Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Quelques pages d'un autre livre ouvert...
Archives
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 786 919
Quelques pages d'un autre livre ouvert...
21 mars 2008

Les archives de Pauline: La danse du vendredi soir

Dans un petit village québécois, il y a peu de possibilités pour se distraire. Et pour une jeune fille vivant dans ce petit village pris dans des années 50 qui ne semblaient pas vouloir se terminer, il y avait peu de distractions qui en valaient la peine. Elle avaitVendredi grandi dans ce village. Elle y avait joué, été à l’école, puis travaillé. Elle y avait des amies. Et y vivait avec ses parents, ses frères et ses soeurs. Ensuite, elle déménagera avec toute sa famille dans la « grande ville ». Il y aura alors beaucoup plus de distractions.

Car la jeune fille aimait sortir et surtout danser. À chaque fois qu’elle le pouvait, elle se maquillait, se coiffait, s’habillait et allait danser. Elle adorait danser. Depuis des années déjà qu’elle dansait. Elle et son grand frère avaient même gagné des concours de danse. Ils se pratiquaient beaucoup. Danser à cette époque voulait habituellement dire danser en couple. Des chansons lentes, des chansons rapides… l’homme et la femme dansant ensemble.

Et elle aimait danser. Alors que ce soit dans son petit village ou dans la grande ville, elle trouvait toujours moyen d’aller danser. Les vendredis soirs étaient habituellement soirées de sorties. Elle se pomponnait et partaient avec ses amies pour une soirée de danse et de flirts innocents… enfin, selon ses dires.

Elle se maquillait, se faisait des coiffures agrémentées de postiches et mettait ses plus belles robes. Petites robes à bretelles… évidemment sa mère l’obligeait à couvrir ses épaules d’un petit manteau. Qui disparaissait habituellement aussitôt le coin tourné.

Elle sortait à chaque semaine. C'était une tradition à laquelle elle tenait. La danse du vendredi soir était presque obligatoire. C'était l'occasion d'oublier la semaine, de se mettre belle, de rire avec ses amies, de rencontrer de jeunes hommes et de danser, danser, danser.

Pas question de manquer une danse du vendredi soir. Et donc, elle se devait de sortir tous les vendredis. Mais il y avait des vendredis différents. Le vendredi saint, par exemple. Elle ne voyait pas de différence, mais sa mère n'approuvait pas du tout. Le vendredi saint, c'est sacré. C'est la passion, c'est la mort de Jésus... c'est un moment de silence, de prière et de recueillement... pas un moment pour s'amuser et danser.

Mais la jeune fille ne voulait pas manquer un seul vendredi. Et donc, elle di à sa mère qu'elle était une adulte, qu'elle travaillait et qu'elle était assez vieille pour savoir ce qu'elle faisait.  Elle sortait ce soir. Ces amies l'attendaient. Sa mère de lui dire alors, que si elle sortait en ce vendredi soir, elle rencontrerait le diable. Le diable profitait de la faiblesse des jeunes filles qui aimaient danser pour les  séduire et les enlever. Si elle sortait ce soir, un grand homme sombre, séduisant et mystérieux  lui demanderait pour danser. Et ce bel inconnu serait le diable en personne.

Rire de la jeune fille. Superstitions de bonnes femmes. Elle sortirait ce soir. C'était un vendredi comme tous les autres. Rien ne l'empêcherait d'avoir du plaisir et de danser. Elle se prépara et partit rejoindre ses amies. La soirée était fantastique. De la bonne musique, et du potinage entre copines. Et puis soudainement, la musique changea. Une musique lente et sensuelle... elle se tourna vers la piste de danse. Et elle l'aperçut. Un grand jeune homme aux cheveux noirs se dirigeait vers elle. Il était grand, séduisant, extrêmement beau... et mystérieux.

Elle se redressa, sourit et attendit qu'il s'approche. Elle savait qu'il venait lui demander pour danser. Elle était jeune, belle et dansait si bien. Et voilà que ce bel inconnu qu'elle n'avait jamais vu auparavant s'approchait d'elle. Toutes les filles de la salle le regardait et enviait la jeune fille. Il était si beau. Mais alors qu'il était tout près d'elle, les paroles de sa mère surgirent soudainement à son esprit.  Elle tenta de les chasser... c'était des superstitions, des racontars, des histoires pour faire peur aux jeunes afin de les empêcher de s'amuser. Mais alors qu'il lui demandait sensuellement si elle voulait danser avec lui, elle ne trouva pas la force de faire taire la voix de sa mère... et s'entendit refuser l'invitation. Ses amies furent complètement renversées... Elle-même était incapable de comprendre sa réponse. Elle regarda le séduisant jeune inconnu aux cheveux noirs rebrousser chemin. Il se dirigea vers une autre jeune fille qui dansa avec lui toute la soirée...

Elle ne le revit plus jamais. On disait qu'il était un cousin en visite... on ne savait pas bien de qui il était le cousin, mais il venait d'une autre ville. Il était beau, mystérieux et savait danser... le diable en personne !

 

Publicité
16 février 2008

Les archives de Pauline: Faire des boudins

Vous avez peut-être remarqué dans un texte précédent des « Archives de Pauline », les photos d’une petite Pauline. Sur ces photographies, elle porte fièrement de magnifiques cheveux frisés… en boudins. Elle était très Boudinsfière de ses boucles longues en spirale. Mais elle n’aimait pas du tout se faire faire ses boucles. C’était un long processus qui débutait le soir alors qu’elle commençait par se laver les cheveux. Ensuite quand les cheveux étaient encore humides, mais bien peignés, d’abord par elle, puis par sa mère qui avait une main un peu plus vigoureuse, les boudins pouvaient être commencés. Sa mère prenait des linges qui avaient été préalablement déchirés en bandelettes de quelques centimètres de large. Les bandelettes devaient être assez longues pour pouvoir y enrouler les mèches de cheveux.

