Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Quelques pages d'un autre livre ouvert...
Archives
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 787 067
Quelques pages d'un autre livre ouvert...
lecture
3 mars 2015

La réparation de Katia Gagnon

KG1La réparation : roman / Katia Gagnon. -- [Montréal] : Boréal, 2011. -- 216 p. ; 22 cm. -- ISBN 978-2-7646-2089-2

Quatrième de couverture

La journaliste Marie Dumais apprend dans les actualités le suicide d’une élève du secondaire, Sarah Michaud. Il semble que l’enfant était victime d’intimidation. On lui confie une série de papiers sur l’affaire.

Elle interroge les professeurs et les autres élèves. Elle rend visite aux parents. Ce sont de pauvres gens qui n’ont pas su défendre leur fille perdue parmi les petits bourgeois fréquentant le collège privé où Sarah n’a été acceptée que grâce à ses dons exceptionnels pour les mathématiques. Tout le monde voudrait tant qu’on cesse de parler de cette affaire, mais Marie veut savoir la vérité. Pourquoi Sarah Michaud est-elle morte ?

Dans ce premier roman mené comme un suspense, Katia Gagnon nous tient en haleine jusqu’au bout. Elle nous fait partager le destin d’êtres marqués, mais elle célèbre aussi tout le bien que peut apporter un regard qui réchauffe, une main tendue, l’amour et la compassion d’inconnus que la vie place sur notre chemin.

La Réparation est un hommage à ceux qui survivent et à ceux qui leur permettent de le faire.

L'auteur

Katia Gagnon est née en 1970. Elle a étudié à l'UQAM où elle a obtenu un baccalauréat en communications. Depuis 1996, KG2elle est journaliste dans le quotidien La Presse. Elle y occupera diverses fonctions dont éditorialiste et directrice des informations générales.

Elle publie son premier roman en 2011, La réparation. Elle continue d'écrire et de travailler comme journaliste.

Bibliographie

  • Au pays des rêves brisés (avec Hugo Meunier - Témoignages)  (2008)
  • La réparation (2011)
  • Histoires d'ogres (2014)

Pour lire certains de ces articles dans La Presse. Son compte Twitter. Une entrevue avec l'auteur dans la revue Les libraires.

Mes commentaires

Nous avons deux histoires dans le roman. Ce que le quatrième de couverture ne dévoile pas. Nous avons bien sûr, l'enquête de la journaliste Marie Dumais sur le suicide d'une adolescente, victime d'intimidation. Et nous avons aussi l'histoire de Marie-Lune Provencher, sauvée par la DPJ (Direction de la protection de la jeunesse), d'une mère abusive. On devine assez rapidement le lien entre les deux histoires. Ce qui n'enlève rien à l'intensité de ces deux mêmes histoires.

Je ne peux parler de ce roman, sans devenir un peu émotionnelle. Ce sujet me touche. Et Katia Gagnon l'a très bien abordé. Ce qui est rare. Elle n'est pas tombé dans l'exagération. L'intimidation n'a pas besoin d'être frappante, parfois elle est insidieuse. Mais elle est là.

J'ai appris aussi que l'auteur s'est inspirée d'un fait divers qu'elle a voulu à l'époque couvrir. Un jeune garçon, victime d'intimidation, disparaît. L'auteure, qui couvre les affaires sociales, essaie de contacter l'école du jeune garçon pour essayer de comprendre les raisons de cette disparition. On lui refuse l'accès à l'école. Elle en fera un reportage fictif. Ce qui en fait un texte intimement réaliste.

Maintenant, revenons au texte. Gagnon écrit très bien. Et elle sait doser son intrigue. Son écriture est simple et nous rejoint facilement. Parfois, un peu simple... à la limite de l'analyse... C'est même ce qu'on lui reproche parfois. Mais, selon moi, l'auteure arrive à ne pas basculer complètement dans le journalisme pur et simple. Le texte demeure fluide, doux et prenant.

On reproche aussi à l'auteur de ne pas assez condamner les intimidateurs et leurs "complices" (écoles, parents, etc.). Je dirais que oui, j'aurais voulu, moi aussi, plus de conséquences. Mais je comprends. D'un côté, il n'y a souvent aucune conséquence. Trop souvent. Et aussi... rien n'est aussi simple que ça. Coupables, non coupables... Il y a des vies. Pas des excuses mais des circonstances... Rien n'est simple.

Mais ici, j'ai de la difficulté à poursuivre mon avis car j'ai peur de trop en dire... Disons, que malgré le fait que j'ai adoré le roman de Gagnon, j'ai eu beaucoup de difficulté avec la "2e histoire". J'ai trouvé que cette histoire n'était pas nécessaire au roman et que surtout elle aurait plutôt eu sa place dans un autre roman. Elle aurait mérité un autre roman. Dans La Réparation elle était de trop. Et surtout c'était trop prévisible. Cette 2e histoire est forte, mais n'est pas nécessaire ici.

Mais l'essentiel du roman est l'intimidation. Et Katia Gagnon nous fait parfaitement comprendre et fait vivre les ravages de l'intimidation. Peu importe sa forme ; sa violence ou sa subtilité.

L'avis de Karine:), Suzanne, Prospéryne, Stellabloggeuse, Bouquineuse boulimique, Kay.

Les mots de l'auteur (Extraits)

"Persuader l'école de la laisser fouiner dans les couloirs n'allait pas être facile. Tout le monde était encore traumatisé par le décès de la jeune fille. Déjà, les parents accusaient l'école secondaire de leur fille, un collège privé, d'avoir fermé les yeux sur l'intimidation dont elle était victime. Aucune personne sensée ne voudrait d'une journaliste dans ce portrait." p. 16

"Leurs actes d'intimidation n'étaient jamais directs. Elle n'a jamais été frappée ou quelque chose du genre. Non, c'était plutôt de l'exclusion, des mauvaises blagues... -- Oui, répondit la directrice. Ils ont minimisé les actes. Ils ont prétendu que c'était fait simplement pour rire, qu'ils n'avaient rien contre la petite Michaud." p. 86

"-- Harceleurs, vous y allez un peu fort. Il ne s'agissait que de blagues, d'un goût douteux, je le reconnais, mais rien de violent. Cette histoire a été largement exagérée. En partie par votre faute, les journalistes.

Rien de violent. Marie, incrédule, souligna deux fois l'expression. Elle sortie de la classe, soufflée." p.97

Pour en savoir un peu plus

Publicité
5 février 2015

La fille de l'hiver d'Eowyn Ivey - Commentaires personnels

FH2La fille de l'hiver / Eowyn Ivey ; traduit de l'anglais (États-Unis) par Isabelle Chapman. -- [Paris] : Fleuve Noir, [2012]. -- 430 p. ; 23 cm. -- ISBN 978-2-265-09410-9

Quatrième de couverture

L'Alaska, ses forêts impénétrables, ses étendues enneigées. Son silence. Sa solitude.
Depuis la mort de leur bébé, le mariage de Mabel et Jack n'a plus jamais été le même. Partir vivre sur ces terres inhospitalières paraissait alors une bonne idée. Seulement, le chagrin et le désir d'enfant les ont suivis là-bas et la rudesse du climat, le travail éreintant aux champs les enferment chacun dans leur douleur.
Jusqu'à ce soir de début d'hiver où, dans un moment d'insouciance, le couple sculpte un bonhomme de neige à qui ils donnent les traits d'une petite fille. Le lendemain matin, celui-ci a fondu et de minuscules empreintes de pas partent en direction de la forêt… Peu de temps après, une petite fille apparaît près de leur cabane, parfois suivie d'un renard roux tout aussi farouche qu'elle. Qui est-elle ? D'où vient-elle ? Est-elle une hallucination ou un miracle ? Et si cette petite fille était la clé de ce bonheur qu'ils n'attendaient plus ?

Inspiré d'un conte traditionnel russe, La Fille de l'hiver est un roman à la fois moderne et intemporel où le réalisme des descriptions n'enlève rien à la poésie d'une histoire merveilleuse… dans tous les sens du terme.

Commentaires personnels

Ce roman respire le froid. Un froid inhumain mais qui étrangement ramène la douceur et la joie dans la vie de Mabel et Jack. Car il est personnifié par la petite fille de neige. Qui vit l'hiver et disparaît au printemps.

Eowyn Ivey s'est inspiré d'un conte russe, Snégourotchka pour écrire son roman. Et non seulement l'auteur s'est inspiré du conte, mais elle l'intègre dans son histoire. Mabel connait l'histoire et veut croire que le conte est devenu réalité. Une petite fille est vraiment née du bonhomme de neige qu'elle et Jack ont construit ensemble. Ils ont donné naissance à une enfant.

Le texte balance entre le conte et le roman historique. D'un côté nous avons l'histoire de Mabel et Jack, couple meurtri, qui revit avec l'arrivée d'une petite fille née de la neige. Et de l'autre nous avons le récit du quotidien des habitants d'une région aride et froide au début du XXe siècle. On pourrait croire que ces deux histoires sont irréconciliables, mais pas du tout. On se laisse bercer d'un univers à l'autre. On a parfois l'impression de lire un conte fantastique, d'autres fois, de lire un roman historique. On se plonge dans la vie brisée d'un couple qui renaît plus fort, dans les vies de pionniers qui ont choisi de braver les conditions difficiles d'un monde qui semble hostile et dans le mystère d'une petite fille rêvée mais finalement bien réelle.

J'essaie de ne rien dire pour ne pas trop dévoiler l'histoire. Mais j'ai l'impression de ne pas en dire assez. Ce n'est pas un conte fantastique, mais c'est un doux récit onirique. Ce n'est pas un roman rural, mais c'est un hommage à la vie dans ses contrées blanches, vastes, ardues et magnifiques. Ce n'est pas un roman psychologique, mais c'est un plongeon dans des émotions difficiles... la tristesse, la détresse, la solitude, le désespoir, l'isolement, la fragilité, l'espoir, l'endurance, la détermination, le désir, l'amour, l'amitié...

Je dois tout de même dire que certains passages m'ont un peu déçus. J'aurais aimé que l'auteur assume davantage le côté mystérieux et le lyrisme de son histoire. Et d'un autre côté, une fois ce côté onirique oublié, j'ai regretté que le roman ne laisse pas la réalité prendre plus place. Mais, ce sont des déceptions passagères. Et les deux déceptions font parties de ce qui m'a complètement enchantée.

Je passe pleins de moments et surtout pleins de personnages sous silence. Et surtout les deux personnages principaux : l'Alaska et l'hiver. Les mots de l'auteur pour décrire ce "pays" envoûtent. Et l'hiver est plus qu'une saison, c'est un état d'âme. Le texte est magnifique. Tout simplement. Et on doit laisser les mots de l'auteur nous bercer doucement.

(Ouf, j'ai très mal exprimé ce que le roman m'a offert... Et malgré le froid actuel, je ne peux que vouloir me replonger dans cet hiver et dans ce faux conte si réconfortant...).

