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20 février 2014

Quelques livres de Camilla Läckberg - Commentaires

Läckberg002 - CopieLa princesse des glaces : roman / Camilla Läckberg ; traduit du suédois par Lena Grumbach et Marc de Gouvenain. -- Arles : Actes Sud, c2008. -- 381 p. ; 24 cm. -- ISBN 9782742775477. -- (Coll. Actes noirs)

Quatrième de couverture

Erica Falck, trente-cinq ans, auteur de biographies installée dans une petite ville paisible de la côte ouest suédoise, découvre le cadavre aux poignets tailladés d’une amie d’enfance, Alexandra Wijkner, nue dans une baignoire d’eau gelée. Impliquée malgré elle dans l’enquête (à moins qu’une certaine tendance naturelle à fouiller la vie des autres ne soit ici à l’oeuvre), Erica se convainc très vite qu’il ne s’agit pas d’un suicide. Sur ce point – et sur beaucoup d’autres –, l’inspecteur Patrik Hedström, amoureux transi, la rejoint.[...]

Commentaires personnels

Erica Falk revient à Fjällbacka, sa ville natale, à la mort de ses parents, afin de s'occuper de la probable vente de la maison familiale. Elle en profite pour continuer sa dernière biographie et pour redécouvrir sa ville. Elle découvre par hasard, le cadavre de son ancienne amie d'enfance, Alexandra ; nue dans une baignoire d'eau glacée et avec les poignets tailladés. Erica a de la difficulté à croire à un suicide et l'autopsie lui donnera raison. Elle s'implique rapidement dans l'enquête. Patrick Hedström, l'enquêteur en charge, est aussi un ami d'enfance d'Erica et a toujours eu des sentiments pour elle. Ils travailleront rapidement ensemble pour tenter de découvrir le meurtrier d'Alexandra. Comme dans toute petite ville, les rumeurs et les ragots font rapidement surfaces. Et très vite, les enquêteurs sont plongés dans les secrets, les mensonges, les jalousies et les vieilles histoires de la petite ville et de ses habitants.

Dans ce premier roman de la série, l'accent est beaucoup mis sur le personnage d'Erica : sa vie, son travail d'écrivain, son désir de rester dans sa maison familiale, sa relation avec ses parents décédés et surtout avec sa soeur qui est dans une relation difficile avec un mari abusif. On la suit aussi dans son enquête personnelle sur le meurtre de son ancienne amie d'enfance. On assiste également à la naissance d'une idylle avec Patrick, le policier en charge de l'enquête. Les personnages principaux sont très intéressants et bien développés. Les personnages secondaires sont également très bien développés. Ils s'intègrent très bien à l'histoire et on a envie de les retrouver. L'intrigue principale est classique mais très bien menée et les indices sont révélés petit à petit. Et la fin est inattendue.

On peut trouver l'écriture un peu simple et l'histoire d'amour un peu cliché, mais étrangement cela ne m'a pas dérangé du tout. J'ai beaucoup aimé les descriptions de la ville ainsi que des secrets et tragédies qui se cachent chez ses habitants. L'hiver suédois m'a enchanté et l'auteur nous y plonge avec délicatesse - si cela peut faire du sens ! Et j'ai particulièrement aimé le personnage d'Erica. Elle n'est pas sans défaut, mais c'est ce qui fait son charme.

Le prédicateur : roman / Camilla Läckberg ; traduit du suédois par Lena Grumbach et Catherine Marcus. -- Arles : Actes Sud, c2009. -- 375 p. ; 24 cm. -- ISBN 9782742781799. -- (Coll. Actes noirs)

Quatrième de couverture

Dans les rochers proches de Fjällbacka, le petit port touristique suédois dont il était question Läckberg003 - Copiedans La Princesse des glaces, on découvre le cadavre d'une femme. L'affaire se complique quand apparaissent, plus profond au même endroit, deux squelettes de femmes... L'inspecteur Patrik Hedström est chargé de l'enquête en cette période estivale où l'incident pourrait faire fuir les touristes et qui, canicule oblige, rend difficiles les dernières semaines de grossesse d'Erica Falck, sa compagne.
Lentement, le tableau se précise : les squelettes sont certainement ceux de deux jeunes femmes disparues vingt-quatre ans plus tôt. Revient ainsi en lumière la famille Hult, dont le patriarche, Ephraïm, magnétisait les foules accompagné de ses deux petits garçons, Gabriel et Johannes, dotés de pouvoirs de guérisseurs. Depuis cette époque et un étrange suicide, la famille est divisée en deux branches qui se haïssent.[...]

Commentaires personnels

Nous retrouvons encore une fois Erica et Patrick dans ce deuxième roman. Alors qu'ils commençaient à se fréquenter dans le premier roman, ils vivent maintenant ensemble dans la maison familiale d'Erica et cette dernière est enceinte. C'est maintenant l'été et il fait très chaud. La petite ville de Fjällbacka est remplie de touristes qui viennent profiter de la mer. Le cadavre d'une jeune fille est découvert et Patrick se charge de l'enquête. Mais en déplaçant le corps, les squelettes de deux autres femmes sont découverts. Son enquête le mène à une ancienne enquête liée à une famille connu, la famille Hult. Et on plonge dans le passé... un prédicateur et ses deux fils qui réalisent des guérisons miraculeuses, des disparitions mystérieuses, des soupçons, une dénonciation et le suicide du principal suspect. Le passé est lourd et pèse toujours sur la famille d'aujourd'hui. Il s'agit maintenant, pour Patrick et son équipe, de voir comment le passé rejoint le présent.

Et oui, nous retrouvons encore une fois Erica et Patrick. Mais j'ai nettement eu l'impression de perdre Erica dans ce roman. Le personnage principal est maintenant Patrick entouré de ses collègues. Erica est reléguée au second plan, en femme au foyer, enceinte jusqu'au cou, incapable de faire quoi que ce soit dans la chaleur et se battant avec des visiteurs qui s'imposent et avec sa soeur qui, même si elle a quitté le mari abusif, répète la même histoire avec un nouvel amant. Elle va bien contribuer un peu à l'enquête, mais à peine. Les personnages principaux et surtout leurs attitudes et réactions m'ont paru disparaître derrière les clichés. Seuls les personnages secondaires, comme Martin Molin (policier et principal collègue de Patrick), Mellberg, Annika, Gösta, Ernst et même la soeur d'Erica, Anna, m'ont paru plus intéressants et développés. Je me suis vraiment ennuyée d'Erica. Elle m'a semblé vraiment disparaître dans ce roman. Et je n'ai pas pu accepté l'évolution beaucoup trop rapide de la relation entre Erica et Patrick et surtout certaines attitudes très vieux jeux de Patrick (qui ne cadre pas du tout avec le personnage du premier roman).

J'ai aussi été un peu déçue par l'intrigue policière. Alors que le tout me semblait bien démarrer, j'ai trouvé que l'auteur a très mal exploité le côté "prédicateur sectaire". Les secrets de famille, les rumeurs, les mensonges et les révélations font encore parties de l'intrigue, mais sans rien fracasser. La conclusion était décevante et prévisible. Il y avait beaucoup trop de personnages du côté de l'intrigue policière... les acteurs du drame passé, la famille d'aujourd'hui, les autres familles des disparitions actuelles... beaucoup trop de monde, beaucoup trop de liens. Et à la fin, je ne suis plus du tout intéressée ni à l'enquête, qui a traînée en longueurs, ni au dénouement que j'ai trouvé peu crédible.

Läckberg004 - CopieLe tailleur de pierre : roman / Camilla Läckberg ; traduit du suédois par Lena Grumbach et Catherine Marcus. -- Arles : Actes Sud, c2008. -- 377 p. ; 24 cm. -- ISBN 9782742786626. -- (Coll. Actes noirs)

Quatrième couverture

[...] Un pêcheur de Fjällbacka trouve une petite fille noyée. Bientôt, on constate que Sara, sept ans, a de l’eau douce savonneuse dans les poumons. Quelqu’un l’a donc tuée avant de la jeter à la mer. Mais qui peut vouloir du mal à une petite fille? Alors qu’Erica vient de mettre leur bébé au monde et qu’il est bouleversé d’être papa, Patrik Hedström mène l’enquête sur cette horrible affaire. Car sous les apparences tranquilles, Fjällbacka dissimule de sordides relations humaines – querelles de voisinage, conflits familiaux, pratiques pédophiles – dont les origines peuvent remonter jusqu’aux années 1920. Quant aux coupables, ils pourraient même avoir quitté la ville depuis longtemps. Mais lui vouer une haine éternelle.

Commentaires personnels

Erica et Patrick ont maintenant une petite fille. Et ce n'est pas facile ni pour l'un ni pour l'autre. Évidemment, un drame n'est jamais loin et cette fois c'est le corps d'une petite fille qui est retrouvée dans la mer. Patrick se rend sur les lieux pour découvrir qu'il connaît l'enfant. C'est la petite fille d'une amie d'Erica. La mort d'un enfant n'est jamais facile, encore moins lorsqu'on connaît la famille et surtout lorsque l'on découvre que la mort d'apparence accidentelle est en fait un meurtre.

Ce troisième roman de Läckberg est construit un peu différemment des précédents. Alors que dans les deux premiers romans nous avions bien quelques retours en arrière dans le passé, ici ce procédé est beaucoup plus présent et important. Nous avons une histoire carrément parallèle. On se doute bien que cette histoire a une incidence dans le drame du présent, mais tous les liens ne seront révélés qu'à la toute fin.

Nous sommes immédiatement plongés dans l'histoire de la famille de la petite fille et des gens qui les entourent. Les chicanes, les querelles et guerres entre voisins qui prennent parfois des tournures tragiques, les secrets et mensonges, ... les vies troubles et troublées d'habitants de la petite ville d'apparence tranquille font encore une fois surface lors de l'enquête de Patrick.

L'intrigue est cette fois beaucoup mieux ficelée que dans le deuxième roman. J'ai retrouvé l'intensité du premier roman. Mais elle n'est pas sans défaut. Beaucoup trop de personnages, encore une fois. Et on place nombres d'éléments inutiles. On a l'impression que l'auteur avait envie de parler de certaines choses et qu'elle trouve le moyen d'en parler peu importe leur place dans l'intrigue : syndrome d'asperger, pédophilie... ces éléments m'ont semblé alourdir l'intrigue et ne rien y apporter.

Mais en général, l'intrigue principale fut très bien menée... enfin, jusqu'à la fin qui, elle, est complètement décevante : le dénouement et coupable, les liens entre l'histoire passée et le drame actuel... tous improbables. Et surtout, la façon dont Patrick résoud le meurtre... digne des mauvais drames policiers...

Les personnages secondaires sont encore une fois les plus intéressants. Mais surtout l'histoire se déroulant dans le passé. J'aurais carrément pu ne lire que ces passages. Erica est un peu plus présente dans ce roman, mais à peine. J'ai aimé son questionnement sur l'instinct maternel cependant. Très rafraîchissant et inhabituel. Même commentaire sur le caractère difficile de la petite victime. On parle rarement des enfants ayant ce genre de comportement. Bravo, à l'auteure.

Mais la fin... la toute fin... que dire... j'y reviens.

Voir aussi :

Sources à consulter

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19 février 2014

Quelques livres de Camilla Läckberg - L'auteur

Läckberg001Ces derniers temps, j'ai commencé à lire les romans de Camilla Läckberg. Une collègue adore absolument cette auteure et me l'avait chaudement recommandée. J'ai lu les trois premiers romans. Je pensais d'abord donner mes commentaires pour chacun de ces trois livres mais, une fois n'est pas coutume, je vais commenter les trois livres à la fois... Voyez-vous je lis rarement des séries. Et ce, pour plusieurs raisons... Mais j'y reviendrai.

L'auteur

Jean Edith Camilla Läckberg Eriksson est née à Fjällbacka en Suède en 1974. Elle aime écrire et raconter des histoires dès son enfance. Mais elle choisit de faire des études en économie à l'Universté de Göteborg. Elle travaille pendant quelques années comme économiste mais redécouvre sa passion pour l'écriture alors qu'elle suit un cours de création littéraire spécialisé en roman policier. Elle commence à écrire son premier roman pendant le cours. La Princesse de glace sera publié en 2003. Elle publie son second roman, Le Prédicateur l'année suivante.

Läckberg se consacre ensuite à l'écriture et les romans policiers se succèdent alors. Elle diversifie cependant aussi un peu ses intérêts. Elle publie des livres de cuisine et touche à la littérature jeunesse. Elle garde aussi quelques liens avec son passé d'économiste et est une collaboratrice de deux entreprises : Sahara (design de bijoux) et Sono Vaso (vêtements de maternité).

Elle a reçut de nombreux prix dont le Grand Prix de la Littérature policière en 2008 pour La Princesse de glace. Une adaptation de ses romans a été réalisée pour la télévision suédoise et il y a également eu une adaptation en bande dessinée de son premier roman. Elle vit aujourd'hui à Stockholm avec son mari et ses enfants.

Site web de l'auteur en anglais et en suédois. Page Facebook de l'auteure. Son compte Twitter.

Bibliographie sommaire

  • La princesse des glaces (2003)
  • Le prédicateur (2004)
  • Le tailleur de pierre (2005)
  • L'oiseau de mauvais augure (2006)
  • Cyanure (2006)
  • L'enfant allemand (2007)
  • La Sirène (2008)
  • À table avec Camilla Läckberg (2008) (Livre culinaire)
  • Le gardien de phare (2009)
  • La faiseuse d'anges (2011)
  • Fest, mat och kärlek (2011) (Livre culinaire)
  • Super-Charlie (2011) (Livre jeunesse)
  • Super-Charlie et le Voleur de doudou (2012) (Livre jeunesse)
  • Mord och mandeldoft (2013)
  • Super-Charlie och mormorsmysteriet (2013)

Commentaires personnels

Camilla Läckberg est surtout connue pour sa série de romans policiers débutant avec La Princesse des glaces et mettant en vedette la romancière Erica Falck et le policier Patrick Hedström. La série a été adaptée pour la télévision, cependant les épisodes ne reprennent pas les romans mais proposent plutôt de nouvelles histoires.

Les intrigues de cette de romans se déroulent toujours en grande partie à Fjällbacka, ville natale de l'auteure et de ses personnages principaux. Fjällbacka est un ancien port de pêche située sur la côte ouest de la Suède. C'est maintenant une ville balnéaire estivale très populaire. Les romans sont résolument ancrés dans la petite ville scandinave. Cette dernière est un personnage à part entière. Les saisons sont aussi très liées aux romans et à leurs intrigues, autant le froid hivernal que la chaleur écrasante des étés suédois.

La série reprent également les mêmes personnages dans chaque roman. Il y a bien sûr Erica Falk, romancière et Patrick Hedström, policier et un ami d'enfance. Mais nous retrouvons aussi d'autres personnages secondaires: Anna Maxwell, la soeur d'Erica et Lucas son mari, Dan Karlsson, ancien copain d'Erica et plusieurs collègues de Patrick, Matin Molin, Annika Jansson, Gösta Flygare, Ernst Lundgren et l'inspecteur principal, Bertil Mellberg.

