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Quelques pages d'un autre livre ouvert...

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12 juin 2016

Le moment captif d'un dimanche : libre de s'encager

2016-05"Il faut faire attention aux mots, car souvent ils peuvent devenir des cages" [Viola Spolin]

Tu t'entêtes à t'encager dans des mots qui n'ont aucune signification pour moi. Tu veux être libre de tes émotions. Tu penses vivre de liberté dans une cage dorée. Tu vois le ciel, tu touches les feuilles, tu poétises tout.

Tu passes d'une cage à l'autre et tu cries ton nom pour que tout le monde puisse l'entendre. Tu enrages qu'on t'encage dans un poème qui n'est pas le tien. Tu ne veux pas écrire sur le sable ou sur la neige. Tu ne veux pas écrire sur les pages blanches ou sur les ailes des oiseaux. Tu veux crier tes propres mots même si tu restes enfermer d'une façon ou d'une autre.

Tes mots sont les tiens. Ils sont ta prison et ta liberté. Tu t'entêtes à ne pas vouloir les changer. Ils t'isolent et te permettent milles libertés. Tu es seul et tu le sais.

"La liberté est une sensation. On peut l'atteindre, enfermé dans une cage comme un oiseau" [Camilio José Cela]

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5 juin 2016

Le moment captif d'un dimanche : la vérité choque...

2016-06"Ce qui me gêne, ce n'est pas mon âge, mais l'âge des gens qui ont mon âge." [Roger Ferdinand]

La vérité choque mais je ne peux la nier. Les années passent et je ne peux les retenir. C'est une sensation un peu déstabilisante et perturbante. Je me sens tomber et je ne trouve rien pour me rattraper.

Dans quelques jours, j'aurai 45 ans et la vérité... c'est que je m'en fous éperdument ! Oh, c'est bien une vérité qui est un peu troublante. En fait, c'est tout simplement étrange. Mais je n'ai jamais eu peur de l'inconnu alors je plonge !

Évidemment, il arrive que je ressente les changements de mon corps et de mon esprit avec toutes ces années qui s'accumulent. Et il arrive que je pense avec nostalgie à un âge différent de celui que j'ai à ce moment. Mais j'aime tous ces âges. Chaque année a eu ses merveilles et ses tourments. Chaque âge a été difficile et incroyable, triste et heureux.

Mais c'est étrange, je l'avoue. Et c'était égaleement étrange quand j'ai eu 10 ans et 18 ans, 25 ans, 30 ans ou encore 40 ans... et cela sera étrange à 50 ans... et imaginez à 75 ans ! Et ensuite, ouf... Mais que la vie est étrange ! Et merveilleuse !

"Les gens de mon âge me paraissent plus âgées que moi." [Maurice Chapelan]

 

29 mai 2016

Le moment captif d'un dimanche : toujours plus haut

00g1« Onze ans, on questionne tout, les réponses n'arrivent pas à hauteur des doutes. » [Pierre Filion]

Nous avons toute la vie. Rien ne presse. Nous laissons passer les minutes. En attendant. Mais parfois alors que les moments semblent éternels, nous regardons plus loin, plus haut. Nous voulons nous envoler vers l'infini. Là-bas. Là-haut.

Tout semble trop long. Les minutes sont des éternités. Nous ne voulons plus attendre. Nous voulons vivre tout de suite. Tous les moments que vous nous interdisez. Tous les instants qui semblent nous échapper.

Vous avez tort. Vous vous trompez. Vous ne comprenez rien. Vous n'écoutez pas.

Nous regardons le ciel. Nous créerons de nouvelles étoiles. Nous inventerons de nouvelles réponses. Nous ne voulons pas d'excuses. Nous n'accepterons pas de justifications. Nous voulons de la démesure. Nous espérons l'absolu.

Mais pour l'instant, nous attendons. Nous n'avons pas le choix. Nous n'avons rien à faire. Sauf attendre. Et regarder là-bas, là-haut.

« Change de ciel, tu changeras d’étoile. » [Proverbe corse]

15 mai 2016

Le moment captif d'un dimanche : deux

2016-05"Dans un couple, peut-être que l'important n'est pas de vouloir rendre l'autre heureux, c'est de se rendre heureux et d'offrir ce bonheur à l'autre." [Jacques Salomé]

Tu veux faire quelque chose ? Non, ça va, je me repose. Mais tu sembles t'ennuyer. Mais non, je ne m'ennuie pas. Je sommeille tout simplement. C'est toi qui baille, je te ferai remarquer. Tu es paresseux, tu ne veux jamais rien faire. C'est pas vrai, on fait toujours plein de choses. C'est toi qui ne veux jamais te reposer. Qu'est-ce que tu inventes ? On passe notre temps à se reposer. Tu cherches des bibittes. Tu réfléchis trop, tu t'embêtes toi-même. Et tu m'embêtes par la même occasion. Tu es insupportable. Tu n'en fais qu'à ta tête. Tu penses avoir toujours raison. Toi aussi, tu crois que tu as toujours raison. Et tu voudrais que je sois différent. Tu ne me laisses jamais tranquille. Tu es agaçante à la fin. Et toi, exaspérant. Tu m'énerves. Fatiguante. Paresseux. Pfff. Grrr. Soupirs. Soupirs. Il fait beau aujourd'hui, on est bien au soleil. Oui, le temps est idéal. Tu veux aller te balader un peu ? Ce serait super, mais plus tard, on peut bien encore profiter du soleil

"Le secret du bonheur en amour, ce n'est pas d'être aveugle mais de savoir fermer les yeux quand il faut" [Simone Signoret]

8 mai 2016

Le moment captif d'un dimanche : patient amour

2016-05-09"Le véritable amour d'une mère, c'est d'aider l'enfant à couper le cordon ombilical" [Jean Gastaldi]

Il veut jouer. Et encore jouer. Mais elle est fatiguée. Elle est vidée.

Elle n'en peut plus. Elle aimerait dormir. Elle veut s'enfuir. Elle a l'impression de s'être perdue.

Un jour, il ne voudra plus jouer. Un jour, il s'en ira. Il ne voudra plus l'écouter. Et il l'ignorera.

Et elle regrettera sa fatigue passée. Elle l'aura oubliée. Elle se sentira seule et âgée. Elle regardera des images usées.

Elle attendra. Il reviendra. Ils se retrouveront. Et ils riront.

"L'amour et la patience vont obligatoirement ensemble" [André Pronovost]

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26 avril 2016

Zébrures écarlates de Michel Roberge - Commentaires personnels

MR03Zébrures écarlates : une enquête du détective archiviste Ives d'Arch / Michel Roberge. -- Québec (Québec) : Les Éditions GID, [2015]. – 705 p. ; 22 cm. – ISBN 978-2-89634-277-8

Quatrième de couverture

« En entrant dans l'appartement surchauffé, Ives d'Arch eut l'impression de pénétrer dans un sauna. En s'approchant de son ordinateur portable son attention fut attirée par le courriel de Llura Solés. D'abord troublé, il en prit rapidement connaissance. Il se rassit devant son ordinateur et, encore sous le choc, il relut le court message. Le dernier contact qu'il avait eu avec la Catalane, qu'il avait rencontrée dans un congrès d'archivistes en 1988 et dont il était tombé follement amoureux, remontait à 2001. Elle lui avait alors abruptement annoncé qu'elle avait fait la connaissance d'un certain Joan et qu'ils avaient l'intention de se marier. Depuis, il avait vainement tenté d'entrer en contact avec elle. Llura Solés n'avait plus donné signe de vie. Et voilà qu'elle réapparaissait dans le décor en lui envoyant ce courriel à la fois énigmatique et intrigant. »

Voilà le point de départ de la première aventure du détective archiviste québécois Ives d'Arch. Assassinats et attentat au colis piégé, faux documents et précieuses archives, somptueuses soirées et nuits voluptueuses constituent l'essence même de ce polar dont l'intrigue se déroule au Québec, en France et en Catalogne et dans laquelle évolue une panoplie de personnages hors du commun.

Lire le premier article - Zébrures écarlates de Michel Roberge - L'auteur et l'histoire

Mes commentaires

MR02

Quelle fresque historique ! Voici un roman bien construit et étoffé, rempli de détails et d’informations. Lorsqu’on termine notre lecture, nous avons vraiment l’impression d’avoir vécu cette aventure et de connaître personnellement les personnages. Et les détails historiques sont recherchés et très intéressants.

Les personnages principaux ont pris vie pendant ma lecture. Ceux-ci sont vivants dans ma mémoire et j’ai l’impression de les connaître. Mais j’aurais aussi aimé connaître un peu plus les personnages secondaires. Ils sont également importants dans l’histoire et j’ai eu l’impression d’à peine les survoler. Particulièrement les « méchants », le fameux « acheteur » du document volé et surtout  Llúria : quelles étaient leurs motivations ?, etc.

