Le moment captif d'un dimanche : s'emporter
"Lorsqu'une porte se ferme, il y a en a une qui s'ouvre. Malheureusement, nous perdons tellement de temps à contempler la porte fermée, que nous ne voyons pas celle qui vient de s'ouvrir" [Alexander Graham Bell]
Je marche tranquillement dans une ville envahie par une neige inhabituelle. Et puis je m'arrête à une porte. Je ne sais pas vraiment ce qu'il y a derrière cette porte mais je m'arrête tout de même.
Je trouve cette porte jolie. Elle semble avoir vécue une vie longue et bien chargée. Elle est un peu défraîchie. Des rides lui parcourent le visage qui conserve tout de même une belle couleur lumineuse.
Je la trouve belle, cette porte. Je la trouve belle fermée. Je ne l'imagine pas ouverte. Je ne veux pas voir ce qui se cache derrière. Je la veux secrète. Discrète. Si elle s'ouvrait, elle briserait ce silence insaisissable.
Je me tournerai vers d'autres portes ouvertes. Je regarderai de l'autre côté. Je les franchirai. Mais cette porte, je l'aime close.
Elle me permet de vivre tranquillement quelques instants. Elle me laisse la possibilité de me reposer devant son immobilité. Devant son mutisme. Elle ne me dit pas de me dépêcher. Elle ne me dit pas de choisir. Elle ne me dit pas de courir. Elle ne me dit pas de parler, de décider. Et je me laisse emporter par son audacieuse inertie.
"L'avenir est encore le passé entré par une autre porte" [Arthur Wing Pinero]