Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Quelques pages d'un autre livre ouvert...
Archives
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 787 004
Quelques pages d'un autre livre ouvert...
litterature francaise
9 août 2008

Antigone d'Anouilh - I. L'auteur

Antigone / Jean Anouilh. – Paris : La Table Ronde, 1976. – 133 p. ; 19 cm.

L’auteur :

Anouil1Jean Anouilh est né le 23 juin 1910 dans la ville de Bordeaux en France. Sa mère est professeur de piano et joue dans un orchestre, son père est tailleur. Il est initié à la musique et au théâtre dans son enfance et il s’amuse à écrire des pièces.  Sa famille déménage à Paris où Anouilh commencera des études de droit. Après 18 mois, il abandonne ses études. Toujours intéressé par le théâtre, il assiste en 1928 à une représentation de la pièce Siegfried de Jean Giraudoux. Il décide à ce moment de se consacrer au théâtre. Il travaille alors quelques années comme publicitaire.

Il fera jouer sa première pièce, Humulus le muet, en 1929, mais c’est un échec. Il travaille pendant quelques temps comme secrétaire de Louis Jouvet au Théâtre des Champs-Élysées. Malgré ses rapports difficiles avec Jouvet, il demeure à son emploi jusqu’en 1932. Cette même année, il crée sa première véritable pièce, l’Hermine, qui connaît un certain succès d’estime.

Anouilh épouse en 1932 l’actrice Monelle Valentin. Ses prochaines pièces sont des échecs. Ce n’est qu’en 1937 qu’il connaît enfin son premier grand succès avec la pièce Le Voyageur sans bagage qui sera mise en scène par Georges Pitoëff. Ce succès continue et il devient un auteur connu et acclamé. La critique est parfois dure envers ses pièces mais le public l’acclame. En plus de ses pièces, il traduit des pièces étrangères et participe à des films.

Il continue d’écrire pour le théâtre durant les années qui suivent. Il continuera même à écrire pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il décide alors de ne pas prendre position, ni pour la collaboration, ni pour résistance. On lui reprochera cette décision. Et on lui reproche de publier des textes – certes à caractère non politique – dans des publications considérées collaborationnistes. Mais plusieurs biographies soulignent aussi qu’il a publié des nouvelles dans une revue anti-hitlérienne. 

Pendant ces années d’Occupation, il commencera à adapter des tragédies grecques. Il écrira Eurydice et Antigone. Ces pièces ont un immense succès mais Antigone crée une certaine polémique. Certains lui reprochent de défendre dans sa pièce l’ordre établi pendant ces années de guerre.

Après la fin de la guerre, Anouilh continue d’écrire et d’obtenir de nombreux succès.  Mais en 1961, il connaît un échec avec sa pièce La Grotte. Cet échec le pousse à également faire de la mise en scène. Il continuera cependant d’écrire de nombreuses pièces. Pendant les années 1970, on le qualifiera même « d’auteur de théâtre de distraction ». Il ne renie pas le qualificatif. Il n’accepta cependant presque aucun des prix qu’on lui a décerné à part ceux pour le « meilleur spectacle de la saison ».

À cette époque, ses pièces paraissaient plus légères mais demeuraient tout de même très pessimistes. Il écrivit en alternance des pièces qu’il qualifiait lui-même de « noires » et « grinçantes » ou « roses » et « brillantes » « costumées » et « baroques » ; mais toutes soulignant une vision pessimiste et féroce de la vie.

Jean Anouilh décède le 3 octobre 1987 à Lausanne en Suisse. Ses biographies varient parfois, comportent des divergences de dates, lieux, et somme tout, on ne connaît que peu de détails sur sa vie privée. L’auteur le voulait ainsi et protégeait sa vie privée.

Bibliographie :

  • L'Hermine (1932)
  • Mandarine (1933)
  • Y avait un prisonnier (1935)
  • Le Voyageur sans baggage (1937)
  • La Sauvage (1938)
  • Le Bal des Voleurs (1938)
  • Léocadia (1940)
  • Eurydice (1941)
  • Le Rendez-vous de Senlis (1941)
  • Antigone (1942)
  • Roméo et Jeannette (1946)
  • L'Invitation au château (1947)
  • Ardèle ou la Marguerite (1948)
  • La Répétition ou l'amour puni (1950)
  • Colombe (1951)
  • La Valse des toréadors (1952)
  • L'alouette (1952)
  • Ornifle ou le courant d'air (1955)
  • Pauvre Bitos ou le dîner de têtes (1956)
  • Becket ou l'honneur de Dieu (1959)
  • L'Hurluberlu ou le réactionnaire amoureux (1959)
  • La Petite Molière (1959)
  • La Grotte (1961)
  • Le Boulanger, La Boulangère et le Petit Mitron (1968)
  • Cher Antoine (1969)
  • Chers Zoizeaux (1976)
  • La culotte
  • Le Nombril (1981)

Commentaires à suivre:

Antigone d'Anouilh - II. L'oeuvre
Antigone d'Anouilh - III. Résumé et Commentaires personnels

Publicité
3 août 2008

Misère...

Il y a quelques temps, on m'a suggérée une lecture. Je ne connais pas cette personne personnellement, uniquement à travers nos carnets respectifs. Cependant, j'ai beaucoup de respect pour ses opinions, ses créations et ses pensées. Et donc, aussitôt que j'ai pu trouver une librairie avec des livres en français, j'ai cherché un livre de l'auteur suggéré.

Cercle1Il y en avait plusieurs. J’avais fait quelques recherches avant d’aller à la librairie. Histoire de me familiariser avec l’auteur, mais pas trop, pour ne pas gâcher la lecture. J’ai tout de même compris qu’il y avait un personnage qui revenait dans plusieurs des livres, donc, j’ai choisi le premier roman qui mettait en vedette le personnage du commissaire Jean-Baptiste Adamsberg.

