Ô Solitude ! (suite)
Ô Solitude ! / D. Kimm. -- Montréal: Triptyque, 1987. -- 135 p. : 6 photogr. ; 21 cm. – ISBN 2-89031-056-6
Commentaire personnels
Ô solitude est un roman poétique. Divisé en 7
parties, les 6 premières identifiées par un chiffre romain, la dernière partie
intitulée « La Fille du Capitaine ». Chaque partie – exceptée la
dernière – est composée de petits chapitres titrés du nom de trois filles :
Anne, Dominique et Edith. Puis, une page grise, suivie d’une photographie d’une
statue, puis une page de texte en italique non titrée. L'oeuvre de D. Kimm est
dédié « à elles, aux filles-solitaires »… Chaque fille
solitaire, comme les statues présentées, semble à la recherche d’elle-même. Le
livre nous présente d’abord les 3 filles, Anne, Dominique et Edith, puis nous
livre une synthèse des trois dans le texte en italique, peut-être l’auteur… Nous
sommes témoins de leurs réflexions, leurs peurs, rencontres et leurs relations
avec les autres, et surtout leur solitude. Puis la fille du capitaine,
solitaire sur son île nous apparaît. Ne parlant plus, se promenant seule sur la
plage, ne sachant pas elle-même si elle est folle, se perd dans le vent et… « trace
des paroles secrètes, des mots dans le sable blanc. Elle regarde la lune en
pleine face jusqu’à avoir mal aux yeux. Elle fait des incantations. Elle gémit,
elle hurle dans sa tête. Elle hurle sa plainte de fille-louve. Elle hule sa
plainte de louve-blessée. Elle hurle sa plainte de fille-solitaire. ».
J’ai relu le
livre la semaine dernière. Et même si je suis d’accord que la
relecture est souvent importante et nécessaire, mais je crois aussi qu’il y a
certains livres qu’il ne faut pas relire. Comme il y a des films qu’il ne faut
jamais revoir.
Et je crois fermement que je n’aurais pas dû relire ce livre. Il m’avait tellement marqué, tellement touché… et cette relecture m’a plu, mais sans plus. J’ai vu des choses que je n’aurais pas voulu voir… Et j’ai eu des réflexions que je n’aurais pas voulu avoir… et je me dis que même si j’ai encore aimé cette lecture, j’ai perdu un peu de l’ivresse que me donnaient ces mots. Je me suis sentie triste, vide… Perdre ses illusions… ses souvenirs… perdre le moment… La lecture m’a encore plu, mais j’ai perdu l’ivresse… C’est un peu triste. Mais j’aime encore les mots. Je les vois simplement autrement.
Citations
« Je suis
quelque chose entre la fée, la fille et la sorcière. Disons que je passe de la
princesse à la folle. Quand je marche dans la rue, des milliers d’oiseaux
défilent derrière moi. C’est fabuleux. Des milliers de corbeaux, des milliers
de vautours. Quelle désolation – c’est fabuleux ! » p. 25
« Elle
trouve étrange cette nostalgie soudaine pour son enfance. Elle pense que ce
n’est pas son genre. Et puis tout de suite après, presque en même temps, elle
pense… pourquoi pas ? Qui a décidé, qui peut décider de son
genre ? » p. 49
« J’ai les mains glacées. Je suppose que je dois y voir le signe d’une malédiction. Je ne suppose rien. Les mains glacées vous obligent à demeurer solitaire. Ne pas se toucher, ne pas se laisser toucher, ne toucher personne. » p. 109