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2 mai 2010

Le moment captif d'un dimanche : surveillance

"Une maman ne dort jamais tout à fait ; elle est liée au sommeil de son enfant" [Jean Gastaldi]DSC_3231

Elle surveille attentivement. C'est qu'ils sont turbulents. Enfin, pas tous. Mais mieux vaut bien les surveiller tous. Un incident est si vite arrivé.

Mais il ne faut pas trop les couver. Ils doivent apprendre les petits. La rivière est si dangereuse. Il est préférable de bien les préparer. Et les laisser sauter à l'eau de temps en temps. Il suffit de bien les surveiller. Si c'est trop difficile, il suffira de les aider un tout petit peu.

Elle les trouve beau. Il n'y en a pas un d'identique. Ils sont tous différents. On ne le remarquerait peut-être pas de si loin, mais ils sont uniques. Et chacun a son petit caractère ! Mais c'est qu'elle trouve charmant. Même si parfois, elle aimerait bien se reposer... c'est qu'ils sont turbulents !

Et ils sont parfois bien ingrats. Ils ne cherchent qu'à s'amuser et à nager. Sauf quand c'est l'heure du dîner... alors là, ils veulent manger tout de suite. Elle n'a pas une minute à elle. Elle ne se rappelle plus quand elle a vraiment dormi pour la dernière fois. Mais elle les regarde tendrement et se dit que c'est ça être maman.

"L'amour d'une maman, c'est la conviction que ses poussins sont des cygnes , ce qui est la meilleure façon de donner du moral à des enfants qui sont convaincus d'être de vilains petits canards." [Pam Brown]

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21 janvier 2010

Devant deux portraits de ma mère de Nelligan

Devant deux portraits de ma mère

[Émile Nelligan]

Ma mère, que je l'aime en ce portrait ancien, Pauline1
Peint aux jours glorieux qu'elle était jeune fille,
Le front couleur de lys et le regard qui brille
Comme un éblouissant miroir vénitien!

Ma mère que voici n'est plus du tout la même;
Les rides ont creusé le beau marbre frontal;
Elle a perdu l'éclat du temps sentimental
Où son hymen chanta comme un rose poème.

Aujourd'hui je compare, et j'en suis triste aussi,
Ce front nimbé de joie et ce front de souci,
Soleil d'or, brouillard dense au couchant des années.

Mais, mystère de coeur qui ne peut s'éclairer!
Comment puis-je sourire à ces lèvres fanées?
Au portrait qui sourit, comment puis-je pleurer?

Commentaires personnels

Le temps passe. Le temps vole la jeunesse pour lui donner des rides. Pour tout le monde... pour nous, pour nos soeurs, nos frères, nos pères, nos mères. Le temps passe et semble tuer les sourires qui furent, les joies qui ont passées. Mais la mère demeure. Jeune, nous ne l'avons pas connue. Vieille, elle est comme un tableau de sa vie. Une oeuvre d'art, une peinture de ce qu'elle représente pour nous.

Car notre mère est un portrait. Nous avons une image de notre mère. Est-ce une illusion ? Peut-être. L'image du passée est-elle plus belle que celle du présent ? Le vieux portrait nous donne une image jeune, le portrait plus récent, nous offre une image fanée. Le temps. Mensonger. Est-ce que l'image de jeunesse est vraiment plus douce que l'image de vieillesse ?

Les portraits parlent. Ils nous livrent des histoires. Nous cachent parfois des secrets. Que se cache derrière les sourires, derrières les rides ? Les portraits nous parlent mais que leur répondre ? Peut-on leur répondre ?

Poème considéré classique de Nelligan... sonnet, strophes, rimes embrassées, alexandrins, quatrains, tercets... poème classique. Sujet classique aussi: la mère. Notre mère qui fut jeune et qui vieillit. Portraits de notre mère qu'il faut affronter et accepter et que le poète nous chante dans des rimes douces mais rythmées.

Le poème est classique, parfois considéré "ancien", archaïque selon certains critiques. Mais il demeure une musique à lire à haute voix. Les sons suivent les images, les vers s'écoulent graduellement comme des notes phonétiques. Une succession de mots et images entrecoupés de pauses, de silences...

Un portrait, des portraits, des sourires, des pleurs... des regards et des rides... Les yeux de la mère, son regard, son front, ses lèvres, son sourire... notre mère. Mais notre mère demeure une femme. Elle fut jeune, vivante, amoureuse, folle, insouciante. Il y a une distance entre les portraits de notre mère et notre rapport avec elle et avec ceux-ci. Le poème nous rappelle cette distance. Et il y a une distance entre les représentations de la mère. Est-ce la même femme ? Notre mère est multiple. Elle fut multiple dans sa vie et elle fut multiple dans nos vies.

Pourquoi, la mère, la femme sourit-elle dans le premier portrait ? Pourquoi est-elle jeune ? Pourquoi est-elle vieille ensuite? Que s'est-il passé dans sa vie que nous ne voyons pas sur les portraits et qui en font deux femmes différentes ?

Le poème est souvent considéré comme mièvre, sentimental... trop même. Mais l'est-il ? Il nous présente ces deux femmes différentes. Il nous présente le passage du temps sur une femme. Sur la mère. Mais le passé était-il moins triste que le présent ? Le poème est classique, ses thèmes aussi... mais son interprétation est ambigüe.

Deux portraits que Nelligan nous peint avec des couleurs vives, expressives et où le textuel devient image et expression. Les mots sont un jeu qu'il faut comprendre. Et pour comprendre, il faut jouer ! Jouer avec les vers, les symboles. Un signe, un symbole, une centaine de significations.

Une mère, des mères. Cette femme qui fut notre mère est plurielle et unique.

6 janvier 2010

Les archives de Pauline : Remue-ménage

J'aime voyager. J'aime les changements. Mais j'aime mon chez-moi. J'aime avoir un endroit que je peux appeler "chez-moi". AvecSalon_de_la_terrasse4 les années j'ai découvert que cet endroit pouvait se situer n'importe où, dans n'importe quel pays... en autant que je sois entourée des objets que j'aime et qui me sont familiers. Je n'oublie pas les gens non, évidemment. Mais mon logis est important. L'endroit où je me sens en sécurité, où je me sens bien.

Mais autant j'aime les repères de mon foyer, autant j'aime les changements. La routine s'empare rapidement de nous, si on la laisse faire. La routine est rassurante, elle est ce qui me permet de lire un livre engloutie confortablement dans mon sofa préféré. Mais la routine me pèse rapidement. Et alors les choses changent autour de moi... le travail, le pays... changement d'emploi, voyages, changement de pays... Mais pas les gens, pas les objets.

Et parfois, le temps passe et il n'y a pas de changement... le travail continue, le logis demeure au même endroit, et les voyages se font rares. Je me sens alors soupirer. Et la crainte que le quotidien ne devienne routine m'envahit. Et alors, je ressens un immense besoin de tout bousculer dans la maison. Cela m'a pris des années à comprendre ce besoin de chambarder mon logis. De changer d'endroit ce vase bleu, de trouver un nouvel emplacement pour ce miroir, de carrément culbuter les meubles d'un côté à l'autre. De perdre mes repères dimensionnels pour me retrouver dans un nouvel univers entre les mêmes murs et avec les mêmes objets.

