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Quelques pages d'un autre livre ouvert...
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7 mars 2012

Lorsque j'étais une oeuvre d'art de Schmitt

568303-gfLorsque j'étais une oeuvre d'art : roman / Eric-Emmanuel Schmitt. -- [Paris] : Albin Michel, 2004. -- 252 p. ; 18 cm. -- ISBN 2-253-10958-4. -- (Coll. Livre de Poche ; 30152)

Quatrième de couverture

Lorsque j'étais une oeuvre d'art est un livre sans équivalent dans l'histoire de la littérature, même si c'est un roman contemporain. Il raconte le calvaire d'un homme qui devient son propore corps, un corps refaçonné en oeuvre d'art au mépris de tout respect pour son humanité. Malléable, transformable, il n'est plus qu'un corps sans âme entre les mains d'un esprit diabolique dont le génie tient avant tout à son manque de scrupule. [Michel Meyer, Eric-Emmanuel Schmitt ou les Identités bouleversés]

L'auteur

Éric-Emmanuel Schmitt est né à Sainte-Foy-lès-Lyon en France en 1960. Il étudie en littérature et en philosophie. Il enseigne pendant quelques mois à Saint-Cyr alors qu'il fait son service militaire. Il enseignera ensuite quelques ego2années à Cherbourg puis à l'Université de Chambéry.

Il écrit depuis sa jeunesse et il publie dans les années 1990, des pièces de théâtre qui connaissent beaucoup de succès. Il écrira ensuite plusieurs romans et il touchera même au monde de l'opéra.

Depuis 2002, il vit à Bruxelles et a obtenu sa naturalisation belge en 2008. Il a donc aujourd'hui une double nationalité.

Biographie plus compléte et première bibliographie (partielle) 1991-2008 : ici

  • Le Sumo qui ne pouvait pas grossir (2009)
  • Concerto à la mémoire d'un ange (2010)
  • Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent (2010)
  • La femme au miroir (2011)

Site de l'auteur, ici.

Résumé

Un jeune homme s'apprêtant à faire une autre tentative de suicide en sautant en bas d'une falaise se fait offrir par un homme un marché étrange. Cet homme, un artiste très connu, lui propose d'attendre 24 heures avant de se suicider, si d'ici là, il ne lui a pas fait changer d'idée, il ne l'empêchera pas de se tuer. Le jeune homme accepte et le suit dans sa magnifique et déemesurée demeure et lui propose alors un marché encore plus étrange.

L'artiste propose au jeune homme de lui offrir son corps et de devenir entièrement sa possesion et ultimement son oeuvre d'art. Le corps du garçon deviendra le canevas de sa plus grande création. Le jeune homme accepte et signe sa liberté, sa volonté, sa vie à l'artiste. Il devient un objet, une Oeuvre d'Art. Il n'a plus aucun droit.

L'oeuvre d'art voit le jour sous les soins d'un médecin et la vision de l'artiste. Et le monde entier accourt admirer "le monstre". Celui-ci vit tout d'abord sa nouvelle vie en triomphe, mais peu à peu, cette nouvelle forme d'esclavage lui pèse. Comment peut-il échapper à l'artiste et au monde de l'art alors qu'il n'est plus qu'un objet ?

Commentaires personnels (très) personnel

Le titre m'a intrigué. Le quatrième de couverture, évasif, m'a accroché. Je voulais absolument lire ce livre d'un auteur que j'aime bien. Et puis, le livre est resté dans ma PAL pendant quelques années. Il y a quelques semaines, il s'est retrouvé ouvert entre mes mains. Pour une lecture longtemps retardée mais longtemps voulue. Et maintenant, je ne sais pas trop comment aborder mon commentaire. Car c'est le 2e livre de Schmitt que je critique sur ce blog et malheureusement, c'est encore une déception. Et pourtant j'aime vraiment beaucoup l'auteur. J'ai adoré La part de l'autre, L'évangile selon Pilate, Oscar et la dame rose et beaucoup d'autres. Ce n'est pas que j'ai détesté "Lorsque j'étais une oeuvre d'art", non pas du tout... mais c'est tout de même une déception. Car je n'ai pas aimé, je n'ai pas détesté... il m'a semblé fade et sans surprise... voyons voir...

Le problème c'est que j'ai aimé lire ce conte à saveur philosophique. J'aime beaucoup la plume de Schmitt. Et toujours le cas. De ce point de vue, Schmitt nous offre encore une fois un texte magnifique. Chaque phrase est fluide et le texte s'enchaîne facilement entre prose et chanson. Et il est facile et plaisant de se perdre dans les mots et le style de l'auteur.

Mais j'ai malheureusement décroché en ce qui concerne le propos de l'auteur.

Fable ou conte philosophique, texte existentialiste ? Je ne sais trop. Mais les thèmes de ce court texte sont facilement identifiables. Et ce dès les premières lignes. Et avec ces thèmes que l'on comprend dès le début (je dirais presque dès le titre et le quatrième de couverture), on devine rapidement la fin.

