Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Quelques pages d'un autre livre ouvert...
Archives
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 787 195
Quelques pages d'un autre livre ouvert...
famille
27 décembre 2007

Cherchez le tupperware... introduction

J’ai déjà exprimé – de façon très modérée, je dois dire – le fait que je ne suis pas particulièrement heureuse du choix de mon père en ce qui concerne sa nouvelle relation « amoureuse ». Cela va bientôt faire un an qu’il m’a annoncé l’existence de cette relation mais ça fait au moins un an et demi – peut-être plus, on ne peut pas vraiment savoir – qu’elle existe.

Au delà du fait que j’aurais évidemment préféré – en tant que petite fille – qu’il n’y ait pas de nouvelle femme dans sa vie (après tout, il a eu 70 ans cette année et il passait son temps à dire qu’il ne voulait personne d’autres dans sa vie, qu’il était bien ainsi et qu’il ne voulait pas remplacer ma mère), c’est beaucoup moins le fait qu’il y ait quelqu’un queTupperware1 la façon dont ce fut fait et maintenant, surtout la personne en elle-même.

Bon... une fois le choc passé lors de l’annonce de la relation

(un joyeux 3 janvier de 2007, mon père me dit qu’il vient me voir, qu’il n’aura pas besoin de prêt pour son nouvel appartement... j’attends toute la journée, me demandant pourquoi, et il arrive finalement avec cette dame me disant qu’ils vont vivre ensemble...enfin)

et que tous les mensonges –bien enfantins et bien inutiles - furent plus ou moins découverts et qu’ils eurent plus ou moins cessé

(« je ne la connais que depuis cet automne... bon depuis août... bon depuis juillet... ce sera juste une coloc... bon on couchera dans la même chambre... non, elle ne vit pas ici, seulement dans le prochain appartement...heu non non, les crèmes cachées sous les serviettes dans la chambre de bain ne sont pas les siennes.. »)

et la surprise provoquée par certains comportements complètement atypiques fut plus ou moins passée

(des voyages avec la dame alors qu’il déteste voyager, des repas au restaurant alors qu’il fut toujours impossible de l’y amener, des visites dans la famille de la dame alors qu’on ne pouvait jamais aller visiter les oncles et tantes avant, et j’en passe...)

et que son attitude de jeune adolescent se fut plus ou moins modérée

(achat de nouveaux vêtements, car elle n’aime sa façon de s’habiller, visite chez le coiffeur alors qu’il fut toujours fier de dire qu’il se coupait les cheveux lui-même,...)

et que la blessure provoquée par certaines paroles et actes fut plus ou moins cicatrisée

(ne pas comprendre que je préfère que la dame ne soit pas là pour venir chercher les cendres de ma mère, répéter des paroles dictées par une autre, car pas du tout sa façon de s’exprimer...)

je me disais finalement que s’il était heureux, s’il se sentait moins seul, et bien c’était une bonne chose. Il n’était pas très vieux, il lui reste encore de nombreuses années à vivre et donc, une nouvelle amie pouvait être quelque chose de bien.

Évidemment, c’était sans vraiment connaître, celle que j’appelle désormais, « la petoune espagnole ». Les histoires sont nombreuses, mais je passe sur celles-ci pour le moment. Peut-être que je laisserai aller à écrire sur ces histoires un autre jour. Pour le moment, disons seulement, que les comportements atypiques continuent, les attitudes d’adolescent font encore parfois leurs apparitions, et surtout les agissements et paroles autant de lui que d’elle blessent encore.

Mais que vient faire la recherche de tupperware dans tout cela ?

J'y viens...

Publicité
25 octobre 2007

Les archives de Pauline: Chasser les chauves-souris

Quand elle était petite, elle aimait bien jouer. Elle avait beaucoup de responsabilités mais elle avait tout de même le temps pour quelques jeux. Parfois, elle suivait son grand frère – qui avait une année de plus qu’elle – dans la grange pour faire la chasse aux chauves-souris. Ou bien était-ce dans la « shop » ou la « shed »? Je ne sais plus trop. Mais je sais qu’ils y allaient souvent. Avec d’autres amis. Je ne me souviens plus non plus s’ils avaient le droit d’y aller. Mais j’ai vaguement le souvenir que non.CV

Et donc, un jour – ou était-ce un soir ? Cela aurait plus de sens si c’était un soir, mais cela me surprendrait aussi beaucoup, car je ne crois pas qu’elle aurait pu jouer dehors le soir, mais une chose est certaine, il faisait sombre dans le lieu-dit. Enfin… reprenons : Un jour, elle jouait dans la grange avec son frère et ils chassaient les chauves-souris. Les armes utilisées pour chasser les chauves-souris étaient des bâtons, des branches, des balais et surtout des bâtons de base-ball. Le but étant de frapper les chauves-souris. Jeu cruel comme beaucoup de jeux d’enfants. Mais pour leur défense, il était très rare qu’ils réussissent à même effleurer les chauves-souris. Les chauves-souris ayant nettement l’avantage dans cette lutte. Question d’ultrasons. Elle m’a dit que c’était presque impossible de les toucher et que c’était faux que les chauves-souris s’accrochaient aux cheveux. J’ai vérifié dans une encyclopédie. Il est en effet totalement vrai que c’est faux.

Ils courraient dans le bâtiment sombre à la poursuite de souris ailées. Il est plus facile de chasser un animal nocturne dans la noirceur. C’est plus excitant aussi. Mais cela rend les choses difficiles. Et alors qu’ils courraient dans tous les sens, son frère, qui voulait frapper une chauve-souris qui virevoltait, lui donna un grand coup de bâton de base-ball sur la tête. Elle m’a dit qu’elle avait vraiment vu des étoiles.

Elle s’est effondrée et a nettement pu voir de belles étoiles devant ses yeux et partout dans la grange avec quelques tâches noires qui semblaient rire, probablement les chauves-souris qui se moquaient de la situation. Enfin, c’est ce qu’il lui sembla, en fait, elle dit que c’était plus comme une résonance proche du son de cloches. Elle fut donc complètement sonnée et étoilée. Évidemment… ce fut la panique. Son frère convaincu de l’avoir tuée… les parents paniqués l’amenant dans la maison. Je ne me souviens plus s’il y a eu hôpital ou médecin, mais je me souviens qu’elle m’a dit avoir eu une belle grosse prune sur la tête comme Fred Flintstone dans les Flintstones. Et que son frère a été un peu moins turbulent pendant quelques temps… il avait vraiment eu peur de l’avoir tuée. Il fut aussi pendant quelques jours un peu plus prévenant avec elle. Pas longtemps… le temps d’oublier avoir blessée sa petite sœur. Elle soigna longtemps sa belle bosse et jouit quelques jours des attentions de tout le monde. Puis, elle retourna jouer dehors, mais elle n’est plus retournée chasser les chauves-souris.