Commentaires sur les livres et derniers commentaires à suivre...

Extrait

"Erica s'installa sur la véranda et regarda l'archipel. Cette vue lui coupait toujours le souffle. Chaque saison apportait sa mise en scène spectaculaire et cette journée proposait un soleil éblouissant jetant des cascades étincellante de lumière sur la glace épaisse qui recouvrait l'eau." (p.13 - La princesse des glaces)

Sources à consulter

11 février 2014

Dylanne et moi d'André Carpentier

dylan01wDylanne et moi : roman / André Carpentier. -- [Montréal] : Boréal, c2012. -- 134 p. ; 22 cm. -- ISBN : 978-2-7646-2169-1

Quatrième de couverture

« J’étais sans faim ni autre soif que d’ajouter de l’inédit à ma vie, ou de la réorienter. N’était-ce pas, inconsciemment bien sûr, pour cette raison que j’avais accepté cette aventure artistique à deux ? Pour me retrouver, moi, dans une nouvelle expérience de vie, comme on se retrouve soi et soi seul en voyage, en relation de front à front avec la multitude. Mais cela je le dis avec le recul. Sur le coup, je pensais à fuir. »

 

Un homme répond à une petite annonce parue dans un hebdo culturel. Il est médecin et il est en convalescence à la suite d’un cancer. Ladite annonce propose « une expérience artistique à deux – galants s’abstenir ». Après quelques échanges de courriels, il se rend à l’atelier d’artiste de Dylanne, et il est déconcerté devant l’originalité du projet qu’on lui propose.

 

André Carpentier propose ici une réflexion sur l’intériorité, la beauté, la complicité entre deux êtres, mais aussi sur l’imprévu qui peut survenir et auquel parfois on tente de se dérober

L'auteurdylan002

André Carpentier est né en 1947 à Montréal. Il obtient, en 1973, une maîtrise en Études littéraires à l'Université du Québec à Montréal (UQÀM) et en 1986, un doctorat en Études françaises à l'Université de Sherbrooke. Il commence à écrire dans les années 70 et reçoit en 1983 le Prix Boréal pour Du Pain des oiseaux. En plus d'écrire des romans, il touche également à la bande dessinée et écrit pour la revue L'Écran en 1974. Il sera également directeur adjoint au Pavillon international de l'Humour de Terre des Hommes.

Il enseigne à l'UQÀM mais travaille aussi comme animateur et critique littéraire à la radio de Radio-Canada.

Blogue.

Bibliographie partielle

  • Axel et Nicolas, suivi de Mémoires d'Axel (1973)
  • L'Aigle volera à travers le soleil (1978)
  • Rue Saint-Denis (1978)
  • Du pain des oiseaux (1982)
  • Journal de mille jours (1988)
  • De ma blessure atteint, et autres détresses (1990)
  • Carnet sur la fin du possible (1993)
  • Gésu retard (1999)
  • La renouée des oiseaux (1999)
  • Mendaint de l'infini (2002)
  • Ruelles, jours ouvrables (2005)
  • Dylanne et moi (2012)

Commentaires personnels (attention spoilers)

Note : Bon, j'ai averti que mon commentaires contenait des spoilers, mais je m'aperçois qu'il en contient beaucoup trop. J'ai beaucoup aimé le roman de Carpentier. C'est une belle lecture. Une exploration du paraître, de l'être, de l'âme et de la création artistique. C'est un texte intriguant et envoûtant. Si vous pensez le lire, ne lisez pas mon commentaire. Même si on devine assez rapidement l'essence de la démarche artistique de Dylanne, il serait dommage de ne pas le découvrir petit à petit au fil des mots et des séances artistiques.

[Spoilers à venir]

Un médecin répond à une petite annonce dans un journal de Montréal. Il a survécu à un cancer et est un peu à la recherche de lui-même. La petite annonce offre une expérience unique à vivre : "une expérience artistique à deux". Mais il est clairement dit que rien de sexuel ou romantique n'est proposé.

Après avoir sondé un peu le terrain, l'homme décide d'accepter la proposition de Dylanne et se rend à son studio. Mais la séance artistique le prend par surprise. Dylanne lui demande de se dévêtir, de prendre des poses mais surtout de la prendre, elle, en photo, alors qu'elle le regarde. Le modèle nu devient le photographe et doit photographier l'artiste qui l'observe. Malgré ses réticences et son esprit cartésien, il se laisse envahir par l'inspiration artistique de Dylanne.

Cette expérience le projette en lui-même et nu, se laisse envahir par l'expérience. Quand nous sommes nus, quand nous ne sommes plus protégés par les vêtements, nous sommes exposés. Notre vulnérabilité est exposée. Notre âme est à découvert. Et se dévoiler n'est jamais facile. Mais c'est ce que recherche Dylanne. Après cette séance, il quitte le pays pour faire du travail humanitaire. Il part à la recherche de lui-même et de son identité. Mais Dylanne ne quitte pas son esprit. Son expérience le pousse à sortir de son moule, à transgresser ce qu'il pensait être. Quand il revient au Québec, il décide de revoir Dylanne. Il la retrouve à une séance de signature de son livre "Derniers regards". Et alors, il comprend la démarche de Dylanne. La capture de ses derniers moments de voyante. Les derniers moments qu'elle a pu voir.

Il accepte alors de participer à une deuxième séance de photographie. Elle sera alors le photographe. Une photographe aveugle. Il a alors l'impression de ne plus exister. Elle ne le voit pas. Seul l'appareil le voit. Fige un moment. Capture un moment. Et si on n'existait que dans le regard de l'autre ; et surtout que si on avait conscience de ce regard.

Ces photographies feront parties d'un second livre. Mais l'homme n'arrive pas à se réconcilier avec cette dernière séance de photos. Il ne retrouve plus Dylanne. Et le roman de Carpentier est plein de silences. Le roman est lui même une multitude de moments captifs, de photographies, d'instants de vie. Le roman s'intitule Dylanne et moi et c'est exactement le résumé du livre. L'homme n'existe que par l'art de Dylanne. Ou encore, Dylanne force l'homme à vivre par son art, l'oblige à comprendre et dépasser ses propres limites. L'homme renaît grâce, à cause de Dylanne. Mais celle-ci disparaît petit à petit. Elle aura réussit à voir et à exister un peu plus longtemps à travers ces photographies.

C'est un roman sur la création et sur les limites de nos existences. Mais surtout sur comment nous pouvons aller au-delà des apparences et de nos limites, autant physiques que psychiques. C'est un texte tout en douceur et en lenteur. L'écriture est sobre mais puissante. Le roman en révèle finalement très peu. Nous ne saurons pratiquement rien sur l'homme et encore moins sur Dylanne. L'important est la démarche artistique. L'important est le dévoilement de nos faiblesses et notre capacité à en assumer les conséquences. L'important c'est notre regard sur nous-mêmes.

L'avis de Lali, David Hébert, Prospéryne, Jean-Michel Fortier,

Extraits

"Elle saisit mes mains, les souleva un instant vers son visage, et, comment dire ? elle les renifla avec l'insistance d'un animal. Et de même pour ma joue. Certes, cela me rappela sa demande expresse de ne porter ni parfum ni baume après-rasage le jour de la séance, mais je ne parvenais pas à saisir le lien avec les photos à faire. Elle me laissa sur place et, comme pour se l'approprier par les pieds et par tout le corps, elle arpenta l'espace dégagé du loft. Peut-être croyait-elle que le vide ne s'exprime jamais mieux que dans un lieu conçu pour être plein." [p.30]

"Des faisceaux lumineux tombant des fenêtres et des spots se répercutaient sur le plancher et faisaient rebondir des lueurs éblouissante par tout le loft. Dylanne s'y déplaçait à vitesse variable en déployant d'amples mouvements de bras et de jambes. Elle s'arrêtait inopinément, pivotait sur son axe, puis se remettait en marche. Le frottement de ses pieds nus sur le plancher produisait des couinements aigus, on aurait dit une guitare classique grinçant aux changements d'accords."[p. 41]

Sources à consulter

27 janvier 2014

Le poison des roses de Mirjam Pressler

Roses1Le poison des roses : roman / Mirjam Pressler ; traduit de l'allemand par François Mathieu et Dominique Taffin-Jouhaud. -- [Paris] : Calmann-Lévy, c2007. -- 262 p. ; 21 cm. -- ISBN 9782702138090. -- (Coll. Suspense (Calmann-Lévy (Firme)) [14].

Quatrième de couverture

Auteur de romans policiers à succès, Lisa Bratt mène seule une vie bien rangée après deux divorces, dans un univers douillet et volontairement isolé. Mais un soir, elle ramène chez elle Annabella, une jeune SDF victime d’une agression dont elle a été par hasard le témoin.

Leur trouble cohabitation dérègle totalement l’existence de Lisa. Elle continue cependant à travailler à son prochain roman – dont l’héroïne, une passionnée de roses, projette d’empoisonner son mari – et un jeu subtil s’installe bientôt entre la vie réelle et la fiction…

Mais la nuit où Lisa découvre Annabella totalement ivre, ce sont les souvenirs de sa propre enfance qui remontent à la surface. Après la mort de sa sœur jumelle, son père parti, Lisa n’a plus été pour une mère alcoolique que l’« enfant de reste »…

Tout en nuances, ce roman d’une grande justesse raconte, dans un style sobre et précis, le glissement inexorable d’une vie banale vers le cauchemar. Du grand art, qui n’est pas sans rappeler celui de Patricia Highsmith.

L'auteurRoses2

Mirjam Pressler est né en 1940 à Darmstadt en Allemagne. Elle étudie en art à Akademie für Bildende Künste à Francfort et les langues à Munich. Elle vivra un an en Israël. Puis elle retourne en Allemagne où elle a plusieurs différents emplois. Elle commence à écrire en 1979. L'année suivant, en 1980, son premier roman, Chocolat amer, reçoit le prix du livre de l'enfance et de la jeunesse d'Oldenbourg. Elle continue d'écrire, principalement pour la jeunesse, et est également traductrice. Elle reçoit de nombreux prix dont un prix spécial de la littérature jeunesse pour son travail de traductrice et des prix pour l'ensemble de son oeuvre. Elle vit aujourd,hui à Munich où elle continue à écrire et à traduire.

Site de l'auteur en allemand.

Bibliographie partielle

Bibliographie très extensive. Principalement des romans jeunesse et quelques romans pour adultes. Quelques titres ont été traduits en d'autres langues dont le français et l'anglais. Je n'ai cependant pas pu trouver de listes autres qu'en allemand. On peut trouver sa bibliographie complète en allemand sur Wikipedia.de.

Commentaires personnels

Encore une fois, je n'aurais jamais découvert ce roman, s'il n'avait été présent sur ma liste d'élagage. J'ai trouvé le quatrième de couverture alors j'ai décidé de le lire avant de l'envoyer dans la vente de livres... oui, car 5 prêts en 2007 et rien après, c'est la mort d'un livre en bibliothèque publique qui manque d'espace, à moins d'être un classique. Cruel mais c'est la vie.

Donc, nous avons ici une auteur de romans policiers, Lisa, un peu asociale et recluse. Elle a peu d'amis, sort rarement de chez elle. Elle consacre ses journées à l'écriture de son prochain roman dans lequelle elle raconte le futur assassinat d'un homme par son épouse qui cultive des roses. Un soir, elle assiste à une altercation entre une jeune fille et son copain. Elle intervient et finit par ramener cette jeune fille sans abri, Annabella, chez elle. Cette décision impulsive ne ressemble pas à Lisa, mais elle est d'abord heureuse de cette cohabitation. Mais rapidement, Annabella envahit la vie de Lisa. La jeune fille s'incruste chez Lisa et commence à envahir tous les aspects de sa vie. Elle profite de Lisa et la manipule. Elle finit même par influencer le roman que Lisa écrit.

Le roman oscille d'ailleurs entre les pages que Lisa écrit et sa relation avec Annabella. Les personnages du roman de Lisa prennent vie petit à petit et nous assistons à leur histoire. Les deux histoires s'entremêlent et se parlent. Ces deux histoires sont intéressantes mais comme d'autres lecteurs j'ai eu un faible pour l'histoire de la cultivatrice de roses. Et j'aurais presque voulu avoir un autre roman vraiment consacré à cette famille. Mais le roman dans son ensemble est vraiment bien construit.

La narratrice, Lisa, est un personnage beaucoup plus complexe qu'il n'apparaît au tout début. Et le personnage d'Annabella me semble décrit de façon superficiel. On n'arrive pas à vraiment connaître Annabella, mais cela m'apparait essentiel à l'histoire. L'essentiel du roman est la perception que Lisa a de son aventure avec Annabella. Et surtout ce sont ces sentiments qui sont mis au premier plan. Elle a besoin de sauver la jeune fille, elle s'essaie au rôle de sauveur, de mère, de mentor... Elle croit pouvoir sauver Annabella, elle est certaine qu'elle peut construire une relation avec elle. Mais Annabella n'est pas un ange. Elle manipule, profite de Lisa. Elle est même volontairement cruelle et perverse. Elle s'amuse et joue les victimes pour mieux profiter de l'auteur. Elle ne veut pas jouer le jeu de la relation mère-fille que Lisa veut tant vivre. Cette relation malsaine transforme tout de même Lisa. Elle l'oblige à confronter son passé, ses relations passées et actuelles, ses démons intérieurs. Mais Annabella finira par dépasser les limites de l'auteure.

Le roman de Pressler m'a envoûté. J'ai bien aimé ce jeu de manipulations qui va dans les deux sens. Car même si Annabella est le personnage qui est foncièrement et ouvertement manipulateur, Lisa exerce sa propre manipulation aussi. Le texte a bien quelques longueurs et j'ai eu quelques soupirs d'exaspérations face à la prétendue naïveté de la narratrice. Parfois, j'ai ragé devant l'obstination de Lisa a vouloir "sauver" la jeune fille. Et j'ai douté de la crédibilité de certaines actions des personnages. Et comme je l'ai dit, j'aurais bien aimé voir plus de finalité dans le roman que Lisa écrivait. Mais ces petites critiques ne changent pas le fait que j'ai beaucoup aimé le roman. Mirjam Pressler a une écriture efficace et joue avec les mots. Elle fait également parlé sa narratrice a une tierce personne. Lisa raconte son histoire a une personne, en lui disant "tu". Ce n'est pas un procédé facile et c'est souvent mal utilisé. Pressler le fait très bien.

Très bon roman. Alors pourquoi ne sort-il pas ? Je l'avoue, je ne l'ai pas élagué. Je l'ai mis dans la section "coup de coeur" (même si ce n'est pas nécessairement un coup de coeur, je l'ai suffisamment aimé pour l'y mettre) et évidemment quelqu'un l'a emprunté tout de suite. Tant de livres oubliés, trop de livres oubliés.