Re-résumons. Un homme veut en finir avec la vie. Il a déjà essayé plusieurs fois, mais sans succès. Il rate ses suicides. Pourquoi, veut-il se suicider ? Il se sent ordinaire, il se sent sans intérêt, il se sent laid. Car il est le frère des jumeaux Firelli, des mannequins d'une beauté incroyable, apparamment.  Donc, la vie est horrible et il veut mourir. Il pense que cette fois, il réussira à se suicider, mais sur cette falaise qu'il a choisi, il y a Zeus-Peter Lama. Un artiste fabuleusement talentueux et connu mondialement qui lui  propose d'acquérir les droits à son corps pour en faire une oeuvre d'art. Lama cherche à toujours repousser les limites de l'art et travailler le corps de cet homme est son prochain projet. Le jeune Firelli renonce donc à tous ses droits d'être humain pour devenir un objet et une oeuvre d'art. Il renonce à son suicide. Mais renonce aussi à sa vie. Il meurt "officiellement" et devient Adam-Bis, l'ouvre de Lama. Les mutiliations-transformations artistiques le rendent méconnaissable et même ses frères ne le reconnaîtront plus.

Évidemment, les inconvénients et mauvais côtés de cette nouvelle vie font rapidement oublier tous les avantages et l'euphorie des premiers jours. Il a perdu sa vie, sa liberté. Il n'a plus aucun droit. Il est un objet. D'autant plus, qu'il rencontre un vieux peintre et sa fille qui l'encouragent et surtout lui donnent la volonté de reconquérir et réclamer son droit à la vie et à la liberté.

De beaux sujets : le suicide, la vie, la mort, la définition de la beauté et la laideur, les limites de l'art, les limites de la liberté, les droits à la vie, à l'existence, l'esclavage, le voyeurisme, le matérialisme... et bien sûr le fameux "pacte avec le diable"

Le problème pour moi, c'est que c'est tellement prévisible et cliché... que je n'ai pu y croire un instant. Je sais qu'en tant que fable/conte, le texte se doit de faire passer ses messages de façon évidente... Mais je ne pouvais croire à la situation. Même un innocent pouvait comprendre le contrat qu'il passait. Il renonçait à sa vie et ses droits pour les donner à l'artiste (oui, bon, pour les besoins du récit, on va dire que c'est possible dans notre société occidentale d'aujourd'hui). Il se suicide donc de toute façon. Mais pour ensuite se rebeller contre cette condition d'objet. Dis donc l'innocent, tu brailles parce que tu es moins beau que tes frères, tu veux te tuer, mais à la place tu mets ta vie entre les mains d'un artiste complètement fou et égocentrique et après tu te rebelles... je dis en baillant "Assume!!!". Surtout qu'on ne peut pas dire que faire un pacte avec le diable et ça aille mal puisse encore surprendre qui que ce soit! (Le lecteur y compris)

Certaines idées étaient bonnes: le musée, la vente aux enchères, l'exposition chez un particulier... mais bizarrement j'étais absolument incapable d'y croire... et ce, je le répète, même en gardant en tête le but de cette fable.

Le personnage principal m'énervait sans arrêt, Lama était inbuvable et les autres personnages insignifiants. Les seuls qui m'ont intéressés sont les "fameux" jumeaux. Peut-être était-ce le but de l'auteur après tout... mais si c'est le cas, il a tout de même perdu sa cible car je n'ai jamais réussi à entrer dans ma lecture. Tout est trop gros et irréaliste.

Mais le pire dans tout cela c'est la fin... car c'est une sorte de "happy end" complètement inapproprié. What the hell... je n'ai pu m'empêcher de penser ! Tout est bien qui finit bien !!! Et en plus, le méchant Lama reçoit ce qu'il mérite. L'oubli total. Bordel, il manquait juste ça.Quelle déception.

Je me rend compte que je suis loin d'être objective. Que mon commentaire n'est fait que de ressentis. Et aucune analyse objective. Mais bon... j'assume. Contrairement au personnage principal.

L'avis de : Allie, Edith Cannac, Keven Girard, Alecto, Isabelle, Sunniva, Flo_boss, Kenza,

Extraits

"La force de la beauté, c'est de faire croire à ceux qui la côtoient qu'ils sont eux-mêmes devenus beaux. Mes frères gagnaient des millions en vendant cette illusions. On se les arrachait pour des soirées, des inaugurations, des émissions de télévisions, des couvertures de magazines. Je ne pouvais blâmer les gens de tomber dans le piège de ce mirage, j'en avais été moi-même la promière victime. Enfant, j'étais perduadé d'être aussi magnifique qu'eux." p. 20

"Il ne peignait pourtant rien de ce qui est visible. Il peignait l'air. Un air précis, celui du matin même, entre la mer illimitée et le ciel illimité. Si je quittait son cadre, je ne voyais plus qu'avec mes yeux, j'inventoriais des éléments connus, répertoriés, l'ordinaire d'un bord de mer, la plage de la marée basse, les rochers endormis, les oiseaux profitant du retrait des eaux pour chasser à même le sol, l'éther éblouissant. J'y voyais ce qui avait été et n'était déjà plus, un moment du temps, cet air-là de dix heures du marin [...]" p. 116

"Comme La Joconde de Vinci ou le David de Michel-Ange, j'avalais les crétineries sans broncher. Pour être une oeuvre d'art célébrée et commentée par le monde entier, il faut soit être très bien élevé comme Mona Lisa, soit ne comprendre que l'hébreu ancien comme David, soit, comme moi, s'en foutre royalement." p. 169

Sources à consulter

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