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23 juillet 2017

Le moment captif du dimanche : apprendre à ouvrir et à fermer

2017-07"Donnez-leur une clé et laissez les gens ouvrir leurs propres serrures." [Robert R. McCammon]

J'ai un secret. C'est le mien. Tu as un secret. C'est le tien. Je garde précieusement la clé de mon secret. Et tu gardes la tienne. Tu souris, je souris. Nous ne voulons pas laisser nos secrets s'échapper. Nous les gardons jalousement, individuellement.

J'essaie d'ignorer la clé dans ma main. Je ne veux pas laisser mon secret s'évader. Tu trouves la clé dans ta main si belle. Mais tu sais qu'elle peut laisser ton secret s'échapper.

Je ne connais pas ton secret. Tu ne connais pas le mien. J'ai peur de mon secret. Et j'ai peur de connaître le tien.

Je tiens ma clé. Tu tiens ta clé. Nous avons chacun notre clé. Derrière nos portes, se cachent des secrets. Ils nous appartiennent. Ils font partis de nous. C'est à moi de te les dire. C'est à toi de me les dire.

J'ai un secret. J'aimerais le partager. Tu veux l'entendre ?

"Il n'y a rien de plus beau qu'une clef, tant qu'on ne sait pas ce qu'elle ouvre." [Maurice Maeterlinck]

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11 juillet 2017

De la fabrication des fantômes de Franck Manuel

FabFantome1De la fabrication des fantômes / Franck Manuel.  — Toulouse : Anacharsis, [2016] – 121 p. : 20 cm. – ISBN 979-10 -92011-32-6

Quatrième de couverture

Aujourd’hui, il est le roi de la fête. Il a cent ans. Sous ses yeux fatigués s’agite sa descendance. Tous des étrangers. Sauf Lucie, belle, insolente, une lueur de cruauté dans
le regard. Elle n’a jamais eu peur de lui. Elle connaît pourtant la terreur qu’il inspire, cette histoire d’ogre, de passe-muraille, de chats mangés vifs.

Mais il faut qu’elle sache. Alors elle le traîne sur les lieux du drame, survenu trente-sept ans plus tôt. Ce sera son cadeau d’anniversaire.
Dans la petite pièce poussiéreuse, face au mur couvert de mots épars écrits au crayon gris, les fantômes vont prendre corps.
Franck Manuel invente peut-être ici un registre littéraire inédit : le terrible magique.

L’auteur

Franck Manuel est né en 1973 dans le département Le Loiret au sud de Paris. Il étudie en Lettres à Toulouse et travaille comme facteur. Il FabFantome2obtient son doctorat en 2006. Il enseigne le français au lycée. Il publie son premier roman « Le facteur phi » en 2013.

Bibliographie

  • Le Facteur phi (2013)
  • 029-Marie (2014)
  • De la fabrication des fantômes (2016)

Mes commentaires

2073, un homme célèbre ses 100 ans parmi sa famille. Enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants, conjoints, ils ont été le chercher spécialement pour l'occasion. Il ne les écoute pas vraiment, perdu dans ses souvenirs. Sa famille ne s'occupe pas vraiment de lui non plus. À part l'occasionnel "encore un peu de gâteau ?", ils l'évitent autant que possible. Il est vieux et il est probablement fou. Après tout, après la mort de sa femme, il a escaladé des murs, il a erré dans la cour des voisins, envahi la vie des gens à leur insu, s'est réfugié dans une maison abandonnée, a vraisemblement tué et mangé des chats et quoi d'autres... on ne le sait pas. Sa famille en a légèrement peur, sauf son arrière-petite-fille, Lucie.

Lucie n'a pas peur de lui et elle veut savoir ce qui s'est réellement passé. Elle lui prépare donc une surprise pour son anniversaire. Elle va le ramener sur les lieux de ses crimes, dans la maison abandonnée, où les ossements de chats furent retrouvés ainsi que des mots écrits sur les murs. Des mots, des phrases qui semblent sans sens. Elle veut savoir et espère que de ramener le vieillard dans cette pièce le fera parler.