Extraits

"Il est étrange, n'est-ce pas, qu'il soit beaucoup plus difficile de raconter des épisodes gais et agréables que de narrer des événements dramatiques; C'est pareil en littérature, quand un auteur décrit trop de faits joyeux au quotidien, les lecteurs que nous sommes se mettent à penser, oui d'accord, j'ai pigé : il sourit, elle sourit, le soleil brille dans le ciel azuré, les pensées fleurissent dans les massifs du jardin public, mais qu'est-ce que ça signifie, qeul rapport avec moi; et nous nous ennuyons, alors que les déceptions, les humiliations, une haine subconsciente éveillent des souvenirs et nous incitent à comparer, apprécier classifier ce qui nous est personnel en fonction de ce qui vient d'ailleurs, et à recréer constamment notre passé jusqu'à en avoir limé toutes les aspérités." p. 45

Sources à consulter

26 janvier 2014

Le moment captif d'un dimanche : effeuillée

2013-12b"L'arbre se sauve en faisant tomber ses feuilles." [P.J. Jouve]

Un livre se ferme. Une feuille s'échappe sournoisement. Elle tombe doucement sur le sol. Elle porte l'histoire de nos vies. Chaque nervure est une cicatrice naturelle. Une ride sur ma peau.

J'ai froid. Je regarde la feuille tombée et je sais que je dois me sauver. Je dois quitter cet endroit. Suivre l'autre feuille qui tombe un peu plus loin. C'est une erreur. Je le sais. Je dois récupérer toutes les feuilles. Je me retourne. Je dois retrouver la première page. Je fouille dans la neige. Je ne trouve plus mon chemin. Je ne vois plus la trace de mes pas dans la neige.

Où se trouve la première page. La première feuille se cache dans un rayon de soleil. J'ai failli la détruire. Je me penche. Je suis incapable de la cueillir. Je dois refaire ma vie et la retranscrire sur d'autres feuilles qui feront de nouveaux livres. Je soupire et je récupère ma vie. Je me souviens des feuilles passées qui sont tombées des arbres qui se sont sauvés trop vite. Je souris. Je poursuis ma route.

"Mes livres ne sont pas des livres, mais des feuilles détachées et tombées presque au hasard sur la route de ma vie." [Chateaubriand]

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16 janvier 2014

J'haïs le hockey de Barcelo - Commentaires personnels

Hockey1J'haïs le hockey : roman / François Barcelo. -- [Montréal] : Coups de tête, c2011. -- 111 p. ; 21 cm. -- ISBN 9782896710003. -- (Coups de tête ; 45)

Quatrième de couverture

Antoine Vachon haït le hockey. À la suite de l'assassinat de coach de l'équipe de hockey de son fils, Antoine se voit pourtant contraint de le remplacer à pied levé, sans savoir alors que sa vie va changer. Le flou persiste. Qui a assassiné le coach ? Et surtout, pourquoi ? Le fils d'Antoine aurait-il quelque chose  à voir dans tout cela ? L'entraineur était pourtant connu et apprécié dans sa communauté, il s'occupait bien de ses joueurs, trop bien peut-être...

François Barcelo signe ici un roman vif, nerveux, outrageux, sensible, noir, étonnant, skakespearien, tragique , sportif, amoureux, désillusionné, un roman sur l'amour, sur la trahison, sur l'incompréhension...

Commentaires personnels

Quel horroble quatrième de couverture. Il commence pourtant très bien et attire mon attention, ensuite il en dit un peu trop. On peut presque deviner. Et puis, ce dernier paragraphe... hum, il me semble qu'on a dû oublier un adjectif, non ? Non mais, c'est quoi l'idée de l'éditeur de décrire ainsi le roman de son auteur... peut-on avoir plus fourre-tout comme énumération. C'est dommage car si certains adjectifs collent très bien et d'autres moins bien, c'est le côté "je vous fais une analyse toute faite du roman de mon auteur... vous n'avez pas y réfléchir" qui m'achale vraiment beaucoup. Heureusement, cela ne m'a pas empêcher de lire le livre et de l'aimer.

Disons-le tout de suite, je ne déteste pas le hockey. Mais je ne suis pas non plus une fan finie. J'aime bien écouter une partie mais je trouve un peu fou, la passion de certains amateurs et je dois avouer que je me bidonne bien lors des commentaires de certaines émissions sportives. Des analyses dignes des plus sérieuses analyses politiques ou économiques transposées au moindre jeu ou joueurs. C'est fascinant. Mais il faut souligner que ce n'est pas particulier au hockey, c'était bien pire en Espagne avec le fùtbol ! Mais je m'éloigne... Et juste pour terminer cette disgression, il faut souligner qu'on n'a pas besoin d'aimer ou haïr le hockey ou même de connaître le jeu, pour lire et apprécier le roman. Juste être un peu familier avec la passion ou la haine qu'on peut entretenir avec un sport...

Et donc, le personnage principal, Antoine Groleau haït le hockey, de façon viscérale. Et disons qu'au Québec, quelqu'un qui haït le hockey à ce point, surtout un "gars", c'est rare (c'est évidemment beaucoup plus commun que la mythologie hockeyesque québécoise veut le laisser croire, mais bon.). Ce n'est pas le personnage le plus reluisant, c'est un peu un perdant, comme on dit... mais avec un "grand coeur", vous voyez le genre ? Il a perdu sa femme, son emploi... il est désespéré. Et donc malgré le fait qu'il déteste le hockey et qu'il n'y connait absolument rien, il se voit obligé de devenir le coach de l'équipe de son fils, après que l'entraîneur habituel ait été assassiné. Il ne veut pas "jouer au coach", mais c'est d'abord, pour lui, un moyen de se rapprocher de son fils. Puis cette mésaventure d'entraîneur suppléant et inadéquat se transforme en enquête - ou quête - pour savoir ce qui est vraiment arrivé au coach et surtout pourquoi... Les réponses qu'il imagine ou finit par découvrir sont loin d'être jolies.

Et donc le roman commence un peu sur note humoristique mais rapidement, l'humour devient noir et puis, on ne rit plus du tout, et on touche un peu le tragique. Des choses horribles ont eu lieu, les personnages morts et vivants, jeunes et vieux ne sont pas ce qu'ils semblaient être et le "gars" un peu looser redevient rapidement un père. Le roman est court et le rythme rapide. Et la fin est inattendue et troublante. Et oui, on tombe dans des sujets difficiles, mais le roman est si court qu'on n'arrive pas à réaliser sur le moment tout le tragique de l'histoire. C'est très efficace comme écriture.

Dernier point... le narrateur, comme vous pouvez le lire dans les deux extraits que j'ai mis plus bas, s'adresse continuellement au lecteur. Habituellement, dans un roman, je supporte difficilement. Cela passe mieux à l'écran je trouve, petit ou grand - mais pas toujours. Il est difficile de briser le 4e mur, surtout en littérature, sans tomber dans le surfait et le cliché. Mais ici, étrangement, cela ne m'a pas du tout incommodé, j'ai même été amusée et charmée par ces répliques.

La bibliographie de l'auteur est longue et bizarrement c'est le premier livre que je lis de Barcelo. Ce ne sera pas le dernier.

(Oh et pour la forme, il y a une grosse différence entre dire "je hais le hockey" et "j'haïs le hockey"... le deuxième est plus viscéral !)

L'avis de Richard , Fibula, La Bouquineuse

Voir aussi : J'haïs le hockey de Barcelo - L'auteur

Extraits

"Je vais vous avouer une chose : j'haïs le hockey. Oui, je sais que c'est pas français, qu'on doit dire "je hais le hockey". Ou encore "je déteste le hockey". Mais quand on haït le hockey comme j'haïs le hockey, on a le droit de dire "je l'haïs". Si je suis là avec vous ce soir, c'est parce qu'on a trouvé personne d'autre. J'ai le malheur d'être le père de l'un d'entre vous et le président Beauchemin avait mon numéro de téléphone." p.30

"Je parie que vous y avez pensé avant moi : Colombe ! Vous avez raison : ça pourrait être Colombe. Elle est en forme. Elle a fait un demi-marathon l'été dernier. Ce n'est pas pour rien qu'elle est si bien conservée. Et elle est forte. Je le sais, elle m'a giflé, deux ou trois fois avant de me mettre à la porte." p. 74

Sources à consulter

15 janvier 2014

J'haïs le hockey de Barcelo - L'auteur

Hockey1

J'haïs le hockey : roman / François Barcelo. -- [Montréal] : Coups de tête, c2011. -- 111 p. ; 21 cm. -- ISBN 9782896710003. -- (Coups de tête ; 45)

Quatrième de couverture

Antoine Vachon haït le hockey. À la suite de l'assassinat de coach de l'équipe de hockey de son fils, Antoine se voit pourtant contraint de le remplacer à pied levé, sans savoir alors que sa vie va changer. Le flou persiste. Qui a assassiné le coach ? Et surtout, pourquoi ? Le fils d'Antoine aurait-il quelque chose  à voir dans tout cela ? L'entraineur était pourtant connu et apprécié dans sa communauté, il s'occupait bien de ses joureurs, trop bien peut-être...

François Barcelo signe ici un roman vif, nerveux, outrageux, sensible, noir, étonnant skakespearien, tragique , sportif, amoureux, désillusionné, un roman sur l'amour, sur la trahison, sur l'incompréhension...

L'auteur

François Barcelo est né en 1941 à Montréal. Il commence à écrire très jeune, influencé par sa mère qui est elle-même écrivaine. Alors qu'il est dans son adolescence, il remporte un prix littéraire (Radio-Canada) pour jeunes auteurs. Ses oeuvres se retrouvent également finalistes dans le Prix du Cercle du livre de France. Hockey2

Il fait des études littéraires à l'Université de Montréal et obtient une maîtrise. Il continue à écrire et son oeuvre comprend des romans jeunesses, des essais et des romans pour adultes. Il est aussi, pendant un certain nombre d'années, publicitaire, travaille pour plusieurs agences et devient même le vice-président de J.Walter Thompson. Il publie son premier roman en 1981 et remporte le Prix du Gouverneur général en 2006 pour son roman jeunesse La Fatiguante et le Fainéant. Son roman pour adultes, Cadavres, publié en 1998, sera publié par Gallimard et est adapté au cinéma en 2008.

Il continue aujourd'hui à écrire autant pour la jeunesse que pour un public adulte et recevra de nombreux prix. Son oeuvre est traduite en nombreuses langues.

Site Web de l'auteur (avec une biographie complète)

Bibliographie partielle

  • Agénor, Agénor, Agénor et Agénor (1981)
  • La Tribu (1981)
  • Ville-Dieu (1982)
  • Aaa, Aâh, Ha ou les amours malaisées (1986)
  • Nulle Part au Texas (1989)
  • Les Plaines à l'envers (1989)
  • Je vous ai vue, Marie (1990)
  • Le Voyageur à six roues (1991)
  • Ailleurs en Arizona (1991)
  • Pas tout à fait en Californie (1992)
  • Longues histoire sourtes (nouvelles) (1992)
  • De Loulou à Rébecca (et vice versa, plus d'une fois) (sous le pseudonyme d'Antoine Z. Erty) (1993) 
  • Moi, les parapluies… (1994)
  • Vie de Rosa (1996)
  • Vie sans suite (1997)
  • Cadavres (1998)
  • Pince-nez le crabe en conserve (roman jeunesse) (1999)
  • Tant pis (2000)
  • Une histoire de pêche (2000)
  • Chiens sales (2000)
  • L'ennui est une femme à barbe (2001)
  • J'enterre mon lapin (2001)
  • Route barrée en Montérégie (2003)
  • Rire noir (Nouvelles) (2004)
  • Le Nul et la Chipie (roman jeunesse) (2004)
  • Bossalo (2005)
  • Les Pas de mon papa (roman jeunesse) (2005)
  • Bonheur Tatol (2006)
  • Dernier soir sur un pont (nouvelles) (2006)
  • La Fatigante et le Fainéant (roman jeunesse) (2006)
  • Les Mains de ma maman (roman jeunesse) (2006)
  • Chroniques de Saint-Placide-de-Ramsay (2007)
  • Petit Chien pas de pattes (2008)
  • Fantasia chez les Plouffe (2010)
  • Le Seul Défaut de la neige (2010)
  • Petit héros fait caca comme les grands (roman jeunesse) (2010)
  • Le menteur et la rouspéteuse (roman jeunesse) (2010)
  • J'haïs le hockey (2011)
  • J'haïs les bébés (2012)
  • J'haïs les vieux (2013)

Commentaires personnels à suivre...

Sources à consulter

15 octobre 2013

L'invitation de Pairolí

DSC_4225L'invitation / Miquel Pairolí ; traduit du catalan par Anne Charlon. --[Paris] : Éditions Autrement, [c 2011]. -- 166 p. ; 19 cm. -- ISBN 978-2-7467-1531-8. -- (Coll. Littératures - tinta blava ; créée et dirigée par Llibert Tarragó)

Quatrième de couverture

Nous sommes en 1939. Pour sauver leur fils condamné à mort par les franquistes, M. et Mme Forest sont prêts à tout. D'abord intrigués par l'invitation à dîner du commissaire Carpentier, ils décident de saisir leur chance.

Récital d'opéra, domestiques impassibles, conversations saugrenues : les Forest sont désarçonnés. Vont-ils enfin pouvoir parler de leur fils ? Sans compter cette interminable succession de mets au goût férocement épicé...

L'auteur

Miquel Pairolí i Sarrà est né en 1955 à Quart dans la province de Girona (Gérone) en Espagne. Ses parents sont des agriculteurs. Il fait ses études primaires et secondaires à Gérone. Dans les années '70, il étudie en langue et littérature hispanique (philologie hispanique) en se concentrant sur l'aspect catalan, d'abord au collège universitaire de Gérone puis à l'université autonome de Barcelone. En 1976, il commence à travailler comme journaliste et

mp1collabore à la revue Presència. Les années suivantes, il écrit dans les pages littéraires de Avui et puis dans Punt Diairi. Après son service militaire, il continue dans la voie journalistique mais donne également des cours de catalan aux adultes.

Ce n'est qu'à partir de 1987, qu'il se consacre au journalisme ainsi qu'à son oeuvre littéraire. Il écrit plusieurs romans, ainsi que des essais, des biographies, une pièce pour le théâtre et un scénario pour la télévision. Il fait également quelques traductions. Son oeuvre a été primée à quelques reprises, notamment son roman Cera.

Il décède le le 6 juillet 2011 à Salt, tout près de Girona.

Le site de l'auteur en catalan.

Bibliographie sommaire (romans)

  • El camp de l'Ombra (1995)
  • El convit (1998) (L'invitation, 2001)
  • El manuscrit de Virgili (2004)
  • Cera (2008)

Bibliographie complète sur le site de l'auteur.

Commentaires personnels

L'invitation de Miquel Pairolí est un roman qui m'a beaucoup troublé. Je l'ai lu d'un seul souffle et même si j'avais partiellement deviné la fin, j'ai tourné la dernière page en tremblant. Comment un roman si bref pouvait-il contenir tant de cruauté sans pourtant en dire beaucoup ?

L'histoire est simple en somme. L'auteur nous raconte l'histoire d'un repas. Un repas rempli d'ambiguïtés, de sous-entendus, de menaces, mais surtout de haine et mépris. Tout le roman se passe en huis clos lors de ce repas. Enfin, sauf une première scène qui nous présente l'exécution d'un prisonnier de guerre.