Certains passages sur la vie des personnages principaux étaient très personnels, captivants et émouvants. J’ai eu l’impression de lire un roman sur l’histoire d’amour entre Ives et Karl. Je voulais en savoir plus et j’avais l’impression de « voir » une télésérie sur leur vie – non pas un film, mais bien une série télévisuelle, pour le facteur temps… apprendre à connaître tranquillement les personnages petit à petit au fil du temps. Tout le texte est d’ailleurs très visuel. C’était très intéressant et même passionnant. Parfois, cependant, toutes ces descriptions et détails – aussi fascinants étaient-ils - me faisaient oublier l’histoire du document disparu. J’avais l’impression que l’auteur était déchiré entre l’envie de raconter la vie de ses personnages principaux – qui je crois, l’ont véritablement habité pendant l’écriture - et cette intrigue autour du document disparu. D’un côté l’enquête semble importante – des gens sont morts à cause de ce document – mais d’un autre côté, j’avais l’impression qu’elle n’était qu’un prétexte pour nous parler du couple Ives/Karl. J’ai été moi-même déchiré entre mon désir d’en savoir plus sur Ives et Karl et l’envie de connaître le destin de ce document.

Et donc, j’ai l’impression de m’être parfois un peu perdue dans tous ces détails et de ne pas avoir bien suivi l’intrigue policière. Elle m’a semblé secondaire, en quelque sorte. Même si elle était réellement palpitante. J’aurais aimé en savoir plus sur ce document, sur son parcours et j’aurais aimé avoir plus de détails sur le travail d’investigation pour le retrouver. Ce vol de document m’a passionnée dès les premières lignes mais je suis un peu restée sur ma faim.

J’avoue que j’aurais aussi aimé poursuivre l’histoire de Miquel (qui transportait le fameux document) et Adela (qui l’hébergea lors de son périple vers Paris). J’aurais voulu suivre Miquel au Québec, savoir ce qu’il avait fait du document, savoir également ce qui arrivait avec Adela, etc. Et je voulais en savoir plus sur les personnages du début, témoins du vol du document : Joaquim, Xevi, etc. Tous ces personnages étaient vraiment intéressants et m’ont captivée. J’en voulais plus.

J’ai donc eu l’impression de lire plusieurs romans en un seul. Et j’aurais par moment peut-être préféré avoir plusieurs romans, plutôt qu’un seul… Car l’auteur a un réel talent de conteur et on aime se perdre dans ses histoires. Il nous offre des personnages vivants et qu’on veut connaître. Des histoires troublantes, parfois tristes et tragiques, parfois douces et touchantes. Et j’aurais voulu les approfondir toutes.

Cette foison de détails, nous permet également de voir les lieux où se déroulent les intrigues. J’ai la chance de connaître les lieux principaux : la ville de Québec, Barcelone, Castelnou… Honnêtement, j’avais l’impression de voir parfaitement tous ces endroits et d’y être physiquement. Les descriptions sont incroyables. Et c’est un talent rare d’être capable de décrire des lieux pour qu’on s’y sente présent. L’auteur nous offre un texte très imagé. Certes, cela allonge parfois le texte et on pourrait par moment vouloir un texte plus serré. Mais j’ai adoré me perdre dans les rues de ces villes et villages.

On sent que l’auteur est passionné par son sujet, par ses personnages, par les lieux qu’il décrit et par l’histoire du Québec et de la Catalogne. Cette passion est palpable et c’est émouvant. Mais par moment, peut-être un peu étourdissant. J’aime aussi pouvoir imaginer certains détails. Cela permet de personnaliser un roman et de le faire sien. Mais on ne peut rien dire contre la passion !

L’écriture de l’auteur est précise et spécifique. On sent que l’auteur est rigoureux dans son processus d’écriture. Chaque mot est pensé et important. On sent un travail méticuleux et une recherche ordonnée et pointilleuse. On ressent définitivement l’archiviste derrière l’auteur. La lecture reste cependant toujours fluide, le texte sans fioriture, et le tout se lit aisément. C’est une lecture très plaisante.

Au final, ce roman est réellement passionnant. Mais bizarrement, il souffre un tout petit peu des talents incontestables d’écrivain et de conteur de son auteur. Personnellement, j’aurais aimé que l’auteur garde certains personnages, certains détails pour un autre roman. Mais Zébrures écarlates reste un excellent roman où il fait bon se perdre. Mais maintenant, je veux d’autres romans de l’auteur… je veux poursuivre l’aventure.

Les mots de l’auteur

« - […] Quand je me suis réveillé, je me suis rendu compte que je voyais seulement en noir et blanc. Mes parents ont cru que j’essayais de les faire marcher. Ils m’ont fait voir un spécialiste et c’et lui qui nous a expliqué que c’était un phénomène rare qui arrive, des fois, après un choc physique important.

- Je savais qu’y’a des personnes qui ont de la difficulté à voir certaines couleurs, mais pas de couleurs pantoute, ça doit être déprimant pas pour rire.

- C’est juste une question de perception, rétorqua Ives d’Arch. La couleur, c’est un artifice. Ça embellit peut-être l’aspect des choses, mais c’est l’absence de couleurs qui met en évidence leur nature profonde. » » p. 108

Pour en savoir un peu plus…

25 avril 2016

Zébrures écarlates de Michel Roberge - L'auteur et l'histoire

MR03Zébrures écarlates : une enquête du détective archiviste Ives d’Arch / Michel Roberge. — Québec (Québec) : Les Éditions GID, [2015]. – 705 p. ; 22 cm. – ISBN 978-2-89634-277-8

Quatrième de couverture

« En entrant dans l’appartement surchauffé, Ives d’Arch eut l’impression de pénétrer dans un sauna. En s’approchant de son ordinateur portable son attention fut attirée par le courriel de Llura Solés. D’abord troublé, il en prit rapidement connaissance. Il se rassit devant son ordinateur et, encore sous le choc, il relut le court message. Le dernier contact qu’il avait eu avec la Catalane, qu’il avait rencontrée dans un congrès d’archivistes en 1988 et dont il était tombé follement amoureux, remontait à 2001. Elle lui avait alors abruptement annoncé qu’elle avait fait la connaissance d’un certain Joan et qu’ils avaient l’intention de se marier. Depuis, il avait vainement tenté d’entrer en contact avec elle. Llura Solés n’avait plus donné signe de vie. Et voilà qu’elle réapparaissait dans le décor en lui envoyant ce courriel à la fois énigmatique et intrigant. »

Voilà le point de départ de la première aventure du détective archiviste québécois Ives d’Arch. Assassinats et attentat au colis piégé, faux documents et précieuses archives, somptueuses soirées et nuits voluptueuses constituent l’essence même de ce polar dont l’intrigue se déroule au Québec, en France et en Catalogne et dans laquelle évolue une panoplie de personnages hors du commun.

L’auteur

Michel Roberge est né en 1951 à Québec. Après des études à l’Université Laval, il travaille comme archiviste au Service des archives de cette même université. Il sera ensuite analyste en gestion des documents au Ministère des Richesses naturelles du gouvernement du Québec, puis travaillera aux Archives nationales du Québec. Michel Roberge enseigna également au Certificat en gestion des documents administratifs et des archives à l’Université du Québec à Montréal.

En 1983, il publie l’ouvrage La gestion des documents administratifs, œuvre fondamentale sur le Records Management. Cet MR01ouvrage fut réédité – et mis à jour - sous différents titres et fut également traduit en catalan en 1992 puis en castillan en 2004.

En 1985, il fonde une entreprise en gestion documentaire, GESTAR. Il consacre ensuite les prochaines années au développement de son entreprise, tout en contribuant de façon active au milieu de la gestion des documents et des archives, par ses recherches, ses écrits et son enseignement. Son expertise et son œuvre professionnelle sont reconnues internationalement.

Tout en demeurant à la direction de son entreprise, il publie en 2015 son premier roman, Zébrures écarlates.

Site web de l’auteur, expert en gouvernance documentaire, site web du romancier, site des éditions Michel Roberge, page Facebook de l’auteur, profil LinkedIn.

Bibliographie partielle

  • La gestion des documents administratifs (1983)
  • La classification universelle des documents administratifs (1985)
  • La gestion dels documents administratius (1992)
  • La gestion de l’information administrative : approche globale, systémique et systématique (1992)
  • L’essentiel de la gestion documentaire (2000)
  • L’essentiel du Records Management (2004)
  • Lo esencial de la gestión documental (2004)
  • La gestion intégrée des documents (GID) en format papier et technologiques : documents administratifs, documents d’archives et documentation de référence, Québec (2009)
  • Le schéma de classification hiérarchique des documents administratifs - Conception, développement, déploiement et maintenance (2011)
  • Zébrures écarlates (roman) (2015)

L'histoire

Ives d'Arch est un archiviste de métier qui est devenu un « détective archiviste ». Il se consacre aujourd'hui à faire des recherches sur des documents perdus, sur des authentifications de documents ou d'œuvres, etc. Il vit à Québec avec son conjoint, Karl, une vie relativement tranquille. Mais un jour, il reçoit un courriel d'une ancienne collègue catalane, Llúria, avec qui il a eu autrefois une relation amoureuse. Le courriel est énigmatique et demande son aide. Ce courriel le plongera dans la recherche d'un document historique disparu qui mettra même sa vie en danger.

Parallèlement, le roman nous fait basculer dans le temps pour remonter à la disparition de ce document dans l'Espagne du début des années 50 et de son voyage vers le Québec.  

Remplis d'allers-retours dans le temps, le roman nous immerge dans l'histoire de la Catalogne et du Québec.

Commentaires personnels ici...

