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14 octobre 2012

Moment captif du dimanche : de la beauté de la sorcière

2012-10-14"The wind began to switch / The house, to pitch / And suddenly the hinges started to unhitch / Just then the Witch / To satisfy an itch / Went flying on her broomstick, thumbing for a hitch!" [Wizard of Oz]

Ah mais non... Pauvre sorcière. Une maison, vous vous rendez compte ! Cela a dû lui faire bien mal, la pauvre. Je l'aime bien moi la sorcière. Oui, elle n'est pas bien belle, je l'avoue. Mais on ne les fait jamais très belles les sorcières. Oui, l'autre sorcière est "belle". Enfin, c'est ce qu'on nous dit et avec sa belle robe, on pourrait presque le croire. Mais je n'aime beaucoup sa voix et si on la regarde bien, elle n'est pas très belle, non plus.

Je m'insurge donc contre les représentations de sorcières... toujours laides et prêtes à nous faire mal... pfff... Et celles qu'on nous montre belles sont alors "trop belles." Et toujours méchantes. Oui, l'autre sorcière est "gentille". Mais si elle était vraiment gentille, elle aurait dit tout de suite à Dorothy comment retourner chez elle.

Non, les contes n'aiment pas les sorcières en général... Quand on dit sorcière, on frissonne, on pense au diable et aux mauvais sorts... c'est bien triste, je vous le dis !

"Il fait bon vivre chez qui la grand'mère est sorcière." dit un proverbe russe. Et je suis bien d'accord. Ma grand-mère est une sorcière, j'en suis sûre. Elle est douce, gentille, souriante et très belle. Elle sait toujours tout et nous envoie toujours tant d'amour. Elle sait toujours comment guérir nos bobos et a un milliers de solutions pour nos problèmes quotidiens. Des trucs pas toujours ordinaires, il faut l'avouer mais qui fonctionnent toujours. Oui, j'en suis certaine, même si elle ne le sait pas, ma grand-mère est une sorcière ! 

"Ding Dong! The Witch is dead. Which old Witch? The Wicked Witch! Ding Dong! The Wicked Witch is dead." [Wizard of Oz]

 

 

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7 octobre 2012

Moment captif du dimanche : les mercis par-ci

2012-10-07« Il faut remercier les hommes le moins possible parce que la reconnaissance qu'on leur témoigne les persuade aisément qu'ils en font trop » [Benjamin Constant]

"Trop c'est comme pas assez", disait ma mère... et ma foi, pas mal de monde. Et il y a des gens qui disent merci pour un oui, pour un non. Mercis par-ci, mercis par-là, ici des mercis, par-là des mercis, partout des mercis. Et puis, ils ne veulent plus rien dire ces mercis. On ne les entends plus, on les reconnaît plus. On dit "de rien", on dit "bienvenus"... mais on ne sent rien.

Je ne me fais pas d'illusion. Je fais trop souvent partie de la gang des mercis. Et je dis merci par ici et par là. Quand je ne le dis pas, je me sens coupable. Ai-je assez remercier ? je me demande avant de partir de chez mes beaux-parents. Ai-je dis assez de fois mercis ? je me demande lorsque je quitte un endroit où on m'a reçu ou lorsque je reçois un cadeau. C'est obligatoire, c'est stressant. "Dis merci", "Sois polie" "N'oublie pas de dire merci", disait ma mère... comme tout le monde, ma foi. Et alors, je dis merci, à tout vent, sans trop y penser, par peur d'oublier de le dire. Je glougloute comme une dinde: merci, merci, merci.

Mais je suis aussi capable de remercier doucement, silencieusement. Un merci pour la vie, pour la joie, pour la paix, pour le silence, pour le temps qui passe, pour les amis, pour la famille, pour mon chat, pour les livres, pour la musique, pour les étoiles, pour les mots et pour...

