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roman
27 mai 2009

La conjuration de la Sixtine

Sixtine1La conjuration de la Sixtine: roman / Philipp Vandenberg ; traduit de l'allemand par Susi et Michel Breitman. -- [Montréal] : Libre Expression, [c1999]. -- 328 p. ; 22 cm. -- ISBN 2-89111-864-2

Titre original: Sixtinische Verschwörung

Quatrième de couverture

La restauration de l'oeuvre peinte par Michel-Ange au plafond de la chapelle Sixtine est l'occasion d'une consternante découverte. Sous la suie et les vernis apparaissent des lettres qui, au fil du nettoyage, finssent par composer un nom énigmatique. Qu'est-ce que cache cette inscription mystérieuse ? Par-delà les siècles, le génial artiste se vengerait-il de ces papes qui l'ont tant fait souffrir ? Le cardinal Jellinek est bien décidé à tirer au clair cette énigme. Quitte à risquer sa propre foi. Quitte à ébranler l'Église toute entière.

La Conjuration de la Sixtine nous entraîne dans les coulisses du Vatican où sont enfouis les secrets les mieux gardés. Dans un tourbillon oú l'on passe de l'atelier de Buonarroti, du vivant de l'artiste, à la chambre d'agonie de Jean-Paul 1er, la très secrète Prophétie de Jérémie va permettre au cardinal Jellinek de remonter le temps jusqu'aux origines du christianisme. Et jusqu'à la plus inattendue et la plus terrible des révélations...

Un suspense machiavélique qui captivera tous les esprits. En particulier ceux des amoureux de l'art, de la religion, du Moyen-âge et de la Renaissance.

L'auteur

Hans Dietrich Hartel, connu plus tard sous le nom de Philipp Vanderberg, est né à Breslau en Allemagne en 1941. Son enfance, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, fut vécut en partie chez une nourrice puis dans un Sistine2orphelinat. Il obtient en 1963, son diplôme d'études secondaires à Burghausen, puis entreprit des études en histoire de l'art et en études germanique à l'Université de Munich.

Il travaillera pour différents journaux et magazine dès 1965, entre autres, le Abendzeitung, le Quick et le magazine Playboy. Il commença à écrire, principalement des essais

Bibliographie partielle

  • La malédiction des pharaons (1973) (Roman)
  • Nefertiti (1975) (Essai)
  • Ramsès II (1977) (Essai)
  • Auf den Spuren unserer Vergangenheit (1977) (Essai)
  • Der vergessene Pharao, Bertelsmann (1978) (Roman)
  • Das Geheimnis der Orakel (1979) (Essai)
  • Nero. Kaiser und Gott, Künstler und Narr (1981) (Essai)
  • Der Gladiator (1982) (Roman)
  • Das versunkene Hellas (1984) (Essai)
  • Die Pharaonin (1984) (Roman)
  • Die Hetäre (1984) (Roman)
  • Cäsar und Kleopatra (1986) (Essai)
  • La conjuration de la Sixtine (1988) (Roman)
  • Der Pompejaner (1986) (Roman)
  • Klatscht Beifall, wenn das Stück gut war (1988) (Roman)
  • Das Pharao-Komplott, Lübbe (1990) (Roman)
  • Die heimlichen Herrscher (1991) (Essai)
  • Das Tal. Auf den Spuren der Pharaonen (1992) (Essai)
  • Le cinquième Évangile (1993) (Roman)
  • Der grüne Skarabäus, Lübbe (1994) (Roman)
  • Der Schatz des Priamos.Wie Heinrich Schliemann sein Troja erfand (1995) (Essai)
  • Der Fluch des Kopernikus (1996) (Roman)
  • Le magicien des miroirs (1998) (Roman)
  • Purpurschatten (1999) (Roman)
  • Der König von Luxor (2001) (Roman)
  • Der vergessene Pharao, Bastei Lübbe (2002) (Essai)
  • Die Akte Golgatha (2003) (Roman)
  • Das vergessene Pergament (2006) (Roman)

Résumé et Commentaires personnels

L'action commence à Rome, de nos jours. Lors de la restauration de la Chapelle Sixtine au Vatican, on découvre des inscriptions mystérieuses et inconnues à ce jour, laissées selon toutes les apparences par Michel-Ange lors de la création de son chef d'oeuvre. Une enquête commence alors pour déchiffrer, tout d'abord, le message laissé par l'artiste - qui fut obligé de peindre ses tableaux contre son gré - puis pour cacher au monde la signification de ce message qui pourrait faire tomber l'Église, le Vatican et la société moderne.

On retrouve dans ce roman un mélange de religions et de sectes, de complots ésotériques et de quêtes existentielles, d'arts et de sciences. Résolument thriller moderne, le roman mélange enquête policière et roman historique. On nous promène de la chapelle Sixtine aux archives secrètes du Vatican... on nous parle d'art, de mysticisme, de politique, d'économie, de sociétés secrètes, de mafia, de Moyen Âge, de Renaissance et de science... On nous promène à travers les siècles à travers des personnages fictifs et réels.

Et donc, Michel-Ange se serait vengé de l'Église en cachant dans son oeuvre une révélation incroyable sur l'humanité... ses origines, sa raison d'être... Il s'agit maintenant de déchiffrer l'énigme laissé par l'artiste avant que d'autres ne s'emparent de ce secret gardé par le Vatican depuis des centaines d'années.

Bien documenté, bien mené, et bien écrit, le roman de Vandenberg réussit à nous tenir en haleine du début à la fin. L'intrigue est intéressante et plausible. Et surtout, la fin acceptable. J'ai lu ce roman plusieurs années avant la sortie du DaVinci Code, roman auquel il est malheureusement souvent comparé, bien que Vandenberg publia son oeuvre 15 ans avant Dan Brown. La Conjuration de la Sixtine est nettement mieux ridigée et documentée. Les personnages sont très bien décrits et on s'attache facilement à leurs aventures. Je considère personnellement ce roman comme un magnifique exempleà lire du genre thriller art-ésotérisme-religion-science...

Citations

"D'ailleurs, nul ne possédait d'autre exemplaire de la clef donnant accès à la pièce la plus secrète des archives secrètes. Ce qui ne signifiait aucunement qu'il était au courant de tout le mystère qui s'y trouvait renfermé ni des raisons de l'impèrieux silence qui règnait à son propos." p. 37

"Sur ce thème du salut éternel, il aurait eu beaucoup a dire mais son bon sens l'obligeait au silence. D'autant que ce qu'il aurait eu à dire, il l'avait confié à ses fresques de la Sixtine. Que celui qui a des yeux voie." p 48

" -- Il m'arrive parfois de douter, dit-il après une petite hésitation, que Socrate ait eu raison d'assurer que le meilleur bien pour un homme était la connaissance et le pire des maux l'ignorance. À l'évidence, la connaissance a déjà causé bien des malheurs en ce monde." p. 104

Sources

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13 mai 2009

Trois p'tits chats

Trois p'tits chats / René Boulanger. --[Montréal] : VLB Éditeurs, 2006. -- 111 p. ; 23 cm. -- ISBN 3pc978-2-890005-938-2

Quatrième de couverture


« Une des chansons enfantines les plus connues, Trois p’tits chats, recèle d’étranges images qui évoquent la mort et la furie guerrière. Elle fait penser à ces dessins que les psychologues font faire aux enfants qui vivent des traumatismes à la suite de bombardements. La théorie de l’inconscient suggère que de grandes catastrophes de l’histoire peuvent être perçues, revécues, intériorisées à travers les contes et les légendes. J’ai choisi de reconstituer le récit que cette chanson évoque. Le drame, enfoui sous la légèreté musicale, réapparaît ici dans une action qui se situe durant la Seconde Guerre mondiale, en juin 1940, dans une colonne de réfugiés. »

L'auteur

3pc4René Boulanger est né à Saint-Paulin (conté de Maskinongé) au Québec, en 1951. Son père est bucheron et sa mère est cuisinière sur les chantiers. Ils auront 6 enfants. En 1963, sa famille déménage à Montréal.

Durant son adolescence, il s'engagera dans dans diverses causes, dont la lutte nationale. Il aura plusieurs petits emplois qu'il perdra ou quittera rapidement. En 1980, il s'inscrit finalement à l'université (à l'UQAM) et obtient un certificat en scénarisation cinématographique puis un baccalauréat en Études littéraires. Il écrit quelques scénarios de court métrage dont deux seront filmés: "En plein coeur" et "La vieille dame". Il écrit également des textes pour la radio, pour le théâtre ainsi que de nombreux articles.

Il publie son premier roman "Rose Fenian" en 1993. Puis, "Les feux de Yamachiche" en 1997. Ses premiers romans sont des récits historiques et il se penche alors résolument sur l'histoire du Québec.

Il vit présentement à Montréal mais a également une maison en Mauricie. Il continue à écrire des romans, des articles et des scénarios.

Bibliographie partielle

  • Rose Fenian (1993)
  • Les feux de Yamachiche (1997)
  • Trois p'tit chats (2006)

Résumé

Nous sommes en juin 1940, à Paris. Les Nazis ont envahi la France et les gens fuient la ville pour se réfugier en campagne. Une femme et sa fille quittent également Paris et veulent rejoindre Bordeaux où les attend son époux, aviateur pour l'armée. Elles tentent d'abord de quitter par train, mais doivent bientôt rejoindre les milliers d'exilés qui marchent sur les routes de France.

À leur départ, elles amènent avec elles, des valises et trois petits chats que Sophie, la fillette, garde dans ses bras. La marche est difficile et petit à petit, elles doivent abandonner leurs possessions. Tout au long de leur chemin, elles rencontreront plusieurs personnages et devront vivre cet exil du mieux qu'elles le pourront...

Commentaires personnels

Le quatrième de couverture est explicite... et c'est mon plus grand reproche au roman ! Quelle idée d'expliquer tout de suite sa propre démarche!!!  Nous aurions bien fini par comprendre... Enfin... Donc, René Boulanger, pour son roman Trois p'tits chats, a utilisé la comptine enfantine bien connue, pour raconter son histoire. Chaque chapitre commence par un des mots de la comptine. Ce mot devient donc le sujet central du chapitre... Trois p'tit chats, chapeau d'paille, paillasson, somnambule... La comptine, suite de mots en apparence sans lien logique, prend donc, petit à petit, une signification assez sombre et raconte la la fuite d'une mère et sa fille pendant la guerre. Car derrière les histoires, chansons et comptines pour enfants, on peut parfois trouver des aspects sombres et lugubres. La comptine semble légère, pourtant elle renferme des mots tristes ou étranges... "fou de rage", "courtisane" "fugitif", "typhoïde", "veuve de guerre"... Et si ces mots d'enfants cachaient une réalité sombre, qu'une mélodie joyeuse permettait d'effacer pendant quelques instants ? Quand la réalité est insoutenable, se réfugier dans l'imaginaire et l'absurde est parfois la seule issue possible.

L'auteur est québécois, mais a choisi de parler de la Seconde Guerre Mondiale, qu'il n'a pas connu - étant né au Québec au début des années 50. Mais il avoue lui-même que son récit est le récit d'une invasion... et qu'on peut l'associer à toutes les histoires d'un pays, d'un peuple, d'une région subissant l'invasion, la guerre, la violence, la perte de liberté.

Le récit suit le chemin douloureux, la triste fuite d'une mère et de sa fille. Nous suivons pas à pas, la perte de leurs illusions, de leurs possessions, de leur naïveté... autant de la petite fille que de la mère. Parfois les mots décrivent brutalement la réalité de la guerre et de cet exil, parfois ils s'échappent dans la poésie et le rêve... mais toujours ils restent attachés à la comptine. On a parfois du mal à comprendre le lien entre le mot de la comptine et la réalité de leur périple, mais toujours le lien se fait, doucement et douloureusement.

Dans leur fuite, la mère et sa fille rencontreront des compagnons, des amis, des ennemis... elles lutteront, pleureront, auront peur, ... mais jamais elles n'abandonneront : "[...] Mais ce n'est pas le plus important ! Tu sais ce que c'est ? -- Non !  Alors Brigitte fait arrÊter la voiture, se penche vers sa fille aux yeux de déesse blonde et lui caresse les cheveux. Elle lui donne un baiser sur le front puis les joues et la bouche. Elle colle sa tête sur la sienne: -- Vivre, ma chérie ! Vivre enconre et encore !" (p105).

Le texte est rempli de poésies, de souvenirs difficiles et durs ainsi que d'espoirs. Il se lit rapidement, presque aussi vite que la comptine. On a peut-être parfois l'impression de suivre un exercice de style (l'auteur doit bien sûr suivre la comptine, ce qui n'est pas toujours évident) et j'ai parfois trouvé certains passages un peu mièvres et remplis de "bons sentiments" lègèrement naïfs. Mais contrairement à certaines critiques, je n'ai pas eu l'impression de lire un texte excessivement nationaliste.

En conclusion, ce petit livre est joliment construit et se laisse lire avec plaisir !

Citations

"Elle répète à nouveau: "Maman!" Et Brigitte lui répond: "Je suis là, ma chérie!" Puis les trois petits chats viennent s'endormir dans les bras de Sophie et font une boule qui ronronne au milieu du monde hostile. Toute blanche, la boule s'enroule et la blonde Sophie s'endort sur ce paillasson qui porte ses rêves." p.15

"Sébastienne cherche son mouchoir puis essuie le sang du visage de Sophie aux yeux effarés et qui, la tête pleines de songes et de pensées inouïes, voit son avenir se dérouler devant elle. Un avenir effrayant, rempli d'angoisse. Elle songe un instant à Marcel, le jeune matelot de la péniche, à qui elle a dit: "J'ai peur." Maintenant, elle n'a plus peur. Sa peine est trop forte!" p. 98-99

Sources

5 mai 2009

Blasphemy de Douglas Preston - Suite

Blasphemy / Douglas Preston. -- London: Pan Books, [c2008]. -- 543 p. ; 18 cm. -- ISBN 978-0-330-44865-9Blas1

Quatrième de couverture

Deep in an Arizona mountain, the world's largest supercollider will probe what happened at the very moment of creation: the Big Bang itself. The brainchild of Nobel laureate Gregory Norh Hazelius, the supercollider, given the name Isabella, is the most expensive machine ever built. Some people think it may unlock the mysteries of the universe. Some think it will create a mini black hole that will suck in the earth. Powerful televangelist Don T. Spates thunders that Isabella is a satanic attempt to disprove Genesis and challenge God Almighty on the very throne of heaven. He'll do anything to stop Isabella from reaching its goal.