Et donc la lecture du roman « L’homme aux cercles bleus » de Fred Vargas commença… tranquillement. Tranquillement. Très tranquillement. Je dois avouer que ma lecture fut difficile. Dès le début, je n’ai pas aimé les personnages. Et bien que j’ai appris à aimer – et que je dois dire que c’est le seul personnage que j’ai pu supporter – l’inspecteur Adrien Danglard, le personnage principal, le commissaire Adamsberg, m’a énervée du début à la fin. Son attitude, ses manies, ses lubies m’ont semblées inintéressantes et surtout exagérées. Et les personnages secondaires… incroyablement irritants… incroyablement agaçants dans leurs manies et complètement énervants dans leurs personnalités fantaisistes. L’histoire me semblait sans intérêt ou plutôt ce qui me semblait intéressant ne semblait pas important… on oublia même d’expliquer la fameuse phrase…

J’ai peiné à lire le roman… et quand finalement j’ai eu un soupçon d’intérêt, le tout s’est conclu très rapidement et en laissant un paquet de questions non répondues. Mais le plus difficile pour moi, fut de ne pas plonger et me perdre complètement dans cette histoire. J’avais beaucoup d’espoir pour cet auteur et j’avais très hâte de faire cette première lecture.

Complètement déçue de cette lecture, c’est les larmes aux yeux que j’ai fermé le livre. Bon j’exagère un peu… mais j’attendais tellement de cette lecture. Et je n’ai pas du tout accroché. Puis, j’ai fait quelques recherches… tant qu’à avoir lu le roman, j’allais faire quelques recherches. Et puis je me suis rendue compte que, bien que beaucoup de gens ont adoré ce roman de Vargas, beaucoup ne l’ont pas du tout aimé… et parmi ceux qui n’ont pas aimé leur lecture, il y avait même des fans de Vargas. J’ai même pu lire à plusieurs reprises des fans dire de ne pas commencer une lecture des oeuvres de Vargas avec ce roman.

Et donc, j’ai à nouveau espoir… et je vais me procurer d’autres romans de Vargas. Quelques titres me semblent prometteurs. Et on verra bien ! Je n’abandonne pas ainsi… on m’a dit que ces romans en valaient la peine… et je le crois encore.

14 juillet 2008

Muséum

Critique de lecture

Muséum / Véronique Roy ; avec Luc Fivet. – [Paris] : Fayard, 2008. – 411p. ; 18 cm. – ISBN 978-2-253-12018-6. – (Coll. Livre de poche; 37278)

Museum2Quatrième de couverture :

Au Muséum national d'Histoire naturelle de Paris, les sommités scientifiques sont en émoi : une météorite antérieure à la création du système solaire apporterait la preuve de l'origine extraterrestre de la vie. Les vieilles querelles resurgissent. L'homme est-il le produit accidentel de l'évolution ou le fruit d'un "dessein intelligent", autrement dit de Dieu ?

Le directeur du Muséum sollicite alors le paléontologue et géologue américain Peter Osmond, un athée convaincu, pourfendeur des thèses créationnistes, et l'Italien Marcello Magnani, un astrophysicien dépêché par le Vatican. Mais, dès son arrivée, Peter Osmond découvre le corps affreusement disséqué de la biologiste Anita Elberg. Et, pendant sept jours, les meurtres se succèdent...

L’auteur :

Véronique Roy a travaillé comme archiviste (et bibliothécaire) au Muséum national d’HistoireMuseum1 naturelle de Paris. Elle a également travaillé comme scénariste. Elle commença à travailler à son roman « Muséum » dès l’année 2000. Elle travailla à son œuvre pendant plusieurs années. Il fut publié en 2006.

Résumé:

Un scientifique américain, Peter Osmond, est appelé à Paris, au Muséum National d'Histoire Naturelle, pour enquêter sur un météorite qui vient d'être découvert. La roche pourrait renverser toutes les théories sur les origines de la vie sur Terre. À cause des implications que ces recherches pourraient amener, un prêtre du Vatican, également imminent scientifique est également envoyé sur place pour l’assister.

Osmond a déjà travaillé à Paris et il retrouve avec plaisir la ville, le Muséum ainsi que d’anciens collègues et amis. Il s’aperçoit cependant rapidement que l’on veut empêcher ses recherches. Il découvre également la présence au Muséum de gens adhérant au créationnisme – rejetant ainsi la théorie de l’évolution.

Et puis, un premier meurtre est découvert. Les morts s’enchaînent ensuite rapidement, obligeant Osmond, le père Magnani ainsi qu’une jeune archiviste du musée à enquêter sur ces meurtres.

Commentaires personnels et expérience de lecture :

Lecture rapide. Satisfaisante. Et oubliable. J'avais envie d'un roman policier. Un roman avec une bonne intrigue. Ce roman se passait dans un musée, proposait d'explorer les origines de la vie sur terre et dès les premiers chapitres, nous présente une archiviste – ou documentaliste… enfin ce n’est pas très clair, mais c’est souvent trop malheureusement le cas dans ma profession. J’avais très envie d’aimer le roman. Il m’a plu mais je ne crois pas pouvoir dire que je l’ai aimé. Et quelques jours après la lecture, j'avais oublié le dénouement. Mais pas les lieux... 

Je l’ai lu un dimanche très lent. Un lendemain d’une sortie au restaurant avec des amis. Le lendemain, je me sentais au ralenti. J’avais un million de choses à faire, mais je suis plutôt restée dans ma chambre à lire.

L’écriture est simple, à la limite d’être simplette. Les clichés se multiplient et les personnages sont peu approfondis. L’américain est « américain » et accumulent les erreurs de langage – qui je crois se veulent « comiques » mais qui tombent plutôt sur les nerfs. Les scientifiques sont tous plus bizarres et caricaturés les uns que les autres…

Les promenades dans le Muséum sont cependant agréables et le désordre qui y règne me semble absolument crédible – pour l’archiviste/bibliothécaire que je suis, c’est même une réalité absolue.

