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Quelques pages d'un autre livre ouvert...
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28 octobre 2014

Nous avons tous peur de B.R Bruss

bruss2Nous avons tous peur / B.R. Bruss. – [Paris] : Baleine, c2007. – 252 p. ; 17 cm. – ISBN 978-2-84219-419-2. – (Collection Baleine Noire / dirigée par J.-F. Platet)

Quatrième de couverture

Les habitants d'une petite ville canadienne ont peur. Une peur pas ordinaire. Une peur qui leur fait quitter la ville, ou qui les rend fous. Un jeune journaliste du Winnipeg Standard est envoyé pour enquêter et comprendre. Il y découvrira l'horreur...

L’auteur

Auguste Isidore René Bonnefoy est né à Lempdes-sur-Allagnon en Haute-Loire en 1895. Après la Première Guerre Mondiale, il devient journaliste. Il publie son premier roman, Gilbert et l'Autorité, en 1928 sous le nom de René Bonnefoy. Il écrit plusieurs romans sous ce nom. Puis après la Deuxième Guerre Mondiale, dans laquelle son implication semble controversée, il recommence à écrire sous divers pseudonymes. Il s'intéresse également à l'art ; il est illustrateur, peintre et sculpteur. Il utilise divers pseudonymes pour signer ses oeuvres.

Il meurt à Paris en 1980.

Sa biographie est complexe et extensive. Elle est remplie de controverses également. Pour mieux connaître l'auteur, son oeuvre, etc., je vous conseille cet excellent site : brbruss.fr. Je vous conseille également les articles sur le site Fantastik Blog (Charles Moreau).

Bibliographie partielle

Plus de 80 romans et nouvelles, sous divers pseudonymes.

Sous le nom de René Bonnefoy - Plusieurs nouvelles et 6 romans dont :Bruss1

  • Gilberte et l'Autorité (1928)
  • Bacchus-Roi (1930)
  • Aspects de Royat (1932)

Sous le nom de B.R. Bruss - plus de 50 romans dont :

  • Et la planète sauta... (1946)
  • L'apparition des Surhommes (1953)
  • La guerre des soucoupes (1954)
  • Maléfices (1956)
  • Nous avons tous peur (1956)
  • Bihil (1961)
  • Le mur de lumière (1962)
  • Complot Vénus-Terre (1963)
  • Les translucides (1964)
  • Le soleil s'éteint (1965)
  • Parle, robot ! (1969)
  • Les Hamils (1971)
  • Les espaces enchevétrés (1979)

Sous le nom de Roger Blondel - une dizaine de romans dont :

  • Le mouton enragé (1956)
  • L'archange (1963)
  • Bradfer et l'éternel (1964)
  • Le boeuf (1966)
  • Les graffitis (1975)
  • Les fontaines pétrifiantes (1978)

Sous le nom de Georges Brass (romans érotiques) - 7 romans dont :

  • Faiblesses de femmes
  • L'amour ne se mange pas en salade
  • Hôtel du plaisir
  • Les corps en feu

Il publie sous d'autres pseudonymes dont Jacques Huriel, Marcel Castillan, Roger Fairelle. Il fait également plusieurs traductions sous le nom de Roger Bertin.

Vous pouvez lire une bibliographie très complète ici et sous forme de tableau ici.

Commentaires personnels (attention spoilers)

Je dois commencer par dire que je ne connaissais pas du tout René Bonnefoy sous aucun de ses pseudonymes. Ce qui semble étrange à lire sa biographie et à voir son extensive bibliographie. Jamais entendu parler ! Et pourtant j'ai étudié en Études françaises. Et même si nous ne lisions pas tout, évidemment, nous avions de nombreux cours d'histoire de la littérature... toutes les époques, tous les genres. Même le cours sur la science-fiction ne l'a jamais mentionné, alors qu'il semble y avoir consacré plusieurs romans. Enfin... passons.

