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Quelques pages d'un autre livre ouvert...

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Quelques pages d'un autre livre ouvert...
22 février 2015

Le moment captif d'un dimanche : compréhension

2015-03-05"Pour me libérer de ce que je vis, je vis." [Antonio Porchia]

Laissez-moi vivre ! Laissez-moi courir ! Laissez-moi mourir ! Laissez-moi pleurer ! Laissez-moi rire !

Je suis libre de crier et je suis libre de me taire. Je suis libre de vous dire quoi faire et quoi ne pas faire. Mais vous êtes libre de ne pas m'écouter.

Je ne vous dirai pas comment respirer. Mais vous pourrez me reprocher de ne pas l'avoir fait. Si je l'avais fait, vous auriez alors pu me reprocher de l'avoir fait. Je suis libre de ne rien comprendre à ce que je dis. Et je suis libre de ne rien comprendre à ce que vous dites.

Je ne suis pas libre de mes mouvements. Je ne peux pas bouger. Le passé m'enrobe de ses regrets et emprisonne mon désordre. Je suis libre de crier et je suis libre de me taire. Je décide de crier mon immobilité. Je piétine ma prison de plâtre et je m'envole vers une cage invisible. Suivez-moi dans cette liberté éphémère et infinie. Nous serons éternellement libres.

"Nul ne peut apprendre aux autres à se libérer s'il n'a pas commencé à se libérer lui-même." [Mariano Picon Salas]

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14 février 2015

Parlons-nous d'amour

2015-02-14"L'amour est un dialogue de sourds." [Emmanuel Cocke]

"Mais allez... dis-moi... qu'est-ce qu'il y a ?" "Mais rien." "Mais dis-moi, il y a quelque chose ?" "Mais non, à la fin!" "Mais alors pourquoi tu me tournes le dos ?" "Mais je ne te tourne pas le dos, je regarde par là, tout simplement." "Mais il n'y a rien par là... je suis certain qu'il y a quelque chose." "Oh mais enfin, tu m'énerves avec toutes tes questions. Je te dis qu'il n'y a rien." "Mais tu viens de dire que je t'énerve... allez, retourne-toi, on va en parler." "Mais, il n'y a rien à dire, enfin... tu ne m'écoutes pas."

On s'aime, on se questionne, on doute de tout, on ne s'écoute pas, on pleure et puis on oublie. Et on s'aime.

"L'amour est une interrogation continuelle." [Milan Kundera]

5 février 2015

La fille de l'hiver d'Eowyn Ivey - Commentaires personnels

FH2La fille de l'hiver / Eowyn Ivey ; traduit de l'anglais (États-Unis) par Isabelle Chapman. -- [Paris] : Fleuve Noir, [2012]. -- 430 p. ; 23 cm. -- ISBN 978-2-265-09410-9

Quatrième de couverture

L'Alaska, ses forêts impénétrables, ses étendues enneigées. Son silence. Sa solitude.
Depuis la mort de leur bébé, le mariage de Mabel et Jack n'a plus jamais été le même. Partir vivre sur ces terres inhospitalières paraissait alors une bonne idée. Seulement, le chagrin et le désir d'enfant les ont suivis là-bas et la rudesse du climat, le travail éreintant aux champs les enferment chacun dans leur douleur.
Jusqu'à ce soir de début d'hiver où, dans un moment d'insouciance, le couple sculpte un bonhomme de neige à qui ils donnent les traits d'une petite fille. Le lendemain matin, celui-ci a fondu et de minuscules empreintes de pas partent en direction de la forêt… Peu de temps après, une petite fille apparaît près de leur cabane, parfois suivie d'un renard roux tout aussi farouche qu'elle. Qui est-elle ? D'où vient-elle ? Est-elle une hallucination ou un miracle ? Et si cette petite fille était la clé de ce bonheur qu'ils n'attendaient plus ?

Inspiré d'un conte traditionnel russe, La Fille de l'hiver est un roman à la fois moderne et intemporel où le réalisme des descriptions n'enlève rien à la poésie d'une histoire merveilleuse… dans tous les sens du terme.

Commentaires personnels

Ce roman respire le froid. Un froid inhumain mais qui étrangement ramène la douceur et la joie dans la vie de Mabel et Jack. Car il est personnifié par la petite fille de neige. Qui vit l'hiver et disparaît au printemps.

Eowyn Ivey s'est inspiré d'un conte russe, Snégourotchka pour écrire son roman. Et non seulement l'auteur s'est inspiré du conte, mais elle l'intègre dans son histoire. Mabel connait l'histoire et veut croire que le conte est devenu réalité. Une petite fille est vraiment née du bonhomme de neige qu'elle et Jack ont construit ensemble. Ils ont donné naissance à une enfant.

Le texte balance entre le conte et le roman historique. D'un côté nous avons l'histoire de Mabel et Jack, couple meurtri, qui revit avec l'arrivée d'une petite fille née de la neige. Et de l'autre nous avons le récit du quotidien des habitants d'une région aride et froide au début du XXe siècle. On pourrait croire que ces deux histoires sont irréconciliables, mais pas du tout. On se laisse bercer d'un univers à l'autre. On a parfois l'impression de lire un conte fantastique, d'autres fois, de lire un roman historique. On se plonge dans la vie brisée d'un couple qui renaît plus fort, dans les vies de pionniers qui ont choisi de braver les conditions difficiles d'un monde qui semble hostile et dans le mystère d'une petite fille rêvée mais finalement bien réelle.

J'essaie de ne rien dire pour ne pas trop dévoiler l'histoire. Mais j'ai l'impression de ne pas en dire assez. Ce n'est pas un conte fantastique, mais c'est un doux récit onirique. Ce n'est pas un roman rural, mais c'est un hommage à la vie dans ses contrées blanches, vastes, ardues et magnifiques. Ce n'est pas un roman psychologique, mais c'est un plongeon dans des émotions difficiles... la tristesse, la détresse, la solitude, le désespoir, l'isolement, la fragilité, l'espoir, l'endurance, la détermination, le désir, l'amour, l'amitié...

