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25 septembre 2016

Le moment captif d'un dimanche : mes lumineuses ténèbres

2016-10-23 « Plus on s'approche de la lumière, plus on se connaît plein d'ombres. » [Christian Bobin]

Il fait noir. On n'y voit rien. Je ne vois rien. Tu ne vois rien. Nous ne nous voyons pas. Nous marchons l'un vers l'autre. Seul le bruit de nos pas est audible. Je ne te reconnais pas. Tu ne me reconnais pas. J'ai peur. Toi aussi. Je vois une ombre s'approcher. Un monstre peut-être. Je suis épouvantée. Tu vois une ombre s'approcher. Un monstre probablement. Tu es effrayé.

L'angoisse nous enveloppe. Nous sommes remplis de cauchemars. Nous essayons de penser à autre chose. Nous cherchons la lumière. Mais la nuit nous empêche d'oublier nos peurs. Elles ne nous quittent plus. Nous avançons l'un vers l'autre, dans le noir, dans le doute, dans la nuit. Nous marchons vers l'inconnu. Nous sentons une menace invisible.

Une lumière s'allume. Les ombres autour de nous s'allongent. Elles semblent vouloir nous saisir. Elles sont terrifiantes. Elles se multiplient avec la lumière. Nous courons l'un vers l'autre. Tu tombes dans mes bras. Je bascule dans tes bras. Les ombres nous entourent. Nous n'avons plus peur.

« Si la nuit est noire, c'est pour que rien ne puisse nous distraire de nos cauchemars.» [Bill Watterson]

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21 septembre 2016

Le roi disait que j'étais diable de Clara Dupont-Monod

Roi02Le roi disait que j'étais diable : roman / Clara Dupont-Monod. — Paris : Grasset, [2014]. – 236 p. ; 21 cm. – ISBN 978-2-246-85385-5

Quatrième de couverture

Depuis le XIIe siècle, Aliénor d’Aquitaine a sa légende. On l’a décrite libre, sorcière, conquérante : « le roi disait que j’étais diable », selon la formule de l’évêque de Tournai…

Clara Dupont-Monod reprend cette figure mythique et invente ses premières années comme reine de France, aux côtés de Louis VII.

Leurs voix alternent pour dessiner le portrait poignant d’une Aliénor ambitieuse, fragile, et le roman d’un amour impossible. Des noces royales à la seconde croisade, du chant des troubadours au fracas des armes, émerge un Moyen Age lumineux, qui prépare sa mue.

L’auteur

Clara Dupont-Monod est née à Paris en 1973. Elle étudie à la Sorbonne en Lettres et obtient une maîtrise en ancien français. Elle travaille d’abord comme journaliste pour le magazine Cosmopolitan. Elle rejoint ensuite le magazine Marianne et en 2007, elle est nommée rédactrice en chef des pages Cultures. Elle travaille également pour la radio et la télévision dans diverses émissions.Roi01

Elle publie son premier roman Eova Luciole, en 1998. Elle continue à écrire et plusieurs de ses romans sont listés pour des prix littéraires. Elle obtient le prix Laurent-Bonelli Virgin-Lire pour son 4e roman, La passion de Juette ainsi que le prix Point de vue pour Le roi disait que j’étais diable.

Bibliographie partielle

  • Eova Luciole (1998)  
  • La folie du roi Marc (2000)
  • Histoire d'une prostituée (2003)
  • La Passion selon Juette (2007)
  • Bains de nuit (avec Catherine Guetta (2008)
  • Nestor rend les armes (2011)
  • Le roi disait que j’étais diable (2014)

Mes commentaires

Ce roman est tout simplement parfait. Pour moi en tout cas. Pour vous, je ne sais pas. Mais j’adore me plonger dans l’époque médiévale – peu importe l’époque, car le Moyen âge est vaste – et Clara Dupont-Monod excelle à nous raconter cette époque. Dans Le roi disait que j’étais diable, elle nous raconte Aliénor d’Aquitaine. Elle nous fait vivre sa version d’une partie de la vie tumultueuse de cette reine unique.