Et je me rappelle ma mère. Il arrivait fréquemment que nous revenions de l'école pour trouver le salon complètement transformé. Les meubles avaient changés de place, les plantes envahissaient un nouveau coin et il y avait un cadre en moins, puisqu'il se trouvait maintenant dans le corridor. Trois mois plus tard, la cuisine avait de nouveaux rideaux, la table était à l'autre bout de la pièce et le comptoir présentait le rangement pour épices qui la veille était sur le mur. Et puis, 6 mois plus tard tout changeait à nouveau. Régulièrement, elle venait dans nos chambres et nous demandait ce qu'on voulait changer: le lit sur le mur opposé ? l'armoire en biais ? changer de tapis avec soeurette ?

Je ne me suis jamais questionnée. C'était normal. On changeait la disposition de la maison et c'est tout. Mais pourquoi ? Nous avons longtemps demeuré au même endroit. La même maison. La même rue. Le même quartier. La même ville. Ma mère a peu travaillé. Une grande partie de sa vie fut à la maison. Nous faisions peu de voyages. Puis elle fut de plus en plus incapable de sortir. Ma mère vivait dans son logis. C'était son chez soi.

Mais ma mère aimait sortir et voyager. Elle aurait voulu aller dans des soirées, voir le monde. Parcourir les rues, les villes, les pays. Elle aurait aimé rencontrer des gens, dévaliser les magasins des grandes villes, découvrir les cuisines nouvelles et étranges. Elle rêvait de voyages et d'aventures.

Nous allions visiter la famille, nous allions au parc, au cinéma, au centre d'achat, à la bibliothèque. Et quand son intérieur bouillonnait et cherchait à s'enfuir, elle chambardait sa demeure. Quand son regard s'évadait par la fenêtre, elle déplaçait les objets de son chez-soi. Et un autre intérieur existait pour un moment.

Quand j'ai l'âme qui soupire, je pense à la citation de Vivane Chocas, et à ma mère... et je me réinvente et me recompose en chahutant un peu ces objets qui m'entourent...

19 octobre 2009

Les archives de Pauline: frayeurs cinématographiques

Ma mère m'a appris à faire des casse-tête et à lire. Mon père m'a appris à cuisiner. J'ai hérité de mon père ma passion du jardinage. Et j'ai hérité de ma mère ma passion de la lecture. Mon père m'a transmis un amour du travail bien fait et ma mère 0tvm'a transmis un sens de la fierté. Les choses habituelles. Les choses normales que les parents apprennent à leurs enfants.

Mais les enfants apprennent beaucoup d'autres choses de leurs parents. Mon père m'a transmis sa procrastination et ma mère son obsession de la minceur. Mon père m'a donné son penchant pour les westerns et ma mère, son amour des films d'horreur.

Je reparlerai un jour des histoires de ce far-west américain qui meublait les soirées de mon père. En ce mois d'octobre hésitant entre le soleil et les nuages, je me perds aujourd'hui dans des images cauchemardesques.

Dire que ma mère aimait les films d'horreur ou fantastiques ne serait pas bien décrire cette relation. Elle les adorait avec passion mais de façon sélective. Elle adorait les films d'horreur mais pas n'importe lesquels. Les films trop sanguinaires l'indifféraient royalement. Ce qui la fascinait, c'était les films à tendance plus fantastiques... présentant un sentiment d'horreur plus subtil. Le sang pouvait apparaître mais il ne devait pas dominer les scènes. La violence ne devait pas faire oublier la terreur. Elle disait que trop de sang, trop d'effets spéciaux rappelaient que nous étions dans un film, que ce n'était que du cinéma. La peur devait sembler possible et réelle. Un bon film d'horreur devait nous donner des sentiments d'inconfort et de frayeur qui perdureraient même après la dernière image. Après avoir fermé la télévision, un bon film d'horreur hanterait nos pensées pendant quelques temps encore... il se faufilerait même peut-être dans notre lit et nos rêves. Avant de devenir un souvenir frissonnant et agréable.

Ma mère aimait se coucher tard. Quand tout le monde était couché, elle s'installait seule dans le salon et regardait enfin la télévision tranquille. Et, à cette époque d'avant les magnétoscopes et les lecteurs de DVDs, elle appréciait particulièrement quand un "bon" film d'horreur passait à la télé. Comme ces films étaient surtout diffusés très tard le soir, elle en profitait pleinement. Elle ne voulait évidemment pas que j'écoute ces films avec elle - ou sans elle, bien sûr. Même la fin de semaine. L'heure de diffusion n'était pas seule en cause, bien entendu. Elle ne voulait pas que j'écoute des films qui m'auraient fait peur. J'étais déjà assez peureuse comme ça ! Cela me donnerait des cauchemars, qu'elle me disait, à mon grand désespoir.

Mais j'aimais les films d'horreur. Et je voulais surtout écouté ce que ma mère écoutait. Alors, quand je savais que ma mère écoutait un film d'horreur tard le soir, je me levais sans faire du bruit et je venais me cacher dans le corridor. Tout près du salon, mais non loin de ma chambre. Je pouvais ainsi courir très vite me recoucher si quelqu'un se levait, mais je pouvais voir la télévision. Et elle avait raison. Le nombre de cauchemars que ces bouts de films, entrevus entre mes doigts qui cachaient la plupart du temps mes yeux, m'ont donnés, je ne saurais le dire!!! Et je dois avouer que certaines images surgissent encore parfois dans mes rêves. Je retournais me coucher et je faisais alors semblant de dormir pour le reste de la nuit. J'avais horriblement peur et je passais parfois des nuits entières à ne pas dormir, enfouie sous mes couvertures. Mais cela ne m'empêchait pas de venir me cacher dans le corridor pour voir quelques images de ces films d'horreur que ma mère adorait: Psycho, Exorcist, The Fly, Dracula, Frankenstein, The Birds, Rosemary's baby, The Omen, ...

Et puis, j'ai vieilli. Et j'ai fini par pouvoir écouter avec ma mère ces films et bien d'autres. Nos goûts ont parfois divergé par la suite, mais notre passion pour les films d'horreur qui hantent sournoisement les pensées n'a jamais changé. Et si j'aime aujourd'hui autant les films d'horreur c'est à cause de ma mère et de ses soirées de cinéma qu'elle s'offrait parfois.

5 septembre 2009

Les archives de Pauline: Histoire d'un visage

Rides2

Le jour se lève. En fait, habituellement, il est bien levé, quand moi, je sors de mon lit. La lumière du jour inonde propablement la chambre. Tout semble alors trop lumineux. Cela sent trop le réveil. Le début de la journée. Mes yeux ont toujours de la difficulté à se résigner à accepter cette clarté.

Je cherche un peu ce que je vais porter sauf si je dois sortir, alors habituellement, j'ai déjà décidé la veille. Même si je vais de toute évidence changer d'idée plusieurs fois avant de m'habiller. Ce moment dure une éternité.