Il ne parlera pas mais nous le suivrons dans ses souvenirs. Pas nécessairement ordonnés mais qui nous amèneront sur les traces de moments de son enfance, de son amour pour son épouse, son désespoir et son inertie face au cancer et à la mort de celle-ci, son voyage par-dessus les murs, chez les autres, sa découverte des mots mystérieux et impénétrables sur un mur, et sa fabrication de fantômes. De fantômes sanguinaires, obsessiifs et affamés.

Lécriture de Manuel est nette, douce et froide en même temps. Le roman est intriguant. Il m'a envoûtée pendant toute ma lecture. J'ai aimé ce soupçon de futur qui ne m'a pas semblé si loin, j'aurais moi-même 102 ans en 2073. J'ai aimé le côté fantastique des fantômes dévoreurs de chats. J'ai aimé ces murs à la fois obstacles, supports et libération. J'ai aimé suivre le cheminement de ce veuf apathique devant la maladie et la mort de son amour. Et pourtant, j'ai refermé le livre avec l'impression qu'il me manquait quelque chose... que je n'avais pas lu tout ce que j'aurais pu lire. Que des mots n'étaient pas là ou que je n'avais pas su les lire. Et pourtant... j'ai bien aimé les secrets, les sensations, les souvenirs, la folie et les fantômes.

Les mots de l’auteur

« La mémoire n’est pas chronologique. Elle est topographique. Une vaste mer. Des failles. Des îlots. Des volcans. Des cendres aériennes. Ce souvenir de gauche. Celui-ci de droite. Même si la notion de droite ou de gauche est relative en pleine mer. Quant à un éventuel centre… Sa conscience flotte et ride la surface sur laquelle, surgie d’on ne sait où, tournoie la robe blanche de Rosalie. » p. 1

Pour en savoir un peu plus…

  • Article dans le webzine SuperFlux : le Toulousain indispensable
  • Avis sur Babelio
  • Avis sur CritiquesLibres
9 juillet 2017

Le moment captif d'un dimanche : savoir s'étourdir

2017-07-09"La danse, n'est-elle pas la marche dans son apothéose ; marche noble, dépouillée d'un but utilitaire, et libre comme un jeu d'enfant ?" [Anne Hébert]

Elle aurait pu danser toute la journée, toute la nuit. Suivre les oiseaux dans leurs envolées. Elle voulait crier, rire, chanter et surtout danser. Tous les moments de sa vie étaient une occasion de laisser son corps écrire un poème, une chanson unique.

Mais il y avait l'école et les devoirs. Il fallait être sérieuse. Et elle était sérieuse. Elle pratiquait tous les jours, son piano, son ballet. Elle faisait ses devoirs et étudiait consciencieusement. Elle écoutait ses parents, ses professeurs, ses instructeurs. Elle était sage.

Mais les oiseaux lui chantaient une mélodie envoûtante, irrésistible. Elle hésite un moment. Elle n'ose pas s'élancer, les rejoindre. Elle se questionne. Elle entend tout le monde lui dire qu'elle doit être sérieuse. Elle doit être sage. Mais doit-elle être sage ?

"La danse est une poésie muette" [Simonide de Céos]

5 juillet 2017

Indésirable d'Yrsa Sigurdardóttir

Yrsa Sigurdardóttir 1Indésirable / Yrsa Sigurdardóttir ; roman traduit de l'islandais par Catherine Mercy.  — [Arles] : Actes Sud, [2016] – 318 p. ;  24 cm. – ISBN 978-2-330-05802-9. – (Coll. Actes noirs)