When Hazelius and his team of twelve scientists start up Isabella, they make an extraordinary discovery - one that must be hidden from the world at all costs. Wyman Ford, ex-monk and CIA operative, is hired by the US government to wrest from the team their dark secret. A secret that will either destroy the world... or save it.

Commentaires personnels (attention "spoilers")

L'origine de l'univers: création divine et/ou le Big Bang; éternel questionnement sur l'origine de l'univers et éternelle opposition entre la religion et la science. Mais peut-être est-il possible de réconcilier les deux "théories"? Blasphemy est un thriller résolument technologique et scientifique mais penchant aussi dans les observations culturelles et religieuses. 

Le roman met tout d'abord en scène un groupe de scientifiques cherchant à recréer le tout premier moment de la création de l'univers. Ces recherches sont le projet de Gregory North Hazelius, un récipiendaire de nombreux prix dont le prix Nobel, véritable génie considérant les gens comme inférieurs à lui mais ayant perdu récemment sa femme et s'étant retiré du monde. Pour ce projet incroyable, il rassemble une équipe de brillants scientifiques dans différents domaines. Le projet utilise la plus grande et dispendieuse machine ayant jamais existée: un accélérateur de particules, surnommé Isabella. Le gouvernement a autorisé la construction d'Isabella dans le désert de Red Mesa en Arizona, sur les terres de la nation amérindienne des Navajo.

L'équipe commence les tests, mais alors que l'accélérateur atteint la puissance maximum, celui-ci agit bizarrement et un message apparait sur l'écran. Les scientifiques sont certains qu'un virus informatique a été implanté par un hacker et cachent les résultats de leurs travaux. Le gouvernement américain inquiet de ne pas avoir de nouvelles du projet, envoie un "espion" dans l'équipe pour comprendre ce qui se passe. Wyman Ford est envoyé en Arizona comme intermédiaire entre le projet Isabella et la nation Navajo qui commence à protester contre l'utilisation de leurs terres. Il intègre rapidement l'équipe et joue son rôle d'intermédiaire. Et il tente évidemment de comprendre ce qui se passe au sein de l'équipe qu'il sent immédiatement très tendue. Un des membres de l'équipe est retrouvé mort. On conclut rapidement à un meurtre.

Parallèlement, un télévangéliste très connu, a entendu parlé de ce projet et il y voit non seulement, une attaque contre Dieu et la création divine de l'univers mais également une excellente opportunité de gagner des auditeurs et des dons. Il utilise son émission pour ramener le débat de la science contre Dieu et connait un grand succès - au-delà de ses espérances. Rapidement, d'autres chrétiens fondamentalistes s'emparent de la cause et organisent des protestations.

Alors que les manifestations Navajos et chrétiennes se mettent en place, Wyman Ford apprend finalement la raison des délais des recherches de l'équipe d'Isabella. Alors que l'équipe tente une dernière fois d'amener la machine à pleine puissance et de trouver le virus informatique, les événements se précipitent. Le gouvernement, sans nouvelle de l'équipe et de Ford, organise une opération militaire pour entrer de force dans le bâtiment logeant Isabella; plusieurs Navajos organisent une manifestation pacifique et viennent camper non loin en signe de protestation contre l'utilisation de leurs terres; des centaines (voire des milliers) de chrétiens décident de prendre d'assault Isabella et de détruire l'accélérateur et les scientifiques au nom de Dieu. Pendant ce temps, l'équipe tente de comprendre le problème avec Isabella... et finit par entreprendre une conversation avec... Dieu.

Beaucoup de sujets dans ce roman, ce qui me rendait la tâche difficile pour en parler sans raconter beaucoup de l'histoire. Évidemment, j'aurais pu ne mettre que quelques lignes, mais cela ne donne pas une bonne idée de la complexité de l'intrigue. Qui est par moment, peut-être un peu trop éparpillée, justement. Nous avons d'un côté le projet scientifique qui ne prend finalement que vraiment toute la place que très tard dans le roman. Puis nous avons le développement du personnage de Wyman Ford. Qui lui aussi prend beaucoup de place. On passe ensuite au personnage du télévangéliste et à un pasteur extrémiste. On saute ensuite aux amérindiens. Puis on revient à l'équipe de scientifiques. Ce qui fait qu'on a parfois de la difficulté à se rappeler où on en est rendu et qui sont les personnages.

L'auteur sait cependant tenir son intrigue et on attend de revoir les recherches et leurs implications. En fait, on tarde à savoir et cela m'a un peu achalé... c'était long. On nous présente un meurtre, l'histoire de chaque personnage, un autre meurtre, des discussions avec les Navajos, les questionnements des membres du gouvernement, les discours et états d'âme du télévangéliste, etc. Et on semble passer beaucoup de temps sur tout, sauf sur les problèmes d'Isabella. Puis, petit à petit, l'auteur nous amène dans le centre de la "machine" et là, cela devient tout d'abord très scientifique. Pour finalement rattraper la religion... car, et si le message qui apparaît sur l'écran n'était pas un virus, mais la voix de Dieu ?!?!

Pour certains, c'est ici que tout chavire dans le roman. Car il faut avouer que Preston ne fait pas dans la dentelle... On a une opération militaire anti-terroriste pour entrer dans le bâtiment, une manifestation Navajo à dos de cheval, des chrétiens fous de rage qui sont en mission pour Dieu et qui se préparent pour la fin du monde, une conversation avec Dieu, des poursuites dans des grottes, et j'en passe ! Mais je dois avouer que je suis restée accrochée jusqu'à la fin. J'ai trouvé par moment que c'était "un peu beaucoup", mais c'était divertissant !

Je dirais cependant qu'il y a trop de différence entre les deux parties du roman... on a l'impression d'avoir deux romans différents. Certains ont vu une critique négative de la religion et des chrétiens, et il est vrai que les personnages religieux du romans sont en général assez pitoyables. Mais il est faux de prétendre que l'auteur, oppose religion et science... ou qu'il donne la science sous un jour favorable et la religion sous un jour défavorable... Il faut voir au-delà des attitudes et convictions des personnages et comprendre que l'auteur tente de présenter les dérapages que peuvent amener autant la science que la religion.

Et je dois avouer que toutes mes petites réserves et critiques ont sauté à la fin du roman, alors que l'auteur m'a complètement surprise, ce qui est très rare et ce qui m'a beaucoup plu. Je dois avouer que j'aurais pu prévoir cette fin car les indices sont présents tout au long du roman. Mais j'ai bien aimé ce revirement de situation... que bien sûr, je ne dévoilerai pas, j'en ai déjà assez dit ! Disons simplement, que les hommes semblent avoir besoin de croire...

Je réalise que mes commentaires sont loins d'être objectifs ou même - je l'avoue humblement - très cohérents ! Je concluerai donc en disant que c'est un roman qui m'a permis de passer un agréable moment et de décrocher de mon quotidien... pas nécessairement une lecture parfaite mais tout à fait agréable !

Premier article ici.

Citations

"This group of atheistic scientists have as their creed the theory that the universe created itself out of nothing, without any guiding hand or primum mobile. The call this theory the Big Bang. Now, most intelligent people, including many scientists like myself, know this theory is based on an almost complete lack of scientific evidence. The theory has its roots not in science, but in the deeply anti-Christian sentiment that pervades our nation today." p. 290

Sources à consulter

  • http://www.prestonchild.com/solonovels/preston/blasphemy
  • http://www.thrillerwriters.org/2008/01/religion-science-clash-in-blasphemy.html
  • http://www.crimecritics.com/2009/01/blasphemy-douglas-preston-book-review/
4 mai 2009

Blasphemy de Douglas Preston

Blas1Blasphemy / Douglas Preston. -- London: Pan Books, [c2008]. -- 543 p. ; 18 cm. -- ISBN 978-0-330-44865-9

Quatrième de couverture

Deep in an Arizona mountain, the world's largest supercollider will probe what happened at the very moment of creation: the Big Bang itself. The brainchild of Nobel laureate Gregory Norh Hazelius, the supercollider, given the name Isabella, is the most expensive machine ever built. Some people think it may unlock the mysteries of the universe. Some think it will create a mini black hole that will suck in the earth. Powerful televangelist Don T. Spates thunders that Isabella is a satanic attempt to disprove Genesis and challenge God Almighty on the very throne of heaven. He'll do anything to stop Isabella from reaching its goal.

When Hazelius and his team of twelve scientists start up Isabella, they make an extraordinary discovery - one that must be hidden from the world at all costs. Wyman Ford, ex-monk and CIA operative, is hired by the US government to wrest from the team their dark secret. A secret that will either destroy the world... or save it.

L'auteur (biographie plus complète ici)

Douglas Preston est né à Cambridge au Massachusetts en 1956. Il grandit dans la ville de Wellesley où il fréquenta plusieurs écoles dont le Cambridge School of Weston. Il poursuivit des études au Pamona College à Claremont en Californie. Il commença par étudier surtout les sciences – mathématiques, biologie, anthropologie, chimie, physique, géologie, … - puis décida finalement d’étudier la littérature anglaise.

En 1978, après l’obtention de son diplôme, il est employé par le American Museum of Natural History de New York pour lequel il est éditeur, rédacteur et éventuellement directeur des publications. Il y resta 8 années pendant lesquelles il rédigea son premier ouvrage Dinosaurs In The Attic: An Excursion into the American Museum of Natural History, qui fut publié par les St.Martin’s Press par un jeune éditeur, Lincoln Child. Douglas Preston fut également professeur à l’Université Princeton pendant ces années ainsi que éditeur pour la publication Curator.

En 1986, Preston décide de partir pour Santa Fe au Nouveau-Mexique pour écrire à temps plein. Il publie plusieurs ouvrages sur l’histoire du Sud-Ouest américain. Il commence ensuite à écrire à temps plein des romans et des œuvres de non-fiction. Il écrit parfois en collaboration avec Lincoln Child, en plus d’écrire pour diverses publications et de poursuivre des activités de recherches pour diverses institutions.

Bibliographie partielle (bibliographie complète ici)

  • Dinosaurs In The Attic: An Excursion into the American Museum of Natural History (1986)
  • Jennie (1994)
  • Relic (avec Lincoln Child) (1995)
  • Talking to the Ground: One Family's Journey on Horseback Across the Sacred Land of the Navajo (1996)
  • Mount Dragon (1996)
  • Riptide (1998)
  • Cities of Gold: A Journey Across the American Southwest (1999)
  • Thunderhead (1999)
  • The Ice Limit (2000)
  • The Codex (2004)
  • Tyrannosaur Canyon (2005)
  • Blasphemy (2008)
  • The Monster of Florence (avec Mario Spezi) (2008)

Résumé

Le plus grand et puissant accélérateur de particules, Isabella, est construit en Arizona, sur la réserve amérindienne des Navajo. Un groupe de 12 scientifiques est chargé d'explorer la naissance de l'univers, communément appelé le Big Bang. Ces recherches, financées par le gouvernement américain, amènent nombres de protestations et de questionnements. La communauté Navajo se sent utilisé et lésé, des chrétiens fondamentalistes menés par un populaire télévangéliste avancent que le projet cherche à rejeter l'existence de Dieu et le gouvernement américain se questionne sur la lenteur des résultats.

Le gouvernement envoie un homme, Wyman Ford, pour enquêter sur les délais inexplicables. Ford, supposément un intermédiaire entre la communauté Navajo et le projet Isabella, arrive donc sur les lieux pour comprendre pourquoi l'équipe de scientifiques ne semble pas obtenir de résultats.

Alors que Ford s'intègre à l'équipe, on retrouve le corps d'un des scientifiques. La tension monte rapidement, alors que les manifestations des Amérindiens se font plus insistantes et que la population, poussée par le télévangéliste, commence à se questionner sur les fondements de cette recherche et les millions de dollars qui y sont investis.

La tension est de plus en plus présente également au sein de l'équipe d'Isabella. Un problème informatique empêche l'expérience d'avancer et menace tout le projet. Les événements vont se bousculer subitement au moment où l'équipe semble avoir trouvé une réponse à leurs questions.

Commentaires personnels à suivre...

Citations

"CZero. Coordinate Zero. This was the tiny place, no bigger than a pinhead, where the beams of matter and antimatter were brought together at the speed of light yo annihilate themselves in a burst of pure energy. When Isabella was running at 100 percent full power, it was the hottest, brightest place in the universe - one trillion degrees. Unless, thought Dolby with a smile, there wa an intelligent race of beings out there with a particule accelerator bigger than his. He was incline to think not!" p. 191

Sources à consulter

  • http://www.prestonchild.com/solonovels/preston/blasphemy
  • http://www.thrillerwriters.org/2008/01/religion-science-clash-in-blasphemy.html
  • http://www.crimecritics.com/2009/01/blasphemy-douglas-preston-book-review/

20 avril 2009

Child of the Night de Kilpatrick - Suite

Child of the Night / Nancy Kilpatrick. -- London: Raven Books, [1996]. -- 314 p. ; 20 cm. -- ISBN 1-85487-446-2Kilpatrick1

Résumé

Carol Robins, une jeune américaine de Philadelphie, a du mal à se remettre de sa récente rupture. Elle décide de s'offrir un séjour en France. Alors qu'elle se trouve à Bordeaux, elle rencontre un jeune homme mystérieux qui s'avère être un dangereux vampire. Elle parvient cependant à obtenir un marché du vampire: il lui laissera la vie sauve si elle demeure son esclave pendant quelques semaines.

Enfermée dans un manoir, elle vivra un véritable cauchemar au mains du vampire et de ses amis, vampires, eux aussi. Victime de violence et d'abus sexuels, elle se retrouve cependant enceinte du vampire. Après la naissance de cet enfant improbable, les vampires la chassent et gardent son enfant.

Carol, maintenant libre, mais complètement perdue, tentera par tous les moyens de retrouver les vampires, André, son agresseur et surtout son enfant volé.

Commentaires personnels et expérience de lecture

Difficile pour moi de parler de ce roman. La preuve les jours qui se sont écoulés depuis le premier article ! J'ai presque été tenté d'efface ce premier message, mais après le commentaire d'Allie, je me suis dis que je devais bien terminer ce que j'avais commencé. Mais ces commentaires seront très très personnels... plus une expérience de lecture que de véritables commentaires...

C'est que voyez-vous, je suis très très ambivalente face à ce roman. Du moins, puis-je dire que j'ai sincèrement, vaguement, apprécié ma lecture, qui remonte à la sortie du roman.

