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4 août 2016

L'ascendant d'Alexandre Postel

Ascendant02L’ascendant : roman /Alexandre Postel. — [Paris] : Gallimard, 2015. – 124 p. ; 21 cm. – ISBN 978-2-07-014908-7

Quatrième de couverture

Le narrateur, à la demande d’une psychiatre, raconte les événements qui, en l’espace de cinq jours, ont dévasté sa vie.

Tout commence lorsque ce vendeur de téléphones mobiles apprend le décès de son père, avec lequel il entretenait des rapports très lointains. Afin d’organiser les obsèques, le jeune homme se rend dans la petite ville où vivait le défunt et s’installe dans la maison paternelle. Il fait alors une découverte terrifiante qui le plonge, au fil d’un enchaînement insidieux de faux pas, dans une situation cauchemardesque.

On retrouve ici ce qui faisait la force du premier roman d’Alexandre Postel : une narration implacable et ironique, qui donne au récit la forme d’une tragédie. Le sentiment de culpabilité, au centre du texte, génère une atmosphère trouble et inquiétante : jusqu’à la dernière ligne, le lecteur hésite entre l’empathie, la révolte et l’effroi.

L’auteur

Alexandre Postel est né en 1982 à Colombes en France. Il fait ses études à Lyon et reçoit un diplôme en Lettres modernes. Il enseigne à Paris la littérature française en classes préparatoires. En 2013, il publie son premier roman, Un homme effacé, qui reçoit le Prix Goncourt du 1er roman, le Prix Ascendant01Landerneau Découvertes  ainsi que le Prix Québec-France Marie-Claire Blais.

Bibliographie

  • Un homme effacé (2013)
  • L'ascendant (2015)
  • Les deux pigeons (2016)

Mes commentaires [attention spoilers.... vous saurez tout ou presque]

Oh la la. Je vous jure que je voulais vraiment, mais alors là vraiment aimé ce roman. Et j'aurais voulu faire des commentaires positifs. Malheureusement, ce fut une lecture aussi rapide que difficile. Difficile d'aimer quand on n'arrive pas à croire à l'histoire.

Résumons un peu l'histoire et je vous avertis de nouveau, je dis presque tout. Un homme ordinaire, vendeur de téléphone de cellulaire, apprend que son père est mort. Il doit donc se rendre chez son père pour la succession et tout le tra la la qui accompagne le décès d'un parent. Cet homme banal nous raconte comment s'est déroulé ce voyage chez son père avec qui il n'avait plus que très peu de contacts. Son père était un homme solitaire, surtout depuis la mort de son épouse, et il gardait la porte du sous-sol fermée à clef. Et donc, une des premières choses que voulut faire le narrateur à son arrivée dans la maison de son père est évidemment de descendre dans le sous-sol - histoire de voir pourquoi, il ne pouvait jamais y aller - en pensant naïvement découvrir une cave à vin. Évidemment, le lecteur se doute bien que ce ne sont pas des bouteilles de vin qu'il va trouver. La quatrième de couverture nous a bien préparé : "Il fait alors une découverte terrifiante qui le plonge, au fil d’un enchaînement insidieux de faux pas, dans une situation cauchemardesque".

Et donc, on se doute tout de suite du genre de découverte qu'il fera. Ce n'est pas bien difficile à deviner et donc, je ne me sens pas coupable d'annoncer qu'il découvre une cage avec à l'intérieur une jeune femme. Il est évidemment horrifié, tente d'appeler la police, est incapable d'avoir une connexion, est pris d'un malaise, remonte, perd son téléphone, ne se sent pas la force de redescendre le chercher, décider de prendre des pilules et se couche. Il appelera demain. Et voilà. Bien sûr, le lendemain il est déjà trop tard et il hésite. Décide de la libérer lui-même, mais en attendant de la libérer - car il ne trouve pas la clef - il continue à la nourrir. Et le voilà pris dans l'engrenage. Il n'est pas seulement le complice de son père, il prend sa place.

Bien sûr, il se questionne. Il cherche à comprendre comment son père a pu faire cela, qui est la jeune femme, depuis combien de temps est-elle là. Il essaie de fouiller les souvenirs qu'il a de son père et sa relation avec lui. Il se sent coupable de l'avoir négligé. Il se dit que c'est peut-être sa faute, s'il s'était occupé plus de lui, il n'aurait peut-être pas séquestré une femme dans sa cave. Puis, il se rend compte du ridicule de son raisonnement. Et il continue d'avaler alcool, pilules et à chercher la clef pour sortir la pauvre victime de sa cage. D'ailleurs, elle semble bien s'y trouver dans sa cage, la victime. Et puis, peut-être son père voulait-il lui laisser en héritage la cage et son contenu. À la fin, il la libère, s'y prend très mal, la tue et l'enterre. Et oui, bon, ça ne pouvait que mal finir, non. Pas très surprenant comme dénouement... oh... et elle n'était pas la première occupante, non plus... pas non plus une grande surprise.