Je dois tout de même dire que certains passages m'ont un peu déçus. J'aurais aimé que l'auteur assume davantage le côté mystérieux et le lyrisme de son histoire. Et d'un autre côté, une fois ce côté onirique oublié, j'ai regretté que le roman ne laisse pas la réalité prendre plus place. Mais, ce sont des déceptions passagères. Et les deux déceptions font parties de ce qui m'a complètement enchantée.

Je passe pleins de moments et surtout pleins de personnages sous silence. Et surtout les deux personnages principaux : l'Alaska et l'hiver. Les mots de l'auteur pour décrire ce "pays" envoûtent. Et l'hiver est plus qu'une saison, c'est un état d'âme. Le texte est magnifique. Tout simplement. Et on doit laisser les mots de l'auteur nous bercer doucement.

(Ouf, j'ai très mal exprimé ce que le roman m'a offert... Et malgré le froid actuel, je ne peux que vouloir me replonger dans cet hiver et dans ce faux conte si réconfortant...).

Voir mon billet précédent sur l'auteur et l'histoire : La fille de l'hiver d'Eowyn Ivey - L'histoire

L'avis de

Extraits

"Mabel ne pouvait s'empêcher, chaque fois qu'elle pensait à l'enfant, de se rappeler le soir où il l'avaient modelée dans la neige. Jack avait sculpté ses lèvres et ses yeux. Mabel lui avait donné des moufles et coloré la bouche en rouge. Cette nuit-là, une enfant leur était née, d'une poignée de glace et de neige, et de beaucoup d'amour." p233

À consulter

4 février 2015

La fille de l'hiver d'Eowyn Ivey - L'histoire

FH2La fille de l'hiver / Eowyn Ivey ; traduit de l'anglais (États-Unis) par Isabelle Chapman. -- [Paris] : Fleuve Noir, [2012]. -- 430 p. ; 23 cm. -- ISBN 978-2-265-09410-9

Quatrième de couverture

L'Alaska, ses forêts impénétrables, ses étendues enneigées. Son silence. Sa solitude.
Depuis la mort de leur bébé, le mariage de Mabel et Jack n'a plus jamais été le même. Partir vivre sur ces terres inhospitalières paraissait alors une bonne idée. Seulement, le chagrin et le désir d'enfant les ont suivis là-bas et la rudesse du climat, le travail éreintant aux champs les enferment chacun dans leur douleur.
Jusqu'à ce soir de début d'hiver où, dans un moment d'insouciance, le couple sculpte un bonhomme de neige à qui ils donnent les traits d'une petite fille. Le lendemain matin, celui-ci a fondu et de minuscules empreintes de pas partent en direction de la forêt… Peu de temps après, une petite fille apparaît près de leur cabane, parfois suivie d'un renard roux tout aussi farouche qu'elle. Qui est-elle ? D'où vient-elle ? Est-elle une hallucination ou un miracle ? Et si cette petite fille était la clé de ce bonheur qu'ils n'attendaient plus ?

Inspiré d'un conte traditionnel russe, La Fille de l'hiver est un roman à la fois moderne et intemporel où le réalisme des descriptions n'enlève rien à la poésie d'une histoire merveilleuse… dans tous les sens du terme.

L'auteur

Eowyn LeMay Ivey est né en Alaska. Elle étudie d'abord à la Western Washington University en journalisme et création littéraire. Puis elle étudie laFH1nonfiction romancé à la University of Alaska Anchorage. Elle travaille pendant près de 10 ans comme journaliste pour le journal Frontiersman et remporte plusieurs prix pour ses textes. Elle publie plusieurs nouvelles et essais dans différents journaux et magazines.

Elle écrit son premier roman, The Snow Child en 2012. En 2013, son roman est sélectionné pour le Pulitzer Prize pour la fiction.

Elle vit toujours en Alaska avec sa famille.

L'histoire...

La perte d'un enfant est une tragédie dont plusieurs couples ne se remettent jamais. Jack et Mabel désiraient beaucoup d'enfants, mais leur premier enfant est mort-né, et ils ne purent jamais en avoir d'autres. Pour essayer de surmonter leur peine, et pour donner une chance à leur couple, Jack et Mabel décident de laisser derrière eux leur vie confortable et de tout recommencer en Alaska.

Nous sommes dans les années 20. La vie est difficile partout. Mais ils ne s'attendaient pas à ce qu'elle soit si difficile en Alaska. Le couple n'est pas bien préparé. Ils sont pleins de bonne volonté, mais les saisons sont dures et coriaces. Le froid les enferment, les isolent. Ils s'aiment, mais sont remplis de silence et de tristesse. Changer d'environnement n'efface pas les blessures, les cicatrices. Ils se parlent peu. On sent dans le texte une solitude immense et une noirceur intolérable, malgré la blancheur de la neige.

Et puis, un jour, ils se laissent envahir par un moment de joie. Sous la neige, ils se retrouvent comme avant. Ils rient et dansent sous les flocons avec insouciance. Ils se lancent des boules de neige comme des enfants et ils commencent à faire un bonhomme de neige. Qui prend rapidement la forme d'une petite fille de neige. Ils façonnent son visage, ses cheveux, la vêtissent d'un manteau et de gants. Pour un moment, ils sont heureux. Puis, ils vont se coucher.

Le lendemain, la petite fille de neige semble avoir fondue. Il ne reste rien, même pas les vêtements et sur la neige, ils voient des traces de pas.

Une petite fille serait-elle née de la neige ? Petit à petit, ils commencent à y croire. Car une petite fille, souvent accompagnée d'un renard roux, rôde autour de leur maison. Tout d'abord insaisisable, elle s'approche de plus en plus de Mabel et Jack. Qui est-elle ? Que fait-elle seule dans la forêt ? Est-elle réelle ? Alors que Mabel ne cherche pas à le savoir,  Jack, lui, veut des réponses. Les deux, cependant, se laisseront envoûter par la petite fille, qui quant à elle se laisse peu à peu apprivoiser par le couple.

Mais la vie doit continuer. Une vie difficile remplie d'épreuves saisonnières. Cet hiver est particulièrement dur pour ce couple qui n'a pas encore pu emmagasiner assez de vivres et qui vit dans l'isolement. Mais petit à petit, ils vont s'ouvrir aux autres habitants de la région. Et l'histoire nous entraîne vers le récit du quotidien de ces gens qui peuplent l'Alaska : les printemps et étés trop brefs où il faut semer et travailler au champ, les automnes où il faut récolter, les hivers où il faut survivre. Mais l'histoire nous raconte aussi l'entraide entre les habitants et les amitiés qui naissent petit à petit.

