p. ; 21 cm. – ISBN 978-2-07-014908-7

Quatrième de couverture

Le narrateur, à la demande d’une psychiatre, raconte les événements qui, en l’espace de cinq jours, ont dévasté sa vie.

Tout commence lorsque ce vendeur de téléphones mobiles apprend le décès de son père, avec lequel il entretenait des rapports très lointains. Afin d’organiser les obsèques, le jeune homme se rend dans la petite ville où vivait le défunt et s’installe dans la maison paternelle. Il fait alors une découverte terrifiante qui le plonge, au fil d’un enchaînement insidieux de faux pas, dans une situation cauchemardesque.

On retrouve ici ce qui faisait la force du premier roman d’Alexandre Postel : une narration implacable et ironique, qui donne au récit la forme d’une tragédie. Le sentiment de culpabilité, au centre du texte, génère une atmosphère trouble et inquiétante : jusqu’à la dernière ligne, le lecteur hésite entre l’empathie, la révolte et l’effroi.

L’auteur

Alexandre Postel est né en 1982 à Colombes en France. Il fait ses études à Lyon et reçoit un diplôme en Lettres modernes. Il enseigne à Paris la littérature française en classes préparatoires. En 2013, il publie son premier roman, Un homme effacé, qui reçoit le Prix Goncourt du 1er roman, le Prix Ascendant01Landerneau Découvertes  ainsi que le Prix Québec-France Marie-Claire Blais.

Bibliographie

  • Un homme effacé (2013)
  • L'ascendant (2015)
  • Les deux pigeons (2016)

Mes commentaires [attention spoilers.... vous saurez tout ou presque]

Oh la la. Je vous jure que je voulais vraiment, mais alors là vraiment aimé ce roman. Et j'aurais voulu faire des commentaires positifs. Malheureusement, ce fut une lecture aussi rapide que difficile. Difficile d'aimer quand on n'arrive pas à croire à l'histoire.

Résumons un peu l'histoire et je vous avertis de nouveau, je dis presque tout. Un homme ordinaire, vendeur de téléphone de cellulaire, apprend que son père est mort. Il doit donc se rendre chez son père pour la succession et tout le tra la la qui accompagne le décès d'un parent. Cet homme banal nous raconte comment s'est déroulé ce voyage chez son père avec qui il n'avait plus que très peu de contacts. Son père était un homme solitaire, surtout depuis la mort de son épouse, et il gardait la porte du sous-sol fermée à clef. Et donc, une des premières choses que voulut faire le narrateur à son arrivée dans la maison de son père est évidemment de descendre dans le sous-sol - histoire de voir pourquoi, il ne pouvait jamais y aller - en pensant naïvement découvrir une cave à vin. Évidemment, le lecteur se doute bien que ce ne sont pas des bouteilles de vin qu'il va trouver. La quatrième de couverture nous a bien préparé : "Il fait alors une découverte terrifiante qui le plonge, au fil d’un enchaînement insidieux de faux pas, dans une situation cauchemardesque".

Et donc, on se doute tout de suite du genre de découverte qu'il fera. Ce n'est pas bien difficile à deviner et donc, je ne me sens pas coupable d'annoncer qu'il découvre une cage avec à l'intérieur une jeune femme. Il est évidemment horrifié, tente d'appeler la police, est incapable d'avoir une connexion, est pris d'un malaise, remonte, perd son téléphone, ne se sent pas la force de redescendre le chercher, décider de prendre des pilules et se couche. Il appelera demain. Et voilà. Bien sûr, le lendemain il est déjà trop tard et il hésite. Décide de la libérer lui-même, mais en attendant de la libérer - car il ne trouve pas la clef - il continue à la nourrir. Et le voilà pris dans l'engrenage. Il n'est pas seulement le complice de son père, il prend sa place.

Bien sûr, il se questionne. Il cherche à comprendre comment son père a pu faire cela, qui est la jeune femme, depuis combien de temps est-elle là. Il essaie de fouiller les souvenirs qu'il a de son père et sa relation avec lui. Il se sent coupable de l'avoir négligé. Il se dit que c'est peut-être sa faute, s'il s'était occupé plus de lui, il n'aurait peut-être pas séquestré une femme dans sa cave. Puis, il se rend compte du ridicule de son raisonnement. Et il continue d'avaler alcool, pilules et à chercher la clef pour sortir la pauvre victime de sa cage. D'ailleurs, elle semble bien s'y trouver dans sa cage, la victime. Et puis, peut-être son père voulait-il lui laisser en héritage la cage et son contenu. À la fin, il la libère, s'y prend très mal, la tue et l'enterre. Et oui, bon, ça ne pouvait que mal finir, non. Pas très surprenant comme dénouement... oh... et elle n'était pas la première occupante, non plus... pas non plus une grande surprise.