« Quand je réveille mon chat, il a l'air reconnaissant de celui à qui l'on donne l'occasion de se rendormir. » [Yvan Audouard]

 

15 septembre 2012

Moment captif du dimanche : promenade sous la mer

DSC_3332 copy"Under the boardwalk -- We'll be havin' some fun -- Under the boardwalk --People walking above" [The Drifters]

Promenade sous la mer. C'est mon titre. Mais je parle de la mer sous la promenade, bien sûr. Et non, du contraire. Mais j'aime les contradictions. Ne sont-elles pas notre reflet amusée. Et cette mer dans laquelle je trempe les pieds avec crainte... dans laquelle je me lance lors des chaudes journées avec soulagement mais avec appréhension... cette mer, je l'aime ? Je l'aime. 

Et sous la promenade. Elle me semble encore plus belle. Elle me semble alors chantante, folle, imprévisible mais familière. Mais pour une raison que j'ignore, elle me fait toujours un peu peur cette mer. Que se passe-t-il à côté de mes pieds ? Quels poissons se faufilent et nagent près de moi ? Je n'aime pas ne pas savoir ce qui se trâme à mes côtés.

Mais j'aime la mer. J'aime la contempler, la sentir, l'entendre et l'écouter. J'aime la voir sous les quais. J'aime la voir au bout du quai. J'aime m'y frotter les orteils. J'aime voir approcher la vague, puis la voir s'enfuir. J'aime le son des vagues, même s'il m'empêche de dormir. Jamais il ne m'empêchera de rêver. De me parler toute seule des choses qui sont importantes pour moi mais qui n'intéressent personne.

Mais surtout et toujours. J'aime la promenade près de l'eau. Mais sous l'eau ? Je laisse ça aux sirènes, aux crustacées et aux poissons ! Et à Sebastian ! ;-)

"Under the sea
Under the sea
Darling it's better
Down where it's wetter"  [The Little Mermaid]

"La promenade est essentiellement une manière de converser avec soi" [Chantal Thomas]

9 septembre 2012

Moment captif du dimanche : coquillages à vendre

DSC_5992 copy"Le temps, ce coquillage au bruit de mer latent" [Suzanne Charoux-Mamet]

Sur la plage, on croise des coquillages. Sur la route des villages de mer, on croise des boutiques qui vendent des coquillages.

Il y a des bateaux sur l'eau. Des petits, des grands, des neufs et des vieux. Et chez les antiquaires sur la route des villages de mer, il y a des morceaux de bateaux.

Dans l'océan, on aperçoit des poissons de toutes les couleurs. Sur la table des restaurants de la route des villages de mer, on retrouve ces poissons à toutes les sauces.

Dans les livres d'histoires, on décrit la vie des marins et les rêves des pêcheurs. Devant les maisons sur la route des villages de mer, on distingue les vieux marins, et les pêcheurs retraités qui rêvent encore de la mer.

Les contes de notre enfance, nous racontent des histoires merveilleuses de pirates à la recherche de trésors et de sirènes ensorcellant les marins. Sur la route des villages de mer, on retrouve des sirènes nous tendant la main et des trésors à tous les coins de rue.

"Si tu ramasses un coquillage et que tu le portes à ton oreille, tu entendras la mer. Si tu le portes à ta poitrine, il entendra ton coeur" [Philippe Geluck]

2 septembre 2012

Moment captif d'un dimanche : bric-à-brac

Magasingeneral"Je voudrais travailler dans un magasin de rêve où l'on ne vendrait que des choses imaginaires" [Pierre Dac]

"Bonjour ! J'aurais besoin de clous et d'un tournevis. Je prendrais également 1 kilo de patates, 1 kilo de farine, des pommes et un peu de lait. Je vais également prendre cette petite veste. L'automne arrive et je vais avoir besoin d'une petite laine. Et avez-vous reçu les verres que je vous avais commandés ?"

"Non, ma petite dame. Ils doivent arriver de la grande ville bientôt."

"Et comment va votre petite ? Elle m'a semblé un peu pâlote. Elle serait pas malade, toujours?"

"Elle traînasse un mauvais rhume, mais elle va mieux."

"Avez-vous su pour les voisins ? Leur fils va se marier avec une étrangère !"

"On aura tout vu ! Bon, sera tout ? Vous payez tout de suite ou vous voulez le marquer ?"

"Je vais le faire marquer, mon mari passera quand il reviendra de bûcher dans le Nord."