Et donc la vie continue pour Mabel et Jack. Ils travaillent forts, se lient d'amitié avec les voisins. Et chaque hiver retrouvent la petite fille qui maintenant les a acceptés mais qui disparaît à tous les printemps.

Commentaires à suivre...

Extraits

"Mabel ne pouvait s'empêcher, chaque fois qu'elle pensait à l'enfant, de se rappeler le soir où il l'avaient modelée dans la neige. Jack avait sculpté ses lèvres et ses yeux. Mabel lui avait donné des moufles et coloré la bouche en rouge. Cette nuit-là, une enfant leur était née, d'une poignée de glace et de neige, et de beaucoup d'amour." p233

À consulter

 

1 février 2015

Le moment captif d'un dimanche : splendeur

2015-02-10

"Plutôt que de maudire les ténèbres, allumons une chandelle, si petite soit-elle." [Confucius]

Si on regarde directement la lumière, elle crée habituellement la noirceur. On ne voit plus rien que la lumière. Autour tout disparait. On ne voit plus que la lumière. Mais si on se détourne de la lumière, petit à petit, les contours des objets prennent formes. On commence à distinguer ce qui nous entoure.

Doit-on allumer une chandelle lorsqu'il n'y a plus de lumière ? Ou devrait-on se laisser envahir par l'obscurité ? Pourquoi détester la noirceur ? Pourquoi ne pas l'accepter dans toute sa noirceur ? Qu'est-ce que la lumière a que la noirceur n'a pas ? On maltraite l'obscurité. On la déteste, on la combat. Et pourtant, elle est lumineuse et remplie de possibilités. Et la lumière n'existeraient pas sans elle. Sans les ténèbres, les étoiles et les rêves n'existeraient pas.

Et sans les ténèbres, ces chandelles ne seraient pas si jolies.

"On ne pourrait apprécier la lumière, si nous ne connaissions pas les ténèbres." [Mick Deev]

 

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25 janvier 2015

Le moment captif d'un dimanche : vitrée

2015-02-05"Le rire, comme les essuie-glaces, permet d'avancer même s'il n'arrête pas la pluie." [Gérard Jugnot]

Je ne vois rien. Mais j'avance. Je ris et je pleure à ma façon. Mais je ne suis pas une chanson. Même si j'aime bien chantonner.

Souvent, j'ai la sensation que les gens aiment bien fabriquer des obstacles pour le simple plaisir de les contourner. Ou de voir les autres tenter de les éviter. Quand tout va bien, on se sent coupable alors on imagine des montagnes à franchir.

Mais parfois, j'ai l'impression que je moi aussi je m'invente des tempêtes simplement pour pouvoir pelleter la neige. Alors, je ris. Je pousse la neige et je balaie l'envie d'en inventer encore. Les obstacles se créeront sans mon aide. Il y en aura toujours. Et toujours j'avancerai. En riant ou en pleurant. Mais j'avancerai.

"Si la route est aisée, inventons l'obstacle." [Robert Sabatier]

21 janvier 2015

Les archives de Pauline : Imprécision

013Une photo floue. Toute jeune elle est. Et elle se dépêche car elle sort en boîte. Toute jeune et insouciante elle était. Je ne l'ai évidemment pas connue à cette époque. Évidemment. 

Une photo floue. Elle a été surprise par le photographe. Pas de deuxième photo. Personne ne se doutait que la photo serait floue avant de la faire développer. C'était une chance à prendre. On prenait moins de photos dans ce temps-là. On économisait les prises. Et on prenait le risque que la photo soit ratée. Mais on a conservé la photo.

J'aime cette photo floue. J'aime la voir jeune, insouciante, virevoltante.

Mais la photo est floue. On ne la voit pas bien. Son visage est imprécis. On le distingue à peine. Comme mes souvenirs d'elle. Mes souvenirs deviennent flous. Ils s'embrouillent.

Le souvenir de son visage s'efface doucement. Les photos que je contemple sont différentes de ce souvenir. Le souvenir de son visage qui me sourit se confond petit à petit avec les images photographiques. Je sens que j'oublie la douceur de sa peau, les plis sur son visage, son sourire si rare en photo, l'odeur de son cou, la couleur de ses yeux, le son de sa voix... Elle s'efface, elle devient floue...

Cela fait trop longtemps que tu es partie et j'ai l'impression que tu deviens floue... je ne me souviens de toi que par les photos... ma mémoire fait défaut... ton image s'efface.

Mais je n'oublie pas ton anniversaire, maman... Je ne t'oublie pas.

 

4 janvier 2015

Le moment captif d'un dimanche : givrures

0534"La pensée se glace en se traduisant en phrases." [Gérard de Nerval]

Qu'est-ce que j'écris ? Il me semble que je n'ai rien à dire. Rien à écrire. C'est la peur, je crois. Je me sens rouillée. Mes doigts sont figés sur le clavier. Et pourtant j'ai plein d'idées. Les mots se bousculent dans ma tête. Mais ils n'arrivent pas à s'ordonner.

J'ai les doigts gelés. Il fait froid dans la maison. Je dois monter le chauffage, que je me dis. Mais je ne bouge pas. J'essaie de rassembler mes pensées pour les faire naître. Cela fait trop longtemps que je n'ai pas écrit. J'ai trop d'idées. Elles s'éparpillent dans un vide qui me semble infini.

Je suis incapable d'écrire. Je suis glacée. Tout se fissure en moi. Je dois me resaisir et laisser les mots se déposer doucement sur la page lumineuse. Je les prends. Je ferme les yeux. Et j'attends. Un à un, ils se placent et se figent. Ils se forment et se transforment et des phrases se fixent. Et mes idées se cristallisent enfin en phrases... qui peut-être feront du sens ou peut-être pas... on verra !

"Les pensées peuvent vivre longtemps comme les nébuleuses qu'un rien, un jour, cristallise." [Pierre Dehaye]

1 janvier 2015

Une nouvelle année commence...