Le roman est cependant plus une exposition de l’opposition entre évolutionnisme et créationnisme qu’une résolution de crime. Et surtout, le prétexte de la météorite est vite oublié. Ce qui m’a un peu, beaucoup, achalé ! On nous présente ce thème en 4e de couverture, on en parle beaucoup au début du roman, mais finalement, on « perd » rapidement ladite roche et on passe aux meurtres. Qui sont subitement résolus soi dit en passant, relativement rapidement et facilement pour conclure le roman. Et puis, on parle beaucoup de Teilhard de Chardin, sans véritablement exploiter ces pistes.

J’ai à la fois aimé et trouvé irritant le style d’écriture de l’auteur qui souligne sa narration et interpelle le lecteur sans cesse. Exemples :

« Ce qui est une heure étrange pour déposer le courrier, convenons-en. »

« Réjouissons-nous avec lui que, bien qu’elles parviennent souvent au bord du chaos, les sociétés humaines, à l’instar su monde végétal ou animal, retrouvent toujours un pont d’équilibre »

En général, on survole beaucoup mais on approfondi peu. On ne fait qu’effleurer les sujets. On donne surtout envie d’aller faire plus de recherche sur ces thèmes de créationnisme, etc. Ce qui en fait, me fait dire que l’auteur a fait un travail d’archiviste… trouver l'information, l'roganiser et offrir les documents pour laisser le chercheur faire ensuite sa lecture et sa recherche lui-même. Et les crimes dans tout cela… c’est secondaire…

L’avis de Francesca, Mme Emma, Bil, Goelen, Marco, et Emma

Citations:

"Les protagonistes de cette histoire pasèrent une nuit courte et agitée. Léopoldine, pour sa part, ne ferma l'oeil. Elle tenta bien de se plonger dans un roman, mais son esprit butait sur les mots comme une roue denté ripe sans trêve sur l'engrenage." p. 85

"Je suis au regret de répondre que la neutralité de la science n'existe pas. C'est un mythe que la plupart des scientifiques ressortent systématiquement pour mieux justifier leur irresponsabilité et leur aveuglement. En quoi le fait d'encourager l'industrie nucléaire, les OGM ou le clonage humain est-il neutre ? On ne peut pas cautionner n'importe quoi sous prétexte que cela fait avancer la science ! Ces scientifiques se prétendent neutres alors qu'ils ne font que jouer le jeu des lobbies qui tirent parti de ces expériences. C'est de l'hypocrisie à l'état pur!" p. 229

Source à consulter :

 

5 juillet 2008

La petite robe de Paul

Critique de lectureRobe2

La petite robe de Paul / Philippe Grimbert. – [Paris] : Grasset, c2001. – 155p. ; 18 cm. – ISBN978-2-253-06819-8. – (Coll. Livre de poche; 30045)

Quatrième de couverture :

Paul n’a jamais rien caché à sa femme. Un jour, il est irrésistiblement attiré par une petite robe blanche exposée dans la vitrine d’un magasin.

L’irruption de ce vêtement d’enfant dans l’univers feutré d’un couple sans histoires va soudain produire effets dévastateurs et réveiller de vieux démons.

De quels secrets la petite robe blanche est-elle venue raviver la blessure ?

L’auteur :

Robe1Philippe Grinberg est né à 1948 à Paris. Son père changera leur nom de famille pour Grimbert juste avant la Seconde Guerre Mondiale afin de cacher leur origine juive. Il étudiera la psychologie dans les années 60 à Nanterre.

Après avoir été lui-même en analyse, il ouvre son cabinet de psychanalyse. Il travaillera également dans des instituts spécialisés pour les enfants et adolescents à Asnières et à Saint-Cloud.

Grinberg se passionne pour la musique. Il se lance dans l’écriture et publie un essai sur la musique : Psychanalyse de la chanson en 1996. Il continue à écrire des essais puis en 2001, il publie son premier roman, La petite robe de Paul. Il recevra plusieurs prix pour ses œuvres.

Bibliographie :

  • Psychanalyse de la chanson (1996)
  • Pas de fumée sans Freud : psychanalyse du fumeur (1999)
  • Évitez le divan : petit manuel à l'usage de ceux qui tiennent à leurs symptômes (2001)
  • La Petite robe de Paul (2001)
  • Chantons sous la psy (2002)
  • Un secret (2004)

Résumé:

Paul, un homme dans la cinquantaine marié depuis longtemps à Irène et ayant une fille maintenant adulte, fait un stage de formation dans un quartier qu’il ne connaît pas. Alors qu’il explore le quartier pendant les pauses, il est attiré par une petite robe blanche d’enfant dans la vitrine d’une boutique. Sans pouvoir expliqué sa fascination ou son geste, il entre dans la boutique et achète la robe.

Il tente d’abord de comprendre son geste. Pourquoi a-t-il acheté cette robe ? Il ne peut justifier son achat et alors qu’il veut d’abord l’avouer à son épouse, il cache pourtant la robe. Mais Irène trouve la robe. Sous le choc de cette découverte, elle tente de trouver une explication à la présence de cette petite robe dans la garde-robe de Paul. Elle se sent cependant incapable de demander directement à son époux les raisons de cet achat et elle imagine les pires explications.

La petite robe cachée dans la garde-robe de Paul les plonge dans les souvenirs, les interrogations et les secrets.

Commentaires :

Un couple ordinaire, ayant en apparence une existence tranquille, va être complètement bouleversé par l’achat d’une petite robe et surtout par les mensonges, les secrets et les non-dits qu’entraîne cette petite robe.

Le roman commence rapidement par l’achat de Paul. Cet achat et surtout le fait qu’il le dissimule, le plonge, lui, sa femme et nous à leur suite dans une recherche des raisons qu’ils l’ont poussé à acheter cette petite robe blanche.