 

"Parfait, merci bien et à la revoyure !" Et pour vous mademoiselle, ce sera quoi ?"

Je prendrais une dose de souvenirs, quelques rêves doux, quelques grammes d'un passé que je n'ai pas connu, un songe d'une nuit d'été, et si vous aviez une réserve d'imagination, je la prendrais bien pour les jours tristes. Merci beaucoup.

"Quand je veux noyer mon chagrin - Je vais me perdre chez Eaton - On voit jamais pleurer personne - Sur le comptoir des magasins" [Clémence Desrochers]

 

 

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26 août 2012

Moment captif d'un dimanche : frissons

"You scream, I scream, we all scream for ice cream". [Chanson par “Waring’s Pennsylvanians.”]012 Coaticook copy

Vous savez, si vous m'offrez une glace à la vanille, je serai gentille, mais si vous m'offrez une glace au chocolat, je ne le serai pas du tout. Il faut dire que je suis allergique au chocolat. Bon, pas allergique comme tel, mais ça me donne des migraines horribles. Alors, ne m'offrez pas de crème glacée au chocolat.

Pour la glace pralinée, ça va. Je ne garantie pas d'être sage, mais j'essaierai d'être raisonnable. Mais oubliez la glace à l'ananas, pfff, qui veut d'une glace à l'ananas ? À la cerise à la limite, mais ananas, non merci. Je serai très très déçue, je dois l'avouez. Et vous ne pourrez pas venir chez moi...

Je divague, je l'avoue. Il fait chaud et je veux de la crème glacée. Et n'y en a jamais chez moi. Pour cause de mon incapacité à ne pas en manger. S'il y a de la crème glacée dans le congélateur, elle n'y reste jamais très lontemps. La seule solution est de ne pas ouvrir le pot. Car une fois ouvert, c'est terminé... byebye la glace. Mais ne pas ouvrir le pot, signifie que je ne peux que penser à cette crème glacée qui m'appelle de son univers froid. Donc, pas de glace chez moi.

Mais je fais quoi moi là... snif snif... dites vous m'offrez une glace ?

"My love for ice cream emerged at an early age–and has never left!" [Ginger Rogers]

5 août 2012

Moment captif d'un dimanche : fragilité

DSC_6013"Il y a des fleurs partout pour qui veut bien les voir" [Matisse]

Sur le ciment insensible poussent ces fleurs fragiles. Elles semblent inébranlables et indifférentes. Oui,  elles semblent dures ainsi sans chlorophylle, mais je vous le dis, elles sont douces et exubérantes.

Sur les clochers d’églises, dans les ruelles bétonnées, sur le château en ruine et dans les coins ombragés, elles sont partout si on les cherche un peu, il suffit, dit-on, d’ouvrir simplement les yeux.

Elles se dressent, charmantes et charmeuses. Cherchant notre regard, souriant à nos clins d’œil. Et c’est avec grâce qu’elles nous accueillent, toujours troublantes et ensorceleuses.

"L'homme regarde la fleur, la fleur sourit" [Koan zen]

22 janvier 2012

Le moment captif d'un dimanche : hivernal hiver

DSC_4715 copy"Janvier, le mois le plus obscurément blanc de la saison des froids" [Marie-Claire Blais]

Brrr... le froid est enfin ici. Et la neige. Et la glace. L'hiver prend des airs de demoiselle blanche, de reine de glace, de princesse de neige. Il s'est enfin décidé à pointer du nez.

Il s'amuse à faire grogner les gens. Il arrive à peine et on lui dit déjà des grossièretés. On est si impoli avec la demoiselle glacée. Elle n'est pourtant pas méchante. Implacable oui, mais si douce. Et l'hiver et bien... c'est l'hiver.

Et je cherche à comprendre cette haine, qu'ont la plupart des gens qui m'entourent, pour la saison froide. Oui parce qu'enfin... il me semble que presque tous les enfants aiment l'hiver. Non ? Ce n'est qu'en vieillissant que cette haine viscérale pour cette saison semble naître.