24 septembre 2007

Parmi les vagues

Tout l’été, j’ai entendu mon père me demander quand je viendrais le voir. Évidemment, mis à part les faits, que je n’ai pas d’auto, qu’il habite à une heure de train, que je travaille toute la semaine, que mon copain est malade et que nous avons eu tout l’été, des visites de la famille et de quelques amis… il y a aussi le fait que je n’apprécie pas particulièrement sa nouvelle relation amoureuse – pas plus la relation que l’objet de sa relation – qui ont contribué à faire que je n’ai pas rendu visite bien souvent à mon père ces derniers mois.

VaguesIl ne cessait de me dire… « Vous pouvez venir ici, à la plage, passer la fin de semaine… ». Car, il faut souligner que lorsque ce nouvel appartement fut acheté, il le fut principalement parce qu’il était situé à 20 minutes de marche de la plage. Mon père étant un fou de la plage et de la baignade. Mes plus beaux souvenirs d’enfance étant les journées à la plage – en Espagne, à Old Orchard, à Carillon, à Plattsburg, au lac Massawippi… Il a toujours adoré se baigner et la mer Méditerranée a toujours eu une place importante dans son cœur !!! Les années dernières – nos premières années en Espagne – il se rendit souvent à la plage. Avec ma sœur, avec moi et mon copain, avec son neveu, avec sa famille, avec ses amis. Il adore la plage.

Et puis, il a rencontré cette femme. Il habite maintenant avec elle dans cet appartement choisi avant que l’on apprenne l’existence de celle-ci et choisi principalement pour sa localisation – ainsi que son prix. Parfait logis pour une personne habitant seule et aimant la plage. Mais voilà qu’il n’est plus seul.

Alors qu’il me demandait, pour la centième fois, quand je viendrais le visiter en insistant que je pourrais aller à la plage en même temps, je lui demandai combien de fois il était, lui, aller à la plage cet été. Et lui, de me répondre, qu’il n’était pas encore allé à la plage. Mais pourquoi, je lui demande, très, très, très surprise. Et mon père de me répondre : « oh, tu sais, je n’aime pas ça tant que ça aller à la plage ». Hein, pardon ??? Depuis quand ??? Que je réussis à demander. « Je n’ai jamais aimé ça », fut sa réponse. Je n’en revenais juste pas. Mon père qui non seulement me dit qu’il n’aime pas aller à la plage, mais qui me dit qu’il n’a jamais aimé aller se baigner. C’est très bizarre, complètement incroyable.

Et puis, un matin que je devais aller à Calafel – sa fameuse petite ville à une heure de Barcelone – pour des raisons administratives, je vais prendre un café rapide avec lui et sa petoune (mon nom non affectueux, pour sa copine - vous m’excuserez son emploi récurrent dans de futurs textes, mais c’est le seul nom que j’ai trouvé qui était potentiellement acceptable). Alors que je suis seule avec la petoune en question, elle m’apprend qu’elle n’aime pas du tout aller à la plage… elle n’a jamais aimé et de plus, ne supporte pas le soleil. Et donc, je comprends…

Mais tout de même incroyable qu’à la veille de ses 70 ans, un homme décide qu’il n’a jamais aimé quelque chose parce que sa petoune n’aime pas ça. Enfin… c’est son choix. Mais il n’était pas dit que je ferais pas quelque chose… c’est aussi mon choix. Et donc, un certain dimanche, mon ami et moi, nous partons pour Calafel. La veille, j’avais téléphoné mon père, lui disant que nous venions le lendemain et que nous allions à la plage. Que je savais qu’elle n’aimait pas la plage mais qu’elle n’était pas obligée de venir, juste lui… nous reviendrions plus tard pour la voir… Il n’a donc pas eu le choix.

Le matin, nous arrivons, après un bonjour rapide, nous partons tous les trois pour la plage. On s’installe dans un coin tranquille. Il fait soleil, il vente légèrement et il y a de belles grosses vagues. Mon copain et moi, on va dans l’eau. Elle est légèrement froide en entrant mais devient rapidement un beau 25º C. Il fait à peu près la même température dans l’eau que sur la plage. Les vagues sont très belles, avec quelques une très grosses de temps en temps. Il n’y a pas de méduses et l’eau est claire.

Après quelques instants, mon copain retourne sur la plage. Mon père s’avance vers l’eau. Même sans mes lunettes et même si je suis loin de lui, je peux voir la joie sur son visage. Il s’approche tranquillement. Quelques vagues viennent lui frapper les cuisses. Elles sont encore froides… il recule en éclatant de rire… « c’est glacé » qu’il me dit avec un gros sourire. Il avance à nouveau, en riant « brrr, brrr » qu’il fait. Il décide de se lancer. Il émerge à côté de moi, en riant. Ses yeux sont scintillants. On commence à parler tout en sautant dans les vagues. L’eau n’est plus froide. Il se retourne et est renversé par une grosse vague qu’il n’a pas vu venir. Il éclate à nouveau de rire. J’ai presque envie de pleurer tellement il semble heureux.

Je retourne sur la plage. Il reste dans l’eau. Seul. À courir après les vagues, à me faire des signes de la main. Il fait la planche. Et éclate de rire à chaque vague un peu plus forte. Il revient sur la plage et se jette sur la serviette. « Il y a de belles vagues », me dit-il toujours aussi souriant. Je lui mentionne qu’il peut revenir se baigner, seul. Il habite tout à côté… il n’a pas besoin de rester longtemps… « Juste venir faire une petite saucette ». « Je vais revenir, c’est certain » me dit-il les yeux toujours aussi brillants.

La semaine dernière, je lui ai demandé s’il était retourné à la plage. « Trois fois » me répond-il avec un splendide sourire. « Et tout seul, comme un grand ». J’ai dû retenir mes larmes.

16 septembre 2007

Les archives de Pauline: Croûtes de pain secrètes

Il m’arrive de faire des sandwichs. Et des rôties. Cela est parfois ardu de trouver du pain tranché qui remplisse tous les critères nécessaires à un bon sandwich ou à des « toasts » bien rôties, mais on arrive à trouver du pain potable. Quand je mange mon sandwich, il m’arrive de laisser des morceaux de la croûte du pain. Quelques miettes seulement, mais il est rare que je vais manger toutes les croûtes. Ce n’est pas que je n’aime pas les croûtes, même si elles sont souvent très sèches. Et je pourrais facilement acheter du pain tranché sans croûte. Très facile à trouver dans les épiceries de Barcelone. Je préfère mon pain tranché avec une croûte car cela m’offre le choix de les manger ou d’en laisser des morceaux.