Le roman traite de vampires. Un thème qui peut offrir d'excellents romans comme les pires histoires. Tout dépend de la façon dont est traité le thème en général et comment sont abordés les personnages, principalement les vampires. Et aussi bien entendu les éléments "nouveaux".

Kilpatrick amène, dans son roman, une facette peu abordée dans le genre: la reproduction "naturelle" des vampires. La naissance d'enfants est rares chez les vampires, puisqu'ils se multiplient habituellement en "infectant" leur victimes. On retrouve cette facette de reproduction naturelle dans Lost Souls de Poppy Z. Brite, par exemple. Cet aspect est un des points intéressant du roman et qui a retenu mon attention.

Son style d'écriture est simple, neutre, très sobre. Elle plonge directement dans une écriture gothique moderne. Et elle choisit une tangente qui mélange horreur et érotisme. Ses vampires sont majoritairement cruels, violents et pervers. Notre héroïne se fait violenter physiquement, psychologique et sexuellement. Kilpatrick ne verse pas dans le côté romantique des vampires comme d'autres auteurs. Aucune allusion ou subtilité dans ses descriptions sexuelles. Et parfois, on aurait apprécié quelques métaphores... j'ai levé plus d'une fois les yeux au ciel en lisant certains passages. Et j'ai même parfois éclaté de rire. Principalement devant les réactions de Carol (Comme par exemple, lors du passage cité plus bas). Nous retrouvons dans le roman, la typique relation, du "cruel" homme et de la "vulnérable" femme qui même si elle se révolte contre les abus, est, "contre sa volonté", attirée par son agresseur. Alors qu'au début du roman, je me suis laissée emportée sans trop remettre en question, au bout d'un moment, c'était trop... à la limite du "ridicule" (je mets entre guillemets car je trouve le mot fort, mais c'est tout de même ce que j'ai ressenti). Je n'accroche pas du tout à ce genre de mise en scène... et c'est trop facile dans le monde vampirique.

Kilpatrick a beaucoup écrit et a poursuivi l'histoire de ce roman pour en faire une série... Je dois avouer que les couvertures des romans suivants représentent bien le genre de roman fantastique qu'écrit l'auteur: du vampire-érotico-romance... Une recette qu'elle reprend depuis ce roman. Je ne peux dire que je les ai tous lu... je n'ai laissé leur chance qu'à deux-trois romans... j'ai arrêté rapidement la série. Et ce premier roman demeure le meilleur de l'auteur à mes yeux. Tout de même de très bons moments - trop peu malheureusement - dans les pages de Child of the Night. Et malgré tout, le thème du vampirisme - et surtout de l'enfant-vampire - est assez bien traité, malgré quelques clichés. Une partie de l'histoire se passe aussi à Montréal, ce qui m'a plu en général (oui, car quand même pour une dame qui habite Montréal, certaines choses, elle aurait dû savoir: comme par exemple, la Ronde... et bien, c'est fermé en décembre... enfin !).

Donc, en résumé, ma première lecture fut correcte. Quelques bons points, mais rien d'emballant et de nombreux roulements des yeux. Une relecture aurait été déconseillée... malheureusement, je l'ai fait et les soupirs furent de plus en plus nombreux. Ensuite... (et cela n'a rien à voir avec l'écriture du roman, mais bien avec ma perception de lecture après coup pour Child of the Night et pour les romans suivants), l'auteur vivant à Montréal et évoluant dans le monde gothique, j'ai souvent eu l'occasion de la voir et de la rencontrer dans les clubs gothiques de Montréal... elle et sa "suite" ! Et disons simplement, qu'on ne gagne parfois absolument rien à rencontrer certains auteurs...

Lire le premier article: Child of the Night de Kilpatrick.

Citations

"Nine years, she reminded herself bitterly. You've stolen nine years of my life. And my baby. I hate you more than I've ever hated anyone. And you're not even human. You deserve death. So why can't I do this? But she could not bring her right hand, the one holding the mallet, down and drive the stake into his heart to destroy him." p. 205

Sources

  • http://www.alire.com/Auteurs/Kilpatrick.html     
  • http://www.bdfi.net/auteurs/k/kilpatrick_nancy.php
  • http://www.sff.net/people/nancyk/index.htm
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15 avril 2009

Child of the Night de Kilpatrick

Kilpatrick1Child of the Night / Nancy Kilpatrick. -- London: Raven Books, [1996]. -- 314 p. ; 20 cm. -- ISBN 1-85487-446-2

Quatrième de couverture

She wondered if she had always been dead and only now was alive for the first time...

She tried to drink the blood as quickly as she could, all the while aware of his quick breathing and the thin sheen of sweet covering his flesh. The barrier between them was rapidly dissolving. She found this both exciting and terrifing...

Carol Robins's life is on hold. Her fairy-tale marriage is over, and when she decides to espace to Bordeaux, France, it is the last place she expects to meet a vampire.

Imprisoned and abused, Carol is forced to mak a bargain with her sadistic captor: two weeks in his power doesn't seem like much, in exchange for her life. But when fate intervenes, two weeks turn into years as Carol desperately travels to the ends of the earth to reclaim what has been stolen from her - something she values more than life itself: the unique offspring of an unholy union between two different species: one living, the other Undead...

L'auteurKilpatrick2

Nancy Kilpatrick est née à Philadelphie aux États-Unis en 1946 mais fut naturalisée canadienne dans les années 70.

L'auteur a écrit plus d'une quinzaine de romans et 200 nouvelles. Elle a également écrit le scénario d'oeuvres graphiques et d'oeuvres théâtrales. Elle a écrit sous divers pseudonymes, dont Amarantha Knight et Desirée Knight. Elle est également l'auteur de plusieurs oeuvres de non-fiction, dont le livre "The Goth Bible: A Compendiun for the Darkly Inclined". Elle s'implique également dans l'édition d'oeuvres anthologiques. Elle a gagné plusieurs prix, dont le Arthur Ellis Award en 1993 pour sa nouvelle "Mantrap". Elle fut également en nomination pour plusieurs prix. Le thème récurrent de la plupart de ses écrits demeure le vampirisme.

Elle demeure présentement à Montréal, au Québec, où elle continue à écrire et à s'impliquer dans la communauté "gothique" et "dark". Elle offre également des cours de rédaction et des ateliers, spécialisés dans le genre vampirique et fantastique.

Site de l'auteur

Bibliographie partielle

  • Near Death (1994) (Série Power of the Blood World)
  • Child of Night (1996) (Série Power of the Blood World)
  • Reborn (1998) (Série Power of the Blood World)
  • Dracul: An eternal love story (1998)
  • Bloodlover (2000) (Série Power of the Blood World)
  • Cold confort (2001)
  • Eternal City (2003 ) (Avec Micheal Kilpatrick)
  • The Goth Bible: A Compendiun for the Darkly Inclined (2004)

Commentaires personnels et expérience de lecture à suivre....

Citations

"As she strolled the streets of the downtown, of the harbour, little almost-memories made her brain itch the way the biting mosquitoes infected her skin. and as she scratched at the recollections, they swelled and became more prominent" p. 173

Sources

  • http://www.alire.com/Auteurs/Kilpatrick.html
  • http://www.bdfi.net/auteurs/k/kilpatrick_nancy.php
  • http://www.sff.net/people/nancyk/index.htm


7 avril 2009

Shadow of the Wind

Wind1The Shadow of the Wind / Carlos Ruiz Zafón ; Translated by Lucia Graves. -- [London] : Phoenix, [c2004]. -- 506 p. ; 18 cm. -- ISBN 0-75285-954-4

Titre original : La sombra del viento

Quatrième de couverture

Hidden in the heart of the old city of Barcelona is the "Cemetery of Forgotten Books", a labyrinthine library of obscure and forgotten titles. To the library, a man brings his 10-years-old son, Daniel, one cold morning in 1945. Daniel is allowed to choose one book and from the dusty shelves pulls The Shadow of the Wind by Julian Carax. But as Daniel grows up, several people seem inordinately interested in his find. What begins as a case of literary curiosity turns into a race to find out the truth behind the life and death of Julain Carax and to save those left behind.

L'auteur

Carlos Ruiz Zafón est né en 1964 à Barcelone en Espagne. Il commence à écrire très jeune et à l'âge de 14 ans, il écrit Wind2son premier roman. Il deviendra cependant publicitaire pendant quelques temps. Il quittera cette profession pour se consacrer uniquement à l'écriture. Il publie son premier roman en 1993, El principe de la niebla. Il écrit principalement en castillan. Ses premiers romans sont généralement classés dans la littérature jeunesse.

Il connait un grand succès avec son roman, plus "adulte",  La sombra del viento parut en 2001 et traduit entre autres, en catalan, anglais, français, allemand et italien. Il a reçu de nombreux prix pour plusieurs de ses romans.

Depuis 1993, Ruiz réside à Los Angeles aux États-Unis. Il continue d'écrire, principalement des scénarios.

Bibliographie partielle

  • El principe de la niebla (1993)
  • El palacio de la medianoche (1994)
  • Las luces de septiembre (1995)
  • Marina (1999)
  • La sombra del viento (2001)
  • El juego del ángel (2008)

Résumé

À Barcelone, quelques temps après la guerre civile qui a vivement blessée et marquée l'Espagne, un jeune garçon de 10 ans est amené par son père dans un lieu étrange, le Cimetière des Livres Oubliés. Son père lui dit, que pour sa première visite dans ces lieux oubliés, secrets et sacrés, il doit choisir un livre, un seul, et le ramener avec lui. Daniel choisit un roman d'un auteur qu'il ne connait pas, Julian Carax, La sombra del viento (L'ombre du vent). Il ne se doute pas de l'importance et de la place que vont prendre le roman et l'auteur dans sa propre vie.

Complètement envoûté par le livre, il tente de trouver d'autres oeuvres du même auteur. Mais il ne peut trouver aucun autres romans de Julian Carax et il peine à trouver des renseignement sur cet auteur mystérieux - dont on semble vouloir détruire tous les romans qu'il a écrit. Dans sa quête pour découvrir qui était Julian Carax, il se trouve plongé (lui et ses proches) dans des histoires de plus en plus complexes et étroitement liées au roman qu'il a choisi par hasard et à l'histoire de son pays.

Commentaires personnels et expérience de lecture

Premier roman "pour adultes" de l'auteur, La sombra del viento nous plonge directement dans l'Espagne d'après la Guerre civile. Le roman est sombre, froid, venteux, humide... Un roman presque "gothique"... Un Barcelone vivant mais dur et glacial. Les gens sont brisés, mais tentent de vivre tout de même. Les rues sont remplies de dangers, d'angoisses, mais aussi de promesses et d'espoirs. Le pays se relève tranquillement et tente de revivre et reprendre sa vie quotidienne.

Dans cet Espagne meurtrie, Daniel, petit garçon de 10 ans qui a perdu sa mère, tente de trouver sa place à côté de son père. Dans un lieu mystérieux, il doit choisir un livre et le ramener avec lui. Le livre doit devenir le sien. Et le livre deviendra son obsession. On suit alors Daniel tout au long de sa vie. On le voit vieillir - suivant son obsession pour le livre et son auteur. Sa quête pour découvrir qui était l'auteur devient une quête pour sa propre identité. Il découvre peu à peu qu'il est intimement lié à ce roman et à cet auteur mystérieux. Au travers sa recherche de renseignements, à travers son enquête pour trouver Julain Carz, l'auteur de La sombra del viento, on assiste à la vie de Daniel, on le voit grandir, rire et pleurer. On assiste à sa vie, à la vie de son père et de ses proches. Enquête vaguement policière, le roman est surtout une enquête sur la vie de Daniel. Les personnages prennent beaucoup de place, les décors sont également très vivants, mais servent surtout à mettre en évidence les sentiments des protagonistes. 
 

La sombra del viento fut publié en 2001. L'auteur, d'origine catalane, a choisit d'écrire son roman en castillan et non en catalan. Il fut très critiqué pour ce choix. On critiqua également le fait qu'on ne parle pas de l'interdiction de parler catalan en Catalogne pendant cette période.

Le roman El juego del ángel parut en 2008, est un "prequel" au roman La sombra del viento et se déroule pendant les années 20 et 30.

Diffile d'en dire plus... sans dévoiler l'intrigue. Je dois cependant avouer que le quatrième de couverture m'avait séduit et a ainsi fait de mon début de lecture une déception... car du Cimetière des Livres Oubliés, on ne parle pas beaucoup... Ce n'est qu'un instant (ou deux). Et j'aurais voulu en savoir plus sur ces lieux ! Mais une fois cette déception passée, la vraie histoire - celle de Daniel, son père, Julian... - prend toute sa place et on se laisse emporter docilement dans ces pages sombres et poétiques. Des histoires où enquête policière, littéraire, mystique, initiatique et personnelle s'entremêlent de façon fantastique et vividement réelle !

On est plongé dans une Barcelone d'après-guerre... une Barcelone personnelle... On apprend un peu sur l'histoire, mais surtout sur les émotions liées à l'histoire. J'ai retrouvé des bribes des sentiments racontés par mon père sur cet époque... quelques moments...

Et j'ai retrouvé Barcelone... J'ai lu quelque part, qu'on ne retrouvait pas dans ce roman, la Barcelone qu'on connait, la festive, chaude et agitée... Et bien Barcelone est aussi, froide, pluvieuse etsombre... Barcelone a plusieurs visages et je les ai retrouvés dans ce roman... le côté sauvage, effacé, glacial, brûlant, le visage tourné vers l'avenir mais marqué par le passé... rebelle et soumis... 

Tout le monde en a déjà parlé... quelques avis: Karine, Allie, Sassenach, Charlie Bobine, Grominou, Alain, Yueyin, Joan, So, Sylvie, Louis, Kesalul, et tant d'autres...

Citations

"This is a place of mystery, Daniel, a sanctuary. Every book, every volume you see here, has a soul. The soul of the person who wrote it and of those who read it and lived and dreamed of it. Every time a book changes hands, every time someone runs his eyes down its pages, its spirit grows and strengthens." p. 3-4

Sources

 

25 mars 2009

Le Dahlia Noir d'Ellroy - Suite

Le Dahlia Noir / James Ellroy ; traduit de l'anglais (américain) par Freddy Michalski. -- [Paris] : [Editions Payot & Rivages], 2007. -- 504 p. ; 18 cm. -- ISBN 2-86930-391-2. -- (Coll. Rivages/noir / dirigée par François Guérif, Dahlia1100)

Résumé

Bucky Bleichart, le narrateur, est un ancien boxeur qui a décidé de mettre sa carrière de côté pour devenir policier. Engagé par la police de Los Angeles (LAPD), il devient partenaire avec Leland "Lee" Blanchard, également un ancien boxeur et un ancien adversaire dans le ring. Les anciens adversaires deviennent donc des partenaires et de bons amis.

