Le Noël d’Hercule Poirot
Le
Noël d’Hercule Poirot / Agatha Christie
; traduit de l'anglais par Claire Durivaux. -- Paris: Librairie des
Champs-Élysées, 1973. -- 252 p. ; 17 cm. -- Coll: Club des Masques; 174.
Titre
original: Hercule Poirot’s Christmas
Titres alternatifs: A Holiday for Murder /
Murder for Christmas
Quatrième
de couverture
N’allez pas vous imaginer que je me délecte dans les histoires de
meurtre. Plaise à Dieu que je n’en revoie jamais ! j’espère du moins que nous
serons tranquilles pendant votre séjour chez moi.
Modestement POIROT commença :
- Ma réputation…
Mais déjà Johnson reprenait :
- C’est Noël… l’époque bénie où règnent la pais et le pardon des
injures. Chacun soit aimer son semblable en ces jours de fête !
Hercule POIROT se renversa dans son fauteuil, joignit les doigts
et considéra son hôte pensivement.
- Alors, murmura-t-il, vous pensez que Noël est une saison peu
favorable au crime ?
- C’est bien ce que je viens de dire.
- Pourquoi ?
- Pourquoi ? répéta Johnson, légèrement décontenancé. Ma foi parce
que c’est un temps béni de réjouissances et de bonnes volontés.
- Les Anglais ! Quel peuple sentimental ! s’exclama POIROT.
Résumé
Siméon
Lee est un vieux multimillionnaire excentrique et cynique, et de ses propres
mots, méchant et cruel. Il a bâtit sa fortune en Afrique du Sud grâce à des
exploitations minières de diamants. Il aime particulièrement jouer avec les
gens et régir leur vie.
À
la surprise de tous, il décide de réunir pour Noël, toute sa famille, sous son
toit. En plus, de son fils aîné qui vit sous son toit avec sa femme, il fait
venir ses trois autres fils. Également invitée est la seule petite-fille de Lee,
que personne n’a jamais rencontrée. Elle est l’enfant de sa fille qui est décédée
depuis peu. De plus, le fils d’un ancien ami et collègue de Siméon Lee qui lui
rend visite à l’improviste, est aussi invité à passer les prochains jours dans
la maison.
À
part Alfred, qui semble aimer son père malgré toutes les humiliations qu’il lui
fait subir, tous détestent le vieil homme. Ce dernier est cependant content d’avoir
réuni sa famille – qui ne s’entendent pas entre eux – et est déterminé à
s’amuser à leur dépend. Il se prend d’affection pour sa petite-fille qui
l’amuse et n’hésite pas à le faire savoir. Il invite également son fils Harry à
revenir au pays et à s’installer chez lui… et finalement, il s’assure que tous
soient au courant qu’il veut modifier son testament.
Le
24 décembre, il est assassiné dans sa chambre. On entend un cri horrible, des
bruits assourdissants sont aussi entendus et la porte est verrouillée de
l’intérieur. Lorsque la famille réussit à ouvrir la porte, la scène est
effrayante. Le vieux Lee est retrouvé égorgé sur le sol, du sang répandu
partout et les meubles renversés.
Alors
que Superintendant Sugden commence son enquête, son supérieur est appelé
également sur les lieux du crime. Celui-ci amène son invité célèbre qui était
venu passer les Fêtes de Noël chez lui, le détective Hercule Poirot. Ce dernier
se chargera de faire sa propre enquête. Vol de diamants, humiliations d’un père
sur ses enfants, modification de testament, vengeances, avidité,… les motifs et les
suspects ne manquent pas.
L’œuvre et Commentaires personnels
Le
roman d’Agatha Christie « Le Noël
d’Hercule Poirot » (« Hercule
Poirot’s Christmas ») fut publié au Royaume Uni en décembre de 1938.
Il parut ensuite aux Etats-Unis en 1939 sous le titre de « Murder for Christmas »,
puis en 1947 sous le titre « A
Holiday for Murder ».
Il
met encore en scène, le détective privé, ancien membre de la police belge et
maintenant vivant en Angleterre, Hercule Poirot. L’histoire se déroule pendant
Noël. Le roman est divisé en 7 parties, commençant avec la journée du 22
décembre et se terminant 7 jours plus tard, le 28 décembre. Le roman présente
un meurtre qui est commis dans un endroit hermétiquement fermé, ce qu’on
appelle en anglais « a locked room
mystery ».