Aliénor est jeune, libre et l’héritière du duché d’Aquitaine. Elle est cultivée, a une éducation soignée et aime profondément son pays, l’Aquitaine. Après la mort de son père, Guillaume X, duc d’Aquitaine, elle épouse, en 1137, à l’âge de 15 ans, le futur roi de France, Louis VII. Aliénor est belle, elle sait ce qu'elle veut, ce qu'elle aime et ce qu'elle croit. Elle est indépendante, orgeuilleuse, imprévisble et forte. Elle sera aimée mais aussi détestée. On aura peur de cette liberté, cette envie de vivre pleinement. Elle est différente. On dira d'elle qu'elle est une fée maléfique, un diable et qu'elle a ensorcellé le roi. Qui lui l'aimera malgré tout. Et malgré elle. Elle ne voulait pas de ce mariage, elle ne comprend pas ce roi et ce peuple qu'elle trouve rigide, , rustre, froid, pieux, ennuyant. Elle vit pour l'Aquitaine, la passion, l'art, l'amour courtois, la liberté.

L'auteur nous raconte la rencontre entre ces deux personnages si loin l'un de l'autre. Elle imagine leurs pensées, leurs peurs, leurs espoirs, leurs soupirs. On suit ensuite les personnages dans les premières années de cet improbable mariage. Elle reprend les moments connus : arrivée à Paris, conquête de Poitiers, incendie de Vitry-en-Perthois, croisades, ... Et nous offre la vision d'Aliénor puis celle de Louis VII et enfin d'autres personnages.

Le tout est romantisé. Évidemment. Comment savoir ce qu'ils pensaient vraiment, ce qu'ils ressentaient. Mais l'auteur connait bien son "matériel" : l'époque, les personnages historiques, etc. Je suis loin d'être une experte, mais j'ai quand même beaucoup lu sur l'époque. Et j'ai lu quelques ouvrages sur Aliénor d'Aquitaine. Et j'ai vraiment senti que Dupont-Monod avait réussi a faire vivre cette époque. Une époque beaucoup plus vivante que l'on ne le croit souvent. Et Aliénor m'apparait aussi très réaliste, un brin idéalisé, mais pas trop. Elle est plus grande que nature, guerrière, et aime les plaisirs de la vie. Et Louis est un peu malmené mais pas trop. Il est faible, pieux et austère. L'auteur nuance quand même ses personnages même si son idée directrice est claire. Aliénor est la star du roman. Et elle est parfaite même dans ses faiblesses. C'est un personnage mythique. Et comme tout mythe, elle est surtout un symbole. Sa vie, pourtant bien réelle, semble parfois un brin merveilleuse, légendaire, fabuleuse.

Je ne dis pas grand chose de l'histoire. C'est l'histoire d'une jeune fille qui épouse un jeune homme. C'est l'histoire de de deux solitudes qui n'arrivent pas à se rencontrer et à se comprendre. C'est une histoire d'amour à sens unique. Et tout ça sur fond de guerres, croisades, conquêtes, massacres, sang, cris et souffrances, ... Et l'auteur nous présente tout ceci dans un roman doux, léger, fluide et enivrant. Mais qui garde aussi un fond historique, brutal, réaliste et qui oscille entre troubadours, prières et guerre sainte.

J'ai adoré le texte et surtout l'écriture de Clara Dupont-Monod. Et j'ai aimé sa façon de s'approprier l'Histoire pour faire vivre des vies et des histoires.