Chaque mèche humique était ensuite fortement tirée, lissée et enroulée sur une bandelette de linge qui était ensuite nouée. Sa mère travaillait vigoureusement à cette tâche fastidieuse. Une mèche après l’autre… un long travail ennuyeux, légèrement douloureux et qui était marqué par la petite baboune de la petite Pauline. Pendant que sa mère enroulait ses mèches, Pauline faisait son propre boudin. Mais discrètement. Car il ne fallait pas que sa mère la voit bouder. Ça ne se faisait pas…

Une fois chaque mèche enroulée sur sa bandelette et bien nouée, il fallait ensuite passer toute la nuit pour que les cheveux soient bien secs et par le fait même bien frisés. Et il fallait donc tenter de dormir, le corps bien droit, le cou bien raide,  avec toutes ses bandelettes sur la tête, en prenant bien soin qu’elles ne se dénouent pas. Pour que le lendemain, quand chaque bandelette était dénouée et enlevée, la mèche ait une belle forme de spirale bien longue… un beau boudin… Et la chevelure était maintenant toute bouclée ! Et la petite Pauline était bien contente d’avoir souffert pendant toute une soirée et toute une nuit ! Et son attitude maussade et obstinée de la vieille s’envolait. Jusqu’à la prochaine séance de coiffure où faire du boudin était toujours associé à la confection des boudins !

21 janvier 2008

Les archives de Pauline: ses anniversaires sans elle

Si nous pouvions disposer de l'immortalité, c'est notre mère que, la première, nous rendrions immortelle.

[Philippe Gerfaut]

 

68_ans

Encore un an de plus. Et à 68 ans, tu nous aurais sûrement
encore dit que tu étais trop vieille.
Il est vrai que tu n'aimais pas la vieillesse en général et
ta vieillesse en particulier.

J'aurais aimé te surprendre avec un cadeau et sûrement des fleurs...
tu aimais beaucoup les fleurs, surtout en janvier.
C'est que tu aimais tout de même les anniversaires,
malgré tout... en cachette.

Tu attendais les appels et les cartes.
Mais sans oublier de dire qu'il n'était pas nécessaire
de souligner les années
qui s'accumulaient sur ton visage et sur ton corps.
Peut-être un peu de coquetterie dans tout cela
même si tu avais réellement peur de la vieillesse...

Si j'avais pu je t'aurais offert la santé et la jeunesse
avec mes fleurs... et seulement ensuite
je t'aurais donné l'immortalité...

25 octobre 2007

Les archives de Pauline: Chasser les chauves-souris

Quand elle était petite, elle aimait bien jouer. Elle avait beaucoup de responsabilités mais elle avait tout de même le temps pour quelques jeux. Parfois, elle suivait son grand frère – qui avait une année de plus qu’elle – dans la grange pour faire la chasse aux chauves-souris. Ou bien était-ce dans la « shop » ou la « shed »? Je ne sais plus trop. Mais je sais qu’ils y allaient souvent. Avec d’autres amis. Je ne me souviens plus non plus s’ils avaient le droit d’y aller. Mais j’ai vaguement le souvenir que non.CV

Et donc, un jour – ou était-ce un soir ? Cela aurait plus de sens si c’était un soir, mais cela me surprendrait aussi beaucoup, car je ne crois pas qu’elle aurait pu jouer dehors le soir, mais une chose est certaine, il faisait sombre dans le lieu-dit. Enfin… reprenons : Un jour, elle jouait dans la grange avec son frère et ils chassaient les chauves-souris. Les armes utilisées pour chasser les chauves-souris étaient des bâtons, des branches, des balais et surtout des bâtons de base-ball. Le but étant de frapper les chauves-souris. Jeu cruel comme beaucoup de jeux d’enfants. Mais pour leur défense, il était très rare qu’ils réussissent à même effleurer les chauves-souris. Les chauves-souris ayant nettement l’avantage dans cette lutte. Question d’ultrasons. Elle m’a dit que c’était presque impossible de les toucher et que c’était faux que les chauves-souris s’accrochaient aux cheveux. J’ai vérifié dans une encyclopédie. Il est en effet totalement vrai que c’est faux.

Ils courraient dans le bâtiment sombre à la poursuite de souris ailées. Il est plus facile de chasser un animal nocturne dans la noirceur. C’est plus excitant aussi. Mais cela rend les choses difficiles. Et alors qu’ils courraient dans tous les sens, son frère, qui voulait frapper une chauve-souris qui virevoltait, lui donna un grand coup de bâton de base-ball sur la tête. Elle m’a dit qu’elle avait vraiment vu des étoiles.

Elle s’est effondrée et a nettement pu voir de belles étoiles devant ses yeux et partout dans la grange avec quelques tâches noires qui semblaient rire, probablement les chauves-souris qui se moquaient de la situation. Enfin, c’est ce qu’il lui sembla, en fait, elle dit que c’était plus comme une résonance proche du son de cloches. Elle fut donc complètement sonnée et étoilée. Évidemment… ce fut la panique. Son frère convaincu de l’avoir tuée… les parents paniqués l’amenant dans la maison. Je ne me souviens plus s’il y a eu hôpital ou médecin, mais je me souviens qu’elle m’a dit avoir eu une belle grosse prune sur la tête comme Fred Flintstone dans les Flintstones. Et que son frère a été un peu moins turbulent pendant quelques temps… il avait vraiment eu peur de l’avoir tuée. Il fut aussi pendant quelques jours un peu plus prévenant avec elle. Pas longtemps… le temps d’oublier avoir blessée sa petite sœur. Elle soigna longtemps sa belle bosse et jouit quelques jours des attentions de tout le monde. Puis, elle retourna jouer dehors, mais elle n’est plus retournée chasser les chauves-souris.