24 avril 2016

Le moment captif d'un dimanche : des vieilleries

2016-03-02"Le grand public pense que les livres, comme les oeufs, gagnent à être consommés frais. C'est pour cette raison qu'il choisit toujours la nouveauté." [Johann Wolfgang von Goethe]

Chaque semaine, je vois de nouveaux livres naître. Je lis les quatrièmes de couverture de tant de livres qui sont publiés. Et j'en choisis certains qui me semblent intéressants, qui je crois vont plaire aux lecteurs de ma bibliothèque. Petit à petit, ils arrivent. Nous les accueillons, nous les décrivons, nous les recouvrons, nous les préparons pour leur exposition dans la section des nouveautés.

Finalement, ils sont placés sur nos présentoirs. En avant. Et ils seront empruntés. Les gens se dirigeront directement vers le présentoir des nouveautés. C'est merveilleux. Les livres seront empruntés. Ils seront lus. Ils vivront pendant quelques semaines.

Parce que dans quelques jours d'autres livres arriveront. Tout aussi intéressants. Et les premiers iront rejoindre les étagères de la fiction. Ils ne seront plus des nouveautés. Ils seront des romans, des livres. À lire. Mais loin du présentoir des nouveaux livres, les vedettes du moment.

Et ils se perdront. Ils deviendront invisibles. Ils verront les gens passer près d'eux sans les voir. Ils essaieront d'attirer l'attention. Pour se faire lire. Pour que la main s'étende, les prenne, les regarde et décide de les lire ou non. Mais que cette main prenne une décision. La plupart du temps, je pleure car il y a tant de livres invisibles. Ils ont été la vedette pendant quelques temps mais la minute qu'ils ne sont plus à l'avant, ils sont oubliés. Ce sont des vieilleries.

17 avril 2016

Le moment captif d'un dimanche : potiner

0115"People say believe half of what you see, son. And none of what you hear" [Marvin Gaye]

Madeleine, Madeleine, est-ce que tu as su pour la petite Giguère ? Non, quoi ? Je ne sais pas si je devrais te le dire. C'est pas mon genre de rapporter des oui-dire. Tu peux me faire confiance, je ne le dirai à personne, tu le sais. Et bien, tu le croiras jamais mais imagine-toi donc que bla-bla-bla et bla-bla-bla. NON ! J'en reviens juste pas. Tu es certaine ? Mais oui, je suis certaine. Est-ce que j'inventerais quelque chose comme ça ? C'est pas mon genre. Ça l'a pas de bon sens. Je n'aurais jamais imaginé ça d'elle. Pauvres eux autres. J'en reviens juste pas. Garde-ça pour toi, là. Mais oui, voyons, tu me prends pour qui ? Allez à la semaine prochaine Germaine. À la semaine prochaine Madeleine.

Jacynthe, Jacynthe, tu ne devineras jamais ce que Madeleine vient de me dire !

"Your ears are like radar, for one specific sound. The latest piece of gossip that's been going round" [Kill your idols]

13 avril 2016

Le phyto-analyste : thriller botanique de Bertrand Busson

phyto2Le phyto-analyste : thriller botanique / Bertrand Busson. — Montréal : Marchand de feuilles, c2012. – 292 p. ; 21 cm. – ISBN 978-2-923896-06-9

Quatrième de couverture

Savez-vous quelle fleur vous êtes ?

C'est la question que nous pose Germain, le phyto-analyste qui vient de perdre toutes ses plantes. Elles sont  mortes de proximité humaine. Pire, Germain semble souffrir d'une absence du myocarde : son coeur a été repiqué par un chou-fleur. Heureusement, il y a Rachel, la blonde aux yeux comme des olives à martini, pour lui faire croire que tout n'est pas pourri. Mais quel sera le diagnostic foliaire ? Quel remède les sauvera de la pourriture du monde ? L'enquête sur la mort verte est semée de bonheur shilomique, d'épiphanies sur l'amour, l'amitié, la fidélité. Le phyto-analyste, c'est l'art topiaire en son plus majestueux déploiement. Un roman pour ne pas oublier que nos mères nous ont tous donné comme limite la clôture du jardin.

L’auteurphyto1

Bertrand Busson est né à Laval au Québec en 1983. Il étudie à l'Université de Montréal et obtient un Baccalauréat en Arts. Il étudie également en création littéraire à l'UQAM. Il travaille comme rédacteur et correcteur.

Il publie son premier roman Le phyto-analyste : thriller botanique en 2012 qui recevra le Grand Prix littéraire Archambault.

Page Facebook de l'auteur.

Bibliographie

  • Le phyto-analyste : thriller botanique (2012)
  • La mandibule argentée (2014)

Mes commentaires

Quel étrange roman ! Difficile de ne pas être dérouté par le texte de Busson. Et comme beaucoup de lecteurs, je le fus aussi.

Mais commençons par l'histoire. Germain Tzaricot est un spécialiste en biologie végétale et se définit lui-même comme un analyste du comportement des plantes et expert dans la communication avec celles-ci, un "phyto-analyste", comme son père. Il vit une petite vie tranquille, entre ses plantes et le bar du quartier où il va régulièrement prendre un verre  avec la faune locale. Un jour, il découvre toutes ses plantes, mortes. Elles ont succombées à une étrange pourriture qui semble d'abord se propager dans son laboratoire puis ailleurs dans la ville. Lui-même semble atteint de cette pourriture et comble de malheur, alors qu'il commence une relation amoureuse avec la belle Rachel, son coeur se transforme en chou-fleur.

Et nous plongeons alors dans ce fameux "thriller botanique". Germain Tzaricot se lance dans une enquête remplie de rebondissements - pas toujours très vraisemblables - afin de découvrir l'origine de cette pourriture qui atteint les végétaux et ensuite les humains. L'auteur nous livre avec son texte très étrange et parfois difficile à suivre, un roman sur l'homme et la nature ; principalement sur l'impact négatif de l'humain : surconsommation, guerres, destruction de la nature, etc.

Le roman est original. Étrange. Et je dois avouer que ma lecture a été difficile au début. Et cela me désespérait. Car je voulais tellement tomber en amour immédiatement avec le roman. Je m'explique. Il faut dire que j'avais un faible pour le livre. J'avais acheté le roman pour la bibliothèque car je trouvais l'histoire originale, le titre intriguant, la couverture superbe et j'adore les coins arrondis des romans de l'éditeur Marchand de feuilles. Mais le livre n'attirait pas le regard des usagers et il n'était pas emprunté. Nous l'avons mis dans les présentoirs à l'entrée de la bibliothèque bien en vue, nous l'avons inclus dans diverses bibliographies : romans policiers québécois, romans sur les plantes, la nature, le printemps... Nous avons fait beaucoup d'effort pour le promouvoir. Mais rien à faire. Le livre n'était pas emprunté. Ça arrive. J'ai donc décidé de l'emprunter et de le lire.

Et j'ai dû m'y reprendre à 3 fois. Je commençais les premières pages et rien ne m'accrochait. J'ai posé et repris le livre. Puis reposé et repris. Finalement j'ai réussi à poursuivre ma lecture. Et j'ai beaucoup aimé, je dois le dire. Mais ce n'est pas un texte simple à lire. Ce qui, cependant, n'explique pas le fait que le livre n'est pas emprunté... Le titre ? La couverture ? Le résumé ? Ce qui me charme rebute peut-être. C'est parfois difficile à expliquer. Mais je ne l'abandonnerai pas. Maintenant que je l'ai lu, je peux essayer de le promouvoir encore un peu. Histoire que d'autres lecteurs découvrent ce faux thriller policier rempli de conspirations, de drogues meurtrières, de kidnapping, d'expériences étranges, de fortes amitiés, de sombres trahisons, et surtout de plantes.

Le texte de Busson n'est pas facile d'approche, et le style parfois un peu lourd, mais une fois apprivoisé, il est très charmant. Le roman semble parfois partir dans tous les sens et on se demande à l'occasion où l'auteur veut en venir avec ses plantes. Les rebondissements sont parfois improbables et l'histoire légèrement farfelue, mais tout a du sens même avoir un chou-fleur à la place du coeur.

Les mots de l’auteur

« Rachel semblait nerveuse, ce fut pourtant elle qui poussa les choses un peu plus loin en me sautant dans les bras. Dans les débris de mon appartement se perdit son joli nez cassé vers la gauche ; dans la terre éparpillée sur le sol s’engouffrèrent ses grands yeux verts nébuleux ; dans le courant  d’air provenant de la fenêtre brisée valsèrent ses longs cheveux blonds ; dans les coussins déchirés de mon divan se dissimulèrent les pointes de ses petits seins. » p.106

«[…] j’ai fait la découverte d,une chose terrible : le genre humain n’a plus besoin de cœur pour survivre. C’est l’évolution qui le veut ainsi, la nature a récupéré ce que nous avons semé pendant oute ces années de guerre et de terreur. Ces années de meurtres et de bombes. Ces années d’industrialisation, de consommation, de capitalisation, de destruction de ressources et des espèces. Il suffisait d’un simple ajustement dans la poitrine pour résoudre les lacunes dues à l’absence du myocarde. Vivre sans un muscle, ce n’est pas une tragédie, surtout si ce muscle, dans les circonstances mondiales actuelles, ne vous sert  plus à rien. » p.272

Pour en savoir un peu plus…

10 avril 2016

Le moment captif d'un dimanche : diablerie

"Il est utile de penser quelquefois. Pour rester heureux, on ne doit pas trop penser." [Gustave Le Bon]

Écoute. Décider qu'on n'écoute plus. Absence de ciel, absence d'infini. Espace clos. Vide limitatif. Vide bien caché. Création d'un maximum de bêtises. Acquisition de croyance fictionnelle. Structuration d'une naïveté. Pardon artificiel. Tranquilité.