Quatrième de couverture

Employé d’un obscur bureau gouvernemental islandais, Óðinn est chargé d’enquêter sur Krókur, un foyer éducatif réservé aux adolescents à problèmes dans les années 1970. L’établissement est fermé depuis longtemps, mais des abus mis au jour dans d’autres centres incitent l’État à passer ces foyers au peigne fin pour éviter tout nouveau scandale.
Une chape de silence semble peser sur Krókur, mais peu à peu Óðinn découvre que de sombres secrets entourent les anciens pensionnaires. À l’époque, deux jeunes garçons y avaient mystérieusement trouvé la mort, asphyxiés dans une voiture. Et personne ne sait vraiment ce qui est arrivé au bébé du couple qui gérait le foyer, disparu le jour de sa naissance, et dont le destin macabre semble encore hanter les lieux.
À mesure qu’il creuse l’affaire, Óðinn se met à entendre des voix, comme si les fantômes du passé, réveillés contre leur gré, s’insinuaient dans sa propre vie. La bouche d’ombre susurre à son oreille, et lentement tout bascule. Le doute, frère du malaise, rogne peu à peu les fragiles certitudes de son existence : la mort récente de son ex-femme était-elle vraiment un accident ? Et qu’a vraiment vu sa fille de onze ans ce jour-là ?
Jouant habilement des ressorts du surnaturel, Yrsa Sigurðard-ottir, voix singulière de la littérature policière islandaise, signe un thriller spectral et glaçant.

L’auteur

Vilborg Yrsa Sigurðardóttir est née en 1963 à Reyjavik en Islande. Elle étudie en ingénierie civile  à l’Université d’Islande et obtient son diplôme en 1988. Elle poursuivra ses études à l’Université Concordia à Montréal toujours dans le même domaine et obtient sa maîtrise en 1997.Yrsa Sigurdardóttir

Elle travaille comme ingénieur civile pour la firme Fjarhitun, qui fait maintenant partie de la firme de consultation multidisciplinaire en ingénierie Verkís. En 1998, elle publie son premier livre en littérature jeunesse. Elle continue à écrire pour les enfants et en 2000, elle reçoit un prix du IBBY (International Board on Books for Young People). Elle commence à écrire des romans policiers en 2005. Ses romans ont été traduits dans de nombreuses langues dont le français, l’anglais, l’espagnol, l’italien, le russe, etc. Elle a également reçu de nombreux prix en Islande pour son œuvre, entre autre le Prix Blóðdropinn pour Ég man þig en 2011 et pour DNA en 2015.

Elle vie aujourd’hui à Reyjavik avec sa famille et poursuit en parallèle sa carrière d’ingénieur et d’écrivaine.

Profil Facebook de l'auteur

Bibliographie

  • Þar lágu Danir í því (1998) (Littérature jeunesse)
  • Við viljum jólin í júlí (1999) (Littérature jeunesse)
  • Barnapíubófinn, Búkolla og bókarræninginn (2000) (Littérature jeunesse)
  • B 10 (2001) (Littérature jeunesse)
  • Biobörn (2003) (Littérature jeunesse)
  • Þriðja táknið (2005) (Roman policier : Ultimes rituels)
  • Sér grefur gröf (2006) (Roman policier : Bien mal acquis)
  • Aska (2007) (Roman policier)
  • Auðnin (2008) (Roman policier)
  • Horfðu á mig (2009) (Roman policier)
  • Ég man þig (2010) (Roman policier : Je sais qui tu es)
  • Brakið (2011)
  • Kuldi (2012) (Roman policier : Indésirable)
  • Lygi (2013)
  • DNA (2014)
  • Sogið (2015)
  • Aflausn (2016)

Mes commentaires

J'ai absolument adoré ce roman ! Même la petite touche "fantastique" qui a achalé quelques lecteurs ne m'a pas dérangée. C'était très subtil, et puis, qui n'a pas déjà vécu un peu de surréel dans sa vie... ces moments qu'on ne peut expliquer ! Mais je le répète, cette touche est très petite et le roman est avant tout une superbe histoire qui nous tient en haleine jusqu'à la fin. Bon, certains lecteurs ont vu des inconsistances dans la fin ou encore de trop grosses coïncidences, et vous savez que cela me refroidit habituellement. Mais bon... j'ai adoré ce roman. Et voilà. Et l'histoire ? Hum, voyons voir...