CroutePainOn ne m’a jamais obligé à manger mes croûtes de pain, ou même à finir mon assiette. Si je n’avais plus faim ou si je n’aimais pas ce qu’il y avait dans mon assiette, ma mère me disait tout simplement de laisser ma nourriture dans mon plat. Et si je ne voulais pas manger mes croûtes, elle me disait d’abord de terminer mon sandwich, mais elle ne m’obligeait pas à manger ces bouts de pain que je laissais dans mon assiette. Et j’avais tout de même droit à un dessert, même s’il restait des croûtes de pain de mon sandwich.

Mes croûtes de pain étaient connues de ma mère, ses croûtes de pain avaient été secrètes. Il n’y avait pas beaucoup de pain quand elle était petite. Il y avait toujours de la nourriture sur la table et ils n’avaient jamais manqué de pain, de viande, ou de légumes. Mais il n’y avait pas non plus de surplus. Et il ne fallait pas gaspiller. C’est bien normal. Une grande famille, un père qui travaillait dur pour peu de sous. Ce qu’il y avait dans l’assiette, il fallait le manger. Même quand on n’aimait pas ça. C’était un péché que de laisser de la nourriture dans son assiette. Et surtout du gaspillage.

Mais quand on est une petite fille, même si on sait tout cela et qu’on le comprend en bonne petite fille sage… quand on n’aime pas ce qu’il y a devant nous, on n’a tout simplement pas envie de le manger. Surtout si on veut du dessert. Et donc, que faire ? Se forcer à tout manger ? Même quand on a plus faim ou surtout, même quand on déteste ça ? Laisser dans son assiette et subir les reproches de sa mère et de son père ? Ou tout simplement cacher les morceaux de nourriture non mangés et non désirés sous la table, sur le pratique rebord intérieur qui semble conçu tout exprès pour cette fonction.

Et donc, morceaux de viande, légumes et croûtes de pain se retrouvèrent rapidement sous la table bien cachés. Ils furent parfois oubliés et ensuite retrouvés dans un état peu appétissants… Et la petite fille se sentit parfois bien coupable de gaspiller ainsi de la nourriture. Elle s’en confessa, se sentit mieux et recommença lorsqu’elle ne se sentait le courage de manger ce qu’elle avait dans son assiette.

Et elle se promit que si elle avait un jour des enfants, elle ne les obligerait pas à finir leur assiette et elle permettrait les croûtes de pain non mangées. Et chaque fois que je mange un sandwich, j’exerce mon droit de laisser quelques croûtes de pain dans mon assiette, même quand j’aurais pu les manger…

21 août 2007

Les archives de Pauline: Un prénom parmi d'autres

Ma mère n'aimait pas beaucoup son prénom. Elle ne le détestait pas carrément, mais elle ne l'appréciait pas non plus. Il fautPauline dire que la plupart des gens le prononçait d'une façon très fermée... un "ôôô" à la place du "au"... et que à son époque, il y en vait des petites filles avec ce prénom. Il est devenu rapidement désuet, voire "kétaine" comme on dit ici... et synonyme d'une époque du Québec.

Elle n'aura jamais connu la renaissance de son prénom... si on regarde les statistiques, apparamment qu'il a connu un regain de popularité et beaucoup de petites filles ont à présent ce nom... il redevient petit à petit commun je suppose.

Elle le préférait tout de même à son véritable prénom. Car une coutume veut que nous portions le dernier prénom de la liste sur notre baptistère - quand liste il y a. Sur la plupart des baptistères québécois, pendant longtemps, le premier prénom d'une petite fille était

"Marie". Les garçons portant le nom de "Joseph". Moi-même, je porte ce premier prénom... nous sommes un peuple avec des racines catholiques, il faut bien croire.

Le deuxième prénom de ma mère, "Anna", ne l'enchantait pas non plus. Elle le trouvait jolie, mais elle n’aimait pas la façon dont la plupart des gens le prononçaient… pire que son prénom. Et pour avoir un prénom qui se termine par un « a », je sais de quoi elle parle… le « a » devient rapidement un « âââ » non loin d’un « ô ». Et donc, on passe sur les deux premiers prénoms. Le troisième est celui que tout le monde avait choisi de l’appeler, mais le dernier – et donc celui qui était officiellement son prénom – était Yvette. Le nom de sa marraine. Et elle aimait encore moins ce prénom que le 3e… et donc, elle se contentait du 3e prénom, même si elle ne l’aimait pas beaucoup.

Pauline2Pourtant je trouve qu’il était joli ce prénom… Pauline… Il lui donnait un air taquin, je trouve. « Ma maman s’appelle Pauline »… que je disais à l’école. Mais elle ne l’aimait pas beaucoup…

Mon père qui le prononçait avec son accent espagnol avait même réussi à le faire écrire « Paoline » sur les chéquiers qu’ils partageaient !!! Au grand désespoir de ma mère. C’est qu’en espagnol, on prononce les voyelles séparément et donc quand on lui avait demander le nom de son épouse pour le mettre sur les chèques, il avait dit bien tranquillement, Paouline… pour bien séparer le a du o (qui se dit ou en espagnol) et donc résultat… Paoline sur les chèques… au moins, il n’avait pas dit Paulina… Car si le a est bien prononcé en Espagne, au français, elle aurait eu droit à des Pôôôlinâ ou quelque chose du genre.

Les goûts cela ne se discute pas, mais je soutien encore aujourd’hui qu’elle avait tort… son prénom était très jolie… et même toute la série… Marie Anna Pauline Yvette. Mais pour ses archives, je me contenterai de son 3e prénom qui demeure le seul officiel et le plus joli… Pauline

Publicité
18 août 2007

Les archives de Pauline: Je blâme ouvertement ma mère

Je n’aime pas lui faire des reproches. On a parfois tendance à oublier les défauts et les mauvais côtés des gens qui nous ont quittés et qu’on aimait. Mais j’essaie de me souvenir d’elle, telle qu’elle était. Défauts et qualités, me souvenir d’elle complètement et pas partiellement. Et elle n’était pas parfaite. Et même si je n’aime pas lui reprocher quoi que ce soit, je dois aujourd’hui la tenir coupable.

PoidsEt donc... je place la faute sur elle. Car d’aussi loin que je me souvienne, elle a été préoccupée par son poids. Elle trouvait qu’elle avait des bourrelets, un ventre, de la cellulite sur les cuisses, des culottes de cheval… elle se pesait constamment, surveillait ce qu’elle mangeait, faisait diète après diète, elle a même suivi des cours d’aérobie afin de perdre du poids.