Je me réfugie à la salle de bain. Malgré la lumière du jour qui entre par la fenêtre givrée, j'allume les lumières du plafond. Et je me regarde dans le miroir. L'image que je vois a changé au cours des années. En fait tous les jours j'observe une image différente. Un peu d'eau... de la crème autour des yeux... un peu de fond de teint... parfois un peu plus de maquillage, si je sors à l'extérieur... et ma journée commence.

L'autre matin, je me suis levée fatiguée. Le sommeil m'avait fuit une bonne partie de la nuit et j'aurais bien dormi encore quelques heures. Je me regarde dans le miroir. Des yeux ensommeillés m'observaient avec difficulté. La peau de mon visage m'apparu fripée et terne. Des plis couraient sur mon visage dans tous les sens. Ils entouraient les yeux, descendaient sur les joues, chatouillaient ma bouche et descendaient sournoisement sur mon cou.

Je me mis les deux mains sur le visage et quelques mots sortirent inconsciemment de ma bouche. Je ne les ai pas pensé... je n'y ai pas réfléchi... les mots sortirent sans que je m'en rende compte: "maudite vieille face ridée"... Et à l'instant où j'ai prononcé ces mots, j'ai entendu la voix douce de ma mère.

Chaque matin, devant le miroir de la salle de bain, elle prononçait ces mots. Je ne me souviens pas d'un temps où elle n'a pas dit ces quelques mots en se levant le matin. Et même parfois au courant de la journée. Elle les a prononcés à ses trente ans. Elle les a répétés pendant ses quarante ans. Elle les a marmonés durant ses cinquante ans. Et elle les a psalmodiés chaque jour de ses soixante ans. Les rides n'ont jamais été les mêmes, mais sa plainte n'a jamais changé. Elle a toujours vu dans le miroir un visage qu'elle n'aimait pas. Des plis qui l'offensaient quotidiennement. Ces lignes l'ont rendu triste chaque jour de sa vie.

Il m'arrive de me regarder dans le miroir et de m'étonner des changements que je vois sur mon visage. Et il m'arrive de répéter les mots tristes de ma mère. À l'occasion. Car mes rides, je ne les déteste pas. J'aimerais parfois qu'elles ne soient pas si évidentes, mais je sais qu'elles ne font que me rappeler le temps qui passe. Je n'ai pas peur de ma vieillesse, et je n'ai pas peur de mes rides.

Ces rides sur ma peau me racontent les pleurs et les rires des années qui ont passé. Elles me rappellent les moments difficiles et les moments heureux. Et je me souviens parfaitement quand certains plis ont fait leur apparition dans le coin d'un oeil. D'autres sont apparus sans que je ne m'en rende compte. À l'improviste, au détour de la vie. Les années passent tranquillement et dessinent mon visage. Tout simplement.

Sur le visage de ma mère, il y avait aussi tant d'histoires, tant de caresses, tant de larmes et soucis, tant de rires et baisers. Elle ne les voyait pas. Elle refusait de les écouter. Elle ne voyait qu'une peau flétrie qu'elle aurait voulu changer. Elle ne comprennait pas que si elle avait effacé ses rides, elle aurait perdu la beauté d'une vie remplie de moments uniques, difficiles et extraordinaires...

J'ai lu le visage de ma mère et j'y ai beaucoup appris. Et j'ai compris qu'il faut chérir chaque petit pli qui apparaît sur notre visage et sur le visage de ceux qu'on aime...

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17 juin 2009

Les archives de Pauline: Pardon

Mam2"On aime sa mère presque sans le savoir, et on ne s'aperçoit de toute la profondeur des racines de cet amour qu'au moment de la séparation dernière."

Guy de Maupassant


Me pardonnes-tu maman, les cris et les paroles méchantes de mon adolescence
Me pardonnes-tu maman, les soupirs d'exaspérations à l'écoute de tes conseils
Me pardonnes-tu maman, de ne pas t'avoir assez dit que je t'aimais
Me pardonnes-tu maman, de t'avoir reproché tes maladies et souffrances
Me pardonnes-tu maman, de t'en vouloir de ne pas être là, aujourd'hui

6 juin 2009

Les archives de Pauline : Pauline à la plage

C’est Pauline à la plage. Elle vit à Montréal depuis quelques années maintenant. Mais elle part parfois la fin de semaine; de Pauline___la_plage1retour au village qui l'a vu grandir.


À quelques minutes du village de son enfance, il y a le terrain près du lac. Sur ce terrain, ces parents ont une cabane. Un jour, ces parents prévoient quitter Montréal, pour revenir dans ce village et bâtir sur ce terrain une maison, où ils passeront leur retraite. Sur le bord du lac de Massawippi.


Les jours chauds d'été, toute la famille profite de ce terrain sur le lac... pour venir voir un peu du soleil, loin de la ville. On arrive le matin, on s'installe sur le terrain et on prend du soleil en mettant parfois son orteil à l'eau.


Je n'aime pas particulièrement aller à la plage. Je trouve le temps long... le soleil trop chaud... l'eau inquiétante... et il y a toujours un pli sur mon ventre que je n'aime pas.


Les moments au soleil de ma mère que j'ai connus, ne ressemblaient pas au moment paisible de cette photo. Elle détestait l'eau. Elle détestait se mettre en maillot de bain. Elle détestait le sable qui s'infiltrait partout et qui ne voulait plus quitter les racoins qu'il avait envahi. Elle avait déjà aimé le soleil, mais elle ne le supportait plus qu'avec difficulté. Elle détestait avoir chaud. Elle détestait les gens couchés un peu partout, toujours trop proche, d'elle. Et surtout, elle détestait les plis sur son ventre.


J'adore la mer. J'adore la plage. J'adore l'odeur du sel et du sable. Mais, je dois avouer que je n'aime pas la plage. Je n'aime pas avoir chaud. Je n'aime pas le sable qui s'empare de tout. Je m'impatiente. J'essaie de lire. Je reste sous le parasol. Je vais rapidement dans l'eau, toujours craintive des choses que je vois pas et toujours attentive à toucher le fond. J'essaie de ne pas me mettre près des autres... pour toujours pouvoir écouter les vagues venir me dire pourquoi j'aime la plage.


Et je regarde les plis sur mon ventre. Je pense au ventre de ma mère. Qu'elle n'aimait pas. Ni ses cuisses. Ni ses bras. Pauline n'aimait pas la plage. Mais je me rappelle le sable chaud et doré. Je me souviens des châteaux chambralants que je contruisais. Puis la course vers ma mère qui m'appelait... Et ses bras qui m'enveloppaient d'une grande serviette. Je posais ma tête sur ses cuisses et j'écoutais les vagues... Et alors j'aime la plage.

22 avril 2009

Les archives de Pauline - Les lumières du cinéma

cinemaIl y a longtemps que je n'ai pas pris le temps de me rendre dans une de ces salles. Et pourtant, j'ai toujours adoré aller au cinéma. Dernièrement, on dirait que je ne prends plus le temps de vivre cette expérience.

Le temps de choisir un film, me déplacer vers les lieux, acheter le billet, me diriger vers l'employé qui déchirera d'une façon irrémédiable ce même billet et me pointera distraitement la salle, me diriger ensuite vers ce comptoir qui me procurera ces maïs si délicieusement soufflés et m'asseoir ensuite dans un fauteuil souvent inconfortable. Et puis. Regarder.