Voir mon billet précédent sur l'auteur et l'histoire : La fille de l'hiver d'Eowyn Ivey - L'histoire

L'avis de

Extraits

"Mabel ne pouvait s'empêcher, chaque fois qu'elle pensait à l'enfant, de se rappeler le soir où il l'avaient modelée dans la neige. Jack avait sculpté ses lèvres et ses yeux. Mabel lui avait donné des moufles et coloré la bouche en rouge. Cette nuit-là, une enfant leur était née, d'une poignée de glace et de neige, et de beaucoup d'amour." p233

À consulter

4 février 2015

La fille de l'hiver d'Eowyn Ivey - L'histoire

FH2La fille de l'hiver / Eowyn Ivey ; traduit de l'anglais (États-Unis) par Isabelle Chapman. -- [Paris] : Fleuve Noir, [2012]. -- 430 p. ; 23 cm. -- ISBN 978-2-265-09410-9

Quatrième de couverture

L'Alaska, ses forêts impénétrables, ses étendues enneigées. Son silence. Sa solitude.
Depuis la mort de leur bébé, le mariage de Mabel et Jack n'a plus jamais été le même. Partir vivre sur ces terres inhospitalières paraissait alors une bonne idée. Seulement, le chagrin et le désir d'enfant les ont suivis là-bas et la rudesse du climat, le travail éreintant aux champs les enferment chacun dans leur douleur.
Jusqu'à ce soir de début d'hiver où, dans un moment d'insouciance, le couple sculpte un bonhomme de neige à qui ils donnent les traits d'une petite fille. Le lendemain matin, celui-ci a fondu et de minuscules empreintes de pas partent en direction de la forêt… Peu de temps après, une petite fille apparaît près de leur cabane, parfois suivie d'un renard roux tout aussi farouche qu'elle. Qui est-elle ? D'où vient-elle ? Est-elle une hallucination ou un miracle ? Et si cette petite fille était la clé de ce bonheur qu'ils n'attendaient plus ?

Inspiré d'un conte traditionnel russe, La Fille de l'hiver est un roman à la fois moderne et intemporel où le réalisme des descriptions n'enlève rien à la poésie d'une histoire merveilleuse… dans tous les sens du terme.

L'auteur

Eowyn LeMay Ivey est né en Alaska. Elle étudie d'abord à la Western Washington University en journalisme et création littéraire. Puis elle étudie laFH1nonfiction romancé à la University of Alaska Anchorage. Elle travaille pendant près de 10 ans comme journaliste pour le journal Frontiersman et remporte plusieurs prix pour ses textes. Elle publie plusieurs nouvelles et essais dans différents journaux et magazines.

Elle écrit son premier roman, The Snow Child en 2012. En 2013, son roman est sélectionné pour le Pulitzer Prize pour la fiction.

Elle vit toujours en Alaska avec sa famille.

L'histoire...

La perte d'un enfant est une tragédie dont plusieurs couples ne se remettent jamais. Jack et Mabel désiraient beaucoup d'enfants, mais leur premier enfant est mort-né, et ils ne purent jamais en avoir d'autres. Pour essayer de surmonter leur peine, et pour donner une chance à leur couple, Jack et Mabel décident de laisser derrière eux leur vie confortable et de tout recommencer en Alaska.

Nous sommes dans les années 20. La vie est difficile partout. Mais ils ne s'attendaient pas à ce qu'elle soit si difficile en Alaska. Le couple n'est pas bien préparé. Ils sont pleins de bonne volonté, mais les saisons sont dures et coriaces. Le froid les enferment, les isolent. Ils s'aiment, mais sont remplis de silence et de tristesse. Changer d'environnement n'efface pas les blessures, les cicatrices. Ils se parlent peu. On sent dans le texte une solitude immense et une noirceur intolérable, malgré la blancheur de la neige.

Et puis, un jour, ils se laissent envahir par un moment de joie. Sous la neige, ils se retrouvent comme avant. Ils rient et dansent sous les flocons avec insouciance. Ils se lancent des boules de neige comme des enfants et ils commencent à faire un bonhomme de neige. Qui prend rapidement la forme d'une petite fille de neige. Ils façonnent son visage, ses cheveux, la vêtissent d'un manteau et de gants. Pour un moment, ils sont heureux. Puis, ils vont se coucher.

Le lendemain, la petite fille de neige semble avoir fondue. Il ne reste rien, même pas les vêtements et sur la neige, ils voient des traces de pas.

Une petite fille serait-elle née de la neige ? Petit à petit, ils commencent à y croire. Car une petite fille, souvent accompagnée d'un renard roux, rôde autour de leur maison. Tout d'abord insaisisable, elle s'approche de plus en plus de Mabel et Jack. Qui est-elle ? Que fait-elle seule dans la forêt ? Est-elle réelle ? Alors que Mabel ne cherche pas à le savoir,  Jack, lui, veut des réponses. Les deux, cependant, se laisseront envoûter par la petite fille, qui quant à elle se laisse peu à peu apprivoiser par le couple.

Mais la vie doit continuer. Une vie difficile remplie d'épreuves saisonnières. Cet hiver est particulièrement dur pour ce couple qui n'a pas encore pu emmagasiner assez de vivres et qui vit dans l'isolement. Mais petit à petit, ils vont s'ouvrir aux autres habitants de la région. Et l'histoire nous entraîne vers le récit du quotidien de ces gens qui peuplent l'Alaska : les printemps et étés trop brefs où il faut semer et travailler au champ, les automnes où il faut récolter, les hivers où il faut survivre. Mais l'histoire nous raconte aussi l'entraide entre les habitants et les amitiés qui naissent petit à petit.

Et donc la vie continue pour Mabel et Jack. Ils travaillent forts, se lient d'amitié avec les voisins. Et chaque hiver retrouvent la petite fille qui maintenant les a acceptés mais qui disparaît à tous les printemps.

Commentaires à suivre...

Extraits

"Mabel ne pouvait s'empêcher, chaque fois qu'elle pensait à l'enfant, de se rappeler le soir où il l'avaient modelée dans la neige. Jack avait sculpté ses lèvres et ses yeux. Mabel lui avait donné des moufles et coloré la bouche en rouge. Cette nuit-là, une enfant leur était née, d'une poignée de glace et de neige, et de beaucoup d'amour." p233

À consulter

 

28 octobre 2014

Nous avons tous peur de B.R Bruss

bruss2Nous avons tous peur / B.R. Bruss. – [Paris] : Baleine, c2007. – 252 p. ; 17 cm. – ISBN 978-2-84219-419-2. – (Collection Baleine Noire / dirigée par J.-F. Platet)

Quatrième de couverture

Les habitants d'une petite ville canadienne ont peur. Une peur pas ordinaire. Une peur qui leur fait quitter la ville, ou qui les rend fous. Un jeune journaliste du Winnipeg Standard est envoyé pour enquêter et comprendre. Il y découvrira l'horreur...

L’auteur

Auguste Isidore René Bonnefoy est né à Lempdes-sur-Allagnon en Haute-Loire en 1895. Après la Première Guerre Mondiale, il devient journaliste. Il publie son premier roman, Gilbert et l'Autorité, en 1928 sous le nom de René Bonnefoy. Il écrit plusieurs romans sous ce nom. Puis après la Deuxième Guerre Mondiale, dans laquelle son implication semble controversée, il recommence à écrire sous divers pseudonymes. Il s'intéresse également à l'art ; il est illustrateur, peintre et sculpteur. Il utilise divers pseudonymes pour signer ses oeuvres.

Il meurt à Paris en 1980.

Sa biographie est complexe et extensive. Elle est remplie de controverses également. Pour mieux connaître l'auteur, son oeuvre, etc., je vous conseille cet excellent site : brbruss.fr. Je vous conseille également les articles sur le site Fantastik Blog (Charles Moreau).

Bibliographie partielle

Plus de 80 romans et nouvelles, sous divers pseudonymes.

Sous le nom de René Bonnefoy - Plusieurs nouvelles et 6 romans dont :Bruss1

  • Gilberte et l'Autorité (1928)
  • Bacchus-Roi (1930)
  • Aspects de Royat (1932)

Sous le nom de B.R. Bruss - plus de 50 romans dont :

  • Et la planète sauta... (1946)
  • L'apparition des Surhommes (1953)
  • La guerre des soucoupes (1954)
  • Maléfices (1956)
  • Nous avons tous peur (1956)
  • Bihil (1961)
  • Le mur de lumière (1962)
  • Complot Vénus-Terre (1963)
  • Les translucides (1964)
  • Le soleil s'éteint (1965)
  • Parle, robot ! (1969)
  • Les Hamils (1971)
  • Les espaces enchevétrés (1979)

Sous le nom de Roger Blondel - une dizaine de romans dont :

  • Le mouton enragé (1956)
  • L'archange (1963)
  • Bradfer et l'éternel (1964)
  • Le boeuf (1966)
  • Les graffitis (1975)
  • Les fontaines pétrifiantes (1978)

Sous le nom de Georges Brass (romans érotiques) - 7 romans dont :

  • Faiblesses de femmes
  • L'amour ne se mange pas en salade
  • Hôtel du plaisir
  • Les corps en feu

Il publie sous d'autres pseudonymes dont Jacques Huriel, Marcel Castillan, Roger Fairelle. Il fait également plusieurs traductions sous le nom de Roger Bertin.

Vous pouvez lire une bibliographie très complète ici et sous forme de tableau ici.

Commentaires personnels (attention spoilers)

Je dois commencer par dire que je ne connaissais pas du tout René Bonnefoy sous aucun de ses pseudonymes. Ce qui semble étrange à lire sa biographie et à voir son extensive bibliographie. Jamais entendu parler ! Et pourtant j'ai étudié en Études françaises. Et même si nous ne lisions pas tout, évidemment, nous avions de nombreux cours d'histoire de la littérature... toutes les époques, tous les genres. Même le cours sur la science-fiction ne l'a jamais mentionné, alors qu'il semble y avoir consacré plusieurs romans. Enfin... passons.

Ensuite, disons également que j'ai lu Nous avons tous peur, uniquement pour valider mon intuition qu'il était mal classé. C'est une raison comme une autre. Lorsque je fais de l'élagage et qu'un livre a de très mauvaises statistiques de prêt, je me questionne. Ce livre était dans la section Science-Fiction de la bibliothèque, qui est très utilisée. Après quelques recherches complétées par une lecture du livre (oui oui, des fois, je me sacrifie pour prouver une théorie !) et bien, ce roman n'avait rien à faire en Science-Fiction ! Allez hop, reclassification dans la fiction générale - car nous n'avons pas de section Fantastique/horreur.

Nous avons tous peur fut publié en 1956 mais a été réédité de nombreuses fois. Le roman est considéré comme une des oeuvres classiques de la collection Angoisse de la maison d'édition Fleuve noir.

L'histoire se situe à Cockshill, une petite ville de la Saskatchewan au Canada, au milieu des années 50. (Je précise "de la" ou "en" Saskaschewan... et non pas "dans le" comme on retrouve en page 10... je ne sais pas pourquoi mais ce genre "d'erreur" m'achale au plus haut point. C'est sans importance, je le sais, et je ne suis pas à l'abri d'en faire moi-même, mais je n'ai pas de correcteur ou de maison d'édition derrière moi, enfin !) Un journaliste est envoyé sur place pour enquêter sur un mystère qui ne semble pas très important mais qui l'intrigue tout de même : les habitants semblent fuir la ville, pourtant agréable et prospère. Les gens quittent la ville, un à un, sans apparente raison.

Dès son arrivée, il commence son enquête. Et alors que les gens vivant à l'extérieur de la ville ne semblent pas comprendre eux-même ce qui affecte ses habitants, il se rend compte rapidement que ces derniers semblent, quant à eux, exténués et apeurés. Personne ne veut d'abord répondre à ses questions. Il parcours la ville qu'il trouve belle, paisible, florissante. Et pourtant, les gens la fuient ; ils déménagent, deviennent fous ou se suicident. Ceux qui restent sont terrifiés.

Mais dès sa première nuit, un début de réponse commence à se former. Un terrible cauchemar l'a profondément troublé. Il tente de l'oublier mais petit à petit il commence à comprendre ce qui terrorise tous les gens qui vivent à Cockhill.