SAM_6651Bien sûr, c'était inévitable ! Chaque année, c'est la même chose... Il faut bien qu'elle se termine et commence à un moment.

Alors, l'année a changé de nom et nous sommes maintenant en 2015 !

À tous, je souhaite une superbe année 2015. Elle sera sûrement remplie de moments inoubliables, bons et moins bons... Mais c'est ce qui la rendra unique !

Et puis... je ne fais qu'une résolution... vous vous doutez bien en quoi elle consiste !!! ;-)

BONNE ANNÉE !!!!

25 décembre 2014

Joyeuses Fêtes

BeFunky_DSC_4545

Alors mon doux chat qui a l'air un peu endormi vous souhaite un Joyeux Temps des Fêtes !

Oui, car moi, je suis un peu gênée...

Cela fait si longtemps que je n'ai pas écrit...

Je n'arrive tout simplement pas à trouver le temps et l'énergie...

Mais je vais changer ça, je me le promets !

Alors... tout de même et malgré la puie...

UN JOYEUX NOËL À TOUS !

28 octobre 2014

Nous avons tous peur de B.R Bruss

bruss2Nous avons tous peur / B.R. Bruss. – [Paris] : Baleine, c2007. – 252 p. ; 17 cm. – ISBN 978-2-84219-419-2. – (Collection Baleine Noire / dirigée par J.-F. Platet)

Quatrième de couverture

Les habitants d'une petite ville canadienne ont peur. Une peur pas ordinaire. Une peur qui leur fait quitter la ville, ou qui les rend fous. Un jeune journaliste du Winnipeg Standard est envoyé pour enquêter et comprendre. Il y découvrira l'horreur...

L’auteur

Auguste Isidore René Bonnefoy est né à Lempdes-sur-Allagnon en Haute-Loire en 1895. Après la Première Guerre Mondiale, il devient journaliste. Il publie son premier roman, Gilbert et l'Autorité, en 1928 sous le nom de René Bonnefoy. Il écrit plusieurs romans sous ce nom. Puis après la Deuxième Guerre Mondiale, dans laquelle son implication semble controversée, il recommence à écrire sous divers pseudonymes. Il s'intéresse également à l'art ; il est illustrateur, peintre et sculpteur. Il utilise divers pseudonymes pour signer ses oeuvres.

Il meurt à Paris en 1980.

Sa biographie est complexe et extensive. Elle est remplie de controverses également. Pour mieux connaître l'auteur, son oeuvre, etc., je vous conseille cet excellent site : brbruss.fr. Je vous conseille également les articles sur le site Fantastik Blog (Charles Moreau).

Bibliographie partielle

Plus de 80 romans et nouvelles, sous divers pseudonymes.

Sous le nom de René Bonnefoy - Plusieurs nouvelles et 6 romans dont :Bruss1

  • Gilberte et l'Autorité (1928)
  • Bacchus-Roi (1930)
  • Aspects de Royat (1932)

Sous le nom de B.R. Bruss - plus de 50 romans dont :

  • Et la planète sauta... (1946)
  • L'apparition des Surhommes (1953)
  • La guerre des soucoupes (1954)
  • Maléfices (1956)
  • Nous avons tous peur (1956)
  • Bihil (1961)
  • Le mur de lumière (1962)
  • Complot Vénus-Terre (1963)
  • Les translucides (1964)
  • Le soleil s'éteint (1965)
  • Parle, robot ! (1969)
  • Les Hamils (1971)
  • Les espaces enchevétrés (1979)

Sous le nom de Roger Blondel - une dizaine de romans dont :

  • Le mouton enragé (1956)
  • L'archange (1963)
  • Bradfer et l'éternel (1964)
  • Le boeuf (1966)
  • Les graffitis (1975)
  • Les fontaines pétrifiantes (1978)

Sous le nom de Georges Brass (romans érotiques) - 7 romans dont :

  • Faiblesses de femmes
  • L'amour ne se mange pas en salade
  • Hôtel du plaisir
  • Les corps en feu

Il publie sous d'autres pseudonymes dont Jacques Huriel, Marcel Castillan, Roger Fairelle. Il fait également plusieurs traductions sous le nom de Roger Bertin.

Vous pouvez lire une bibliographie très complète ici et sous forme de tableau ici.

Commentaires personnels (attention spoilers)

Je dois commencer par dire que je ne connaissais pas du tout René Bonnefoy sous aucun de ses pseudonymes. Ce qui semble étrange à lire sa biographie et à voir son extensive bibliographie. Jamais entendu parler ! Et pourtant j'ai étudié en Études françaises. Et même si nous ne lisions pas tout, évidemment, nous avions de nombreux cours d'histoire de la littérature... toutes les époques, tous les genres. Même le cours sur la science-fiction ne l'a jamais mentionné, alors qu'il semble y avoir consacré plusieurs romans. Enfin... passons.

Ensuite, disons également que j'ai lu Nous avons tous peur, uniquement pour valider mon intuition qu'il était mal classé. C'est une raison comme une autre. Lorsque je fais de l'élagage et qu'un livre a de très mauvaises statistiques de prêt, je me questionne. Ce livre était dans la section Science-Fiction de la bibliothèque, qui est très utilisée. Après quelques recherches complétées par une lecture du livre (oui oui, des fois, je me sacrifie pour prouver une théorie !) et bien, ce roman n'avait rien à faire en Science-Fiction ! Allez hop, reclassification dans la fiction générale - car nous n'avons pas de section Fantastique/horreur.

Nous avons tous peur fut publié en 1956 mais a été réédité de nombreuses fois. Le roman est considéré comme une des oeuvres classiques de la collection Angoisse de la maison d'édition Fleuve noir.

L'histoire se situe à Cockshill, une petite ville de la Saskatchewan au Canada, au milieu des années 50. (Je précise "de la" ou "en" Saskaschewan... et non pas "dans le" comme on retrouve en page 10... je ne sais pas pourquoi mais ce genre "d'erreur" m'achale au plus haut point. C'est sans importance, je le sais, et je ne suis pas à l'abri d'en faire moi-même, mais je n'ai pas de correcteur ou de maison d'édition derrière moi, enfin !) Un journaliste est envoyé sur place pour enquêter sur un mystère qui ne semble pas très important mais qui l'intrigue tout de même : les habitants semblent fuir la ville, pourtant agréable et prospère. Les gens quittent la ville, un à un, sans apparente raison.