Mais quand je regarde des photos d’elle… par exemple quand elle avait 40 ans, alors qu’elle n’aimait pas son corps, qu’elle suivait une diète qui l’obligeait à ne prendre qu’un breuvage infect à l’heure des repas, elle était toute petite. Elle était magnifique, toute mince. Mais elle, elle se trouvait grosse. Elle aurait voulu perdre quelques livres. Et elle maigrissait. Puis reprenait le poids perdu. Puis reperdait quelques kilos. Et ainsi de suite. Une succession sans fin de combats contre son corps. Et la balance. Toujours une balance dans la salle de bain. Tous les jours, elle montait sur la balance et soupirait. Parfois elle atteignait le poids visé, mais jamais longtemps.

Les dernières années de sa vie, elle avait vraiment pris du poids, en grande partie à cause de tous les médicaments. Parfois les médicaments lui faisaient prendre beaucoup de poids, parfois ils lui en faisaient perdre beaucoup trop. Et elle continuait à s’attrister sur son corps.

Et je regarde les photos…les différents corps que ma mère a eu dans sa vie. Et je suis triste de me rappeler comment elle se trouvait grosse alors qu’elle ne l’était pas. Et pourtant, je fais la même chose qu’elle… et je regarde mes photos… et je me rappelle que même à 15 ans, je me trouvais grosse, j’essayais de perdre du poids… et pourtant je ne l’étais pas. Je n’ai pas un corps parfait, et j’aimerais bien perdre aussi quelques kilos, mais je refuse de monter sur une balance. Je ne veux pas connaître mon poids, je ne veux pas être esclave de ma balance.

Je suis tout de même obsédée par mes bourrelets, par ma cellulite… j’essaie de faire attention à mon alimentation et j’essaie de faire un peu d’exercices pour me maintenir en forme, mais j’essaie aussi d’accepter mes quelques kilos de trop. Et quand je regarde mes photos, parfois je ne m’aime pas, parfois oui…

Je blâme notre société qui amplifie un culte de la minceur mais je blâme aussi ma mère qui m’a donné une image torturée d’une femme constamment en colère contre son corps. Et pourtant, elle était si belle…

15 juillet 2007

Confiance

Je me retrouve dans l'impossibilité de croire une seule parole qu'il prononce... C'est extrêmement déroutant et très difficile à accepter.

J’ai l’impression que tout ce qui me dit est, soit un mensonge, soit une demi-vérité… ou alors que les paroles qu’il prononce sont sans importance et qu’il cache à peu près tout. Évidemment ce n’est pas un sentiment qui a commencé sans raison. Et comme on dit, chat échaudé craint l’eau froide.

Et j’ai l’impression également que c’est probablement irréversible. Est-ce que je pourrai un jour lui faire confiance, ne paspapa remettre en question la moindre de ses paroles, ne pas avoir constamment un doute sur la véracité de ce qu’il me raconte ? Je ne sais pas. Et si c’était uniquement ce qu’il me dit maintenant… me voilà à questionner toute mon enfance, tous ces gestes et paroles, toute notre vie… C’est mon père et j’ai l’impression qu’on me l’a volé…

Je ne suis pas innocente, je sais bien qu’on ne connaît pas complètement ses parents. Qu’on a parfois des visions idéales et dénaturées de leur personne… mais je dirais que ce n’est pas complètement le cas ici… en fait, j’avais une vision assez réaliste de mon père. Je connaissais pas mal ses défauts et ses erreurs. Et j’ai connu des aspects négatifs de sa personnalité. Je n’ai pas que de beaux souvenirs de lui. Et les dernières années ont amené leur lot de contrariétés et même de disputes. Qu’il fasse des choses que je n’approuve pas ou qui me fâchent, je l’accepte assez bien. J’ai appris à le connaître et à accepter certaines attitudes et actions – ou manque d’actions. Cela a pu parfois me faire de la peine ou m’enrager, mais je pouvais vivre avec ces choses… après tout j’aime mon père…

Mais ces mensonges, ces actes cachés, ces attitudes d’adolescent immatures sont incompréhensibles pour moi. Et surtout me donne l’impression que ce n’est plus véritablement mon père. Quand je le vois, je sens mon cœur se serrer… je le vois, je le reconnais, mais j’ai constamment le sentiment qu’il me cache des choses et me ment… et je ne peux plus effacer ce sentiment. C’est comme si sous la peau d’une personne que j’aime se cache quelqu’un d’inconnu…

Même le fait que je sais qu’il est pas mal manipulé par une autre personne, ce n’est même pas ce qui me blesse le plus… c’est cette impression de ne plus pouvoir lui faire confiance.

Maintenant, le chat est-il réellement tombé du 3e étage ? Est-il réellement indemne ?  Ou alors disparaîtra-t-il dans quelques jours ? Ce questionnement paraît anodin mais renferme tous mes doutes.

9 juillet 2007

Quand les vacances terminent

Il est temps de reprendre le quotidien. Après les semaines d'inquiétudes et de nuits blanches à se tourmenter sur la santé de mon conjoint, sans oublier le boulot qui gruge les dernières énergies, finalement, ce furent les deux semaines de vacances tantVacances attendues.

Bien sûr, même si le pire est évitée, nous ne savons toujours pas ce qui cause tous ces malaises à mon ami, mais au moins nous pouvions commencer ces vacances avec l'esprit un peu plus tranquille.

Deux semaines. Deux petites semaines. Ces vacances coïncidaient avec la visite de ma belle-soeur et de mon filleul de 10 ans. Deux semaines pour les voir, les faire visiter Barcelone et les environs, la plage, Port Aventura et ensuite les amener 5 jours dans le sud de la France - histoire de voir des châteaux, la passion de mon neveu !

Deux semaines à courir à droite et à gauche, a se coucher tard et se lever encore plus tôt que d'habitude... à parler, parler, rire, et marcher, marcher...

Hier ils ont repris l'avion pour Montréal... nous avions le coeur gros, mais le corps complètement épuisé. Nous sommes allés nous coucher sur la plage... notre troisième journée de plage en deux semaines. Et nous nous sommes endormis. Complètement vidés de notre énergie.

Et aujourd'hui c'est le retour au travail. Alors que nous aurions bien besoin de vacances pour se remettre de nos vacances. Une semaine de fou en perspective... pleins de choses à faire pour le travail... encore des rendez-vous chez d'autres spécialistes pour mon conjoint... du ménage et du rangement...

Mais une chose est certaine... j'ai besoin de reprendre mes activités personnelles. Écrire, lire, et autres babioles... Donc... voilà!

