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27 décembre 2006

La Chasse-galerie: II. Commentaires

La Chasse-galerie, légendes canadiennes / Honoré Beaugrand, Montréal, 1900, 123 p.; Fides, 1979, 107 p.

Commentaires :

Ce conte fait partie du patrimoine québécois autant d’un point de vue littéraire que traditionnel. Au Québec, c’est la version d’Honoré Beaugrand qui est le plus connu.  L’auteur s’est inspiré de légendes et folklores du Québec, mais également de la vie quotidienne. Il raconte l’histoire du Québec, sa vie quotidienne, ses coutumes et traditions.

chasseLa « Chasse-Galerie » s’inscrit parfaitement dans le contexte de l’époque : la vie des coureurs des bois, les traditions et coutumes de ces hommes des bois, les traditions de Noël et du Jour de l’An, les croyances et peurs dans le fantastique, le diable, la présence incontournable de la religion dans la vie des gens, et même la consommation d’alcool… On note aussi dans son récit, la fascination pour un monde qui demeurait mystérieux pour la majorité des gens : le monde de la route, des coureurs des bois, des hommes qui s’enfonçaient pour des mois dans les profondeurs de la forêt. Forêts et routes, mondes remplis de mystères, de créatures étranges, de noirceurs…

On retrouve également dans ce conte la recherche du fantastique et le goût de s’effrayer…On peut facilement voir les craintes et les peurs des gens de cette époque : le diable, l’enfer, la perte de son âme… Et on voit également la présence de l’église et de la religion qui jouait volontiers avec ces peurs pour garder les gens dans le droit chemin. Le conte était également une occasion de provoquer une rupture avec le quotidien et permettait d’entrer dans un autre ordre du temps, de l’espace, … un autre univers extraordinaire. On le dit toujours rituellement au début du conte : on va maintenant conter une histoire qui va changer la vie des auditeurs.

Ce conte fait partie des traditions orales du Québec. Il était conté lors des veillées en famille ou dans les réunions de paroisses. Il a forgé l’imaginaire québécois et nous offre non seulement une histoire fabuleuse mais également un regard sur la société de cette époque. 

Mais si ce conte fait partie de la culture québécoise, on sait que les premiers colons ont mélangé des éléments de légendes françaises avec des mythes amérindiens qui parlent de canoës volants.  Cette légende est connue dans plusieurs cultures à travers le monde, sous différents noms.

Il y a tout d’abord, la légende française qui parle d’un noble très riche qui aimait la chasse et qui selon certaines traditions auraient eu le nom de Gallery. Un jour au lieu d’aller à la messe, il décide d’aller chasser. Il fut alors condamné à errer dans le ciel tout en étant lui-même chassé par des cheveux et des loups.

Dans la Banque de dépannage linguistique panfrancophone, un article très intéressant fait venir le mot « chasse-galerie » du parlers de l’Anjou, du Poitou et de la Saintonge. Le mot ne serait attesté en France que depuis 1829 (ou peut-être depuis 1791), et il serait arrivé au Canada au XVIIe siècle au Québec et en Acadie. On y traite également de l’étymologie du mot « chasse-galerie ». Le mot chasse devrait être pris dans son sens collectif qui englobe les chasseurs, les chiens de chasse, l’équipement, etc. Le mot « galerie » pourrait venir du nom du noble qui avait été condamné à errer dans le ciel. Ou encore le mot serait rattacher aux mots « galier » et « gaille » qui en ancien français ou en patois signifieraient « cheval ».

On dit aussi que l’histoire viendrait aussi de la « troupe infernale ». La troupe composée de diables, démons, sorciers, etc. courraient dans les airs pendant la nuit, et faisait un grand vacarme : hurlement, aboiement, sifflements, etc. La légende de la chasse-galerie sert alors à expliquer les bruits étranges de la nuit…

On rattache également la légende à ce que les anglo-saxons appellent la « Wild Hunt ». Cette chasse comprenait un groupe de chasseurs –souvent des spectres- qui se lançaient dans une course folle dans les cieux. Voir cette Chasse sauvage n’était pas un bon présage et annonçait des catastrophes. Si on se trouvait dans le chemin des chasseurs, on pouvait être enlevés et amené aux Enfers. Cette légende se trouve en Angleterre, Allemagne et même dans les pays Scandinaves. On pourrait en dire beaucoup plus sur les origines de la.Wild Hunt.

On peut même faire remonter les origines de la légende de la Chasse-Galerie aux Vikings. On parle alors de ressemblances avec des récits mythiques liés au dieu Wotan. Ce dieu de la guerre chevauchait un cheval ailé à 8 pattes, il transmettait la rage à ses combattants, et ses apparitions avaient apparemment lieu entre Noël et l’Épiphanie. Les apparitions du dieu sont accompagnées de cris. Les récits concernant le dieu se sont transformés a leur introduction en France et avec la christianisation. On peut la rattacher aussi à la croyance française que lorsqu’on s’enrageait, on était condamné à notre mort à errer dans le ciel pour toujours.

Peu importe les origines de la légende, elle fait aujourd’hui partie des traditions québécoises…

Premier article: La Chasse-galerie: I. L'auteur et le récit

Sources :

http://www.chez.com/feeclochette/lachasse.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Chasse-galerie
http://www.ratsdebiblio.net/beaugrandhonore.html
http://www.forum.umontreal.ca/numeros/1999-2000/Forum00-02-21/article06.html
http://en.wikipedia.org/wiki/Wild_Hunt

© 2006 Laila Seshat

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