J'avoue. Oui, j'avoue humblement que je détestais l'hiver moi aussi. Il y a, disons, 10 ans... vous m'auriez demandé, je vous aurais répondu... "j'haïs l'hiver". Pourquoi ? J'aurais répondu... le froid, la "slush", le froid, et le froid. Aujourd'hui, je peux répondre autre chose... une réponse plus honnête.

Enfant, j'adorais l'hiver. Je pouvais jouer dehors jusqu'à avoir les oreilles et les pieds tellement gelés que je ne les sentais plus du tout. Et puis... j'ai grandi. Adolescente, je n'avais pas froid... je pouvais marcher des heures sans gants, sans chapeau, sans bottes chaudes... le look était très important, mais je crois qu'on avait simplement pas froid. Je regarde les jeunes ados d'ajourd'hui et ils sont aussi peu couverts que nous l'étions.

Mais on vieillit. On veut garder le look mais le froid commence à caresser la peau. Alors quand on attend l'autobus pendant 30 minutes, qu'il fait -20ºC et qu'on a des vêtements, oh si beaux, mais oh si peu adéquats... alors oui, on haït l'hiver. Quand on ne pense qu'à rester à l'intérieur et qu'on ne profite pas du tout de l'extérieur... alors oui, on haït l'hiver...

Mais quand on a vu l'hiver ailleurs, on se dit que l'hiver ici est beau. Il est froid, il est bleu, il est blanc... Et si on s'emmitoufle bien, si on voit la beauté, si on met le nez dehors... et bien, il n'y a aucune raison d'haïr le passage de la saison froide. Elle virevolte vers nous. Elle nous touche parfois en rafale, parfois en glace, mais toujours avec amour... Elle prépare les saisons qui viennent...

"Hiver rigoureux. Un hiver où règne une température hivernale" [Alain Schifres]

8 janvier 2012

Le moment captif d'un dimanche : hivernal

DSC_5143_copy"L'hiver, c'est la saison du recueillement de la terre, son temps de méditation, de préparation" [Lionel Boisseau]

Prendre le temps de sentir le froid sur ses joues.

Lever le nez vers le ciel et se laisser envahir par le soleil qui commence déjà à descendre derrière les maisons.

Marcher tranquillement en écoutant les bottes produire ce crissement unique sur la neige trop froide.

Se rendre compte que la neige est trop lourde pour les petites branches des buissons qui entourent la maison et se demander s'il faudrait les aider à se relever.

Chercher le gros foulard blanc que l'on sait avoir mais que l'on ne trouve pas car on annonce -20ºC et qu'on ne veut pas avoir froid.

Observer le soleil glacial faire tout de même fondre la neige sur les toits et produire des glaçons étincellants.

S'asseoir devant la cheminée et contempler les flammes virevoltées vivement et se dire qu'il faudrait bien aller cherche une autre bûche dehors.

Voir le vent soulever des nuages de neige et espérer que la route ne sera pas trop difficile.

Sortir ses grosses bottes pour aller pelleter la neige qui envahit l'entrée de la maison.

Regarder les traces d'écureuils dans la cour et se dire qu'il ne faut oublier d'acheter des arachides et de remplir les mangeoires d'oiseaux.

... rêver que l'hiver s'enneige et s'enfroidisse enfin ; rêver de l'hiver en ce mois de janvier ; rêver que l'hiver arrive enfin et reste en place plus que quelques jours...

Car si l'hiver ne vient pas, comment pourra-t-on en profiter doucement et joyeusement et ensuite lui dire au revoir pour accueillir le printemps ?

"Quelle flamme pourrait égaler le rayon de soleil d'un jour d'hiver?" [Henry David Thoreau]

20 novembre 2011

Le moment captif d'un dimanche : feuilleter les arbres

2011_11_06"L'automne raconte à la terre les feuilles qu'elle a prêtées à l'été" [Georg Christoph Lichtenberg]