Nous sommes en Espagne, plus précisément en Catalogne en 1939. La Guerre Civile est officiellement terminée et Franco a gagné. La guerre fut difficile partout. Les franquistes sont au pouvoir et exercent une impitoyable répression. Les émotions sont à fleur de peau. Ceux qui ont gagné, ceux qui ont perdu. La haine, la rancune, la soif de vengeance, le désir de régler de vieux comptes. Certains ont maintenant un nouveau pouvoir qu'ils comptent bien exercer. Il leur est possible de faire payer d'anciennes humiliations, de se venger des affronts dont on ne se souvient même pas, dont on n'est même pas conscients avoir faits.

Le fils adoptif des Forest a été arrêté et emprisonné. C'est un rebelle et il est condamné à mort. Il sera exécuté. Dans un dernier effort pour le sauver, les Forest demande l'aide du nouveau commissaire de police, Carpentier. Devant leur supplication, Carpentier, étrangement, leur envoie une invitation pour un dîner chez lui. Pourquoi les inviter chez lui ? On s'interroge sur ses motivations dès le début. Il aurait pu les rencontrer à son bureau ou même rendre sa décision sans même les rencontrer... On se doute donc qu'il a ses propres motivations. Et on sent déjà la malveillance dans cette invitation.

Le texte nous présente tout d'abord la famille Carpentier. Nous les voyons attendre l'arrivée des Forest. Je ne peux que souligner le texte de Pairolí qui est tout en subtilité mais qui nous enveloppe totalement dans un brouillard malsain. Puis les Forest arrivent et le repas commence. La façon dont le repas se déroule, les propos futiles et l'arrogance du clan Carpentier, les mouvements des serviteurs, la frustation, l'espoir, le désespoir et le dégoût des Forest... tout est malaise. Un malaise qui commence doucement mais qui devient visqueux. On ne peut que voir un danger se propager, mais bizarrement, on sait que les Forest ne sont pas menacés physiquement. Ce sera pire que ça.

On devine tout de suite que Carpentier veut se venger des Forest et qu'il fera payer cher la vie de leur fils. Cette invitation est remplie de mépris. Mais le mépris appelle le mépris et cette invitation n'est pas innocente. Les invitations qui ne furent jamais faites sont aujourd'hui payées. Et le repas ne pourra jamais être digéré. Et j'en dis trop.

Les personnages principaux sont beaucoup plus complexes qu'on ne le croit. Et chaque parole, chaque action, et surtout chaque description est nécessaire et horrible. Les apparences sont parfois trompeuses, les épices cachant la vérité.

Miquel Pairolí est un artiste, il excelle à masquer l'évidence dans le banal... une chanson, une histoire, une fable, un conte. Comme tout conte, on ne peut que se questionner... a-t-on le droit de punir une injustice et un affront par autant de monstruosité... aussi subtile soit-elle.

Les mots de l'auteur sont efficaces et précis. Il y a tant de brutalité dans les phrases mais jamais de vulgarité. Dans ces quelques pages, on sent toute la rancoeur des nouveaux dirigeants, on sent le ressentiment et l'incompréhension entre les classes sociales... mais on ne peut comprendre les moyens incroyables, extrêmes et immoraux qu'on peut prendre pour se venger d'anciennes injustices. Le roman est tout en malaise et humiliation, chaque parole, chaque geste est chargé intensité.

J'ai l'impression que je ne fais que souligner l'incroyable densité et intensité du texte de Pairolí. Mais je dois aussi dire à quel point les mots de l'auteur sont précis et efficaces. On lit le texte facilement. On se laisse prendre et envelopper par son style et la lourdeur du propos ne touche jamais le texte. Le suspense reste jusqu'à la fin, même si on devine une partie de la réalité de ce repas. Et on sent que la folie n'est jamais loin.

Oh... et si ce n'est pas clair... c'est un coup de coeur total ! C'est un roman incroyablement troublant...

L'avis de Clara

Extraits

"Le rire de Carpentier se fit alors presque insultant, un rire gras, franc, qui dégénéra en une quinte de toux bronchitique. Rubèn était parfois tellement naïf ! [...] -- Ils ne savent rien ? -- Évidemment ! Qu'est-ce que tu t'imagines ? Tu sais, mon petit, cette soirée promet d'être très, très amusante. Je te recommande donc de prendre tout cela comme un jeu. Si tu le fais, tu vas passer un excellent moment, vraiment excellent." p.16-17.

"Forest hésita un instant. Il aurait voulu ériger un monument à la vérité. Dire d'une voix claire, sur un ton cynique, quelques mots bien sentis, se lever et partir. Mais ils ne pouvaient pas, dans leur situation, s'offrir ce plaisir. C'est pourquoi Forest ravala tout ce qu'il aurait voulu dire, comme il avait avalé tous ces plats qui leur avaient été servis, et il ne put que mâchonner une réponse polie, qu'il voulut stricte et brève." p. 96

À consulter

23 juillet 2013

Le goût des pépins de pomme de Katharina Hagena

Pepin1Le goût des pépins de pommes / Katharina Hagena ; traduit de l'allemand par Bernard Kreiss. -- [Paris] : Éditions Anne Carrière, 2010. -- 285 p. ; 18 cm. -- ISBN 978-2-253-15705-2. -- (Coll. Livre de poche ; 32131).

Quatrième de couverture

À la mort de Bertha, ses trois filles et sa petite-fille, Iris, la narratrice, se retrouvent dans leur mainson de famille, à Bootshaven, dans le nord de l'Allemagne, pour la lecture du testament. À sa grande surprise, Iris hérite de la maison. Bibliothécaire à Fribourg, elle n'envisage pas, dans un premier temps, de la conserver. Mais à mesure qu'elle redécouvre chaque pièce, chaque parcelle du merveilleux jardin, ses souvenirs font resurgir l'histoire émouvante et tragique de trois générations de femmes. Un grand roman sur le souvenir et l'oubli.

L'auteur

Katharina Hagena est née en 1967 à Karlsruche. Elle fit des études en littérature allemande et anglaise à Marbourg,

Fribourd-en-Brisgau et Zurich. Elle passera deux ans à Dublin pour y rédiger une thèse sur James Joyce qu'elle présente en 1995.

Elle commence à enseigner la littérature en 1995, tout d'abord au Trinity College à Dublin Pepin2puis à l'Université d'Hambourg et à celle de Lünebourg. Elle occupera ces postes jusqu'en 2002. Elle vit aujourd'hui à Hambourg avec sa famille et travaille comme pigiste. Elle publie également des romans pour adultes et pour enfants.

Site de l'auteur (en allemand)

Bibliographie sommaire

  • Der Gerschmack von Apfelkernen (Le goût des pépins de pommes) (2008)
  • Grausi schaut unter den Stein (pour enfants) (2008)
  • Albert Albatros albert (pour enfants) (2010)
  • Vom Schlafen und Verschwinden (L'envol du héron) (2012)

Commentaires personnels... (bon...disons plutôt expérience de lecture !)

Je ne sais si j'aurais lu ce livre s'il n'était pas arrivé sur mon chariot de dons à évaluer. Le titre et la couverture auraient sûrement attiré mon regard, mais comme le livre date de 2008, je ne pense pas que j'aurais croisé son chemin. Il était donc sur mon chariot de dons. Petit livre de poche pas tout neuf. Nous ne gardons que rarement les livres de poche, ils vieillissent malheureusement trop mal. Ils vont donc directement dans la vente de livres (s'ils sont encore présentables, on s'entend). 

J'ai donc pris le livre pour le mettre de côté et c'est alors qu'il a attiré mon attention. Le titre bien sûr que je trouve magnifique. Surtout que les pépins de pomme sont toxiques. Bon, il faudrait en manger beaucoup pour que cela cause des problèmes, mais le titre m'a tout de suite intrigué. La couverture est bien jolie, je lis donc le quatrième de couverture. Là, bon, c'est ok. Il ne m'attire pas particulièrement mais n'est pas non plus inintéressant. Ce n'est pas habituellement, le genre de livre qui m'intéresse. Et le fait que le personnage principal soit bibliothécaire me fait hésiter... je n'ai pas trop eu de chance avec les bibliothécaires dans la littérature. Mais le titre... le titre m'envoûte littéralement ! Alors, je décide de l'acheter et de le lire.

Disons-le tout de suite, le titre ne fut pas le seul à m'envoûter ! Et quand j'adore un livre, soit je le lis en un respire, soit je le savoure à petites doses. Et c'est ce que j'ai fait avec le roman de Katharina Hagena. J'ai mis un temps fou à lire les 285 pages. Quand je lisais plus de 20 pages à la fois, je m'obligeais à le reposer. Pour que jamais il ne se termine.

Je vous préviens tout de suite cependant... ce n'est pas un grand roman. Rien de renversant. Et les avis (fort nombreux sur Babelio et sur la blogosphère) sont partagés. Mais moi... il m'a touchée.

L'histoire ? Une vieille dame, souffrant d'Alzheimer depuis de nombreuses années, décède. Ses filles et son unique petite-fille se réunissent pour les obsèques. Et c'est Iris, la petite-fille, qui hérite de la maison familiale. Va-t-elle la garder ? Elle ne croit pas mais elle emménage quelques jours pour y réfléchir et pour se décider. Le récit se partage ensuite inégalement entre le quotidien d'Iris pour les quelques jours qui suivent et les souvenirs. Le passé prend la majeure partie du texte. Nous revivons la vie des différentes femmes qui ont laissé leurs parfums à la maison. Trois générations. Il y a bien quelques traces des hommes aussi. Mais si peu. Les souvenirs sont parfois ceux d'Iris, réels ou devinés, parfois ceux d'autres personnages. On sent bien qu'il y a une part de vérités et une part de mensonges dans ses souvenirs d'événements passés. Mais se souvenir n'est-il pas souvent travestir la réalité ? On embellit, on amplifie, on diminue. On tricote des souvenirs sur ce qu'on nous a raconté. On s'approprie les souvenirs des autres. Et on oublie la plupart des moments passés.

Il y a beaucoup de souvenirs dans ce roman. Et beaucoup de secrets. Beaucoup de larmes aussi. Et quelques rires. Beaucoup d'improbabilités aussi, surtout dans le présent, mais contrairement à certains, cela ne m'a pas dérangé. Comme les souvenirs, la mémoire altère parfois aussi le présent et c'est ainsi que j'ai lu les moments "actuels" du roman. Et les robes anciennes, les rencontres fortuites et fréquentes, les pics-nics improbables et les jardins impossibles ne m'ont pas causé de soucis dans ma lecture.

L'écriture de Hagena est douce, remplie de descriptions charmantes et souvent invraisemblables. Et les figures de style sont innombrables. Je me demande à quoi le roman ressemble en allemand. Dans cette traduction française, il m'a paru rempli de musique, de saveurs et d'odeurs. Je n'aime habituellement pas les longues descriptions et les figures de style qui se multiplient, mais ici j'ai tout simplement adoré.

Et à chaque fois que j'ai refermé le livre, je n'ai pu m'empêcher de plonger moi aussi dans mes souvenirs. Et de les voir autrement. Les magnifier, les romancer, les transformer, les diminuer... Et à les revivre et les raconter dans ma tête, ils m'ont semblés nouveaux.

(Note: Et la bibliothécaire dans tout cela ? Et bien, pour moi, c'est la seule petite contrariété du roman... quand lirais-je une description réaliste d'un bibliothécaire ? Je ne l'espère plus vraiment !)

Extraits

"Tante Anna est morte à seize ans d'une pneumonie qui n'a pas guéri parce que la malade avait le coeur brisé et qu'on ne connaissait pas encore la pénicilline." p. 9

"Bertha commençait par croquer rapidement un large anneau autour du ventre de la pomme, puis elle grignotait prudemment le bas autour de la fleur, ensuite le haut entourant le pédoncule, quant au coeur, elle le jetait au loin par-desus son épaule. Anna mangeait lentement et consciencieuement, de bas en ahut - tout. Les pépins, elle les mâchonnait durant des heures. Lorsque Bertha lui disait  que les pépins étaient empoisonnés, Anna répliquait qu'ils avaient un goût de massepain. Elle ne recrachait que la queue. C'est Bertha qui m'a raconté cela un jour en constatant que je mangeais les pommes exactement comme elle." p.71

"Les billets se sont multipliés. Lorsque nous étions à Bootshaven, il en voltigeait de toutes parts. Comme il y avait toujours du courant d'air, les papiers flottaient lentement à travers la cuisine comme les grandes feuilles des tilleuls en automne, dehors, dans la cour." p.161

À consulter

 

3 avril 2013

Stigmates et BBQ de Dompierre

dompStigmates et BBQ : roman / Stépane Dompierre. -- [Montréal] : Québec Amérique, [c2011]. -- 249 p. : 22 cm. -- ISBN 978-2-7644-1296-1. -- (Coll. Littérature d'Amérique / dirigée par Isabelle Longpré, no 91)

Quatrième de couverture

En participant au concours proposé sur l'emballage de sa marque favorite de pain blanc, Nathalie souhaitait gagner le troisième prix, un magnifique barbecue à gaz de marque Major Flam en acier inoxidable avec grilloir en fonte émaillée, thermomètre intégré, bouton-pressoir d'allumage électronique, deux tablettes latérales en bois et housse de protection. Mais non, avec sa malchance habituelle, il avait fallu qu'elle gagne l'Italie.

Les préférences de Nathalie Duguay ont toujours été du côté de la routine rassurante et de l'anonymat. La visite d'une chapelle à Sienne lui fera perdre tout ça rapidement. La vie, plus forte que la force d'inertie, la fera sortir de sa zone de confort à grands coups de pied de cul.

Croyez-vous aux miracles ?

Dans son quatrième roman, Stéphane Dompierre nous emmène pour dix jours à Sienne, ou l'amitié et les liens mystérieux qui unissent les humains sont au centre d'un voyage initiatique nouveau genre. Et ce, toujours avec cette plume qui le caractérise, entre humour, cynisme, irrévérence et petits blasphèmes.

L'auteurBBQ1

Stéphane Dompierre est né en 1970 à Montréal. Il étudie en musique et joue avec plusieurs groupes, mais il commence rapidement à écrire. Il écrit son premier roman, Un petit pas pour l'homme, en 2004. La même année, il reçoit le Grand Prix de la relève littéraire Archambault.

Il écrit des nouvelles et plusieurs articles, notamment une chronique hebdomadaire sur le portail de Yahoo! Québec et dans le magazine Elle Québec. Il est également scénariste pour la télévision et le cinéma et est très actif sur la scène littéraire québécoise.