Ensuite, disons également que j'ai lu Nous avons tous peur, uniquement pour valider mon intuition qu'il était mal classé. C'est une raison comme une autre. Lorsque je fais de l'élagage et qu'un livre a de très mauvaises statistiques de prêt, je me questionne. Ce livre était dans la section Science-Fiction de la bibliothèque, qui est très utilisée. Après quelques recherches complétées par une lecture du livre (oui oui, des fois, je me sacrifie pour prouver une théorie !) et bien, ce roman n'avait rien à faire en Science-Fiction ! Allez hop, reclassification dans la fiction générale - car nous n'avons pas de section Fantastique/horreur.

Nous avons tous peur fut publié en 1956 mais a été réédité de nombreuses fois. Le roman est considéré comme une des oeuvres classiques de la collection Angoisse de la maison d'édition Fleuve noir.

L'histoire se situe à Cockshill, une petite ville de la Saskatchewan au Canada, au milieu des années 50. (Je précise "de la" ou "en" Saskaschewan... et non pas "dans le" comme on retrouve en page 10... je ne sais pas pourquoi mais ce genre "d'erreur" m'achale au plus haut point. C'est sans importance, je le sais, et je ne suis pas à l'abri d'en faire moi-même, mais je n'ai pas de correcteur ou de maison d'édition derrière moi, enfin !) Un journaliste est envoyé sur place pour enquêter sur un mystère qui ne semble pas très important mais qui l'intrigue tout de même : les habitants semblent fuir la ville, pourtant agréable et prospère. Les gens quittent la ville, un à un, sans apparente raison.

Dès son arrivée, il commence son enquête. Et alors que les gens vivant à l'extérieur de la ville ne semblent pas comprendre eux-même ce qui affecte ses habitants, il se rend compte rapidement que ces derniers semblent, quant à eux, exténués et apeurés. Personne ne veut d'abord répondre à ses questions. Il parcours la ville qu'il trouve belle, paisible, florissante. Et pourtant, les gens la fuient ; ils déménagent, deviennent fous ou se suicident. Ceux qui restent sont terrifiés.

Mais dès sa première nuit, un début de réponse commence à se former. Un terrible cauchemar l'a profondément troublé. Il tente de l'oublier mais petit à petit il commence à comprendre ce qui terrorise tous les gens qui vivent à Cockhill.

Le livre commence doucement. L'intrigue est mise en place lentement. On nous présente le journaliste, on apprend à le connaître avant son arrivée dans la ville. Ce qui nous permet de mieux voir les changements qui s'opèrent petit à petit en lui. Le mystère s'installe tranquillement. Et on sent la peur qui s'intensifie au fil des jours - des pages. On en dit peu. Jamais nous ne saurons avec exactitude la teneur des cauchemars du journaliste, ou des autres résidents. On sait qu'ils sont horribles, qu'ils sont terriblement personnels et qu'ils mettent en scène la même créature, Blahom (nom un peu ridicule selon moi,  mais certains l'ont trouvé très intéressant).

L'auteur nous plonge au coeur d'une histoire suffoquante où les gens sombrent dans l'horreur à chaque fois qu'ils ferment les yeux. C'est un texte qui est terriblement efficace. Épuisés, les gens tentent par tous les moyens de ne pas dormir. Ils ne travaillent plus, les enfants ne vont plus à l'école. Ils errent dans la ville. Et on ne peut pas s'empêcher d'avoir un peu peur lorsque nous posons le livre pour aller soi-même se coucher !

Mais malheureusement, l'histoire s'éternise un peu. On ajoute un 2e journaliste et on soupoudre une histoire d'amour un peu ringarde. Et puis, cela se répète un peu. Puisque personne ne dit rien sur les raisons de leur peur, on ne peut que répéter les mêmes scènes. Certaines sont cependant très bien menées et très angoissantes, même si on ne nous présente rien de bien épeurant... Pas de bains de sang, pas de monstres cachés... mêmes les rêves cauchemardesques peuvent sembler bien anodins à la lecture puiqu'on les décrit à peine. La peur se construit petit à petit. Les images terrifiantes ne sont qu'évoquées. On doit tout s'imaginer.