Le livre commence doucement. L'intrigue est mise en place lentement. On nous présente le journaliste, on apprend à le connaître avant son arrivée dans la ville. Ce qui nous permet de mieux voir les changements qui s'opèrent petit à petit en lui. Le mystère s'installe tranquillement. Et on sent la peur qui s'intensifie au fil des jours - des pages. On en dit peu. Jamais nous ne saurons avec exactitude la teneur des cauchemars du journaliste, ou des autres résidents. On sait qu'ils sont horribles, qu'ils sont terriblement personnels et qu'ils mettent en scène la même créature, Blahom (nom un peu ridicule selon moi,  mais certains l'ont trouvé très intéressant).

L'auteur nous plonge au coeur d'une histoire suffoquante où les gens sombrent dans l'horreur à chaque fois qu'ils ferment les yeux. C'est un texte qui est terriblement efficace. Épuisés, les gens tentent par tous les moyens de ne pas dormir. Ils ne travaillent plus, les enfants ne vont plus à l'école. Ils errent dans la ville. Et on ne peut pas s'empêcher d'avoir un peu peur lorsque nous posons le livre pour aller soi-même se coucher !

Mais malheureusement, l'histoire s'éternise un peu. On ajoute un 2e journaliste et on soupoudre une histoire d'amour un peu ringarde. Et puis, cela se répète un peu. Puisque personne ne dit rien sur les raisons de leur peur, on ne peut que répéter les mêmes scènes. Certaines sont cependant très bien menées et très angoissantes, même si on ne nous présente rien de bien épeurant... Pas de bains de sang, pas de monstres cachés... mêmes les rêves cauchemardesques peuvent sembler bien anodins à la lecture puiqu'on les décrit à peine. La peur se construit petit à petit. Les images terrifiantes ne sont qu'évoquées. On doit tout s'imaginer.

Mais on attend tout de même des explications et nous n'en auront pas vraiment. Ou plutôt plusieurs toutes très décevantes et à la limite de la facilité. On ne répond jamais aux questions. Pourquoi les gens sont-ils tous victimes du même cauchemar ? Assiste-t-on ici à une hystérie collective, à un effet de contagion ? Sont-ils victimes d'un être irréel ou alors bien réel ? S'agit-il d'un envoûtement ? Et surtout pourquoi cela cesse-t-il lorsqu'ils quittent la ville ? Enfin, nous sommes au prise avec un nombre incalculable de questions qui ne seront jamais répondues. Probablement l'intention de l'auteur, mais cela m'a beaucoup déçue. Je trouve cette façon de ne rien dire pour laisser planer les doutes et les incertudes trop facile. Pendant des pages et des pages, on laisse l'angoisse monter et monter. Le suspence est insoutenable et puis, plus rien. C'est terminé. Dans un sens, je comprends pourquoi l'auteur voudrait laisser le mystère entier. La peur ne partira jamais puisqu'on ne sait pas ce qui l'a amenée. Mais je ne peux m'enlever ce sentiment que l'auteur n'avait tout simplement pas l'imagination nécessaire pour donner une explication plausible. Surnaturelle ou réelle, peu importe, mais une explication.

Enfin, cela n'enlève rien au roman que j'ai beaucoup aimé. Cela faisait très longtemps que je n'avais pas lu un roman fantastique qui m'a tenu en haleine très longtemps et qui m'a fait me demander si je laissais les lumières ouvertes un peu plus longtemps avant de me coucher.

Extraits

« Partout ailleurs j’aurais trouvé cette promenade délicieuse. Un merveilleux silence, coupé çà et là par quelque cri d’oiseau ou quelque bruissement d’insecte, régnait dans le sous-bois. Des parfums vivifiants pénétraient dans ma poitrine. Parfois, je voyais fuir devant moi de gracieux animaux, des écureuils, des biches, de petits rongeurs rapides et furtifs. Le soleil, par endroits, jouait entre les branches.

Mais je ne tardai pas à être vaguement oppressé, bien que sachant que je ne craignais absolument rien. C’était ridicule. » p. 57

« Quelque part du côté du lac Buffalo, dans le [sic] Saskatchewan… » p.10

« Toute la nuit il me harcela. Une nuit qui me sembla durer des siècles. Tantôt cela se passait sur la lande, tantôt dans la forêt, tantôt dans un immense couloir, tantôt dans une sorte de grenier sordide, plein de toiles d’araignées, de rats et de chauve-souris. Et tantôt je fuyais, le cœur battant à rompre, tantôt j’étais immobilisé, paralysé, pétrifié, le cœur serré dans un étau. » p. 117

Sources à consulter

21 août 2014

Le doux venin des abeilles de O'Donnell

DV1Le doux venin des abeilles / Lisa O'Donnell ; traduit de l'anglais (États-Unis) par Philippe Mothe. -- [Neuilly-sur-Seine] : M. Lafon, [c2013]. -- 360 p. ; 23 cm. -- ISBN 978-2-7499-1799-3. -- Titre original : The death of bees

Quatrième de couverture

"Aujourd'hui, c'est la veille de Noël. Aujourd'hui, c'est mon anniversaire. Aujourd'hui, j'ai quinze ans. Aujourd’hui, j’ai enterré mes parents dans le jardin. Personne ne les regrettera."

Dans la banlieue morne de Glasgow, vivotent Marnie et sa petite soeur un peu dérangée, Nelly. Après la mort brutale de leur parents, elles ont décidé de poursuivre leur vie comme si de rien n’était, bien que chacune d’elle soupçonne l’autre de les avoir assassinés. Personne ne semble se douter de leur sort, mis à part Lennie, l’homme au passé louche qui vit dans la maison d’à côté. A force de les observer à travers la haie, il finit par les prendre sous son aile.

Au fil des mois, amis, voisins et autorités -sans compter le dealer du coin qui en a toujours après leur père- commencent à se poser des questions. Et un mensonge en entraînant un autre, Marnie et Nelly s’embourbent dans une aventure qui risque de leur coûter très cher.

L'auteur

Lisa O'Donnell est une auteure écossaisse, née en 1972. Elle fait des études au Glasgow Caledonian University et entame une carrière en marketing. Elle écrit aussi cependant et reçoit en 2000 le Orange Screenwriting Prize pour son scénario "The Wedding Gift". Le scénario ne sera cependant jamais produit. Elle publie son premier roman "The Death of Bees" au début de 2013 et reçoit la même année le Commonwealth book Prize. Elle vit aujourd'hui à Los Angeles avec ses deux enfants et se consacre entièrement à l'écriture.

  • The Wedding Gift (2000)
  • The Death of Bees (2013)
  • Closed Doors (2014)

Commentaires personnels

Je dois le dire tout de suite, ma lecture fut longue et lente. Très longue et très lente. Ce qui ne veut pas dire qu'au final je n'ai pas aimé le roman. Mais une chose est certaine, je n'ai pas aimé ma lecture. Cela ne semble pas faire beaucoup de sens, mais c'est comme ça. C'est le genre de roman que je finis par bien aimer, mais seulement plusieurs jours après avoir terminé ma lecture. D'ailleurs, si j'avais fait un billet immédiatement après l'avoir terminé, je n'aurais rien eu de positif à dire. Aujourd'hui, beaucoup plus.

Voyons voir.

Tout d'abord, c'est un roman à plusieurs narrateurs, de type choral. Je ne suis pas entièrement rébarbative à ce type de narration, par exemple, j'ai adoré Le cercle de la croix. Mais en général, lorsque c'est fait comme dans la Gifle ou particulièrement comme ici dans ce roman, ça m'achale. L'histoire est racontée par trois personnes, les deux soeurs, Marnie et Nelly et leur voisin Lennie. Elles prennent la parole, à tour de rôle, et la narration est toujours à la première personne. L'histoire avance donc très lentement à travers les personnages qui nous racontent ce qui se passe et surtout nous font part de leurs émotions. C'est long, long, long. Enfin, ce fut long pour moi. J'ai réellement eu de la difficulté, pendant ma lecture, à m'intéresser aux états d'âme des narrateurs. Sauf peut-être pour Lennie.

Mais revenons à l'histoire. Deux adolescentes d'une banlieue défavorisée de Glasgow décident de cacher la mort de leurs parents qu'elles enterrent dans le jardin. Elles se croient tout d'abord mutuellement responsables de ces morts mais elles n'en parlent pas. Leur voisin, un homme secret avec un passé douteux, trouve étrange cette absence, mais décide de croire à l'histoire des filles qui disent que leurs parents sont en voyage. Il prend petit à petit les filles sous son aile et s'occupe d'elles comme il le peut.

Les filles essaient de continuer à vivre normalement mais plus le temps passe, plus elles ont de la difficulté à le faire : les amis, l'école, le chien du voisin, un grand-père inconnu, un dealer de drogue, etc. Trop de gens posent des questions. Elles s'enfoncent dans les mensonges et on ne peut que s'imaginer que cela va mal finir.

Le roman de O'Donnell veut nous présenter la vie triste de deux adolescentes négligées par leurs parents. L'auteur nous fait donc entendre les voix des deux soeurs qui nous racontent leur vie, ce qu'elles en pensent, ce qu'elles en comprennent, ce qu'elles ressentent. Puis nous avons, le regard extérieur du voisin. C'est assez dur et triste. Mais honnêtement, les filles ont quand même réussi à m'énerver. Je comprends que nous avons deux adolescentes qui parlent... avec leur façon de voir la vie, leur jeunesse, leur immaturité et leur fragilité, leur égoïsme et leur naïveté, leurs peurs et leurs tristesses, leurs blessures et leurs rêves mais j'ai vraiment trouvé cela énervant à lire. J'ai été incapable de les aimer. Et j'ai été incapable, sur le moment, de croire à la fin. Trop larmoyante d'un côté et trop idéale d'un autre.

À ma lecture, je n'ai rien trouvé de troublant ou d'émouvant, rien non plus de choquant comme beaucoup de lecteurs. Je n'ai pas abandonné car je le fais rarement, mais j'y ai pensé. Mais maintenant que la lecture est terminée depuis plusieurs semaines, maintenant que je n'ai pas à sauter d'un personnage à l'autre et à entendre les voix désagréables de Marnie et Nelly, je peux apprécier un peu plus l'histoire de ces soeurs et de leur ami/voisin/grand frère. Je suis maintenant capable de voir l'ensemble, l'histoire complète de ces jeunes filles qui ont décidé d'enterrer dans leur jardin des parents absents mais qui sont maintenant trop présents. Je peux me rappeler comment petit à petit le voisin est devenu indispensable à leur bonheur et leur équilibre et comment une relation unique s'est développée. Je peux dire que l'histoire est intéressante et les personnages bien campés. L'auteur a réussi à nous faire entrer dans la tête de deux adolescentes très désagréables mais très réalistes. Elles m'ont énervée car elles sont énervantes. Comme beaucoup d'adolescents. Comme j'ai dû l'être aussi. Maintenant, je peux voir comment leur vie difficile est devenue intolérable mais comment elles tentent par tous les moyens d'être uniques et normales. Elles cherchent la normalité, la stabilité même si elles ne le réalisent pas. Et Lennie est touchant dans son amour pour les deux filles, dans son désir de les sauver et protéger. Je peux maintenant me souvenirs de leurs émotions souvent contradictoires et je peux oublier comment ce me fut raconté.

