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5 février 2017

Le moment captif d'un dimanche : simplement s'entortiller

2017-06« Dans la nature, rien n'est parfait et tout est parfait: un arbre peut être tordu et ses branches tourmentées, il est toujours beau.» [Alice Walker]

Tu te sens tout croche. Tu te crois difforme, tu te sais différent. Chaque jour, tu aimerais être semblable aux autres. Mais tu sais que cela ne sera jamais possible.

Tu baisses la tête. Tu te courbes. Tu n'oses pas lever la tête. Pourtant, on t'a toujours dit que tu étais magnifique. Que peu importe tes imperfections, tes bosses, tes difformités, tu étais unique et exceptionnel.

Mais c'est difficile. Tu ne sais plus. Tu ne sais pas. Tu doutes. On t'a menti. On t'a sûrement menti. Parce que pourquoi on devrait te trouver beau. Tu es courbé, tu es cassé. Tu ne te sens pas à la hauteur. Tu penses être trop différent pour qu'on t'aime.

On te dit que tu es beau. Tu es unique. Tu doutes. Mais tu regardes autour de toi. Et quand tu ouvres tes yeux, tu vois finalement toutes les imperfections. Toutes ces imperfections. Et tu te sens moins seul. Tu te dis que tu aimes. Et qu'on peut bien t'aimer.

« Il n'y a point de forêt sans arbres tordus ». [Proverbe Bulgare]

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15 janvier 2017

Le moment captif d'un dimanche : l'envolée

2017-05"La pensée a des ailes. Nul ne peut arrêter son envol." [Youssef Chahine]

Je vire, je volte, je virevolte ; je tourne, je billonne, je tourbillonne. Je m'échappe, je m'envole, et puis je m'évapore. Absence de ciel, absence d'infini. Mes mots sans sens, ni direction, dansent vaillamment.

Je connais des mots majestueux, pas nécessairement des grossièretés, mais plutôt des impressionnabilités. Des mots qui voltigent et flottent dans ma tête. Des mots compliqués, des mots simples. Des envies de crier et des envies de rire. Une histoire à raconter. Des verbes à utiliser. Des verbes pour vivre. Pour décrire mes vertiges.

Les mots s'échappent. Ils m'échappent. Ils écrivent des pensées qui n'existent plus. Leurs ailes violent le ciel. Je ne sais plus dire. Je ne sais plus écrire. Je récupère des syllabes et quelques voyelles qui vacillent. Et je recommence.

"Les mots sont des oiseaux sauvages qu'on ne rattrape jamais, une fois lâchés." [Jean Simard]

13 novembre 2016

Le moment captif d'un dimanche : s'ensommeiller

2016-11-13"L'insomnie est mauvaise conseillère ; surtout elle exagère les images. Elle transforme facilement l'inquiétude en effroi, l'effroi en épouvante." [Yves Thériault]

Je me couche. J'ai les yeux qui brûlent. Je baille. J'ai de la difficulté à les garder ouverts. Mes yeux sont pleins de sommeil. Je m'endors. Je dors.

Je me réveille. Ce n'est pas le matin. Il fait noir. La lune brille froidement. Toute la maison est endormie. J'écoute le silence. Et les craquements et bruits non identifiés.

Je me tourne. Je ferme les yeux encore une fois. Mais je ne m'endors pas. Je ne dors plus. J'ai le sommeil qui fuit. Et alors je me tourne encore. Et encore. Encore.

J'ouvre les yeux. Les ombres semblent s'agrandir. Elles bougent, se transforment. Je ferme les yeux. Je me tourne. J'essaie de penser à autre chose. Je pense à des petites choses, de petits événements. Et je ne les comprends plus. Je suis certaine d'avoir oublié quelque chose. J'angoisse. Puis, pendant un moment, je sais ce que j'ai oublié. Puis, je l'oublie. Je me tourne. J'ouvre les yeux.

Je referme les yeux. J'ai l'impression de dormillonner. Je crois bien que je dors un peu puisque j'ai l'impression de me souvenir de rêves. Des images se faufilent dans ma tête. J'ouvre les yeux. Les images sont toujours là. Je ne rêve pas. Je rêve éveillée. Mes rêves sont des réalités voilées. Je suis inquiète. Ma chambre semble peuplée de monstres. J'ai peur. Je ferme les yeux.