Avec sa femme, nous nous imaginons d’abord les pires scénarios. Mais le roman nous emporte surtout dans les souvenirs de blessures anciennes. Des blessures que le couple a subies et qui n’ont jamais vraiment été cicatrisées. On retourne dans le passé de Paul, dans la relation avec son père, nous retrouvons Irène, enfant, ayant perdu ses parents. Puis nous revivons la grossesse interrompue d’Irène après de nombreux efforts… événement qui semble d’abord avoir marqué plus Irène que Paul mais ce n’est pas certain…

On suit religieusement au fil des pages, les réflexions des deux principaux personnages. Et finalement on se rend compte qu’une vie est bâtie sur des moments connus mais surtout sur des moments occultés, des moments enfouis dans les souvenirs. Des moments qu’on a cru comprendre mais qu’il faut explorer de nouveau et comprendre de nouveau.

Le roman ne dit pas tout. Beaucoup de secrets entre les personnages, mais on sait qu’à la fin, ils se disent beaucoup, presque tout… cependant nous ne sommes pas dans le secret… beaucoup nous est occultés. On doit imaginer certains éléments manquants et je suppose que parfois les conclusions doivent légèrement variés selon le lecteur. Mais l’auteur, psychanalyste, doit avoir planifié ces interrogations, ces questions sans réponses.

Les événements de notre vie laissent des traces, même si on croit avoir surmonté ces moments. Le passé est toujours présent… voilà la conclusion du roman. Il s’agit de voir, si on le comprend, l’accepte et si on poursuit notre cheminement. Soulignons également le fait que les secrets, les silences, les non-dits sont toujours sources de tourments, de questionnements et qu’il vaudrait mieux dire ce qu’on voudrait taire…

Quelques irritants cependant… Parfois l’impression d’être dans un de ces soaps, où on ne peut s’empêcher de rager parce que si « seulement les personnages avaient parlés au lieu de taire de détail… on se serait épargner des heures d’interrogations inutiles ». Un peu trop de questions non répondues, également. On comprend l’idée qu’il faut comprendre et déduire sans savoir, mais bon… un peu plus d’indices aurait été appréciés. Et personnellement, j’ai parfois trouvé la douleur d’Irène irritante… à la limite du mélodrame, surtout les dernières scènes – sanglantes.

Mais les mots filent… se lisent doucement. On ne peut s’empêcher d’entrer dans leurs interrogations, de sentir les sentiments se broder autour des douleurs et des souvenirs. J’ai senti les liens entre Irène et sa belle-mère… j’ai senti l’angoisse de Paul quand il fouille dans les souvenirs de son père et les secrets de sa mère… et j’ai ressenti la peur d’un dénouement qui n’est pas ce qu’on craint d’abord…

Cette histoire traite selon moi de nombreux deuils non résolus, non acceptés et surtout des cris de l’inconscient des personnages. Roman construit sur des descriptions d’états d’âme, aucun dialogue… roman légèrement étouffant qui nous ramène à la blancheur de la robe… constamment tachée de souvenirs, et finalement de sang.

Personnellement, le livre m’a captivé… du premier moment où j’ai lu le titre et contemplé la couverture. Je ne connaissais pas vraiment le roman, ni l’auteur au moment de ma lecture. J’ai aimé ces questionnements qu’amène un incident dans la vie d’un couple qui se cache ses douleurs. Et j’ai particulièrement aimé la conclusion qui amène un nouveau personnage, la fille adulte du couple. On craint, on croit savoir, connaître la conclusion, mais l’auteur choisit de ne pas présenter une certaine conclusion évidente – mais somme toute, facile – pour revenir à une vie ordinaire… des gens ordinaires qui vivent avec leurs bibittes, tout simplement.

L’avis de Camille, Tamara, de Lily, Lilly et Lilie

Citations :

« Levant les yeux il aperçut la petite robe. Une seule robe, accrochée à un cintre au centre de la vitrine sur un fond de papier vert d’eau. Une robe d'enfant, parfaitement blanche, taillée comme une chasuble, avec trois roses à l'empiècement, semblables à celles qui émergeaient des pots. Trois boutons délicats qui donnaient naissance à des plis plats poursuivant leur chemin jusqu'à l'ourlet du bas. Le tissu avait la légèreté et la transparence d'un voile de lin, il en respirait la fraîcheur.»

« Paul fut troublé, saisi par le sentiment de n’avoir jamais rien vu de plus joli que ce vêtement de fillette, flottant entre ciel et terre. Il resta un long moment planté sur le trottoir, son sandwich à la main, et sa promenade de ce jour-là ne le mena pasplus loin. » p. 12

« Irène prit alors conscience de la réalité de sa relation à sa belle-mère, tissé comme ses broderies de petites choses de tous les jours, charmantes et poétiques, sans autre épaisseur que celle du canevas auquel se limitaient leurs échanges. » p. 114

Sources à consulter :

12 juin 2008

Le sang du temps - Expérience de lecture

Chattan2Maxime Chattam commence son roman Le Sang du temps, par une réflexion personnelle présentée en prologue. Il commence par dire ceci :

« La lecture est une expérience toute personnelle. Une exaltation folle qui naît d’une rencontre. Celle de taches noires sur des fragments de bois traité avec un esprit. Un cerveau qui vient capter les mots et les interpréter. Selon ses sensibilités. Le moteur de tout récit est l’esprit du lecteur, son imagination est son carburant. […] Mais tout est question de sens. » p. 7

Et dans les lignes qui suivent, il partage son expérience de lecteur. Comment il agit en tant que lecteur, ses habitudes de lecture…

Il en met peut-être un tout petit peu…mais je suis d’accord sur deux points : 1. la lecture est une expérience toute personnelle et 2. tout est question de sens.

Quand j’ai fait quelques recherches sur le roman de Maxime Chattam, je me suis rendue compte que beaucoup de lecteurs, principalement des fans de la fameuse Trilogie du Mal, ont été déçu par cette œuvre. Leurs raisons m’ont semblé valables. Il est vrai que ce roman se détache un peu de l’intensité des romans précédents. Qu’il y a quelques éléments un peu flous, que quelques éléments sont traités rapidement, voire cavalièrement.