Les mots de l’auteur

« On parlait de moi. La voici, celle qui possède dix fois le royaume de France. Celle qui donne des ordres, chevauche comme un homme et ne craint pas le désir qu’elle suscite. Qui colore ses robes. N’attache pas ses cheveux. Porte des souliers pointus. Qui donne l’argent du royaume à des poètes venus d’en bas. La petite-fille de ce fou de Guillaume, sorcière qui a grandi en écoutant des textes obscènes, tandis que le roi, ce sage, s’est nourri des phrases sacrées. Je suis le poison, la faute, l’immense faute de Louis.» pp. 58-59

 « Les gens se déguisent, chevauchent des bâtons, conduisent des rondes autour des tombes… Ils font la fête au cimetière ! Ma Dame, est-ce que vous vous rendez compte ? me presse-t-il en écarquillant les yeux. Mais comment lui expliquer que ces farandoles relient les vivants aux morts ? On danse, mais oui l’abbé. On appelle du corps ceux qui n’en ont plus. On rit aussi, et on taquine, en espérant que les morts souriront. Les hommes d’Église voudraient briser ce lien et faire du cimetière un lieu hostile, coupé des vivants.» p. 128

Pour en savoir un peu plus…

18 septembre 2016

Le moment captif d'un dimanche : tête à tête

2016-09-18Having a sister is like having a best friend you can’t get rid of. You know whatever you do, they’ll still be there.” [Amy Li]

Elles s'aiment mais ne peuvent s'endurer. Hier, elles jouaient ensemble. Aujourd'hui, elles se chamaillent et s'affrontent. Elles se crient après puis elles s'embrassent. Les rivalités, les jalousies, les querelles. Les rires fous, la solidarité, l'amour inconditionnel.

Elles s'aiment à la folie, les petites soeurs. Même si elles ne peuvent se supporter. Elles se poussent, elles veulent de la tranquilité. La plupart du temps, elles ont envie d'arracher la tête de l'autre. Et puis, elles tombent dans les bras l'une de l'autre. Elles pleurent ensemble, se consolent, écoutent les peurs, les joies, les larmes. Elles ne pourraient vivre sans l'autre.

Elles ne se comprennent pas toujours. Et voudraient secouer l'autre, lui faire comprendre les choses. Puis, elles soupirent et se prennent dans les bras. Elles s'aiment comme elles sont. Les petites soeurs. 

If you don’t understand how a woman could both love her sister dearly and want to wring her neck at the same time, then you were probably an only child.” [Linda Sunshine]

12 septembre 2016

Les jeunes mortes de Selva Almada

mortes1Les jeunes mortes / Selva Almada ; traduit de l’espagnol (Argentine) par Laura Alcoba. — Paris : Éditions Métailié, 2015. – 139 p. ; 22 cm. – ISBN 979-10-226-0139-9

Titre original : Chicas muertas

Quatrième de couverture

Années 80, dans la province argentine : trois crimes, trois affaires jamais élucidées qui prennent la poussière dans les archives de l’histoire judiciaire. Des “faits divers”, comme on dit cruellement, qui n’ont jamais fait la une des journaux nationaux.

Les victimes sont des jeunes filles pauvres, encore à l’école, petites bonnes ou prostituées : Andrea, 19 ans, retrouvée poignardée dans son lit par une nuit d’orage ; María Luisa, 15 ans, dont le corps est découvert sur un terrain vague ; Sarita, 20 ans, disparue du jour au lendemain.

Troublée par ces histoires, Selva Almada se lance trente ans plus tard dans une étrange enquête, chaotique, infructueuse ; elle visite les petites villes de province plongées dans la torpeur de l’après-midi, rencontre les parents et amis des victimes, consulte une voyante… Loin de la chronique judiciaire, avec un immense talent littéraire, elle reconstitue trois histoires exemplaires, moins pour trouver les coupables que pour dénoncer l’indifférence d’une société patriarcale où le corps des femmes est une propriété publique dont on peut disposer comme on l’entend. En toute impunité.

À l’heure où les Argentins se mobilisent très massivement contre le féminicide (1808 victimes depuis 2008), ce livre est un coup de poing, nécessaire, engagé, personnel aussi. Mais c’est surtout un récit puissant, intense, servi par une prose limpide.

L’auteur

Selva Almada est née à Entre Ríos en Argentine en 1973. Elle commence des études en publicité puis mortes2décide d’étudier en littérature à Paraná. Pendant deux ans, elle dirige la revue CAelum Blue.