J'ouvre les yeux. Je les frotte. Il n'y a rien. Je ne vois rien. Je ne dors pas. Mais les images étaient pourtant remplies de poésie. Je me dis que je me rappelerai ces poèmes au matin. Je me tourne. La lune brille un peu moins. Les petits oiseaux commencent à gazouiller. Il fait encore noir. Plusieurs heures ont passé. Et le matin pointe le nez.

Je me tourne. Je sens le sommeil revenir. Je dors à nouveau. Enfin. Mais pour peu de temps. Bientôt, il faut se réveiller pour de bon. J'ouvre les yeux. Je soupire. Je me lève. Je ne me rappelle plus. Que des images effacées. Je suis fatiguée.

Et ce, chaque nuit.

"La poésie vit d'insomnie perpétuelle." [René Char]

30 octobre 2016

Le moment captif d'un dimanche : merveilleuse chimère

2016-10-09 ogres« Ne sommes-nous pas, comme le fond des mers, peuplés de monstres insolites ? » [Henri Bosco]

Il y a des monstres partout. Dans nos maisons et dans nos jardins. Il y en a qui se cachent dans la forêt, dans les champs, dans les grottes, sur les routes et dans les lacs. Je vois des monstres dans mon miroir, dans mes cauchemars et dans mes rêves. Il y a des monstres dans les yeux de mes amis, de ma famille, de mes collègues et dans mes yeux.

Les monstres en moi sont multiples. Ils se font parfois discrets, je ne les entends pas, je les oublie. Mais parfois ils sont assourdissant et omniprésents. Je ne peux les éviter, je ne peux les combattre. Ils font surface et m'envahissent. Ils prennent toute la place. Ils grimacent et essaient de me faire peur. Ils se réflètent dans mes gestes, mes mots, mes espoirs, mes doutes.

J'ai déjà voulu les combattre, les anéantir ; je me suis épuisée à vouloir les détruire. Mais ces monstres font parties de moi. Sans eux, je serais incomplète. Et donc je les cajole et petit à petit je les calme et les dompte. Et j'apprends à vivre avec eux, les contrôler mais les laisser aussi vivre en moi. Mes petits monstres grimaçants.

« Chacun a en lui son petit monstre à nourrir.» [Madeleine Ferron]

23 octobre 2016

Le moment captif d'un dimanche : encager son corps

2016-10-23a« On cloue les cercueils comme si on avait peur que les morts s'envolent. » [Georges Perros]

Les morts sont morts. Nous serons tous un mort, un jour. Un mort ne se lève plus. Il ne respire plus. Il n'est plus qu'un corps qui deviendra un jour un squelette puis après une éternité, il ne sera plus que poussière. Sauf, si on l'a incinéré. Alors, il est déjà poussière. Ce qui accélère le processus. Un petit coup de pouce comme on dit.

On choisit souvent, depuis toujours, d'enfermer les morts dans des coffres, sarcophages, cercueils... Une protection contre la décomposition. Il faut la ralentir, l'arrêter, l'oublier. Et une protection pour les vivants, si jamais le corps voulait retrouver sa vie et revenir les tourmenter.

Un mort est mort. Mais on ne peut le laisser en paix. Il faut d'abord le mettre en cage ou le détruire. Puis une fois le risque qu'il s'échappe de sa mort envolé, on peut l'invoquer à volonté. On lui parle, on l'harcèle de nos demandes, prières, questions, inquiétudes. On le met dans un cerceuil ou dans une  urne pour mieux l'encager. 

Et un jour, on m'emprisonnera aussi. Quand la mort m'envahira et me libérera de mon corps. Je serai aussi un mort séquestré dans un contenant quelconque. Mais je m'envolerai et viendrai chatouiller les orteils de ceux qui m'auront mis en cage. 

« Le squelette, c'est la mort : il est dans notre corps. » [Charles de Leusse]

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16 octobre 2016

Le moment captif d'un dimanche : s'oublier

2016-10-30"La mémoire est un drôle de brouillard" [Valère Staraselki]

Parfois, il fait bon s'oublier. Se perdre dans un nuage et oublier qu'on existe. Une envie d'avancer dans la brume et disparaître lentement. Pendant un instant, on se perd et on efface toute trace de notre vie. Le passé est confus. Le présent est imprécis. Le futur est indéfini. On déserte notre corps, on désapprend nos souvenirs, on se débarrasse de nos rêves et cauchemars.