Alors, je relis l'histoire et je me dis qu'il y avait là matière à faire un bon roman. Mais j'ai été totalement incapable de croire à l'histoire. Tout d'abord, - et ça c'est la faute de l'éditeur - je me doutais avant même de commencer ma lecture de ce qui se trouvait à la cave. Ok, pas grave, je me dis, comme on nous révèle le "punch", c'est que le roman nous offrira autre chose. On plongera dans la vie du père, les questions du fils pour le comprendre, pour vivre avec l'horreur de ce que le père a fait, etc. On lira un peu ça, mais à peine. On ne saura rien du père. On n'a que le fils qui se prends dans un engrenage de procrastination. Et je ne suis pas arrivée à y croire. Il découvre une femme dans une cage dans la cave de son père mort et il n'appelle pas la police mais va plutôt se coucher en se disant qu'il appelera quand il se sera reposé et plus calme. Ben voyons donc ! Ce n'est pas tant qu'il n'a pas appelé immédiatement qui m'achale mais toutes les raisons qu'on nous donne. Il est facile de deviner pourquoi il n'a pas appelé tout de suite : parce qu'il ne veut pas dénoncer son père - même après sa mort ; il veut protéger sa propre vie, il ne veut pas subir l'enquête qui va suivre, les accusations sur son père et sur lui (on l'accusera de savoir, d'avoir été complice, etc.). Peut-être même qu'il a les mêmes travers que son père. Ça aurait été intéressant, ça.

Bon, on va me dire que c'est le but de l'auteur... de nous faire comprendre que le narrateur se ment à lui-même... peut-être mais alors, il a très mal construit son roman car je n'ai pas du tout senti ça. J'ai juste eu l'impression de lire la relation de cinq jours de procrastination interminable et peu plausible. On s'entend, je suis moi-même une procrastinatrice irrécupérable, mais je n'y aie pas cru une minute. Y'a quand même une limite à mettre ça sur le dos de la procrastination... et puis l'excuse de "je vais la sauver quand j'aurai trouvé la clef..." pas très crédible non plus. Si le personnage est supposé être aussi stupide et naïf c'est un peu trop gros pour moi. Je comprends bien que le personnage est lâche, et qu'il n'arrive pas à accepter ce que son père a fait, mais soit que le roman est trop court pour que l'auteur m'amène à croire que c'est pour ça qu'il ne passe pas cet appel, soit il manque quelque chose dans le texte. Roman sur la filiation, la culpabilité, etc.... oui, peut-être, mais en surface, vraiment en surface.

Et puis, il y a la narration. Le personnage raconte tout ça à un psychiatre - ou psychologue ou policier, je ne me rappelle plus trop. Il s'adresse à nous. On a donc des "vous le savez", et autres adresses directes. J'ai déjà lu des romans avec ce procédé narratif, mais ici, j'ai trouvé cela un peu lourd et que cela permettait d'escamoter bien des détails. Dans les critiques que j'ai lu, j'ai noté beaucoup de "glacer le sang", "rebondissements" "roman puissant, troublant, dérangeant" "effet de surprise", etc.  Et bien zéro pour moi. J'ai bien compris l'ascendant du père et du fils, mais cela ne m'a pas paru ni troublant, ni froid, ni crédible.

Le roman est vraiment court. On reste en surface, on n'approfondit rien, on ne sait rien. Certains disent que c'est le but de l'auteur... moi, je dis que c'est trop facile... On compare l'auteur à Camus, Poe... heu non...

Bon, je me trouve bien sévère... disons que ce fut une rencontre manquée.

Les mots de l’auteur

 « Ouvrir la porte de la cage, c’était tout ce qu’il y avait à faire. Encore fallait-il trouver la clef. L’obscurité de la cave ne facilitait pas mes recherches. Je me suis promis de régler au plus vite ce problème d’éclairage, mais il était plus urgent de trouver la clef. Partout, je l’ai cherché partout, dans la jarre où étaient rangées les cuillères, au-dessus du micro-ondes, à l’intérieur du frigidaire, sur les quelques étagères fixées aux murs – en vain.

J’ai écarté les bras en signe d’impuissance. J’aurais pu pourtant prévenir immédiatement la police. Il était encore temps de faire cesser la situation – terme commode, discret, sur lequel je m’appuyais pour désigner le crime dont je commençais à devenir le complice. Mais je n’ai pas prévenu la police, vous le savez, ni à ce moment ni plus tard, les faits sont connus. » p. 32

« Pour la première fois je prenais conscience de l’importance que j’avais eue, peut-être, dans la vie de mon père. Je n’avais jamais imaginé qu’il pouvait avoir besoin de moi, sans doute est-ce une chose que tout enfant a du mal à concevoir. Si je m’étais comporté autrement, si j’étais resté auprès de lui, si seulement j’étais venu le voir plus souvent, y aurait-il eu la cage ? Absurde. Ils étaient nombreux les hommes seuls, les veufs, les vieillards brouillés avec leurs enfants : ils prenaient un chien. » p. 66

Pour en savoir un peu plus…

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Quelques pages d'un autre livre ouvert...
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