Dès son arrivée, il commence son enquête. Et alors que les gens vivant à l'extérieur de la ville ne semblent pas comprendre eux-même ce qui affecte ses habitants, il se rend compte rapidement que ces derniers semblent, quant à eux, exténués et apeurés. Personne ne veut d'abord répondre à ses questions. Il parcours la ville qu'il trouve belle, paisible, florissante. Et pourtant, les gens la fuient ; ils déménagent, deviennent fous ou se suicident. Ceux qui restent sont terrifiés.

Mais dès sa première nuit, un début de réponse commence à se former. Un terrible cauchemar l'a profondément troublé. Il tente de l'oublier mais petit à petit il commence à comprendre ce qui terrorise tous les gens qui vivent à Cockhill.

Le livre commence doucement. L'intrigue est mise en place lentement. On nous présente le journaliste, on apprend à le connaître avant son arrivée dans la ville. Ce qui nous permet de mieux voir les changements qui s'opèrent petit à petit en lui. Le mystère s'installe tranquillement. Et on sent la peur qui s'intensifie au fil des jours - des pages. On en dit peu. Jamais nous ne saurons avec exactitude la teneur des cauchemars du journaliste, ou des autres résidents. On sait qu'ils sont horribles, qu'ils sont terriblement personnels et qu'ils mettent en scène la même créature, Blahom (nom un peu ridicule selon moi,  mais certains l'ont trouvé très intéressant).

L'auteur nous plonge au coeur d'une histoire suffoquante où les gens sombrent dans l'horreur à chaque fois qu'ils ferment les yeux. C'est un texte qui est terriblement efficace. Épuisés, les gens tentent par tous les moyens de ne pas dormir. Ils ne travaillent plus, les enfants ne vont plus à l'école. Ils errent dans la ville. Et on ne peut pas s'empêcher d'avoir un peu peur lorsque nous posons le livre pour aller soi-même se coucher !

Mais malheureusement, l'histoire s'éternise un peu. On ajoute un 2e journaliste et on soupoudre une histoire d'amour un peu ringarde. Et puis, cela se répète un peu. Puisque personne ne dit rien sur les raisons de leur peur, on ne peut que répéter les mêmes scènes. Certaines sont cependant très bien menées et très angoissantes, même si on ne nous présente rien de bien épeurant... Pas de bains de sang, pas de monstres cachés... mêmes les rêves cauchemardesques peuvent sembler bien anodins à la lecture puiqu'on les décrit à peine. La peur se construit petit à petit. Les images terrifiantes ne sont qu'évoquées. On doit tout s'imaginer.

Mais on attend tout de même des explications et nous n'en auront pas vraiment. Ou plutôt plusieurs toutes très décevantes et à la limite de la facilité. On ne répond jamais aux questions. Pourquoi les gens sont-ils tous victimes du même cauchemar ? Assiste-t-on ici à une hystérie collective, à un effet de contagion ? Sont-ils victimes d'un être irréel ou alors bien réel ? S'agit-il d'un envoûtement ? Et surtout pourquoi cela cesse-t-il lorsqu'ils quittent la ville ? Enfin, nous sommes au prise avec un nombre incalculable de questions qui ne seront jamais répondues. Probablement l'intention de l'auteur, mais cela m'a beaucoup déçue. Je trouve cette façon de ne rien dire pour laisser planer les doutes et les incertudes trop facile. Pendant des pages et des pages, on laisse l'angoisse monter et monter. Le suspence est insoutenable et puis, plus rien. C'est terminé. Dans un sens, je comprends pourquoi l'auteur voudrait laisser le mystère entier. La peur ne partira jamais puisqu'on ne sait pas ce qui l'a amenée. Mais je ne peux m'enlever ce sentiment que l'auteur n'avait tout simplement pas l'imagination nécessaire pour donner une explication plausible. Surnaturelle ou réelle, peu importe, mais une explication.

Enfin, cela n'enlève rien au roman que j'ai beaucoup aimé. Cela faisait très longtemps que je n'avais pas lu un roman fantastique qui m'a tenu en haleine très longtemps et qui m'a fait me demander si je laissais les lumières ouvertes un peu plus longtemps avant de me coucher.

Extraits

« Partout ailleurs j’aurais trouvé cette promenade délicieuse. Un merveilleux silence, coupé çà et là par quelque cri d’oiseau ou quelque bruissement d’insecte, régnait dans le sous-bois. Des parfums vivifiants pénétraient dans ma poitrine. Parfois, je voyais fuir devant moi de gracieux animaux, des écureuils, des biches, de petits rongeurs rapides et furtifs. Le soleil, par endroits, jouait entre les branches.

Mais je ne tardai pas à être vaguement oppressé, bien que sachant que je ne craignais absolument rien. C’était ridicule. » p. 57

« Quelque part du côté du lac Buffalo, dans le [sic] Saskatchewan… » p.10

« Toute la nuit il me harcela. Une nuit qui me sembla durer des siècles. Tantôt cela se passait sur la lande, tantôt dans la forêt, tantôt dans un immense couloir, tantôt dans une sorte de grenier sordide, plein de toiles d’araignées, de rats et de chauve-souris. Et tantôt je fuyais, le cœur battant à rompre, tantôt j’étais immobilisé, paralysé, pétrifié, le cœur serré dans un étau. » p. 117

Sources à consulter

5 octobre 2014

Moment captif d'un dimanche : tissage

2014-10-05"Nous tissons notre destin, nous le tirons de nous comme l'araignée sa toile." [François Mauriac]

Elle glisse le long d'une aile ; ses longues pattes caressant la statue. Elle a senti une vibration sur sa toile, mais ce n'était qu'une feuille morte poussée par le vent. Sa toile est dense. Sa toile est solide. Elle peut résister aux débris qui passent. Et attraper son prochain repas. L'araignée sait que sa toile lui permettra de vivre en capturant la vie des autres. Elle enveloppera le destin d'un autre de sa toile et vivra jusqu'à demain.