Conjugaison. Ils croient. Elle croit. Elle ne croit pas ce que vous croyez et elle déteste ce que vous croyez être. Elle se perd en prières répétitives et y voit des illuminations lyriques. Elle répéte des mots. Elle construit des autels de mots qui la protègent. Elle ne comprend pas et elle ne veut pas comprendre. Elle ne doute plus. Vraisemblablement.

"La religion commence peut-être au bord de la détresse." [Monique Corriveau]

4 avril 2016

Grease 2 (1982)

Grease2_01À l'affiche ce soir :  Grease 2 (1982)

Fiche technique

Langue : Anglais (VO)
Année : 1982
Durée : 114 min.
Pays : États-Unis
Réalisation et chorégraphie : Patricia Birch
Production : Allan Carr, Robert Stigwood
Scénario : Ken Finkleman
Cinématographie : Frank Stankey
Musique originale : Louis St.Louis

Distribution: Maxwell Caulfield (Michael Carrington) ; Michelle Pfieffer (Stephanie Zinone) ; Lorna Luft (Paulette Rebchuck) ; Adrian Zmed (Johnny Nogerelli) ; Maureen Teefy (Sharon Cooper) ; Alison Price (Rhonda Ritter) ; Peter Frechette (Louis DiMucci) ; Christopher McDonald (Goose McKenzie) ; Didi Conn (Frenchy) ; Eve Arden (Principal McGee) ; Sid Caesar (Coach Calhoun).

Synopsis (attention spoilers - en fait c'est toute l'histoire)

En 1961, deux après la graduation des célebres finissants de Grease, une nouvelle année scolaire commence. Alors que les nouvelles Pink ladies et les nouveaux T-Birds entâment leur dernière année de "high school", Michael, le cousin de Sandy arrive d'Angleterre et compte sur Frenchy, une ancienne Pink Lady (qui doit retourner à l'école) pour réussir son intégration à la vie scolaire américaine.

Évidemment, le sage Michael, un brin nerd et beaucoup trop sage et bon garçon, tombe pour la hyper cool leader des Pink Ladies, Stephanie. C'est un amour amour impossible car les Pink Ladies ne peuvent sortir qu'avec les T-Birds, tout le monde sait cela et c'est ce que Frenchy s'empresse de dire à Michael. Mais si cet obstacle n'était pas en soit suffisant, en plus, Stephanie en a marre des règles et des T-Birds et elle rêve d'un "cool rider".

Alors évidemment que va faire Michael ? Mais s'acheter une moto et devenir ce "cool rider" bien sûr ! Et cacher le fait qu'il est ce mystérieux motocycliste qui défait les méchants - les mêmes qu'il y a deux ans - et qui séduit Stephanie - bien qu'elle ne voit jamais son visage. Parallèlement, notre jeune nerd réussit tout de même à s'approcher de la belle en devenant son tuteur. Enfin, à quelques détails près, c'est la même histoire que dans le premier film. Mais en inversant les rôles féminin-masculin.Grease2_02

À propos

Genre: Comédie musicale

Après le succès de Grease, il était évident que le studio voulait une suite. Et même plus d'une. En fait, deux autres films - on parle parfois d'une franchise de quatre films - et une télésérie étaient prévus. Originalement, les producteurs voulaient que les acteurs principaux du premier film reviennent dans la suite. Mais ni John Travolta, ni Olivia Newton-John n'ont accepté de reprendre leur rôle. Les studios ont ensuite tenté de convaincre Jeff Conaway et Stockard Channing d'avoir des petits rôles dans cette suite, mais encore une fois les acteurs ont refusé. Les compositeurs du premier film ont également refusé de participer.

Finalement, devant le peu de succès de Grease 2 à sa sortie, les autres projets furent abandonnés. Les critiques du film furent et sont encore très négatives. Malgré ces critiques, la performance de Michelle Pfeiffer fut tout de même reconnue et elle fut même nommée pour un Young Artist Award en 1983, dans la catégorie Best Young Motion Picture Actress. Ce ne fut malheureusement pas le cas pour Maxwell Caulfield qui a vue sa carrière freinée par les mauvaises critiques du film.

Grease 2 devait se faire dans les 3 ans qui suivaient le premier film. Les producteurs demandèrent à Patricia Birch, la chorégraphe de Grease, de réaliser la suite. Le tournage fut difficile et Birch a déclaré que ce dernier a commencé alors même que le scénario n'était pas terminé. Plusieurs scènes furent filmées puis coupées au montage.

Petite anecdote : on dit que Tom Cruise auditionna pour le rôle de Johnny Nogerelli, le leader des T-Birds. On ne le choisit pas et Adrian Zmed eut le rôle.

Pour moi, Grease 2 c'est...

Pauvre petit film si mal aimé ! Je le dis tout de suite, j'adore Grease 2, presque autant que le premier film... et je connais toutes les chansons par coeur... Des deux films en fait. Mais je dois avouer que j'aime plus les chansons du 2e film, spécialement "Back to school" et "Reproduction", quoi que je ne peux jouer au bowling avec soeurette sans chanter "Score tonight" - ou sans lancer au moins une fois la boule à la Fred Caillou, remarquez !

Il faut cependant le dire, le film a été et est en général, assez mal reçu. On le considère comme un film raté. Et il est vrai, je l'avoue, qu'on peut critiquer en long et en large, les acteurs, l'histoire, etc. Mais soit-dit en passant, on peut dire la même chose du premier film ! Et oui, on a beau aujourd'hui avoir tendance à louanger Grease - et j'adore le film - mais honnêtement, ce n'est pas un chef d'oeuvre. Mais revenons à Grease 2.

Grease2_03Tout le monde s'entend également pour dire que Michelle Pfieffer est la star du film. C'est grâce à ce rôle que l'actrice se fit découvrir. Son personnage et son interprétation sont nettement supérieurs au reste des autres acteurs du film - et à ceux d'Olivia Newton-John. Stephanie de Grease 2 en a marre de vouloir être la "petite amie" d'un gars. Elle n'est pas très brillante, mais elle le sait, connait ses limites et veut les dépasser. Elle est indépendante et elle sait ce qu'elle veut. Même si ultimement, elle veut tout de même un petit copain "cool", au moins c'est un personnage féminin fort. Et il ne faut pas oublier qu'elle est supposée être une adolescente à la fin de son "high school". Et qu'est-ce que beaucoupd d'adolescentes veulent à cet âge... un pett ami.

Évidemment, l'actrice avait 24 ans au tournage - Olivia Newton-John en avait 34 ans - et tous les acteurs sont beaucoup plus vieux que les "entre 16 et 18 ans" qu'ils sont sensés avoir. Alors on a tendance à oublier que c'est un film d'ados léger avec des préoccupations de jeunes : réussir ou non ses cours, sortir entre amis, avoir ou non un copain ou une copine, se faire accepter par les autres, etc.

Une des lacunes du film sont les personnages masculins. Ni Johnny, le leader des T-Birds, ni Michael ne furent des personnages charismatiques aux yeux du public. Johnny a souffert de la comparaison avec Danny (John Travolta) et Kenickie (Jeff Conaway) - bien que personnellement, j'ai toujours trouvé que John Travolta jouait assez mal et que Jeff Conaway (qui jouait Danny dans la comédie musicale originale) était bien meilleur. Mais le pauvre Adrian Zmed n'a pas réussi à séduire le public. C'est dommage car il est très honnête dans son interprétation d'un "macho" en voie de changement. Personnellement, je les aime bien les T-Birds de ce film. Ils sont clairement moins "durs" que leurs prédécesseurs, mais ils sont quand même sympathiques. Et j'adore la scène où Paulette remet Johnny à sa place, il semble si perdu !Grease2_04

Une critique qui revient parfois, c'est le message négatif que les deux films semblent véhiculer : il y a les cools et les autres, le but étant de se faire accepter par les jeunes qui sont les cool de l'école, et pour ce faire, il faut obligatoirement se changer. Et les bons petits garçons et les bonnes petites filles, tranquilles et légèrement nerds sont plates et fades. Ils doivent se transformer pour être acceptés par la gang cool. Dans le premier film, c'est la fille qui doit changer ses cheveux, ses vêtements et "fumer" ; dans le deuxième c'est le gars qui doit paraître moins intelligent, changer ses vêtements et conduire dangereusement une moto...

Bon, j'avoue que pris au pied de la lettre c'est un peu réducteur et je suis d'accord que ce n'est pas le message le plus positif.... mais quand on regarde bien les films, il y a plus... Dans le premier, Danny est prêt aussi à changer pour Sandy, et dans le deuxième, Stephanie apprécie l'intelligence de Michael... Bon, à la fin, c'est la coolitude qui gagne, mais quand j'avais 11 ans, j'en étais bien heureuse !!!! Je voulais être Stephanie - pas mal plus que Sandy, même après sa transformaton à la fin. Car même à 11 ans, je trouvais Stephanie pas mal plus cool que Sandy. Parce que Sandy était nounoune tout le long du film et en plus elle se changeait pour un gars, alors que Stephanie faisait ce qui lui plaisait et c'était le gars qui se changeait pour elle. Et même si je trouvais Michael un peu kétaine, non seulement il était cool sur sa moto mais en plus, il lisait !