L’auteur
reprend également certains thèmes qu’elle avait déjà utilisés ou qu’elle
reprendra plus tard. On retrouve une victime qui était un tyran antipathique et
sadique avec ses proches. Ses enfants le déteste mais ont plusieurs des mêmes
caractéristiques que la personne qu’ils ne peuvent supporter. Elle utilise également le
thème du testament et de l’héritage qui
sera utilisé souvent dans ses romans.
Le
roman s’inscrit dans la tradition des livres de Christie. Mais on peut
critiquer certains aspects du roman qui sont justement souvent repris et qui
lorsqu’on lit plusieurs œuvres de l’auteur sont facilement reconnaissables. On
retrouve un groupe de suspects tous présents dans la maison et tous ayant un
solide mobile pour tuer la victime. Ils semblent tous avoir quelque chose à
cacher et Poirot dévoile petit à petit les secrets de chacun. Il y a aussi
beaucoup trop de coïncidences. Et un peu trop d’événements improbables. Plusieurs
personnages sont stéréotypés : le serviteur sournois et se sauvant à l’arrivée
de la police, le vieux serviteur semblant confondre les gens, la jeune fille
étrangère espagnole avec les traits légèrement caricaturaux, le jeune homme
venant de l’Afrique du Sud et trouvant l’Angleterre terne et rigide.
Le
crime est cependant différent par le fait qu’il est beaucoup plus sanglant que
d’habitude. L’auteur s’était fait reprocher d’offrir des crimes fades et trop
raffinés. Elle a voulu ici proposer un crime violent. Elle propose aussi un
Poirot plus posé et moins critique des coutumes anglaises. Il semble un peu
moins coloré que d’habitude. Et c’est dommage.
J’ai
eu un peu de difficulté avec certains personnages. Par exemple, le serviteur que
tout le monde déteste, semble le suspect parfait, à tel point qu’on se doute
bien qu’il n’est pas coupable. La petite-fille espagnole ressemble beaucoup
trop à une caricature – même pour l’époque. On sent aussi parfaitement les mœurs
anglaises de l’époque – comme souvent dans les romans d’Agatha Christie. Mais
dans ce roman, elles sont particulièrement soulignées. Le vieux Lee qui déclare
ne pas se repentir de ses actes est puni. Il n’a pas au cours de sa vie
respecté le mariage et les conventions sociales et il mourra à cause de cela.
Ceux qui sont plus vertueux sont nettement favorisés dans l’histoire. On sent
quelques préjugés sur les classes sociales et les nationalités différentes.
Mais
mis à part ces quelques critiques, le roman demeure efficace. Le meurtrier n’est
pas celui qu’on croyait et Poirot mène son enquête selon ses habitudes. L’atmosphère
est étouffante, dans ce manoir ancien, typiquement anglais, rempli de gens qui
ne se connaissent pas ou peu et qui ne s’aiment pas pour la plupart. Les personnages,
bien que caricaturaux, sont bien décrits et la prémisse est bien en place
lorsque le crime arrive. On nous a présenté parfaitement cette famille « dysfonctionnelle »
et dans laquelle les secrets et les non-dits sont partout.
Citation:
"Ah ! Mais moi j’ai été plus méchant que les autres hommes,
déclara son grand-père en ricanant. Je ne regrette rien… rien du tout! Je me
suis bien amusé. On dit qu’on se repent dans sa vieillesse des fautes de sa
jeunesse. Quelle sottise ! Moi, je n’éprouve aucun remords…" (p.48)
" […] Vous dites que Noël est une époque de réjouissances
et de belle humeur. Cela signifie, n’est-ce pas, qu’on mange et qu’on boit
beaucoup… même plus que de coutume! Trop manger entraîne des indigestions ! Et
l’indigestion rend certains gens irritables !" (p.79-80)
Sources :
- http://agatha.christie.free.fr/
- http://uk.agathachristie.com/site/home/
- http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_No%C3%ABl_d%27Hercule_Poirot
- http://christie.mysterynet.com/
- http://en.wikipedia.org/wiki/Hercule_Poirot
- http://en.wikipedia.org/wiki/Hercule_Poirot%27s_Christmas