Non, depuis quelques temps, je ne prends plus ce temps. Et pourtant c'est une expérience inégalable à mes yeux. Et une passion qui me vient de mon enfance.

Ma mère adorait nous amener au cinéma. Malgré l'expérience effroyable que cela devait être pour elle... je me rappelle de samedis après-midis dans un cinéma bondé d'enfants et de parents exaspérés... cela devait être pénible !  Enfin j'ai peine à m'imaginer à sa place... j'ai même de vagues souvenirs d'avoir trouvé les lieux bruyants (j'étais une petite fille très sage et discrète... et encore aujourd'hui, j'ai toujours le réflexe de vouloir baisser le son pour ne pas déranger... même au cinéma) !

Mais je me souviens que c'était une sortie très importante pour elle. Elle devait nous amener au cinéma. Bien sûr à l'époque, il n'y avait pas de magnétoscope... les seuls films que nous pouvions voir étaient à la télévision et bien entendu au cinéma.Et elle adorait le cinéma... les films étaient des oeuvres d'art de première importance pour elle.  Et elle aimait beaucoup de genres. Mais pour ma mère, vivre l'expérience du cinéma était unique. On devait aller au cinéma. Et on devait comprendre cette expérience et la vivre pleinement.

Cela semble difficile à comprendre ainsi, mais cela faisait du sens, croyez-moi. Aller au cinéma... c'était une sortie à ne pas prendre à la légère. On n'y allait pas tous les jours, ni même toutes les semaines. On devait choisir nos films avec soin et il fallait planifier toute cette journée: sélectionner le film et le jour, choisir l'ami qu'on pouvait amener avec nous, être tranquille toute la semaine, et puis surtout tranquille sur le chemin vers le cinéma.

Il y avait un cinéma en particulier qu'on visitait très souvent. La plupart des films de Walt Disney y jouaient... Je me souviens du nom "Cinéma Lumière", mais je suis incapable de le retrouver. Je devrai aller dans les archives de la ville de Montréal un de ces jours. Il me semble que le cinéma était sur Saint-Denis, mais rien n'est moins sûr ! Mais je me souviens qu'à chaque visite, on nous donnait une lettre. Ces lettres formaient le mot LUMIERE et si on rassemblait toutes les lettres du mot, on gagnait un prix ! Nous sommes allés un nombre incalculable de fois à ce cinéma, mais nous n'avons jamais formé le mot LUMIERE... nous avions beaucoup de E et plusieurs M et R mais nous n'avons jamais pu faire le mot ! Bizarre non ? ;)

J'ai vu Bambi, Fantasia, Bernard et Bianca et beaucoup d'autres Disney... et j'ai vu d'autres types de films, dont un film avec Claire Pimparé qui m'avait traumatisée car je voyais Passe-Carreau pour la première fois dans un autre rôle !!!

Ce sont des moments complètement fabuleux et parfois, j'ai dû mal à rattraper ces souvenirs... ils commencent à être flous. Mais ce dont je me souviens c'est la passion de ma mère, non seulement pour les films et le cinéma... mais pour l'expérience dans son ensemble !

Et il faut que je prenne le temps d'aller dans ces salles, parfois toute petite et toute vieille, parfois toute moderne et trop grande mais si confortable. Et m'installer avec mon pop-corn dans un fauteuil... puis observer pour voir s'il me faudra changer de place (si un grand vient s'installer devant moi, ou si ça jase trop en arrière) et puis regarder les "previews" (oui, parce que j'aime ça les previews moi !) et finalement... me perdre dans le film... que j'aimerais ou peut-être pas... là n'est pas la question... L'important c'est la visite au cinéma !

21 janvier 2009

Les archives de Pauline: Frémissement

"L'amour d'une mère c'est comme l'air : c'est tellement banal qu'on ne le remarque même pas.
Jusquà ce qu'on en manque"


Pam Brown


Mam

J'ai cru sentir ton odeur l'autre nuit
ce mélange de crème, de parfum, de savon et de toi
Couchée dans mon lit
me questionnant sur l'année à venir
J'ai senti ton odeur.

Et j'ai su
Que la décision serait la mienne
Que tu me suivrais

J'aimerais que tu sois là
pour cet anniversaire
Déjà trop longtemps que
tu ne célèbres plus les années
qui ne passent plus pour toi

Mais je sais que
tu seras là
où que je sois

Bon anniversaire
Maman

 

9 décembre 2008

Les archives de Pauline: Tourtières, alphaghetti et tarte au pudding

Je connais des gens qui me parlent des petits plats que préparait leur mère. Des menus élaborés, des plats traditionnels, des confitures maisons, des spécialités qui demandaient des heures de préparation. On me parle aussi des repas de Noël que leur mère passait des heures à préparer. Des odeurs incroyables qui s’échappaient de la cuisine pour les réveiller le matin ou pour les accueillir le midi et le soir. On me parle des biscuits maison qui faisaient partie de la collation. Parfois on me parle aussi des souvenirs de voir leur mère à la cuisine, des casseroles et des aliments qui peuplent les comptoirs.

Moi ? Je n’ai pas ces souvenirs. Enfin, pas tout à fait les mêmes. Ma mère n’aimait pas cuisiner. En fait, le terme est trop doux. Elle détestait avec passion cuisiner. Elle n’avait jamais observé sa mère faire ses conserves et ses tartes. Elle préférait commander des mets chinois au restaurant du coin. Elle n'avait jamais même fait cuire un oeuf avant de se marier. Et ceci n'est pas un cliché, c'est la vérité. Elle n'aimait pas cuisiner. Mais elle le faisait.

BouffeMon déjeûner consistait en rôties et beurre d'arachides ou céréales. Le midi, quand je revenais dîner à la maison, il y avait des sandwichs de "paris pâté", de "flocons de poulet" ou de tranches de mortadelle. Parfois, il y avait un bol d'alphaghetti. Et pour faire différent, parfois il avait du steak haché et des patates rôties.

Le soir, c'était plus compliqué. Macaroni, spaghetti, poulet rôti, quelques légumes, quelques plats typiquement espagnols adaptés à la Pauline... Les biscuits venaient en paquets, les tartes étaient remplis de pouding ou de préparations en cannes. Les gâteaux venaient habituellement en boîte... une poudre à laquelle on ajoutait un oeuf et de l'huile, je crois. À Noël, pas d'odeurs de biscuits, pas de sucre à la crème, pas de marmelades ou de ketchup maison... les tourtières n'avaient que de la viande hachée et du sel, et il n'y avait pas de dinde... mon père faisait une paella.Qui sentait très bon, soit dit en passant !

Quand nous fûmes, ma soeur et moi, plus vieilles, nous avons souvent préparer des repas... La fin de semaine, mon père prenait avec joie la relève et préparait des plats, mais pas de desserts, il n'aime pas le sucre. Ma mère avait bien quelques repas plus élaborés qu'elle préparait avec succès - je me souviens de son boeuf bourguignon - mais c'était toujours un véritable calvaire pour elle. Et je me souviens de l'année où le jardin produisit des tomates en quantité phénoménale...  pas question de perdre les tomates, et les voisins en avaient plus qu'assez... elle passa donc une fin de semaine à faire des conserves... ce fut la seule fois ! Elle a officiellement déclaré le dimanche, qu'on aurait dû la photographier car on ne l'y reprendrait plus !