Mais ma lecture fut très agréable. Et j’ai même aimé davantage Le sang du temps que les romans de la Trilogie du Mal.

Et pourtant le 4e de couverture ne m’a pas particulièrement accrochée. Très bref… deux histoires différentes qui éventuellement se recouperaient… déjà lu souvent. Et puis, quelques clichés, selon moi… une jeune femme détient un secret et doit fuir… des cadavres d’enfants mutilés, peut-être tués par un monstre légendaire, mais le détective n’y croit pas… encore assez habituel dans le genre. Et puis finalement, les deux dernières lignes… légèrement « sensationnalistes » : « À première vue, rien de commun entre ces deux époques. Et pourtant... La vérité se cache dans ces pages. Saurez-vous la retrouver? »… on veut nous intriguer, et habituellement ce genre de manœuvre m’exaspère.

Mais trois choses ont fait que j’ai tout de même acheté le livre : le Mont-Saint-Michel, Le Caire et j’aime bien l’auteur.

J’ai commencé la lecture du roman, seule dans une chambre d’hôtel, alors que j’étais à un congrès à Santiago de Compostela. J’étais très stressée par les jours qui allaient suivre et j’avais besoin d’un bon dérivatif. Je me suis installée dans le lit, et j’ai commencé à lire. J’avais un sac de graines de tournesol… C’est bizarre, mais quand je lis un roman de suspense, un thriller, un roman fantastique ou un roman policier, j’ai besoin de mon sac de graines de tournesol. J’ai lu tous mes Agatha Christie en grignotant des graines de tournesol.

J’ai terminé la lecture du roman pendant la nuit. Je ne pouvais m’arrêter. Je devais savoir. J’avais visité le Mont-Saint-Michel l’année précédente et j’avais encore des milliers d’images en tête. L’enquête au Caire m’a complètement captivée et je suis devenue la lectrice du Mont-Saint-Michel. Et quand j’ai fermé le livre… j’étais triste de terminer. Mais je me suis endormie tout de suite tranquillement, prête pour ma semaine.

Oh… il y a quelques points faibles… Marion ne m’a intéressée que du point de vue de « lectrice », son histoire ne m’a pas vraiment captivée. La fin m’a légèrement agacée, mais j’ai très bien compris la tactique de l’auteur. Par moment, j’ai eu l’impression de lire du déjà lu. L’enquête au Caire est remplie de clichés mais qui m’apparaissent finalement nécessaires à l’histoire. Cette histoire est une histoire déjà contée... une sorte d'hommage à ce genre d'enquête du début du siècle dans un pays "étrange"... Et surtout, le narrateur et son implication dans l’enquête sont une approche connue du « qui a tué »… et je pense ici à Agatha Christie – je n’en dis pas plus pour ne pas tout dévoiler… Le tout est très anglais...

Mais finalement, le roman est un roman sur la lecture. Sur notre besoin de se perdre dans une histoire, d’arriver à oublier notre quotidien, nos peurs, nos problèmes pour vivre l’histoire qu’on lit… Et ma lecture fut toute personnelle… remplis de souvenirs, d’odeurs, de goûts salés et d’émotions.

Voir aussi:

Publicité
10 juin 2008

Le sang du temps - Commentaires

Critique de lecture

Le sang du temps / Maxime Chattam. – [Paris] : Michel Lafon, c2005. – 467 p. ; 18 cm. – ISBN 978-2-266-16753-6Chattan2

Résumé :

Deux histoires sont racontées dans le roman de Maxime Chattan, Le Sang du temps. La première histoire se passe en 2005. Une jeune secrétaire médico-légal, Marion, découvre par hasard un secret d’État et doit fuir de toute urgence Paris. Pour la protéger, les autorités la conduisent en secret au Mont-Saint-Michel où elle sera en sécurité parmi la communauté religieuse.

Alors qu’elle fait connaissance avec les lieux, la communauté religieuse et les quelques habitants du Mont-Saint-Michel, elle se sent surveiller, mal à l’aise. Elle s’installe néanmoins dans son nouveau environnement. Elle découvre, un jour, dans sa chambre, un papier lui proposant une énigme qu’elle s’empresse de résoudre. Intriguée, elle cherche à savoir qui lui a envoyé même si cela l’inquiète.

Voulant se rendre utile, elle se rend à Avranches pour travailler aux archives et aux livres du Mont-Saint-Michel. Par hasard, elle découvre un manuscrit caché à l’intérieur d’un livre. Le texte raconte l’histoire d’un détective enquêtant en 1928, au Caire, sur le meurtre d’enfants retrouvés incroyablement mutilés.

Marion emporte avec elle le manuscrit et commence la lecture de cette histoire. Nous sommes donc transportés avec elle au Caire. Au fur et à mesure qu’elle lit, nous entrons dans cette deuxième histoire du roman.

Au début du siècle, le détective Jeremy Matheson, en service au Caire, se voit confier une enquête sordide. Des enfants sont retrouvés, morts et mutilés dans les faubourgs pauvres de la ville. La population y voit l’œuvre d’une créature démoniaque, une goule. Le détective poursuit son enquête, ne se laissant pas influencer par les légendes, il veut retrouver le meurtrier bien réel.

Avec Marion, nous sommes les témoins de l’enquête de Matheson, raconté selon la perspective du détective qui tient un journal personnel de son enquête. Petit à petit, Marion est complètement captivé par l’histoire et dépose avec peine le manuscrit. Mais au fur et à mesure qu’elle avance dans l’histoire, elle se sent de plus en plus espionnée et commence à croire que l’histoire de Matheson a des conséquences sur sa propre vie. Qui la surveille ? Qui semble vouloir l’empêcher de connaître la fin de l’histoire ?