Vous ne comprenez rien à mes sentiments face au roman ? Ça va... moi non plus ! :P

 Ce que d'autres en ont pensé : Artemissia Gold, Cece, La Mordue, Marinette, Demosthène, Liyah, Sarah Cara,

Extrait

"Mes yeux tombent alors sur notre porte d'entrée, toute défoncée, elle a toujours été comme ça, mais j'ai l'impression de la voir pour la première fois et ça me fout les boules. Il y a du contreplaqué à la place de la vitre, je revois encore la chaîne stéréo passer au travers, la clôture est cassée autour du petit jardin encombré de saloperies. D'un banc de musculation dont personne s'est jamais servi. D'un carton qui déborde de vêtements. De godasses et d'objets inutiles qui traînent partout. On avait fait de qu'on avait pu pour remettre de l'ordre quand on les avait enterrés, mais c'était trop pour nous. Je regarde la maison de Lennie, sa pelouse impeccable. Je regarde les maisons d'en face, je vois des jouets, un vélo contre un mur. Je vois de l'ordre et de la tenue. Je vois des lieux habités. J'ai honte et j'ai envie de tout remettre d'aplomb, de donner à cet endroit le visage qu'il devrait avoir. Je sais que c'est impossible." pp.90-91

Sources à consulter

Publicité
23 avril 2014

Un jour, un livre, une rose, un droit d'auteur !

"Rien de l'univers n'est semblable si quelque part, on ne sait où, un mouton que nous ne connaissons pas a, oui ou non, mangé une rose." [Saint-Exupéry]

JMDLA

Cette journée est une journée remplie d'espoirs, remplie d'incertitudes. Une journée qui promet de défendre les mots ; une journée qui promet de se battre lors de combats souvent injustes. Une journée grandiose qui rêve de livres, de textes, d'auteurs pendant 24 petites heures. Mais une journée qui fait des cauchemars tous les autres heures de l'année.

On protège un mot, un vers, un chapitre, un livre... mais que lui arrive-t-il vraiment ? Quand on ne le voit pas ? Quand on détourne le regard ? Existe-t-il encore ? Et ça, c'est la question essentielle. Une question de vie littéraire.

Mais certains pièges littéraires sont vitaux à la vie d'une oeuvre. Ne jugez pas le livre, l'auteur, le lecteur, le "citationneur"...  Mais protégez la création... protégez les mots, vos mots...

"Si vous jugez le livre, le livre vous juge aussi" [Stephen King]

14 avril 2014

L'oiseau de mauvaise augure de Läckberg

OiseauL'oiseau de mauvais augure / Camilla Läckberg ; roman traduit du suédois par Lena Grumbach et Catherine Marcus. -- Arles : Actes Sud, 2010. --ISBN 978-2-7427-9106-4. -- (Coll. Actes Noirs)

Quatrième de courverture

"L’inspecteur Patrik Hedström est sur les dents. Il voudrait participer davantage aux préparatifs de son mariage avec Erica Falck, mais il n’a pas une minute à lui. La ville de Tanumshede s’apprête en effet à accueillir une émission de téléréalité et ses participants avides de célébrité, aussi tout le commissariat est mobilisé pour éviter les débordements de ces jeunes incontrôlables. Hanna Kruse, la nouvelle recrue, ne sera pas de trop. D’autant qu’une femme vient d’être retrouvée morte au volant de sa voiture, avec une alcoolémie hors du commun. La scène du carnage rappelle à Patrik un accident similaire intervenu des années auparavant. Tragique redite d’un fait divers banal ou macabre mise en scène ? Un sombre pressentiment s’empare d’ l’inspecteur. Très vite, alors que tout le pays a les yeux braqués sur la petite ville, la situation s’emballe. L’émission de téléréalité dérape. Les cadavres se multiplient. Un sinistre schéma émerge…

Dans ce quatrième volet des avantures d’Erica Falck, Camilla Läckberg tisse avec brio l’écheveau d’une intrigue palpitante. Cueilli par un dénouement saisissant, le lecteur en redemande."

L'auteur

Jean Edith Camilla Läckberg Eriksson est née à Fjällbacka en Suède en 1974. Elle publie son premier roman La Princesse de glace en 2003. Elle publie son second roman, Le Prédicateur l'année suivante.

Elle a reçut de nombreux prix dont le Grand Prix de la Littérature policière en 2008 pour La Princesse de glace. Elle vit aujourd'hui à Stockholm avec son mari et ses enfants.

Biographie plus complète sur ce billet.

Site web de l'auteur en anglais et en suédois. Page Facebook de l'auteure. Son compte Twitter.

Commentaires personnels (et spoilers)

Bon, alors vous direz que je n'ai aucune volonté... mais je n'ai pas pu résister. J'étais trop curieuse de voir si le 4e roman de Läckberg poursuivrait dans la même veine. Voyeurisme, masochisme ? Un peu, je suppose, mais vraiment, je le jure, j'avais espoir que je me réconcilierais avec l'auteur et surtout avec ses personnages. Après tout, j'aime bien les atmosphères qu'elle crée et puis certaines de ses intrigues m'ont quand même bien plu. 

Malheureusement, je ne peux pas dire que j'ai raccommodé ma relation avec Läckberg. Le roman est "correct". Mais on s'entend que l'intrigue est mince, vraiment mince. Très prévisible. À la limite du cliché. On devine le coupable, pratiquement au début. Ceci dit, ce n'est pas mauvais.

Nous avons ici une double enquête qui bien sûr finira par devenir une enquête. Prises séparément, elles sont intéressantes. Ensemble, elles ont peu de sens. Je n'en dirai pas plus. Mais j'ai été encore une fois déçue. Tout l'aspect de la télé-réalité est à la limite de l'insupportable. Enfin, pas à cause de la télé-réalité en tant que telle, mais des personnages qui en font partie. Les participants, l'équipe, les fans... c'est encore une fois hyper prévisible et caricatural. Il y a bien quelques éléments ici et là qui sont intéressants mais ils ne sont pas exploités et on le regrette.

Qu'en est-il des personnages ? Bon... pas grand changement de ce côté. Patrick est toujours en avant plan, égal à lui-même. Erica joue encore à la "desperate housewive": elle joue à la maman, la grande soeur et la tante parfaite ; elle prend le rôle de la parfaite ménagère même si elle aimerait que Patrick soit plus là et en même temps, elle voudrait un travail à l'extérieur (voir le décevant 2e extrait plus bas) ; elle organise son mariage, n'aime pas sa belle-mère et se trouve trop grosse... Enfin, c'est littéralement insipide et désespérant. Je ne sais pas si c'est ironique de la part de l'auteur, représentatif de sa vie ou sa vision... enfin... ça m'énerve.

Les personnages secondaires récurrents sont toujours là. On en apprend encore un peu plus sur eux. En général, ils sont bien menés. Mais "come on"... j'ai immédiatement su que le big boss était pour se faire avoir par sa nouvelle copine. C'était tellement évident. Et inintéressant. Et encore une fois, il y a vraiment trop de personnages secondaires. On donne des détails et on parle de leurs vie et états d'âme un peu trop à mon goût. Autant les récurrents que les participants de la télé-réalité. On se perd dans toutes ces vies. Mais, finalement le personnage le plus intéressant est la deuxième victime. Elle aurait vraiment dû être plus présente.

Et puis, le fameux "cliffhanger". Oh, il est présent. On poursuit cette histoire et on la résoud en un happy end pour les personnages concernés. Mais, mais, mais... le roman se termine encore sur un autre "cliffhanger". Une histoire qui sera sans surprise puisqu'on l'annonce dans les dernières pages et aussi dans le titre du roman qui suit : L'Enfant allemand.

Enfin, cette fois c'est certain, c'est la fin pour moi. Surtout que deux passages en particulier m'ont vraiment énervée. Le 3e extrait plus bas : vous savez comment les stéréotypes sur les bibliothécaires m'énervent et là, l'auteure pousse un peu. Et enfin, le dernier extrait... une disquette ! vraiment ! Je sais qu'en 2006, elles existaient encore... mais vraiment... dans un bureau de police ? pffff.

Dernière chose. À venir jusqu'à maintenant, j'aimais beaucoup les traductions des titres. Pas nécessairement originaux, mais ils me semblaient faire du sens et rejoindre l'intrigue. Je ne sais pas quel est le titre en suédois, mais en français, il n'a pas trop de lien avec l'intrigue, à part une phrase vers la fin. Enfin, c'est dommage.

Voir mes autres billets sur les romans de Camilla Lâckberg, ici, ici et ici.

Extraits

"Pendant un petit moment, l'ambiance dans la pièce fut légère. Mais les vieilles ombres furent rapidement de retour et pesèrent de nouveau sur l'atmosphère. Il y avait tant de choses à dire. Tant de choses à faire. Mais ils ne les faisaient jamais. Le passé s'interposait entre eux comme un obstacle gigantesque qu'ils ne pourraient jamais enjamber. Ils s'étaient résignés." p. 100

"Elle avait à peine vu Patrick ces derniers jours et il lui manquait. Mais elle comprenait très bien qu'il soit obligé de travailler autant. C'était atroce, le meurtre de cette fille, et elle savail qu'il voulait plus que tout trouver le coupable. Mais en même temps, son propre manque d'activités "adultes" était mis en évidence par le travail de Patrick qui le sollicitait tant. Bien sûr que sa tâche à elle était importante aussi, oui, être maman était évidemment plus importante que tout, elle le savait et elle le sentait. Mais elle ne pouvait quand même pas s'empêcher de regretter une occupation où elle pourrait être Erica, pas seulement la maman de Maja." p. 168

"C'était une fille grande et mince avec des cheveux châtain clair mi-longs rassemblés en une queue de cheval. Une paire de lunettes étaient placée tout au bout de son nez et Patrick se demanda si le port de lunettes faisait partie des critères de sélection pour la formation de bibliothécaires." p.281

"Cela avait pris plus de temps qu'elle ne pensait, mais à présent elle disposait de adresses de tous les noms de sa liste. Annika sauvegarda le document sur une disquette et l'éjecta de l'ordinateur." p.299

Sources à consulter

10 avril 2014

Certaines n'avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka - Suite

certaines1Certaines n'avaient jamais vu la mer / Julie Otsuka ; traduit de l'anglais (américain) par Carine Chichereau. -- [Paris] : Phébus, c2012. -- 139 p. : 21 c. -- ISBN 978-2-7529-0670-0

Quatrième de couverture

L’écriture de Julie Otsuka est puissante, poétique, incantatoire. Les voix sont nombreuses et passionnées. La musique sublime, entêtante et douloureuse. Les visages, les voix, les images, les vies que l’auteur décrit sont ceux de ces Japonaises qui ont quitté leur pays au début du XXe siècle pour épouser aux États-Unis un homme qu’elles n’ont pas choisi.

C’est après une éprouvante traversée de l’océan Pacifique qu’elles rencontrent pour la première fois celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui dont elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir.

À la façon d’un chœur antique, leurs voix se lèvent et racontent leur misérable vie d’exilées… leur nuit de noces, souvent brutale, leurs rudes journées de travail, leur combat pour apprivoiser une langue inconnue, l’humiliation venue des Blancs, le rejet par leur progéniture de leur patrimoine et de leur histoire… Une véritable clameur jusqu’au silence de la guerre. Et l’oubli.

Commentaires personnels (suite)

Mais revenons au roman de Julie Otsuka. Dans ses deux romans, l'auteur a choisi de parler de la vie des immigrés japonais du début du 20e siècle. Dans son premier roman, elle nous présentait les camps d'internement américains où plus de 120 000 Japonais durent vivre pendant et après la 2e Guerre Mondiale. Elle s'était en grande partie inspirée de l'histoire de sa propre famille ; sa mère, son oncle et ses grands-parents maternels ayant dû vivre dans un camp de l'Utah pendant plusieurs années. Dans son 2e roman, Otsuka reprend se sujet mais commence son histoire bien avant. Elle nous parle de ses jeunes Japonaises qui ont traversé l'océan Pacifique pour venir rejoindre en Amérique des maris qu'elles n'avaient jamais vus qu'en photographie. Ce sont les "picture brides", de jeunes femmes, souvent jeunes, vierges, naïves, venant de la campagne, pauvres (pas toutes, évidemment, mais la plupart). Elles cherchent une vie meilleure et se laissent séduire par ces hommes qui les courtisent par lettres et photographies leur promettant richesse et bonheur. Elles font donc des mariages par correspondance et embarquent dans des bateaux en direction des États-Unis et de leur mari qui les attendent.

