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Quelques pages d'un autre livre ouvert...
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26 mars 2012

Plus léger que l'air de Federico Jeanmaire

JMP2Plus léger que l'air : roman / Federico Jeanmaire ; traduit de l'espagnol [Argentine] par Isabelle Gugnon. -- [Paris] : Éditions Joëlle Losfeld, 2011. -- 221 p. ; 22 cm. -- ISBN 978-2-07-244879-9

Quatrième de couverture

Une vielle dame âgée de quatre-vingt-treize ans maintient enfermé dans sa salle de bains un adolescent qui a essayé de la voler. Elle lui précise d'emblée qu'il peut hurler à sa guise mais que cela sera sans effet. La seule condition à sa libération est d'écouter l'histoire de sa vie, parce que, au fond, cette compagnie "inespérée" permet à la vieille dame de pallier une solitude infinie et, sous le couvert d'un certain moralisme, de laisser libre cours à une sorte de cruauté teintée de sadisme. Véritable suspense en huis clos, qui se termine sur un dénouement totalement inattendu.

L'auteur

Federico Jeanmaire est né à Baradero en Argentine en 1957. Diplômé en Lettres, il fut professeur à l'Université de Buenos Aires. En 1990, il reçut une bourse du Ministerio de Relaciones Exteriores de España afin de travailler sur divers manuscrits à la Biblioteca Nacional de Madrid. Grand spécialiste du Siècle d'Or, il est reconnu pour ses lectures et son travail sur Cervantes.

Il a écrit de nombreux romans, ouvrages et articles sous son nom et sous le peudonyme de Carlos Aguilera. Il reçut de nombreux JMP1prix pour ses oeuvres.

Bibliographie partielle

  • Un profundo vacío en el pie izquierdo ((1984)
  • Desatando casi los nudos (1986)
  • Miguel (1990)
  • Prólogo anotado (1993)
  • Montevideo (1997)
  • Mitre (1998)
  • Los zumitas (1999)
  • Una virgen peronista (2001)
  • Papá (2003)
  • Países Bajos (2004)
  • Una lectura del Quijote (2004)
  • El ingenioso hidalgo don Quijote de la Mancha (2004)
  • Cómo se empieza a escribir una narración, VV.AA. (2006)
  • La patria (2006)
  • Vida interior (2008)
  • Mas liviano que el aire (2009) (Plus léger que l'air)
  • Los zumitas/El silencio del río (2010)
  • Fernández Mata a Fernández (2011)

Résumé

Un jeune adolescent tente de voler une vieille dame. Il l'attaque dans la rue et l'oblige à monter dans son appartement pour lui voler son argent. La vielle dame de 93 ans, sous la ruse que son argent se trouve dans sa salle de bain, l'enferme dans la pièce. Prisonnier de la vielle dame, celle-ci l'averti qu'il peut crier tant qu'il veut, personne ne peut l'entendre. Elle lui promet cependant de le libérer lorsqu'elle lui aura raconté l'histoire de sa mère.

Elle commence donc à parler. L'adolescent crie, frappe sur la porte, hurle des grossièretés, mais finit par écouter la vielle dame. Le temps passe, la dame se fatigue et doit interrompre son récit. L'histoire se déroule donc sur plusieurs jours. Pendant lesquels, la vielle parle et cuisine pour le jeune garçon. Elle raconte son histoire, sermonne le garçon, partage ses opinions et se sent finalement moins seule.

Le roman a reçu le Prix Clarin en 2009.

Commentaires personnels

Étrange roman. Un huis clos qui se rapproche plus du théâtre que du roman. Le texte se résume en fait dans la conversation que tient la vieille dame avec l'adolescent qu'elle tient captif dans sa salle de bain. Conversation qui est pour nous un long monologue puisque nous n'entendons jamais la voix du garçon. Nous lisons uniquement les répliques de la vielle dame. Un texte entièrement fait des propos de la dame, en "je" lorsqu'elle parle et en "vous" lorsqu'elle s'adresse au jeune garçon. L'histoire est donc racontée entièerement du point de vue de la vieille dame. Il n'y a aucune description. Ce que nous savons des lieux et des événements proviennent du discours de la vieille. Les réactions et les propos du garçon sont deviner par les répliques de la vieille femme.