Générique du début :

Grease 2 - Back To School Again (1982)

Pour voir d'autres extraits, on peut faire un tour sur youtube.

Citations

The Pink Ladies: "The Pink Ladies pledge to act cool, to look cool and to be cool, till death do us part, Think Pink!"

Stephanie Zinone: "Johnny just hasn't learned when you're dead, lie down. Besides, there's gotta be more to life than just makin' out.Paulette Rebchuck: "Y'know, I never thought of it that way!"

Paulette Rebchuck: [after Johnny gives her an order] "Yeah? Well, you wanna hear my 'final word' Mr Push-everyone-around Nogarelli? You may be able to bully some of the chicks in this school, but this chick has been bullied by one Johnny Nogarelli for the last time. I may not be the classiest chick in this school, but I'm the best you're ever gonna get. So take it or leave it!"

Pour en savoir un peu plus...

2 avril 2016

La mer d'innocence de Kishwar Desai

MI2La mer d’innocence / Kishwar Desai ; roman traduit de l’anglais (inde) par Benoite Dauvergne. – [Tour D’Aigle : Éditions de l’Aube, 2014. – XX cm ; 333 p. – ISBN 978-2+8159-1087-3

Quatrième de couverture

Goa, ancien paradis hippie, est une nouvelle destination à la mode pour les jeunes du monde entier. Sauf qu’une jeune touriste britannique y est agressée par des Indiens puis portée disparue…
Simran Singh, piquante travailleuse sociale, y passe justement ses vacances avec Durga, sa fille adoptive, quand elle reçoit une vidéo sur son téléphone portable qui va donner une tournure totalement inattendue à son séjour. ­Commence alors une longue enquête pleine de rebondissements, et la découverte pour le lecteur d’un Goa assez terrifiant ! Trafics de drogue, disparitions inexpliquées de touristes, meurtres, mafia… Kishwar Desai s’attache une nouvelle fois à dénoncer la violence et la corruption qui sévissent en Inde, et sa maîtrise du suspense ne fait que se confirmer !

L’auteur

Kishwar Desai (née Rosha) est née en 1956 à Ambala dans l’État du MI1Pendjab en Inde. Elle étudie au Lady Shri Ram College en Économie et obtint son diplôme en 1977. Elle se marie et a deux enfants. Elle travaillera d’abord comme journaliste et réalise des reportages politiques pour le Indian Express. Elle travaillera également pendant une vingtaine d’année à la télévision et radio : elle sera présentatrice de nouvelles, productrice et dirigera un poste de télévision.

Elle se divorce et se remarie en 2004. Elle prend alors le nom de son époux, Desai. En 2007, elle publie une biographie de deux acteurs indiens Narais et Sunil Dutt. Son premier roman Witness the Night sera traduit en plus de 25 langues et a reçu plusieurs prix littéraires dont le Prix Costa.  

Aujourd’hui elle continue d’écrire des romans ainsi que des articles pour des magazines et journaux. Elle vit à Londres, à Delhi et Goa.

Bibliographie

  • Manto! (Théâtre) (1999)
  • Dalrlinaji : The True Love Story of Narais and Sunil Dutt (2007)
  • Witness the Night (2009)
  • Origins of Love (2012)
  • The Sea of Innocence (2013)

Mes commentaires

Voici encore un autre roman policier. Mais d'un genre légèrement différent et dans un setting qui ne m'est pas du tout familier. Le roman se situe en Inde dans l'état de Goa et l'enquête sera menée par une travailleuse sociale et non pas par un/e policier/ère ou détective.

L'histoire du roman est difficile et terriblement d'actualité. L'auteure s'est en effet inspirée de l'actualité indienne des dernières années qui a fait connaître au monde la condition des femmes en Inde et l'horrible problème des agressions et violences sexuelles dans le pays. Les viols collectifs et les agressions sexuelles en Inde sont de plus en plus médiatisés. Kishwar Desai rappelle d'ailleurs dans son roman, l'horrible drame de l'étudiante qui fut victime d'un viol collectif dans un autobus à New Delhi et qui ne survécut pas de ses horribles blessures. Son copain qui l'accompagnait fut également violemment battu. Ce drame avait soulevé l'Inde et le monde - mais malheureusement la situation continue d'être insoutenable pour les femmes en Inde et les viols sont monnaie courante. 

C'est sur ce drame, sur la condition des femmes en Inde, sur la corruption et le crime en Inde que l'auteur construit son roman. Elle s'inspire également du coté caché et troublant des plages de Goa et des nombreux crimes, meurtres et disparitions qui y ont lieu.

Simran Singh, est une travailleuse sociale qui vit à New Delhi avec sa fille adoptive Durga qui est maintenant une adolescente. Les deux sont en vacances sur les plages paradisiaques de Goa, la destination touristique à la mode. Mais alors que Simran essaie de se reposer sur la plage, elle reçoit sur son téléphone, une vidéo troublante envoyée par Amarjit, un policier - et ancien amant - qu'elle connaît depuis longtemps. On peut voir sur la vidéo, une jeune fille blonde, une touriste, qui semble se faire agresser par des Indiens. Simran décide de ne pas répondre à Amarjit mais celui-ci arrive bientôt à Goa pour tenter de la convaincre d'enquêter sur la disparition de la jeune anglaise que l'on voit dans la vidéo.

Simran est d'abord réticente, elle ne veut pas s'impliquer, ne veut gâcher ses vacances avec sa fille. Mais petit à petit, elle voit les gens et les événements sur la plage d'un autre oeil et elle devient de plus en plus inquiète. La plage prend une allure sombre et malsaine. Elle n'a pas le choix, elle renvoie sa fille à Delhi et commence à enquêter, par elle-même, sur la disparition de la jeune anglaise. Ce qu'elle découvre est un monde de violence et de corruption.

Le roman de Desai n'est pas une enquête typique et même s'il y a de nombreux rebondissements, il ne faut pas y chercher un roman de suspense. Et il n'y a pas non plus de fin clairement "heureuse". Nous aurons des réponses à nos questions, mais elles ne seront pas nécessairement satisfaisantes et les coupables ne seront pas non plus nécessairement punis.

Le roman est difficile mais il n'est pas uniquement sombre. Et on sent que l'auteure veut tout de même nous donner une vision optimiste de son pays. Bien que son roman dénonce les nombreuses injustices sociales, la corruption des classes dirigeantes et des forces de l'ordre, les violences faites aux femmes, etc., j'ai senti que l'auteure voulait nous montrer que l'inde ce n'était pas juste ça. Et bien qu'elle souligne vividement le côté malsain des plages touristiques, ses personnsages aiment Goa et elle nous présente l'histoire et les beauté de la région.

Le personnage principal du roman est une femme forte, qui se fout des conventions (à 40 ans, elle n'est pas mariée, elle fume, boit, ...) et qui veut changer le sort des femmes en Inde. Elle prend de nombreux risques et est fortement critiquée. C'est une voix puissante même si elle demeure profondément humaine et vulnérable. L'auteure a voulu montrer une femme indienne qui n'est pas une victime. C'est le troisième roman de Desai mettant en vedette Simran et même si on fait parfois allusion aux romans précédents, il ne m'a pas semblé nécessaire de les avoir lu pour comprendre le récit et les personnages. Cela m'a cependant terriblement donné envie de lire les deux premiers romans qui semblent, selon mes recherches, tout aussi difficiles et sombres.

L'écriture de Desai est solide et son histoire bien ficelée dans son ensemble. Il y a bien quelques longueurs et quelques rebondissements qui m'ont semblé un peu tirés par les cheveux. Mais ma lecture n'en a pas souffert. Personnellement, j'ai trouvé que le côté "policier" du roman était tout à fait secondaire. Ce sont les commentaires de l'auteure sur l'Inde qui étaient pour moi l'intérêt premier du roman. Et Kishwar Desai réussit à nous offrir un texte captivant et bien écrit qui nous plonge dans la société indienne sans devenir un discours pamphlétaire.

Les mots de l’auteur

« Difficile à dire s'il s'agissait d'un simple conflit entre deux cultures. Après tout, ces femmes pouvaient tout aussi bien se plaindre que les hommes qui "succombaient" à leurs charmes ne cherchaient qu'à coucher avec elles et à obtenir un passeport étranger.
Le problème se résumait-il au fait que cette Inde soi-disant en voie de modernisation ne savait pas comment traiter la question de la sexualité féminine et supposait que ces touristes, en raison de leur comportement naturellement amical et leurs tenues occidentales, étaient prêtes à s'offrir au premier venu ?
 »

« Je me demandais également si les gens éprouveraient un peu de compassion pour Lisa si elle avait été tuée. Ou bien son nom s’ajouterait-il simplement à la longue liste de jeunes filles mortes à Goa alors qu’elles étaient venues y chercher la belle vie » p.82

Pour en savoir un peu plus…

29 mars 2016

Crime littéraire : achats compulsifs

DSC_5945Hier à la bibliothèque, nous avons reçu une boîte pleine de livres en don. En effet, les gens semblent incapables de jeter leurs livres. Ils viennent les porter à la bibliothèque. Peu importe leur état : livres vieux, jaunis, puants et souffrant de moisissures avancées... ils sont incapables de les mettre au recyclage ou à la poubelle. Non, on croit que la bibliothèque municipale va profiter de ces dons inestimables de livres publiés dans les années '60, '70 ou '80. Qui ne voudrait pas d'un Danielle Steel des années '80. Désolée, mais même s'il est en bon état, il y a de bonnes chances que nous avons élagué (comprendre retirer de notre collection) notre copie il y a déjà de nombreuses années.