Elle ignore la peur. Elle ne se questionne pas sur son avenir. Elle ne se tourmente pas avec son futur. Et elle ne médite pas sur ses rêves. Elle ne se chagrine pas lorsque sa toile se brise. Elle repart à zéro ou alors reprend les fils qui tiennent encore et recommence à tisser. Elle tisse et retisse. Elle crée et recrée. Elle continue et persiste. Elle vit aujourd'hui et verra demain.

"On candystripe legs the spiderman comes -- softly through the shadow of the evening sun" [The Cure]

28 septembre 2014

Moment captif d'un dimanche : étoile entoilée

2014-09-28"Le hasard est une toile d'araignée dans laquelle le destin peut parfois se prendre." [Maxime Fermine]

Levons les yeux vers le ciel. Une immense toile doit nous envahir sous peu. La lune l'illumine d'une lumière jaune et chaude. Quelle araignée démesurée doit l'avoir tissée ! Nous en frissonnons d'effroi. Nous avons l'impression que ce n'est pas le hasard qui a mené nos pas sous cet arbre entoilé.

Nous baissons les yeux. Devons-nous nous résigner à notre destin ? Accepter d'être les victimes d'une mauvaise étoile ? Nous sentons une résignation nous envahir. Nous fermons les yeux.

Un vent doux vient jouer avec nos cheveux. Nous ouvrons les yeux. Nous sommes toujours là. Aucune bestiole n'est venue nous dévorer. Nous levons à nouveau les yeux.

Nous avons fait une erreur. Une illusion a pris forme dans le ciel. La lune n'est qu'un lampadaire et la toile, des centaines de petites branches. Nos yeux nous ont menti. Nous vivrons encore.

"Les illusions viennent du ciel et les erreurs viennent de nous." [Joseph Joubert]

21 septembre 2014

Moment captif d'un dimanche : entre deux bateaux

2014-09-21"Rester, c'est exister. Mais voyager, c'est vivre." [Georges Brassens]

Prendre la route. Prendre l'air. Prendre le large. Se coincer entre deux bateaux pour mieux s'envoler en couleurs. Qui sont ces voyageurs qui se cachent près des navires immobiles ? Je ne les connais pas. Je  ne veux pas nécessairement les connaître. Je n'ai pas besoin de les connaître.

Je peux très bien m'imaginer leur vie. Je peux inventer les voyages qu'ils ont faits et ceux qu'ils rêvent encore de faire. J'aurai problabement tout faux. Mais ce n'est pas grave. C'est ma fiction. Je peux leur bricoler la vie que je veux. Leur coller des mots dans la tête et des rêves sur leur bouche. Je peux les faire changer d'idées et les laisser parmi ces bateaux pour quelques mois. Ils apprendront à pêcher et partiront sur l'eau pendant des jours. Leurs nuits seront froides mais ils s'enlaceront pour avoir chaud. Et puis, les couleurs les rattraperont et ils repartiront sur la route. Ils partirons peut-être vers des lieux plus chauds. Ou ils retourneront chez eux. Cela n'a pas vraiment d'importance. Ici ou ailleurs. C'est le déplacement qui compte, non ?

"On voyage pour changer, non de lieu, mais d'idées." [Hyppolyte Taine]

14 septembre 2014

Moment captif d'un dimanche : monde souterrain

2014-09-14"Suddenly I stop -- but i know it's too late -- I'm lost in a forest - all alone" [The Cure]

Je marche dans la forêt. Je suis un chemin. Le même que d'habitude. J'ai emprunté ce chemin des dizaine de fois. Je le connais par coeur. Chaque arbre, chaque racine, chaque pierre. Je connais bien cette partie de la forêt. Les pins qui s'attroupent là-bas ; le ruisseau qu'on entend mais qu'on ne voit pas du chemin ; le grand bouleau qui semble sur le point de tomber ; les champignons qui se multiplient à cette époque de l'année ; les petites fleurs qui réussisent à saisir quelques rayons de soleil qui se faufilent entre les branches ; le chant des oiseaux et le cri des insectes.

Et puis, un bruit inattendu. Derrière moi. Je me retourne mais je ne vois rien. Je continue à marcher. Une branche a craqué. Je me retourne vivement et je vois un mouvement du coin de l'oeil. Je ne peux m'empêcher de suivre le mouvement que je vois à peine. Un bruissement de feuille, un frisson du vent sur ma peau. Je poursuis quelques craquements de branches à peine audibles. Puis, il n'y a plus que le silence. La forêt semble s'être s'immobilisée.

Je soupire et décide de revenir sur mes pas pour retourner sur le chemin. Je ne reconnais plus rien. Je me fige. Je suis perdue. Je suis seule. Je ne sais plus que faire. Je ne connais que mon chemin. Je ne sais rien des forêts.

Je m'assois sur un tronc d'arbre. Et je la vois pour la première fois. Pourtant elle était devant moi. Je sais que je n'ai qu'à fermer les yeux pour y entrer. Je suis trop grande, il est certain, mais je sais que je peux m'y engouffrer. Je n'ai qu'à y croire. Je pourrai alors franchir le seuil et suivre un chemin inconnu, inhabituel. Je sais qu'à l'intérieur il a tant de choses que j'ignore encore et que j'ai un peu peur de découvrir. Je ferme les yeux et j'entre dans un monde inexploré.

"Un antre, une tanière, où il fait bon de s'ensauvager toute une journée." [Frères Goncourt]

7 septembre 2014

Moment captif d'un dimanche : s'immobiliser

DSC_1870"Le Temps est l'image mobile de l'éternité immobile." [Platon]

Il est parfois nécessaire de s'immobiliser pour pouvoir avancer. Ce qui peut s'avérer très difficile pour ceux qui aiment bouger.

On regarde par la fenêtre et on a l'impression de piétiner sur place. Et même parfois d'être carrément pétrifier dans une position trop confortable.

C'est qu'on était habitué d'aller et venir. Se lever, danser, marcher, partir, voyager, revenir, s'agiter, se déplacer. Ce n'est pas qu'on n'était pas capable de se reposer un peu et même de végéter à l'occasion. Mais cela ne durait que le temps nécessaire pour retrouver l'envie de naviguer sur les routes de la vie.