Mais on attend tout de même des explications et nous n'en auront pas vraiment. Ou plutôt plusieurs toutes très décevantes et à la limite de la facilité. On ne répond jamais aux questions. Pourquoi les gens sont-ils tous victimes du même cauchemar ? Assiste-t-on ici à une hystérie collective, à un effet de contagion ? Sont-ils victimes d'un être irréel ou alors bien réel ? S'agit-il d'un envoûtement ? Et surtout pourquoi cela cesse-t-il lorsqu'ils quittent la ville ? Enfin, nous sommes au prise avec un nombre incalculable de questions qui ne seront jamais répondues. Probablement l'intention de l'auteur, mais cela m'a beaucoup déçue. Je trouve cette façon de ne rien dire pour laisser planer les doutes et les incertudes trop facile. Pendant des pages et des pages, on laisse l'angoisse monter et monter. Le suspence est insoutenable et puis, plus rien. C'est terminé. Dans un sens, je comprends pourquoi l'auteur voudrait laisser le mystère entier. La peur ne partira jamais puisqu'on ne sait pas ce qui l'a amenée. Mais je ne peux m'enlever ce sentiment que l'auteur n'avait tout simplement pas l'imagination nécessaire pour donner une explication plausible. Surnaturelle ou réelle, peu importe, mais une explication.

Enfin, cela n'enlève rien au roman que j'ai beaucoup aimé. Cela faisait très longtemps que je n'avais pas lu un roman fantastique qui m'a tenu en haleine très longtemps et qui m'a fait me demander si je laissais les lumières ouvertes un peu plus longtemps avant de me coucher.

Extraits

« Partout ailleurs j’aurais trouvé cette promenade délicieuse. Un merveilleux silence, coupé çà et là par quelque cri d’oiseau ou quelque bruissement d’insecte, régnait dans le sous-bois. Des parfums vivifiants pénétraient dans ma poitrine. Parfois, je voyais fuir devant moi de gracieux animaux, des écureuils, des biches, de petits rongeurs rapides et furtifs. Le soleil, par endroits, jouait entre les branches.

Mais je ne tardai pas à être vaguement oppressé, bien que sachant que je ne craignais absolument rien. C’était ridicule. » p. 57

« Quelque part du côté du lac Buffalo, dans le [sic] Saskatchewan… » p.10

« Toute la nuit il me harcela. Une nuit qui me sembla durer des siècles. Tantôt cela se passait sur la lande, tantôt dans la forêt, tantôt dans un immense couloir, tantôt dans une sorte de grenier sordide, plein de toiles d’araignées, de rats et de chauve-souris. Et tantôt je fuyais, le cœur battant à rompre, tantôt j’étais immobilisé, paralysé, pétrifié, le cœur serré dans un étau. » p. 117

Sources à consulter

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5 octobre 2014

Moment captif d'un dimanche : tissage

2014-10-05"Nous tissons notre destin, nous le tirons de nous comme l'araignée sa toile." [François Mauriac]

Elle glisse le long d'une aile ; ses longues pattes caressant la statue. Elle a senti une vibration sur sa toile, mais ce n'était qu'une feuille morte poussée par le vent. Sa toile est dense. Sa toile est solide. Elle peut résister aux débris qui passent. Et attraper son prochain repas. L'araignée sait que sa toile lui permettra de vivre en capturant la vie des autres. Elle enveloppera le destin d'un autre de sa toile et vivra jusqu'à demain.

Elle ignore la peur. Elle ne se questionne pas sur son avenir. Elle ne se tourmente pas avec son futur. Et elle ne médite pas sur ses rêves. Elle ne se chagrine pas lorsque sa toile se brise. Elle repart à zéro ou alors reprend les fils qui tiennent encore et recommence à tisser. Elle tisse et retisse. Elle crée et recrée. Elle continue et persiste. Elle vit aujourd'hui et verra demain.

"On candystripe legs the spiderman comes -- softly through the shadow of the evening sun" [The Cure]

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