Bon, ce que je veux dire, c'est que nous recevons toutes les semaines, des caisses et des caisses de dons. Et pour la forme... ce ne sont pas toutes les bibliothèques publiques qui acceptent les dons... car c'est un travail immense pour pratiquement aucun résultat.

Mais je ne voudrais pas être totalement négative, hein, et il arrive que certains documents soient en bon état et relativement récents. Nous allons donc vérifier si nous avons le livre (ou cd, ou DVD, ou... bon vous comprenez le principe). Et alors plusieurs options s'offrent à nous... Si nous n'avons pas le livre, nous décidons si nous le gardons ou non pour notre collection... Et si nous avons le livre ? Si le don est en meilleur état que notre copie, nous la remplaçons par le don. Mais dans tous les cas, si nous ne conservons pas le don pour notre collection et s'il est en bon état, il sera conservé pour la vente de livres.

Deux fois par année, nous avons une vente de livres usagés (lire ici, les livres que nous avons retirés de nos collections et livres que nous avons reçus en don et que nous n'avons pas conservés pour la bibliothèque pour diverses raisons mais qui étaient en assez bon état pour leur donner une autre chance). Tant de livres mis en vente à des prix ridiculement bas... car même si, il faut le dire, un but des ventes est d'aider la bibliothèque dans ses activités, le but premier de la vente - car à 0.25, 0.50$ et 1.00$, on ne fait jamais des ventes phénoménales - est de donner une deuxième vie à ces livres - car personne n'aime jeter un livre... Bon, est-ce que j'en viens à mon crime littéraire, vous vous demandez ?

Oui, alors voilà... mon crime est que je suis une acheteuse compulsive lors de ces ventes de livres ! Je ne peux m'empêcher d'acheter ces livres que je vois atterir sur les rayonnages de notre magasin consacrés à nos ventes de livres. Et le pire, c'est que je les achète avant même ces fameuses ventes de livres. Aussitôt que ces livres abandonnés ou élagués rejoignent le magasin, nous sommes quelques employés à hanter les rayonnages. Nous entendons l'appel de ces livres à la recherche d'un nouvel endroit où vivre. Et j'achète, j'achète, j'achète... j'ai des piles infinies de livres achetés à la bibliothèque qui viennent rejoindre mes piles de livres qui attendent d'être lus. Car le problème c'est que je passe mon temps à emprunter et lire les livres que j'ajoute à la collection de la bibliothèque. Donc, ces livres que j'achète, je n'ai pas le temps de les lire. Il y a définitivement trop de livres à lire. J'essaie de résister. J'essaie de ne pas acheter. Mais ils sont là... ils m'appellent, m'intriguent avec leur quatrième de couverture et je ne peux m'empêcher de les acheter. Et j'achète, j'achète, j'achète...

Et je me sens coupable de lire les livres que j'emprunte avant ceux que j'achète. Heureusement ces derniers ne semblent pas rancuniers et attendent patiemment que je les lise. Après avoir été abandonné une fois, ils ont bien le temps d'être lu à nouveau. Ils ne semblent pas m'en vouloir de mon crime d'acheteuse compulsive...

27 mars 2016

Le moment captif d'un dimanche : craquer mon coco

2016-03-27« Les paroles sont comme des œufs, à peine écloses, elles ont des ailes » [Proverbe malgache]

Les mots s'envolent. Ils s'évadent. Les paroles, non, elles ne s'envolent pas toujours. Elles restent. Elle s'ancrent dans l'âme. Elles encrent l'esprit. Elles peuvent nous bercer ou nous battre. Moi, j'en fais des omelettes.

De la couleur sur nos souvenirs. Nous voyons le présent en noir et blanc. Les jours qui arrivent sont en sépia. Mais la vieille couleur se fendille. Le soleil se lève aujourd'hui. Et demain est rempli de promesses multicolores. Moi, j'aime les nuances.

Un jour on a espéré naître. On s'aligne, on s'enligne et on s'uniformise dans une suite de voyelles et de consonnes qui ne semblent plus rien dire. On veut tout mettre dans un panier. Et puis, on craque. On brise tout en mille morceaux. Et puis, on recolle les morceaux qui nous semblent importants et on jette le reste. Moi, je fais du bricolage.

« Le passé est un œuf cassé, l'avenir est un œuf couvé » [Paul Éluard]

23 mars 2016

Du domaine des murmures de Carole Martinez

DDMurmures1Du domaine des murmures : roman / Carole Martinez. — [Paris] : Gallimard, c2001. – 200 p. ; 21 cm. – ISBN 978-2-07-013149-5

Quatrième de couverture

En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire «oui» : elle veut faire respecter son vœu de s'offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe...
Loin de gagner la solitude à laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des vivants et des morts. Depuis son réduit, elle soufflera sa volonté sur le fief de son père et ce souffle l'entraînera jusqu'en Terre sainte.
Carole Martinez donne ici libre cours à la puissance poétique de son imagination et nous fait vivre une expérience à la fois mystique et charnelle, à la lisière du songe. Elle nous emporte dans son univers si singulier, rêveur et cruel, plein d'une sensualité prenante.

L’auteur

Carole Martinez est née en 1966 à Créhange (Alsace) en France. Elle va avoir plusieurs emplois – serveuse, ouvreuse, vendeuse, photographe, comédienne, metteur en scène, pigiste - avant de devenir enseignante de français dans un collège d’Issy-les-Moulineaux. Elle commence à écrire et publie son premier roman pour la jeunesse en 1998 et son premier roman pour adulte en 2007. Ses romans sont nommés et reçoivent de nombreux prix dont le Renaudot des lycéens et le Goncourt des lycéens. Elle vit aujourd’hui à Paris.

Son roman Du domaine des Murmures sera adapté pour le théâtre en 2015.

Bibliographie

  • Le cri du livre (1998)
  • Le cœur cousu (2007)
  • Du domaine des Murmures (2011)
  • L’œil du témoin (2011) (reprise du roman jeunesse Le cri du livre)
  • La terre qui penche (2015)

Mes commentaires (attention spoilers)

Voici un petit roman historique qui m'a replongée dans mon époque préférée. Et j'en avais bien besoin. J'aime beaucoup le moyen-âge mais il est très rare que je lise un roman contemporain se déroulant à cette époque et que je le trouve réussi (ouf... phrase boîteuse mais que je vais laisser ainsi). Je dis "petit roman", mais je ne voudrais pas qu'on sous-estime l'histoire. Le roman est court mais incroyablement intense.

Esclarmonde a quinze ans et ne veut pas se marier. Nous sommes en 1187 et peu d'options s'offre à une jeune femme qui ne veut pas devenir épouse et mère. Elle se tourne donc vers la religion. Le jour de son mariage, alors qu'elle doit dire "oui" à un homme qu'on lui impose, elle déclare qu'elle choisit Dieu. Elle demande devant toute l'assistance réunie pour son mariage  qu'on lui construise une cellule où elle sera emmurée pour toujours pour prier. Elle déclare donc préférer vivre l'isolement jusqu'à sa mort que de vivre avec un homme qu'elle n'a choisi. Son père est furieux, son fiancé anéanti, sa suivante dévouée et le peuple ébloui.

Mais alors qu'elle se prépare à être enfermée, elle est violée par un homme. Elle ne dit rien et rejoint sa cellule. Seule une petite fenêtre lui permet de communiquer avec le monde. Mais la solitude qu'elle désirait semble lui échapper. Non seulement, les gens la considèrent comme une sainte et s'empressent devant sa tour et sa fenêtre, espérant la voir ou lui parler mais l'agression dont elle fut victime l'a poursuivie dans sa cellule. Et lorsqu'elle accouche d'un petit garçon, elle devient une miraculée. Les gens viennent de partout pour un moment avec elle, son ancien fiancé ne peut vivre sans elle et même sa belle-mère vient chercher son conseil. Seul son père est inconsolable et ne veut pas la voir.

Religion, croisades, visions, inceste, maternité, le roman est dur et incroyablement réaliste. L'époque est très bien décrite et vivante sans être trop "historique". On ressent le désespoir d'Esclarmonde et sa passion pour la vie. Pour vivre sa vie comme elle l'entend, pour ne pas se marier, pour être plus près de Dieu, elle s'est fait emmurée. Et bien qu'elle était convaincue de sa décision, maintenant les doutes l'envahissent. La situation lui échappe, le monde extérieur ne la laisse pas tranquille, la maternité l'enflamme. Mais renoncer à son isolement n'est plus de son pouvoir.