Commentaires personnels:

L’auteur est un expert des thrillers et donne à ses romans une touche toute américaine qui le distingue des auteurs français et qui ont fait sa renommée. Le roman dégage une tension constante, les chapitres sont courts et intenses, les rebondissements se succèdent rapidement. On a parfois l’impression de voir un film. Les éléments se superposent apportant des réponses mais laissant toujours un mystère plané. L’atmosphère est angoissante et les scènes horribles sont abondantes.

Le roman est parsemé d’indices, d’effets miroir… et à la fin du livre, on n’est pas certain du dénouement. Les réponses données ne sont pas claires et l’auteur lui-même nous fait douter de nos conclusions – à la fois dans son prologue et dans sa conclusion. Il nous amène même à poursuivre notre enquête en relisant autrement son roman, en donnant une piste à la fin…

Et donc, Chattam veut nous pousser à la réflexion. Il offre des pistes, mais le roman nous appartient. Les deux histoires sont en général bien menées, même si parfois on semble perdre un peu le personnage de Marion. Son histoire, son secret, les raisons qui la font venir au Mont-Saint-Michel semblent être secondaires et on reste un peu sur sa faim. En fait, Marion, est moins un personnage de l’histoire, qu’une lectrice. C’est à travers sa lecture qu’on lit le roman. Sa lecture est notre lecture. On voit le passé défiler comme un film.

Le Mont-Saint-Michel est très présent dans le roman, mais aussi la ville du Caire. On sent les deux lieux vivre. Même si on aurait aimé lire un peu plus de détails sur le Mont. On apprend cependant beaucoup sur le Caire, l’atmosphère de cette époque, de cette ville particulière.

Le livre se lit rapidement et on sent que l’écriture y est pour quelque chose… phrases courtes, denses… beaucoup d’actions, beaucoup de stress et une atmosphère étouffante. On s’attache à la lecture du roman mais surtout aux histoires qu’il contient. Surtout à l’enquête sur les meurtres d’enfants.

Le roman n’a pas fait l’unanimité chez les lecteurs et surtout les fans de Chattam. Plusieurs ont été déçus du roman, s’attendant à un autre roman dans la lignée de la Trilogie du mal. Personnellement, j’ai beaucoup apprécié ma lecture même si certains détails m’ont apparu clichés et que le personnage de Marion m’a semblé un petit brin fade. J’ai trouvé la fin un peu rapide, et j’ai été un peu agacé par cette façon que Chattam s’est inclus dans son roman… et par la façon qu’il semble vouloir nous intriguer… Mais dans l’ensemble, c’est un roman efficace et il m’a tenu en haleine jusqu’à la fin.

L'avis d'Hilde, Valeriane et Majanissa.

Premier article : Le sang du temps - L'auteur.

Voir aussi: Le sang du temps - Expérience de lecture

Citations:

"Elle souhaitait être chez elle. Dans son vrai chez elle, à Paris. Elle voulait se coucher le soir et mettre le réveil pour le lendemain matin, celui-là même qui la ferait maugréer à sept heures moins le quart, pour aller travailler." p. 397

"Elle avait toujours eu un petit faible pour les éditions anciennes, surtout de livres pour enfants, qui sentaient la poussière, la moisissures et le temps. " p. 81

"À bien y réfléchir, elle n'avait pas lu, c'était bien là le problème. Elle avait vécu la découverte de l'enfant mort. Le pouvoir des mots." p. 123

Sources:

9 juin 2008

Le sang du temps - L'auteur

Critique de lecture

Le sang du temps / Maxime Chattam. – [Paris] : Michel Lafon, c2005. – 467 p. ; 18 cm. – ISBN 978-2-266-16753-6

Quatrième de couverture

Paris, 2005. Détentrice d'un secret d'État, menacée de mort, Marion doit fuit au plus vite. Prise en charge par la DST, elle est conduite en secret au Mont-Saint-Michel.

Le Caire, 1928. Le détective Matherson consigne dans son journal les détails d'une enquête particulièrement sordide: des cadavres d'enfants atrocement mutilés sont retrouvés dans les faubourgs du Caire. Rapidement, la rumeur se propage: une goule, créature démoniaque, serait à l'origine de ces meurtres. Mais Matheson refuse de croire à la piste surnaturelle.

À première vue, rien de commun entre ces deux époques. Et pourtant...
La vérité se cache dans ces pages. Saurez-vous la retrouver?

L’auteur:

Chattan1Maxime Drouot est né en France, un 19 février 1976, dans la ville d’Herblay dans le Val d’Oise. Il fait un premier voyage aux Etats-Unis en 1987, à Portland dans l’état d’Oregon. Il fera, ensuite, plusieurs voyages aux Etats-Unis, notamment à New York, Denver et Portland. En 1988, il passe deux mois en Thaïlande.

Il se passionne pour le cinéma et pour la littérature. Il commence à écrire très jeune. Il rédige des nouvelles ainsi que deux romans qu’il ne fera édité. Il commence des études de Lettres modernes qu’il abandonne.

Il pense un moment à devenir acteur et suit Cours Simon à Paris. C’est à cette époque qu’il écrit sa pièce de théâtre, Le Mal (disponible sur le site de l’auteur). Il jouera quelques petits rôles pour la télévision.

À 23 ans, il a divers petits boulots, notamment comme veilleur de nuit. Il pense à reprendre ses études de Lettres mais abandonne rapidement l’idée. Il écrit alors le roman fantastique Le 5e règne. Bien que rédigé en 1999, ce n’est qu’en 2003 que le roman sera publié sous le pseudonyme de Maxime Williams. À ce moment, il travaille aussi comme libraire.

Il décide alors d’écrire des romans policiers et suit des cours de criminologie à l’Université Saint-Denis. Il suivra entre autres des cours de psychiatrie criminelle et de médecine légale. Il commence à préparer un nouveau roman et rencontre divers spécialistes. Il commence à rédiger L’Âme du Mal en 2000. Le roman est publié en 2002 sous le nom de Maxime Chattam. Il continue d’écrire et publie les deux autres romans de cette trilogie du mal, en 2003 pour In Tenebris et en 2004 pour Maléfices.