Bibliographie

  • Un petit pas pour l'homme (2004)
  • Mal élevé (2007)
  • Jeunauteur T.1 (BD avec Pascal Girard) (2008)
  • Morlante (2009)
  • Jeunauteur T.2 (BD avec Pascal Girard) (2010)
  • Stigmates et BBQ (2011)
  • Amour et libertinage (collectif) (2011)
  • Corax (2012)
  • Dictionnaire de la révolte étudiante (collectif) (2012)
  • Fâché noir (2013)

Blog de l'auteur, sa chronique Faché noir (sur Yahoo! Québec) et son site,

Commentaires personnels

Il arrive qu'un quatrième de couverture nous donne envie et qu'une couverture nous fasse sourire. On prend alors le livre et on commence sa lecture avec impatience. Et puis, après la dernière page, on referme le livre tristement. A-t-on apprécié notre lecture? Oui. A-t-on aimé ? Pas vraiment. A-t-on détesté ? Pas vraiment. Alors ? Et bien, ni chaud, ni froid. Quelques bons passages, plusieurs roulements des yeux. Au final, une histoire pleine de promesses, des moments intéressants, des moments inutiles et une fin décevante.

Une femme ordinaire, routinière et banale, à la limite de l'insignifiance, participe à un concours dans l'espoir de gagner un barbecue à gaz. Le genre de rêve que l'on trouve banal mais qui satisfait pleinement Nathalie Duguay. Elle fait même une petite prière dans l'espoir de gagner. Et elle gagne. Mais elle gagne le voyage à Sienne en Toscane en Italie. Pour la plupart du monde, c'est un voyage de rêve, pour Nathalie c'est une catastrophe. Malgré tout, elle décide de faire ce voyage.

Le voyage commence pour Nathalie et elle est obligée de sortir de ses habitudes. Elle semble s'adapter petit à petit à sa vie de voyageuse. Elle fait des rencontres, dont une jeune italienne, Laura, qui deviendra son amie et qui la poussera en dehors de sa zone de confort.  Mais voilà que dans une église, elle est témoin d'un miracle. Enfin, elle n'en est pas certaine. Elle doute. Elle ne peut cependant douter trop longtemps, d'autres phénomènes étranges vont bientôt survenir, allant même jusqu'aux guérisons miraculeuses. Toute la ville de Sienne est bientôt au courant et on la réclame partout. Elle est une vedette spirituelle et elle n'a pas le choix d'y croire. Enfin, elle n'en est pas du tout certaine. À travers ces interrogations religieuses, elle n'oublie pas d'explorer son amitié avec Laura ainsi que sa sexualité.

Les critiques - et il me semble que Dompierre lui-même - ont qualifié le roman d'un pastiche trash de Mange, Prie, Aime. Peut-être. Disons que selon moi, c'est un peu allé chercher loin une comparaison pour attirer un lectorat potentiel. Lequel ? Je ne sais trop.

J'ai bien aimé le prémisse de l'histoire et le personnage principal. Et j'aimais bien l'idée du miracle qui fait d'une femme ordinaire qui ne veut pas d'histoire, la vedette d'un comédie-dramatique religieuse. Mais voilà. Dompierre ne va pas au bout de cette idée. Et la fin est un tantinet décevante. J'aurais préféré qu'il n'explique rien, qu'il laisse planer le doute.

Et je déplore la quantité innombrable de scènes inutiles, généralement sexuelles. Honnêtement, je ne vois pas ce que la plupart de ces scènes viennent faire dans l'histoire. Elles n'apportent en général absolument rien, sauf quelques rares scènes concernant le personnage principal. Je ne sais pas si c'est juste moi, mais il me semble avoir lu nombres de romans québécois ces dernières années qui semblent avoir besoin de mettre des scènes inutilement crus, voire vulgaires. Comme si cela démontrait une ouverture d'esprit ou que l'auteur osait briser certaines limites. Pour moi, ça démontre surtout un manque d'imagination et une volonté enfantine de briser de prétendus tabous. Comme si on ne pouvait pas être original ou se démarquer qu'en étant volontairement vulgaire ou en utilisant des mots crus. Ça fait terriblement pipi, caca, vagin, queue et je trouve ça lassant. Et contrairement à d'autres, je ne trouve pas cela irrévérencieux, cynique ou audacieux. Enfin... (oh la la les résultats de recherche que je vais avoir avec ce dernier paragraphe!).

Le style d'écriture de Dompierre est en général simple et très minimaliste. Dompierre a une plume directe et écrit le quotidien même si parfois le quotidien est chamboulé par le miraculeux. Pas de description, il dit lui-même que le lecteur a déjà en tête les lieux où se situent ces romans, il ne les décrit donc pas. Il préfère parler des petits détails amusants ou différents. À prime abord, j'aime cette façon de faire. Je n'ai jamais aimé les trop longues descriptions. Mais j'avoue que parfois quelques petites descriptions auraient pu être agréables. Et c'est aussi généraliser et assumer que tous les lecteurs vont avoir en tête les mêmes choses. Cela peut en perdre plus d'un.

Donc, j'ai apprécié le texte de Dompierre tout en étant déçue. Et au final, je n'ai pas vraiment envie de découvrir d'autres texte de l'auteur. Ce que je trouve triste.

L'avis de Rachel Graveline, Jason Lepage, Prosperyne, Benoit Bourdeau, Kay, Nancy.

ExtraitJaime_la_plumeQ

"Très peu excitante, jusqu'à maintenant, la vie d'adulte de Nathalie. De petits gestes banals, dans le respectdes lois et des pressions sociales, rien qui ne la distingue des autres, mais il ne faudrait tout de même pas minimiser ce qui au fond constitue l'essence de sa personne. Elle rince ses boîtes de conserve avant de les mettre dans son bac de recyclage, traverse les intersections au feu vert, lave ses vêtements à l'eau froide, tâte et hume les cantaloups pour mieux les choisir, époussette son dieffenbachai, cuit ses pâtes al dente, utilise régulièrement la soir dentaire, achète des soutiens-gorge de la bonne taille, laisse sécher sa vaiselle dans l'égouttoir, écoute parfois la radio, à faible volume, pour meubler, retirer le germe des gousses d'ail avant de s'en servir, remplace les piles des détecteurs d'incendie chaque fois qu'on avance ou qu'on recule l'heure, plie les genoux pour soulever des objets lourds, baillse le chauffage avant d'aller dormir, congèle ses restes de sauces à spaghetti, glisse des semelles coussinées anti-odeur dans ses chaussures, s'épile le publis en n'y laissant qu'une mince ligne de poils, [...] ne croit à pas à l'homéopathie, se lave les mains souvent, éteint toutes les lumièeres le soir de l'Halloween et tant d'autres choses encore.

Les biographies de Nathalie, et Dieu sait qu'il y en aura, s'attarderont très peu sur cette vie d'avant son arrivéee en Italie. Avec raison. Les gens n'aiment pas qu'on leur raconte des vies ordinaires. Se rendre compte que c'est dans la banalité qu'on se ressemble le plus, ça crée un malaise. On préfère s'identifier aux gens d'exception. Avec Nathalie, on sera bientôt servi." p. 21 à 23

Sources à consulter

 

25 mars 2013

Le chuchoteur de Donato Carrisi

DC2AsLe chuchoteur / Donato Carrisi, traduit de l'italien par Anaîs Bokobza. -- [Paris] : Calmann-Lévy, 2011. --574 p. ; 18 cm. -- ISBN 978-2-253-15720-5. -- (Coll. Livre de poche : thriller ; 32245)

Quatrième de couverture

Cinq petites filles ont disparu. Cinq petites fosses ont été creusées dans la clairière. Au fond de chacune, un petit bras, le gauche. Depuis le début de l'enquête, le criminologue Goran Gavila et son équipe ont l'impression d'être manipulés. Chaque découverte macabre les oriente vers un assassin différent. Lorsqu'ils découvrent un sixième bras, appartenant à une victime inconnue, ils appellent en renfort Mila Vasquez, experte en affaires d'enlèvement. Dans le huis clos d'un appartement, Gavila et ses agents vont s'échafauder une théorie à laquelle nul ne veut croire... Un époustouflant thriller littéraire inspiré de faits réels.

L'auteur

Donato Carrisi est né en 1973 à Martina Franca en Italie. Il étudie d'abord en droit puis en criminologie et en sciences du comportement. Sa thèse portera sur un tueur en série italien, Luigi Chiatti, surnommé le "Monstre de Foligno". Puis il délaisse le droit et dès 1999, il commence à écrire des scénarios pour la télévision et le cinéma.  Son premier roman, Le Chuchoteur, a gagné de nombreux prix dont le prix Camaiore, le prix Bancarella, le prix SNCF du polar européen et le prix des lecteurs du Livre de poche et plusieurs autres. Il vit présentement à Rome.

Bibliographie

  • Il suggeritore (2009) (Le Chuchoteur, 2010)
  • Il tribunale delle anime (2011) (Le Tribunal des âmes, 2012)

Filmographie

  • Casa famiglia (série, 2001)
  • Casa famiglia 2 (série, 2003)
  • Era mio fratello (film pour la télévision, 2007)
  • Nassiryia – Per non dimenticare (film pour la télévision, 2007)
  • Squadra antimafia – Palermo oggi  (série, 2009)
  • Moana (télévision, 2009)

Site web de l'auteur en français et en italien.

Commentaires [très] personnels

Comment commenter sans trop en dire. Je vais y aller de mon expérience de lecture tout simplement, puisque j'ai déjà teinté mon commentaire avec mes précédents billets... Donc... depuis des mois - disons honnêtement des années - je n'ai pas eu de coup de coeur pour une lecture... et encore moins pour un roman policier. Le problème, d'après moi, c'est sur-lecture. J'ai tant lu de romans policiers qu'il me semble maintenant toujours être déçu par ma lecture. J'ai peut-être trop d'attentes... probablement. Mais il demeure que cela fait une éternité que je n'ai pas été emballé par une lecture d'un roman policier. Jusqu'au roman de Donato Carrisi.

Le quatrième de couverture n'est pas un très bon résumé du roman, selon moi. Oui, nous avons bien comme prémisse la découverte des 6 bras de fillettes. Mais beaucoup de gens ont tout de suite assumé que l'histoire se dirigerait vers l'enlèvement de petites filles et obligatoirement vers la pédophilie. Et bien qu'un des cas est bien relié à la pédophilie, le reste du roman en est bien loin.

Le roman commence de façon classique. Des fillettes disparues, leur bras gauche découvert dans des fosses, des policiers enquêtent. Mais voilà, qu'un sixième bras est trouvé appartenant à une fillette inconnue. Qui est-elle ? Parmi les enquêteurs, un criminologue réputé, le Dr. Goran Gavila. Ce dernier participe activement aux enquêtes de la police. Mais ce cas est différent, il implique des enlèvements en série d'enfants. Ils vont donc faire appel, à une enquêtrice spécialisée dans les enlèvement, surtout le rapt d'enfants.

Le roman suit donc l'enquête de cette équipe composée également de quelques policiers. Le texte principal suit en grande partie la perspective de l'enquêtrice Mila Vasquez. Mais il est cependant entrecoupé de rapports d'un directeur de prison sur un mystérieux prisonnier qui doit être relâché sous peu [avec une police de caractère plus petite] et des réflexions d'une petite fille manifestement prisonnière [texte en italique]. Ces deux disgressions vont s'avérer très importantes.

J'ai rarement été aussi prise par une lecture. Contrairement à certains avis, je n'ai pas eu de la difficulté à me plonger dans le roman... une fois passée le premier chapitre, ceci dit. Comme je l'ai déjà dit, j'ai commencé ma lecture et j'ai corné la page à la fin du premier chapitre. Sans avoir été accroché, sans plus y penser. J'ai repris la lecture plusieurs jours plus tard. Mais là, je ne l'ai plus cessée. Deux jours plus tard, j'avais terminé le roman avec un sentiment enivrant d'une lecture trépignante et un sentiment de vide laissé par la dernière page tournée.

Je dois avouer que le roman est très "visuel". Je verrais sans peine un film de ce roman, ou même une série télé. Cela pourra peut-être déplaire à certains lecteurs. L'auteur écrit des scénarios et cela transpire dans son roman. Nous sommes très loin des romans policiers à la "agatha christie". Et c'est tant mieux. [Ne vous trompez pas je suis une amoureuse folle des romans d'Agatha!!!]. Le suspense monte petit à petit et les rebondissements sont multiples. J'avoue que j'ai été bluffé par certains revirements. Mais en repensant à ma lecture, je m'aperçois que certaines choses auraient pu être devinées. Mais ma lecture était si intense et rapide que je n'ai rien vu. Et j'en suis bien contente. Sinon, je n'aurais pu me dire "wow, je ne l'avais pas vu venir, celle-là" et cela aurait été dommage.

Les personnages sont légèrement caricaturaux et ils sont développés un peu comme dans certains films ou séries du genre. Mais les croire superficiels est faux. L'auteur réussit à créer des personnages humains avec nombres de défauts mais pas trop et plusieurs qualité, mais pas à l'excès. Les relations entre les personnages se développent tranquillement et, selon moi, de façon assez réaliste. Je ne supporte habituellement pas les relations "vaguement amoureuses" entre les principaux protagonistes, mais ici, la relation entre Mila et Goran se déroule doucement et réserve beaucoup de surprises. Elle est essentielle aux personnages et le dénouement m'a prise par surprise (même si je sais que beaucoup de lecteurs l'avaient deviné... je répète, j'ai lu tout d'un trait ;-) ).

Le roman m'a beaucoup fait pensé a certaines séries policières que j'aime beaucoup: Criminal Minds, CSI, etc. Le texte est centré sur une enquête policière, c'est  le focus principal. Mais on se penche parfois un peu sur les personnages, leurs vies, leur personnalité, les rapports entre eux... et chaque épisode amène un élément nouveau au personnage. On s'attache tranquillement à eux, même ceux qui sont d'abord déplaisants. Des liens se dessinent au fil de la saison,  mais le coeur du texte demeure l'enquête. C'est la même chose ici. L'enquête est au centre du roman, mais chaque chapitre nous fait connaître un peu plus les personnages et les raisons qui les font agir ainsi. Parfois, c'est un peu cliché, mais cela s'intègre tout de même bien au texte.

Je dois quand même dire que certains passages m'ont achalée et m'ont semblé "faciles" : on piétine ? faisons appel à un personnage sans rapport qui va faire débloquer un peu l'histoire ; on est dans une impasse ? quel heureux hasard, on trouve miraculeusement cet indice venu de nulle part. Mais c'est minime dans l'ensemble. Et on sent que l'auteur maîtrise bien son sujet. Il a étudié en droit et en science du comportement après tout. Et il dit s'être inspiré de cas réels (brrr, cela donne des frissons !).

Maintenant qu'en est-il de l'intrigue ? Il est difficile de la raconter sans trop en révéler. Disons simplement que les corps des cinq fillettes seront retrouvés un à un, amenant une enquête distincte à chaque fois. Et la fillette du 6e bras ? Je ne peux le dire ! Et le tueur ? C'est un psychopathe, oui... et il chuchotte. Voilà. Vous savez tout. 

En conclusion... j'ai adoré ma lecture ! L'aimerez-vous ? Peut-être... peut-être pas... Pour moi, ce fut une lecture passionnate survenue juste au bon moment.