16 septembre 2007

Les archives de Pauline: Croûtes de pain secrètes

Il m’arrive de faire des sandwichs. Et des rôties. Cela est parfois ardu de trouver du pain tranché qui remplisse tous les critères nécessaires à un bon sandwich ou à des « toasts » bien rôties, mais on arrive à trouver du pain potable. Quand je mange mon sandwich, il m’arrive de laisser des morceaux de la croûte du pain. Quelques miettes seulement, mais il est rare que je vais manger toutes les croûtes. Ce n’est pas que je n’aime pas les croûtes, même si elles sont souvent très sèches. Et je pourrais facilement acheter du pain tranché sans croûte. Très facile à trouver dans les épiceries de Barcelone. Je préfère mon pain tranché avec une croûte car cela m’offre le choix de les manger ou d’en laisser des morceaux.

CroutePainOn ne m’a jamais obligé à manger mes croûtes de pain, ou même à finir mon assiette. Si je n’avais plus faim ou si je n’aimais pas ce qu’il y avait dans mon assiette, ma mère me disait tout simplement de laisser ma nourriture dans mon plat. Et si je ne voulais pas manger mes croûtes, elle me disait d’abord de terminer mon sandwich, mais elle ne m’obligeait pas à manger ces bouts de pain que je laissais dans mon assiette. Et j’avais tout de même droit à un dessert, même s’il restait des croûtes de pain de mon sandwich.

Mes croûtes de pain étaient connues de ma mère, ses croûtes de pain avaient été secrètes. Il n’y avait pas beaucoup de pain quand elle était petite. Il y avait toujours de la nourriture sur la table et ils n’avaient jamais manqué de pain, de viande, ou de légumes. Mais il n’y avait pas non plus de surplus. Et il ne fallait pas gaspiller. C’est bien normal. Une grande famille, un père qui travaillait dur pour peu de sous. Ce qu’il y avait dans l’assiette, il fallait le manger. Même quand on n’aimait pas ça. C’était un péché que de laisser de la nourriture dans son assiette. Et surtout du gaspillage.

Mais quand on est une petite fille, même si on sait tout cela et qu’on le comprend en bonne petite fille sage… quand on n’aime pas ce qu’il y a devant nous, on n’a tout simplement pas envie de le manger. Surtout si on veut du dessert. Et donc, que faire ? Se forcer à tout manger ? Même quand on a plus faim ou surtout, même quand on déteste ça ? Laisser dans son assiette et subir les reproches de sa mère et de son père ? Ou tout simplement cacher les morceaux de nourriture non mangés et non désirés sous la table, sur le pratique rebord intérieur qui semble conçu tout exprès pour cette fonction.

Et donc, morceaux de viande, légumes et croûtes de pain se retrouvèrent rapidement sous la table bien cachés. Ils furent parfois oubliés et ensuite retrouvés dans un état peu appétissants… Et la petite fille se sentit parfois bien coupable de gaspiller ainsi de la nourriture. Elle s’en confessa, se sentit mieux et recommença lorsqu’elle ne se sentait le courage de manger ce qu’elle avait dans son assiette.

Et elle se promit que si elle avait un jour des enfants, elle ne les obligerait pas à finir leur assiette et elle permettrait les croûtes de pain non mangées. Et chaque fois que je mange un sandwich, j’exerce mon droit de laisser quelques croûtes de pain dans mon assiette, même quand j’aurais pu les manger…

Publicité
21 août 2007

Les archives de Pauline: Un prénom parmi d'autres

Ma mère n'aimait pas beaucoup son prénom. Elle ne le détestait pas carrément, mais elle ne l'appréciait pas non plus. Il fautPauline dire que la plupart des gens le prononçait d'une façon très fermée... un "ôôô" à la place du "au"... et que à son époque, il y en vait des petites filles avec ce prénom. Il est devenu rapidement désuet, voire "kétaine" comme on dit ici... et synonyme d'une époque du Québec.

Elle n'aura jamais connu la renaissance de son prénom... si on regarde les statistiques, apparamment qu'il a connu un regain de popularité et beaucoup de petites filles ont à présent ce nom... il redevient petit à petit commun je suppose.

Elle le préférait tout de même à son véritable prénom. Car une coutume veut que nous portions le dernier prénom de la liste sur notre baptistère - quand liste il y a. Sur la plupart des baptistères québécois, pendant longtemps, le premier prénom d'une petite fille était

"Marie". Les garçons portant le nom de "Joseph". Moi-même, je porte ce premier prénom... nous sommes un peuple avec des racines catholiques, il faut bien croire.

Le deuxième prénom de ma mère, "Anna", ne l'enchantait pas non plus. Elle le trouvait jolie, mais elle n’aimait pas la façon dont la plupart des gens le prononçaient… pire que son prénom. Et pour avoir un prénom qui se termine par un « a », je sais de quoi elle parle… le « a » devient rapidement un « âââ » non loin d’un « ô ». Et donc, on passe sur les deux premiers prénoms. Le troisième est celui que tout le monde avait choisi de l’appeler, mais le dernier – et donc celui qui était officiellement son prénom – était Yvette. Le nom de sa marraine. Et elle aimait encore moins ce prénom que le 3e… et donc, elle se contentait du 3e prénom, même si elle ne l’aimait pas beaucoup.