18 juin 2007

Des pellicules de matières grises

Des semaines que nous attendons ces résultats. Les problèmes de santé de mon conjoint ne cessant pas, mais étant de plus en plus étranges et surtout mouvants... il y a un certain temps, son docteur l'a envoyé chez le neurologue qui a demandé une résonance magnétique de la tête... évidemment, les déductions, les soupçons, les doutes, les maudites recherches sur Internet - "arrête de chercher sur Internet... tout ce que ça fait, c'est allongé la liste des possibles maladies et problèmes"... mais évidemment, il ne pouvait s'en empêcher... et on se demande à lire tout ça comment on peut n'avoir aucun problème- les semaines précédants et suivants la résonance furent assez pénibles. Des jours s'encourageant, d'autres jours imaginant le pire. Et les douleurs et symptômes continuant et augmentant...

cerveaurEt puis, aujourd,hui... finalement, nous allions chercher les résultats de la résonance... Tout d'abord, nous avions su par d'autres que nous devions aller chercher les résultats nous-mêmes. Ici, la plupart du temps, il faut aller chercher ses radiographies, ses résultats, etc. et les amener au médecin. Je suppose que cela coupe dans la messagerie et le transport, mais c'est assez déroutant. De plus, nous gardons ces radiographies... mon père a de belles radiographies de son estomacs dans son tiroir de bureau...

Mais là... premier choc... on nous remet une grande enveloppe scellée et on nous dit "byebye". Et donc dans nos mains, l'enveloppe qui contient des jours et des jours de questionnement, de peurs et d'angoisse. On se dit que s'il y avait eu quelque chose d'urgent, ils nous auraient appelés...

On se dirige vers le métro et on s'en va chez le neurologue. Qui nous avait simplement dit : "quand vous aurez les résultats, vous viendrez, pas besoin de prendre de rendez-vous". On arrive, on nous dirige vers la porte 4. Et on attend, l'enveloppe sur nos genoux. Après un certain temps, je retourne à la réception et oh désolé, on avait oublié que le neurologue n'était pas là cette semaine. Revenez la semaine prochaine !

Et on fait quoi en attendant !!! On garde tranquillement l'enveloppe sur le bureau en attendant la semaine prochaine ! C'est incroyable ! On nous conseille de peut-être aller voir le médecin qui nous a envoyés chez le neurologue. Il pourra peut-être nous donner les résultats...

Et on repart... silencieusement... et on se rend jusqu'à la clinique... pleins de doute... un rendez-vous pour demain seulement. Et donc, on retourne à la maison... avec l'enveloppe.

Et alors, mon conjoint décide qu'il n'en peut plus... il veut ouvrir l'enveloppe... je ne veux pas... ce sera peut-être pire, on ne saura interpréter les résultats. Mais il est à bout... je le comprends.

Il ouvre l'enveloppe remplie de radiographie de son cerveau et... d'une feuille... on lit la feuille... conclusion: tout est beau !!! Il n'a rien au cerveau, pas de tumeur, rien... le soulagement est intense...

Je suppose que s'il avait eu quelque chose de grave, ils auraient appelé, ils nous auraient donné les résultats plus rapidement... je suppose qu'ils ne laissent partir les gens avec l'enveloppe que s'il n'y a rien de grave... enfin, je suppose...

Évidemment, nous irons demain au rendez-vous, cela va de soi... il faut qu'on nous donne les résultats et qu'on nous explique plus en détails et aussi, il faut faire d'autres tests, les douleurs et malaises étant toujours là... mais un gros poids est levé...

Mais j'avoue que je ne comprends pas trop cette façon de faire... le trajet en métro avec l'enveloppe fut vraiment une expérience très... difficile...

17 juin 2007

Les archives de Pauline: Quelques années et une fête des pères

Aujourd'hui, nous célébrons la Fête des Pères... "québécoise" car la Fête des Pères "espagnole" est passée depuis quelques mois déjà. Même si je souhaite une joyeuse fête des pères à mon père au mois de mars, pour moi, la véritable fête est au mois de juin. Surtout maintenant. Que nous sommes ici, en Catalogne. Et depuis qu'il a une nouvelle femme dans sa vie. Une espagnole.

Mais cette année, cette fête des pères québécoise est ce dimanche... ce 17 juin... cette même journée, il y a 5 ans, elle nous a quittés… Ma mère est partie un 17 juin, il y a 5 ans… 9 jours après mon anniversaire et 4 jours avant son 32e anniversaire de mariage.

Quelques heures après que ma sœur et moi lui avons chanté ces chansons qu’elle nous chantait enfants… après que nous l’avons laissée dans son lit d’hôpital en lui disant que nous reviendrions le lendemain… alors qu’elle allait mieux et qu’on allait la transférer des soins intensifs à une chambre ordinaire… elle a fermé les yeux pour ne plus les rouvrir. Mon père nous a appelé, mais il était trop tard. Elle était partie.

Il y a 5 ans… il me semble que cela fait des années, des décennies, il me semble que c’était hier. Parfois, un petit bout de moiMontagea1 se rebelle et crie que je refuse cet état des choses…

Chaque année est difficile… et le 17 juin n’est pas une belle journée. Pas de grands discours, mais on se rappelle silencieusement… le lendemain on s’appelle et on se dit doucement… « c’était hier »… « oui »… et on se comprend.

Mais aujourd’hui… ce 17 juin… alors que cela fait 5 ans… c’est également la fête des pères. Mon père qui a aimé ma mère, qui s’est occupé d’elle durant toutes ces années de maladie… qui a tant pleuré…

Aujourd’hui, mon père a une nouvelle femme dans sa vie. Depuis presque un an. Et je n’ai pu l’appeler aujourd’hui… je l’ai appelé hier pour lui souhaiter une bonne fête des pères… lui disant que comme je ne savais pas si je serai là le dimanche, je voulais lui souhaiter tout de suite et que j’avais un petit quelque chose pour lui quand je le verrais…

Difficile pour moi d’admettre cette relation et encore plus difficile de souhaiter une belle fête des pères en cette même journée… enfin… pleins de sentiments contradictoires dont je réalise que certains sont enfantins, mais c’est ainsi… et puis mon père est un peu… «insouciant », du genre à oublier mon anniversaire, du genre à m’annoncer des choses sans penser que cela peut faire de la peine… parce qu’il ne « pense pas »… enfin…

Il m’a tout de même surpris. Il vient de m’appeler pour me demander si je savais quel jour nous étions… bien sûr que je le sais… « cela fait 5 ans que maman est partie »… et donc bien sûr qu’il s’en souvient… peu importe sa nouvelle vie…

Mais bon… je ne pouvais pas lui souhaiter une bonne fête des pères en cette journée. C’est tout.