Le temps passe et les épisodes de nos vies sont parfois bien différents. Les rêves se transforment. Ils demandent parfois de ralentir pour pouvoir les façonner à notre convenance. On ne bouge plus comme avant. Mais on bouge tout de même. Il suffit d'être patient et d'attendre tranquillement les moments plus rares où nos pieds s'évadent. Ils n'en sont que plus précieux.

"Attendre c'est être entre l'immobilité et l'espoir." [Pauline Michel]

21 août 2014

Le doux venin des abeilles de O'Donnell

DV1Le doux venin des abeilles / Lisa O'Donnell ; traduit de l'anglais (États-Unis) par Philippe Mothe. -- [Neuilly-sur-Seine] : M. Lafon, [c2013]. -- 360 p. ; 23 cm. -- ISBN 978-2-7499-1799-3. -- Titre original : The death of bees

Quatrième de couverture

"Aujourd'hui, c'est la veille de Noël. Aujourd'hui, c'est mon anniversaire. Aujourd'hui, j'ai quinze ans. Aujourd’hui, j’ai enterré mes parents dans le jardin. Personne ne les regrettera."

Dans la banlieue morne de Glasgow, vivotent Marnie et sa petite soeur un peu dérangée, Nelly. Après la mort brutale de leur parents, elles ont décidé de poursuivre leur vie comme si de rien n’était, bien que chacune d’elle soupçonne l’autre de les avoir assassinés. Personne ne semble se douter de leur sort, mis à part Lennie, l’homme au passé louche qui vit dans la maison d’à côté. A force de les observer à travers la haie, il finit par les prendre sous son aile.

Au fil des mois, amis, voisins et autorités -sans compter le dealer du coin qui en a toujours après leur père- commencent à se poser des questions. Et un mensonge en entraînant un autre, Marnie et Nelly s’embourbent dans une aventure qui risque de leur coûter très cher.

L'auteur

Lisa O'Donnell est une auteure écossaisse, née en 1972. Elle fait des études au Glasgow Caledonian University et entame une carrière en marketing. Elle écrit aussi cependant et reçoit en 2000 le Orange Screenwriting Prize pour son scénario "The Wedding Gift". Le scénario ne sera cependant jamais produit. Elle publie son premier roman "The Death of Bees" au début de 2013 et reçoit la même année le Commonwealth book Prize. Elle vit aujourd'hui à Los Angeles avec ses deux enfants et se consacre entièrement à l'écriture.

  • The Wedding Gift (2000)
  • The Death of Bees (2013)
  • Closed Doors (2014)

Commentaires personnels

Je dois le dire tout de suite, ma lecture fut longue et lente. Très longue et très lente. Ce qui ne veut pas dire qu'au final je n'ai pas aimé le roman. Mais une chose est certaine, je n'ai pas aimé ma lecture. Cela ne semble pas faire beaucoup de sens, mais c'est comme ça. C'est le genre de roman que je finis par bien aimer, mais seulement plusieurs jours après avoir terminé ma lecture. D'ailleurs, si j'avais fait un billet immédiatement après l'avoir terminé, je n'aurais rien eu de positif à dire. Aujourd'hui, beaucoup plus.

Voyons voir.

Tout d'abord, c'est un roman à plusieurs narrateurs, de type choral. Je ne suis pas entièrement rébarbative à ce type de narration, par exemple, j'ai adoré Le cercle de la croix. Mais en général, lorsque c'est fait comme dans la Gifle ou particulièrement comme ici dans ce roman, ça m'achale. L'histoire est racontée par trois personnes, les deux soeurs, Marnie et Nelly et leur voisin Lennie. Elles prennent la parole, à tour de rôle, et la narration est toujours à la première personne. L'histoire avance donc très lentement à travers les personnages qui nous racontent ce qui se passe et surtout nous font part de leurs émotions. C'est long, long, long. Enfin, ce fut long pour moi. J'ai réellement eu de la difficulté, pendant ma lecture, à m'intéresser aux états d'âme des narrateurs. Sauf peut-être pour Lennie.

Mais revenons à l'histoire. Deux adolescentes d'une banlieue défavorisée de Glasgow décident de cacher la mort de leurs parents qu'elles enterrent dans le jardin. Elles se croient tout d'abord mutuellement responsables de ces morts mais elles n'en parlent pas. Leur voisin, un homme secret avec un passé douteux, trouve étrange cette absence, mais décide de croire à l'histoire des filles qui disent que leurs parents sont en voyage. Il prend petit à petit les filles sous son aile et s'occupe d'elles comme il le peut.

Les filles essaient de continuer à vivre normalement mais plus le temps passe, plus elles ont de la difficulté à le faire : les amis, l'école, le chien du voisin, un grand-père inconnu, un dealer de drogue, etc. Trop de gens posent des questions. Elles s'enfoncent dans les mensonges et on ne peut que s'imaginer que cela va mal finir.

Le roman de O'Donnell veut nous présenter la vie triste de deux adolescentes négligées par leurs parents. L'auteur nous fait donc entendre les voix des deux soeurs qui nous racontent leur vie, ce qu'elles en pensent, ce qu'elles en comprennent, ce qu'elles ressentent. Puis nous avons, le regard extérieur du voisin. C'est assez dur et triste. Mais honnêtement, les filles ont quand même réussi à m'énerver. Je comprends que nous avons deux adolescentes qui parlent... avec leur façon de voir la vie, leur jeunesse, leur immaturité et leur fragilité, leur égoïsme et leur naïveté, leurs peurs et leurs tristesses, leurs blessures et leurs rêves mais j'ai vraiment trouvé cela énervant à lire. J'ai été incapable de les aimer. Et j'ai été incapable, sur le moment, de croire à la fin. Trop larmoyante d'un côté et trop idéale d'un autre.