J'aime beaucoup cuisiner. J'aime chercher la recette, trouver les ingrédients, sortir les bons chaudrons... trancher, couper, dépecer... faire mijoter, faire sauter... trouver les bonnes épices, les mélanger, suivre à la lettre la recette, improviser de nouvelles combinaisons... entendre le mijotement de la soupe, sentir les odeurs se mélanger...

Mais parfois, je sors une canne d'alphaghetti, j'achète de la pâte toute faite et j'y rajoute du pouding à la vanille, et parmi mes tourtières, il y en a toujours une, toute simple, toute sèche au steak haché... et il me semble que c'est toujours le meilleur plat qui ne fut jamais cuisiné. Et même si j'aime mes biscuits tout chauds sortant du four... il a des moments que je ne peux m'empêcher d'acheter un paquet à l'épicerie... de préférence des "feuilles d'érables"...

Les souvenirs culinaires ça ne se discute pas !!! :D

17 juin 2008

Les archives de Pauline: Elle nous quittera ce soir

Mais ça, nous ne le savions pas.
C’était comme toutes les autres fois.
Sur le moment, nous ne sentions rien de bien différent.
Mais maintenant que j’y pense, son regard était différent.
Il était si résigné. Et si triste.
Mama1

À cause de son départ, nous sommes partis aussi. C’est de sa faute. Ce vide dans mon cœur et dans ma tête, c’est sa faute.

Et je lui en veux. Surtout de ne pas avoir été plus claire. De ne pas nous avoir dit que c’était la dernière fois que nous la verrions. Nous serions restées avec elle. Nous lui aurions dit que nous l’aimions. Nous nous serions excusées pour toutes les stupidités que nous lui avons dites dans notre vie.

Mais elle n’a rien dit.
Elle est partie.
Tout simplement.

11 mai 2008

Les archives de Pauline: Ma mère chantait toujours...

Il y a des chansons que me chantait ma mère. Ces chansons, elle les fredonnait surtout à l'heure d'aller au lit. J'avais beaucoup de difficulté à me coucher de bonne heure. Je ne voulais jamais aller au lit. Et je ne voulais jamais me lever le matin. Comme ma mère… Ma mère se couchait toujours très tard et aimait rester au lit le matin. Mais une petite fille doit se coucher tôt…

MamanElle venait donc, tous les soirs, s'asseoir sur le bord du lit pour me lire une histoire. Mais cela ne suffisait pas. J’étais trop attentive à l’histoire. Elle me chantait alors des chansons pour essayer de m’endormir. Elle avait une voix douce qui parfois n’avait pas la note juste mais qui pour mes oreilles était parfaite. Souvent, les chansons ne suffisaient pas non plus à m’endormir… j’aimais trop les entendre. Elle me caressait alors le bras ou le dos pour essayer de me calmer pour que je puisse dormir enfin.

Elle chantait ainsi tous les soirs. Parfois aussi le jour pendant qu’elle faisait le ménage ou les repas. Elle chantonnait aussi quand on allait se promener.

Ces chansons qu’elle chantait, je m’en souviens très bien. Et je peux les chanter aussi. Je le fais parfois. Ces chansons, ma sœur et moi, nous les lui avons chanté un après-midi, alors qu’elle était aux soins intensifs. Nous lui rendions visite et sans trop savoir pourquoi, nous avons parlé de ces chansons… et nous les avons chantés, doucement, en faussant légèrement. Quand nous sommes parties, elle souriait. Et puis, ce soir-là, elle s’est endormie pour ne pas se réveiller.

Les chansons qu’elle chantait étaient toutes des chansons connues et que j’ai pu retrouver… pour m’apercevoir que souvent elle les avait modifiées… souvent plus courtes, quelques paroles différentes… au gré de sa mémoire, je suppose. Quand je chante ces chansons, je les chante comme elle les chantait… et parfois comme ma mémoire me les rappelle. Ces chansons existent donc pour moi de différentes façons… sur mes disques dans leur version originale, dans ma mémoire dans leur version maternelle…

« Une chanson douce
Que me chantait ma maman,
En suçant mon pouce
J'écoutais en m'endormant.
Cette chanson douce
Je veux la chanter aussi,
Pour toi, ô ma douce,
Jusqu'à la fin de ma vie,
Jusqu'à la fin de ma vie.
»

21 mars 2008

Les archives de Pauline: La danse du vendredi soir

Dans un petit village québécois, il y a peu de possibilités pour se distraire. Et pour une jeune fille vivant dans ce petit village pris dans des années 50 qui ne semblaient pas vouloir se terminer, il y avait peu de distractions qui en valaient la peine. Elle avaitVendredi grandi dans ce village. Elle y avait joué, été à l’école, puis travaillé. Elle y avait des amies. Et y vivait avec ses parents, ses frères et ses soeurs. Ensuite, elle déménagera avec toute sa famille dans la « grande ville ». Il y aura alors beaucoup plus de distractions.

Car la jeune fille aimait sortir et surtout danser. À chaque fois qu’elle le pouvait, elle se maquillait, se coiffait, s’habillait et allait danser. Elle adorait danser. Depuis des années déjà qu’elle dansait. Elle et son grand frère avaient même gagné des concours de danse. Ils se pratiquaient beaucoup. Danser à cette époque voulait habituellement dire danser en couple. Des chansons lentes, des chansons rapides… l’homme et la femme dansant ensemble.

Et elle aimait danser. Alors que ce soit dans son petit village ou dans la grande ville, elle trouvait toujours moyen d’aller danser. Les vendredis soirs étaient habituellement soirées de sorties. Elle se pomponnait et partaient avec ses amies pour une soirée de danse et de flirts innocents… enfin, selon ses dires.

Elle se maquillait, se faisait des coiffures agrémentées de postiches et mettait ses plus belles robes. Petites robes à bretelles… évidemment sa mère l’obligeait à couvrir ses épaules d’un petit manteau. Qui disparaissait habituellement aussitôt le coin tourné.

Elle sortait à chaque semaine. C'était une tradition à laquelle elle tenait. La danse du vendredi soir était presque obligatoire. C'était l'occasion d'oublier la semaine, de se mettre belle, de rire avec ses amies, de rencontrer de jeunes hommes et de danser, danser, danser.

Pas question de manquer une danse du vendredi soir. Et donc, elle se devait de sortir tous les vendredis. Mais il y avait des vendredis différents. Le vendredi saint, par exemple. Elle ne voyait pas de différence, mais sa mère n'approuvait pas du tout. Le vendredi saint, c'est sacré. C'est la passion, c'est la mort de Jésus... c'est un moment de silence, de prière et de recueillement... pas un moment pour s'amuser et danser.