En 2003, elle publie un recueil de poésie, Mal de muneñas. Elle publie ensuite deux recueils de récits, puis en 2012, elle publie son premier roman El viento que arrasa.

En 2010, elle reçoit une bourse du Fonds national des Arts d’Argentine afin de travailler à un projet sur le féminicide. Elle dirige des ateliers d’écriture à Buenos Aires.

La page Facebook de l’auteure, blogue de l’auteure : Una chica de provincia.

 Bibliographie partielle

  • Mal de muñeca (poésie) (2003)
  • Niños (récits) (2005)
  • Una chica de provincia (récits) (2007)
  • El viento que arrasa (Après l’orage) (2012)
  • Ladrilleros (2013)
  • Chicas muertas (Les jeunes mortes) (2014)

Mes commentaires

Quel texte percutant. Le livre de Selva Almada n'est pas vraiment un roman. L'auteur nous propose dans son livre, le résultat de ses enquêtes sur trois crimes, trois meutres de femmes ayant eu lieu dans son pays. Et à travers ces enquêtes, elle nous livre ses réflexions sur le problème des crimes et de la violence contre les femmes en Argentine. C'est un livre  sobre mais très touchant et très difficile à lire. Elle nous livre un témoignage sur la position de la femme en Argentine et surtout sur la banalisation des crimes contre la femme. Les trois crimes dont elle a choisi de nous parler n'ont jamais été élucidés et sont devenus des faits divers parmi tant d'autres.

Les trois crimes racontés par Alamada ont eu lieu dans les années 80. L'auteur a choisi de parler principalement de María Luisa, Andrea et Sarita. Elles avaient entre 15 et 20 ans. Les corps des deux premières ont été retrouvés mais on a jamais retrouvé Sarita. Trois histoires parmi des milliers. L'auteur nous parle de ces femmes et de leurs vies. Elle nous raconte ce qu'elles étaient. Entièrement. Même leurs défauts, leurs folies, leurs erreurs. Car rien ne peut justifier que ces femmes ont été violentées et tuées. Ces femmes étaient belles, laides, normales, banales, ordinaires, uniques.

Le but de l'auteur est de tout d'abord faire vivre à nouveau ces femmes, de ne pas les oublier. Et elle part à la rencontre de ces femmes. Elle interroge proches, amis, famille, policiers. Elle enquête. Froidement. Mais on sent le malaise partout. Le silence est assourdissant. Et la mort enveloppe tout. Mais le but d'Almada est aussi de dénoncer les auteurs de ces crimes, les hommes. Le père, le frère, l'oncle, le petit ami, le patron... Jalousie, contrôle, violence, pouvoir, incompréhension... Ce texte est brutal.

Dans son enquête, l'auteur touche aussi à sa propre mortalité. Le texte de Selva Almada est bref, percutant et très personnel. L'auteur livre ses émotions, son questionnement, son incompréhension, sa colère dans son récit de la vie et de la mort de ces trois femmes. Elle ira même voir une voyante pour aller à la rencontre des victimes. Cela peut sembler étrange mais non... l'auteur cherche ses réponses partout. Elle veut comprendre. Et elle espère. 

La conclusion de l'auteur est tranchante. Rien ne peut expliquer ces crimes et surtout le silence et l'indifférence qui les entoure. Et rien n'a changé. Encore aujourd'hui les fémicides sont choses courantes en Argentine - mais aussi dans nombres de pays. Et la façon dont on traite ces crimes n'a également pas changé, que ce soit une agression, un viol, un meutre, les crimes contre les femmes demeurent majoritairement impunis. La corruption des autorités, le pouvoir de l'argent, l'incrédulité des gens, la peur et le silence des populations et même des victimes et de leur famille, rien n'a changé. Cela changera-t-il un jour ?