Le roman nous raconte donc en 8 chapitres le parcours de ces femmes : la traversée en bateau, alors qu'elles sont remplies d'espoirs et de craintes ; l'arrivée et la rencontre avec ce mari inconnu, les mensonges, la première nuit trop souvent difficile et triste, la violence ou l'indifférence ; la rencontre avec les Américains, les incompréhensions et préjugés, le travail et la vie dure, le désenchantement et la résignation ; la naissance des enfants ; la vie de leurs enfants, les petites joies et le détachement des jeunes ; le début de la guerre, la méfiance, les peurs, la stigmatisation, la solitude, la suspicion qui pèse sur eux tous, les traitres ; l'annonce des départs pour les camps d'internement, le dernier jour, le déchirement, la peur, la souffrance, la séparation ; et puis la disparition, où sont les Japonais se demandent les Américains qui les côtoyaient souvent dans l'indifférence. Nous avons les voix des femmes, puis des Japonais en général pour terminer avec la voix des Américains. Est-ce un roman historique ? Sûrement... Julie Otsuka nous raconte l'histoire des premiers immigrés japonais. Une histoire peu connue. La vie de ses femmes - et de leurs maris et familles - est difficile, remplie de sacrifices, souvent triste. Elles travaillent durement, sans relâche. Elles ont perdus tous les rêves, illusions, espoirs qu'elles avaient sur le bateau qui les a amenées vers cette nouvelle vie. On pourrait avoir l'impression que le roman ne nous parle que des malheurs et des déceptions de ces femmes, mais on peut aussi trouver ici et là des traces de moments doux et joyeux. Toutes n'ont pas eu la même vie, certaines furent malheureuses, certaines furent heureuses.

Tant d'histoires à raconter. L'auteur aurait pu ne choisir que de parler d'une ou de quelques unes de ces histoires. Mais elle a choisi de nous les raconter toutes ! Je trouve cette décision absolument géniale. Car malgré les 139 pages, l'auteur arrive à nous raconter toutes les histoires, toutes les possibilités, tous les rêves, toutes les déceptions, toutes les blessures, toutes les petites joies. Elles nous présentent donc des bribes, des fragments, des portions de vies. Pour certains lecteurs, c'était trop peu, trop bref, trop rapide, trop sec, trop énumératif, trop répétitif, ... J'ai trouvé ce procédé imaginatif, inspirant... j'ai pris les bribes et j'ai imaginé le reste de leur vie. J'ai pu ainsi apprendre et comprendre ces différentes vies... Je ne lis pas uniquement sur la vie d'une ou deux ou trois de ces femmes, mais sur des milliers ! Qui se ressemblent et qui sont toutes différentes les unes des autres.

Je me suis perdue parmi toutes ces voix. J'ai tendu l'oreille et il m'a semblé les entendre chuchoter doucement juste pour moi, leurs rêves, leurs peurs, leurs tristesses, leurs déceptions et leurs espoirs. Elles parlaient toutes en même temps mais elles me parlaient une après l'autre, pour être certaines que je comprenne bien leur histoire. Elles parlaient ensemble, comme un chœur antique, et semblaient réciter un poème, une litanie, une incantation...

L'auteur a choisi un style narratif qui en a rebuté plusieurs et qui surprend au début. Je dois avouer qu'on aime ou on déteste. Certains ont aimé au début puis s'en sont lassé. J'ai ADORÉ ! Il n'y a pas de narrateur, car les femmes sont toutes les narratrices, toutes à la fois, une à une. Elles nous parlent directement, par un "nous" collectif qui semble parfois devenir inclusif. Nous faisons partie des histoires, de l'Histoire. Chaque fragment de ces vies peut nous rejoindre, peut être un fragment de notre vie. Et à la toute fin, ce nous appartient aux autres, aux Américains. Et nous sommes encore une fois inclus dans ce nous.

Pour moi, ce roman a été un long chant poétique. J'ai été envoûté, charmé et bercé par les mots de Julie Otsuka et surtout par les moments emprisonnés par ces mots... Peut-être que vous n'avez pas aimé, peut-être que vous n'aimerez pas... moi, j'ai encore un frisson qui me parcoure quand je pense à ce roman. Je ferme les yeux et la couverture me hante ; j'entends les chants de ces femmes - ces hommes, ces enfants,... tous ces gens - qui me rappellent qu'elles -ils- ont existé.

L'avis d'Hélène, Vermicélia, Les Écrits Vains, L'Oeil qui fume, Achille 49, George, Colette sur Mediapart, et les 287 avis sur Babelio !

Mon premier billet sur l'auteur et quelques premiers commentaires ici...

Extraits

"Au début nous nous posions sans cesse des questions. Pourquoi montaient-ils sur leurs chevaux par la gauche et non la droite ? Comment parvenaient-ils à se différencier les uns des autres ?[...] À quoi rêvaient-ils ? Qui priaient-ils ? Combien de dieux avaient-ils ? Était-ce vrai qu'ils voyaient un homme dans la lune au lieu d'un lapin ?" p. 35

"Nous avons accouché en silence, comme nos mères, qui n'avaient jamais émis ni cri, ni plainte. [...] Nous avons accouché en pleurant, comme Nogiku, qui a attrapé les fièvres et n'a pas pu se lever pendant trois mois. Nous avons accouché facilement, en deux heures et puis nous avons eu la migraine pendant cinq ans. [...] Nous avons accouché en secret, dans les bois, d'un enfant dont notre mari savait qu'il n'était pas de lui." p.67

Sources à consulter

9 avril 2014

Certaines n'avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka

certaines1Certaines n'avaient jamais vu la mer / Julie Otsuka ; traduit de l'anglais (américain) par Carine Chichereau. -- [Paris] : Phébus, c2012. -- 139 p. : 21 c. -- ISBN 978-2-7529-0670-0

Quatrième de couverture

L’écriture de Julie Otsuka est puissante, poétique, incantatoire. Les voix sont nombreuses et passionnées. La musique sublime, entêtante et douloureuse. Les visages, les voix, les images, les vies que l’auteur décrit sont ceux de ces Japonaises qui ont quitté leur pays au début du XXe siècle pour épouser aux États-Unis un homme qu’elles n’ont pas choisi.

C’est après une éprouvante traversée de l’océan Pacifique qu’elles rencontrent pour la première fois celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui dont elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir.

À la façon d’un chœur antique, leurs voix se lèvent et racontent leur misérable vie d’exilées… leur nuit de noces, souvent brutale, leurs rudes journées de travail, leur combat pour apprivoiser une langue inconnue, l’humiliation venue des Blancs, le rejet par leur progéniture de leur patrimoine et de leur histoire… Une véritable clameur jusqu’au silence de la guerre. Et l’oubli.

L'auteur

certaines2Julie Otsuka est né en Californie aux États-Unis en 1962 dans une famille d'origine japonaise. Elle étudie la peinture et la sculpture à l'Université Yale et obtient son diplôme en Arts en 1984. Elle poursuit ses études l'Université de Columbia où elle obtient une Maîtrise en Arts en 1999. Elle commence sa carrière en tant qu'artiste peintre mais commence à écrire vers ses 30 ans. Elle publie son premier roman When the Emperor Was Divine en 2002. Il remportera de nombreux prix. Son second roman, The Buddha in the Attic, est publié en 2011. Il remportera également de nombreux prix. La traduction française, Certaines n'avaient jamais vu la mer, a remporté le Prix Femina étranger en 2012.

Elle continue d'écrire et vit aujourd'hui à New York.

Bibliographie

  • When the Emperor Was Divine (2002) (Quand l'empereur était un dieu, 2004)
  • The Buddha in the Attic (2011) (Certaines n'avaient jamais vu la mer, 2012)

Site de l'auteur en anglais.

Commentaires personnels

Comment ce petit livre de 139 pages peut-il contenir autant d'émotions et de poésie ? Je suis littéralement tombée en amour avec le "roman" de Julie Otsuka. Ce fut un coup de coeur renversant.

Et je suis vraiment heureuse de l'avoir lu en français. Je suis certaine qu'il est aussi magnifique en anglais, après tout, il a été écrit en anglais. Mais je trouve le titre en français beaucoup plus joli que celui en anglais. "The Buddha in the Attic" me semble sec, impersonnel, froid, matériel. "Certaines n'avaient jamais vu la mer" me rappelle une chanson, un vers. Il m'enveloppe et m'intrigue : qui sont-elles ? pourquoi n'avaient-elles jamais vu la mer ? pourquoi la voyaient-elles maintenant ? Et la couverture de la traduction française est magnifique, les couleurs sont douces. Oh, la couverture du roman en anglais est bien aussi... mais un simple coup d'oeil à la couverture française et l'image et le titre m'avaient conquise. Je n'ai même pas lu le quatrième de couverture, c'est tout dire. Ce pourquoi, je ne savais pas que le roman était une traduction (le nom de l'auteur ne me donnant aucun indice). Et je suis bien heureuse de ne pas avoir lu ce quatrième de couverture, car j'aurais sûrement pris la version originale puisque je préfère habituellement lire, si possible, un roman dans sa langue d'origine. Encore une fois, j'aurais peut-être beaucoup aimé... mais je m'imagine mal, en anglais, la même poésie, la même musicalité du texte traduit.

Mais revenons au roman... commentaires à suivre !

Extraits

"Sur le bateau chaque nuit nous nous pressions dans le lit les unes des autres et passions des heures à discuter du continent inconnu où nous nous rendions. Les gens là-bas, disait-on, ne se nourrissaient que de viande et leur corps était couvert de poils [...]. Les arbres étaient énormes. Les plaines immenses. Les femmes, bruyantes et grandes - une bonne tête de plus, avions-nous appris, que les plus grands de nos hommes. Leur langue était dix fois plus compliquée que la nôtre et les coutumes incroyablement étranges. Les livres se lisaient de la fin vers le début et on utilisait du savon au bain. On se mouchait dans des morceaux de tissu crasseux que l'on repliait ensuite pour les ranger dans une poche, afin de les utiliser encore et encore. Le contraire du blanc n'était pas le rouge mais le noir. Qu'allions-nous devenir, nous demandions-nous, dans un pays aussi différent ?" p. 15

"Certains des nôtres sont partis en pleurant. Et certains en chantant. L'une avait la main plaquée sur la bouche parce qu'elle avait le fou rire. Certains étaient ivres. D'autres sont partis en silence, tête baissée, pleins de gêne et de honte." p.116

Sources à consulter

5 avril 2014

L'écorchée de Carrisi - La suite

ecorchéeL'écorchée / Donato Carrisi, traduit de l'italien par Anaîs Bokobza. -- [Paris] : Calmann-Lévy, c2013. --431 p. ; 23 cm. -- ISBN 978-2-7021-5388-8.

Quatrième de couverture

"Je les cherche partout. Je les cherche toujours." Sept ans après s'être mesurée au Chuchoteur, Mila Vasquez travaille aux Limbes, le département des personnes disparues. L'enquêtrice excelle dans son domaine. Peut-être parce qu'elle est incapable d'éprouver la moindre émotion. Ou peut-être parce qu'elle même porte dans sa chair la marque des ténèbres.

On a tous ressenti l'envie de s'évanouir dans la nature. De fuir le plus loin possible. De tout laisser derrière soi. Or chez certains, cette sensation ne passe pas. Elle leur colle à la peau, les obsède, les dévore et finit par les engloutir. Un jour, ils se volatilisent corps et biens. Nul ne sait pourquoi. Bientôt, tout le monde les oublie. Sauf Mila.