Mais la jeune fille ne voulait pas manquer un seul vendredi. Et donc, elle di à sa mère qu'elle était une adulte, qu'elle travaillait et qu'elle était assez vieille pour savoir ce qu'elle faisait.  Elle sortait ce soir. Ces amies l'attendaient. Sa mère de lui dire alors, que si elle sortait en ce vendredi soir, elle rencontrerait le diable. Le diable profitait de la faiblesse des jeunes filles qui aimaient danser pour les  séduire et les enlever. Si elle sortait ce soir, un grand homme sombre, séduisant et mystérieux  lui demanderait pour danser. Et ce bel inconnu serait le diable en personne.

Rire de la jeune fille. Superstitions de bonnes femmes. Elle sortirait ce soir. C'était un vendredi comme tous les autres. Rien ne l'empêcherait d'avoir du plaisir et de danser. Elle se prépara et partit rejoindre ses amies. La soirée était fantastique. De la bonne musique, et du potinage entre copines. Et puis soudainement, la musique changea. Une musique lente et sensuelle... elle se tourna vers la piste de danse. Et elle l'aperçut. Un grand jeune homme aux cheveux noirs se dirigeait vers elle. Il était grand, séduisant, extrêmement beau... et mystérieux.

Elle se redressa, sourit et attendit qu'il s'approche. Elle savait qu'il venait lui demander pour danser. Elle était jeune, belle et dansait si bien. Et voilà que ce bel inconnu qu'elle n'avait jamais vu auparavant s'approchait d'elle. Toutes les filles de la salle le regardait et enviait la jeune fille. Il était si beau. Mais alors qu'il était tout près d'elle, les paroles de sa mère surgirent soudainement à son esprit.  Elle tenta de les chasser... c'était des superstitions, des racontars, des histoires pour faire peur aux jeunes afin de les empêcher de s'amuser. Mais alors qu'il lui demandait sensuellement si elle voulait danser avec lui, elle ne trouva pas la force de faire taire la voix de sa mère... et s'entendit refuser l'invitation. Ses amies furent complètement renversées... Elle-même était incapable de comprendre sa réponse. Elle regarda le séduisant jeune inconnu aux cheveux noirs rebrousser chemin. Il se dirigea vers une autre jeune fille qui dansa avec lui toute la soirée...

Elle ne le revit plus jamais. On disait qu'il était un cousin en visite... on ne savait pas bien de qui il était le cousin, mais il venait d'une autre ville. Il était beau, mystérieux et savait danser... le diable en personne !

 

16 février 2008

Les archives de Pauline: Faire des boudins

Vous avez peut-être remarqué dans un texte précédent des « Archives de Pauline », les photos d’une petite Pauline. Sur ces photographies, elle porte fièrement de magnifiques cheveux frisés… en boudins. Elle était très Boudinsfière de ses boucles longues en spirale. Mais elle n’aimait pas du tout se faire faire ses boucles. C’était un long processus qui débutait le soir alors qu’elle commençait par se laver les cheveux. Ensuite quand les cheveux étaient encore humides, mais bien peignés, d’abord par elle, puis par sa mère qui avait une main un peu plus vigoureuse, les boudins pouvaient être commencés. Sa mère prenait des linges qui avaient été préalablement déchirés en bandelettes de quelques centimètres de large. Les bandelettes devaient être assez longues pour pouvoir y enrouler les mèches de cheveux.

Chaque mèche humique était ensuite fortement tirée, lissée et enroulée sur une bandelette de linge qui était ensuite nouée. Sa mère travaillait vigoureusement à cette tâche fastidieuse. Une mèche après l’autre… un long travail ennuyeux, légèrement douloureux et qui était marqué par la petite baboune de la petite Pauline. Pendant que sa mère enroulait ses mèches, Pauline faisait son propre boudin. Mais discrètement. Car il ne fallait pas que sa mère la voit bouder. Ça ne se faisait pas…

Une fois chaque mèche enroulée sur sa bandelette et bien nouée, il fallait ensuite passer toute la nuit pour que les cheveux soient bien secs et par le fait même bien frisés. Et il fallait donc tenter de dormir, le corps bien droit, le cou bien raide,  avec toutes ses bandelettes sur la tête, en prenant bien soin qu’elles ne se dénouent pas. Pour que le lendemain, quand chaque bandelette était dénouée et enlevée, la mèche ait une belle forme de spirale bien longue… un beau boudin… Et la chevelure était maintenant toute bouclée ! Et la petite Pauline était bien contente d’avoir souffert pendant toute une soirée et toute une nuit ! Et son attitude maussade et obstinée de la vieille s’envolait. Jusqu’à la prochaine séance de coiffure où faire du boudin était toujours associé à la confection des boudins !

21 janvier 2008

Les archives de Pauline: ses anniversaires sans elle

Si nous pouvions disposer de l'immortalité, c'est notre mère que, la première, nous rendrions immortelle.

[Philippe Gerfaut]

 

68_ans

Encore un an de plus. Et à 68 ans, tu nous aurais sûrement
encore dit que tu étais trop vieille.
Il est vrai que tu n'aimais pas la vieillesse en général et
ta vieillesse en particulier.

J'aurais aimé te surprendre avec un cadeau et sûrement des fleurs...
tu aimais beaucoup les fleurs, surtout en janvier.
C'est que tu aimais tout de même les anniversaires,
malgré tout... en cachette.

Tu attendais les appels et les cartes.
Mais sans oublier de dire qu'il n'était pas nécessaire
de souligner les années
qui s'accumulaient sur ton visage et sur ton corps.
Peut-être un peu de coquetterie dans tout cela
même si tu avais réellement peur de la vieillesse...

Si j'avais pu je t'aurais offert la santé et la jeunesse
avec mes fleurs... et seulement ensuite
je t'aurais donné l'immortalité...

25 octobre 2007

Les archives de Pauline: Chasser les chauves-souris

Quand elle était petite, elle aimait bien jouer. Elle avait beaucoup de responsabilités mais elle avait tout de même le temps pour quelques jeux. Parfois, elle suivait son grand frère – qui avait une année de plus qu’elle – dans la grange pour faire la chasse aux chauves-souris. Ou bien était-ce dans la « shop » ou la « shed »? Je ne sais plus trop. Mais je sais qu’ils y allaient souvent. Avec d’autres amis. Je ne me souviens plus non plus s’ils avaient le droit d’y aller. Mais j’ai vaguement le souvenir que non.CV

Et donc, un jour – ou était-ce un soir ? Cela aurait plus de sens si c’était un soir, mais cela me surprendrait aussi beaucoup, car je ne crois pas qu’elle aurait pu jouer dehors le soir, mais une chose est certaine, il faisait sombre dans le lieu-dit. Enfin… reprenons : Un jour, elle jouait dans la grange avec son frère et ils chassaient les chauves-souris. Les armes utilisées pour chasser les chauves-souris étaient des bâtons, des branches, des balais et surtout des bâtons de base-ball. Le but étant de frapper les chauves-souris. Jeu cruel comme beaucoup de jeux d’enfants. Mais pour leur défense, il était très rare qu’ils réussissent à même effleurer les chauves-souris. Les chauves-souris ayant nettement l’avantage dans cette lutte. Question d’ultrasons. Elle m’a dit que c’était presque impossible de les toucher et que c’était faux que les chauves-souris s’accrochaient aux cheveux. J’ai vérifié dans une encyclopédie. Il est en effet totalement vrai que c’est faux.