  • Les couleurs furent partout.
  • Trop peu de temps.
  • Le vent les a chassées.
  • Impitoyablement.
  • La dame en rit
  • Elle sait qu’elles reviendront
  • Mais pour le moment elles sont parties
  • Et elle attend ce qui vient maintenant
  •  
  • L’automne passe tranquillement
  • De couleurs et d’odeurs
  • Il ne vit qu’un moment
  • Et il meurt
  •  Mais la dame surveille
  • Les feuilles qui s’accumulent partout
  • Elle est la reine
  • De l’automne jaloux
  • Et il envie l’hiver
  • Qui pointe son nez
  • Le froid est arrivé hier
  • Et il veut le chasser
  • L’automne est trop court
  • Il supplie la dame de lui laisser
  • Encore un jour
  • Ou deux…

"L'automne est une demeure d'or et de pluie" [Jacques Chessex]

30 octobre 2011

Le moment captif d'un dimanche : éternité

2011_10_23"Pendant que nous parlons, la nuit tombe : la mort se glisse ; et dans sa grande ombre, elle nous endort." [Cornelius Gallus]

Tombe la nuit. Petit à petit. Elle n'est pas encore là. Mais elle arrive. Inlassablement. Elle ne nous laisse pas le choix. Tous les jours, il fait nuit.

Dans chaque petit coin, le noir ne cesse jamais de ricaner. La mort en devient presque obligatoire. Mais la mort n'est toujours que la mort. Rien d'autre. Et sous nos pas, la mort court dans tous les sens.

Tout est caresses mortuaires. Et pourtant la mort est censurée. Peur. On ferme les yeux. Une éternité d'incertitudes et d'angoisses. On se détourne avec répugnance. Mais elle n'est toujours que transformation.

Mais je divague et je ne voulais parler que de la beauté du cimetière, de sa paisibilité, de sa douceur et des fantômes qui s'y promènent la nuit.

"Le plus belle pierre tombale ne couvre qu'un cadavre" [Charles Aznavour]

23 octobre 2011

Le moment captif d'un dimanche : sanglantoler

2011_10_30« Il y a de grandes flaques de sang sur le monde -- Où s’en va-t-il tout ce  sang répandu – Est-ce la terre qui le boit et qui se saoule -- drôle de soûlographie alors si sage… si monotone »  [Jacques Prévert]

La bouche grande ouverte. Le sang s’échappe sans retenue. Le vin, le sang, la vie. Que de poésie dans ces moments octobriens. Laisser le sang couler, ne pas le bander, ne pas guérir la blessure. Se laisser englutiner de mots.  

Les feuilles qui tombent doucement dehors m’enveloppent d’un voile rouge. Le vent qui s’amuse à les faire tournoyer dans le vide m’amène des pensées joyeusement terribles et halloweenesques. Le mois d’octobre est teinté de sang et de vie. Une vie qui s’écoule de nos veines fébriles et qui nourrit la terre gourmande, la lune assoiffée et nos esprits inquiets. Une vie qui s'égoutte tranquillement pour dormir jusqu'au printemps.

La grimace m’obsède. J’en rêve le jour, j’en cauchemarde la nuit. Je vois ce liquide écarlate se répandre à mes pieds. Je sais qu’il ne m’appartient pas. Mais que c’est aussi ma vie qui coule avidement par cette bouche étrangère.  Je fabule sur une image sanglante, j'oublie les images joyeuses et vivantes. Et ça m’amuse énormément.

« Cause it’s always got to be blood. […]  Blood is life, lack-brain. Why do you think we eat it? It's what keeps you going. Makes you warm. Makes you hard. Makes you other than dead. 'Course it's her blood." [Spike. Buffy, the Vampire Slayer]

16 octobre 2011

Le moment captif d'un dimanche : lunale

2011_10_16"Si la nuit est noire, c'est pour rien ne puisse nous distraire de nos cauchemars." [Bill Watterson]

La nuit est là. Elle n'approche pas. Elle est bien là. Les pensées se percutent dans le noir. Ce qui était raisonnable au soleil est maintenant inquiétant. Ce qui était étrange pendant le jour est maintenant terrorisant.

Les rêves s'effacent. Laissant place aux délires nocturnes. Le vent est menaçant. Il ne le sera probablement pas demain matin. La lune semble vouloir m'engloutir. Elle est ronde, ricaneuse et trouble. Tout est noir. J'ai de la difficulté à distinguer les choses autou de moi. Je suis dans mon lit et la nuit m'envahit.