On oublie tout. Et on avance doucement dans un vide embrouillé. On sait que c'est temporaire. On ne peut être invisible bien longtemps. Mais pendant quelques instants, on s'évapore. On est insaisissable, imperceptible, volatile et indécelable. Une ombre parmi les ombres. Un reflet sur le brouillard. Une illusion impossible.

Et puis, le brouillard se dissipe. Et on se souvient de tout.

"J'adore le brouillard. Il vous cache du monde, et inversement. Vous sentez que tout a changé, que l'on ne peut plus se fier aux apparences." [Eugene O'Neill]

9 octobre 2016

Le moment captif d'un dimanche : tarte à la citrouille

2016-10-09Il y a des jours où les citrouilles ne sont que des citrouilles.” [Martine Delerm]

C'est l'automne. C'est bientôt l'Halloween. Et donc les citrouilles sont de retour. Depuis que je suis petite, les citrouilles ont toujours été présentes à l'Halloween. Mais elles faisaient plutôt offices de décorations. Ma mère en achetait une ou deux. Nous les décorions, enlevions les graines, sculptions des visages grimaçant et mettions des chandelles à l'intérieur le soir de l'Halloween pour éclairer notre porte. Symbole évident qu'il y avait des bonbons à donner à notre adresse.

Puis nous jetions le tout, le lendemain : graines et citrouilles éventrées. Ma mère n'était pas trop cuisinière. En fait, elle ne l'était pas du tout. Et même plus, elle avait la cuisine en horreur. Les tartes étaient habituellement remplie de fraises ou de framboises en canne. Alors, on s'entend qu'elle n'avait rien à faire des restes de citrouilles.

J'adore cuisiner. Mais les premières citrouilles que j'ai achetées, je les ai décorées, vidées de leurs graines, découpées, puis après qu'elles eurent illuminées mon portique, je les ai tout simplement jetées. Il ne m'était jamais venu à l'idée de faire quelque chose d'autres avec mes citrouilles.

Et puis, d'années en années, les citrouilles se sont multipliées sur mon perron. Parfois sculptées, parfois non. Juste pleins de citrouilles dans mes décorations. Et puis, c'est en vidant une citrouille en grignotant des graines de citrouilles achetées en magasin que je me suis dit... hum, je peux peut-être récupérer celles que je suis en train de jeter !

Et maintenant, toutes les graines de mes citrouilles sont séchées, cuites et dévorées. Et puis évidemment, j'ai aussi récupéré le reste de la citrouille. Et mes automnes sont remplis de potages, crèmes, tartes, purées, pains d'épices à la citrouille.

Et bizarrement, à chaque fois que je prépare mes citrouilles pour remplir nos ventres, je pense à ma mère et sa cuisine.

 

2 octobre 2016

Le moment captif d'un dimanche : mon canevas osseux

2016-10-31"Qui apprendra aux squelettes déguisés que nous sommes, à respecter la vie, toutes les vies ?" [France Lefebvre]

Je suis un tas d'os. Un tableau osseux qui bouge miraculeusement. Je danse délicatement, je fais attention. J'ai peur de tomber, peur de briser mes os. Si je m'oublie, je vais casser mon pied, mon bras, ma jambe, mon dos. Alors, je me pose sur le sol et je ne bouge plus.

Je m'enveloppe. Et je me déguise. Je fais semblant d'être quelque chose d'autre. Et je me moque de tout. Je me sens protéger et je fais semblant de ne plus avoir peur. Je me sens forte, emmitouflée dans mon camouflage de chair et de peau. Un déguisement parfait. Soudainement, je me sens invincible et omnipotente. Je décide de tout. Et tous doivent m'écouter. Je suis un pantin vivant qui contrôle tout.

Mais je ne contrôle rien et je dois m'oublier. On m'attaque, je m'écroule. Je brise, je brûle. Alors je laisse ma peau tomber. Je me démolis, je me défigure. Je regarde ma vie. La vie qui m'entoure. Toutes nos vies. Et je m'expose. Je laisse mes apparences, je déchire mes simulacres. Je ne suis qu'un tas d'os. Et je suis invincible.