Pauline2Pourtant je trouve qu’il était joli ce prénom… Pauline… Il lui donnait un air taquin, je trouve. « Ma maman s’appelle Pauline »… que je disais à l’école. Mais elle ne l’aimait pas beaucoup…

Mon père qui le prononçait avec son accent espagnol avait même réussi à le faire écrire « Paoline » sur les chéquiers qu’ils partageaient !!! Au grand désespoir de ma mère. C’est qu’en espagnol, on prononce les voyelles séparément et donc quand on lui avait demander le nom de son épouse pour le mettre sur les chèques, il avait dit bien tranquillement, Paouline… pour bien séparer le a du o (qui se dit ou en espagnol) et donc résultat… Paoline sur les chèques… au moins, il n’avait pas dit Paulina… Car si le a est bien prononcé en Espagne, au français, elle aurait eu droit à des Pôôôlinâ ou quelque chose du genre.

Les goûts cela ne se discute pas, mais je soutien encore aujourd’hui qu’elle avait tort… son prénom était très jolie… et même toute la série… Marie Anna Pauline Yvette. Mais pour ses archives, je me contenterai de son 3e prénom qui demeure le seul officiel et le plus joli… Pauline

18 août 2007

Les archives de Pauline: Je blâme ouvertement ma mère

Je n’aime pas lui faire des reproches. On a parfois tendance à oublier les défauts et les mauvais côtés des gens qui nous ont quittés et qu’on aimait. Mais j’essaie de me souvenir d’elle, telle qu’elle était. Défauts et qualités, me souvenir d’elle complètement et pas partiellement. Et elle n’était pas parfaite. Et même si je n’aime pas lui reprocher quoi que ce soit, je dois aujourd’hui la tenir coupable.

PoidsEt donc... je place la faute sur elle. Car d’aussi loin que je me souvienne, elle a été préoccupée par son poids. Elle trouvait qu’elle avait des bourrelets, un ventre, de la cellulite sur les cuisses, des culottes de cheval… elle se pesait constamment, surveillait ce qu’elle mangeait, faisait diète après diète, elle a même suivi des cours d’aérobie afin de perdre du poids.

Mais quand je regarde des photos d’elle… par exemple quand elle avait 40 ans, alors qu’elle n’aimait pas son corps, qu’elle suivait une diète qui l’obligeait à ne prendre qu’un breuvage infect à l’heure des repas, elle était toute petite. Elle était magnifique, toute mince. Mais elle, elle se trouvait grosse. Elle aurait voulu perdre quelques livres. Et elle maigrissait. Puis reprenait le poids perdu. Puis reperdait quelques kilos. Et ainsi de suite. Une succession sans fin de combats contre son corps. Et la balance. Toujours une balance dans la salle de bain. Tous les jours, elle montait sur la balance et soupirait. Parfois elle atteignait le poids visé, mais jamais longtemps.

Les dernières années de sa vie, elle avait vraiment pris du poids, en grande partie à cause de tous les médicaments. Parfois les médicaments lui faisaient prendre beaucoup de poids, parfois ils lui en faisaient perdre beaucoup trop. Et elle continuait à s’attrister sur son corps.

Et je regarde les photos…les différents corps que ma mère a eu dans sa vie. Et je suis triste de me rappeler comment elle se trouvait grosse alors qu’elle ne l’était pas. Et pourtant, je fais la même chose qu’elle… et je regarde mes photos… et je me rappelle que même à 15 ans, je me trouvais grosse, j’essayais de perdre du poids… et pourtant je ne l’étais pas. Je n’ai pas un corps parfait, et j’aimerais bien perdre aussi quelques kilos, mais je refuse de monter sur une balance. Je ne veux pas connaître mon poids, je ne veux pas être esclave de ma balance.

Je suis tout de même obsédée par mes bourrelets, par ma cellulite… j’essaie de faire attention à mon alimentation et j’essaie de faire un peu d’exercices pour me maintenir en forme, mais j’essaie aussi d’accepter mes quelques kilos de trop. Et quand je regarde mes photos, parfois je ne m’aime pas, parfois oui…

Je blâme notre société qui amplifie un culte de la minceur mais je blâme aussi ma mère qui m’a donné une image torturée d’une femme constamment en colère contre son corps. Et pourtant, elle était si belle…

17 juin 2007

Les archives de Pauline: Quelques années et une fête des pères

Aujourd'hui, nous célébrons la Fête des Pères... "québécoise" car la Fête des Pères "espagnole" est passée depuis quelques mois déjà. Même si je souhaite une joyeuse fête des pères à mon père au mois de mars, pour moi, la véritable fête est au mois de juin. Surtout maintenant. Que nous sommes ici, en Catalogne. Et depuis qu'il a une nouvelle femme dans sa vie. Une espagnole.

Mais cette année, cette fête des pères québécoise est ce dimanche... ce 17 juin... cette même journée, il y a 5 ans, elle nous a quittés… Ma mère est partie un 17 juin, il y a 5 ans… 9 jours après mon anniversaire et 4 jours avant son 32e anniversaire de mariage.

Quelques heures après que ma sœur et moi lui avons chanté ces chansons qu’elle nous chantait enfants… après que nous l’avons laissée dans son lit d’hôpital en lui disant que nous reviendrions le lendemain… alors qu’elle allait mieux et qu’on allait la transférer des soins intensifs à une chambre ordinaire… elle a fermé les yeux pour ne plus les rouvrir. Mon père nous a appelé, mais il était trop tard. Elle était partie.