Et puis, soudain, ces disparus réapparaissent pour tuer. Face à eux, Mila devra échafauder une hypothèse convaincante, solide, rationnelle. Une hypothèse du mal. Mais pour les arrêter, il lui faudra à son tour basculer dans l'ombre. 

Commentaires [encore plus] personnels (attention en rouge, ce sera des spoilers)

Vous vous souvenez peut-être que je n'aime pas trop les séries. En général, je déteste surtout quand dans un roman policier, on se sent perdu si on n'a pas lu les romans précédents. J'aime lire une intrigue, je ne veux pas nécessairement devoir connaître toute la vie de l'enquêteur. Ce qui ne veut pas dire que quand j'aime un personnage, je n'aime pas le retrouver dans un autre roman. En autant que sa vie précédente ne soit pas absolument essentielle à la compréhension du roman actuel. Vous comprenez ? Enfin, j'y reviendrai un autre moment. Tout ça pour dire, que Carrisi m'a presque déçu. Si ce n'était que le roman est presque aussi réussi à mes yeux que le premier, j'aurais eu une petite déception. Pourquoi ? Disons, que j'aurais vraiment apprécié de lire dans le quatrième de couverture que L'écorchée est carrément une suite du roman Le Chuchoteur. J'ai vu sur Internet que certaines éditions le mentionnaient sur leur couverture. C'est important selon moi. Car le roman se révèlera être une véritable suite du premier roman. Non seulement, nous retrouvons le même personnage principal et plusieurs autres personnages secondaires du premier roman, mais au fil des pages, on retrouve également des éléments et personnages importants. Les événements du premier roman vont directement influencer ce roman.

Mais au moins, l'auteur est honnête sur ce coup, son 3e roman est une suite du 1er (le 2e roman n'ayant rien à voir). On parle même de tome 2. Certaines librairies titrent même le roman : L'écorchée - Le chuchoteur 2 ! C'est tout dire. Et ça change tout mon rapport au livre.

Quand j'ai commencé à lire le roman, je croyais lire un autre roman avec Mila. Une nouvelle enquête, quelques éléments connus, certains traits de caractéres... mais c'est tout. Et puis, petit à petit, je me disais "hum, si un lecteur n'a pas lu Le Chuchoteur, il ne comprendra pas ceci ou cela. Quand une série policière reprend un personnage, les événements qui reviennent se doivent d'être minines et non significatifs. Ici, l'auteur présente certains événements comme s'il prenait pour acquis qu'on savait de quoi il parlait. Et ça, c'est une des choses qui me déplaît dans certaines séries. Alors, je me suis questionnée. Pourquoi ? Je l'avoue j'étais légèrement déçue de Carrisi. Mais comme, moi, j'avais lu le roman précédent et que celui-ci était absolument captivant, je suis passée par-dessus mes réserves.

Et puis l'auteur ira jusqu'à faire carrément revenir un personnage central. Ceci m'a surprise au plus haut point. Je n'avais vraiment pas deviné - malgré certaines similitudes entre les romans - ce revirement. J'en ai été bouleversé et j'ai eu de la difficulté à y croire. Et puis, j'ai encore une fois eu l'impression d'être dans une série de télévision. Dans cette optique, cela me semblait plausible. Et finalement, le roman se conclut sur une ouverture complète vers une autre suite !

Il semble certain qu'il y aura un 3e volet à la "série Le Chuchoteur". Maintenant que je sais que c'est une véritable série, je l'accepte facilement. Si l'intrigue est créée dans cette optique, je n'ai pas de problème. J'aurais juste aimé le savoir en ouvrant L'écorchée. Et même si j'adore Mila et la plume de Carrisi, je souhaite sincèrement que ce sera une trilogie. Car je n'aime pas les séries qui s'étirent. Je ne regarde pas un nouvel épisode d'une énième saison... je lis un roman. Et même si j'ai adoré ces deux romans... je ne veux pas que la sauce s'étire. Et puis, une trilogie, c'est une forme littéraire en soi-même... On peut la prendre comme un tout. Certains éléments des deux romans s'éclaireront sûrement sur un autre jour. Et le troisième tome est souvent le plus fort. Le roman qui revient sur les origines, le début. On retourne en arrière, on revient sur ses certitudes, sur ce qu'on croyait savoir. Enfin, nous verrons bien. Mais pour une fois, j'ai hâte de retrouver Mila et les gens qui l'entourent.

Carrisi est vraiment un excellent auteur de romans policiers. Il a réussi à me faire aimer ses personnages et à me tenir en haleine pendant deux romans. Ses textes ne sont pas sans défauts et certains éléments sont parfois un peu tirés par les cheveux, mais il réussit à nous faire oublier ces invraisemblances. Encore une fois un coup de coeur !

Lire aussi mes premiers commentaires : L'écorchée de Carrisi.

L'avis de Tetedelivre, Livresse des mots, Achille 49, Cajou, Laure.

Extraits

"Je ne sais pas pourquoi, mais quand il s'agit de criminels les gens décrivent tous plus ou moins le même visage : petits yeux et front large. Les thèses anthropologiques affirment que c'est un héritage de l'évolution - l'ennemi aiguise son regard quand il nous toise, et le front est la première chose que l'on remarque quand on doit repérer un adversaire qui se cache dans un espace ouvert." p. 209

Sources à consulter

4 avril 2014

L'écorchée de Carrisi

ecorchéeL'écorchée / Donato Carrisi, traduit de l'italien par Anaîs Bokobza. -- [Paris] : Calmann-Lévy, c2013. --431 p. ; 23 cm. -- ISBN 978-2-7021-5388-8.

Quatrième de couverture

"Je les cherche partout. Je les cherche toujours." Sept ans après s'être mesurée au Chuchoteur, Mila Vasquez travaille aux Limbes, le département des personnes disparues. L'enquêtrice excelle dans son domaine. Peut-être parce qu'elle est incapable d'éprouver la moindre émotion. Ou peut-être parce qu'elle même porte dans sa chair la marque des ténèbres.

On a tous ressenti l'envie de s'évanouir dans la nature. De fuir le plus loin possible. De tout laisser derrière soi. Or chez certains, cette sensation ne passe pas. Elle leur colle à la peau, les obsède, les dévore et finit par les engloutir. Un jour, ils se volatilisent corps et biens. Nul ne sait pourquoi. Bientôt, tout le monde les oublie. Sauf Mila.

Et puis, soudain, ces disparus réapparaissent pour tuer. Face à eux, Mila devra échafauder une hypothèse convaincante, solide, rationnelle. Une hypothèse du mal. Mais pour les arrêter, il lui faudra à son tour basculer dans l'ombre. 

L'auteurDonai

Donato Carrisi est né en 1973 à Martina Franca en Italie. Il étudie d'abord en droit puis en criminologie et en sciences du comportement. Sa thèse portera sur un tueur en série italien, Luigi Chiatti, surnommé le "Monstre de Foligno". Puis il délaisse le droit et dès 1999, il commence à écrire des scénarios pour la télévision et le cinéma.  Son premier roman, Le Chuchoteur, a gagné de nombreux prix dont le prix Camaiore, le prix Bancarella, le prix SNCF du polar européen et le prix des lecteurs du Livre de poche et plusieurs autres. Il vit présentement à Rome.

Bibliographie

  • Il suggeritore (2009) (Le Chuchoteur, 2010)
  • Il tribunale delle anime (2011) (Le Tribunal des âmes, 2012)
  • L'ipotesi del male (2013) (L'écorchée, 2013)

Filmographie

  • Casa famiglia (série, 2001)
  • Casa famiglia 2 (série, 2003)
  • Era mio fratello (film pour la télévision, 2007)
  • Nassiryia – Per non dimenticare (film pour la télévision, 2007)
  • Squadra antimafia – Palermo oggi  (série, 2009)
  • Moana (télévision, 2009)

Site web de l'auteur en français et en italien.

Commentaires [très] personnels

J'avais eu un véritable coup de coeur pour Le Chuchoteur, le premier livre de Donato Carrisi. Ce fut vraiment une lecture incroyable pour moi. C'était le premier roman de l'auteur. Et donc, j'ai eu peur de lire son deuxième roman, Le Tribunal des âmes. Peur d'être déçue, de m'attendre à trop. Surtout que j'avais lu plusieurs commentaires négatifs de lecteurs ayant adoré comme moi, Le Chuchoteur. Je ne l'ai donc pas lu. Quand L'écorchée est arrivé sur nos tablettes à la bibliothèque, je ne voulais pas le lire, lui non plus. Mais une collègue à qui j'avais recommandé le premier livre me l'a mis entre les mains après sa lecture en disant qu'il était super. J'ai hésité, mais en voyant la couverture qui me rappelait le premier roman et en lisant sur le quatrième de couverture que Mila était de retour, je me suis laissée tenter. Et j'en suis fort heureuse car j'ai encore une fois adorée ma lecture. Et ce fut comme pour le premier, une lecture éclair... je me forçais littéralement à déposer le livre pour ne pas le terminer trop rapidement !

Nous retrouvons donc encore une fois, Mila Vasquez, cette enquêtrice, écorchée de la vie dans tous les sens du mot. Nous sommes 7 ans après les événements ayant eu lieu dans Le Chuchoteur. Au fil des pages, nous verrons comment ces événements ont changé et transformé Mila. Même si ces blessures ont également des racines dans son passé torturé. L'enquête mais surtout sa rencontre avec son partenaire dans le premier roman ont laissé des traces vivantes.

Mila travaille maintenant dans un département appelé les Limbes. Un endroit oublié où les policiers tentent d'élucider les cas de disparitions jamais résolues. Des hommes, femmes et enfants qui ont complètement disparu... sont-ils vivants ? sont-ils morts ? Personne ne le sait. Et Mila veut les retrouver. Mais voilà que des disparus réapparaissent et commettent des crimes horribles. À l'aide d'un agent spécial, devenu un paria, Mila tente de résoudre ces nouveaux - et anciens - crimes.

Mila demeure un personnage torturé mais attachant. Elle semble si fragile tout étant - semble-t-il - sans peur. Elle se lance dans l'enquête comme dans toutes ses enquêtes, sans aucune limite. L'intrigue est très bien ficelée même si certains de ces fils sont un peu apparents. L'auteur continue à nous mener dans un univers terrifiant et complexe. Encore ici, j'ai eu l'impression de "voir" les mots que je lisais. Tout est visuel dans sa façon d'écrire. Et je ne peux que répéter ce que j'avais dit lors de commentaire pour le Le Chuchoteur... j'ai été complètement embarquée dans l'intrigue.

Et l'écriture de Carrisi est si fluide que l'on est tout simplement pris dans le courant de cette intrigue. Nous nous retrouvons encore dans un monde d'influences et de malveillance. Les gens ne sont pas ce qu'ils semblent et tous ont des secrets, particulièrement Mila. Et encore une fois, j'ai lu si vite le roman, que je n'ai absolument rien deviné et ça, ça me fait vraiment plaisir !

Et je n'ai pas vu venir les derniers mots du roman. Qui implique clairement une suite ! Hum...

Une suite ? Autres commentaires à venir !

Extraits

"Pendant sa carrière de chercheuse de personnes disparues, Mila avait appris que, aussi loin qu'on fuie, où qu'on aille, notre maison nous suit toujours. Même quand on déménage souvent, on reste toujours liés à une habitation. Comme si c'était nous qui lui appartenions, au lieu du contraire. Comme si nous étions constitués des mêmes matériaux - terre en guise de sang, bois dans les jointures, od de ciment." p.60

Sources à consulter

28 mars 2014

La gifle de Christos Tsiolkas

LaGifle01La gifle / Christos Tsiolkas ; traduit de l'anglais (Australie) par Jean-Luc Piningre. -- Paris : Belfond, c2011. -- 466 p. ; 24 cm. -- ISBN 9782714446459. 