Je perçois des mouvements dans le noir. Les choses se déplacent furtivement. Elles reprendront leur place quand le soleil se lèvera. Elles feront semblant de ne pas s'être agitées pendant la nuit. Mais du coin de l'oeil, je vois les choses bouger rapidement, et je sais qu'elles se moquent de moi.

Je ne peux dormir. Mais je me perds dans le sommeil. Un sommeil rempli de songes épouvantables qui ne s'évanouiront que lorsque le jour chassera la nuit. Que lorsque la lumière cachera cette lune vorace.

"I am the shadow on the moon at night / Filling your dreams to the brim with fright" [Oogie Boogie Man - Nightmare before Christmas]

9 octobre 2011

Le moment captif d'un dimanche : faucher la vie

"La mort a pour moi le visage d'un enfant au regard transparent" [Serge Gainsbourg]2011_10_09

Incontournable. Amère et brutale. Douce et paisible. Elle ne veut jamais nous abandonner. Dès notre naissance, elle nous avertit qu'elle peut nous prendre à tout moment.

On ne veut pas parler d'elle. On croit que si on la nomme, elle accourra sans tarder.

On ne l'aime pas. Je ne l'aime pas non plus. Mais elle n'est pas mauvaise. Elle n'est pas inutile. Elle est. Tout simplement. Elle a pris des gens que j'aimais. Elle en prendra encore. Et un jour, ce sera mon tour. Demain, dans 5 ans, dans 60 ans.

On ne le sait pas. Je ne le sais pas. C'est évidemment pour ça qu'on la boude et on parle dans son dos. Elle est trop souvent imprévisible. Et même quand on sait qu'elle arrive, elle nous prend par surprise.

Parce qu'on se dit qu'elle mène dans l'oubli nos vies. Nos corps. Nos pensées.

Petit enfant inconnu, sur son petit tricycle, qui n'a pu vivre qu'une seule année. L'a-t-on longtemps pleuré ? A-t-on mis des fleurs devant sa pierre ? Pense-t-on encore à lui ? Chut... il dort dans nos mémoires, ce petit enfant que je ne connais pas.

"La mort est un sommeil à l'échelle de l'univers" [Claude Lelouch]

2 octobre 2011

Le moment captif d'un dimanche : reliquaire

2011_10_23"Le squelette, c'est la mort : il est dans notre corps" [Charles de Leusse]

Un frisson. Et pourtant ce n'est pas la première fois que je vois des ossements. En fait, j'en vois même très souvent. Dans mon assiette, il y a souvent des ossements. Et j'en ai vu des tonnes dans les musées. Et bien plus souvent dans les films et à la télé. Alors là, j'en ai vu souvent et de toutes les sortes.

Mais ce n'est pas pareil. Des ossements, on ne s'attends pas à en croiser lors d'une petite balade en campagne. Enfin, pour la petite citadine que j'étais. Des "road kills" sur le bord des routes, des oiseaux morts dans les caniveaux, ... ça oui...

Mais quand on se promène tranquillement dans une campagne - certes inconnue - on ne s'attend pas à presque poser le pied sur une portion de squelette. Tout blanc... On regarde autour. D'autres ossements. On se sent bien innocent de trouver cela frissonnant. On rirait sûrement de moi si on me voyait. Regardez la fille de la ville qui s'émotionne sur un paquet d'os.

Mais moi, autant d'os tout blancs, un squelette presque complet... je frémis un peu, vous savez. Un animal. Sûrement. Évidemment. Mais... et si non... Et si c'était moi. Là. Sur le sol. Que mes os sans enveloppe. Un jour. Ce sera moi. Sûrement. Évidemment.

"Comptempler des ossements, c'est se regarder au miroir", comme le disait Villiers de l'Isle-Adams.