Bleichart nous raconte d'abord son amitié avec Lee Blanchard et avec la "conjointe" de Lee, Kay Lake. Kay est l'ancienne petite amie d'un criminel célèbre, Bobby De Witt, maintenant en prison. Bucky, Lee et Kay deviennent très proches et leurs liens deviendront intimement impliqués dans la vie professionnelle des deux policiers.

Alors que les deux amis travaillent sur différentes affaires, un corps affreusement mutilé est retrouvé dans un terrain vague. Malgré lui, et sous la pression de Blanchard qui devient rapidement obsédé par le cas, Bleichard se voit chargé de l'enquête. D'abord un simple fait divers, le meurtre sauvage d'Elizabeth Short, surnommé le Dahlia Noir par les journalistes, devient rapidement le cas le plus important et médiatisé.

Bleichard se voit de plus en plus impliqué dans le crime et découvre que sa vie et celles de ses amis sont étroitement liées avec le meurtre de Betty Short.

Commentaires personnels

Inspiré d'un meurtre réel de la fin des années 40 qui ne fut jamais résolu, Ellroy nous livre ici son interprétation des faits et nous propose une solution du crime. De son propre aveu, Ellroy fut toujours passionné de crimes et de romans policiers et il a beaucoup lu sur le meurtre d'Élizabeth Short. Il est aussi évident que la rédaction de ce roman est une façon d'exorciser le meurtre - lui aussi non résolu - de sa mère alors que l'auteur était un jeune garçon.

Le meurtre de la jeune femme surnommée le Dahlia Noir, bien qu'au centre du roman, n'apparaît que tardivement dans celui-ci. La première partie du roman - parfois considérée un peu longue par nombres de lecteurs - est consacrée à la présentation des personnages principaux, le narrateur, Bucky Bleichart, son coéquipier, Lee Blanchard ainsi que la protégée de ce dernier, Kay Lake. On nous présente longuement les deux policiers, leur passé de boxeur, leur amitié, leur vision du métier de policier, les événements qui feront leur gloire mais amèneront aussi leur chute, ce qui les unis mais aussi ce qui les séparera à jamais. Cette présentation est essentielle au roman, car au-delà de l'enquête sur le meurtre horrible de Betty Short, l'oeuvre est surtout une relation de cette amitié. Le roman est également, avant tout, une transmission d'une atmosphère, d'une époque...

Le personnage principal est peut-être bien la ville de Los Angeles à la fin des années 40 et au début des années 50. Une ville sombre et froide lorsqu'on s'éloigne des lumières de la "cité du cinéma". Une ville dure, sordide, noire, oppressante... La corruption et le crime se retrouvent partout mais surtout dans ce monde politique et policier que l'auteur nous fait découvrir par son narrateur. Le racisme, la prostitution, la drogue, la mafia, ... Ellroy nous présente une Amérique très tourmentée, loin de l'image idéalisée qu'on pouvait ou on peut en avoir.

Évidemment, le meurtre d'Elizabeh Short et l'enquête pour résoudre le crime sont aussi essentiels dans le roman. Cette enquête fera basculer la vie des deux policiers et les entraînera au-delà de Los Angeles. Obsession, hantise,... les deux policiers ne pourront surmonter cette étrange attirance pour le Dahlia Noir.

Le véritable crime ne fut jamais résolu, même si nombres d'auteurs et d'enquêteurs ont proposé leur solution. Ellroy nous livre également un coupable... Je dois avouer que la fin m'a légèrement déçue. J'aurais préféré qu'il laisse planer les doutes... Mais c'est une fin tout à fait acceptable... Bien que vaguement tirée par les cheveux. Mais comme je l'ai mentionné, l'essentiel du roman, selon moi, n'est pas dans la résolution du crime, mais bien l'impact du crime sur la vie des personnages ainsi que la présentation, à travers les divers protagonistes (incluant Elizabeth Short avant son meurtre), d'une ville et d'une époque.

L'écriture d'Ellroy est simple, crue et directe. Les descriptions sont remarquables et cruellement réalistes. Les personnages sont très bien présentés. On les sent vivre, on peut ressentir leurs troubles, leurs hésitations et surtout leur ambiguïté... Ayant lu le roman en français, je ne peux malheureusement pas commenter directement son style d'écriture, mais on dit qu'il écrit d'un style télégraphique et très près du langage et de la réalité de ces personnages. J'ai eu beaucoup de difficultés avec la traduction française, mais comme le dit lui-même le traducteur dans cet article: "Et finalement le traducteur fait ce qu’il veut d’un livre, il se l’approprie… « C’est un bien ou c’est un danger, confie Freddy. Une traduction plaît ou déplaît. J’ai été encensé et en même temps complètement descendu ! ».".

The Black Dahlia s'inscrit dans une série consacrée à Los Angeles, une série cynique, noire et très pessimiste. Mais qu'on peut aussi qualifiée "d'historique" par les détails et l'analyse qu'Ellroy fait de la société américaine. Le roman fut adapté au cinéma par Brian de Palma en 2006.

L'avis de Sylvie, Sophie, Sam, Mme Patch, Llisa, Hydromielle, Pitou, Anne Sophie.

Voir le premier article: Le Dahlia Noir d'Ellroy.

Citations

"Et bien, Betty s'habillait toujours en noir, c'était un truc pour impressionner les responsables du casting quand elle faisait ses tournées avec les autres filles, ce qui n'arrivait pas souvent, parce qu'elle aimait dormir jusqu'à midi tous les jours. Mais parfois, elle vous disait qu'elle portait du noir parce que son père était décédé ou parce qu'elle était en deuil des garçons morts à la guerre. Puis le lendemaint elle vous racontait que son père était vivant." p. 155

Sources

23 mars 2009

Le Dahlia Noir d'Ellroy

Dahlia1Le Dahlia Noir / James Ellroy ; traduit de l'anglais (américain) par Freddy Michalski. -- [Paris] : [Editions Payot & Rivages], 2007. -- 504 p. ; 18 cm. -- ISBN 2-86930-391-2. -- (Coll. Rivages/noir / dirigée par François Guérif, 100)

Quatrième de couverture


Le 15 janvier 1947, dans un terrain vague de Los Angeles, est découvert le corps nu et mutilé, sectionné en deux au niveau de la taille, d'une jeune fille de vingt-deux ans : Betty Short, surnommée "le Dahlia Noir", par un reporter, à cause de son penchant à se vêtir totalement en noir. Le meurtre est resté l'une des énigmes les plus célèbres des annales du crime en Amérique.

L'auteur

Lee Earle Ellroy est né à Los Angeles en 1948. Ses parents divorcèrent en 1954 et Lee resta avec sa mère, Geneva Hiliker, une infirmière d'origine allemande. Ils déménagèrent dans un quartier défavorisé de Los Angeles, El Monte. En 1958, sa mère fut sauvagement assassinée. Son meurtre demeure à ce jour non résolu. Le meurtre de sa mère marquera de toute évidence beaucoup le jeune Lee.

Lee Ellroy va vivre avec son père. Celui-ci est alors âgé d'une soixantaine d'année et s'occupe peu de son fils. Ce dernier passe

Dahlia3

une bonne partie de son temps à lire des romans policiers. Lui et son meilleur ami passent la plupart de leur temps à réaliser des petits coups, et tombent peu à peu dans la délinquance, ce qui entraînera le renvoi de Lee de son école à 17 ans.

En 1965, alors que la santé de son père est mauvaise et qu'il ne va plus à l'école, Ellroy se voit donc obligé à entrer dans l'armée. Lorsque son père meurt d'une crise cardiaque, Ellroy laisse tomber tout intérêt et doit quitter l'armée. Il retrouve son ancien ami et poursuit sa descente dans la délinquance accompagnée par une forte consommation d'alcool et de drogues. Il commence alors une vie d'errance, sans véritable domicile, il vit principalement de boulots temporaires et surtout de petits vols. Il fera même un peu de prison.

Ce n'est qu'en 1975, alors qu'on lui diagnostique une double pneumonie ainsi qu'un abcès au poumon, qu'il décide de ne plus boire d'alcool. Il continue à prendre de la drogue jusqu'en 1977, puis renonce à toute consommation et excès. se fait alors engager comme caddie de golf pour le Bel Air Country Club de Los Angeles. En 1978, il commence à rédiger son premier roman "Brown's Requiem" qui s'inspire librement de sa vie. Ce roman sera publié en 1981. Il continue ensuite d'écrire avec plus ou moins de succès.

C'est avec le roman, The Black Dahlia, qu'il devient célèbre. Ce roman qui s'inspire d'un fait divers réel, un meurtre sordide jamais résolu, lui permet dans un certain sens d'exorciser le meurtre de sa propre mère. La ville de Los Angeles servira de cadre à ses prochains romans qui connurent également beaucoup de succès et qui ont aussi pour thèmes principaux le crime et la corruption. Le meurtre de sa mère reviendra dans ses écrits. Il enquête lui-même sur le cas et écrit un livre autobiographique en 1996, My Dark Place.

Aujourd'hui célèbre et auteur reconnu, James Ellroy se qualifie lui-même de solitaire et pratiquement d'ermite. Il s'est marié et a divorcé deux fois. Après avoir vécu longtemps à Los Angeles, puis New York et Kansas City, il est revenu aujourd'hui à Los Angeles.

Bibliographie partielle

  • Brown's Requiem (1981)
  • Clandestine (1982)
  • Blood on the moon (1984) (Triologie Lloyd Hopkins)
  • Because the nignt (1984) (Triologie Lloyd Hopkins)
  • Suicide Hill (1985) (Triologie Lloyd Hopkins)
  • Killer on the road (1986) (connu aussi sous le titre Silent Terror)
  • The Black Dahlia (1987) (Série: L.A. Quartet)
  • The Big Nowhere (1988) (Série: L.A. Quartet)
  • L.A Confidential (1990) (Série: L.A. Quartet)
  • White Jazz (1992) (Série: L.A. Quartet)
  • American Tabloid (1995) (Trilogie American Underworld)
  • My Dark Places (1996) (autobiographie)
  • Crime Wave (1999)
  • Breakneck pace (2000)
  • The Cold Six Thousand (2001) (Série: L.A. Quartet)
  • Destination : Morgue! (2004)
  • Blood's a Rover (2009) (Série: L.A. Quartet)

Commentaires a suivre...

Citations

"On entendit le docteur reprendre sa respiration ; je levai les eux et le vis tirer sur son cigare. La nonne-sténo termina sa prise de note, Millard et Sears avaient les yeux fixés sr le visage figé de la morte et Lee rivait son regard au sol en essuyant la sueur qui lui coulait du front." p.125

Sources

10 mars 2009

La secte des égoïstes de Schmitt - Suite

La secte des égoïstes / Éric-Emmanuel Schmitt. -- [Paris] : Albin Michel, 2007. -- 124 p. ; 18 cm. -- ISBN ego1978-2-253-14050-4. -- (Coll. Livre de poche; 14050)

Résumé

Un chercheur travaille à la bibliothèque Nationale. Il est fatigué et décide de prendre une pause de son long travail de recherche. Il décide en fait de lire n'importe quoi pour se changer les idées. Il choisit au hasard une fiche et demande le livre. Dans un Dictionnaire patriotique inconnu du chercheur et publié en 1798, il lit, encore au hasard, l'article sur l'égoïsme. C'est ainsi qu'il découvre Gaspard Languenhaert, fondateur d'une étrange Secte des Égoïstes et qui publia un ouvrage intitulé Essai d'une métaphysique nouvelle. Languenhaert soutien la thèse fantaisiste et égoïste que seul lui existe et que le monde n'est que son propre fantasme. Fasciné par Languenhaert et ses idées - qu'il partage - le chercheur laisse de côté ses propres travaux et entreprend de découvrir tout ce qu'il peut sur ce philosophe méconnu du 18e siècle. Ses recherches sont cependant difficiles et un mystère semble entouré Languenhaert et sa supposée Secte.

Commentaires personnels

La secte des égoïstes est publié en 1994; Eric-Emmanuel Schmitt laisse alors temporairement de côté l'univers du théâtre pour écrire son premier roman. Roman qui se veut une analyse pastiche des théories philisophiques des derniers siècles, Schmitt nous livre ici sa version des idées en vogues au 18e siècle. D'ailleurs, qui n'a pas déjà réfléchi à la réalité du monde... qui ne s'est pas déjà questionné sur le monde qu'il perçoit ? Le monde tel qu'on le perçoit est-il le même que pour les autres ? N'est-il pas uniquement une création de notre imaginaire ? Ou alors une simple projection de notre pensée ? Plusieurs ont eu ses pensées... certains ont écrits des thèses, des analyses, des textes philosophiques... sur le sujet. Schmitt nous a offert ce court roman.

Le roman nous permet de suivre les recherches du narrateur qui devient complètement obsédé avec ce philosophe inconnu, ses théories égoïstes et sa Secte mystérieuse. Il tente de trouver de l'information mais sa recherche est difficile. On semble avoir oublié - voire effacé - toute trace de ce Languenhaert. Mais chaque fois qu'il croit être devant une impasse, on lui donne mystérieusement une nouvelle piste. Petit à petit, au cours de ses recherches, il apprend qui était cet homme et comprend comment lui-même rejoint les pensées et théories du philosophe. Nous suivons pas à pas le narrateur et on lit ses pensées et ses doutes.

Le roman de Schmitt n'utilise pas une idée neuve. On a déjà utilisé le thème dans nombres d'ouvrages - scientifiques, philosophiques et de fiction. On peut certainement même dire qu'on y a tous sûrement déjà réfléchi !!! Le style de Schmitt est cependant très efficace et on suit le chercheur avec un certain intérêt. La lecture est rapide et intéressante. Cependant, je ne peux dire que j'ai véritablement aimé le roman. Ce qui m'a profondément attristé. J'aime beaucoup cet auteur. Et j'ai beaucoup aimé toutes les oeuvres que j'ai pu lire de Schmitt. Son premier roman m'a cependant déçu. (Et je suis bien heureuse que ce ne fut pas ma première lecture de l'auteur!)