Il y a 5 ans… il me semble que cela fait des années, des décennies, il me semble que c’était hier. Parfois, un petit bout de moiMontagea1 se rebelle et crie que je refuse cet état des choses…

Chaque année est difficile… et le 17 juin n’est pas une belle journée. Pas de grands discours, mais on se rappelle silencieusement… le lendemain on s’appelle et on se dit doucement… « c’était hier »… « oui »… et on se comprend.

Mais aujourd’hui… ce 17 juin… alors que cela fait 5 ans… c’est également la fête des pères. Mon père qui a aimé ma mère, qui s’est occupé d’elle durant toutes ces années de maladie… qui a tant pleuré…

Aujourd’hui, mon père a une nouvelle femme dans sa vie. Depuis presque un an. Et je n’ai pu l’appeler aujourd’hui… je l’ai appelé hier pour lui souhaiter une bonne fête des pères… lui disant que comme je ne savais pas si je serai là le dimanche, je voulais lui souhaiter tout de suite et que j’avais un petit quelque chose pour lui quand je le verrais…

Difficile pour moi d’admettre cette relation et encore plus difficile de souhaiter une belle fête des pères en cette même journée… enfin… pleins de sentiments contradictoires dont je réalise que certains sont enfantins, mais c’est ainsi… et puis mon père est un peu… «insouciant », du genre à oublier mon anniversaire, du genre à m’annoncer des choses sans penser que cela peut faire de la peine… parce qu’il ne « pense pas »… enfin…

Il m’a tout de même surpris. Il vient de m’appeler pour me demander si je savais quel jour nous étions… bien sûr que je le sais… « cela fait 5 ans que maman est partie »… et donc bien sûr qu’il s’en souvient… peu importe sa nouvelle vie…

Mais bon… je ne pouvais pas lui souhaiter une bonne fête des pères en cette journée. C’est tout.

16 avril 2007

Les archives de Pauline: Beurre de pinottes et un peu de café

Quand je suis arrivée à Barcelone, il y a quelques petites choses qui m'ont manqué... des petites choses que je ne pouvais trouver à Barcelone. Bizarrement, ce fut principalement des aliments... sirop d'érable, cassonade, poutine, yogourt à la vanille... et beurre d'arachides.  Certains de ces aliments sont heureusement arrivés avec les boîtes et nos visiteurs nous ont souvent amené ces petites choses que nous ne trouvons pas ici... ou alors que nous trouvons mais qui n'est pas tout à fait la même chose.

ponotte1Ce qui est le cas du beurre d'arachides. Nous avons trouvé une épicerie asiatique qui vend du beurre d'arachides, mais ce n'est pas mon "beurre de pinottes".

Mon beurre d'arachides est un pot de "beurre de pinottes" crémeux avec deux petits oursons sur le devant ! C'est le seul qui est vraiment acceptable à mon goût... et à mon souvenir !

Cette étiquette verte avec les deux oursons - un à boucle verte et un à boucle rouge - est synonyme d'un goût d'arachides que j'adore mais également de souvenirs de ma mère.

Tous les matins, son déjeuner se composait de tranches de pain grillé avec du beurre d'arachides et un café. Deux toasts avec du beurre de pinottes et un café. Tous les matins... toute sa vie... Il y a toujours eu un pot de beurre de pinottes crémeux avec deux oursonsponotte dans notre garde-manger.

Ce déjeuner quotidien fut rapidement le mien aussi. Bien sûr parfois des céréales, parfois de la confiture sur les rôties, mais d'aussi loin que je me souvienne, j'ai voulu manger mes deux toasts avec ma mère. Elle nous faisait d'abord nos toasts, pendant que l'eau chauffait sur le rond. Elle beurrait les tranches de pain rôti et préparait deux tasses de café. Une vraie tasse de café bien forte avec un peu de lait et de sucre et une tasse d'eau chaude avec quelques grains de café, beaucoup de lait et un peu de sucre. Son café avait une couleur d'un brun foncé et le mien une couleur à peine brune... disons beige clair... mais je buvais mon café avec fierté avec ma mère. Et je mangeais mes deux toasts au beurre de pinottes. Évidemment, il fallait tremper des bouts de pain dans le café... mais pas trop longtemps pour ne pas trop mouiller le pain. Sa technique était impeccable. La mienne un peu moins. Et parfois, il y avait de petits bouts de pain ou de beurre de pinottes qui flottaient dans mon café ou qui tombaient dans le fond.

Je ne mange pas toujours deux toasts au beurre de pinottes avec un café pour déjeuner. Mais il doit toujours y avoir un pot de beurre d'arachides crémeux avec deux oursons... et pas un autre... dans mon garde-manger.

12 avril 2007

Les archives de Pauline: Fait ton lit

Tous les matins, je me réveille et c'est la même histoire. Je reste cachée dans les couvertes, essayant de reporter le plus possible le moment du lever. Finalement, l'inévitable arrive et je me lève. Je cherche d'abord des bas car je n'aime pas marcher nu pied. Je m'habille ensuite mais avant même de me peigner ou faire quoi que ce soit d'autres, je fais mon lit.

C'est inévitable et obligatoire, je fais mon lit tous les matins. Je ne peux continuer ma journée sans faire mon lit. Tant que monLit lit n'est pas fait je me sens inconfortable. Ça m'obsède, j'y pense sans arrêt. Il faut que je fasse mon lit pour que ma journée puisse commencer. Et si pour une raison quelconque, je ne fais pas mon lit, cela me trottera dans la tête toute la journée.