Il poursuit aujourd’hui, une carrière de romancier, à temps plein.

Site de l’auteur, contenant une biographie écrite par l’auteur lui-même.

Bibliographie:

- Le Mal (1995) (théâtre, publié sur le site officiel de l’auteur)
- Le Cinquième Règne - sous le pseudonyme de Maxime Williams (2003)
- La Trilogie du mal :

  • L’Âme du mal (2002)
  • In Tenebris (2003)
  • Maléfices (2004)

- Le Sang du temps (2005)
- Le Cycle de la vérité :

  • Les Arcanes du      chaos (2006)
  • Prédateurs (2007)
  • La Théorie Gaïa (2008)

Commentaires à suivre...

Voir aussi: Le sang du temps - Expérience de lecture

Citations:

"Elle souhaitait être chez elle. Dans son vrai chez elle, à Paris. Elle voulait se coucher le soir et mettre le réveil pour le lendemain matin, celui-là même qui la ferait maugréer à sept heures moins le quart, pour aller travailler." p. 397

Sources:

1 février 2008

La maison assassinée (suite)

Critique de lecture

magnan1La maison assassinée / Pierre Magnan. – [Paris] : Denoël, 1991. -- 345 p. ; 18 cm. – ISBN 2-07-037659-1. – Coll. Folio ; 1659.

Résumé :

À la toute fin du XIXe siècle, une famille vivant dans une auberge d’un village de la Haute-Provence est brutalement assassinée. Le seul survivant est un bébé de trois semaines. Trois hommes étrangers de la région sont arrêtés, condamnés et exécutés pour le crime.

L’enfant est envoyé dans un couvent où il est élevé par les religieuses qui ne lui révèlent rien de son passé. Devenu un homme, il part au combat lors de la Première Guerre Mondiale. Séraphin Monge revient des champs de bataille, sans aucune blessure mais marqué par ce qu’il y a vécu. Il devient cantonnier et décide de retourner au village qui l’a vu naître, Lurs. Depuis le massacre de sa famille, 25 ans se sont écoulés et le village semblait avoir oublié l’événement, mais le retour de cette homme, fort, beau, placide et qui semble insensible, dérange les habitants superstitieux qui l’évitent.

Alors qu’il se retrouve par hasard dans la maison familiale, laissée à l’abandon, un vieil homme lui révèle l’histoire horrible qui l’a laissé un orphelin : le massacre de son père, sa mère, son grand-père et ses deux frères. Le vieil homme prend soin de lui souligner que personne n’a jamais pu expliquer pourquoi il avait été épargné dans son berceau, ainsi que le fait que lui-même n’a jamais cru à la culpabilité des trois hommes exécutés.

Séraphin devient alors obsédé par l’histoire du massacre de sa famille et par des visions de sa mère. Il entreprend d’abord de détruire morceau à morceau la maison elle-même, La Burlière. Pendant cette destruction, il commence par découvrir petit à petit les secrets de sa famille. Et puis, il pense avoir trouver le mobile du crime ainsi que le nom des véritables coupables. Il décide de venger sa famille, mais alors qu’il commence à planifier la mort des coupables, un d’entre eux est retrouvé mort, probablement assassiné.

Commentaires :

Cela faisait longtemps que ce roman était sur ma liste… l’histoire m’apparaissait intéressante et j’aimais bien le titre. Il y a quelques semaines, je me suis finalement décidée. Et je ne sais…

Le livre se présente comme un roman noir, à la fois, polar, roman psychologique, avec quelques touches fantastiques. L’écriture est définitivement efficace. Les descriptions sont très bien rendues… je dois même dire que d’un point de vue purement personnel, le texte m’a complètement charmé !!! Les mots, les descriptions m’ont captivés… alors pourquoi n’ai-je pas été captivé par l’histoire ? Difficile à expliquer.

L’histoire est très noire et difficile. La psychologie du personnage principal très bien définie – même si je l’ai trouvé un tantinet pesante. Les personnages sont très bien campés, on les sent littéralement vivre sous nos yeux et la symbolique de leur personnalité très bien démontrée. L’atmosphère du roman est très noire… l’horreur de la guerre et les stigmates laissés sur la population, très bien présentés. On comprend parfaitement également l’angoisse de Séraphin et les angoisses des habitants du village face au seul survivant d’un massacre inexpliqué.

Mais l’intrigue n’a pas réussi à me captiver. Elle semblait à la fois accessoire et centrale et je n’ai pas réussi à savoir si elle m’intéressait ou non. Les personnages secondaires m’ont apparu peu approfondis et j’aurais aimé les comprendre plus. En particulier les personnages féminins – pourtant souvent dépeints par la critique comme très forts – m’ont semblé faibles et caricaturaux…

La toile de fond est cependant habilement rendue… la région, le village, l’époque, la vie de certains personnages, … une sorte de « polar du terroir » comme on dit certains… je dirais plus… « polar de la terre »… Roman qui se veut réaliste et poétique à la fois… peut-être trop… car le mystère de la mort de la famille de Séraphin Monge prend selon moi, trop l’arrière-plan. Ce n’est pas ce qui est important dans le roman… et donc, la fin tombe un peu à plat selon moi, à cause de cela…

Et donc… chaque page tournée me donnait envie de la relire et j’ai trouvé le roman très beau et poétique… mais je n’ai pas réussi à accrocher à l’histoire. Donc, je suis un peu déçue… Ce qui fait que je me promets de le relire dans quelques temps…

L’avis de Sylvie : http://passiondeslivres.over-blog.com/article-15518993.html

Citations :

« Avait-il vraiment tout effacé ? Une brique lui pesait sur l’estomac comme s’il avait mangé quelque chose de vénéneux.  […] Il redoubla de vigilance, les yeux à l’affût, tout son subconscient tendu vers il ne savait quoi. Il passa, il repassa, dix fois aux mêmes endroits, il s’obstina de son pas lourd qui arpentait l’espace vide entre les quatre cyprès-cierges, lesquels paraissaient maintenant souffrir d’une secrète pauvreté. » p. 132