On peut bien sûr aller au-delà de l'histoire et voir dans cet isolement, une métaphore sur notre propre isolement, sur les murs que nous construisons autour de nous. On peut également lire une analyse de la condition féminine, à cet époque et aujourd'hui. Mais j'ai parfois de la difficulté avec ce type d'analyse. Était-ce l'intention de l'auteur ? Peut-être que oui, problablement pas. Plusieurs ont analysé le texte sous ces angle, cela m'a effleuré aussi l'esprit.

Mais au final, j'ai préféré me laisser porter par le texte et par l'époque. 

Les mots de l’auteur

« Car ce château n’est pas seulement de pierres blanches entassées sagement les unes sur les autres, ni même de mots écrits quelque part en un livre, ou de feuilles volantes disséminées de-ci de-là comme graines, ce château n’Est pas de paroles déclamées sur le théâtre par un artiste qui userait de sa belle voix posée et de son corps entier comme d’un instructeur d’ivoire.

Non, ce lieu st tissé de murmures, de filets de voix entrelacées et si vieilles qu’il faut tendre l’oreille pour les percevoir. De mots jamais inscrits, mais noués les uns aux autres et qui s’étirent en un chuintement doux. » p. 14

« Christ était puissant dans l’esprit des femmes de mon temps. Christ seul pouvait tenir les hommes en échec et leur arracher une vierge. Il semblait alors aux familles qu’elles concluaient avec le ciel une alliance nouvelle en cédant à Dieu une enfant qui prierait pour eux depuis le sommet des cieux ou la cellule d’un cloître. » p. 24

« Le monde en mon temps était poreux, pénétrable au merveilleux. Vous avez coupé les voies, réduit les fables à rien, niant ce qui vous échappait, oubliant la force des vieux récits. Vous avez étouffé la magie, le spirituel et la contemplation dans le vacarme de vos villes, et rares sont ceux qui, prenant le temps de tendre l’oreille, peuvent encore entendre le murmure des temps anciens ou le bruit du vent dans les branches. Mais n’imaginez pas que ce massacre des contes a chassé la peur ! Non, vous tremblez toujours sans même savoir pourquoi. » p.(?)

Pour en savoir un peu plus…

20 mars 2016

Le moment captif d'un dimanche : printemps en folie

2016-03-20"Mars qui rit, malgré les averses,
Prépare en secret le printemps." [Théophile Gautier]

Les écureuils sont fous aujourd'hui. Le soleil leur donne la bougeotte. Pourtant le mercure est encore sous zéro et on annonce de la neige dans les prochains jours. Mais c'est aujourd'hui le printemps et ils le savent.

Ils batifolent sous le saule, se poursuivent et se chamaillent. Ils sont insousciants pour quelques instants. Ils célèbrent cet événement. Ils tentent d'attraper chaque rayon de soleil. Ils se roulent dans la terre qui qui semble un peu plus chaude aujourd'hui. Dans quelques jours, il y aura peut-être de la neige, mais en ce moment c'est le printemps !

"Je mêle mon souffle à la chaleur du printemps
Je m’imprègne de chaque odeur
" [Gatien LAPOINTE]

18 mars 2016

Quelque part avant l'enfer de Niko Tackian

enfer1Quelque part avant l’enfer / Niko Tackian. –[Paris] : Scrineo, c2015.—xx cm ; 317 p. –ISBN 978-2-3674-0204-8

Quatrième de couverture

Anna est miraculée. Après un accident et deux semaines de coma, elle est toujours en vie. Est-ce la promesse d'un nouveau départ ? Une chance avec son fils et son mari de tout recommencer ?

Mais de l'autre côté, l'espace d'une infime seconde, alors que sa vie était suspendue à un fil, elle a vu le tunnel, une lumière noire, et un homme lui promettant de la tuer...

Il la poursuit encore.

Pourquoi l'a-t-il choisie comme témoin de ses crimes ? Parfois, il vaut mieux ne pas revenir...

Un thriller psychologique haletant qui traite avec brio le thème de la mort imminente.

L’auteur

Nicolas  Tackian est né en 1973 à Paris en France. Il fait des études en Droit puis en Histoire de l’art. Connu sous le nom de Niko Tackian, il est scénariste et réalisateur,  principalement pour la télévision. Il a aussi été journaliste et rédacteur en chef pour différents magazines. On le connaît également enfer2comme auteur de bandes dessinées, notamment pour L’Anatomiste publié en 2005. Il publie son premier roman, Quelque part avant l’enfer, en 2015.

Page Facebook de l’auteur

Bibliographie partielle

  • Quelque part avant l’enfer (2015)
  • La nuit n’est jamais complète (2016)

Bibliographie et filmographie sur Wikipedia

Mes commentaires

Et un autre suspense qui m'a donné l'impression de voir un film. Il faut dire que l'auteur est encore une fois scénariste et réalisateur. Et de plus, il a écrit des BD. Il sait donc offrir un rythme soutenu à son texte et nous propose des images fortes. L'histoire est rapide, les chapitres courts et le texte est dense. La thématique est intéressante et il est rare qu'on nous parle de mort imminente dans ces termes. Le roman semble osciller entre le fantastique, le roman policier, le suspense et le thriller psychologique.

Anna est une jeune mère de famille qui vit des moments difficiles dans son couple. Après un accident de voiture, elle vit une expérience de mort imminente (EMI). Mais contrairement aux récits des gens ayant vécu une expérience similaire, Anna ne ressent aucune paix et ne voit pas de lumière blanche. Son expérience est noire, désagréable, malsaine. Et elle ne voit pas d'anges bienveillants ou des membres de sa famille qui l'accueillent, elle voit plutôt un homme effrayant qui la menace et lui promet de la retrouver et de la tuer.

Elle survit à son accident mais quand elle sort du coma Anna est dévastée par son expérience. Elle revit sans cesse ces moments de mort imminente. Elle se sent menacée, elle est convaincue d'avoir été témoin d'un meurtre et a peur pour sa vie. Sa famille veut l'aider mais elle semble sombrer petit à petit dans la folie et la paranoïa. Anna tente de comprendre ce qui lui arrive et ce qui lui est arrivé lors de son EMI. Alors qu'elle tente de trouver des réponses avec l'aide d'un professeur qui fait des recherches sur les EMI, des meurtres sont commis et Anna est convaincue que le meurtrier est celui de qui la poursuit dans ses rêves. Lorsque son fils semble menacé, Anna fera tout en son pouvoir pour le sauver.

Roman fascinant et très intense. Et dont la fin m'a complètement surprise. Anna est un personnage complexe, troublé, traumatisé par une expérience incroyable et qui se bat contre des démons... des démons réels et imaginés. Les personnages secondaires sont très intéressants également. Je n'ai pas parlé beaucoup de l'enquête sur les meurtres en série mais cet aspect est également très bien mené.

Mais l'intérêt de l'histoire réside vraiment dans le combat d'Anna pour comprendre ce qui lui arrive. Et nous cherchons avec elle un sens à toute cette histoire. J'ai particulièrement aimé l'aspect sombre de l'expérience de mort imminente contrairement à ce qu'on entend habituellement. L'auteur semble être bien documenté et son texte est solide.

J'ai beaucoup aimé l'atmosphère du roman. J'ai bien noté quelques petites invraisemblances et j'aurais aimé quelques petits indices tout au long du roman pour comprendre un peu mieux la fin. Mais en général, le roman est très bien construit et vivant. Un petit mot sur la structure du texte. Le roman a 317 pages et environ 70 chapitres qui sont donc très brefs. Cela donne un rythme intense au roman qui me semble essentiel à l'histoire - et qui rejoint le côté "film" et "case de bande dessinée". Mais en même temps, j'ai été un peu essouflée et le fait de changer contamment de chapitre m'a étourdie. Mais je le répète c'est un roman intense et solide.

Les mots de l’auteur

 « Elle décida d’avancer dans une direction, le nord, et s’aperçut qu’elle n’avait pas de chaussures. Étrangement ses pieds ne la faisaient pas souffrir, comme si le tapis de neige n’était pas réellement là. Elle fit quelque pas en avant jusqu’à atteindre le tronc d’un immense chêne. L’arbre se dressait vers le ciel et ses branches transformées en piques de glace pointaient dans toutes les directions comme les bras d’une étoile. En fixant le tronc, elle aperçut un symbole gravé profondément dans l’écorce : une spirale. » p.44

Pour en savoir un peu plus…

14 mars 2016

Le cri du cerf de Johanne Seymour

cerf2Le cri du cerf / Johanne Seymour. – Montréal : Libre Expression, c2005 – 331 p. ; 22 cm. – ISBN 2-7648-0180-7

Quatrième de couverture

Un matin brumeux d'octobre, Kate plonge dans les eaux glacées de son lac près du paisible village de Perkins, dans les Cantons-de-l'Est, et trouve, flottant à la dérive, le cadavre d'une fillette. Plus tard, une seconde victime confirmera la présence d'un tueur en série dans les environs.

Qualifiée par ses pairs d'asociale et de vindicative, le sergent Kate McDougall devra mener l'enquête la plus difficile de sa carrière. Pour démasquer la Bête, elle aura à affronter ses démons et à remonter le fil douloureux de son passé.

Une démarche qui l'entraînera au cœur d'un cauchemar et qui menacera de briser le fragile équilibre sur lequel elle a bâti sa vie. Une vie marquée par le cri du cerf.