C'est ainsi depuis plusieurs années, je dirais une bonne dizaine d'années. Et c'est encore plus important - et obsédant - depuis que je travaille de la maison. Je ne peux décemment passer la journée avec un lit défait.

Mais ce ne fut pas toujours ainsi. Loin de là. Je détestais faire mon lit. En fait, je ne le faisais jamais. Toute mon enfance et toute mon adolescente, je me suis battue avec ma mère sur le thème de mon lit.

Même début d'histoire... je me réveille et je reste cachée dans les couvertes, toujours dans l'optique de reporter le plus tard possible le moment de quitter mon lit. Et puis c'est le lever officiel. D'abord les bas et ensuite les autres vêtements. Mais ensuite l'histoire diffère. Ensuite, c'était le déjeuner, la coiffure, et le départ. Le lit, lui restait défait. Évidemment, régulièrement, j'entendait la voix de ma mère: "as-tu fait ton lit ?" et évidemment, je répondais non. Et je partais pour l'école. Quand je revenais, le lit était fait. Ma mère l'ayant fait après mon départ.

Mais la fin de semaine c'était un peu plus difficile. Je me levais et traînais en pyjama une bonne partie de la matinée. Et régulièrement, j'entendais ma mère me demander : "as-tu fais ton lit ?". Et quand elle passait devant ma fenêtre, elle disait et redisait "Fait ton lit?". Et chaque fois, qu'elle me disait de faire mon lit, je répliquais que ça ne me tentait pas. Et elle de répéter de faire mon lit, que ce n'était pas propre et ordonné, qu'elle ne pouvait supporter de voir ma chambre à l'envers avec mon lit défait. Et moi de rétorquer qu'elle n'avait qu'à fermer la porte de ma chambre. Et cela continuait des heures et des heures. Parfois je finissais par faire mon lit mais avec les années qui s'accumulaient sur mon adolescence, plus souvent qu'autrement, le lit restait défait. Si je partais, ma mère incapable de savoir le lit défait, même avec la porte fermée, ne pouvait résister et allait dans ma chambre faire mon lit. C'était plus fort qu'elle. Et je ne comprenais pas. Et je ne pouvais supporter cette phrase "fais ton lit !" C'était plus fort que moi... plus elle me disait de faire mon lit, moins je voulais le faire. C'était une question de principe... je ne voyais pas l'utilité de faire mon lit et je n'avais pas envie de le faire. La guerre du lit dura des années entre ma mère et moi.

Dans mon premier appartement, j'ai passé les premières années, le lit plus souvent défait que fait. Et personne pour me dire de faire mon lit. Mais bizarrement, petit à petit, j'ai commencé à faire mon lit. Quelques fois par semaine pour commencer. Et puis tous les matins. Et aujourd'hui c'est plus fort que moi. Il faut que je fasse mon lit. Je suis totalement incapable de savoir mon lit défait, même la porte fermée.

31 mars 2007

Les archives de Pauline: Maîtrise de ses mots

Les mots sont importants. L'utilisation des mots... bien écrire et bien parler... Très important. Elle aimait écrire. Former de belles lettres. Elle était gauchère, mais on lui avait appris de force à écrire de la main droite. Et elle écrivait très bien. Une belle calligaphie qui lui permettait de composer de beaux textes parfaitement rédigés. Sans faute, sans erreur et sans liquid paper.

Elle était toujours félicitée par ses professeurs pour ses rédactions. De belles rédactions... toujours écrites selon les consignes, avec une grammaire et un orthographe parfaits, une syntaxe impeccable et un brin de fantaisie. Ces beaux textes à sujets habituellement imposés par les professeurs lui permettait de s'évader un peu. Suivant le style strictement demandé, mais se permettant quelques petits traits imaginatifs.

Elle rédigeait même les rédactions de son grand frère, en échange de dessins qu'il lui faisait, elle préférant écrire, lui dessiner. Elle n'était Diplomevraiment pas douée pour le dessin de toute façon. Et elle faisait bien attention de changer légèrement son style et laissait même une ou deux fautes, il ne fallait pas qu'on s'aperçoive de leur entente.

Elle fit tous ces examens avec succès. Elle eut tous ses diplômes. Et lorsqu'elle dut quitter l'école pour travailler, elle savait très bien écrire et très bien parler. En français et en anglais. Elle utilisa ses atouts dans les emplois qu'elle eut tout au long de sa vie. Et elle était très fière de son style de rédaction soigné et de sa diction parfaite. Et elle ajouta ensuite à ces habiletés, un doigté irréprochable à la dactylo.

Évidemment, il fut également très important que l'on écrive et parle très bien. Elle n'exigeait pas la perfection mais nous savions que c'était important. Et j'ai tout de suite voulu bien écrire et bien parlé aussi. Ce fut rapidement très important pour moi aussi. Et j'aimais faire des rédactions. Elle prenait toujours le temps de les lire. Et de lire tous les textes que l'on écrivait.

Et elle continua de bien écrire et bien parler. Même lorsqu'elle ne put plus travailler. Et même si elle ne rédigeait plus beaucoup, elle composait toujours quelques lettres. C'était celle qui écrivait de sa belle écriture, les lettres de mon père. Et lorsqu'elle répondait au téléphone ou lorsqu'elle appelait des "inconnus", c'était toujours de sa voix parfaite et claire, légèrement plus aiguë, avec un accent un peu plus pointu.