« Un emportement prodigieux quoique refréné se frayait chemin par tous les défauts de son quant-à-soi ; Séraphin reçut cette vision et cet appel en pleine figure. » p.147

« Le soir était long à se dessiner, à s’installer sur la terre. Il devait y avoir eu de gros orages sur les hautes vallées, entre l’Ubaye et la Clarée car les nuages à tête rose fusaient hors des montagnes comme un bouquet trop longtemps contenu. » p. 156

« Car l’olivier est l’arbre de la douleur. Il n’apporte la paix qu’à ceux qui le contemplent à travers Dieu. Rien qu’à le voir, d’ailleurs, on devrait s’en douter. Tordu, noueux, arqué de toute sa stature voûtée de vieillard rompu à toutes les roueries du temps […] » p. 256

Sources :

Voir le premier article: La maison assassinée

25 janvier 2008

La maison assassinée

Critique de lecture

La maison assassinée / Pierre Magnan. – [Paris] : Denoël, 1991. -- 345 p. ; 18 cm. – ISBN 2-07-037659-1. – Coll. Folio ; 1659.

Quatrième de couverture :

Au début du siècle, cinq personnes sont massacrées à coup de couteau dans une auberge de Haute-Provence. Seul un bébé de trois semaines échappe miraculeusement à la mort. En 1920, un survivant croit découvrir les coupables, mais deux d'entre eux, un nouveau riche et le propriétaire d'un moulin a huile, sont assassinés à leur tour avant que Séraphin Monge ait pu accomplir sa vengeance. Insensible à l’amour des filles, obsédé par le visage de sa mère qui hante ses cauchemars, tout entier voué à la découverte d’il ne sait quel secret, le justicier Monge entreprend par ailleurs de démolir la maison maudite de fond en comble…

L’auteur :

magnan2Pierre Magnan est né le 19 septembre 1922 à Manosque du département Alpes-Haute-Provence. Il débuta ses études dans la sa ville natale jusqu’à l’âge de 12 ans. Puis à 13 ans, il travaille comme typographe dans une imprimerie de Manosque. À l’âge de 20 ans, pendant l’Occupation de la France, il sera appelé aux Chantiers de jeunesse, mais n’y restera pas longtemps.

En 1946 paraît L’Aube insolite, son premier roman acclamé par la critique mais que le public ignore. D’autres romans suivent, mais n’ont pas plus de succès auprès du public. Il continue d’écrire mais doit travailler pendant 27 ans dans une entreprise de transports frigorifiques. Alors qu’en 1976, l’entreprise de transports doit le licencier par manque de travail, il écrit un autre roman intitulé Le Sang des Atrides qui obtient enfin le succès auprès de la critique mais aussi auprès du public. Il reçoit en 1978, le prix du Quai des Orfèvres pour son œuvre.

Suivra ensuite en 1984 son œuvre la plus connue, La Maison assassinée, pour laquelle il obtient le prix RTL-Grand Public. D’autres romans suivront dont plusieurs furent primés. Quelques unes de ces œuvres furent également adaptées au cinéma dont La Maison assassinée.

Âgé aujourd’hui de 85 ans, il vit encore dans le département Alpes-Haute-Provence, dans la ville de Forcualquier. Amoureux de sa région, la plupart de ses romans s’y situent. De ses propres mots, il aime « les vins rouges de Bordeaux, les promenades, les animaux, les conversations et la contemplation de son cadre de vie »… Il a surtout écrit des romans policiers mais pas uniquement. Il se considère « l’écrivain des pauvres » et milite pour que les livres soient publiés directement en format poche pour « épargner tous les arbres sacrifiés ».  

Site de l’auteur : http://www.lemda.com.fr/

Bibliographie sommaire :

  • L'aube insolite (1946 - réédition 1998)
  • Le Sang des Atrides (1977 – réédition 2004)
  • Le Commissaire dans la truffière (1978)
  • Le Secret des Andrônes (1980)
  • Le Tombeau d'Helios (1980, réédition 2004)
  • Les Charbonniers de la mort (1982)
  • La Biasse de mon père (1983)
  • La Maison assassinée (1984)
  • Les Courriers de la mort (1986)
  • La naine (1987)
  • L'Amant du poivre d'âne (1988)
  • Le mystère de Séraphin Monge (1990
  • Pour saluer Giono (1990)
  • Les secrets de Laviolette (1992)
  • Périple d'un cachalot (manuscrit de 1940 – édité en 1951, 1986 et 1993)
  • Les Promenades de Jean Giono, (album) (1994)
  • La Folie Forcalquier (1995)
  • Les Romans de ma Provence (album) (1998)
  • Un grison d'Arcadie (1999)
  • Le parme convient à Laviolette (2000)
  • L'Occitane (2001)
  • Mon théâtre d'ombres (2002)
  • Apprenti (2003)
  • Un monstre sacré (2004)
  • L'enfant qui tuait le temps (2004)
  • Ma Provence d'heureuse rencontre : Guide secret (2005)
  • Laure du bout du monde (2006)

Citations :

« Une chevêche ululait dans un arbre. Au loin, portée par la houle d’un vent sans racines, la musique d’une viole guidant un bal mourant s’effilochait parmi les pins des collines. » p. 66

« Séraphin apporta une échelle double qu’il dressa contre la façade. Il monta sur le toit. Il décolla une tuile. Il la jeta. Elle éclata sur les dalles de la cour aux rouliers avec un bruit d’assiette cassée. Et il recommença une fois, dix fois, cent fois. À la fin de cette journée une plaie béait sur le toit de La Burlière. » p.85

Sources :

Commentaires à suivre...
 

Publicité
<< < 1 2 3
Publicité
Quelques pages d'un autre livre ouvert...
Publicité