16 avril 2007

Les archives de Pauline: Beurre de pinottes et un peu de café

Quand je suis arrivée à Barcelone, il y a quelques petites choses qui m'ont manqué... des petites choses que je ne pouvais trouver à Barcelone. Bizarrement, ce fut principalement des aliments... sirop d'érable, cassonade, poutine, yogourt à la vanille... et beurre d'arachides.  Certains de ces aliments sont heureusement arrivés avec les boîtes et nos visiteurs nous ont souvent amené ces petites choses que nous ne trouvons pas ici... ou alors que nous trouvons mais qui n'est pas tout à fait la même chose.

ponotte1Ce qui est le cas du beurre d'arachides. Nous avons trouvé une épicerie asiatique qui vend du beurre d'arachides, mais ce n'est pas mon "beurre de pinottes".

Mon beurre d'arachides est un pot de "beurre de pinottes" crémeux avec deux petits oursons sur le devant ! C'est le seul qui est vraiment acceptable à mon goût... et à mon souvenir !

Cette étiquette verte avec les deux oursons - un à boucle verte et un à boucle rouge - est synonyme d'un goût d'arachides que j'adore mais également de souvenirs de ma mère.

Tous les matins, son déjeuner se composait de tranches de pain grillé avec du beurre d'arachides et un café. Deux toasts avec du beurre de pinottes et un café. Tous les matins... toute sa vie... Il y a toujours eu un pot de beurre de pinottes crémeux avec deux oursonsponotte dans notre garde-manger.

Ce déjeuner quotidien fut rapidement le mien aussi. Bien sûr parfois des céréales, parfois de la confiture sur les rôties, mais d'aussi loin que je me souvienne, j'ai voulu manger mes deux toasts avec ma mère. Elle nous faisait d'abord nos toasts, pendant que l'eau chauffait sur le rond. Elle beurrait les tranches de pain rôti et préparait deux tasses de café. Une vraie tasse de café bien forte avec un peu de lait et de sucre et une tasse d'eau chaude avec quelques grains de café, beaucoup de lait et un peu de sucre. Son café avait une couleur d'un brun foncé et le mien une couleur à peine brune... disons beige clair... mais je buvais mon café avec fierté avec ma mère. Et je mangeais mes deux toasts au beurre de pinottes. Évidemment, il fallait tremper des bouts de pain dans le café... mais pas trop longtemps pour ne pas trop mouiller le pain. Sa technique était impeccable. La mienne un peu moins. Et parfois, il y avait de petits bouts de pain ou de beurre de pinottes qui flottaient dans mon café ou qui tombaient dans le fond.

Je ne mange pas toujours deux toasts au beurre de pinottes avec un café pour déjeuner. Mais il doit toujours y avoir un pot de beurre d'arachides crémeux avec deux oursons... et pas un autre... dans mon garde-manger.

12 avril 2007

Les archives de Pauline: Fait ton lit

Tous les matins, je me réveille et c'est la même histoire. Je reste cachée dans les couvertes, essayant de reporter le plus possible le moment du lever. Finalement, l'inévitable arrive et je me lève. Je cherche d'abord des bas car je n'aime pas marcher nu pied. Je m'habille ensuite mais avant même de me peigner ou faire quoi que ce soit d'autres, je fais mon lit.

C'est inévitable et obligatoire, je fais mon lit tous les matins. Je ne peux continuer ma journée sans faire mon lit. Tant que monLit lit n'est pas fait je me sens inconfortable. Ça m'obsède, j'y pense sans arrêt. Il faut que je fasse mon lit pour que ma journée puisse commencer. Et si pour une raison quelconque, je ne fais pas mon lit, cela me trottera dans la tête toute la journée.

C'est ainsi depuis plusieurs années, je dirais une bonne dizaine d'années. Et c'est encore plus important - et obsédant - depuis que je travaille de la maison. Je ne peux décemment passer la journée avec un lit défait.

Mais ce ne fut pas toujours ainsi. Loin de là. Je détestais faire mon lit. En fait, je ne le faisais jamais. Toute mon enfance et toute mon adolescente, je me suis battue avec ma mère sur le thème de mon lit.

Même début d'histoire... je me réveille et je reste cachée dans les couvertes, toujours dans l'optique de reporter le plus tard possible le moment de quitter mon lit. Et puis c'est le lever officiel. D'abord les bas et ensuite les autres vêtements. Mais ensuite l'histoire diffère. Ensuite, c'était le déjeuner, la coiffure, et le départ. Le lit, lui restait défait. Évidemment, régulièrement, j'entendait la voix de ma mère: "as-tu fait ton lit ?" et évidemment, je répondais non. Et je partais pour l'école. Quand je revenais, le lit était fait. Ma mère l'ayant fait après mon départ.

Mais la fin de semaine c'était un peu plus difficile. Je me levais et traînais en pyjama une bonne partie de la matinée. Et régulièrement, j'entendais ma mère me demander : "as-tu fais ton lit ?". Et quand elle passait devant ma fenêtre, elle disait et redisait "Fait ton lit?". Et chaque fois, qu'elle me disait de faire mon lit, je répliquais que ça ne me tentait pas. Et elle de répéter de faire mon lit, que ce n'était pas propre et ordonné, qu'elle ne pouvait supporter de voir ma chambre à l'envers avec mon lit défait. Et moi de rétorquer qu'elle n'avait qu'à fermer la porte de ma chambre. Et cela continuait des heures et des heures. Parfois je finissais par faire mon lit mais avec les années qui s'accumulaient sur mon adolescence, plus souvent qu'autrement, le lit restait défait. Si je partais, ma mère incapable de savoir le lit défait, même avec la porte fermée, ne pouvait résister et allait dans ma chambre faire mon lit. C'était plus fort qu'elle. Et je ne comprenais pas. Et je ne pouvais supporter cette phrase "fais ton lit !" C'était plus fort que moi... plus elle me disait de faire mon lit, moins je voulais le faire. C'était une question de principe... je ne voyais pas l'utilité de faire mon lit et je n'avais pas envie de le faire. La guerre du lit dura des années entre ma mère et moi.

Dans mon premier appartement, j'ai passé les premières années, le lit plus souvent défait que fait. Et personne pour me dire de faire mon lit. Mais bizarrement, petit à petit, j'ai commencé à faire mon lit. Quelques fois par semaine pour commencer. Et puis tous les matins. Et aujourd'hui c'est plus fort que moi. Il faut que je fasse mon lit. Je suis totalement incapable de savoir mon lit défait, même la porte fermée.

31 mars 2007

Les archives de Pauline: Maîtrise de ses mots

Les mots sont importants. L'utilisation des mots... bien écrire et bien parler... Très important. Elle aimait écrire. Former de belles lettres. Elle était gauchère, mais on lui avait appris de force à écrire de la main droite. Et elle écrivait très bien. Une belle calligaphie qui lui permettait de composer de beaux textes parfaitement rédigés. Sans faute, sans erreur et sans liquid paper.