Lire aussi : Je chuchotte un coup de mon coeur

Extraits

"Pas de compassion. Il ne nous y a pas autorisés. Il ne nous a laissé que la peur. On ne peut pas avoir pitié pour ces petites victimes. Il veut seulement nous faire savoir qu'elles sont mortes... Vous trouvez que cela a un sens ? Des milliers d'oiseaux dans le noir, contraints à crier autour d'une lumière improbable. Nous ne pouvons pas les voir, mais eux, ils nous observent - des milliers d'oiseaux. Que sont-ils ? C'est simple. Mais c'est aussi très illusoire. Et il faut se méfier des illusionnstes : parfois, le mal nous trompe en revêtant la forme la plus simple des choses." p. 16

"[...], Goran avait accroché dans sa salle de cours la photo en noir et blanc d'un enfant. Un petit d'homme dodu et sans défense. Ses étudiants la voyaient tous les jours et finissaient par se prendre d'affection pour cette image. Quand - plus ou moins au milieu du semestre - quelqu'un avait le courage de lui demander de qui il s'agissait, il les mettait au défi de deviner. Les réponses étaient variées et pleines de fantaisie. Et il s'amusait de leurs expressions quand il leur révélait que cet enfant était Adolf Hitler. Après la guerre, le chef nazi était devenu un monstre dans l'imaginaire collectif, et pendant des années les nations qui étaient sorties victorieuses du conflit s'étaient opposées à toute autre vision. Ainsi, personne ne connaissait les photos de l'enfance du Führer. Un monstre ne pouvait pas avoir été un enfant, il ne pouvait pas avoir ressenti autre chose que de la haine, avoir vécu une existence similaire à tant d'autres enfants de son âge, qui étaient par la suite devenus ses victimes." p.32

"Les yeux vifs, les cheveux emmêlés, une dent de devant qui manquait, une tache de gras bien visible sur son pull vert, arborée comme une médaille. Billy Moore reposait pour toujours sur cette photo et dans le petit cimetière à côté de l'église de l'institut. Il n'était pas le seul enfant à y être enterré, mais sa tombe était la plus belle. Un ange de pierre déployait ses ailes en un geste protecteur." p. 228

Sources à consulter

9 mars 2013

Je chuchotte un coup de mon coeur

C'est tout bizarre... Une belle coïncidence ! Mais certains diraient qu'il n'y a pas de coïncidence et que ceci est la cause de cela. Et c'est bien évident. C'est normal et y avoir pensé, j'aurais fait cet article sur mon crime littéraire sans coeur bien avant. DC2Bs

Car forcément, trois jours après avoir rédigé l'article en question, j'ai eu un coup de coeur renversant.

Un livre que j'ai refermé en disant "Wow"... ce que je ne fais plus depuis longtemps. Et surtout pour ce genre littéraire.

Car mon vide de coups de coeur est - ou était - compartimenté. Et deux genres étaient particulièrement touchés: les romans policiers et les romans fantastiques. Des pincements de coeur j'en avais presque eus dans d'autres genres... mais pas pour ces deux-là. Et surtout, cela faisait encore plus longtemps que je n'en avais pas eus. Des années et des années... sans avoir pu fermer un roman policier ou un roman fantastique et m'être dit : "Wow, quel roman incroyable". Cela faisait une éternité que je n'avais pas été captivé par l'intrigue d'un roman policier ou inquiété par un roman fantastique.

Mais voilà... c'est arrivé hier ! J'en avais des frissons. Je vous jure. Vous avez peut-être lu le livre et vous êtes surpris. Ou vous lirez le livre et vous ne comprendrez pas. Ça arrive. On ne peut pas avoir tous les mêmes coups de coeur.

Mais je vous le jure quand j'ai lu la dernière page de ce roman, je n'en revenais pas. Non seulement, je l'avais lu en 2 jours, mais je voulais continuer. Je voulais d'autres pages. Et je souhaitais retourner en arrière pour qu'il me reste encore des pages à lire.

Et ce fut une surprise totale. Car j'ai commencé ce livre, il y a deux semaines. J'ai lu les 18 premières pages et je me suis couchée. Je le sais car je n'avais même pas pris la peine de mettre un marque-page, je l'avais cornée cette page, ce qui veut dire que le roman ne m'apparaissait pas comme un roman à conserver précieusement. Conserver ? Probablement. Avec soin ? Non. C'était ok, mais rien qui ne me semblait renversant. Et puis les jours suivants, j'ai lu autre chose.

Avant hier, j'avais besoin d'un petit livre pour mon trajet de train. C'est-à-dire d'un format poche. Il ne me restait que quelques minutes avant de partir alors j'ai pris le livre le plus près et qui était du format adéquat. Celui-ci. Le trajet de train fut trop court. Toute la journée, j'ai pensé au livre et j'avais hâte au trajet du retour. Le soir... j'avais pleins de projets. Que j'ai mis de côté pour lire. Jusqu'à 2h00 du matin. Le lendemain... je n'ai pu que lire et quand j'ai reposé le livre, j'en voulais encore. Trop court, ce livre de 568 pages.

Je prépare mon article parce que pour une fois, je veux le faire tout de suite (oui, j'écris rarement un texte après avoir lu le livre... bon, jamais !) et essayer de transmettre ce qui m'a fait "coup de coeurer" ce roman policier. Parce que ce n'est pas nécessairement le style, l'histoire ou ... bon... je rédige et je vous reviens.

Mais j'annonce officiellement que je vais enfin mettre un "vrai" coup de coeur "récent" sur la table des "Coups de coeur" demain !

(PS - Bon, je regarde mon montage, de la couverture avec le "coup de coeur" et c'est weird... mais je laisse... mais weird...)


Lire aussi: Le chuchoteur de Donato Carrisi

5 mars 2013

Un crime littéraire : sans coeur

L'amour, toujours l'amour. Je me souviens de livres qui ont conquis mon coeur. De livres que j'ai aimés passionnément. De livres qui m'ont renversée. De coups de foudre fulgurants et irrésistibles. Et des livres qui ont charmé mon coeur au fil des pages. Petit à petit, mais pour toujours. J'ai aussi connu des livres qui ont volé mon coeur et qui ne me l'ont jamais rendu. Ils ont gardé une parcelle de ma vie et mon coeur tremble quand je me rappelle ma lecture et leurs mots.

Mais aujourd'hui, j'ai l'impression de ne plus avoir de coeur. Je lis un livre et j'aime ou je n'aime pas. Mais c'est tout. Elle me semble si loin, la dernière fois où j'ai fermé un livre, lu sa dernière page et soupiré d'amour fou. Je ferme le livre et je me dis que c'était bien, très bien, bon, très bon... Est-ce que CCCLj'ai aimé le livre ? Sûrement. Est-ce que j'ai adoré ? Parfois. Vais-je en garder un souvenir impérissable ? Est-ce que je l'ai aimé d'amour fou ? Probablement pas.

Mais est-ce que je peux encore m'enflammer pour une lecture ? Peut-être que non. Est-ce que d'avoir si lu, j'ai perdu la capacité de m'émerveiller  ?

Est-ce qu'un livre peut encore me transporter, me transformer ? Je ne sais plus. Et je suis triste. Je m'ennuie du temps où je m'installais confortablement dans un fauteil et me perdais toute entière dans un livre, oubliant les heures qui s'écoulaient trop rapidement. Je me souviens avec nostalgie du temps où je combattais la fatigue pour poursuivre ma lecture, les yeux lourds et picotant. Mais est-ce si important ? Est-ce nécessaire de vivre la passion littéraire ? Je ne sais plus.

Mais ne plus vivre follement une lecture n'est pas un crime. À peine un petit délit de coeur. Là où se trouve mon crime littéraire est dans mes mensonges honteux, dans les faux coups de coeur que je place sur notre table "coups de coeur du personnel" à la bibliothèque. Oh, j'ai bien choisi mes premiers livres dans mes amours d'antan. Mes vieux amants ont eu leur place sur la table. Mes amours sincères n'étant évidemment pas tous présents dans nos collections, j'ai rapidement présenté tous mes coups de coeur. Et maintenant... et bien, mes livres sur la table ne sont pas vraiment un coup de coeur... à peine un pincement. Ce sont des livres que j'ai bien aimé, oui. Des livres que j'ai aimé d'amour fou, non. Des livres que je recommande aux autres, oui. Des livres qui ont volé mon coeur, non. Des livres que j'ai lu avec plaisir, oui. Des livres qui m'ont tenue réveillé toute la nuit car je ne pouvais poser le livre avant de le terminer, non. Des livres qui m'ont distrait agréablement, oui. Des livres qui m'ont trotté dans la tête des heures et des jours après les avoir refermés sur la dernière pas, non. Et donc, je suis coupable de mentir et de m'inventer des lectures amoureuses.

Mais où sont donc passés mes coups de coeur ?

27 janvier 2013

Moment captif du dimanche : cacher ce livre

DSC_5345 copy"Le livre n'est pas. La lecture le crée, à travers des mots créés, comme le monde est lecture recommencée du monde par l'homme" [Edmond Jabès]

"Mini-Brum ! Je ne peux pas lire, si je n'ai pas de livre !!! Je sais bien qu'il est tout douillet ce livre, mais on va commencer à croire que je ne lis plus, si tu ne me laisse pas finir ma lecture." " Allez, sois gentil et redonne-moi mon livre"

Mais comment voulez-vous que j'aie le courage de troubler son sommeil ! Il rêve sûrement à tous ces mots qui refont le monde dans les pages qu'il garde précieusement.

Mais tout de même... il m'empêche de finir ma lecture. Et avec tout ces retards, on va penser que je ne lis pas... alors que je n'ai jamais autant lu ! Je lis sans arrêt... pendant mes trajets d'autobus, pendant mon heure de lunch... le soir, la nuit, la fin de semaine...

Je suis envahie de livres. Mes livres de toujours, les livres que j'achète sans arrêt, les livres que j'emprunte... Je lis tellement que je n'ai plus le temps pour rien d'autres. C'est boulot, souper et lecture. Je vous jure. Je n'ai même pas le temps d'écrire.

"Mais enfin, Mini-Brum, ça suffit comme ça ! Redonne-moi mon livre immédiatement... et n'essaie pas de m'amadouer avec tes ronronnements... ça ne marche plus avec moi... bon, bon... encore quelques minutes, mais après tu me rends mon livre !"

"Les chats ont de la veine : l'obscurité ne les empêche pas de lire" [Louis Scutenaire]

 

24 août 2012

Jade, l'enfant de la mer de Stéphane Bourget

jade11Jade, l'enfant de la mer / Stéphane Bourget. -- [Varennes] : Éditions ADA, [c2001]. -- 248 p. ; 21 cm. -- ISBN 978-2-89667-388-9

Quatrième de couverture

La petite Jade a 5 ans. Durant des vacances au bord de la mer, Lucille, la plus sage et la plus âgée des baleines qui sillonnent les mers, lui annonce qu'un jour, elle deviendra une sirène. Lorsque Jade fait part de cette discussion à sa Mamie Dutour, qui est émerveillée par l'imagination de sa petite-fille, celle-ci est loin de se douter de l'importance que prendra cette chimère dans un avenir rapproché. Quelques année plus tard, un 25 décembre au matin, l'enfant est la seule survivante d'un terrible accident de voiture qui la plonge dans un coma traumatique. C'est alors que sa grand-mère devra affronter plusieurs épreuves pour la survie de sa petite sirène, qui est dorénavant tout ce qui lui reste au monde.

L'auteur

Stéphane Bourget est né à Montréal en 1960. Il abandonne les études très jeune et rejoint rapidement le monde du travail.  Il retourne cependant sur les bancs d'école dans sa quarantaine pour terminer son secondaire et faire des études en informatique. Il est cependant avant tout un écrivain et livre plusieurs romans, notamment en littérature jeunesse.

Bibliographie

  • Max la Loupe enquête - Père Noël a disparu (2009)
  • Le Témoin du passé (2008)
  • Jugement au sommet (2008)
  • L'ange déchu - Tome 1 Perception (2009)
  • Max la Loupe enquête - Tome 1 Le manoir hanté (2009)
  • Max la Loupe enquête - Tome 2 Le monstre du lac Kawatapy (2009)
  • Simon (avec Maxime Bourget) (2010)
  • Max la Loupe enquête - Tome 3 Le loup-garou de Sainte-Geneviève (2010)
  • Max la Loupe enquête - Tome 4 Le mystère de l'Arboretum Morgan (2011)
  • Jade, l'enfant de la mer (2011)

Blog de l'auteur.

Résumé et Commentaires personnels

Une petite fille, Jade, et sa grand-mère se promènent sur la plage. Jade lui confie alors, qu'une des baleines qu'elles peuvent voir au loin, vient de lui apprendre qu'un jour elle se transformera en sirène. Sa grand-mère est attendri par l'imagination de sa petite-fille et lui donne alors le surnom de "petite sirène". Quelques années passent et un drame survient un 25 décembre. Jade et sa famille venaient de célébrer Noël avec sa grand-mère, lorsque sur le chemin du retour, un horrible accident de voiture tue son père et sa mère. Jade est l'unique survivante mais est dans un profond coma. Sa grand-mère qui vient de perdre sa fille et son gendre doit maintenant s'occuper de sa "petite sirène".

Toute la vie de la grand-mère se dirigera alors vers sa petite-fille. Elle consacrera tout son temps à la guérison, au réveil de Jade. Elle tentera par tous les moyens de rester le plus possible avec la petite fille, lui parlant, lui racontant la vie qui passe, célébrant son anniversaire, tentant d'être positive, souriante. Mais le temps va passer et Jade reste absente. Se réveillera-t-elle un jour ? Et alors que sa grand-mère doit petit à petit reprendre sa vie, elle devra affronter de nouvelles épreuves.

Je dois dire que comme Allie, c'est la couverture qui a attiré mon regard. La couverture et le titre. Je l'ai déjà dit, une couverture et un titre peuvent me faire reposer un livre ou le garder. Et puis le quatrième de couverture. Il m'a tout de suite accroché. Mais il m'a aussi un peu trompé. Et je m'attendais à un peu plus de fantaisie ou fantastique dans le texte. À tout le moins à un aspect plus "conte". Et ce n'est pas ça. Je m'attendais aussi à ce que la baleine soit... hum... comment dire... plus présente. L'imagination a une place importante et la baleine aussi, éventuellement, mais pas assez selon moi.

Le texte de Stéphane Bourget est centrée sur "les relations" entre Jade et sa grand-mère. La relation qu'elles avaient avant l'accident, la relation presqu'à sens unique (mais pas tout à fait) que maintient à tout prix la grand-mère pendant le coma de sa petite-fille et finalement la relation après...

C'est un texte triste mais tout de même ensoleillé. Un roman sur le deuil, la mort et la maladie, le courage, l'espoir,  l'acceptation et l'imagination. Comme Allie, j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup d'humanité, d'émotions et de sentiments dans les mots de Bourget. Mais peut-être un peu trop de "bons sentiments". Il m'a semblé à un moment être enveloppé par trop de belles actions, beaux sentiments, bonnes personnes... un peu trop... sirupeux. Même si cela m'a achalée par moment, j'ai tout de même beaucoup aimé le texte.