L'idée me semblait intéressante - même si sur-utilisée - et je me disais que l'auteur la transformerait, se l'approprierait dans son style que j'aime tant, dans son écriture si percutante... Mais il ne la transforme aucunement. Et même si l'intrigue m'a intéressée et que j'ai suivi les recherches pour en apprendre plus sur le philosophe... les indices apparaissaient de façon improbable et prévisible. Je m'attendais à moins de lieux communs de la part de Schmitt. La fin surtout m'a semblé convenue et très très prévisible.

Je n'ai pas retrouvé le charme et la plume qui m'emballent habituellement à la lecture des oeuvres de cet auteur. Ce qui ne veut pas dire que le roman est inintéressant... c'est plutôt une question de déception personnelle. J'ai cependant beaucoup aimé sa description du chercheur, de la quête, des doutes et de la lassitude qui peuvent l'assaillir. Et j'ai bien aimé les doutes qui envahissent même le philosophe sur sa propre théorie égoïste, les scènes dans les salons du 18e siècle ainsi que le parallèle avec le prophète incompris. Enfin, ce n'est que ma perception de l'oeuvre et qui dit que raison ne rime pas avec folie, cela rime bien avec incompréhension ;) Et j'imagine probablement que je n'ai pas aimé ce petit roman tout philosophique !!!

L'avis de Nanne, Aelys, Benjamin et Owen.

Voir aussi le premier article: La secte des égoïstes de Schmitt.

Citations

"Ainsi un homme, un jour, dans l'histoire du monde, avait théorisé ce que j'éprouvais si souvent, ce sentiment qui m'avait gagné tout à l'heure... l'impression nauséeuse que les autres et les choses n'existaient pas... l'idée d'être la seule conscience vivante, perdue au milieu d'un univers de songes... ce doute, ce doute moite, cotonneux, envahissant, qui vide le réel de sa réalité..." p. 12

Sources


5 mars 2009

La secte des égoïstes de Schmitt

ego1La secte des égoïstes / Éric-Emmanuel Schmitt. -- [Paris] : Albin Michel, 2007. -- 124 p. ; 18 cm. -- ISBN 978-2-253-14050-4. -- (Coll. Livre de poche; 14050)

Quatrième de couverture

Et si la vie n'était qu'un songe ? et si les nuages, les oiseaux, la terre et les autres hommes n'étaient que visions de notre esprit ?  A Paris, dans une salle du sous-sol de la Bibliothèque nationale, un chercheur découvre par hasard l'existence d'un excentrique, Gaspard Languenhaert, qui soutint cette philosophie « égoïste » dans les salons du xviiie siècle. Intrigué, il abandonne ses travaux et part à la recherche de ce penseur singulier. Mystérieusement, toutes les pistes tournent court. Conspiration ? Malédiction ? Sur les traces de Languenhaert et de ses disciples, de Paris à Amsterdam, c'est peut-être et surtout au fond de lui-même que notre chercheur enquête, emportant avec lui le lecteur dans des vertiges hallucinants.

L'auteur

Éric-Emmanuel Schmitt est né à Sainte-Foy-lès-Lyon en France le 28 mars 1960. Son père et sa mère sont tout deux professeurs d’éducation physique. Il est, de ses propres aveux, un adolescent rebelle et même un peu violent. Il se découvre cependant une passion pour le théâtre et commence à écrire vers cette époque.

Il passe ses classes préparatoires littéraires au Lycée du Parc puis entre à l'École normale supérieure. Il termine son diplôme en philosophie en 1985. Il enseigne pendant quelques mois à Saint-Cyr alors qu'il fait son service militaire. Il enseignera ensuite quelques années à Cherbourg puis à l'Université de Chambéry.

Il continue d'écrire - il parle parfois de voyages mythiques qui ont orienté son écriture - et il publie dans les années 1990, des ego2pièces de théâtre qui connaissent beaucoup de succès, sont joué à travers le monde et remportent de nombreux prix. Il écrira ensuite plusieurs romans et il touchera même au monde de l'opéra.

Depuis 2002, il vit à Bruxelles et a obtenu sa naturalisation belge en 2008. Il a donc aujourd'hui une double nationalité.

Bibliographie (partielle)

  • La nuit de Valognes (1991)
  • Le visiteur (1993)
  • La secte des égoïstes (1994)
  • Golden Joe (1995)
  • Variations énigmatiques (1996)
  • L'École du diable (1996)
  • Diderot ou la philosophie de la séduction (1997)
  • Le libertin (1997)
  • Milarepa (1997) (Le Cycle de l'Invisible)
  • Frederick ou le boulevard du crime (1998)
  • Le Bâillon (1999)
  • Hôtel des deux mondes (1999)
  • L'Evangile selon Pilate (2000)
  • Mille et un jours (2000)
  • La part de l'autre (2001)
  • Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran (2001) (Le Cycle de l'Invisible)
  • Oscar et la dame rose (2002) (Le Cycle de l'Invisible)
  • Lorsque j'étais une œuvre d'art (2002)
  • Guignol aux pieds des Alpes (2002)
  • Petits crimes conjugaux (2003)
  • L'Enfant de Noé (2004) (Le Cycle de l'Invisible)
  • Mes Evangiles - La Nuit des oliviers (2004)
  • Mes Evangiles - L'Evangile selon Pilate (2004)
  • Ma vie avec Mozart (2005)
  • Odette Toulemonde       et autres histoires (2006)
  • La Rêveuse d'Ostende (2007)
  • Ulysse from Bagdad (2008)
  • La Tectonique des sentiments (2008)
  • Le Bossu (2008)

Résumé et commentaires personnels à suivre...

Citations

"Paris m'était devenu insupportable: tout y clamait ma débâcle. La Bibliothèque nationale n'était plus qu'un grand corps vide, où chaque rayonnage me narguait de son silence, et mon appartement devenait la poubelle de mes jours." p. 53

Sources

25 février 2009

Pauline de George Sand - Suite

GS2Pauline / George Sand ; édition établie et présentée par Martine Reid. – [Paris] : Gallimard, 2007. – ISBN 978-2-07-034208-2. – (Coll. Folio 2€ ; 4522)

Résumé:

Laurence est une actrice renommée de Paris. Lors d'un voyage, elle doit s'arrêter par hasard dans la petite ville de Saint-Front où elle a vécu il y a plusieurs années. Elle était alors la gouvernante-institutrice d'une jeune fille qui devint son amie, Pauline. Les deux amies se sont cependant perdues de vue, lorsque Laurence quitta la campagne avec sa mère et sa soeur, pour Paris où elle monta sur scène.


Obligée de rester dans la ville, le temps que son équipage soit prêt à reprendre la route, elle décide de reprendre contact avec son ancienne amie qui vit toujours dans la ville avec sa mère malade. Laurence est cependant appréhensive, elle connaît l'opinion des gens sur les acteurs parisiens. À sa grande surprise, elle est accueilli avec chaleur par Pauline. Elle reste donc quelques temps avec son ancienne amie et reprend contact avec la vie et les gens de la petite ville. Alors qu'au début, la mère de Pauline et les voisins la traitent avec méfiance, Laurence, charmante et élegante, réussit à gagner leur sympathie. Elle apprécie pendant un temps la vie calme et paisible de son amie. Mais elle doit retourner à Paris, au grand désespoir de Pauline qui envie la vie mouvementée et si différente de la sienne de Laurence.


Peu de temps après, la mère de Pauline meurt et laisse la jeune fille dans la misère. Laurence décide d'aider sa vieille amie et lui demande de la rejoindre à chez elle à Paris. Pauline est accueilli avec joie par Laurence, sa mère et sa soeur. Les premiers mois passent doucement et Pauline fait sa place dans la maison. Les jours coulent paisiblement - au grand désespoir de Pauline qui trouve la vie à Paris plutôt tranquille. Mais bientôt Laurence doit reprendre son travail et sa vie mondaine. Les invités se succèdent chez elle. Pauline goûtent enfin à la vie parisienne qu'elle voulait tant connaître.


Mais la générosité de Laurence pèse bientôt sur Pauline. De plus, elle est courtisée par un admirateur de Laurence qui veut rendre jalouse l'actrice. Pauline en vient bientôt à jalouser Laurence et à la mépriser. L'amitié des deux jeunes femmes sera durement éprouver.


On retrouve le texte complet ici et le livre audio ici.

Commentaires personnels :

George Sand écrivit ce roman vers 1832. Elle l'écrivit d'un seul jet puis le mis de côté et l'oublia pendant quelques années. En 1839, elle le retrouva par hasard et décida de le compléter. Le roman étant relativement court, elle le publia d'abord dans la Revue des Deux Mondes puis l'oeuvre fut éditée en 1841.


L'auteur reprend ici un de ses thèmes préférés, la vie provinciale, mais elle la compare à la vie parisienne. Malgré les préjugés habituels, la vie mondaine et parisienne de l'actrice finit par se révéler plus saine, plus respectable et décente que la vie provinciale qui laisse voir de l'hypocrisie, la rancoeur, la jalousie, l'envie et la médisance.


Nous avons deux femmes, amies dans leur jeunesse, qui sont maintenant très différentes l'une de l'autre. Pauline est une jolie jeune femme qui a une vie austère et triste près de sa mère malade. Elle semble dévouée à sa mère, mais on sent rapidement la tyrannie qui s'est installée dans leur relation. La fille en veut à sa mère de devoir en prendre soin et la mère en veut à sa fille de devoir dépendre d'elle. Pauline rêve de liberté, de grandeur, de divertissements. Elle accueille la venue de Laurence avec joie, même si elle l'envie secrètement.


Laurence, quant à elle, a choisi une vie différente. Elle vit à Paris, est une actrice célèbre, reçoit artistes et nobles dans son salon et mène, selon les principes provinciaux, une vie mouvementé et dissipée. Mais Pauline s'avère une femme douce, droite, charmante, généreuse et intègre. Alors que Pauline laisse rapidement voir des sentiments calculateurs ainsi que de la rancoeur, de la jalousie et de l'envie.


George Sand, malgré la brièveté de son roman, réussit à bien nous dépeindre les relations complexes de ses deux femmes. O a un portrait vivant de la vie provinciale et de la vie parisienne. On sent peut-être un peu, qu'elle défend son propre style de vie, qu'elle cherche à le réhabiliter aux yeux de la société qui encore regarde avec pleins de préjugés les artistes et les acteurs. Laurence semble parfois trop bonne, Pauline trop envieuse.  L'actrice devient la "sainte", la petite provinciale se perdra dans sa fierté, sa jalousie et sa rancoeur.


Les femmes sont le point central de son roman - les hommes n'ont en effet que peu de place et la plupart n'ont pas un beau rôle !  George Sand a toujours eu a coeur la place des femmes dans la société de son époque; l'émancipation des femmes. Mais ici, elle n'hésite pas à opposer deux femmes... à remettre en cause l'amitié entre femmes, elle soulignent les jalousies qu'on voit souvent entre deux amies devant le succès de l'une.  C'est un tableau définitivement impitoyable que nous trace George Sand: sur la prétendue droiture morale de la province mais qui en fait se révèle mesquine et hypocrite; sur la violence des sentiments que la générosité peut provoquer; sur l'envie, la jalousie, le dépit que peut ressentir une jeune femme qui sent qu'elle a gâché sa vie.


C'est un roman - presque une nouvelle - qui se lit rapidement, avec douceur. On plaint parfois les personnages, on les déteste ensuite. On a pitié d'eux puis on dit qu'ils ont ce qu'ils méritent. Certains diront que c'est par moment caricatural... peut-être.


L’avis de Nebelheim, de Praline, Mag, et Tamara.


Voir aussi l'article : Pauline de George Sand


Citations :

 « Pauline dévorait ses paroles. Elles tombaient dans son cœur et dans son cerveau comme une pluie de feu ; pâle, les cheveux épars, l’œil embrasé, le coude appuyé sur son chevet virginal, elle était belle comme une nymphe antique à la lueur pâle de la lampe qui brûlait entre les deux lits. » p.56

« Le soir, Laurence était partie. Pauline avait pleuré en la voyant monter en voiture, et, cette fois, c'était de regret, car Laurence venait de la faire vivre pendant trente-six heures, et elle pensait avec effroi au lendemain. Elle tomba accablée de fatigue de son lit, et s'endormit brisée, désirant ne plus s'éveiller. Lorsqu'elle s'éveilla, elle jeta un regard de morne épouvante sur ces murailles qui ne gardaient aucune trace du rêve que Laurence y avait évoqué. Elle se leva lentement, s'assit machinalement devant son miroir, et essaya de refaire ses tresses de la veille. Tout à coup, rappelée à la réalité par le chant de son serein, qui s'éveillait dans sa cage, toujours gai, toujours indifférent à la captivité, Pauline se leva, ouvrit la cage, puis la fenêtre, et poussa dehors l'oiseau sédentaire, qui ne voulait pas s'envoler. 'Ah ! tu n'es pas digne de la liberté ! dit-elle en le voyant revenir vers elle aussitôt. » p.60

Sources :

20 février 2009

Pauline de George Sand

Pauline / George Sand ; édition établie et présentée par Martine Reid. – [Paris] : Gallimard, 2007. – ISBN GS1978-2-07-034208-2. – (Coll. Folio 2€ ; 4522)

Quatrième de couverture :

« Pauline était vêtue de brun avec une petite collerette d'un blanc scrupuleux et d'une égalité de plis vraiment monastique. Ses beaux cheveux châtains étaient lissés sur ses tempes avec un soin affecté ; elle se livrait à un ouvrage classique, ennuyeux, odieux à toute organisation pensante : elle faisait de très petits points réguliers avec une aiguille imperceptible sur un morceau de batiste dont elle comptait la trame fil à fil. La vie de la grande moitié des femmes se consume, en France, à cette solennelle occupation. »

L’auteur :


Amandine Aurore Lucile Dupin est née à Paris le 1er juillet 1804. Son père, Maurice Dupin  est un officier et le descendant d'une famille riche. Sa mère, Sophie Victoire Delaborde, est une aventurière reconnue et fille d'un marchand d'oiseaux. La famille Dupin s'opposera à l'union, mais un mois après le mariage du couple, nait la petite Aurore.


Après un séjour à Madrid alors qu'elle a 4 ans (afin de suivre son père qui est aide de camp pour le prince Murat lors des grandes campagnes napoléoniennes) la famille retourne ensuite en France pour vivre dans la propriété familiale de Nohant - qui appartenait à sa grand-mère paternelle. Son père meurt la même année d'une chute de cheval. La petite Aurore est alors confiée à sa grand-mère paternelle qui devient sa tutrice officielle en 1809. Elle grandit donc à Nohant bien qu'elle visite parfois sa mère à Paris. Son enfance à la campagne marquera profondément l'oeuvre de George Sand.