Elle était toujours félicitée par ses professeurs pour ses rédactions. De belles rédactions... toujours écrites selon les consignes, avec une grammaire et un orthographe parfaits, une syntaxe impeccable et un brin de fantaisie. Ces beaux textes à sujets habituellement imposés par les professeurs lui permettait de s'évader un peu. Suivant le style strictement demandé, mais se permettant quelques petits traits imaginatifs.

Elle rédigeait même les rédactions de son grand frère, en échange de dessins qu'il lui faisait, elle préférant écrire, lui dessiner. Elle n'était Diplomevraiment pas douée pour le dessin de toute façon. Et elle faisait bien attention de changer légèrement son style et laissait même une ou deux fautes, il ne fallait pas qu'on s'aperçoive de leur entente.

Elle fit tous ces examens avec succès. Elle eut tous ses diplômes. Et lorsqu'elle dut quitter l'école pour travailler, elle savait très bien écrire et très bien parler. En français et en anglais. Elle utilisa ses atouts dans les emplois qu'elle eut tout au long de sa vie. Et elle était très fière de son style de rédaction soigné et de sa diction parfaite. Et elle ajouta ensuite à ces habiletés, un doigté irréprochable à la dactylo.

Évidemment, il fut également très important que l'on écrive et parle très bien. Elle n'exigeait pas la perfection mais nous savions que c'était important. Et j'ai tout de suite voulu bien écrire et bien parlé aussi. Ce fut rapidement très important pour moi aussi. Et j'aimais faire des rédactions. Elle prenait toujours le temps de les lire. Et de lire tous les textes que l'on écrivait.

Et elle continua de bien écrire et bien parler. Même lorsqu'elle ne put plus travailler. Et même si elle ne rédigeait plus beaucoup, elle composait toujours quelques lettres. C'était celle qui écrivait de sa belle écriture, les lettres de mon père. Et lorsqu'elle répondait au téléphone ou lorsqu'elle appelait des "inconnus", c'était toujours de sa voix parfaite et claire, légèrement plus aiguë, avec un accent un peu plus pointu.

Mais les années passèrent et la maladie s'empara de son corps. Elle n'avait plus la force d'écrire beaucoup. Les quelques lettres ou mots qu'elle rédigeait avaient une écriture tremblotante. Les lettres vacillantes la torturaient. Et lorsqu'elle voulut écrire à l'ordinateur, envoyer des courriels à sa famille, elle se rendit compte que son doigté n'existait pratiquement plus. Taper sur le clavier était devenu ardu... son doigté transformé en deux doigts qui cherchaient les lettres sur le clavier. Et il lui semblait qu'elle ne savait plus composer, elle avait oublié comme rédiger et oublié son orthographe, sa grammaire...

Elle détestait ne plus être capable de rédiger, d'écrire comme avant. Mais cela ne l'empêcha pas de m'envoyer des courriels. Et elle ne perdit jamais ses mots, ses belles tournures de phrases. Elle ne perdit jamais non plus sa belle diction et sa belle voix. Mais ne plus être capable d'écrire et de rédiger fut très difficile pour elle.

18 mars 2007

Obligations de famille

Pour ne pas dire familiales. Car il me semble que cela ne correspond pas tout à fait à la situation. Je dirais : obligations de la part de la partie de famille qui réside dans ma personne. La famille que je suis. La partie de la famille que je suis. Car la partie de la famille qui correspond à ces obligations de famille ne semble pas partager cette affiliation à ces obligations.

Ce qui revient à dire que ces obligations sont toujours à sens unique - lire : à partir de moi vers l'autre, et jamais l'inverse. Cela me vide de toute mon énergie et cela brise tellement de choses en moi et autour de moi. Je sens que c'est vaguement et probablement de ma faute.

Culpabilité. Ces obligations sont-elles obligatoires ? Et si je me détache, suis-je coupable de ne pas assez aimer ? Je suis lasse de ces questionnements.

3 mars 2007

Les archives de Pauline: L’inexactitude de ma mémoire

m_moireJe ne me souviens de rien. J’ai une impression d’oubli et j’ai peur. Peur de ne plus pouvoir décrire les instants de cette vie. Un vague sentiment qu’écrire est trahir. Voyons voir. Il est certain que ce dont je me souviens est probablement faux. Des témoignages romancés souffrant de la distorsion du temps et de la mémoire. C’est tout ce qui me reste. Je ne suis même pas certaine de mes propres souvenirs. Je ne suis sûre de rien.

J’ai voulu la voir revivre un peu. Pour moi. Avec les histoires qu’elle m’a contées. Avec les défauts et les qualités que je lui connaissais. Avec son odeur, ses manies, ses rêves et ses cauchemars. Je la sens parfois encore mais mes souvenirs s’effacent. Il ne me reste que des miettes… et si peu.

Et voilà, vous ne la reconnaîtrez probablement pas, ceux qui la connaissaient. Elle est sûrement différente dans vos souvenirs. Mais ce sont les miens qui sont ici. Des archives falsifiées, incomplètes, peut-être embellies. Des mots qui ne veulent parfois rien dire. On ne verra pas les liens… et on croira que j’invente. Mais ce n’est pas parce que c’est imaginaire que ce n’est pas réel. Des petits bouts d’ailes me l’ont affirmé.

1 mars 2007

Les archives de Pauline: ...pour moi...

J’imagine que c’est immensément personnelpour_moi
et je ne suis pas sûre de savoir
comment.

Je pense à des moments
mais je ne suis certaine d’avoir
le droit.

Il y a quelques années, elle m’a dit de vivre.
Et c’est tout.
Elle ne m'a pas dit comment, ni pourquoi.
Je crois que c’est à moi de le trouver.

Moi, j’essaie,
pourtant je ne suis pas convaincue de croire
à ma vie.

Je cherche des instants importants
et je ne trouve que des secondes perdues.

Je sais que cela fut fait des milliers de fois
et je ne tente pas de reproduire
quoique ce soit.

Cette exigence de ma mémoire
est entièrement personnelle,
et je ne suis pas certaine de vouloir
la partager.

Pour dire quoi…

Des bribes, des virgules, quelques points.
Et c’est ainsi,
Des photos, des papiers, des fragments…

... pour moi...

26 février 2007

L'espace d'une boîte

On nous dit que rien ne changera. Et on veut bien croire un peu. On sait bien que cela ne se peut pas car rien n'est plus pareil. Mais on veut bien croire qu'on fera un effort pour que cela change le moins possible.

pens_esEt puis, je ne fais que cela vouloir croire. Malgré les mensonges et les histoires. Je veux bien croire qu'on avait de la difficulté à me dire la vérité. Que parce qu'on ne savait pas trop comment annoncer sa nouvelle vie, on soit tomber dans des récits complètement faux... qui n'étaient même pas bien construits. Et que même si je voyais les mensonges dans les paroles, on tentait de nier parce qu'on avait soi-même de la difficulté à comprendre cette nouvelle vie.