Les mots de l’auteur

« Je ne savais pas qu’on pouvait tuer une femme seulement parce qu’elle est une femme, mais j’avais entendu des histoires qu’avec le temps j’ai mises bout à bout. Des anecdotes qui n’avaient pas conduit à la mort, mais qui révélaient la misogynie, les abus, le mépris dont les femmes sont victimes. » p. 18

 «Telle est peut-être ta mission : rassembler les os des jeunes filles, les recomposer, leur donner une voix pour les laisser ensuite courir librement quel que soit l’endroit où elles doivent se rendre. » p. 42

Pour en savoir un peu plus…

 

4 septembre 2016

Le moment captif d'un dimanche : arrogance ou humilité

2016-07-19"La fierté et la bêtise sont faites du même bois." [Proverbe allemand]

Il ne sait pas s'il devrait être fier ou s'il est devrait se sentir honteux. Il aime bien pavaner. Mais il sait qu'il n'est pas unique. Il est fort, robuste et ancestral. Il fait parti d'une lignée majestueuse et fière. Il se bat régulièrement pour prouver qu'il est redoutable. Et il se battra jusqu'à son dernier souffle.

Mais il sait qu'il n'est pas exceptionnel. Il y en a d'autres. Tout aussi fiers et magnifiques. Il se sent un peu sot de parader ainsi. Pour qui se prend-il à la fin ? Il n'est pas meilleur que les autres. La vanité n'est pas jolie. Il se sent coupable. Il devrait être humble. Et il pourrait simplement se reposer. Oublier de tenir sa tête haute. Se fondre dans le troupeau. Laisser les autres prendre la place, se battre, protéger et mener.

Il relève la tête. Il ne peut cacher sa fierté. Il s'est battu pour arriver là. Il a travaillé fort. Il est peut-être fou d'avoir fait tout ça, d'avoir tant fait d'efforts, tant de sacrifices, mais il ne regrette rien. Il est fier de sa vie, fier de ses accomplissements, fier d'avoir pu protéger les siens. Il aurait pu avoir une autre vie, mais il est fier de celle qu'il a eu.

"Il y a une dignité à vieillir comme on a vécu." [Pierre-Henri Simon]

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1 septembre 2016

Au péril de la mer de Dominique Fortier

peril2Au péril de la mer / Dominique Fortier. — [Québec (Québec)] : Alto, [2015]. – 171 p. ; 21 cm. – ISBN 978-2-89694-225-1

Quatrième de couverture

Aux belles heures de sa bibliothèque, le Mont-Saint-Michel était connu comme la Cité des livres. C’est là, entre les murs gris de l’abbaye, que trouva refuge, au quinzième siècle, un peintre hanté par le souvenir de celle qu’il aimait. C’est là, entre ciel et mer, que le retrouvera cinq cents ans plus tard une romancière qui cherche toujours le pays des livres. Ils se rencontreront sur les pages d’un calepin oublié sous la pluie.

Avec ferveur et intelligence, Dominique Fortier grave dans notre esprit un texte en forme de révélation, qui a la solidité du roc et l’ivresse des navires abandonnés. À la fois roman et carnet d’écriture, Au péril de la mer est un fabuleux hommage aux livres et à ceux qui les font. 

L’auteur

Dominique Fortier est née en 1972 à Québec. Elle étudie en littérature française à l’Université McGill de Montréal et y obtient son doctorat. Elle travaille comme réviseuse, traductrice et éditrice. En 2008, elle publie son premier roman, Du bon usage des étoiles, qui sera en sélection pour de nombreux prix. Il remportera le Prix Gens de mer du Festival Étonnants voyageurs en 2011.

Elle poursuit sa carrière de traductrice et d'éditrice tout en continuant d'écrire des romans. Elle vit aujourd'hui à Montréal.

peril1Bibliographie partielle

  • Du bon usage des étoiles (2008)
  • Les larmes du Saint Laurent (2010)
  • La porte du ciel (2011)
  • Révolutions (2014)
  • Au péril de la mer (2015)

Mes commentaire

Et oui, une "lecture sauvetage"... Et pourtant, les autres livres de Dominique Fortier sortent bien. Mais celui-ci... boudé complètement par les abonnés de la bibliothèque. Alors, j'ai dû le lire, surtout qu'on parle ici du Mont-Saint-Michel, endroit où j'ai versé quelques larmes quand je l'ai vu. J'avais tellement hâte et en même peur de le voir. Parfois voir les lieux qui nous appellent depuis des années n'est pas facile et même décevant. Quéribus m'a ensorcelée, mais le Mont-Ségur m'a laissée déçue. Enfin, tout ça pour dire que le Mont-Saint-Michel est dans mon cœur et j'avais très envie de lire le livre de Fortier. Et de le sauver.