"Vous n'avez pas les os en verre, vous pouvez vous cogner à la vie" [Jean-Pierre Jeunet]

25 septembre 2016

Le moment captif d'un dimanche : mes lumineuses ténèbres

2016-10-23 « Plus on s'approche de la lumière, plus on se connaît plein d'ombres. » [Christian Bobin]

Il fait noir. On n'y voit rien. Je ne vois rien. Tu ne vois rien. Nous ne nous voyons pas. Nous marchons l'un vers l'autre. Seul le bruit de nos pas est audible. Je ne te reconnais pas. Tu ne me reconnais pas. J'ai peur. Toi aussi. Je vois une ombre s'approcher. Un monstre peut-être. Je suis épouvantée. Tu vois une ombre s'approcher. Un monstre probablement. Tu es effrayé.

L'angoisse nous enveloppe. Nous sommes remplis de cauchemars. Nous essayons de penser à autre chose. Nous cherchons la lumière. Mais la nuit nous empêche d'oublier nos peurs. Elles ne nous quittent plus. Nous avançons l'un vers l'autre, dans le noir, dans le doute, dans la nuit. Nous marchons vers l'inconnu. Nous sentons une menace invisible.

Une lumière s'allume. Les ombres autour de nous s'allongent. Elles semblent vouloir nous saisir. Elles sont terrifiantes. Elles se multiplient avec la lumière. Nous courons l'un vers l'autre. Tu tombes dans mes bras. Je bascule dans tes bras. Les ombres nous entourent. Nous n'avons plus peur.

« Si la nuit est noire, c'est pour que rien ne puisse nous distraire de nos cauchemars.» [Bill Watterson]

18 septembre 2016

Le moment captif d'un dimanche : tête à tête

2016-09-18Having a sister is like having a best friend you can’t get rid of. You know whatever you do, they’ll still be there.” [Amy Li]

Elles s'aiment mais ne peuvent s'endurer. Hier, elles jouaient ensemble. Aujourd'hui, elles se chamaillent et s'affrontent. Elles se crient après puis elles s'embrassent. Les rivalités, les jalousies, les querelles. Les rires fous, la solidarité, l'amour inconditionnel.

Elles s'aiment à la folie, les petites soeurs. Même si elles ne peuvent se supporter. Elles se poussent, elles veulent de la tranquilité. La plupart du temps, elles ont envie d'arracher la tête de l'autre. Et puis, elles tombent dans les bras l'une de l'autre. Elles pleurent ensemble, se consolent, écoutent les peurs, les joies, les larmes. Elles ne pourraient vivre sans l'autre.

Elles ne se comprennent pas toujours. Et voudraient secouer l'autre, lui faire comprendre les choses. Puis, elles soupirent et se prennent dans les bras. Elles s'aiment comme elles sont. Les petites soeurs. 

If you don’t understand how a woman could both love her sister dearly and want to wring her neck at the same time, then you were probably an only child.” [Linda Sunshine]

4 septembre 2016

Le moment captif d'un dimanche : arrogance ou humilité

2016-07-19"La fierté et la bêtise sont faites du même bois." [Proverbe allemand]

Il ne sait pas s'il devrait être fier ou s'il est devrait se sentir honteux. Il aime bien pavaner. Mais il sait qu'il n'est pas unique. Il est fort, robuste et ancestral. Il fait parti d'une lignée majestueuse et fière. Il se bat régulièrement pour prouver qu'il est redoutable. Et il se battra jusqu'à son dernier souffle.

Mais il sait qu'il n'est pas exceptionnel. Il y en a d'autres. Tout aussi fiers et magnifiques. Il se sent un peu sot de parader ainsi. Pour qui se prend-il à la fin ? Il n'est pas meilleur que les autres. La vanité n'est pas jolie. Il se sent coupable. Il devrait être humble. Et il pourrait simplement se reposer. Oublier de tenir sa tête haute. Se fondre dans le troupeau. Laisser les autres prendre la place, se battre, protéger et mener.

Il relève la tête. Il ne peut cacher sa fierté. Il s'est battu pour arriver là. Il a travaillé fort. Il est peut-être fou d'avoir fait tout ça, d'avoir tant fait d'efforts, tant de sacrifices, mais il ne regrette rien. Il est fier de sa vie, fier de ses accomplissements, fier d'avoir pu protéger les siens. Il aurait pu avoir une autre vie, mais il est fier de celle qu'il a eu.

