Pont Aven
Un détour en
France, il y a quelques temps, m’a mené vers un fort joli et très connu village
du nom de Pont-Aven. Situé en Bretagne, non loin de Quimper, ce village est
aujourd’hui célèbre, non seulement pour sa très grande beauté, mais par le fait
que cette beauté y a amené nombres d’artistes connus. Des noms plus anciens
comme Corot et Gauguin mais également plusieurs artistes contemporains. Les
galeries d’art se multiplient d’ailleurs dans le village.
L’arrêt fut
imprévu – histoire de se ravitailler – mais le coup de foudre si fort, que le
village fut visité deux fois. Une première fois de soir, et une deuxième fois
le lendemain matin.
Le village n’est
pas très grand. Mais son histoire marquée par les artistes qui y ont séjourné
et qui y vivent encore peut être perçu dans chaque petite rue.
Les premiers
artistes à découvrir ce village du Finistère en Bretagne viennent de
l’Angleterre, de la Scandinavie et de l’Amérique. Le village est accueillant,
le coût de la vie y est abordable et l’inspiration semble y venir
naturellement. Rapidement, plusieurs peintres français, particulièrement
parisiens viennent les rejoindre. Principalement citadins, les artistes
viennent se perdre dans l’ambiance pittoresque de ce petit village breton.
Maisons typiques, petit port accueillant, village animé et vivant, villageois
(les Pontavenistes) souriants et ouverts aux visiteurs, le village est rempli
de paysages charmants. Les artistes – et bientôt les visiteurs et touristes – y
viennent donc rapidement en grand nombre. Les auberges et petits hôtels,
restaurants, terrasses et cafés s’y multiplient pour loger et nourrir tous ces
visiteurs.
Plusieurs
artistes connus viendront à Pont-Aven dont tout d’abord plusieurs peintres
académiciens. Ceux-ci feront connaître le village en offrant des peintures
surtout inspirées par les costumes, les gens et les paysages bretons.
Corot y a aussi séjourné
en 1862, ainsi que beaucoup d’autres peintres, dont le plus célèbre est sans
doute Gauguin, qui s’y installe pour une première fois en 1886. Gauguin qui a
prit activement part au mouvement impressionniste, ami de Pissarro et autres
peintres impressionnistes, est amené à Pont-Aven par Jobbé-Duval. Ce dernier,
bien qu’il soit originaire de la région et qu’il ait introduit Gauguin en Bretagne
a peu de lien avec les sujets bretons.
Gauguin
s’installe dans le village en 1886, dans ce qu’il appelle « un petit trou
pas cher ». Il exploitera la
lumière et les paysages de la Bretagne avant de quitter pour la Martinique. Il
reviendra cependant à plusieurs reprises à Pont-Aven et participera avec
d’autres peintres – entre autres Émile Bernard et Paul Sérusier – à ce qu’il
est maintenant convenu d’appeler "l'école de Pont-Aven".
L’école de Pont-Aven prend forme dans le cloisonnisme et le synthétisme. Il y a une
recherche d’une peinture plus primitive, une peinture simplifiée, une volonté
d’exalter la couleur.
Le cloisonnisme,
nettement inspiré du vitrail, se définit par une technique qui trace les
contours des figures avec de grands traits foncés, isolant ainsi les éléments.
La couleur est ensuite appliquée en larges aplats. On ne voit pas
nécessairement de perspective. Les couleurs, habituellement très vives, sont
ainsi mises en valeurs. Gauguin avait une nette préférence pour le bleu lorsqu’il
utilisait cette technique.
Les peintres vont
ensuite « créer » et « explorer » le synthétisme qui
s,inspire du cloisonnisme. On simplifie les formes et on mise plus sur la
suggestion, plutôt que la description. On va de plus en plus à l’essentiel, on
simplifie la technique, on élimine les détails superflus qui ne m’ont pas une
signification. Seuls les détails qui sont importants, qui transmettent l’idée
et le message de l’œuvre sont conservés. On peut reconnaître une femme dans un
personnage même sans les détails anatomiques, on voit une maison dans un
dessin, même sans les portes et fenêtres…
Le tableau « Les
bretonnes dans la prairies verte » d’Émile Bernard est un des premiers
tableaux à utiliser ce style de peinture.
On dit que la
peinture de Pont-Aven est poétique, douce. On souligne aussi une volonté de « peindre
de mémoire » et non une représentation fidèle. À la suite de Gauguin et
des premiers artistes à venir à Pont-Aven, d’autres artistes s’inspirèrent de
cette première école. Ils découvrent les toiles de Gauguin, et à partir de
1889, ils forment ce qui est convenu d’appeler les « Nabis », c’est-à-dire
les Prophètes de cette nouvelle forme de peinture. Ils se sentent libres des
contraintes académiques, ils osent…
À cette époque et
après, Pont-Aven a inspiré nombres d’artistes, peintres et écrivains. On
retrouve des noms comme Fauché, Mauffra, Botrel, et beaucoup d’autres.
Pont-Aven attire
de nombreux artistes et visiteurs… ce succès change un peu l’atmosphère et le
visage du village. Il sera délaissé peu à peu – trop de monde, trop populaire.
Mais les artistes n’ont jamais vraiment quitté Pont-Aven… il suffit de voir les
galeries et les nombreux artistes qui peuplent encore aujourd,hui le village.
Sources :
- http://www.pontaven.com/
- http://terresdelegendes.monsite.wanadoo.fr/page4.html
- http://perso.orange.fr/art-deco.france/pontaven.htm
- Voyage en Bretagne / Serge
Duigou. – Éditions d’Art – Jos Le Doaré, 1999. – 144 p. : ill. – ISBN 2855432138.