Est-ce que ce fut une rencontre heureuse ? Oh que oui ! Un roman ensorcelant, et terriblement personnel pour l'auteure qui a laissé un peu d'elle-même dans les pages de son livre et au Mont-Saint-Michel. Car elle aussi elle a un attachement particulier avec le Mont.

Le livre a pour point central le Mont-Saint-Michel, parfois au XVe siècle et parfois aujourd'hui. Au XVe siècle, nous retrouvons Éloi, un peintre, qui survit tant bien que mal à une peine d'amour tragique et qui cherche refuge au Mont. L'histoire d'Éloi est triste, douce et fort prenante. Nous découvrons le Mont au XVe siècle à travers les yeux de cet homme rongé par le chagrin. Les mots de l'auteur sont poétiques et envoûtants. Les émotions d'Éloi semblent réelles et l'époque nous apparaît vivante. On se laisse envahir par l’atmosphère du Mont et par la peinture et les livres.

L'histoire d'Éloi est entrecoupée des réflexions personnelles de l'auteur. Elle nous parle du Mont, bien sûr, mais aussi de mots, d'écriture, de livres, de sa vie, de sa famille, de ses souvenirs, ses espoirs et ses peurs. Certains ont trouvé ces passages trop personnels et brisant le rythme du récit principal. Je ne suis pas d'accord. Oui, l'auteur semble nous livrer des pages d'un journal intime. Elle expose sa vie, ses réflexions. Mais je n'ai jamais senti que j'étais une voyeuse ou que l'auteure était une exhibitionniste. Ses réflexions m’ont semblé se coller doucement à l’histoire d’Éloi ; les souligner et les compléter.

Ce roman est une ode au Mont-Saint-Michel, à l’art et à la vie. C’est un peu kétaine comme phrase, je le sais et je l’assume, mais cela résume bien ce que j’ai ressenti à la lecture du roman de Fortier.

Les mots de l’auteur

« J’ai passé vingt-cinq ans sans le revoir. Quand le temps est venu d’y retourner, j’ai commencé par suggérer que nous n’y allions pas : nous avions peu de temps avant de rentrer à Paris ; on annonçait de la pluie il y aurait sans doute des hordes de touristes. En vérité, j’avais peur, comme chaque fois qu’on revient sur les lieux de son enfance, de les trouver diminués, ce qui signifie deux choses l’une : ou bien ils ne nous étaient apparus grands que parce que nos yeux étaient petits, ou bien nous avions perdu en route la faculté d’être ébloui, deux contestations également accablantes. Mais il n’avait pas changé, et moi non plus.» p. 7

«Plus que des maisons de pierre et de bois, nous habitons d’abord des cabanes de mots, tremblantes et pleines de jours. On dit je t’aime pour se réchauffer ; on dit orange, et l’on se sent les doigts ; on dit il pleut pour le plaisir de rester à l’intérieur, pelotonné près de la lumière du mot livre. (Livre, qui vient de liber : la partie vivante de l’écorce d’un arbre, mais aussi liberté.)

Bien sûr le monde est là, les choses existent, mais on peut toujours les changer ou les faire disparaître en un claquement de doigts ; en disant je ne t’aime plus. Ou, je crois » p. 43

« Tu ne feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre.

Que reste-t-il donc une fois cette liste écartée, si ce ne sont les créatures fabuleuses dont Anna peuplait ses tapisseries ? Elles n’appartenaient ni au royaume des cieux, ni à la terre, la plupart étaient tissues de son imagination. Ainsi, seuls ces monstres ne seraient pas une offense à Dieu ? » p.125

Pour en savoir un peu plus…

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