Le Survenant (Suite 1)
Le Survenant / Germaine
Guèvremont; chronologie, bibliographie et jugements critiques d’Aurélien
Boivin. – Montréal : Fides ; Bibliothèque québécoise, 1986. – 233 p. ; 17
cm. – ISBN 2-7621-0839-X
Résumé :
Un soir d’automne, pendant le
repas, un inconnu frappe à la porte de la famille Beauchemin vivant dans un
village québécois nommé Chenal du Moine, tout près de la ville de Sorel.
L’inconnu demande à manger et le père de famille Didace Beauchemin, l’invite à
joindre sa famille à table. L’étranger, dont on ne connaîtra jamais le nom et
que l’on appelle tout simplement, « le Survenant » ou encore
« Venant » s’installe donc chez les Beauchemin pour y travailler dans
les champs et sur la ferme. La famille, composée du père d’une cinquantaine d’année,
veuf, de son fils Amable et de sa bru Alphonsine, accueille cet homme d’environ
30 ans, dans leur logis.
Le Survenant est un homme
fort, travaillant, adroit et solide, mais aussi insouciant, beau parleur et
légèrement bagarreur et buveur. L’étranger plait immédiatement à Didace mais
son fils et sa femme le voit comme un intrus dans leur famille. Il prend peu à
peu part à la vie de la famille Beauchemin mais également des voisins et les
gens du village. Il se liera particulièrement avec Angélina Desmarais, une
« vieille fille » malgré son âge, à cause d’une légère infirmité, qui
habite avec son père.
L’étranger, qu’on considère
et appelle parfois « Grand-Dieu-des-Routes » transformera la vie des
habitants du Chenal du Moine, en particulier la vie des Beauchemin et
d’Angelina, qui s’épanouira enfin. Il devient rapidement une personne
importante dans la vie de Didace et Angelina. Mais il cause aussi bien des
jalousies et commérages. Il représente à la fois la liberté des grands chemins
mais également une menace à la vie sédentaire des gens du village.
Le Survenant travaillera pour
les Beauchemin pendant une année entière. Il participera à la vie des
Beauchemin mais également à celles des gens du village. Participant aux
soirées, contant des histoires de ces jours sur la route, buvant avec les
hommes, « flirtant » avec les femmes. Le Survenant semble s’adapter
petit à petit à la vie sédentaire. Mais bientôt il doit choisir, rester avec le
père Didace qui le traite comme son fils adoptif et avec Angélina qui est
amoureuse de lui, ou bien répondre à son besoin de liberté et reprendre la
route.
Il quittera le Chenal du
Moine un autre soir d’automne, à l’improviste, sans avertir, sans dire adieu.
Son départ laisse certains tristes, d’autres contents, mais personne
indifférent. Il a transformé les gens qu’il a rencontrés.
L’œuvre :
L’édition lue et étudiée dans
ce billet est celle de 1968. L’auteur qui avait d’abord publié « Le
Survenant » en 1945 avait remis, en 1968, quelques mois avant sa mort, à
son éditeur une copie de l’édition de 1966 avec des corrections.
Germaine Guèvremont avait
apporté quelques corrections mineures à son texte, principalement de nature
linguistique ou stylistique. La trame reste la même, aucun ajout ou retrait de
passages. La principale correction est une modification du dénouement. Dans le
roman paru en 1945, la fin dévoile un peu l’identité du Survenant et nous donne
des éléments de sa vie ancienne. L’auteur décide de changer sa fin et de
laisser l’identité du Survenant, un mystère. Le Survenant demeure ainsi un
mystère, un personnage mythique.
Ce changement ajoute à
l’aspect légendaire, presque irréel du passage du Survenant dans la vie des
habitants du Chenal le Moine. Le personnage devient plus grand que nature.
C’est un changement d’importance et qui a beaucoup apporté, selon nombres de
critiques, à l’œuvre de Guèvremont.
« Le Survenant » est un pilier de ce qu’on appelle le
« roman de la terre » canadien-français. Il marque cependant la fin
d’un genre qui est né au 19e siècle. Le roman de la terre
« québécois » exalte les bienfaits de la terre par laquelle passe le
salut de l’âme. Plusieurs de ces romans, « diabolisent » le coureur
des bois, le nomade et les villes. Le roman de Guèvremont reprend les mêmes
thèmes, mais les différences sont moins claires. On met encore une fois en
évidence l’opposition entre la vie sédentaire et la vie nomade. Mais on voit
moins clairement l’opposition bien/mal entre ces deux types de vies. Le roman
ne prend pas clairement position et se fait beaucoup moins moralisateur que la
plupart des romans de ce genre. Il présente encore un portrait de la vie rurale
mais les personnages sont plus complexes et conflictuels.
Le roman québécois changera
après la guerre et le roman de la terre s’éteint peu à peu. « Le
Survenant » est souvent considéré comme le dernier roman du genre. La guerre, l’industrialisation, la ville,
puis la révolution tranquille va transformer les thématiques des romans
québécois. Avec la vie en campagne qui décline, les valeurs religieuses et
culturelles du genre disparaissent de la littérature de l’époque.
Autant dans le roman, il y a
un « avant » et un « après » le Survenant pour les autres
personnages, autant il y a un « avant » et un
« après » Le Survenant dans le
paysage de la littérature québécoise.
Le succès du roman fut
immédiat. Les critiques de l’époque sont élogieuses pour ce roman de la terre,
écrit par une femme de surcroît. L’histoire est simple et n’est pas en soit
original. Mais l’écriture simple et poétique de l’auteur, les descriptions ainsi
que la finesse de la psychologie des personnages contribuent à en faire un
grand roman.
Roman de la terre, roman
régionaliste, «Le Survenant » est surtout un roman de liberté. Adapté à la
radio et à la télévision, le roman fut à nouveau adapté pour le cinéma en 2005.
Sources :
http://felix.cyberscol.qc.ca/LQ/auteurG/guevre_g/surve_gg.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Survenant_(roman)
http://www.germaineguevremont.ca/
http://www.geocities.com/comunitatea_romina/gheorghemircea_survenant.htm
http://www.fabula.org/actualites/article17040.php
http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/evenements/816.html
http://www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=F1ARTF0005839
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