"Il y a une dignité à vieillir comme on a vécu." [Pierre-Henri Simon]

7 août 2016

Le moment captif d'un dimanche : sur le chemin

2016-08

« La route ? Là où on va, on n’a pas besoin de route ! » [Robert Zemeckis / Retour vers le futur, Dr. Emmett Brown et Marty ]

Je vais où je veux. J’ai une idée en tête et je la suis. Avec insouciance. Mais la route penche un peu et j’ai des papillons dans l’estomac. La route est sinueuse, étroite, difficile. Un mauvais coup de volant et la voiture plonge dans le vide.

J’ai peur de m’engloutir. De sombrer dans l’inconnu. Je me redresse. Je reste sur la route. Ma route.

Je vois ma destination au loin. Mais la route s’estompe. Ma route semble s’effriter petit à petit. Il n’y a plus de route. Je suis perdue. Alors j’oublie ma route. J’oublie ma destination. Je plonge.

Et je me retrouve sur une route imaginée qui conduit à toutes les destinations. Je m’immerge de béton, de terre, de gravier. La route est magnifique, entière et suffisante. Et quand j’ai accepté le chemin, je peux le quitter et me perdre dans ma destination.

« Ce n'est pas la destination mais la route qui compte. » [Proverbe gitan ]

24 juillet 2016

Le moment captif d'un dimanche : l'envolée

2016-09-04"Rien n'est trop haut pour l'oiseau, s'il vole de ses propres ailes." [William Blake]

Qu'est-ce que je veux, qu'est-ce que je vois ? Une ligne, un mur, une falaise. Il y a des gens partout. J'étouffe. Je ne sais plus comment parler. Les mots se perdent dans ma gorge. Ça se bouscule autour de moi. Ça jacasse. Je suis étourdis. Je suis incapable de me concentrer. Je ne vois plus rien.

Et pourtant, j'avais une idée. J'avais un rêve. J'étais déterminée et motivée. Et puis, j'ai eu peur ? Peut-être. J'ai paniqué. Un peu. Le mur m'a semblé infranchissable. La falaise profonde. La ligne insurmontable. J'ai trouvé des excuses. La pression était insoutenable. C'était impossible. J'ai reculé.

Et puis, j'ai levé les yeux. Le ciel était bleu. Ce jour-là. Mais, il sera peut-être menaçant demain. Peu importe. Il m'invite subtilement. Il me dit que je n'ai qu'à me lancer. Et m'envoler. Qu'il soit bleu ou noir. Les bruits s'estompent. La falaise, le mur, la ligne. Je ne vois plus d'obstacle. Du ciel, je vois mon rêve, je vois mon idée. Et je les poursuis. J'ai un frisson. Mais je n'ai plus peur.

"L'oiseau, c'est une idée dans l'air." [Jean Rollin]

17 juillet 2016

Le moment captif d'un dimanche : clair-obscur

 2016-07-05« A quoi sert la lumière du soleil, si on a les yeux fermés. » [Proverbe arabe]

Ouvre les yeux et tu verras la lumière. Ferme les yeux et tu verras les ombres. Je ne ferme les yeux que pour mieux voir mon âme. Le soleil est trop éblouissant et je ferme la porte. Je m’assois. Je ne vois plus rien. Puis la noirceur commence à briller doucement. Elle s’intensifie. Le noir m’envahit.

Je me suis enveloppée d’obscurité. Et j’ai laissé les ténèbres m’envahir. Et je vois la lumière s’infiltrée partout. Elle cherche à m’envahir. Je suis confuse. Les ombres qui me rassurent s’estompent doucement. Je sens la lumière m’attaquer. Mais je résiste. Je veux vivre d’ombres et de lumières.

Je me lève. J’ouvre les yeux. Il fait noir mais la lumière est partout. Les rayons de soleil me bousculent. Je rebondis sur la nuit. Je vie.

« La clarté, c'est une juste répartition d'ombres et de lumière. »   [Goethe]

 

 

 

19 juin 2016

Le moment captif d'un dimanche : citadine

2016-05-03 « Je suis d’une ruelle comme on est d’un village – entre les hangars de tôle et les pissenlits – j’ai trop le souvenir de la petit cour – où il nous fut autrefois défendu de jouer à la balle – rapport aux vitres des voisins » [Sylvain Lelièvre]

Enfant, je rêvais de fleurs et d'arbres. Tous les étés, j'allais chez mes grands-parents à la campagne ; je courais dans la forêt et je m'amusais sur le bord du lac. Je jouais dans les herbes hautes et je faisais des bouquets de fleurs sauvages. J'avais tant besoin de fleurs et d'arbres que lorsque nous repartions vers la ville, j'imaginais que je ramenais avec moi toutes ces fleurs et tous ces arbres. Ils envahissaient la rue où j'habitais, ils brisaient le ciment, le béton et ils verdissaient mon trottoir, ma ruelle.