Quatrième de couverture

Provoquant, urgent, impitoyable, un roman coup de poing, une révélation dans la lignée d'un Don DeLillo ou d'un Jonatha Franzen.

Lors d'un barbecue entre amis, un adulte gifle un enfant qui n'est pas le sien.

Un incident qui va créer une onde de choc parmi les invités et provoquer une série d'événements explosifs. Mais aussi révéler, derrière les belles apparences, le racisme ordinaire, la drogue, l'alcool, la honte et une extrême solitude.

Tout à tour violent et bouleversant de tendresse, un très grand roman qui dresse, avec une formidable lucidité, le tableau d'un Occident en pleine confusion.

L'auteur

Christos Tsiolkas est né à Melbourne, en Australie, en 1965, d'une famille d'origine grecque. Il obtient un diplôme en Arts en LaGifle021987 de l'Université de Melbourne. Il écrit son premier roman, Loaded, en 1995. En 1998, le roman est adapté au cinéma sous le titre de Head On. Il a gagbé de nombreux pris, notamment pour Dead Europe et The Slap (La Gifle). Aujourd'hui, il est un auteur reconnu, il a écrit de nombreux romans, pièces de théâtre et scénarios pour la télévision et le cinéma.

Bibliographie

  • Loaded (1995)
  • Jump cuts (1996) (avec Sasah Soldatow)
  • Thug (1998) (avec Spiro Economopoulos)
  • The Jesus Man (1999)
  • Who's Afraid of the Working Class? (Théâtre) (1999) (avec Andrew Bowell, Melissa Reeves et Patricia Cornelius)
  • Elektra AD (Théâtre) (1999)
  • Viewing Blue Poles (Théâtre) (2000)
  • Satum's Return (2000)
  • The Devil's Playground (2002)
  • Fever (Théâtre) (2002) (avec Andrew Bowell, Melissa Reeves et Patricia Cornelius)
  • Dead Caucasians (Théâtre) (2002)
  • Dead Europe (2005)
  • Non Parlo di Salo (2005) (avec Spiro Economopoulos)
  • The Slap (2008)
  • Barracuda (2013)

Commentaires personnels

Le roman de Tsiolkas a paru en 2008 sous le titre original de The Slap, il fut adapté pour la télévision australienne en 2011. Le roman comme la mini-série de 8 épisodes connurent un immense succès en Australie. Le roman fut également très populaire à travers le monde et a été nommé et a remporté de nombreux prix.

Disons-le immédiatement, j'ai bien aimé le roman, mais il ne m'a pas emballé. Malgré cela, je le recommande chaudement car je suis certaine qu'il devrait beaucoup plaire. Ceci dit, j'aimerais beaucoup, mais vraiment beaucoup voir la mini-série qui fut réalisée car je vois sans difficulté cette adaptation. Même que je suis certaine que la mini-série me plairait encore plus que le roman.

La prémisse est simple. Lors d'un barbecue entre amis, familles et voisins, un enfant de 3-4 ans, Hugo, complètement insupportable et capricieux se montre aggressif et menace un autre enfant. Devant l'absence de réaction des parents du gamin et des autres adultes, le père de l'enfant menacé va gifler Hugo. Et c'est cette gifle qui va complètement bouleverser les vies des différents personnages. Les parents du gamin fautif - car il faut souligner que Hugo est mal élevé, difficile, criard, gâté et vraiment, mais vraiment insupportable, mais est-ce la faute du gamin ou des parents ? - vont porter plainte contre Harry, le père ayant giflé leur fils, pour coups et blessures.

La gifle de Tsiolkas est un roman choral. C'est-à-dire que nous allons avoir à tour de rôle le point de vue de différents narrateurs, et donc des différents personnages. Nous commencerons par la perspective de Hector, l'hôte du barbecue et qui nous racontera l'incident. Puis, chaque chapitre, nous propose le commentaire d'un autre personnage et la suite des événements. Ce qui permet d'avoir différentes voix, et surtout différentes visions de la gifle et de ses conséquences et répercussions.

Voilà. Je ne suis pas hyper fan des romans choraux. Et certains personnages m'ont agacée au plus haut point. La plupart des protagonistes sont franchement désagréables. Et donc l'auteur a réussi à provoquer en moi de fortes réactions émotives. Il faut dire que la prémisse, la fameuse gifle, vient nous chercher. On est rarement neutre face à un tel geste. Voyons voir... voici un exemple des sentiments que j'ai vécu au long du roman... L'enfant était incroyablement insupportable, gâté, mal élevé et se montrait une menace pour un autre. Les parents ne faisant rien, je serais aussi intervenue pour protéger mon enfant. Aurais-je donné une gifle ? Peut-être pas, mais l'émotion peut intervenir. Le fait que les parents du giflé poursuivent le gifleur m'a énervée au plus haut point, car je sais que cela arrive trop souvent. Les gens n'ont rien de mieux à faire que poursuivre les autres pour des insignifiances. Les réactions des autres personnages face au geste et à la poursuite m'ont aussi énervée. Et surtout, le plus difficile, le gifleur s'avère un "trou d'cul" fini (désolée, mais c'est exactement ce qui m'est venu à l'esprit). Mais les autres personnages ne sont pas bien plus sympathiques. Ce qui ne fait pas un mauvais roman. Car ces personnages, je m'en souviens.

Mais au-delà de la gifle, le roman nous présente surtout des vies et une société australienne. L'auteur critique les défauts du pays dans lequel il vit et qui finalement est le sien. Mais ces défauts sont dans toutes les sociétés : racisme, sexisme, homophobie, misogynie... C'est une vision très froide. Et ma foi, assez pessimiste. Je le répète, presque tous les personnages sont antipathiques et sont présentés sur leur pire jour. Les tensions et les préjugés sont omniprésents. Les apparences se fissurent et face à la gifle et la poursuite, les personnages se positionnent, se déchirent et se dévoilent. Il paraît que le livre et surtout la série a soulevé nombres de débats en Australie.

Mais il demeure que pour moi, un roman purement choral me semble toujours long... Surtout quand la trame narrative se poursuit d'un narrateur à l'autre. C'est difficile à expliquer, mais ça m'achale. Ceci dit, je le répète, j'ai tout de même bien aimé le roman. Je sais, c'est paradoxal. Sur le coup, tout m'a énervé et ma lecture m'a paru s'éterniser. Mais en rétrospective, je le recommande !

Extrait

« Voilà, ce qu’étaient finalement l’amour, son allure son essence une fois disparus la luxure, l’extase, le danger, l’aventure. Il reposait avant tout sur la négociation, sur deux individus qui acceptent les réalités sales, banales et domestiques d’une vie partagée. Cet amour-là assurait une forme de bonheur familier. Toute alternative était probablement impossible, inaccessible et il valait mieux renoncer à l’inconnu. »

Source à consulter

21 février 2014

Quelques livres de Camilla Läckberg - Derniers commentaires

Läckberg005 - CopieCommentaires encore plus personnels

Cette auteure, comme je l'ai déjà mentionné, m'a été chaudement recommandée. C'est toujours délicat les recommandations aussi personnelles. C'est une collègue et on parle souvent littérature et lecture. Nous avons des goûts similaires et avons souvent les mêmes critiques à formuler. Donc, je suis entrée dans mes lectures pleine d'espoirs et de promesses.

Et même si dans l'ensemble, j'ai bien aimé les romans, disons que ce ne fut malheureusement pas le même coup de coeur que pour ma collègue. Mon intérêt premier pour les livres était de lire des romans policiers. Le premier roman est assez bien construit. Et j'ai bien aimé suivre les personnages principaux dans l'enquête, spécialement Erica. Mais en reprenant le roman, je réalise que certains éléments qui m'apparaissent faibles dans les deux romans suivants - du point de vue, intrigue policière - sont déjà présent dans La princesse des glaces. Il y a beaucoup trop de coïncidences et de hasards.

Et beaucoup trop de personnages secondaires. Ceux liés aux deux personnages principaux, Erica et Patrick, que ce soit d'un point de vue familial ou professionnel sont très intéressants. Mais justement, ils prennent beaucoup trop de place. Ils sont trop présents, on les connait trop finalement. Ceci fonctionnerait très bien dans une série de télévision car au fil des épisodes et des saisons, on en viendrait à les connaître de plus en plus et à les aimer ou les détester. Mais ici, ils prennent presque le dessus sur l'enquête. Dans le premier roman, ce n'est pas si évident, mais cela le devient dans les deux suivants.

On sent que l'auteure est attachée à ses personnages. Elle les décrit avec soin et avec beaucoup de détails. Mais, ce n'est pas ce que je recherche en premier lieu quand je lis un roman policier. Je veux une intrigue solide. Et j'ai eu l'impression de perdre petit à petit cet aspect dans les romans. Et il y a trop de personnages secondaires dans les fameuses intrigues. On se perd dans la vie de tous ces gens qui n'ont parfois que très peu à faire dans l'intrigue. Encore une fois, ce n'est pas l'écriture de Läckberg, elle travaille beaucoup sur ses personnages. Mais à un point tel qu'on oublie qu'ils sont de près ou de loin liés à une enquête. Dans Le tailleur de pierre, j'en suis même venue à attendre les passages dans le passé pour connaître le développement de ces personnages qui n'ont finalement qu'un mince lien avec l'intrigue (oui, ils sont liés au présent, mais tous ces passages n'étaient pas obligatoires).

J'ai trouvé que l'auteure perdait vraiment le fil de ses intrigues. Et à force de personnages et de détails, elle avait de la difficulté à cerner les morceaux qui permettraient de résoudre l'intrigue. Particulièrement dans le troisième roman où on a l'impression que tout se résout trop vite, et que c'est presque un accident si on trouve le coupable. C'est pratiquement secondaire. Je crois que l'auteur a beaucoup de talent - et le premier roman en est la preuve - mais elle se laisse emporter par ses personnages.

J'ai adoré l'omniprésence de la ville et les saisons dans les romans. On a véritablement l'impression de connaître Fjällbacka et de vivre l'été, l'hiver, la chaleur et le froid.

Mais revenons aux personnages. Dans le premier roman, j'ai bien aimé Erica. Une auteure prise avec le décès de ses parents, la relation abusive de sa soeur, ses sentiments face à sa ville natale, la découverte du cadavre de son amie d'enfance, sa relation naissante avec Patrick. Je l'aimais bien. Un peu naïve parfois mais attachante. En ouvrant le deuxième roman, j'avais hâte de la retrouver. Mais l'auteure a décidé de mettre l'emphase sur Patrick et son travail (et ses collègues). Et là j'ai décroché. Tout d'abord, de relation naissante on passe à une Erica enceinte jusqu'au cou qui n'est plus qu'une femme enceinte - on oublie l'écrivaine indépendante, curieuse et un peu fonceuse. Elle a chaud, elle se plaint car Patrick n'est pas là - et ce dernier est aussi bien différent du premier livre - et elle n'apporte pratiquement rien à l'intrigue. Elle est la conjointe du policier que l'on retrouve pendant quelques minutes quand le personnage principal passe par chez lui. Dans le troisième roman, elle reprend un peu plus de place. Mais parce qu'elle a finalement accouché et qu'elle est amie avec la mère de l'enfant assassiné. Je dois avouer que je suis très déçue par l'évolution d'Erica. Alors que l'auteure met beaucoup de soin à l'écriture des autres personnages, on dirait qu'elle ne veut plus rien savoir d'Erica (je ne dis pas que c'est ce qu'elle fait, c'est simplement l'impression que j'ai à la lecture des romans). Je trouve aussi étonnant certains comportements et certaines répliques... parfois très vieux jeux et conservateurs. Est-ce la société suédoise ou l'auteure... je ne sais pas. Mais, comme je l'ai déjà dit, j'ai trouvé très intéressant le fait qu'elle soit dépassée par la maternité et qu'elle ne ressente pas l'amour qu'elle pensait ressentir pour sa fille. C'est quelque chose qui arrive plus souvent qu'on ne le croit et on en parle peu.