GS

En 1818, à sa grande joie, la petite est envoyée dans un couvent à Paris. Elle y restera pendant deux ans. Sa grand-mère meurt en 1821. Elle hérite de sa grand-mère mais la tutelle de la jeune fille est alors incertaine - entre sa mère et une personne choisie par sa grand-mère. Elle retourne finalement vivre avec sa mère mais celles-ci n'arrivent pas à s'entendre. Aurore va séjourner chez des amis où elle rencontre le baron Casimir Dudevant. En 1922, à l'âge de 18 ans, elle épouse Dudevant. Elle aura deux enfants avec son mari: Maurice et Solane. Malgré les efforts du couple pour s'entendre, ils n'avaient rien en commun. En 1830, elle rencontre Jules Sandeau qui devient son amant. Elle décide alors de s'installer, seule, à Paris. Elle commence alors une vie bohème et mouvementée plus proche de l'éducation libre qu'elle avait reçu à Nohant. Elle écrit ses premiers romans, Le Commissionnaire puis Rose et Blanche, en 1830-31 en collaboration avec Sandeau.


Aurore Dupin, baronne Dudevan, publie ensuite son premier roman seule, Indiana, sous le pseudonyme de G. Sand. Puis en 1831, elle publie Valentine sous le nom de George Sand. Peu de temps après, elle commence à rédiger une chronique pour la Revue des Deux-Monde. C'est dans cette chronique, qu'elle commence à ouvertement critiquer la société de son époque, la vie des femmes et des couples de son siècle. Son cercle d'amis et de connaissances s'agrandit et elle côtoie Sainte- Beuve, Marie Dorval, Stendhal, Alfred de Musset, etc.


Elle rencontre Musset en 1832 et ils entament une liaison presque immédiatement. Ils partiront en voyage en Italie, puis s'installent en 1834 à Venise. Le séjour est cependant mouvementé, Musset sera gravement malade, le couple sera infidèle et chacun aura de nombreux amants, ils se séparent et se réconcilient de nombreuses fois. George Sand a une liaison avec le médecin qui avait soigné Musset et la rupture est inévitable. Sand quitte Venise en juillet 1834. Pendant son séjour en Italie, elle aura publié plusieurs romans qui lui assurent une sécurité financière. En août 1834, elle retourne vivre à Nohant qui lui appartient. Elle obtient finalement sa séparation de son époux en 1836. Et elle repart presque aussitôt en voyage. Elle part pour la Suisse où elle restera avec le compositeur Franz Listz et Marie D'Agoult. Elle continue toujours d'écrire et de publier.


En 1838, elle commence une relation avec Chopin et ils se rendent aux Iles Baléares. Ils reviennent à Nohant et le couple passe son temps entre la campagne et Paris, en compagnie des deux enfants de Sand. L'écrivaine publiera de nombreux romans pendant cette période. Finalement, en 1847, elle rompt avec Chopin.


George Sand poursuit la rédaction de romans, mais s'essaie aussi au journalisme. Elle avait, par le passé, fondé La Revue indépendante et l'Éclaireur de l'Indre. Elle milite alors pour les opprimés. En 1848, profondément imprégnée de la Seconde République, elle crée à Paris le journal La Cause du Peuple. Elle participe aux Bulletins de la République et publie divers pamphlets. Rapidement déçue par le nouveau régime, elle délaisse son implication politique et retourne à Nohant.

Sa vie demeure très mouvementée. Elle crée le Petit Théâtre de Nohant et continue d'écrire. Elle se liera en 1850 avec Alexandre Manceau. Quelques drames personnels et familiaux l'affectent spécialement et finalement en 1855, elle part à nouveau pour l'Italie.


Sand consacre sa vie à écrire et ses oeuvres se multiplient: articles, romans, pièces de théâtre. Elle poursuit également son autobiographie: Histoires de ma vie. Elle voyage beaucoup. Elle demeure très impliquée au niveau social et n'a pas peur d'émettre ses opinions souvent très controversées. Elle militera toujours pour les droits des femmes. Elle sera également toute sa vie très présente dans la vie artistique française. Elle écrira jusqu'à la fin de sa vie. En 1873, elle entâme d'ailleurs une série nommée Contes d’une grand-mère qu'elle écrit pour ses petits-enfants.


George Sand - née Aurore Dupin - décède en 1876 à Nohant d'une maladie intestinale.


Résumé et Commentaires personnels à suivre...

Bibliographie

  • Le Commissionnaire (avec Jules Sandeau) (1830)
  • Rose et Blanche (avec Jules Sandeau) (1831)
  • La Fille d'Albano (1831)
  • Valentine (1831)
  • Indiana (1832)
  • Lélia (1833)
  • Aldo le Rimeur (1833)
  • Une conspiration en 1537 (1833)
  • Journal intime (1834)
  • Jacques (1834)
  • Le Secrétaire intime (1834)
  • La Marquise (1834)
  • Garnier (1834)
  • Lavinia (1834)
  • Métella (1834)
  • André (1835)
  • Mattéa (1835)
  • Leone Leoni (1835)
  • Simon (1836)
  • Mauprat (1837)
  • Dodecation, ou le Livre des douze. Le Dieu inconnu (1837)
  • Les Maîtres mozaïstes (1838)
  • La Dernière Aldini (1838)
  • L'Orco (1838)
  • L'Uscoque (1838)
  • Gabriel (1839)
  • Spiridion (roman, 1839)
  • Les Sept Cordes de la lyre (1840)
  • Cosima, ou la Haine dans l'amour (1840)
  • Pauline. Les Mississipiens (1840)
  • Le compagnon du tour de France (1841)
  • Mouny Roubin (1842)
  • Georges de Guérin (1842)
  • Horace (1842)
  • Un hiver à Majorque (1842)
  • La Comtesse de Rudolstadt (1843)
  • La Sœur cadette (1843)
  • Kouroglou (1843)
  • Carl (1843)
  • Jean Zizka (1843)
  • Consuelo (1843)
  • Jeanne (1844)
  • Le Meunier d'Angibault (1845)
  • La Mare au diable (1846)
  • Isidora (1846)
  • Teverino (1846)
  • Les Noces de campagne (1846)
  • Evenor et Leucippe. Les Amours de l'Âge d'or (1846)
  • Le Péché de M. Antoine (1847)
  • Lucrézia Floriani (1847)
  • Le Piccinino (1847)
  • La Petite Fadette (1849)
  • François le Champi (1850)
  • Le Château des Désertes (1851)
  • Histoire du véritable Gribouille (1851)
  • Le Mariage de Victorine (1851)
  • La Fauvette du docteur (1853)
  • Mont Revèche (1853)
  • La Filleule (1853)
  • Les Maîtres sonneurs (1853)
  • Adriani (1854)
  • Flaminio (1854)
  • Histoire de ma vie (1855)
  • Autour de la table (1856)
  • La Daniella (1857)
  • Le Diable aux champs (1857)
  • Promenades autour d'un village (1857)
  • Ces beaux messieurs de Bois-Doré (1858)
  • Elle et lui (1859)
  • Jean de la Roche (1859)
  • L'Homme de neige (1859)
  • Narcisse (1859)
  • Les Dames vertes (1859)
  • Constance Verrier (1860)
  • La Ville noire (1861)
  • Valvèdre (1861)
  • La Famille de Germandre (1861)
  • Le Marquis de Villemer (1861)
  • Tamaris (1862)
  • Mademoiselle La Quintinie (1863)
  • Les Dames vertes (1863)
  • Antonia (1863)
  • La Confession d'une jeune fille (1865)
  • Laura (1865)
  • Monsieur Sylvestre (1866)
  • Le Don Juan de village (1866)
  • Flavie (1866)
  • Le Dernier Amour (1867)
  • Cadio (1868)
  • Mademoiselle Merquem (1868)
  • Pierre qui roule (1870)
  • Le Beau Laurence (1870)
  • Malgré tout (1870)
  • Césarine Dietrich (1871)
  • Journal d'un voyageur pendant la guerre (1871)
  • Francia. Un bienfait n'est jamais perdu (1872)
  • Nanon (1872)
  • Contes d'une grand'mère vol. 1 (1873)
  • Ma sœur Jeanne (1874)
  • Flamarande (1875)
  • Les Deux Frères (1875)
  • La Tour de Percemont (1876)
  • Contes d'une grand'mère vol. 2 (1876)
  • Marianne (1876)
  • Légendes rustiques (1877)
  • L'Orgue du Titan (1873)
  • Les Ailes du courages


Citations :


« […] la mère avait une peur réelle de sa fille. On eût dit qu’à travers cet admirable sacrifice de tous les instants, Pauline laissait percer malgré elle un muet mais éternel reproche, que sa mère comprenait fort bien et redoutait affreusement. Il semblait que ces deux femmes craignissent de s’éclairer mutuellement sur la lassitude qu’elles éprouvaient d’être ainsi attachées l’une à l’autre, un être moribond et un être vivant : l’un effrayé des mouvements de celui qui pouvait à chaque instant lui enlever son dernier souffle, et l’autre épouvanté de cette tombe où il craignait d’être entraîné à la suite d’un cadavre. » p.40-41

Sources :

9 février 2009

Un cadavre dans la bibliothèque

cadaUn cadavre dans la bibliothèque / Agatha Christie ; texte français de Louis Postif. -- Paris: Librairie des Champs-Élysées, 1967. -- 252 p. ; 17 cm.

Titre original: The body in the library

Quatrième de couverture

- Madame, Madame ! Il y a un cadavre dans la bibliothèque !

Puis, avec un sanglot nerveux, la femme de chambre sortit. Mrs. BANTRY se dressa sur son séant. Son rêve prenait-il un tour extravagant, ou Mary s'était-elle vraiment précipitée dans la pièce en criant cette phrase incroyable, fantastique: "Madame, Il y a un cadavre dans la bibliothèque"?
- C'est impossible, prononça tout haut Mrs BANTRY, j'ai dû rêver !
Mais elle était convaincue de n'être point le jouet de son imagination, Mary, cette femme si pondérée, avait réellement proféré des paroles étranges.

Résumé

Tout est tranquille chez les Bantry en ce matin ordinaire. Lorsque soudain, on vient annoncer en catastrophe, au couple encore au lit, que le cadavre d'une femme inconnue vient d'être découvert dans la bibliothèque. La police arrive sur les lieux et l'enquête est mené par le Colonel Melchett qui est un ami des Bantry et l'inspecteur Slack. Mais Mme Bantry fait aussi appel au support de la calme et sensée Miss Marple, qui vient immédiatement retrouver son amie.

L'enquête commence et on cherche d'abord à connaître l'identité de la femme qui a été étranglée et abandonnée dans la bibliothèque des Bantry. On interrogera les serviteurs, puis un jeune artiste un peu trop fêtard qui habite non loin et qui serait un suspect idéal. On découvre finalement l'identité de la jeune femme, une danseuse dans un luxueux hôtel voisin. Alors que l'enquête avance très - trop - tranquillement, les rumeurs dans le village vont bon train. On ne peut que pointer du doigt le Colonel Bantry. Sa femme décide donc de séjourner à l'hôtel, tout en amenant avec elle la précieuse Miss Marple, pour tenter de résoudre le mystère et faire cesser les rumeurs sur son époux.

Différentes personnes sont interrogées - et soupçonnées -  des clients de l'hôtel, des employés, la cousine de la jeune victime... Finalement, l'enquête se centre sur un vieil homme, riche, handicapé. Il a perdu l'usage de ses jambes lors d'un accident d'avion qui a aussi tué sa femme, son fils et sa fille. Il vit présentement avec son gendre et sa bru. Le vieil homme s'était entiché de la jeune danseuse et voulait l'adopter, contre l'avis de sa famille.

L'enquête se complique lorsque la voiture d'un des clients, une des dernières personnes à avoir vu la victime vivante, est retrouvée complètement brûlée et contenant le corps d'une jeune fille. Deux corps que rien ne semblent liés mais qui pourtant mèneront Miss Marple vers la vérité et la capture du coupable.

L'oeuvre

Ce roman policier d'Agatha Christie fut publié en 1942 et met en vedette Miss Marple. Personnage central de 13 livres de l'auteur, Un cadavre dans la bibliothèque est le troisième roman avec la vieille demoiselle vivant bien tranquillement dans son petit village de St. Mary Mead mais qui semble toujours impliquée dans la résolution des crimes commis aux alentours. Les personnages des Bantry sont également déjà connus des lecteurs par l'entremise d'une nouvelle de l'auteur.

Agatha Christie a elle-même décrit son roman comme un "cliché" du genre policier. Elle avait voulu les lieux conventionnels et le cadavre improbable. Un exercice sur le thème classique du cadavre dans la bibliothèque. Le roman est souvent donc considéré comme une excellente parodie du genre. On y retrouve d'ailleurs de nombreuses allusions comiques souvent exagérées principalement sur les différences entre les classes sociales de l'époque. Les personnages sont volontairement caricaturaux.

Le roman fut en général bien reçu lors de sa publication. Le personnage de Miss Marple devient plus important dans l'oeuvre de l'auteur et les lecteurs semblent l'apprécier. Quelques critiques soulignent cependant une intrigue bien mince et un développement diffus. Mais on applaudit en général l'utilisation ingénieuse par Christie de lieux communs en littérature policière.

Le roman fut adapté pour la télévision en 1984 par la BBC dans le cadre d'une série mettant en vedette Miss Marple. Cette adaptation est fidèle au roman. Le roman fut de nouveau adapté en 2004 par ITV, mais on changea alors beaucoup l'intrigue.

Commentaires personnels

Ce roman d'Agatha Christie peut sembler légèrement différent de la plupart de ces autres romans policiers. L'auteur a elle-même expliqué qu'elle souhaitait revisiter un thème commun au genre : le cadavre dans la bibliothèque, mais en y ajoutant certains aspects atypiques pour transformer l'histoire. On retrouve donc une jeune femme inconnue, vêtue de façon extravagante, retrouvée étranglée dans une bibliothèque quelconque d'un manoir austère chez un couple plus que respectable ! La première scène du roman demeure d'ailleurs une des plus célèbre de l'auteur et une de mes préférées - et je ne suis pas la seule à adorer cette scène ! Les mots prononcés par la domestique (qu'on retrouve dans le quatrième de couverture de la présente édition) sont pour moi, légendaires ! Et des mots même de Christie dans une entrevue pour le Life Magazine en 1956 : "the best opening I ever wrote" !!!