Ma mère avait une multitude de plantes - qui survivaient plus ou moins dans notre salon. Mon père avait un petit carré de terre dans le jardin communautaire. Il y passait ses samedis et ses dimanches pour ramener quelques tomates, poivrons et oignons.

Et moi, je jouais sur le béton. On jouait dans la rue, de grandes joutes de cachette. Tous les enfants de la rue y participaient et l'été, le jeu durait jusqu'à ce que le soleil soit presque couché. Nous rentrions alors à la maison, il fallait prendre le bain, se mettre en pyjama et alors nous avions encore quelques minutes. On sortait sur les balcons en pyjama et on se racontait des histoires jusqu'au coucher.

Et puis, je jouais dans la ruelle. On jouait aux élastiques, on sautait à la corde, on s'entretuait au ballon. On attendait la venue du camion de fruits et légumes, la cloche du monsieur qui aiguisait les couteaux et même parfois un vendeur de ballons et peluches. On courait même derrière le camion des éboueurs. Nous avons perdu des ballons dans la cour du voisin qui refusaient de nous les redonner. Nous avons vandalisé la porte du même voisin. Il ne l'a jamais dit à nos parents.

Puis les années ont passé. Et j'ai passé des soirées sur le balcon (avant ou arrière) à papoter avec mes amies des garçons du quartier... Il y a eu des soirées bien arrosées dans les cours voisines, des chicanes de balcons, du commérages et du linge étendu sur les cordes à linges.

Je rêvais de fleurs et d'arbre. Mais je rêve aujourd'hui de mon enfance rempli de ruelles, balcons et cordes à linge.

« J’habite au cœur des cordes à linge – où les oiseaux viennent quand même chanter – malgré l’absence d’arbres – je suis du quartier des fils électriques » [Sylvain Lelièvre]

12 juin 2016

Le moment captif d'un dimanche : libre de s'encager

2016-05"Il faut faire attention aux mots, car souvent ils peuvent devenir des cages" [Viola Spolin]

Tu t'entêtes à t'encager dans des mots qui n'ont aucune signification pour moi. Tu veux être libre de tes émotions. Tu penses vivre de liberté dans une cage dorée. Tu vois le ciel, tu touches les feuilles, tu poétises tout.

Tu passes d'une cage à l'autre et tu cries ton nom pour que tout le monde puisse l'entendre. Tu enrages qu'on t'encage dans un poème qui n'est pas le tien. Tu ne veux pas écrire sur le sable ou sur la neige. Tu ne veux pas écrire sur les pages blanches ou sur les ailes des oiseaux. Tu veux crier tes propres mots même si tu restes enfermer d'une façon ou d'une autre.

Tes mots sont les tiens. Ils sont ta prison et ta liberté. Tu t'entêtes à ne pas vouloir les changer. Ils t'isolent et te permettent milles libertés. Tu es seul et tu le sais.

"La liberté est une sensation. On peut l'atteindre, enfermé dans une cage comme un oiseau" [Camilio José Cela]

5 juin 2016

Le moment captif d'un dimanche : la vérité choque...

2016-06"Ce qui me gêne, ce n'est pas mon âge, mais l'âge des gens qui ont mon âge." [Roger Ferdinand]

La vérité choque mais je ne peux la nier. Les années passent et je ne peux les retenir. C'est une sensation un peu déstabilisante et perturbante. Je me sens tomber et je ne trouve rien pour me rattraper.

Dans quelques jours, j'aurai 45 ans et la vérité... c'est que je m'en fous éperdument ! Oh, c'est bien une vérité qui est un peu troublante. En fait, c'est tout simplement étrange. Mais je n'ai jamais eu peur de l'inconnu alors je plonge !

Évidemment, il arrive que je ressente les changements de mon corps et de mon esprit avec toutes ces années qui s'accumulent. Et il arrive que je pense avec nostalgie à un âge différent de celui que j'ai à ce moment. Mais j'aime tous ces âges. Chaque année a eu ses merveilles et ses tourments. Chaque âge a été difficile et incroyable, triste et heureux.