Le jeune garçon qui a à peine 13 ans a donc attaqué une vielle femme de 93 ans pour lui voler son argent. La vieille bien que fragile ne l'entends pas de cette façon et par la ruse attire le garçon dans la salle de bain pour l'y enfermer. La vielle victime prend donc comme otage son agresseur. Elle est vieille et elle est extrêmement seule. Elle pose donc une condition à la libération du garçon. Elle va le libérer lorsqu'elle lui aura raconté l'histoire de sa mère.

Mais l'histoire va prendre du temps. Quatre jours. Petit à petit, elle raconte l'histoire de sa mère, qu'elle n'a pas connu, et qui voulait piloter un avions et qui a pris tous les moyens pour y arriver. Alors qu'elle raconte son histoire, nous voyons percer des bribes de la vie de la vieille femme mais surtout elle partage ses opinions et ses idées. Elle refuse de laisser sortir le garçon, mais elle tente de prendre soin de lui. Elle lui passe de la nourriture sous la porte, le sermonne, le menace, le remercie, lui fait la leçon, tente de l'éduquer, comme elle le dit.

Mais rapidement, on décèle dans le discours de la vieille femme de l'aigreur, de la méchanceté, de la noirceur. Ses propos sont parfois teintés de racisme, de préjugés, et même de violence. Sous un aspect fragile et doux, elle est dure et impitoyable. Et elle est à la fois maternelle et sadique vis à vis du garçon. Elle devient en quelque sorte l'agresseur à son tour. Une grand-mère tortionnaire d'un garçon qui devient, contre son gré, son petit-fils.

Un suspense se met en place. L'auteur arrive à nous faire sentir les émotions du garçon à travers les propos de la vieille. Elle termine son histoire, mais refuse de laisser sortir le garçon. Comment peut-elle ? Il risque de l'attaquer si elle le laisse sortir. Mais elle lui promet de le libérer, de trouver une solution.

Il ne m'apparaissait pas beaucoup de fins possibles. Et je ne fus qu'à moitié surprise. Ce qui n'enlève rien à ce texte troublant, différent et étrange. Lecture complètement inattendue et que je ne suis pas prête d'oublier. Les mots de Jeanmaire m'ont accrochée, son histoire m'a soulevée. J'aimerais beaucoup relire le livre dans les mots de l'auteur.

L'avis de Dasola, Mikaël Demets, Yann Le TumelinWakinasimba,

Extraits

"Non, évidemment, vous avez entièrement raison, Santi. Eux seuls savent de quoi ils ont parlé ce matin-là. Mais à quoi sert l'imagination si ce n'est à combler les vides de certaines anecdotes?" p. 32

"Ça c'est l'imagination. Elle fonctionne ainsi, mon cher petit. Vous avez imaginé que cet homme s'appelait Arnold et non José. Ce qu eje ne comprends pas, c'est cette manie, ce besoin que vous avez de comparer les fruits de votre imagination avec le réel." p. 176

"Le désir de n'importe quelle femme est plus léger que l'air"

Sources à consulter

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Commentaires
L
Bonjour Dasola...<br /> <br /> <br /> <br /> Tu sais, moi aussi j'ai pensé à un monologue, mais vraiment à une personne. J'ai douté de l'existence du garçon. Mais finalement, je crois qu'il existe... physiquement ou imaginaire... mais il existe !!! ;) non ?<br /> <br /> <br /> <br /> (Et il est normal que je pointe à ton billet, il dit tout... superbe billet !)
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D
Bonjour, je découvre la mise en lien de mon billet, merci. Quelques mois après sa lecture, je n'ai pas encore oublié le soliloque de cette vieille femme. Moi, j'ai compris qu'elle se parlait à elle-même, que le jeune n'existe que dans son imagination. Peut-être me trompai-je. Bonne fin d'après-midi.
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