L’auteur

Johanne Seymour est née à Montréal. Elle étudie d’abord en théâtre à l’Université du Québec à Montréal puis en réalisation à l'Institutcerf1 national de l'image et du son également à Montréal. Elle étudie également à l’Université de New-York en vidéo. Elle est d’abord comédienne et elle joue principalement au théâtre. On peut la voir également à la télévision et dans quelques films.

Dans les années 90, elle laisse de côté sa carrière d’actrice pour devenir metteure en scène, réalisatrice et scénariste. Son court métrage La dernière pomme remporte le Prix du meilleur court métrage au Festival de Tunis en 2000.

Elle écrit son premier roman, Le cri du cerf, en 2004. Elle se consacre depuis principalement à l’écriture. Elle vit aujourd’hui dans les Cantons-de-l’Est.

Site web de l’auteure, sa page Facebook et son compte Twitter.

Bibliographie

  • Le cri du cerf (2005)
  • Le cercle des pénitents (2007)
  • Le défilé des mirages (2008)
  • Vanité (2010)
  • Eaux fortes (2012)
  • Wildwood (2014)

Mes commentaires

Classique ! Voici un excellent roman policier qui suit les "règles" classiques du genre : un crime, un policier, une enquête. Bon, évidemment, l'auteur ne suit pas à la lettre les fameuses 20 règles du roman policier de S.S. Van Dine publiées en 1928. Mais disons que cela faisait longtemps que je n'avais lu un roman policier aussi "classique". Et je dois avouer que cela fait changement !

Kate McDougall travaillait pour la Sûreté du Québec au quartier général, mais des guerres intestines, un caractère difficile et sa tendance à n'en faire qu'à sa tête l'ont obligée à accepter une démotion. Elle travaille maintenant dans un petit poste de campagne dans les Cantons-de-l'Est.

Le cadavre d'une petite fille qu'elle découvre dans le lac devant chez elle la projette dans une enquête sur ce qui semble être des meurtres en série. Cette enquête va ramener dans sa vie des gens de son passé, des souvenirs qu'elle voudrait oublier et la place même momentanément dans le rang des suspects. Rapidement elle se rend cependant compte que le meurtrier s'adresse à elle. Elle devra donc affronter son passé et ses propres démons si elle veut mettre un terme à ces meurtres.

Johanne Seymour nous offre ici un excellent roman avec une intrigue solide et une action soutenue. L'auteure nous amène petit à petit à comprendre l'intrigue - ce qui suit une des fameuses règles. Les personnages sont très intéressants, principalement Kate. Je me serais cependant passée de l'histoire "d'amour" - ce qui contrevient aux mêmes règles ! Mais en général, les personnages, même secondaires, sont bien développés. 

J'ai beaucoup aimé le roman de Seymour et je me suis attachée au personnage principal. Et ce qui est rare pour moi, j'ai envie de la retrouver dans les autres romans de l'auteure.

Le roman n'est pas sans défaut - quelques clichés ça et là. Et j'ai eu de la difficulté avec le fait d'appeler le meurtrier "La Bête" tout le long du roman, même une fois qu'on a appris son véritable nom. L'identifier comme "une bête" me semble réducteur et très cliché. Mais je ne m'attarderai pas sur les quelques faiblesses car le roman n'en souffre pas.

J'ai eu une très belle lecture et j'ai très hâte de le voir à la télévision. En effet, le roman a été adapté pour la télé sous le titre Séquelles avec Céline Bonnier dans le rôle de Kate. La minisérie qui aura 6 épisodes devrait être diffusée en avril 2016.

Les mots de l’auteur

« Chaque brasse la propulse encore plus profondément dans les ténèbres. Elle rêve d’être poisson comme d’autres rêvent de voler. Son corps s’exalte à chaque poussée. Dans cette matrice froide et noire, elle meurt et renaît. Elle voudrait ne jamais ressortir, prolonger sans fin ce moment, mais ses poumons la rappellent vite à l’ordre ; elle n’est qu’humide. Avec regret, Kate remonte à la surface. » p.12

« Kate sait qu’elle devrait parler, mais c’est au-dessus de ses forces. Si je ressuscite mon passé, je n’y survivrai pas une seconde fois, songe-t-elle avec désespoir. Et même si, tout au fond, elle devrait sentir que c’est faux, le monstre aveuglant de son passé l’oblige à n’envisager qu’une seule solution. Trouver le coupable elle-même. » p.247

Pour en savoir un peu plus

10 mars 2016

Celui dont le nom n'est plus de René Manzor

Celui1Celui dont le nom n’est plus : roman / René Manzor. -- [Paris] : Kero, [2014]. – 390 p. ; 24 cm. – ISBN 978-2-36658-112-6

Quatrième de couverture

Londres, au petit matin. Sur une table de cuisine, gît un homme vidé de ses organes. L’assassin est une vieille dame à la vie exemplaire. Pourquoi cette femme a-t-elle sacrifié l’homme qu’elle a élevé comme un fils ?

Elle est incarcérée. Pourtant, le lendemain, un autre homme est tué de façon similaire. Par la personne qui l’aimait le plus au monde. À chaque fois, les tueurs, qui ne se connaissent pas, laissent derrière eux la même épitaphe écrite dans le sang de leur victime : Puissent ces sacrifices apaiser l’âme de Celui dont le Nom n’est plus…

Trois destins vont se lier autour de ces meurtres incompréhensibles : ceux de McKenna, vétéran de Scotland Yard, de Dahlia Rhymes, criminologue américaine et de Nils Blake, l’avocat de ces coupables qui ressemblent tant à des victimes.

L’auteurCelui02

René Manzor, de son vrai nom René Lalanne, est né en 1959 à Mont-de-Marsan en France. Son père est Français et sa mère Uruguayenne. Il est surtout connu comme scénariste et réalisateur. Son premier court métrage, Synapses, paraît en 1981 et il réalise son premier long métrage, Le passage, en 1986. Sa filmographie comporte des courts et longs métrages. Il travaille également pour la télévision américaine et française. Il réalise aussi des clips.  En 2012, il publie son premier roman, Les âmes rivales. Son deuxième roman, Celui dont le nom n'est plus, en 2014.

Site web de l'auteur, et sa page Facebook.

Mes commentaires

Disons-le immédiatement le roman de René Manzor est extrêmement efficace. L'auteur est réalisateur et scénariste et on le sens aisément dans le texte. Le roman m'a rappelé mes lectures de Donato Carrisi (surtout Le chuchoteur). Le rythme est rapide, le suspense omniprésent, et on visualise facilement le roman sur un écran et même une certaine partie de l'intrigue est semblable. Sur ce dernier point, cependant je dois avouer que j'ai été surprise par les similitudes entre les deux romans. Il y en a beaucoup, et on peut se questionner sur certains choix et influences de l'auteur.

La quatrième de couverture résume assez bien l'histoire. Des meurtres horribles sont commis un après l'autre. Chaque fois, la victime a été tuée et éviscérée par un proche, quelqu'un qui l'aimait véritablement. Et à chaque fois, la scène du crime a été préparée selon les rites funéraires de la religion de la victime. Les meurtriers ne nient pas leur crime, mais sont complètement dévastés par leur acte et n'en ont aucun souvenir. Finalement, un phrase laissée sur les lieux  mentionnant que le meurtre est commis dans l'espoir d'apaiser "Celui dont le nom n'est plus" laisse supposer que les crimes sont ritualistiques. Les meurtriers cependant ne se connaissent pas et rien ne semble les lier.

L'inspecteur McKenna de Scotland Yard et la criminologue américaine du FBI Dahlia Rhymes enquêtent ensemble pour comprendre ces crimes et les liens qui les unissent. L'avocat des meurtriers, Nils Blake, vient s'ajouter aux personnages principaux.

Les trois personnages sont bien développés et très intéressants. Les liens se tissent petits à petits et les blessures de chacun apparaissent tranquillement et je dois avouer avoir été surprises à quelques reprises. La tension est constante et l'intrigue très bien ficelée. Au-delà de l'intrigue policière, comme beaucoup de lecteurs, j'ai aussi senti un commentaire sur l'acceptation de la mort et sur la manipulation. L'auteur sait comment mener son histoire et nous captiver jusqu'à la fin. J'ai particulièrement trouvé intéressant le fait que l'auteur n'attend pas la fin pour nous dévoiler les liens entre les meurtres. On nous donne même le coupable et sa méthode. Le roman ne perd cependant jamais de son intérêt et on poursuit avidement la lecture. Car on veut connaître aussi les motivations. Et l'action ne cesse jamais. On sent un film, une série télévisée et je serais curieuse de voir quelque chose de lui. 

Les mots de l’auteur

« Tu me fais du mal, p’pa ! murmura-t-il entre ses dents. Tu me fais du mal. Et ça nous en fait à nous.

Ces paroles eurent un effet immédiat sur le détective qui arrêta de se débattre. Il resta ainsi, les bras ballants, appuyé contre son fils. La colère avait fait place aux sanglots.

Alors l’adolescent se met à le bercer tendrement. McKenna finit par accepter son étreinte. Il enlaça son fils à son tour et tout deux restèrent ainsi un long moment, accroché l’un à l’autre. » p. 225

Pour en savoir un peu plus

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