Alors, je relis l'histoire et je me dis qu'il y avait là matière à faire un bon roman. Mais j'ai été totalement incapable de croire à l'histoire. Tout d'abord, - et ça c'est la faute de l'éditeur - je me doutais avant même de commencer ma lecture de ce qui se trouvait à la cave. Ok, pas grave, je me dis, comme on nous révèle le "punch", c'est que le roman nous offrira autre chose. On plongera dans la vie du père, les questions du fils pour le comprendre, pour vivre avec l'horreur de ce que le père a fait, etc. On lira un peu ça, mais à peine. On ne saura rien du père. On n'a que le fils qui se prends dans un engrenage de procrastination. Et je ne suis pas arrivée à y croire. Il découvre une femme dans une cage dans la cave de son père mort et il n'appelle pas la police mais va plutôt se coucher en se disant qu'il appelera quand il se sera reposé et plus calme. Ben voyons donc ! Ce n'est pas tant qu'il n'a pas appelé immédiatement qui m'achale mais toutes les raisons qu'on nous donne. Il est facile de deviner pourquoi il n'a pas appelé tout de suite : parce qu'il ne veut pas dénoncer son père - même après sa mort ; il veut protéger sa propre vie, il ne veut pas subir l'enquête qui va suivre, les accusations sur son père et sur lui (on l'accusera de savoir, d'avoir été complice, etc.). Peut-être même qu'il a les mêmes travers que son père. Ça aurait été intéressant, ça.

Bon, on va me dire que c'est le but de l'auteur... de nous faire comprendre que le narrateur se ment à lui-même... peut-être mais alors, il a très mal construit son roman car je n'ai pas du tout senti ça. J'ai juste eu l'impression de lire la relation de cinq jours de procrastination interminable et peu plausible. On s'entend, je suis moi-même une procrastinatrice irrécupérable, mais je n'y aie pas cru une minute. Y'a quand même une limite à mettre ça sur le dos de la procrastination... et puis l'excuse de "je vais la sauver quand j'aurai trouvé la clef..." pas très crédible non plus. Si le personnage est supposé être aussi stupide et naïf c'est un peu trop gros pour moi. Je comprends bien que le personnage est lâche, et qu'il n'arrive pas à accepter ce que son père a fait, mais soit que le roman est trop court pour que l'auteur m'amène à croire que c'est pour ça qu'il ne passe pas cet appel, soit il manque quelque chose dans le texte. Roman sur la filiation, la culpabilité, etc.... oui, peut-être, mais en surface, vraiment en surface.

Et puis, il y a la narration. Le personnage raconte tout ça à un psychiatre - ou psychologue ou policier, je ne me rappelle plus trop. Il s'adresse à nous. On a donc des "vous le savez", et autres adresses directes. J'ai déjà lu des romans avec ce procédé narratif, mais ici, j'ai trouvé cela un peu lourd et que cela permettait d'escamoter bien des détails. Dans les critiques que j'ai lu, j'ai noté beaucoup de "glacer le sang", "rebondissements" "roman puissant, troublant, dérangeant" "effet de surprise", etc.  Et bien zéro pour moi. J'ai bien compris l'ascendant du père et du fils, mais cela ne m'a pas paru ni troublant, ni froid, ni crédible.

Le roman est vraiment court. On reste en surface, on n'approfondit rien, on ne sait rien. Certains disent que c'est le but de l'auteur... moi, je dis que c'est trop facile... On compare l'auteur à Camus, Poe... heu non...

Bon, je me trouve bien sévère... disons que ce fut une rencontre manquée.

Les mots de l’auteur

 « Ouvrir la porte de la cage, c’était tout ce qu’il y avait à faire. Encore fallait-il trouver la clef. L’obscurité de la cave ne facilitait pas mes recherches. Je me suis promis de régler au plus vite ce problème d’éclairage, mais il était plus urgent de trouver la clef. Partout, je l’ai cherché partout, dans la jarre où étaient rangées les cuillères, au-dessus du micro-ondes, à l’intérieur du frigidaire, sur les quelques étagères fixées aux murs – en vain.

J’ai écarté les bras en signe d’impuissance. J’aurais pu pourtant prévenir immédiatement la police. Il était encore temps de faire cesser la situation – terme commode, discret, sur lequel je m’appuyais pour désigner le crime dont je commençais à devenir le complice. Mais je n’ai pas prévenu la police, vous le savez, ni à ce moment ni plus tard, les faits sont connus. » p. 32

« Pour la première fois je prenais conscience de l’importance que j’avais eue, peut-être, dans la vie de mon père. Je n’avais jamais imaginé qu’il pouvait avoir besoin de moi, sans doute est-ce une chose que tout enfant a du mal à concevoir. Si je m’étais comporté autrement, si j’étais resté auprès de lui, si seulement j’étais venu le voir plus souvent, y aurait-il eu la cage ? Absurde. Ils étaient nombreux les hommes seuls, les veufs, les vieillards brouillés avec leurs enfants : ils prenaient un chien. » p. 66

Pour en savoir un peu plus…

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