Mais les années passèrent et la maladie s'empara de son corps. Elle n'avait plus la force d'écrire beaucoup. Les quelques lettres ou mots qu'elle rédigeait avaient une écriture tremblotante. Les lettres vacillantes la torturaient. Et lorsqu'elle voulut écrire à l'ordinateur, envoyer des courriels à sa famille, elle se rendit compte que son doigté n'existait pratiquement plus. Taper sur le clavier était devenu ardu... son doigté transformé en deux doigts qui cherchaient les lettres sur le clavier. Et il lui semblait qu'elle ne savait plus composer, elle avait oublié comme rédiger et oublié son orthographe, sa grammaire...

Elle détestait ne plus être capable de rédiger, d'écrire comme avant. Mais cela ne l'empêcha pas de m'envoyer des courriels. Et elle ne perdit jamais ses mots, ses belles tournures de phrases. Elle ne perdit jamais non plus sa belle diction et sa belle voix. Mais ne plus être capable d'écrire et de rédiger fut très difficile pour elle.

3 mars 2007

Les archives de Pauline: L’inexactitude de ma mémoire

m_moireJe ne me souviens de rien. J’ai une impression d’oubli et j’ai peur. Peur de ne plus pouvoir décrire les instants de cette vie. Un vague sentiment qu’écrire est trahir. Voyons voir. Il est certain que ce dont je me souviens est probablement faux. Des témoignages romancés souffrant de la distorsion du temps et de la mémoire. C’est tout ce qui me reste. Je ne suis même pas certaine de mes propres souvenirs. Je ne suis sûre de rien.

J’ai voulu la voir revivre un peu. Pour moi. Avec les histoires qu’elle m’a contées. Avec les défauts et les qualités que je lui connaissais. Avec son odeur, ses manies, ses rêves et ses cauchemars. Je la sens parfois encore mais mes souvenirs s’effacent. Il ne me reste que des miettes… et si peu.

Et voilà, vous ne la reconnaîtrez probablement pas, ceux qui la connaissaient. Elle est sûrement différente dans vos souvenirs. Mais ce sont les miens qui sont ici. Des archives falsifiées, incomplètes, peut-être embellies. Des mots qui ne veulent parfois rien dire. On ne verra pas les liens… et on croira que j’invente. Mais ce n’est pas parce que c’est imaginaire que ce n’est pas réel. Des petits bouts d’ailes me l’ont affirmé.

1 mars 2007

Les archives de Pauline: ...pour moi...

J’imagine que c’est immensément personnelpour_moi
et je ne suis pas sûre de savoir
comment.

Je pense à des moments
mais je ne suis certaine d’avoir
le droit.

Il y a quelques années, elle m’a dit de vivre.
Et c’est tout.
Elle ne m'a pas dit comment, ni pourquoi.
Je crois que c’est à moi de le trouver.

Moi, j’essaie,
pourtant je ne suis pas convaincue de croire
à ma vie.

Je cherche des instants importants
et je ne trouve que des secondes perdues.

Je sais que cela fut fait des milliers de fois
et je ne tente pas de reproduire
quoique ce soit.

Cette exigence de ma mémoire
est entièrement personnelle,
et je ne suis pas certaine de vouloir
la partager.

Pour dire quoi…

Des bribes, des virgules, quelques points.
Et c’est ainsi,
Des photos, des papiers, des fragments…

... pour moi...

17 février 2007

Les archives de Pauline: Les souvenirs s'inventent parfois

C'est faux.  J'invente.

Parfois, j'invente des choses. Mais pas tout. Des souvenirs que j'aurais aimé avoir.

Étrange ce que la nostalgie peut faire… Est-ce que je m’ennuie de la maison dans laquelle j’ai passé une bonne partie de mon sadolescence ? Non, pas vraiment. Est-ce queje m’ennuie de l’appartement dans lequel je suis resté plus de 8 ans ? Un peu, mais à peine. Est-ce que je m’ennuie de la ville dans laquelle j’ai vécu toute ma vie ? Oui, mais pas tant que cela… Je m’ennuie des petites choses… Les choses parfois même un peu stupides et insignifiantes. Des choses qui même sur le moment m’apparaissaient parfois insupportables. Et je m'ennuie des choses qui ne furent jamais.

Des impressions de choses qui ne sont jamais vraiment arrivées mais qui auraient pu se réaliser. Un souvenir d'événements potentiels. Et ces souvenirs sont aussi importants que les souvenirs des moments qui se sont réellement réalisés.

Et puis, il y a les souvenirs que je préfère oublier et ces moments oubliés et effacés sont également importants et sans importance.

Il y a même des photos des faux souvenirs et des écrits des moments effacés. Et encore une fois... ce n'est pas parce que c'est imaginé que ce n'est pas réel.

 

7 février 2007

Les archives de Pauline: Les rêves de petite fille

Il y a des événements qu'on ne peut changer. Des choses qu'on ne peut prévenir, qu'on ne peut empêcher. Elles arrivent  peu importe nos larmes, nos cris, nos soupirs.

Il y a des personnes qui décident de partir. D'abandonner. La souffrance est trop grande. Elles sont épuisées, toutes petites dans leur lit. Et elles partent. Et même si cela fait des années qu'on voit venir ce jour, il arrive soudainement. Sans prévenir.

Elle est partie. Des jours de souffrance qui se sont achevés lors de cette nuit. Et même si elle nous le disait depuis des années, nous n'étions pas préparé. C'est arrivé et on a rien pu faire. Pas de retour en arrière.

