Le moment captif d'un dimanche : écouter silencieusement
"L'amour est le miracle d'être un jour entendu dans nos silences, et d'entendre en retour avec la même délicatesse: la vie à l'état pur, aussi fine que l'air qui soutient les ailes des libellules et se réjouit de leur danse." [Christian Bobin]
Un coin tranquille. Près d'une belle petite rivière. Nous cherchons toujours ces endroits pour faire un arrêt lors de nos escapades sur les routes. Ces endroits silencieux où nous aimons nous arrêter, s'asseoir un peu, prendre une petite bouchée et s'imprégner des odeurs et des couleurs.
Nous fuyons souvent la cacophonie de la ville pour nous réfugier dans le silence des ces petites rivières. Ces endroits sont précieux et légers. Mais ils ne sont pas silencieux. Un millier de bruits furtifs nous entourent et nous bercent.
Les bruits de l'eau, des feuilles, du vent, des oiseaux, des insectes... les bruits sont partout, profonds et indiscernables. Se mélangeant en une musique naturelle, délicate et immense.
Un bruit d'ailes. Il semble gracieux et violent. Très rapide. Je sens quelque chose sur ma joue. Une aile immense m'a frôlée. Elle m'a touchée et s'est sauvée aussitôt. Un frôlement doux, presque langoureux s'il n'était pas si furtif. Une aile que l'on croit sentir et saisir mais qui nous échappe. On croit comprendre mais on ne peut qu'imaginer. Et on est heureux d'avoir été touché par une émotion pure, tendre, si fragile et vulnérable. Une émotion terrible, tyrannique et si volupteuse. Une ombre a touché ma joue. Je l'ai entendu dans son silence. Je l'ai senti sur ma vie. Et il ne me reste que l'espérance que cette ombre si délicate ne me quittera plus.Une libellule a dansé près de moi et m'a offert un bruit, un mouvement, un geste, un regard et une parcelle d'amour.
"Les âmes, libellules de l'ombre" [Victor Hugo]