25 septembre 2011

Le moment captif d'un dimanche : sur le pont

"Une fable est un pont qui conduit à la vérité" [Antoine-Isaac Sylvestre de Sacy] 11_11_09

Il traverse le pont. Le regard tourné vers l'espoir. Vers la vérité. Il croit en une vérité. En une liberté. Il veut changer les choses. Il fabulait disait-on. Il a trop fabulé et on l'a exécuté. Son regard fixe est tourné vers le Parlement. Il y voit une démocratie. Et maintenant, on se rappelle de lui quand on veut parcourir les ponts infranchissables.

On aimerait aller le rejoindre sur le pont. Lui dire que tout va bien. Le protéger de la pluie. On ne peut que de le regarder en silence. Il a combattu. Et maintenant on se contente de se rappeller de ce combat. Certains l'oublient. Certains le conteste. Certains le pleure. Nous, on n'a rien à dire. C'est ainsi.

On regarde tout simplement ce témoignage d'événements que nous ne connaissons pas. Il pleut. Doucement. Nous essayerons d'en savoir plus. De connaître l'homme sur le pont. L'homme qui nous dit de rêver et de franchir les ponts. De cesser de les regarder et de les franchir.

"Il y a des homme n'ayant pour mission parmi les autres que de servir d'intermédiaires ; on les franchit comme des ponts, et l'on va plus loin." [Gustave Flaubert]

Statue d'Imre Nagy - Place Vértanúk tere à Budapest.

18 septembre 2011

Le moment captif d'un dimanche : détailler les souvenirs

11_09_29"On ne marchande pas avec les rêves, les hasards et les coïncidences". [Claude Lelouch]

Mais peut-on marchander avec ses souvenirs ? Leurs demander de se rappeler des choses qui n'ont pas existé ? Ou qui se sont passer différemment ? Et si je me rappelle des moments qui sont étrangement plus réels que ceux qui ont habité ma vie, suis-je une marchande de vide pour autant ?

Des incertitudes m'assaillissent... où, quand, qui ? Des imprécisions s'infiltrent dans les instants passés. Et parmi, les heures précises se faufilent des minutes inventées. Elles sont souvent plus belles que les réelles mais pas nécessairement. Parfois je me chicane avec ma mémoire. De longues discussions s'ensuivent. Qui a dit quoi, où cela s'est-il passé, qu'ai-je vu après ceci, quelle musique y avait-il à ce moment ? On se contredit sans arrêt. S'ensuivent même des nuits sans sommeil à la recherche d'une seconde furtive qui se cache résolument dans un coin de mon cerveau.

Alors je me rappelle comme je crois que je devrais me rappeler. Et ce n’est pas parce que c’est imaginaire que ce n’est pas réel. Et puis quel rapport entre ceci et cela... si cela n'en a pas dans mes souvenirs. Ce sont mes souvenirs après tout !!!

"La mer ? Quel rapport entre la mer et mes poissons ?" [Ordralfabétix]

11 septembre 2011

Le moment captif d'un dimanche : regarder par la fenêtre

"Well, you may go to college, You may go to school. You may have a pink Cadillac, But don't you be nobody's fool" [Let's play house, 11_09_01Elvis Presley]

Elle attend patiemment qu'ils repartent. Elle regarde par la fenêtre, serrant dans ses bras sa propre poupée. Qui a dit que les poupés n'avaient pas envie de jouer à la poupée ?

Elle n'aime pas l'immobilité. Elle aime filer sur la route, le vent dans ses cheveux, le paysage toujours en mouvement. Elle pourrait rouler des heures et des heures, juste pour voir. Parfois poser le pied sur le sol mais après avoir touché le ciel.

Découvrir des terres inconnues, les regarder défiler par la fenêtre. Les reconnaître parfois. Redévorer des yeux encore et encore des paysages connues mais prétendre qu'ils sont nouveaux.

Sa patience commence à s'enfuir. Elle veut reprendre la route. Naviguer les autoroutes interminables, les rues et ruelles des villes, les chemins de campagnes. Dans sa voiture rose et bleue. Elle veut conquérir et reconquérir les sentiers d'ici et d'ailleurs. De hier et de demain. Sans oublier ceux d'aujourd'hui.