Les personnages principaux, Jade et la grand-mère, sont très bien menés. On a l'impression de les connaître petit à petit, et on s'attache vraiment à eux. J'ai cependant eu de la difficulté avec les personnages secondaires qui m'ont paru caricaturaux. Autant dans leurs actions que dans leurs dialogues.

Jade, l'enfant de la mer est un beau petit roman qui se lit rapidement mais qui réussit, malgré quelques petites maladresses, à nous toucher doucement et à nous faire questionner sur la mort, la vie, et l'imagination.

L'avis d'Allie.

Extrait

"5h12. Moins de deux heures après s'être endormie, Christine se réveilla en sursaut. Ses yeux étaient ouverts, mais son esprit ne l'était pas tout à fait. Elle jeta un regard furtif en direction de son réveil. Elle porta ensuite une attention particulière aux bruits environnants et ne remarqua rien de particulier. Pendant qu'elle reprenait ses sens, elle se demandait bien ce qui pouvait être responsable de ce brusque réveil. Elle ne dut pas attendre longtemps pour connaître la réponse. Le tintement strident de la sonnette de la porte d'entrée du rez-de-chaussée se fit entendre. Son coeur sortit presque de sa poitrine." p. 24

Sources à consulter

3 août 2012

Une journée avec monsieur Jules de Broeckhoven

 jules1Une journée avec Monsieur Jules : roman / Diane Broeckhoven ; traduit du néerlandais par Marie Hooghe. -- [Paris] : NiL éditions, 2011. -- 108 p. ; 18 cm. -- ISBN 978-2-84111-458-0

Quatrième de couverture

Depuis des années, Alice et Jules ont leur petit rituel : chaque matin, tandis qu'elle paresse au lit, c'est lui qui prépare le café avant de dresser, au salon, la table du petit déjeuner. Puis, à dix heures pile, le fils de la voisine, David, a l'habitude de partager une partie d'échecs avec celui qu'il appelle "Monsieur Jules". Mais ce jour-là, lorsque Alice rejoint son époux au salon, elle le retrouve tranquillement assis sur le canapé, toujours vêtu de son pyjama, l'air serein mais le regard étonné. Mort.

Dehors, il neige à gros flocons et David s'apprête à sonner à leur porte...

Avec une infinie délicatesse, Diane Broeckhoven compose une petite musique, discrète et feutrée, pour décrire les gestes et motifs quotidiens d'un couple de vieux amants. Sous prétexte de mort, son texte nous parle surtout de la vie.

L'auteurjules2

Diane Broeckhoven est née à Anvers en Belgique en 1946. Elle travaillera comme journaliste pendant de nombreuses années. Tout d'abord à Anvers, à partir de 1967, pour le journal De standaard. Elle s'installe à Haarlem dans les Pays-Bas en 1970. Elle y demeurera jusqu'en 2000. Elle retourne ensuite à Anvers. Pendant son séjour aux Pays-Bas, elle continue à collaborer à de nombreux journaux. Elle y commence aussi à écrire. Elle écrit De buitenkant van Meneer Jules (Une journée avec Monsieur Jules) en 2001.

Diane Browckhoven a écrit près d'une trentaine de romans dont plusieurs ont reçu des prix et furent traduits en diverses langues. La grande majorité de son oeuvre est consacrée à la littérature jeunesse.

Bibliographie

Voir le site Wikipedia

Résumé et Commentaires personnels

Alice et Jules sont mariés depuis de nombreuses années. Ils sont un vieux couple plein d’habitudes, de rituels, d’amour et de secrets. Un matin, Alice se réveille et sent l’arôme du café que prépare Jules comme à tous les matins. Une journée comme les autres. Mais lorsqu’elle le rejoint, Jules est assis sur le sofa et ne lui répond pas. Il est mort, sans bruit, après avoir fait le café du matin. Incapable de s’en séparer tout de suite, elle décide de ne pas appeler les autorités, ne pas appeler l'ambulance, ne pas avertir leur fils. Elle décide de passer encore quelques moments avec lui… pour lui confier tout ce qu’elle ne lui a jamais dit.

Mais la vie continue, la journée suit son cours. Les heures passent. Le petit voisin va venir pour sa partie d'échecs habituelle. Que va-t-elle faire ? Elle ne peut se résoudre à entamer les procédures qui amèneront loin d'elle son époux. Elle a simplement besoin de quelques heures pour lui dire adieux. Elle fera donc du garçon autiste, son complice pour quelques heures.

Voici un roman tout en douceur. Nous accompagnons Alice dans cette dernière journée avec son époux. Elle veut le toucher, lui parler, lui raconter ses secrets avant de devoir le quitter. Nous assistons donc, tels des voyeurs,  à la dernière journée entre Jules et son épouse. Nous écoutons les mots d'Alice. Nous sommes témoins de sa tristesse, son désarroi, sa peur de se retrouver seule. C'est une douce et délicate histoire d’amour ! C'est certain. Mais c'est aussi une histoire de souvenirs parfois tristes et difficiles. Et nous avons aussi droit à la confession d'Alice qui peut maintenant tout dire à Jules. Les choses qu'elle lui avait cachées, les choses qu'elle savait sur lui sans lui admettre... Elle dévoile les secrets de son époux, les choses qu'il pensait lui avoir cachées. Ils avaient tous les deux leurs secrets, leurs silences. Et parfois nous pouvons sentir dans les confessions d'Alice, une petite amertume, des regrets et des reproches. La vie d'un couple n'est pas que faite de beaux moments. Il y a des moments douloureux. Et ils font partis du tout qui construit une vie de couple. Et l'auteur réussit en très peu de pages à nous transmettre toutes les facettes de ce couple vieillissant.

Car le texte de Broeckhoven est court. Trop court ? Non, car il dit tant de choses. Nous avons l'impression de violer l'intimité du couple. On écornifle. On écoute aux portes. Et on ne pourrait décemment être trop longtemps indiscret. Ce ne serait pas décent, non?

Deux autres personnages viendront bousculer un peu la journée d'Alice. En particulier le petit voisin autiste, David, qui vient tous les jours pour sa partie d'échec avec Jules. Je dois avouer ici, que même si la dynamique entre Alice et David lors de cette journée est bien intéressante, j'aurais préféré ne voir et n'entendre qu'Alice et Jules.

Un tout petit livre bien émouvant.

L'avis de Athalie, Anne, Aifelle1, Celeste, Lali, Moka,

Extraits

"Il n'avait pas souffert. Alice le savait, ça la rassurait. Elle se demanda si elle devait lui fermer les yeux. Au cinéma, elle avait vu comment, d'un mouvement subtil du pouce, des proches parents abaissaient les paupières du défunt. ELle se leva, se plaça à la droite de Jules et pusa la main sur son visage. Elle tremblait. L'été précédent, elle avait trouvé près de l'entrée de l'immeuble un moineau tombé du nid. Elle l'avait emporté dans l'appartement et tenu dans sa main, le seul endroit imaginable pour le laisser mourir. Aprèes un dernier frémissement, il était mort, encore enrobé de chaud duvet. Le frçolement des paupières de Jule et la caresse presque imperceptible de ses cils contre sa paume réveillèrent soudain le souvenir de l'oisillon. Non, elle ne pouvait pas faire ça ou l'étonnement disparaîtrait du visage de Jules." p. 19

" "La neige reste dehors, la chaleur est à l'intérieur", dit-il. Ça ressenblait à un poème." p. 107

Sources à consulter

 

22 juin 2012

Silence de sang de Sue Walker

Desherber1Silence de sang / Sue Walker ; roman traduit de l'anglais par Magali Pès. -- [Grainville] : City Editions, c2006. -- 414 p. ; 24 cm. -- ISBN 2-35288-003-3

Quatrième de couverture

Sept personnes. Séparées par le temps. Réunies par un terrible secret qui ne peut plus rester caché.

Il y a vingt-six ans de cela, à Édimbourg, sept adolescents ont vécu pendant un an dans un centre expérimental pour jeunes surdoués et psychotiques. Depuis, ils ont tous quitté "l'Unité". Mais elle ne les a jamais quittés.

Innes Haldane tente depuis des années d'oublier cette sombre époque. Un jour, un appel téléphonique inattendu et la nouvelle des morts étranges de deux anciens pensionnaires de "l'Unité" la poussent à renouer avec son passé.

Quel terrible secret rend ainsi sept personnes esclaves de leur culpabilité ? Quel sanglant règlement de compte vient de commencer ?

L'auteur

Sue Walker est née à Edinburg en Écosse. Elle vit présentement en Angleterre dans le Sussex. Elle est journaliste et se spécialise dans les enquêtes criminelles. Elle travaille principalement pour la télévision, notamment pour la BBC et Channel 4. Son premier roman The Reunion obtint un bon accueil et fut traduit dans plusieurs langues.

Bibliographie partielle

  • The Reunion (Silence de sang) (2004)
  • The Reckoning (2007)
  • The Dead Pool (2008)
  • The Burning (2010)

*Dates incertaines

Site web de l'auteur

Sur le site de Penguin Books

Commentaires personnels (brefs et très personnels)

Fin des années 70. Des jeunes "délinquants" ayant des troubles comportementaux sont envoyés dans un institut nouveau genre. Entre hôpital psychiatrique et centre de réforme, les intervenants et infirmiers tentent de réhabiliter un groupe de 7 jeunes particulièrement difficiles et assez violents pour certains. 26 ans plus tard, certains de ces anciens patients sont retrouvés morts: suicide, accident... Les autres membres du groupe n'en sont pas certains.

Ce qui semble commencer comme un roman policier, voire un thriller, devient vite un roman psychologique. Un secret semble lié certains des membres du groupe. Et on réalise rapidement qu'il s'agit d'un événement ayant eu lieu alors qu'ils se trouvaient dans ce centre.

Le roman de Sue Walker est très bien mené. Nous alternons les points de vue et les époques, et il y a de nombreux flash backs entrecoupés de rapports des intervenants, mais l'histoire reste facile à suivre. L'écriture est efficace et nous sommes rapidement intrigués. On comprend assez vite en quoi peut consister ce secret mais sans toutefois le connaître complètement ce qui nous permet de poursuivre la lecture agréablement. Le livre est difficile cependant et le fameux secret est effrayant. Même si je me doutais en gros de ce qu'ils avaient fait, je n'avais pas été aussi loin dans l'horreur dans mes suppositions. Et j'imagine difficilement comment ils ont pu vivre avec cet événement sur leur conscience. Ce fut difficile à lire. L'auteur qui est une journaliste se spécialisant dans les enquêtes criminelles connaît bien le sujet.

Alors, j'ai bien aimé ce roman. Il m'a tenu en haleine jusqu'à la fin. J'ai aimé le développement des personnages et le déroulement de l'intrigue.

Mais...

Jamais je n'aurais lu ce livre si ce n'était qu'il était dans mon chariot de romans à élaguer !!! Je trouve la couverture atroce et affreusement kétaine. Le titre est tout simplement stupide et cliché. Quelle horrible "traduction" ! Un peu loin du "The Reunion" original, qui en disait beaucoup plus sur le roman que "Silence de sang". Au visuel, on a l'impression d'avoir un livre assez insignifiant... Mais comme je devais l'évaluer, j'ai lu le quatrième de couverture. Il m'a suffisamment intriguée pour que je décide de donner un sursis au roman et que le ramène chez moi. J'avais envie de le lire. Rapidement cependant, j'ai compris que nous n'aurions pas droit à une enquête typique d'un roman policier. Et les morts étranges sont rapidement décrites et expliquées. Et le personnage dont on parle sur le quatrième de couverture "Innes" n'a pas un très grand rôle dans le roman. Le quatrième de couverture ne rend vraiment pas bien l'aspect thriller psychologique et c'est très dommage.

Non, vraiment... je comprends le peu de prêts du roman. Deux emprunts le premier mois, puis plus rien. Et c'est triste car sans être un coup de coeur, j'ai vraiment beaucoup aimé le roman de Sue Walker ! Il mérite plus que deux prêts ! Malheureusement, j'ai dû être sévère, et je l'ai élagué. J'avoue que j'ai été heureuse de voir qu'il a tout de même été acheté rapidement dans la vente de livres. J'espère qu'il a trouvé un lecteur qui l'appréciera !

L'avis de: Martell, Gemma et Kimbofo.

Extrait

"Cet été. L'été 1977. Tout le monde se souvenait d'un été en particulier, non? C'est drôle: son été à elle, c'était celui qu'elle avait passé dans un hôpital psychiatrique. Ce fut un été mémorable. Mais un été à oublier. De quoi se souvenait-elle ? De la chaleur. De la pluie. De la végétation luxuriante. Indécemment luxuriante. Démesurément luxuriante." p. 136.

20 juin 2012

Désherber en silence...

Desherber2Désherber... Élaguer... entre les deux, je préfère encore dire le deuxième. Oui, parce qu'enfin, il me semble que dire que je fais du "déherbage" me semble beaucoup trop péjoratif. Comme si j'enlevais la "mauvaise herbe". Car, si souvent - trop souvent - se sont de très "belles fleurs" que l'on doit élaguer !!! 

Alors j'aime mieux dire que je dois faire une évaluation périodique des collections qui entre dans le processus de développement de nos collections. Ouf... Reste qu'il faut élaguer. Parce que la bibliothèque, elle n'agrandira pas de façon magique. Et lorsque chaque mois, je fais la sélection de nouveaux livres, je sais qu'il faudra qu'éventuellement j'en élague presque la même quantité !

Il y a l'élagage continuel... le facile... les livres qui arrivent sur mon bureau parce qu'ils sont en piètre état. Endommagés par les usagers et le temps... les pages déchirées, parfois raturées... les couvertures brisées... les tranches sales et tachées... Et alors, il est facile de prendre une décision: un classique ? un best-seller beaucoup lu ? On le remplace. Ou on essaie de le réparer, le relier... le sauver. Sinon, hop... on l'élague. Bye bye livre. Et puis, il y a les multiples copies. Un livre populaire est souvent acheté en plusieurs copies, histoire de diminuer les listes d'attente pour le prêt. Mais quand la popularité diminue, et bien on élimine les copies. Façon facile et en plus sans culpabilité de faire de la place sur les rayons. Ça, c'est le facile.

Et puis, il y a l'élagage évident... lorsqu'on veut garder à jour une collection. La nouvelle édition du Guide du Routard sur l'Espagne vient de paraître et a fait sa place sur les rayons ? Hop, l'ancienne édition est à l'éliminer. La dernière biographie du pape Jean-Paul II date de 1999, et sur les 7 autres, 4 datent de 1984, 2 de 1985, 1 de 1994 ? On regarde l'état des livres, on en élague quelques uns et on trouve une biographie plus récente. Le livre le plus récent sur l'histoire de la Grèce date de 2005 ? Vite, on actualise le sujet, et on élague les livres trop vieux. Il s'agit de vérifier l'actualité de l'information, la pertinence, etc. Ça, c'est l'évident.

Mais il y a aussi l'élagage qui brise le coeur... Celui qui se fait chaque année et que je viens de terminer, j'ai nommé l'élagage de la fiction. Comme je suis en charge du développement des collections en français, je suis aussi responsable de l'élagage des romans. Et ça c'est difficile... Je le répète, nous sommes vraiment au maximum de notre espace. Donc acquérir de nouveaux livres signifie obligatoirement en éliminer. Et comment, je fais cet élagage ? Je suis notre politique qui précise que l'élagage doit se baser sur l'année de publication, le nombre de prêt et surtout la date du dernier prêt.