Le roman débute par une scène difficile. Un père et sa fille sont dans une voiture en marche dans un garage. Tout porte à croire que le père cherche à trouver la mort par asphyxie et veut que sa fille le suive dans la mort. Pourquoi ?

Óðinn est un homme de 35 ans, divorcé, qui avait laissé la garde de sa fille à son ex-épouse Lára, fortement aidée de la mère de celle-ci. Son couple était disfonctionnel et il ne se sentait pas l'âme d'un père. Mais la vie d'Óðinn va changer du jour au lendemain. Son ex-épouse a trouvé la mort en tombant de sa fenêtre et il doit maintenant s'occuper seul de leur petite fille, Rún. Il s'ennuie dans son travail de commissaire d'enquête sociale et se voit attribuer un nouveau dossier - sa collègue qui s'en occupait est brutalement décédée - dont il ne veut pas. Plusieurs abus dans des centres et foyers pour jeunes en Islande ont récemment fait surfaces et il doit enquêter sur la mort de deux jeunes adolescents retrouvés morts dans la voiture des propriétaires de leur foyer en 1974. Et alors qu'il avance dans son enquête, Óðinn, commence à se questionner sur la mort de son ex-femme.

Le roman nous propose donc deux histoires : l'enquête sur le drame survenu dans le foyer, il y a plusieurs années auparavent et la recherche de la vérité sur la mort de Lára. Le récit sautera également du passé au présent. Les événements sur lesquels Óðinn enquêtent nous seront racontés par une jeune femme qui travaillait dans le foyer à ce moment. Puis nous suivons Óðinn dans le présent, dans ses enquêtes et dans sa relation avec sa fille.

Et puis, comme d'habitude toutes les histoires finiront par se rejoindre. C'est mon seul bémol avec ce roman que j'ai pourtant adoré. On dirait que dernièrement tous les romans policiers proposent plusieurs histoires qui semblent complètement différentes mais qui finissent toujours par être reliées. Même la scène du début trouvera un sens et un lien. Quoique j'avoue que la fin m'a un peu prise par surprise. Et m'a vraiment secouée. Et, je ne peux résister... non, son ex-femme n'est pas morte accidentellement...

Le roman est oppressant, sombre et glaçant. L'histoire dans le foyer est très intéressante et les retours dans le passé très bien menés. Les problèmes et inquiétudes d'Óðinn sont également très bien racontés. Nous ne pouvons qu'être intrigués par la relation du père et de sa fille et par les interrogations d'Óðinn sur la mort de son ex-femme. Et nous passons d'une époque et d'une histoire à l'autre facilement sans perdre le fil d'aucune histoire. 

J'ai beaucoup aimé ce roman d'une auteur que je ne connaissais pas... même la petite touche fantastique !

Les mots de l’auteur

« Arrivée au bout de l’aile du dortoir des garçons, elle s’était habituée à l’obscurité. Une demi-lune s’était libérée des nuages, la surface enneigée scintillait de bleu à perte de vue. Seuls les buissons nus projetaient leur ombre sur le paysage. Ils lui rappelaient qu’il faisait encore nuit et qu’elle devrait être en train de dormir et de rêver à quelque chose de beau, impatiente de se réveiller pour profiter de son jour de congé en ville. Mais cette perspective était compromise, désormais. Elle ne serait jamais prête au moment du passage du facteur. Elle n’aurait pas la force d’attendre sur la route qu’une voiture inconnue l’emmène. » p. 160

Pour en savoir un peu plus…

  • Article Wikipedia sur l'auteur
  • Article dans le journal La Presse
  • L'avis de Marc-André Amyot dans la Bible urbaine
  • L'avis de Claude Le Nocher sur le blogue Action-Suspense
  • Avis sur Lecteurs.com
  • Avis sur Babelio

 

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