Je peux bien l'admettre. Je suis capable de l'accepter et même de pardonne. Parce qu'on aime sa famille. Parce qu'on aime croire que certaines choses ne changeront pas.

Je réalise que certaines choses ne m'ont jamais été dites. Que certaines choses furent cachées. Je crois aussi comprendre que les mensonges ont fait partie de nos vies. De façon complètement incroyables ces mensonges expliqueraient tellement de choses inexplicables. Mais je ne peux croire à ces mensonges. Encore beaucoup d'espoirs. Et je refuse de laisser ces espoirs me quitter complètement.

Mais parfois certains événements me sont difficiles à accepter. Quelques part en moi, je comprends que lorsqu'on construit une nouvelle vie, on se laisse aller à certaines décisions et à certains mots. Mais je ne peux comprendre qu'on puisse dire que rien ne changera pour ensuite tout changer.

Je ne comprends pas qu'on puisse trouver que quelques boîtes n'aient plus leur place. Qu'on ne puisse plus trouver quelques centimètres d'espace pour entreposer des moments de ma vie. Qu'une nouvelle personne dans une nouvelle vie prenne tant d'espace que mon espace soit complètement encombrant. Et que ce soit juste mon espace à moi qui prenne trop de place.

Que quelques boîtes, me dira-t-on. Il n'y a qu'à trouver un espace ailleurs, quitte à débourser quelques sous pour louer quelques mètres carrés. Mais quand on me fait savoir si clairement que ces boîtes prennent trop de place... je ne peux m'empêcher de comprendre très clairement comment l'espace d'une boîte peut représenter un espace de trop.

17 février 2007

Les archives de Pauline: Les souvenirs s'inventent parfois

C'est faux.  J'invente.

Parfois, j'invente des choses. Mais pas tout. Des souvenirs que j'aurais aimé avoir.

Étrange ce que la nostalgie peut faire… Est-ce que je m’ennuie de la maison dans laquelle j’ai passé une bonne partie de mon sadolescence ? Non, pas vraiment. Est-ce queje m’ennuie de l’appartement dans lequel je suis resté plus de 8 ans ? Un peu, mais à peine. Est-ce que je m’ennuie de la ville dans laquelle j’ai vécu toute ma vie ? Oui, mais pas tant que cela… Je m’ennuie des petites choses… Les choses parfois même un peu stupides et insignifiantes. Des choses qui même sur le moment m’apparaissaient parfois insupportables. Et je m'ennuie des choses qui ne furent jamais.

Des impressions de choses qui ne sont jamais vraiment arrivées mais qui auraient pu se réaliser. Un souvenir d'événements potentiels. Et ces souvenirs sont aussi importants que les souvenirs des moments qui se sont réellement réalisés.

Et puis, il y a les souvenirs que je préfère oublier et ces moments oubliés et effacés sont également importants et sans importance.

Il y a même des photos des faux souvenirs et des écrits des moments effacés. Et encore une fois... ce n'est pas parce que c'est imaginé que ce n'est pas réel.

 

7 février 2007

Les archives de Pauline: Les rêves de petite fille

Il y a des événements qu'on ne peut changer. Des choses qu'on ne peut prévenir, qu'on ne peut empêcher. Elles arrivent  peu importe nos larmes, nos cris, nos soupirs.

Il y a des personnes qui décident de partir. D'abandonner. La souffrance est trop grande. Elles sont épuisées, toutes petites dans leur lit. Et elles partent. Et même si cela fait des années qu'on voit venir ce jour, il arrive soudainement. Sans prévenir.

Elle est partie. Des jours de souffrance qui se sont achevés lors de cette nuit. Et même si elle nous le disait depuis des années, nous n'étions pas préparé. C'est arrivé et on a rien pu faire. Pas de retour en arrière.

Et puis les années passent. Son absence est toujours aussi envahissante. Mais la vie continue. Et puis d'autres événementsMAriage surgissent à l'improviste, sans avertissement. Et peu importe qu'on le veuille ou non... qu'on l'accepte ou non... des décisions sont prises auxquelles on a rien à dire. Des vies se refont.

On est adulte. On est mature. On est raisonnable. On accepte. On se tait. Et on dit que c'est correct. Que deux vies furent séparées. Qu'une vie est restée seule et qu'aujourd'hui elle a trouvé une autre vie avec qui partager certains moments. Qui ne seront pas les mêmes.

Mais tout bas dans le fond de son coeur, il y a une petite fille qui pleure, qui crie et qui soupire qu,elle voudrait que ce soit comme avant... Qu'on sait que ce ne sera jamais pareil. Qu'on ne veut pas accepter, qu'on ne veut pas faire des sourires...

Mais la petite fille se tait, elle sait qu'elle ne doit pas parler. Car les rêves de petites filles n'empêcheront pas les jours de passer et la vie de continuer. Et on est fort. On est adulte et raisonnable. Et on dit à la petite fille de taire. On la laissera parler parfois dans le noir... mais pas trop souvent.

21 janvier 2007

Les archives de Pauline: Aujourd'hui, un anniversaire...

Ton anniversaire. Mais tu n'es pas là pour le célébrer. Tu n'aimais pas trop les anniversaires de toute façon. Tu n'aimais pas la vieillesse. Et tu disais même avoir peur des personnes âgées. Alors tu as préféré ne pas en devenir une. Nous on aimait bien célébrer ton anniversaire. Et trouver la petite chose qui te ferait plaisir tout en te faisant oublier que tu avais une nouvelle année d'ajoutée à ta vie.

Tu rouspétais contre tes rides, contre ton corps, contre tes années. Nous, on les aimait tes rides, ton corps et tes années. TuKM n'as jamais cessé d'être belle. Et ton rire était resté jeune.

Cette année, nous aurions fait un gâteau au chocolat, avec beaucoup de crémage. Ou peut-être aurions-nous opté pour une variété de petits gâteaux - tes préférés. Je t'aurais enfin donné ce disque avec toutes tes chansons préférées. Il y aurait même eu Le loup, la biche et le chevalier, tu sais cette chanson si douce. Ainsi que Deux petits chaussons de satin blanc qui danseraient sur le coeur d'un clown. Et aussi La petite diligence qui sur les beaux chemins de France s'en ira toujours en cahotant. Parce que tu chantais encore et toujours.

Tu aurais eu 67 ans.

Publicité
<< < 1 2 3 4 > >>
Publicité
Quelques pages d'un autre livre ouvert...
Publicité