L'intrigue semble souvent simple, mais les suspects et les enquêteurs se multipliant au cours des chapitres, on ne sait plus bien si la solution sera jamais trouvée. L'auteur multiplie aussi les clichés sur ses personnages. On a toujours senti les traits bien caractérisés de ces personnages, dans tous ses romans: la bourgeoisie, l'aristocratie, les gens sans argent, les étrangers, les domestiques, les artistes, la jeunesse moderne, les aînés vieux jeu,... ils sont tous bien empreints des idées reçues et des valeurs de l'époque. Mais on sent dans ce roman que l'auteur a volontairement forcé la peinture et que les clichés sont intentionnels. Et j'ai parfois ri franchement des traits et des propos de ces personnages.

Le roman met en scène Miss Marple, la vieille dame sage et posée qui réussit toujours à élucider tous les crimes en faisant de simples déductions et associations. Miss Marple étudie la nature humaine. Elle affirme sans cesse qu'on peut retrouver les mêmes caractéristiques chez la plupart des gens. Telle personne agit de la même façon que telle autre personne, on peut donc en déduire que... Et Miss Marple se trompe très rarement. Vieille dame gentille, charmante, généreuse mais réaliste, pragmatique et ne faisant confiance à personne. Mon principal regret est que la vieille dame est trop peu présente dans le roman. On a trop peu de ses remarques si justes. Et on voit trop peu cette fameuse bibliothèque !

Mais tout le reste y est... surtout cette atmosphère bien anglaise que j'aime tant des romans d'Agatha Christie !

L'avis d'Erzebeth et Sheherazade.

Citations

" -- Tiens ! J'oubliais votre présence. Il est temps que vous déguerpissiez... Auparavant, laissez-moi faire les présentations : Dinah Lee, le colonel Machin-Chouette de la police du comté... Vous pouvez constater que ma blonde est vivante et en bon état. Et maintenant, colonel, veuillez poursuivre votre besogne, concernant les fredaines du vieux Bantry. Bonjour !

Le colonel répliqua:

-- Je vous conseille un peu plus de politesse, jeune homme, autrement, il vous en cuira.  Là-dessus, Melchett s'en alla, le visage rouge de colère." p.34

"Ah ! oui. Aimez-vous les romans policiers? Moi, j'en raffole. Je les lis tous et j'ai obtenu des autographes de Dorothy Sayers, d'Agatha Christie, de Dickson Carr et H.-C. Bailey. Est-ce qu'on parlera du crime dans les journaux?" p. 84

Sources

 

5 février 2009

Le Vide de Senécal - Suite

Le Vide / Patrick Sénécal. -- [Québec] : Alire, 2007. --642 p. ; 22 cm. VS

Commentaires personnels

Ce roman de Patrick Senécal est souvent considéré comme une mordante analyse et critique sociale. Mais est-ce une critique ou une simple constatation ? Senécal y traite principalement de ce qu'il considère le vide, c'est à dire, l'insignifiance de nos vies en général. La réalité absurde de nos existences, la futilité de notre quotidien, l'injustice banale qui parsème la vie. Il appuie sur le malaise, la désillusion, le sentiment de déchéance...

Et il emploie tous les moyens pour nous le faire comprendre.

Les romans de Senécal oscillent habituellement entre l'intrigue policière et l'horreur. Et ce roman semble à prime abord ne pas faire exception. Bien qu'ici, il est vrai qu'on retrouve une analyse sociale qui penche beaucoup vers l'analyse psychologique.

L'auteur a choisi une façon particulière de nous présenter son roman. Un mise en forme qui a beaucoup étonnée la critique et les lecteurs. Les chapitres ne sont pas en ordre. Le livre commence au chapitre 21 puis passe au chapitre 8, etc. Le lecteur a donc le choix de lire le roman d'une couverture à l'autre, les chapitres en désordre et passant ainsi à travers de nombreux flashbacks - pour la plupart bien placée mais avec quelques passages plus boîteux. Ou alors, on suit l'ordre habituel, commençant au chapitre 1, à la page 31, puis au chapitre 2, à la page 249, etc. On privilège habituellement une façon de lire ou l'autre (en grande partie, la lecture dans le désordre...) mais personnellement, je trouve les deux lectures aussi difficiles et intéressantes.

Plusieurs critiques centrent leur analyse sur la critique que Senécal semble faire de la téléréalité. Il est vrai qu'il présente ce type de télévision sous un jour très négatif. Mais je crois que ce n'est pas le sujet central du roman. Les personnages sont au centre de l'histoire et surtout leur mal de vivre. Mais c'est un mal de vivre personnel, qui tente tant bien que mal de culpabiliser la société et sa supposée vacuité. Trouver un sens à sa vie, aller au delà de la banalité et de la routine, réaliser que finalement, l'absurdité de l'existence est évidente. Chercher à combler le vide par des rêves fous et finalement se rendre compte que la réalisation du rêve n'a rien changé dans ce vide de notre existence...

C'est cependant une erreur, selon moi, de ne voir dans le roman que du pessimisme, du noir, du fatalisme. Le roman, par plusieurs personnages, nous dit que ce vide que ressente certains personnages n'est qu'un vide personnel... on peut mettre le blâme sur tout et chacun, mais il n'en reste qu'à nous de le combler... et pas nécessairement par des moyens extrêmes, mais par de petits gestes.

Le roman ne me semble pas vraiment une enquête policière, même si le personnage de Pierre Sauvé, policier, demeure le plus intéressant. Son intervention policière dans la trame de l'histoire n'arrive qu'à la fin et est secondaire. Ce qui prime ici est le développement du caractère des personnages. Leur évolution personnelle est définie par divers moments clés qui changent leur vie dramatiquement.

Beaucoup de moments forts dans le roman de Senécal. Et on y note une nette évolution dans le développement des personnages. Mais il reste que personnellement, je vois de gros manques à cette histoire. Le passages les mieux réussis du roman demeurent selon moi, les chapitres traitant de la relation entre le policier et sa fille, et l'évolution du personnage de Maxime Lavoie. Ces chapitres sont pour la plupart bien menés, écrits sobrement et efficacement. Je note cependant, encore une fois, un surplus de scènes violentes, sexuelles pour la plupart, qui me semblent excessives. Ou plutôt non nécessaires à l'intrigue. L'impact de certains passages ne nécessitait pas cette abondance de détails. On a parfois l'impression que ces détails ne sont là que pour être bien sûr de choquer un peu et de rester dans la classe "gore" dans laquelle l'auteur fut placé avec ses romans précédents. Cela gâche la sauce, selon moi. Et cela me semble une écriture "adolescente". Comme si l'auteur ne sortait pas de sa phase "choc, pipi, caca, pénis"... On a souvent l'impression que l'auteur en fait trop, à un point tel que c'est souvent plus "risible" que choquant. Et cela rend par moment son écriture "vide", sans intérêt. Car pour choquer et bouleverser il n'est pas nécessaire de tout dire... Plusieurs intrigues et personnages - tel le personnage de Frédéric Ferland - sont complètement perdus ainsi.

L'histoire est intéressante, et on peut nettement déceler par moment une écriture solide. Voyons voir comment Senécal poursuivra son travail de créa
tion.

L'avis de d'Alexandre (Fortrel), Stéphane, Stfoch (sur Plume Libre), Suzanne, Karine, Blogueuse cornue, Christian, Renart Léveillé.

Consulter le premier article: Le Vide de Senécal

Citations

"Non, on n'est pas cons, répondit Lavoie. Mais on ne veut pas réfléchir ! On n'en a pas envie ! Déjà qu'on travaille sept à dix heures par jour, on ne se fere pas chier à réfléchir en plus ! Faisons comme tout le monde, à la place ! Écoutons les mêmes conneries que tout le monde, mangeons la même merdre, achetons les mêmes cochonneries et pensons tous la même chose ! C'est plus simple ! C'est rassurant ! Et pendant un certain temps, ça marche ! On se croit heureux parce qu'on est ce qu'on nous dit d'être ! Et on y croit, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ?" p. 444

Sources

4 février 2009

Le Vide de Sénécal

Le Vide / Patrick Sénécal. -- [Québec] : Alire, 2007. --642 p. ; 22 cm. VS

Quatrième de couverture


Pierre Sauvé
À l'orée de la quarantaine, veuf, père d'une fille de vingt ans. Sergent-détective à la police municipale de Drummondville, il enquête sur un quadruple meurtre qui a toutes les apparences d'un crime passionnel.

Frédéric Ferland
Début de la cinquantaine, divorcé, père de deux adultes qu'il ne voit guère, il cherche depuis des années l'excitation ultime, celle qui donnera un sens à son existence et à la vie en général, qu'il a toujours trouvée terne. Psychologue, il exerce sa profession dans la ville de Saint-Bruno.

Maxime Lavoie
Trente-sept ans, célibataire, idéaliste et milliardaire. Il y a deux ans, il a quitté ses fonctions de président de Lavoie inc. pour devenir le producteur et l'animateur de Vivre au Max, l'émission de téléréalité la plus controversée de l'heure... mais aussi la plus populaire.

Trois hommes différents, trois existences que tout sépare. Or, contre toute attente, leurs chemins se croiseront bientôt et leur vie en sera bouleversée à jamais. Tout comme celle de milliers de gens... tout comme la vôtre !
 

L'auteur

Patrick Senécal est né en 1967 dans la ville de Drummondville au Québec. Patrick Senécal aime particulièrement l’écriture forte où les émotions, la tension, le suspense, la terreur et le fantastique se mélangent. Parallèlement à son écriture, Senécal continue aujourd’hui d’enseigner au Cégep de Drummondville.

Voir la biographie de l'auteur sur cet article.

Voir le site de l'auteur.


Résumé (attention spoilers)

Pierre Sauvé est policier. Il vit à Drummondville. Sa vie se résume à sa carrière. Il adore son métier. Peut-être trop. Sa femme le quitte et elle part avec leur petite fille. Pierre comprend mal, mais tente de vivre cette séparation. Alors qu'il est en retard pour venir chercher sa fille, il se cogne à une porte fermée. Il attend et attend. Malheureusement, le pire arrive, son ex-femme est retrouvée noyée et il doit maintenant prendre la garde sa petite fille, traumatisée par la mort de sa mère. Il n'arrivera jamais à établir un contact avec sa fille qui le quitte à ses 17 ans pour aller vivre sa vie à Montréal. Pierre continuera à se perdre dans son travail.

Parallèlement, le roman nous présente Maxime Lavoie. Son père, homme d'affaires riche et célèbre, meurt brutalement d'une crise cardiaque en compagnie de sa dernière conquête. Maxime, qui méprise son père, ses affaires et son mode de vie, doit venir identifier le corps. Le bras droit de son père, Masima, lui conseille vivement de prendre la relève de son père, dont Maxime vient d'hériter de toute la fortune. Maxime ne veut tout d'abord rien savoir, mais accepte finalement. Avec le soutien de son meilleur ami, Francis, il croit pouvoir changer les pratiques d'une grosse multinationale. Mais essayer de rester honnête et juste dans ce monde est très difficile. Et après la mort accidentelle de Francis, Maxime n'en peut plus. Un voyage qui tourne à l'horreur change complètement sa vie. Il abandonne la direction de l'entreprise de son père et décide de se consacrer à la production et réalisation d'une émission de téléréalité complètement irréelle qui permet aux gens de réaliser leur rêve le plus fous. Mais Maxime a un objectif caché derrière cette émission vide de sens.

Alors que les premières émissions commencent avec grand succès, un téléspectateur cherche à auditionner afin de rencontrer Maxime. Frédéric Ferland croit avoir enfin trouver quelqu'un qui comprend le vide de l'existence. Cela fait plusieurs années que Frédéric cherche à combler ce mal de vivre qui le poursuit: sexe, sport extrême, meurtre, il considère même le suicide. Mais sa rencontre avec Maxime semble le rapprocher d'une réponse à ses questionnements. Il se rend cependant compte très rapidement que le vide de Maxime n'est pas le même que le sien. Il poursuit tout de même sa route avec Maxime vers l'objectif que ce dernier s'est donné.

Pendant ce temps, des suicides et des meurtres violents qui semblent gratuits se multiplient. Pierre Sauvé est chargé de l'enquête. Sa route croisera celle de Frédéric Ferland, psychologue. Les trois vies sont maintenant liées dans ce vide omniprésent.

Commentaires personnels à suivre

Citations

"Sous les exhortations gestuelles de l'animateur de foule, les spectateurs en studio se mirent à applaudir, certains poussèrent même des petits cris d'enthousiasme. Tout en souriant, Maxime ne cessait de se répéter les consignes qu'il avait bien assimilées au cours de la semaine. Les consignes du jeu..." p. 126

Sources

29 janvier 2009

La Comtesse de Ségur a sauvé ma vie

Mes grands-parents avaient une maison en face d'un lac. Donc tous les étés quand leur rendions visite, nous nous baignons dans le lac. Ce qui inquiétait fort ma mère. À mes 7 ou 8 ans, il fut donc décidé que je prendrais des cours de natation. On m'envoya donc, tous les samedis matin, à une école de natation.

J'ai immédiatement détesté mes cours de natation. Tout d'abord, ils avaient lieu le samedi matin, très tôt. J'étais déjà une lève-tard et n'aimais pas me lever tôt et en plus, je manquais ainsi mes programmes de télévision du samedi. Ensuite, c'était une grande école, bien connue, mais avec beaucoup de monde. Je me sentais un peu perdue et seule. Et je n'aimais pas les méthodes employées... les professeurs étaient très stricts et il n'y avait aucun plaisir à nager.

Mais tous les samedis, j'allais à mes cours. Et j'apprenais tranquillement à nager. Pas excessivement bien, mais suffisamment pour me débrouiller. Un matin, il fallait faire des longueurs dans le côté profond de la piscine et sans le "flotteur" que nous avions d'habitude. Je partis donc à la nage vers le côté 12 pieds (environ 3 1/2 m). La piscine était très grande. Très longue. Et arrivée au bout, j'étais épuisée. Je me suis donc tenue sur le bord. Mais les professeurs n'aimaient qu'on se tienne sur le bord. Il fallait faire du surplace. On me cria donc de revenir. J'étais très fatiguée, je suis donc restée un peu plus.

