Le moment captif d'un dimanche : des vieilleries
"Le grand public pense que les livres, comme les oeufs, gagnent à être consommés frais. C'est pour cette raison qu'il choisit toujours la nouveauté." [Johann Wolfgang von Goethe]
Chaque semaine, je vois de nouveaux livres naître. Je lis les quatrièmes de couverture de tant de livres qui sont publiés. Et j'en choisis certains qui me semblent intéressants, qui je crois vont plaire aux lecteurs de ma bibliothèque. Petit à petit, ils arrivent. Nous les accueillons, nous les décrivons, nous les recouvrons, nous les préparons pour leur exposition dans la section des nouveautés.
Finalement, ils sont placés sur nos présentoirs. En avant. Et ils seront empruntés. Les gens se dirigeront directement vers le présentoir des nouveautés. C'est merveilleux. Les livres seront empruntés. Ils seront lus. Ils vivront pendant quelques semaines.
Parce que dans quelques jours d'autres livres arriveront. Tout aussi intéressants. Et les premiers iront rejoindre les étagères de la fiction. Ils ne seront plus des nouveautés. Ils seront des romans, des livres. À lire. Mais loin du présentoir des nouveaux livres, les vedettes du moment.
Et ils se perdront. Ils deviendront invisibles. Ils verront les gens passer près d'eux sans les voir. Ils essaieront d'attirer l'attention. Pour se faire lire. Pour que la main s'étende, les prenne, les regarde et décide de les lire ou non. Mais que cette main prenne une décision. La plupart du temps, je pleure car il y a tant de livres invisibles. Ils ont été la vedette pendant quelques temps mais la minute qu'ils ne sont plus à l'avant, ils sont oubliés. Ce sont des vieilleries.