Et puis les années passent. Son absence est toujours aussi envahissante. Mais la vie continue. Et puis d'autres événementsMAriage surgissent à l'improviste, sans avertissement. Et peu importe qu'on le veuille ou non... qu'on l'accepte ou non... des décisions sont prises auxquelles on a rien à dire. Des vies se refont.

On est adulte. On est mature. On est raisonnable. On accepte. On se tait. Et on dit que c'est correct. Que deux vies furent séparées. Qu'une vie est restée seule et qu'aujourd'hui elle a trouvé une autre vie avec qui partager certains moments. Qui ne seront pas les mêmes.

Mais tout bas dans le fond de son coeur, il y a une petite fille qui pleure, qui crie et qui soupire qu,elle voudrait que ce soit comme avant... Qu'on sait que ce ne sera jamais pareil. Qu'on ne veut pas accepter, qu'on ne veut pas faire des sourires...

Mais la petite fille se tait, elle sait qu'elle ne doit pas parler. Car les rêves de petites filles n'empêcheront pas les jours de passer et la vie de continuer. Et on est fort. On est adulte et raisonnable. Et on dit à la petite fille de taire. On la laissera parler parfois dans le noir... mais pas trop souvent.

21 janvier 2007

Les archives de Pauline: Aujourd'hui, un anniversaire...

Ton anniversaire. Mais tu n'es pas là pour le célébrer. Tu n'aimais pas trop les anniversaires de toute façon. Tu n'aimais pas la vieillesse. Et tu disais même avoir peur des personnes âgées. Alors tu as préféré ne pas en devenir une. Nous on aimait bien célébrer ton anniversaire. Et trouver la petite chose qui te ferait plaisir tout en te faisant oublier que tu avais une nouvelle année d'ajoutée à ta vie.

Tu rouspétais contre tes rides, contre ton corps, contre tes années. Nous, on les aimait tes rides, ton corps et tes années. TuKM n'as jamais cessé d'être belle. Et ton rire était resté jeune.

Cette année, nous aurions fait un gâteau au chocolat, avec beaucoup de crémage. Ou peut-être aurions-nous opté pour une variété de petits gâteaux - tes préférés. Je t'aurais enfin donné ce disque avec toutes tes chansons préférées. Il y aurait même eu Le loup, la biche et le chevalier, tu sais cette chanson si douce. Ainsi que Deux petits chaussons de satin blanc qui danseraient sur le coeur d'un clown. Et aussi La petite diligence qui sur les beaux chemins de France s'en ira toujours en cahotant. Parce que tu chantais encore et toujours.

Tu aurais eu 67 ans.

24 décembre 2006

Les archives de Pauline: Je n'ai jamais cru au Père Noël

J'ai réalisé que malgré le fait que j'adore cette époque de l'année, que pour moi, Noël est un temps très important, que j'aime les décorations, les traditions, les repas, les contes, les cadeaux, les réunions, les légendes et mythes... je n'ai jamais cru au Père Noël !

J'ai fait cette réalisation alors que je rédigeais mon petit résumé des origines du Père Noël... et j'ai remonté dans mes souvenirs, et rien... en fait oui des souvenirs de Noël, par miliers, mais pas du Père Noël... ou plutôt de souvenir de ma croyance en le Père Noël.

pnoelEt pourtant, voyons voir... mon amour de Noël me vient de toute évidence de ma mère. Pas de mon père pour qui Noël est tout simplement une autre journée. Ce n'est pas qu'il n'aime pas Noël, non, il ne s'en préoccupe tout simplement pas. Il a bien sûr participer toutes les années, mais pour ma mère et pour ses enfants. Et donc, Noël, c'est ma mère... les décorations, les lumières, l'arbre, les tourtières, c'était elle... Et je me souviens du Père Noël dans les livres d'images, dans les contes qu'elle me lisait, dans les dessins à la télévision, et du Père Noël dans les magasins... Je me souviens même qu'elle nous contait que lorsqu'elle était petite, elle laissait des biscuits et un verre de lait pour le Père Noël... mais je ne me souviens pas l'avoir fait.

Et pourtant, j'ai cru à beaucoup de chose, et on pourrait dire encore aujourd'hui, que je crois à des choses qu'on pourrait dire qu'elles sont "imaginaires"... et je me souviens que ma soeur croyait au Père Noël, je me souviens d'avoir entretenu cette croyance pendant très longtemps, lui racontant des histoires... et elle a une belle photo d'elle assise sur le genou d'un Père Noël de centre d'achat, toute souriante, et confiante d'être sur le genou d'un représentant du Père Noël, bien trop occupé aux préparatifs de dernières minutes pour aller dans tous les magasins... Et combien d'histoires -en plus du Père Noël- j'ai raconté à mon filleul, à ma petite cousine... qui fut convaincue pendant très longtemps de l'existence de bluyous dans la rocaille de ma grand-mère...

Alors pourquoi n'ai-je pas cru au Père Noël ? C'est un petit mystère pour moi... pourquoi ma mère n'a pas insisté sur cette histoire, pourquoi mon père -qui même si Noël n'était pas particulièrement important- nous a toujours raconté tant d'histoires dont certaines on ne sait toujours pas si elles sont vraies ou non, n'a pas enjolivé cette histoire à sa manière ? Je ne le saurai jamais, bien sûr...

Cela m'intrigue... j'ai pourtant des souvenirs de tant d'amis imaginaires très réels, de rencontres d'entités astrales, de formes... mais de Père Noël... aucun... Bizarre, tout de même...

Post également présent sur d'autres lieux

Publicité
<< < 1 2
Publicité
Quelques pages d'un autre livre ouvert...
Publicité