"I love you for your pink Cadillac, Crushed velvet seats, Rinding in the back, Oozing down the street." [Bruce Spingsteen]

(Psitt...  La voiture n'est pas une Cadillac, mais une Ford Galaxie ;) - juste au cas où on me le ferait remarquer! C'est que la Cadillac n'était pas rose et n'avait pas de poupées, alors c'était moins inspirant quoi !!!)

4 septembre 2011

Le moment captif d'un dimanche : fuite

pieds"Les pieds : les chers souffrants" [Antoine Baudeau de Somaize]

Un matin, je me suis réveillée et ils n'étaient plus là. Les yeux encore ensommeillés, j'ai cru que je me trompais. Mais j'avais beau frotter mes paupières, je ne les voyais pas.

J'ai alors cru que mes yeux me jouaient des tours. Ça leurs arrive. Ils aiment bien me faire voir des choses qui ne sont pas là. Alors pourquoi ne me feraient-ils pas croire qu'il n'y a que du vide là où il devrait y avoir quelque chose ? Mais j'avais beau remuer dans tous les sens, je ne les sentais pas non plus.

Un matin, je me suis réveillée et mes pieds s'étaient enfuis. Je dois avouer que je n'étais pas surprise. Je suppose qu'ils en ont eu assez. Ils devaient en parler depuis des années, mais ils n'osaient pas partir. Ils avaient un travail à faire. Mais on a tous ses limites, non ? 

Ils en ont eu marre. "Assez", se sont-ils dit. "Ça va faire, les souliers trop hauts, trop petits, qui frottent partout." "Ça suffit, les cornes, les ampoules, le sable sous les ongles, les orteils heurtés sur les pieds de tables, les talons trop secs, les plantes de pieds qui n'en peuvent plus d'être debouts sur la pointe des pieds. Tu nous entends ?, ont-ils crié, en vain. "Tu te rends compte que l'ongle de tes petites orteils sont pratiquement inexistants, tu t'imagines ! Et que ces mêmes orteils semblent ondulés dans tous les sens !", ont-ils soupiré tristement. "Si tu ne fais pas attention, nous te quitterons", m'ont-ils avertis silencieusement.

Et un matin, mes pieds m'ont quittée. Ils ne m'ont pas laissé de note. Rien. Ils se sont levés pendant la nuit et ont pris la fuite. Ils m'ont laissée toute seule. Assise dans mon lit, je ne les blâme pas. Je les comprends. Je savais que cela arriverait un jour. S'ils reviennent, j'en prendrai bien soin. Je le promets !

Bon, maintenant, je dois me lever, moi !!!

"Fuir : prendre son courage à deux pieds" [Alexandre Breffort]

17 juillet 2011

Le moment captif du dimanche : vitesse

DSC_2480a"La vie, ça bouge, ça bourdonne, ça construit et démolit, ça avance et ça recule. Et ça meurt" [Gilbert Langlois]

 "Allez... bzzz, bzzz, bzzz... ici et là... je n'ai pas une minute à perdre."

"Mais attends, regarde, ne vois-tu pas cette fleur si jolie, et qui sent si bon ? Arrête une seconde..."

"Pas le temps... la vie passe si vite, la fin est proche... demain, dans une semaine, dans dix ans, dans cent ans, nous ne serons plus là... je ne serai plus là... vite, vite, vite, il faut tout faire..."

"Mais si la vie est si vite passée, si elle est si remplie de vie, ne devrait-on pas s'arrêter pour la regarder passer ?"

"Bzzz, bzzz, bzzz... peut-être, mais il y a tant à faire, il faut construire et refaire ; défaire et reconstructurer... il faut lire et relire, apprendre et désapprendre... avancer et reculer... vivre et mourir."

"Mais cela ne durera qu'un instant, alors que les secondes ne sont qu'éternité. Pourquoi ne pas rendre cette seconde aussi belle que possible ?"

"C'est qu'il faut travailler, travailler, travailler."

"Je sais, je sais et je suis d'accord... mais rien n'empêche de semer un peu de vie dans cette vie. Un peu de couleur et d'odeur. On a beau construire et détruire, vivre et mourir... rien n'empêche de respirer un peu aussi, non?"

"Si la vie n'est qu'un passage, sur ce passage au moins semons des fleurs" [Montaigne]

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