Et puis, je ne sais trop comment, j'ai glissé. Ma main a lâché le bord de la piscine et j'ai coulé dans le fond. Je ne me souviens pas clairement comment j'ai pu couler directement vers le fond, mais comme ce fut très rapide, je n'avais pas pris de respiration. Et puis là, je me souviens très bien, avoir eu très peur. Je savais très bien que je coulais. J'essayais de remonter à la surface, mais, je ne n'avais aucune force et je continuais à descendre. Plus je me tortillais pour remonter, plus je descendais et me fatiguais. J'ai paniqué et même si je n'avais que 6 ans, je me souviens parfaitement avoir pensé que j'étais en train de me noyer.

Et puis, j'ai soudainement su. En un flash, je me suis souvenue des Petites Filles Modèles de la Comtesse de Ségur. Je sauvenais de lire ce livre, il n'y avait pas trop longtemps. Et il y a un épisode où Sophie et Marguerite (enfin, il me semble que ce sont elles) tombent dans l'étang. Marguerite se souvient alors qu'on lui a dit de donner un grand coup de pied dans le fond pour remonter à la surface. Et c'est ce que j'ai fait. Quand j'ai senti le fond, j'ai donné un grand coup de pied et je suis immédiatement remonté à la surface. Je me suis raccrochée au bord et j'ai respiré... Cela n'avait sûrement duré que quelques secondes, mais cela me semblait des heures. Aucun moniteur ne m'avait vu. On me cria de lâcher le bord et de revenir à la nage. J'ai désobéi - ce qui était très rare pour moi - et je suis revenue en tenant le bord puis je suis sortie de la piscine. J'ai attendu que mon père vienne me chercher sur un banc. Je n'ai rien dit à personne.

Bizarrement, j'ai continué mes cours. J'ai cependant arrêté juste avant qu'on ne commence les plongeons. J'ai dit à ma mère que je ne voulais pas apprendre à plonger et que de toute façon, je ne plongerais jamais. Et je ne voulais pas le certificat. Je pouvais maintenant nager un peu et c'était suffisant pour moi et mes parents.

Et donc, la lecture des
Petites Filles Modèles de la Comtesse de Ségur m'a sauvé la vie ! Lire est vital pour moi, dans tous les sens du mot !!! ;)

24 janvier 2009

Viou - II. Résumé et Commentaires

Viou : roman / Henri Troyat. --[Paris] : Flammarion, c1980. -- 211p. ; 20 cm.

Viou6Résumé [attention spoilers]

Viou a huit ans. Son père est mort pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Sa mère est obligée de prendre un emploi à Paris pour subvenir à leurs besoins et demandent aux parents de son époux de prendre la garde de sa petite fille Sylvie pour quelques temps. Sylvie, qui préfère se faire appeler Viou, va donc vivre avec ses grands-parents paternels.

La petite fille tente bien que mal de s'adapter à la vie avec ses grands-parents. Elle cherche à se souvenir de se père, idéalisé par ses grands-parents, mais dont elle se souvient à peine et qui l'effraie un peu, bien qu'il lui manque beaucoup. La vie est parfois difficile pour Viou qui a dû mal à plaire à sa grand-mère autoritaire, rigide, pieuse et complètement dévouée à la mémoire de son fils. Elle l'aime mais la craint et ne semble jamais pouvoir lui faire plaisir. Elle tente de se rapprocher de son grand-père, plus doux, mais tout de même distant. Elle se rattache avec désespoir à sa mère qu'elle ne voit pratiquement jamais, vivement critiquée par sa grand-mère, mais à qui elle écrit chaque semaine une lettre.

Une routine s'installe tranquillement, entre l'école, les visites au cimetière, ses grands-parents et les jeux avec le chien de chasse de son grand-père, Toby, son seul ami - mais que sa grand-mère ne peut supporter. Une vie mélancolique, solitaire et triste pour la petite fille, pleine de vie, rêveuse, qui ne peut s'empêcher de se rebeller contre l'éducation rigide de sa grand-mère.

Mais alors que Viou se croit prise dans une vie monotone, les événements vont s'enchaîner et la plonger dans des drames qu'elle a de la difficulté à comprendre: la mort de son grand-père, la perte de son chien, la tristesse de sa grand-mère et finalement le retour de sa mère qui vient la ramener à Paris... Le monde de Viou se transforme soudainement et l'oblige à devenir trop rapidement une petite adulte.

Commentaires personnels

Viou est le premier roman d'une trilogie qui nous fait suivre la vie de Sylvie, alors qu'elle est une enfant auprès de ses grand-parent, dans le roman Viou, puis alors qu'elle s'adapte à sa vie parisienne avec sa mère et son nouveau beau-père, dans À demain Sylvie, et ensuite sa vie de jeune adulte dans Troisième bonheur.

L'histoire est simple. On nous présente les émotions d'une fillette de 8 ans qui vit séparée de sa mère chez ses grands-parents qui ne la comprennent pas. Elle se sent seule, abandonnée, et surtout constamment jugée par sa grand-mère. L'écriture de Troyat réussit à nous transmettre le désarroi d'une enfant de cet âge. Des émotions intenses, parfois contradictoires. N'a-t-on pas ressenti intensément des événements, étant enfants, qu'aujourd'hui nous semblent banals. Viou est sensible, parfois boudeuse, toujours intempestive...

Le roman réussit très bien à nous présenter les pensées de la petite Viou. Mais nous présente aussi, d'autres personnages, qu'on oublie trop souvent quand on parle du roman. Une grand-mère qui vit dans la rigidité et surtout la religion. Très dévote, elle cherche à transmettre à sa petite-fille des valeurs traditionnelles. Elle est complètement dévouée à la mémoire de son fils mort à la guerre et ne peut comprendre que la mère de Viou cherche à refaire sa vie. Elle tente de s'approprier sa petite-fille. Le grand-père est doux mais effacé. Il s'oppose souvent à sa femme et aime tendrement sa petite-fille. On le voit trop peu. Et la mère de Viou est absente. Absente de la vie de sa fille - qui l'aime désespérément - et du roman.

Les événements et tous les personnages sont transmis à travers les yeux d'une fillette qui ne comprend pas tout. Et quand j'ai lu les premières fois ce roman - moi-même une enfant - je n'ai pas tout compris. Cette relecture m'a semblé dévoiler des aspects que je n'avais jamais vu dans le roman. Mais j'ai surtout retenu que je voyais encore la petite Viou de la même façon: enfant boudeuse, émotive, rêveuse, triste et surtout débordant de vie. Prise dans un univers qu'elle ne comprend pas et qui l'empêche de s'épanouir... mais qu'elle aime malgré elle.

L'avis de Naïk, Cogitude, Chrysalise

 

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Citations

"Les flocons de neige tombaient plus serrés. Ernestine acheta encore, avec circonspection, du beurre, deux tabliers, une écuelle de bois, et, le cabas chargé, repirt, à petits pas boiteux, le chemin de la maison. Laneige fondait en touchant le trottoir. Tout se mélangeait dans la tête de Sylvie, les moutons et maman, la compassion et l'allégresse, l'envie de pleurer et celle de hurler sa joie, de jeter son cartable en l'air et de courir, à toutes jambes, au-devant de la vie" p. 110

Sources

23 janvier 2009

Viou - I. L'auteur

viou1Viou : roman / Henri Troyat. --[Paris] : Flammarion, c1980. -- 211p. ; 20 cm.

Quatrième de couverture


Nous sommes en 1946. Enfant secrète et passionnée, la petite Sylvie, surmonnée Viou, lutte pour retrouver le souvenir de son père, mort deux plus tôt, lors des combats de la Libération. Mais le choc a laissé un blanc dans sa tête. Sa mère, ayant du prendre un travail à Paris, l'a confié provisoirement à ses grands-parents paternels qui habitent Le Puy. Entre sa grand-mère, femme pieuse et autère que rien ne distrait de la mèmoire de son fils disparu, et son grand-père malicieux, mais lointain, la fillette, âgée de huit ans, s'efforce d'affirmer à la fois son caractère et son goût dévorant de la vie.
Avec un art d'une discrétion incomparable, Henri Troyat évoque, par petite touches, les pensées et les sentiments de cette enfant singulière qui transforme en lumière tout le gris de l'existence. La sensibilité, l'ironie, la tendresse de l'auteur sont telles dans la peinture de ce monde puéril que le lecteur, peu à peu, rajeunit, devient lui-même Viou et se retrouve plongé, comme par magie, dans les exaltations et les angoisses de l'âge tendre.

L'auteur

Lev Aslanovitch Tarassov est né un 1er novembre en 1911 à Moscou. Il est cependant d'origine arménienne. Alors qu'il est un enfant, sa famille dut s'enfuir pendant la Révolution d'octobre de 1917 et se réfugia d'abord au Caucase. Ils continuèrent rapidement leur exil, tout d'abord en Crimée, puis Constantinople, Venise pour finalement arriver à Paris en 1920.

Le jeune Tarassov étudia au lycée Pasteur à Neuilly. Il obtient une licence en droit à l'Université de Paris. Il est naturalisé Viou2français et doit faire son service militaire, qu'il exécute à Metz. Il publie alors son premier roman, Faux Jour, qui reçoit en 1935, le Prix du Roman Populiste. Après son service militaire, en 1935, il travaille pour le service des Budgets de la préfecture de la Seine. Il continue cependant à écrire pendant ses temps libre. Il décide alors de prendre le nom de Henri Troyat.

Il se consacre entièrement à l'écriture à partir de 1940. Pendant sa carrière, il écrira plus d'une centaine d'oeuvres: romans, biographies, pièces de théâtre, etc. Il recevra également de nombreux prix, tel le Prix Max Barthou de l'Académie française en 1938, le Prix Goncourt en 1938, le Grand Prix littéraire du Prince de Monaco en 1952. Il est élu à l'Académie française en 1959. Il est également Commandeur de l'Ordre national du Mérite, Commandeur des Arts et Lettres et Grand-croix de la Légion d'honneur.

En 2003, il fut cependant condamné pour plagiat - avec la maison d'éditions Flammarion - pour sa biographie sur Juliette Drouet. Cette biographie de la maîtresse de Victor Hugo, publiée en 1997, puise apparemment largement (le terme officiel étant "contrefaçon partielle") dans l'oeuvre de Gérard Pouchain et Robert Sabourin, parue en 1992. Troyat et Flammarion ont versé la somme de 45 000€ en dommages et intérêt aux deux auteurs.

Lev Aslanovitch Tarassov, devenu Henri Troyat, décède à Paris le 3 mars 2007, à 97 ans.

Bibliographie

Biographie complète de l'auteur sur cet article.

Citations

"Soulevée par les larmes comme par une vague, Sylvie se précipita hors du salon, grimpa l'escaliersonore et se retrouva couchée, à plat ventre, sur la carpette, au pied de son lit, avec l'ours Casimir dans ses bras. Elle ne se révoltait pas contre la punition. Bien mieux, elle la jugeait méritée. Mais elle ne pouvait pas, pour complaire aux grandes personnes, déclarer qu'elle aimait ce portrait alors qu'il lui faisait horreur. Sous les traits de son père, c'était un étranger qui avait pénétré dans la maison." p. 56

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Sources

17 janvier 2009

Viou - Expérience de lecture

Il y a des livres auxquels on ne pense plus beaucoup. Et pourtant on les a adorés. Seulement, il y a le temps qui passe. Et on pose le livre sur une étagère et il se perd dans sa rangée. Parfois caché derrière une pile de livres à lire... Et puis, on lit un peu de ces livres à lire. Et une fois lus, on veut ranger ces livres. Et alors, on erre dans l'appartement, à la recherche d'un espace viou1libre. Vous savez, cette place parfaite où déposer ce livre que l'on vient de refermer. Il est nouveau, il vient d'être lu et on veut le ranger adéquatement. Mais voilà... il n'y a plus une seule place dans les nombreuses bibliothèques de notre appartement. Honnêtement !!! Plus une place.

Donc, je cherchais une petite place pour ranger La Dame à la Licorne. Logiquement, il devrait aller à côté de la Jeune fille à la perle. Mais voilà. La rangée est complète. Donc la seule solution est de bouger ses deux livres pour les mettre ailleurs. Mais où. Hum, peut-être à la place de ceux-ci... qui viendront prendre la place de ceux-ci... et finalement dans ce réaménagement, j'en viens à déplacer ce livre.

Ce livre que j'ai un peu oublié au cours des années mais que j'ai bien dû lire une vingtaine de fois. C'était un cadeau de ma tante. En 1981. J'avais 10 ans. Cette petite fille sur la couverture. J'ai appris à la connaître. Je crois que la dernière fois que j'ai lu sur l'enfance de cette fillette qui m'apparaissait si réelle quand j'étais moi-même si petite, je devais avoir près de 21 ans. Je venais de quitter la maison de mes parents pour aménager dans mon premier appartement et alors que je plaçais mes livres, je n'ai pu m'empêcher de relire Viou de Troyat.

Et puis, lors des autres déménagements, je ne l'ai que déposé sur les étagères. Oublié. Seul. Et puis, hier, alors que je bousculais les livres de mes bibliothèques, il m'a fait un signe. Sa douce couverture jaune. Je n'ai pu que le tirer vers moi. Et je me suis assise avec lui. Pour le feuilleter. Le sentir. Le toucher. Le joli dessin d'une petite fille qui m'a toujours apparu boudeuse. Son nom en crayon bleu. À l'intérieur, il y a mon nom, d'une écriture enfantine. Si je tourne les pages rapidement, je peux voir des taches. Traces de mes lectures.

Je me rappelle que ce livre était un de mes préférés. Que ma lecture était toujours douce mais triste. Je n'aimais pas la grand-mère mais je me sentais triste pour elle quand Viou la quittait. J'en voulais à la mère de Viou de la laisser ainsi chez ses grands-parents. Je pleurais - puis j'ai eu les larmes aux yeux - quand son grand-père mourait. Et je voulais sauver son chien. J'ai vécu les émotions de cette petite Viou, même si déjà à 10 ans, je la trouvais bien immature par moment. Il faut dire qu'elle n'avait 8 ans.Cela m'a pris un temps aussi à remettre l'histoire dans son contexte... l'après-guerre, la France... tout ça était loin pour moi.

Et donc, cela fait trop longtemps. Je vais de ce pas relire Viou. Peut-être est-ce une erreur. Mais je ne crois pas. Je ne verrai sûrement pas Viou de la même façon, mais cette petite fille a fait partie de ma vie. Elle m'a accompagnée pendant mon enfance et même mon adolescence. Et aujourd'hui, elle est toujours chez moi et je veux la revoir vivre un peu. La voir rêver, se rebeller, pleurer et rire.

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Quelques pages d'un autre livre ouvert...
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