Ils courraient dans le bâtiment sombre à la poursuite de souris ailées. Il est plus facile de chasser un animal nocturne dans la noirceur. C’est plus excitant aussi. Mais cela rend les choses difficiles. Et alors qu’ils courraient dans tous les sens, son frère, qui voulait frapper une chauve-souris qui virevoltait, lui donna un grand coup de bâton de base-ball sur la tête. Elle m’a dit qu’elle avait vraiment vu des étoiles.

Elle s’est effondrée et a nettement pu voir de belles étoiles devant ses yeux et partout dans la grange avec quelques tâches noires qui semblaient rire, probablement les chauves-souris qui se moquaient de la situation. Enfin, c’est ce qu’il lui sembla, en fait, elle dit que c’était plus comme une résonance proche du son de cloches. Elle fut donc complètement sonnée et étoilée. Évidemment… ce fut la panique. Son frère convaincu de l’avoir tuée… les parents paniqués l’amenant dans la maison. Je ne me souviens plus s’il y a eu hôpital ou médecin, mais je me souviens qu’elle m’a dit avoir eu une belle grosse prune sur la tête comme Fred Flintstone dans les Flintstones. Et que son frère a été un peu moins turbulent pendant quelques temps… il avait vraiment eu peur de l’avoir tuée. Il fut aussi pendant quelques jours un peu plus prévenant avec elle. Pas longtemps… le temps d’oublier avoir blessée sa petite sœur. Elle soigna longtemps sa belle bosse et jouit quelques jours des attentions de tout le monde. Puis, elle retourna jouer dehors, mais elle n’est plus retournée chasser les chauves-souris.

16 septembre 2007

Les archives de Pauline: Croûtes de pain secrètes

Il m’arrive de faire des sandwichs. Et des rôties. Cela est parfois ardu de trouver du pain tranché qui remplisse tous les critères nécessaires à un bon sandwich ou à des « toasts » bien rôties, mais on arrive à trouver du pain potable. Quand je mange mon sandwich, il m’arrive de laisser des morceaux de la croûte du pain. Quelques miettes seulement, mais il est rare que je vais manger toutes les croûtes. Ce n’est pas que je n’aime pas les croûtes, même si elles sont souvent très sèches. Et je pourrais facilement acheter du pain tranché sans croûte. Très facile à trouver dans les épiceries de Barcelone. Je préfère mon pain tranché avec une croûte car cela m’offre le choix de les manger ou d’en laisser des morceaux.

CroutePainOn ne m’a jamais obligé à manger mes croûtes de pain, ou même à finir mon assiette. Si je n’avais plus faim ou si je n’aimais pas ce qu’il y avait dans mon assiette, ma mère me disait tout simplement de laisser ma nourriture dans mon plat. Et si je ne voulais pas manger mes croûtes, elle me disait d’abord de terminer mon sandwich, mais elle ne m’obligeait pas à manger ces bouts de pain que je laissais dans mon assiette. Et j’avais tout de même droit à un dessert, même s’il restait des croûtes de pain de mon sandwich.

Mes croûtes de pain étaient connues de ma mère, ses croûtes de pain avaient été secrètes. Il n’y avait pas beaucoup de pain quand elle était petite. Il y avait toujours de la nourriture sur la table et ils n’avaient jamais manqué de pain, de viande, ou de légumes. Mais il n’y avait pas non plus de surplus. Et il ne fallait pas gaspiller. C’est bien normal. Une grande famille, un père qui travaillait dur pour peu de sous. Ce qu’il y avait dans l’assiette, il fallait le manger. Même quand on n’aimait pas ça. C’était un péché que de laisser de la nourriture dans son assiette. Et surtout du gaspillage.

Mais quand on est une petite fille, même si on sait tout cela et qu’on le comprend en bonne petite fille sage… quand on n’aime pas ce qu’il y a devant nous, on n’a tout simplement pas envie de le manger. Surtout si on veut du dessert. Et donc, que faire ? Se forcer à tout manger ? Même quand on a plus faim ou surtout, même quand on déteste ça ? Laisser dans son assiette et subir les reproches de sa mère et de son père ? Ou tout simplement cacher les morceaux de nourriture non mangés et non désirés sous la table, sur le pratique rebord intérieur qui semble conçu tout exprès pour cette fonction.

Et donc, morceaux de viande, légumes et croûtes de pain se retrouvèrent rapidement sous la table bien cachés. Ils furent parfois oubliés et ensuite retrouvés dans un état peu appétissants… Et la petite fille se sentit parfois bien coupable de gaspiller ainsi de la nourriture. Elle s’en confessa, se sentit mieux et recommença lorsqu’elle ne se sentait le courage de manger ce qu’elle avait dans son assiette.

Et elle se promit que si elle avait un jour des enfants, elle ne les obligerait pas à finir leur assiette et elle permettrait les croûtes de pain non mangées. Et chaque fois que je mange un sandwich, j’exerce mon droit de laisser quelques croûtes de pain dans mon assiette, même quand j’aurais pu les manger…

21 août 2007

Les archives de Pauline: Un prénom parmi d'autres

Ma mère n'aimait pas beaucoup son prénom. Elle ne le détestait pas carrément, mais elle ne l'appréciait pas non plus. Il fautPauline dire que la plupart des gens le prononçait d'une façon très fermée... un "ôôô" à la place du "au"... et que à son époque, il y en vait des petites filles avec ce prénom. Il est devenu rapidement désuet, voire "kétaine" comme on dit ici... et synonyme d'une époque du Québec.

Elle n'aura jamais connu la renaissance de son prénom... si on regarde les statistiques, apparamment qu'il a connu un regain de popularité et beaucoup de petites filles ont à présent ce nom... il redevient petit à petit commun je suppose.

Elle le préférait tout de même à son véritable prénom. Car une coutume veut que nous portions le dernier prénom de la liste sur notre baptistère - quand liste il y a. Sur la plupart des baptistères québécois, pendant longtemps, le premier prénom d'une petite fille était

"Marie". Les garçons portant le nom de "Joseph". Moi-même, je porte ce premier prénom... nous sommes un peuple avec des racines catholiques, il faut bien croire.

Le deuxième prénom de ma mère, "Anna", ne l'enchantait pas non plus. Elle le trouvait jolie, mais elle n’aimait pas la façon dont la plupart des gens le prononçaient… pire que son prénom. Et pour avoir un prénom qui se termine par un « a », je sais de quoi elle parle… le « a » devient rapidement un « âââ » non loin d’un « ô ». Et donc, on passe sur les deux premiers prénoms. Le troisième est celui que tout le monde avait choisi de l’appeler, mais le dernier – et donc celui qui était officiellement son prénom – était Yvette. Le nom de sa marraine. Et elle aimait encore moins ce prénom que le 3e… et donc, elle se contentait du 3e prénom, même si elle ne l’aimait pas beaucoup.

