Un Jacques, des Jacques
Et donc, nous revenons à Jacques. Qui
est ce Jacques dont le tombeau situé dans la Cathédrale attire tant de gens ?
Le Jacques qui serait à Compostelle
est en fait « Jacques le Majeur », fils de Salomée et de Zébédée et
frère de Jean l’évangéliste. Il est pêcheur sur le lac de Tibériade, quand il
devient un des premiers apôtres du Christ. On l’appelle le « Majeur »
pour le distinguer de l’apôtre Jacques,
fils d’Alphée qu’on appelle le « Mineur » car il a commencé à suivre Jésus
après Jacques, fils de Zébédée.
On lui donne aussi parfois le surnom
de « Fils de Tonnerre ». Ce surnom qui est donné également à son
frère Jean est en lien avec d’un épisode de la vie de Jésus. En effet, alors
que Jésus se rend à Jérusalem avec ses disciples, ils s’arrêtent pour la nuit
dans un village de Samarie. Ils cherchent à se loger, mais personne ne leur
offre l’hospitalité. Les deux fils de Zébédée, Jacques et Jean s’en indignent
et veulent punir les habitants peu charitables en faisant tomber la foudre sur
le village. Jésus les réprimande mais le surnom leur resta : « Fils
de Tonnerre », Boanergès en grec.
Jacques sera un des témoins
principaux de plusieurs évènements marquants de la vie de Jésus, par exemple la
Transfiguration, la résurrection de la fille du chef de la synagogue, la
troisième apparition de Jésus après sa mort.
Selon les Actes des Apôtres (12, 2),
en l’an 44, il sera décapité à Jérusalem, sur l’ordre du roi Hérode Agrippa. Il
serait le premier apôtre à mourir en martyre. Les raisons de sa condamnation à
mort ne sont pas déterminées. On dit qu’Hérode avait probablement voulu plaire à certains de ces sujets influents en
persécutant la jeune église chrétienne et ses adeptes. Ou alors peut-être que
Jacques avait-il prononcé des paroles ou commis des actes séditieux puisque la
mort par décapitation était souvent la sentence pour les crimes politiques.
D’autres Jacques font aussi leur
apparition dans les écritures. Tout d’abord, Jacques le Mineur, fils d’Alphée
et également apôtre. Il a aussi Jacques dit le Juste qui est un frère de Jésus
et finalement, il a un autre Jacques qui serait celui qui a rédigé l’Épître de
Jacques. Tous ces Jacques différents sont habituellement regroupés dans la
tradition chrétienne pour ne former qu’un seul personnage. Le Jacques de
Compostelle est d’ailleurs à la fois l’apôtre, le frère de Jésus et le
rédacteur de l’Epître.
Plusieurs miracles sont attribués à
Jacques de son vivant dont la guérison d’un paralytique alors même qu’il marchait
pour se rendre au lieu de son exécution à Jérusalem.
Alors comment le corps de Jacques le Majeur a-t-il abouti en Galicie ? On dit que Jacques, tout comme Pierre, Paul
et autres disciples a réalisé plusieurs voyages pour évangéliser les gens. On
ne sait pas grand-chose de l’apostolat de Jacques. C’est uniquement au Ve
siècle que Jérôme écrit dans son texte intitulé « Commentaire sur Isaïe »
que l’Illyrie et les Espagnes ont été évangélisés par les deux frères Jacques
et Jean, particulièrement Jacques. Cette théorie ne fait pas l’unanimité
cependant, et le pape Innocent discréditera cette idée. D’autres reprendront
cependant cette thèse, notamment l’évêque de Salona en Dalmatie.
Plusieurs écrits font donc état de l’évangélisation
des Espagnes par Jacques le Majeur. Il aurait parcouru le territoire en entier
et plusieurs anecdotes sont rapportées. Après avoir prêcher en Espagne, Jacques
serait reparti pour Jérusalem où il sera exécuté. Ce sont ses compagnons qui
auraient amené ses restes en Galicie afin qu’il se retrouve sur les lieux de
son apostolat. D’autres lieux sont cependant nommés comme lieux conservant le
tombeau de Jacques, par exemple, la Judée et la Marmarique.
Mais Compostelle demeure le lieu
reconnu aujourd’hui où repose Jacques le Majeur.
Sources :
- Les Chemins de Saint-Jacques de Compostelle / Textes rédigés avec la collaboration de Julie Roux.
– Vic-en-Bigorre : MSM, c1999. –320 p. : ill. en coul.; 24 cm. – ISBN
2-911515-21-8.