Mais c'est étrange, je l'avoue. Et c'était égaleement étrange quand j'ai eu 10 ans et 18 ans, 25 ans, 30 ans ou encore 40 ans... et cela sera étrange à 50 ans... et imaginez à 75 ans ! Et ensuite, ouf... Mais que la vie est étrange ! Et merveilleuse !

"Les gens de mon âge me paraissent plus âgées que moi." [Maurice Chapelan]

 

29 mai 2016

Le moment captif d'un dimanche : toujours plus haut

00g1« Onze ans, on questionne tout, les réponses n'arrivent pas à hauteur des doutes. » [Pierre Filion]

Nous avons toute la vie. Rien ne presse. Nous laissons passer les minutes. En attendant. Mais parfois alors que les moments semblent éternels, nous regardons plus loin, plus haut. Nous voulons nous envoler vers l'infini. Là-bas. Là-haut.

Tout semble trop long. Les minutes sont des éternités. Nous ne voulons plus attendre. Nous voulons vivre tout de suite. Tous les moments que vous nous interdisez. Tous les instants qui semblent nous échapper.

Vous avez tort. Vous vous trompez. Vous ne comprenez rien. Vous n'écoutez pas.

Nous regardons le ciel. Nous créerons de nouvelles étoiles. Nous inventerons de nouvelles réponses. Nous ne voulons pas d'excuses. Nous n'accepterons pas de justifications. Nous voulons de la démesure. Nous espérons l'absolu.

Mais pour l'instant, nous attendons. Nous n'avons pas le choix. Nous n'avons rien à faire. Sauf attendre. Et regarder là-bas, là-haut.

« Change de ciel, tu changeras d’étoile. » [Proverbe corse]

15 mai 2016

Le moment captif d'un dimanche : deux

2016-05"Dans un couple, peut-être que l'important n'est pas de vouloir rendre l'autre heureux, c'est de se rendre heureux et d'offrir ce bonheur à l'autre." [Jacques Salomé]

Tu veux faire quelque chose ? Non, ça va, je me repose. Mais tu sembles t'ennuyer. Mais non, je ne m'ennuie pas. Je sommeille tout simplement. C'est toi qui baille, je te ferai remarquer. Tu es paresseux, tu ne veux jamais rien faire. C'est pas vrai, on fait toujours plein de choses. C'est toi qui ne veux jamais te reposer. Qu'est-ce que tu inventes ? On passe notre temps à se reposer. Tu cherches des bibittes. Tu réfléchis trop, tu t'embêtes toi-même. Et tu m'embêtes par la même occasion. Tu es insupportable. Tu n'en fais qu'à ta tête. Tu penses avoir toujours raison. Toi aussi, tu crois que tu as toujours raison. Et tu voudrais que je sois différent. Tu ne me laisses jamais tranquille. Tu es agaçante à la fin. Et toi, exaspérant. Tu m'énerves. Fatiguante. Paresseux. Pfff. Grrr. Soupirs. Soupirs. Il fait beau aujourd'hui, on est bien au soleil. Oui, le temps est idéal. Tu veux aller te balader un peu ? Ce serait super, mais plus tard, on peut bien encore profiter du soleil

"Le secret du bonheur en amour, ce n'est pas d'être aveugle mais de savoir fermer les yeux quand il faut" [Simone Signoret]

8 mai 2016

Le moment captif d'un dimanche : patient amour

2016-05-09"Le véritable amour d'une mère, c'est d'aider l'enfant à couper le cordon ombilical" [Jean Gastaldi]

Il veut jouer. Et encore jouer. Mais elle est fatiguée. Elle est vidée.

Elle n'en peut plus. Elle aimerait dormir. Elle veut s'enfuir. Elle a l'impression de s'être perdue.

Un jour, il ne voudra plus jouer. Un jour, il s'en ira. Il ne voudra plus l'écouter. Et il l'ignorera.

Et elle regrettera sa fatigue passée. Elle l'aura oubliée. Elle se sentira seule et âgée. Elle regardera des images usées.

Elle attendra. Il reviendra. Ils se retrouveront. Et ils riront.

"L'amour et la patience vont obligatoirement ensemble" [André Pronovost]

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