À ma lecture, je n'ai rien trouvé de troublant ou d'émouvant, rien non plus de choquant comme beaucoup de lecteurs. Je n'ai pas abandonné car je le fais rarement, mais j'y ai pensé. Mais maintenant que la lecture est terminée depuis plusieurs semaines, maintenant que je n'ai pas à sauter d'un personnage à l'autre et à entendre les voix désagréables de Marnie et Nelly, je peux apprécier un peu plus l'histoire de ces soeurs et de leur ami/voisin/grand frère. Je suis maintenant capable de voir l'ensemble, l'histoire complète de ces jeunes filles qui ont décidé d'enterrer dans leur jardin des parents absents mais qui sont maintenant trop présents. Je peux me rappeler comment petit à petit le voisin est devenu indispensable à leur bonheur et leur équilibre et comment une relation unique s'est développée. Je peux dire que l'histoire est intéressante et les personnages bien campés. L'auteur a réussi à nous faire entrer dans la tête de deux adolescentes très désagréables mais très réalistes. Elles m'ont énervée car elles sont énervantes. Comme beaucoup d'adolescents. Comme j'ai dû l'être aussi. Maintenant, je peux voir comment leur vie difficile est devenue intolérable mais comment elles tentent par tous les moyens d'être uniques et normales. Elles cherchent la normalité, la stabilité même si elles ne le réalisent pas. Et Lennie est touchant dans son amour pour les deux filles, dans son désir de les sauver et protéger. Je peux maintenant me souvenirs de leurs émotions souvent contradictoires et je peux oublier comment ce me fut raconté.

Vous ne comprenez rien à mes sentiments face au roman ? Ça va... moi non plus ! :P

 Ce que d'autres en ont pensé : Artemissia Gold, Cece, La Mordue, Marinette, Demosthène, Liyah, Sarah Cara,

Extrait

"Mes yeux tombent alors sur notre porte d'entrée, toute défoncée, elle a toujours été comme ça, mais j'ai l'impression de la voir pour la première fois et ça me fout les boules. Il y a du contreplaqué à la place de la vitre, je revois encore la chaîne stéréo passer au travers, la clôture est cassée autour du petit jardin encombré de saloperies. D'un banc de musculation dont personne s'est jamais servi. D'un carton qui déborde de vêtements. De godasses et d'objets inutiles qui traînent partout. On avait fait de qu'on avait pu pour remettre de l'ordre quand on les avait enterrés, mais c'était trop pour nous. Je regarde la maison de Lennie, sa pelouse impeccable. Je regarde les maisons d'en face, je vois des jouets, un vélo contre un mur. Je vois de l'ordre et de la tenue. Je vois des lieux habités. J'ai honte et j'ai envie de tout remettre d'aplomb, de donner à cet endroit le visage qu'il devrait avoir. Je sais que c'est impossible." pp.90-91

Sources à consulter

20 août 2014

Le temps qui passe

c"Ce n'est pas le temps qui manque, C'est nous qui lui manquons" [Paul Claudel]

Je manque à mon temps. Je le malmène. Je lui mène la vie dure. On dit que l'été, le temps s'étend, que la chaleur l'étire. Qu'il passe tranquillement. Mais mon temps pendant l'été se faufile à travers mes doigts. Il coule, il s'échappe.

Hier, nous étions au mois de juin, aujourd'hui nous avons passé la mi-août. C'est que les mois de mai et juin furent complètement consacrés au jardin et au potager. Complètement, entièrement. Puis, juillet, ce fut des envolées sur les routes du Québec. L'été passe si vite. Les samedis et dimanches si rares.

Tous les étés c'est pareil. Je devrais avoir au moins la politesse de mettre ces lieux en pause. Mais je suis sans façon, et je manque aux convenances.

Pourtant, régulièrement, je pense à écrire. Entre l'entretien de mes fleurs et mes légumes et les escapades en vélo ou en auto, les obligations familiales et les ménagères, je lis et je lis. J'oublie juste d'écrire. Mais voici la fin d'août qui pointe son nez. Je vais essayer de m'arracher un peu à la nature pour peupler de mots ces pages.

 

 

8 juin 2014

Le moment captif d'un dimanche : miroiter les années

DSC_9573"Le plus souvent nous ne pensons pas, nous réfléchissons ; nous reflétons ce qui nous arrive sans le transformer ni le comprendre." [Jean-Luc Marion]

Je suis debout devant l'eau. J'essaie de comprendre ce que je vois. J'ai de la difficulté à distinguer les branches réelles des branches qui ne sont une illusion, un simple reflet.

Mes yeux ne comprennent pas. Sous l'eau semblent flotter des branches fantômatiques. Certaines semblent vouloir s'étirer vers le ciel. D'autres ne sont pas réellement là, elles se trouvent déjà au ciel. Certaines encore se penchent dangereusement pour rejoindre celles qui sont prisonnières de l'eau.

Si je regarde attentivement, je crois comprendre cette danse tranquille. Mais je m'égare et j'oublie ces pensées silencieuses. Je suis troublée. Je me sens trouble. Pourtant l'eau semble si imperturbable. C'est une illusion, je le sais. L'eau claire est en mouvement continuel.

Aujourd'hui, je suis debout devant l'eau. Je regarde une multitude de branches réelles et imaginées. Je vois des rides sur l'eau, des rides sur les branches. Je me penche un peu. Je vois alors aussi des rides sur ma peau. Je suis tranquille. Je suis sereine. J'ai vieilli d'une année aujourd'hui.

"Si la tranquillité de l'eau permet de refléter les choses, que ne peut la tranquillité de l'esprit?" [Tchouang Tseu]

25 mai 2014

Le moment captif d'un dimanche : tiens la porte

DSC_3946"Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée." [Proverbe français]

Tiens la porte, je dois passer. Ferme la porte, il y a un courant d'air. Ouvre la porte, il y a des secrets à découvrir. Tu as la clef ? Moi non plus. Il faut la trouver. Et quand la porte n'est ni ouverte ni fermée que doit-on faire ?

Ces portes sont vieilles. Elles gardent des souvenirs ancestraux. Ce sont de fausses vieilles portes peut-être. Car les souvenirs sont immortels, intemporels, accidentels. Les vrais souvenirs sont invisibles. Et parfois si volatiles qu'ils résistent aux rêves.

Une porte, mille portes. Je ne vois pas ce que vous voyez. Je me trouve dans un enclos fait de portes immuables, implacables, intangibles. Comment ouvrir une porte faisant partie d'une muraille de portes ? Ce mur de portes, ce portail emmuré, énumère mes fantasmes encerclés ; ordures de mes cauchemars mais aussi jardins de mes espoirs insaisissables.

"La porte de l'invisible doit être visible." [René Daumal]

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Quelques pages d'un autre livre ouvert...
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