Pauline2Pourtant je trouve qu’il était joli ce prénom… Pauline… Il lui donnait un air taquin, je trouve. « Ma maman s’appelle Pauline »… que je disais à l’école. Mais elle ne l’aimait pas beaucoup…

Mon père qui le prononçait avec son accent espagnol avait même réussi à le faire écrire « Paoline » sur les chéquiers qu’ils partageaient !!! Au grand désespoir de ma mère. C’est qu’en espagnol, on prononce les voyelles séparément et donc quand on lui avait demander le nom de son épouse pour le mettre sur les chèques, il avait dit bien tranquillement, Paouline… pour bien séparer le a du o (qui se dit ou en espagnol) et donc résultat… Paoline sur les chèques… au moins, il n’avait pas dit Paulina… Car si le a est bien prononcé en Espagne, au français, elle aurait eu droit à des Pôôôlinâ ou quelque chose du genre.

Les goûts cela ne se discute pas, mais je soutien encore aujourd’hui qu’elle avait tort… son prénom était très jolie… et même toute la série… Marie Anna Pauline Yvette. Mais pour ses archives, je me contenterai de son 3e prénom qui demeure le seul officiel et le plus joli… Pauline

18 août 2007

Les archives de Pauline: Je blâme ouvertement ma mère

Je n’aime pas lui faire des reproches. On a parfois tendance à oublier les défauts et les mauvais côtés des gens qui nous ont quittés et qu’on aimait. Mais j’essaie de me souvenir d’elle, telle qu’elle était. Défauts et qualités, me souvenir d’elle complètement et pas partiellement. Et elle n’était pas parfaite. Et même si je n’aime pas lui reprocher quoi que ce soit, je dois aujourd’hui la tenir coupable.

PoidsEt donc... je place la faute sur elle. Car d’aussi loin que je me souvienne, elle a été préoccupée par son poids. Elle trouvait qu’elle avait des bourrelets, un ventre, de la cellulite sur les cuisses, des culottes de cheval… elle se pesait constamment, surveillait ce qu’elle mangeait, faisait diète après diète, elle a même suivi des cours d’aérobie afin de perdre du poids.

Mais quand je regarde des photos d’elle… par exemple quand elle avait 40 ans, alors qu’elle n’aimait pas son corps, qu’elle suivait une diète qui l’obligeait à ne prendre qu’un breuvage infect à l’heure des repas, elle était toute petite. Elle était magnifique, toute mince. Mais elle, elle se trouvait grosse. Elle aurait voulu perdre quelques livres. Et elle maigrissait. Puis reprenait le poids perdu. Puis reperdait quelques kilos. Et ainsi de suite. Une succession sans fin de combats contre son corps. Et la balance. Toujours une balance dans la salle de bain. Tous les jours, elle montait sur la balance et soupirait. Parfois elle atteignait le poids visé, mais jamais longtemps.

Les dernières années de sa vie, elle avait vraiment pris du poids, en grande partie à cause de tous les médicaments. Parfois les médicaments lui faisaient prendre beaucoup de poids, parfois ils lui en faisaient perdre beaucoup trop. Et elle continuait à s’attrister sur son corps.

Et je regarde les photos…les différents corps que ma mère a eu dans sa vie. Et je suis triste de me rappeler comment elle se trouvait grosse alors qu’elle ne l’était pas. Et pourtant, je fais la même chose qu’elle… et je regarde mes photos… et je me rappelle que même à 15 ans, je me trouvais grosse, j’essayais de perdre du poids… et pourtant je ne l’étais pas. Je n’ai pas un corps parfait, et j’aimerais bien perdre aussi quelques kilos, mais je refuse de monter sur une balance. Je ne veux pas connaître mon poids, je ne veux pas être esclave de ma balance.

Je suis tout de même obsédée par mes bourrelets, par ma cellulite… j’essaie de faire attention à mon alimentation et j’essaie de faire un peu d’exercices pour me maintenir en forme, mais j’essaie aussi d’accepter mes quelques kilos de trop. Et quand je regarde mes photos, parfois je ne m’aime pas, parfois oui…

Je blâme notre société qui amplifie un culte de la minceur mais je blâme aussi ma mère qui m’a donné une image torturée d’une femme constamment en colère contre son corps. Et pourtant, elle était si belle…

17 juin 2007

Les archives de Pauline: Quelques années et une fête des pères

Aujourd'hui, nous célébrons la Fête des Pères... "québécoise" car la Fête des Pères "espagnole" est passée depuis quelques mois déjà. Même si je souhaite une joyeuse fête des pères à mon père au mois de mars, pour moi, la véritable fête est au mois de juin. Surtout maintenant. Que nous sommes ici, en Catalogne. Et depuis qu'il a une nouvelle femme dans sa vie. Une espagnole.

Mais cette année, cette fête des pères québécoise est ce dimanche... ce 17 juin... cette même journée, il y a 5 ans, elle nous a quittés… Ma mère est partie un 17 juin, il y a 5 ans… 9 jours après mon anniversaire et 4 jours avant son 32e anniversaire de mariage.

Quelques heures après que ma sœur et moi lui avons chanté ces chansons qu’elle nous chantait enfants… après que nous l’avons laissée dans son lit d’hôpital en lui disant que nous reviendrions le lendemain… alors qu’elle allait mieux et qu’on allait la transférer des soins intensifs à une chambre ordinaire… elle a fermé les yeux pour ne plus les rouvrir. Mon père nous a appelé, mais il était trop tard. Elle était partie.

Il y a 5 ans… il me semble que cela fait des années, des décennies, il me semble que c’était hier. Parfois, un petit bout de moiMontagea1 se rebelle et crie que je refuse cet état des choses…

Chaque année est difficile… et le 17 juin n’est pas une belle journée. Pas de grands discours, mais on se rappelle silencieusement… le lendemain on s’appelle et on se dit doucement… « c’était hier »… « oui »… et on se comprend.

Mais aujourd’hui… ce 17 juin… alors que cela fait 5 ans… c’est également la fête des pères. Mon père qui a aimé ma mère, qui s’est occupé d’elle durant toutes ces années de maladie… qui a tant pleuré…

Aujourd’hui, mon père a une nouvelle femme dans sa vie. Depuis presque un an. Et je n’ai pu l’appeler aujourd’hui… je l’ai appelé hier pour lui souhaiter une bonne fête des pères… lui disant que comme je ne savais pas si je serai là le dimanche, je voulais lui souhaiter tout de suite et que j’avais un petit quelque chose pour lui quand je le verrais…

Difficile pour moi d’admettre cette relation et encore plus difficile de souhaiter une belle fête des pères en cette même journée… enfin… pleins de sentiments contradictoires dont je réalise que certains sont enfantins, mais c’est ainsi… et puis mon père est un peu… «insouciant », du genre à oublier mon anniversaire, du genre à m’annoncer des choses sans penser que cela peut faire de la peine… parce qu’il ne « pense pas »… enfin…

Il m’a tout de même surpris. Il vient de m’appeler pour me demander si je savais quel jour nous étions… bien sûr que je le sais… « cela fait 5 ans que maman est partie »… et donc bien sûr qu’il s’en souvient… peu importe sa nouvelle vie…

Mais bon… je ne pouvais pas lui souhaiter une bonne fête des pères en cette journée. C’est tout.

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Quelques pages d'un autre livre ouvert...
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