Alors, je fais faire une liste... une longue, longue, longue liste de tous les titres comprenant ces renseignements. Je fais retirer des étagères, ceux qui n'ont pas été empruntés depuis 4 ans et on me les apporte par chariots dans mon bureau. Et alors commence l'évaluation individuelle. Est-ce un classique ? Un incontournable d'un auteur reconnu ? A-t-il gagné des prix ? Oui. Alors même s'il n'a pas été emprunté depuis longtemps, il retourne sur les tablettes. Mais si la réponse est non, alors, je dois être intraitable. Bye bye, cher roman.

Mais parfois, ça me brise littéralement le coeur. Je lis le quatrième de couverture... l'histoire semble intéressante. Je lis quelques critiques du roman... toutes excellentes. Soupirs. Et pourtant, le roman a été emprunté 5 fois pendant les premiers mois de son acquisition et après plus rien. Ou alors, il fut trèes emprunté pendant la première année, puis rien depuis 4 ans. Pourquoi ? Pourquoi l'a-t-on oublié ?

Il faut dire que trop souvent, les gens ne dépassent pas les rayons avec les Nouveautés. Donc, une fois que nous enlevons le livre des nouveautés pour le mettre en rayonnage... il disparaît des regards. Et alors, si le roman n'est pas d'un auteur hyper connu ou très populaire... il a besoin d'avoir un sacré bon titre pour que les gens qui vont en rayonnage prennent la peine de le sortir pour au moins lire le quatrième de couverture !

Et alors, nous essayons de les sortir, d'en parler... nous avons une table "Coups de coeur", nous faisons des bibliographies, etc. Et puis, parfois, je triche... quelques uns des romans que je devais élaguer, j'en étais incapable, alors j'ai testé: je les ai remis dans la section "Nouveautés". Et vous devinez, non ? Et oui, ils ont été immédiatement empruntés !!!

Mais je dois élaguer... c'est nécessaire. Alors, je désherbe, impitoyablement. Et il arrive quoi des livres que nous élaguons ? Ils seront vendus par les Amis de la bibliothèque, ou encore envoyés dans des associations à but non-lucratifs. Et ils auront peut-être la chance de vivre à nouveau !!!

7 juin 2012

Crime littéraire: superficialité

Je marche tranquillement dans les rangées de la librairie, de la bibliothèque... ou m[eme... de la vente de garage. Qu'est-ce qui attire mon regard ? Une image bien sûr. CouvertureMais parfois il n'y a pas d'image. Alors c'est le titre. Et oui. Je suis très souvent bien superficielle. La couverture ou le titre sont parfois l'unique raison pourquoi, je prends un livre dans mes mains.

Donc, je prends le livre. Je regarde la couverture. L'image est importante. Évidemment. J'ai déjà reposé un livre qui avait une couverture que je trouvais horrible. J'ai déjà hésité à acheter un livre que je voulais intensément parce que je n'aimais tout simplement pas la couverture. Ou encore, parce que le livre ayant été adapté au cinéma, ne se trouvait plus qu'avec l'affiche du film en couverture... ÇA... je ne suis pas capable... vraiment. Comme si le roman n'existait plus que parce qu'il avait été adapté au cinéma ! Pfff.

Mais si l'image ne me fait pas reposer le livre ou s'il n'y a tout simplement pas d'image... alors c'est le titre. Mais je dois avouer que le titre est aussi parfois le premier contact. Mais oui... quand le livre est bien posé sur une tablette, on ne voit que la tranche. Alors, le titre est le premier contact. Et encore une fois, ce premier regard est important. Bien sûr, j'ai souvent lu des livres dont je détestais les titres - particulièrement des traductions - parce que je savais que je voulais le lire... à cause d'une critique, de l'avis d'un ami. Ou parce que je me suis forcée à tourner le livre, malgré son image, malgré son titre affreux, pour lire le quatrième de couverture. Mais, il ne faut se le cacher... la couverture et le titre sont pour beaucoup de lecteurs, PRIMORDIAL... (alors auteurs... si vous ne pouvez pas contrôler la couverture, tentez, du moins (car, je sais que parfois c'est impossible, car le travail éditorial et publicitaire s'infiltre partout) de trouvez un "bon" titre !)

Mais j'avoue avoir reposé des livres sans même lire le quatrièeme de couverture, simplement parce le titre m'apparaissait insignifiant, inintéressant ou stupide. Ou que la couverture était - à mes yeux - horrible.

Mais si mon regard accepte la couverture, si mon esprit concède le titre... alors la prochaine étape est évidemment le quatrième de couverture. Alors là, c'est encore plus compliqué et difficile. Parfois, il n'y en a pas... ou alors qu'une ligne ou deux... Désolée, mais moi, il me faut un résumé. Même si je connais et aime l'auteur... un titre n'est pas suffisant. Parfois, ce sont des critiques que l'on retrouve à l'arrière, et ça je ne suis pas capable s'il n'y a pas au moins un petit résumé. Et puis, ça m'achale... je veux un résumé, pas des fleurs lancés par les autres ou un pitch de marketing.

Mais il n'est pas facile de rédiger un quatrième de couverture. Oh non. Et j'ai bien souvent été trompée par un quatrième de couverture alléchant... on lit le résumé, on se dit que le roman semble très très intéressant et on pleure de dépit. Ou le roman n'est pas aussi bon que le résumé le laissait entendre... et donc on s'est laissé avoir par un pitch d'éditeur (et ça, à la limite, je peux accepter). Ou alors, le résumé ne correspond pas du tout, mais alors là, pas du tout, au contenu du roman. On pense lire un roman d'horreur et on se retrouve avec une histoire d'amour... on pense avoir choisi un thriller et on a un roman psychologique... C'est carrément enrageant...

Mais le pire crime demeure à mes yeux, les quatrièmes de couverture en disant trop peu. Comme si on avait voulu garder le secret, ne pas trop en dire... sauf que combien de livres ne seront pas lus parce le résumé ne "résume" pas bien le roman ?!?! Et je le vois tous les jours. Des romans que j'achète parce que j'ai lu des critiques, j'ai vu un résumé sur mon outil de sélection (résumé qui est souvent très différent du quatrième de couverture)... et je me dis "Wow, quel roman intéressant!!!" Et puis, il arrive, et le quatrième de couverture ne dit rien... quelques mots, quelques phrases... et alors les gens qui prennent le roman - pourtant en section Nouveautés (et on s'entend que c'est "la" section hot que la plupart des usagers ne dépasse pas !!!) - le reposent immédiatement. Rien ne les a accrochés. L'image, la couverture, le titre... c'est bien beau... mais s'il n'y a pas un "BON" résumé du roman, les gens ne le prennent pas. Et je fais partie de la "gang" !

Et alors, j'essaie de remédier à mon crime de superficialité... en essayant d'atténuer la superficialité des autres... Je fais des affiches "accrocheuses" de ces romans que je sais être excellents, et dont je suis certaine qu'ils vont plaire à beaucoup de mes usagers. J'en parle dans nos bulletins, je les mets dans nos bibliographies thématiques, je les mets sur notre table "Coups de coeur des employés"... Mais ça m'enrage, je vous jure... c'est quoi l'idée des éditeurs de ne mettre aucun quatrième de couverture ou alors que quelques lignes... ou pire, un résumé qui en dit trop ou pas assez... ou encore qui ne rejoint pas du tout le contenu réel de l'histoire...

Il y a des romans qui dorment sur nos étagères. Ce sont d'excellents romans. Mais certains ont une couverture si horrible que cela me gène de les mettre dans mes coups de coeur, même s'ils sont excellents. Certains ont un titre si insignifiant que c'est honteux de les publiciser. Certains ne sortent qu'une fois que je les ai annoncés dans notre bulletin, en faisant moi-même un résumé...

Alors... oui, c'est un crime, cette superficialité... mais il y a tant de livres à lire qu'il faut bien se baser sur quelque chose, non ?

 

26 mars 2012

Plus léger que l'air de Federico Jeanmaire

JMP2Plus léger que l'air : roman / Federico Jeanmaire ; traduit de l'espagnol [Argentine] par Isabelle Gugnon. -- [Paris] : Éditions Joëlle Losfeld, 2011. -- 221 p. ; 22 cm. -- ISBN 978-2-07-244879-9

Quatrième de couverture

Une vielle dame âgée de quatre-vingt-treize ans maintient enfermé dans sa salle de bains un adolescent qui a essayé de la voler. Elle lui précise d'emblée qu'il peut hurler à sa guise mais que cela sera sans effet. La seule condition à sa libération est d'écouter l'histoire de sa vie, parce que, au fond, cette compagnie "inespérée" permet à la vieille dame de pallier une solitude infinie et, sous le couvert d'un certain moralisme, de laisser libre cours à une sorte de cruauté teintée de sadisme. Véritable suspense en huis clos, qui se termine sur un dénouement totalement inattendu.

L'auteur

Federico Jeanmaire est né à Baradero en Argentine en 1957. Diplômé en Lettres, il fut professeur à l'Université de Buenos Aires. En 1990, il reçut une bourse du Ministerio de Relaciones Exteriores de España afin de travailler sur divers manuscrits à la Biblioteca Nacional de Madrid. Grand spécialiste du Siècle d'Or, il est reconnu pour ses lectures et son travail sur Cervantes.

Il a écrit de nombreux romans, ouvrages et articles sous son nom et sous le peudonyme de Carlos Aguilera. Il reçut de nombreux JMP1prix pour ses oeuvres.

Bibliographie partielle

  • Un profundo vacío en el pie izquierdo ((1984)
  • Desatando casi los nudos (1986)
  • Miguel (1990)
  • Prólogo anotado (1993)
  • Montevideo (1997)
  • Mitre (1998)
  • Los zumitas (1999)
  • Una virgen peronista (2001)
  • Papá (2003)
  • Países Bajos (2004)
  • Una lectura del Quijote (2004)
  • El ingenioso hidalgo don Quijote de la Mancha (2004)
  • Cómo se empieza a escribir una narración, VV.AA. (2006)
  • La patria (2006)
  • Vida interior (2008)
  • Mas liviano que el aire (2009) (Plus léger que l'air)
  • Los zumitas/El silencio del río (2010)
  • Fernández Mata a Fernández (2011)

Résumé

Un jeune adolescent tente de voler une vieille dame. Il l'attaque dans la rue et l'oblige à monter dans son appartement pour lui voler son argent. La vielle dame de 93 ans, sous la ruse que son argent se trouve dans sa salle de bain, l'enferme dans la pièce. Prisonnier de la vielle dame, celle-ci l'averti qu'il peut crier tant qu'il veut, personne ne peut l'entendre. Elle lui promet cependant de le libérer lorsqu'elle lui aura raconté l'histoire de sa mère.

Elle commence donc à parler. L'adolescent crie, frappe sur la porte, hurle des grossièretés, mais finit par écouter la vielle dame. Le temps passe, la dame se fatigue et doit interrompre son récit. L'histoire se déroule donc sur plusieurs jours. Pendant lesquels, la vielle parle et cuisine pour le jeune garçon. Elle raconte son histoire, sermonne le garçon, partage ses opinions et se sent finalement moins seule.

Le roman a reçu le Prix Clarin en 2009.

Commentaires personnels

Étrange roman. Un huis clos qui se rapproche plus du théâtre que du roman. Le texte se résume en fait dans la conversation que tient la vieille dame avec l'adolescent qu'elle tient captif dans sa salle de bain. Conversation qui est pour nous un long monologue puisque nous n'entendons jamais la voix du garçon. Nous lisons uniquement les répliques de la vielle dame. Un texte entièrement fait des propos de la dame, en "je" lorsqu'elle parle et en "vous" lorsqu'elle s'adresse au jeune garçon. L'histoire est donc racontée entièerement du point de vue de la vieille dame. Il n'y a aucune description. Ce que nous savons des lieux et des événements proviennent du discours de la vieille. Les réactions et les propos du garçon sont deviner par les répliques de la vieille femme.

Le jeune garçon qui a à peine 13 ans a donc attaqué une vielle femme de 93 ans pour lui voler son argent. La vieille bien que fragile ne l'entends pas de cette façon et par la ruse attire le garçon dans la salle de bain pour l'y enfermer. La vielle victime prend donc comme otage son agresseur. Elle est vieille et elle est extrêmement seule. Elle pose donc une condition à la libération du garçon. Elle va le libérer lorsqu'elle lui aura raconté l'histoire de sa mère.

Mais l'histoire va prendre du temps. Quatre jours. Petit à petit, elle raconte l'histoire de sa mère, qu'elle n'a pas connu, et qui voulait piloter un avions et qui a pris tous les moyens pour y arriver. Alors qu'elle raconte son histoire, nous voyons percer des bribes de la vie de la vieille femme mais surtout elle partage ses opinions et ses idées. Elle refuse de laisser sortir le garçon, mais elle tente de prendre soin de lui. Elle lui passe de la nourriture sous la porte, le sermonne, le menace, le remercie, lui fait la leçon, tente de l'éduquer, comme elle le dit.

Mais rapidement, on décèle dans le discours de la vieille femme de l'aigreur, de la méchanceté, de la noirceur. Ses propos sont parfois teintés de racisme, de préjugés, et même de violence. Sous un aspect fragile et doux, elle est dure et impitoyable. Et elle est à la fois maternelle et sadique vis à vis du garçon. Elle devient en quelque sorte l'agresseur à son tour. Une grand-mère tortionnaire d'un garçon qui devient, contre son gré, son petit-fils.

Un suspense se met en place. L'auteur arrive à nous faire sentir les émotions du garçon à travers les propos de la vieille. Elle termine son histoire, mais refuse de laisser sortir le garçon. Comment peut-elle ? Il risque de l'attaquer si elle le laisse sortir. Mais elle lui promet de le libérer, de trouver une solution.

Il ne m'apparaissait pas beaucoup de fins possibles. Et je ne fus qu'à moitié surprise. Ce qui n'enlève rien à ce texte troublant, différent et étrange. Lecture complètement inattendue et que je ne suis pas prête d'oublier. Les mots de Jeanmaire m'ont accrochée, son histoire m'a soulevée. J'aimerais beaucoup relire le livre dans les mots de l'auteur.

L'avis de Dasola, Mikaël Demets, Yann Le TumelinWakinasimba,

Extraits

"Non, évidemment, vous avez entièrement raison, Santi. Eux seuls savent de quoi ils ont parlé ce matin-là. Mais à quoi sert l'imagination si ce n'est à combler les vides de certaines anecdotes?" p. 32

"Ça c'est l'imagination. Elle fonctionne ainsi, mon cher petit. Vous avez imaginé que cet homme s'appelait Arnold et non José. Ce qu eje ne comprends pas, c'est cette manie, ce besoin que vous avez de comparer les fruits de votre imagination avec le réel." p. 176

"Le désir de n'importe quelle femme est plus léger que l'air"

Sources à consulter

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