Et finalement (ouf c'est long, je sais) ... l'auteure a commis un crime impardonnable pour la lectrice que je suis. Je réalise que pour beaucoup de gens, c'est un geste banal et que même ils vont apprécier et cela va les inciter à poursuivre avec la lecture du quatrième roman et qu'ils vont avoir hâte qu'il soit publié. Mais pour moi, c'est le pire "tue-la-lecture" possible. Déjà que le fait que les personnages soient si importants et surtout de plus en plus importants d'un livre à l'autre me dérange un peu beaucoup. Ceux qui me connaissent, savent que je ne suis pas particulièrement fan des séries. J'en lis rarement, et j'ai même choisi de ne pas lire un livre qui me tentait parce que je savais qu'il y avait une suite. La seule trilogie que j'ai adorée est Lord of the Rings, et encore je n'ai pas apprécié les "annexes". J'ai parfois aimé d'autres séries, mais je les ai rarement toutes lues en entier. Et en général, je trouve que l'auteur aurait dû arrêter l'écriture après le premier, à la limite le deuxième tome. (Cela inclut des séries très connues et populaires que je laisserai sans titre;-) ). Les seules séries que je lis sont habituellement les séries policières parce que cela n'implique habituellement que le fait que c'est le même enquêteur qui revient de livre en livre. Il y a bien quelques détails sur sa vie et certains personnages reviennent aussi, mais généralement, on n'a pas besoin de lire le livre précédent pour lire le roman actuel et on n'a pas besoin de lire le suivant. J'aime bien donc, les romans de Kathy Reichs par exemple.

Alors voilà. À la fin du roman Le tailleur de pierre, on nous laisse sur ce qu'on appelle un "cliffhanger". Cela ne concerne pas l'intrigue mais les principaux personnages. Quelque chose d'important pour eux. Et ça, cela m'a mis en colère. J'ai fermé le livre enragé et la série se termine ici pour moi. Je ne lirai pas les autres. Je me fous de savoir comment cela tournera pour Erica et Patrick et comment ils vivront avec le téléphone et la nouvelle qu'ils viennent de recevoir. La lecture est pour moi un choix et un plaisir. Je n'aime pas qu'un auteur me "force" à lire son prochain livre. Alors voilà...

Voir aussi:

 

Extraits

"La maison était abandonné et vide. Le froid pénétrait le moindre recoin. Une fine pellicule de glace s'était formée dans la baignoire. La peau de la femme avait commencé à prendre une teinte légèrement bleutée. C'est vrai, elle ressemblait à une princesse, là dans la baignoire. Une princesse des glaces." (p.9 - La princesse des glaces)

"Assis en tailleur sur le sol en ciment, il parcourait méthodiquement les cartons de dossiers l'un après l'autre. Desdécennies de destins humains passaient par ses mains et il était peu à peu frappé par le nombre de gens et de familles qui revenaient sans cesse dans les registres de la police. En voyant le même nom de famille surgir pour la énième fois, il se dit que les actes criminels semblaient parfois se transmettre  des parents aux enfants et même aux petits-enfants." (p. 28 - Le prédicateur)

"Parfois, c'était comme si elle était hors du monde réel, enfermée dans une toute petite bulle qui n'arrêtait pas de rétrécir. Elle était devenue tellement petite qu'Erica avait l'impression de pouvoir toucher les parois intérieures si elle tendait la main. Maja dormait sur son sein. Elle avait essayé de la coucher pour qu'elle s'endorme toute seule mais, comme chaque fois, elle s'était réveillée au bout de quelques minutes, en protestant bruyamment contre l'énorme culot de vouloir poser sa petite personne dans un lit de bébé." (p. 314 - Le tailleur de pierre)

20 février 2014

Quelques livres de Camilla Läckberg - Commentaires

Läckberg002 - CopieLa princesse des glaces : roman / Camilla Läckberg ; traduit du suédois par Lena Grumbach et Marc de Gouvenain. -- Arles : Actes Sud, c2008. -- 381 p. ; 24 cm. -- ISBN 9782742775477. -- (Coll. Actes noirs)

Quatrième de couverture

Erica Falck, trente-cinq ans, auteur de biographies installée dans une petite ville paisible de la côte ouest suédoise, découvre le cadavre aux poignets tailladés d’une amie d’enfance, Alexandra Wijkner, nue dans une baignoire d’eau gelée. Impliquée malgré elle dans l’enquête (à moins qu’une certaine tendance naturelle à fouiller la vie des autres ne soit ici à l’oeuvre), Erica se convainc très vite qu’il ne s’agit pas d’un suicide. Sur ce point – et sur beaucoup d’autres –, l’inspecteur Patrik Hedström, amoureux transi, la rejoint.[...]

Commentaires personnels

Erica Falk revient à Fjällbacka, sa ville natale, à la mort de ses parents, afin de s'occuper de la probable vente de la maison familiale. Elle en profite pour continuer sa dernière biographie et pour redécouvrir sa ville. Elle découvre par hasard, le cadavre de son ancienne amie d'enfance, Alexandra ; nue dans une baignoire d'eau glacée et avec les poignets tailladés. Erica a de la difficulté à croire à un suicide et l'autopsie lui donnera raison. Elle s'implique rapidement dans l'enquête. Patrick Hedström, l'enquêteur en charge, est aussi un ami d'enfance d'Erica et a toujours eu des sentiments pour elle. Ils travailleront rapidement ensemble pour tenter de découvrir le meurtrier d'Alexandra. Comme dans toute petite ville, les rumeurs et les ragots font rapidement surfaces. Et très vite, les enquêteurs sont plongés dans les secrets, les mensonges, les jalousies et les vieilles histoires de la petite ville et de ses habitants.

Dans ce premier roman de la série, l'accent est beaucoup mis sur le personnage d'Erica : sa vie, son travail d'écrivain, son désir de rester dans sa maison familiale, sa relation avec ses parents décédés et surtout avec sa soeur qui est dans une relation difficile avec un mari abusif. On la suit aussi dans son enquête personnelle sur le meurtre de son ancienne amie d'enfance. On assiste également à la naissance d'une idylle avec Patrick, le policier en charge de l'enquête. Les personnages principaux sont très intéressants et bien développés. Les personnages secondaires sont également très bien développés. Ils s'intègrent très bien à l'histoire et on a envie de les retrouver. L'intrigue principale est classique mais très bien menée et les indices sont révélés petit à petit. Et la fin est inattendue.

On peut trouver l'écriture un peu simple et l'histoire d'amour un peu cliché, mais étrangement cela ne m'a pas dérangé du tout. J'ai beaucoup aimé les descriptions de la ville ainsi que des secrets et tragédies qui se cachent chez ses habitants. L'hiver suédois m'a enchanté et l'auteur nous y plonge avec délicatesse - si cela peut faire du sens ! Et j'ai particulièrement aimé le personnage d'Erica. Elle n'est pas sans défaut, mais c'est ce qui fait son charme.

Le prédicateur : roman / Camilla Läckberg ; traduit du suédois par Lena Grumbach et Catherine Marcus. -- Arles : Actes Sud, c2009. -- 375 p. ; 24 cm. -- ISBN 9782742781799. -- (Coll. Actes noirs)

Quatrième de couverture

Dans les rochers proches de Fjällbacka, le petit port touristique suédois dont il était question Läckberg003 - Copiedans La Princesse des glaces, on découvre le cadavre d'une femme. L'affaire se complique quand apparaissent, plus profond au même endroit, deux squelettes de femmes... L'inspecteur Patrik Hedström est chargé de l'enquête en cette période estivale où l'incident pourrait faire fuir les touristes et qui, canicule oblige, rend difficiles les dernières semaines de grossesse d'Erica Falck, sa compagne.
Lentement, le tableau se précise : les squelettes sont certainement ceux de deux jeunes femmes disparues vingt-quatre ans plus tôt. Revient ainsi en lumière la famille Hult, dont le patriarche, Ephraïm, magnétisait les foules accompagné de ses deux petits garçons, Gabriel et Johannes, dotés de pouvoirs de guérisseurs. Depuis cette époque et un étrange suicide, la famille est divisée en deux branches qui se haïssent.[...]

Commentaires personnels

Nous retrouvons encore une fois Erica et Patrick dans ce deuxième roman. Alors qu'ils commençaient à se fréquenter dans le premier roman, ils vivent maintenant ensemble dans la maison familiale d'Erica et cette dernière est enceinte. C'est maintenant l'été et il fait très chaud. La petite ville de Fjällbacka est remplie de touristes qui viennent profiter de la mer. Le cadavre d'une jeune fille est découvert et Patrick se charge de l'enquête. Mais en déplaçant le corps, les squelettes de deux autres femmes sont découverts. Son enquête le mène à une ancienne enquête liée à une famille connu, la famille Hult. Et on plonge dans le passé... un prédicateur et ses deux fils qui réalisent des guérisons miraculeuses, des disparitions mystérieuses, des soupçons, une dénonciation et le suicide du principal suspect. Le passé est lourd et pèse toujours sur la famille d'aujourd'hui. Il s'agit maintenant, pour Patrick et son équipe, de voir comment le passé rejoint le présent.

Et oui, nous retrouvons encore une fois Erica et Patrick. Mais j'ai nettement eu l'impression de perdre Erica dans ce roman. Le personnage principal est maintenant Patrick entouré de ses collègues. Erica est reléguée au second plan, en femme au foyer, enceinte jusqu'au cou, incapable de faire quoi que ce soit dans la chaleur et se battant avec des visiteurs qui s'imposent et avec sa soeur qui, même si elle a quitté le mari abusif, répète la même histoire avec un nouvel amant. Elle va bien contribuer un peu à l'enquête, mais à peine. Les personnages principaux et surtout leurs attitudes et réactions m'ont paru disparaître derrière les clichés. Seuls les personnages secondaires, comme Martin Molin (policier et principal collègue de Patrick), Mellberg, Annika, Gösta, Ernst et même la soeur d'Erica, Anna, m'ont paru plus intéressants et développés. Je me suis vraiment ennuyée d'Erica. Elle m'a semblé vraiment disparaître dans ce roman. Et je n'ai pas pu accepté l'évolution beaucoup trop rapide de la relation entre Erica et Patrick et surtout certaines attitudes très vieux jeux de Patrick (qui ne cadre pas du tout avec le personnage du premier roman).

J'ai aussi été un peu déçue par l'intrigue policière. Alors que le tout me semblait bien démarrer, j'ai trouvé que l'auteur a très mal exploité le côté "prédicateur sectaire". Les secrets de famille, les rumeurs, les mensonges et les révélations font encore parties de l'intrigue, mais sans rien fracasser. La conclusion était décevante et prévisible. Il y avait beaucoup trop de personnages du côté de l'intrigue policière... les acteurs du drame passé, la famille d'aujourd'hui, les autres familles des disparitions actuelles... beaucoup trop de monde, beaucoup trop de liens. Et à la fin, je ne suis plus du tout intéressée ni à l'enquête, qui a traînée en longueurs, ni au dénouement que j'ai trouvé peu crédible.

Läckberg004 - CopieLe tailleur de pierre : roman / Camilla Läckberg ; traduit du suédois par Lena Grumbach et Catherine Marcus. -- Arles : Actes Sud, c2008. -- 377 p. ; 24 cm. -- ISBN 9782742786626. -- (Coll. Actes noirs)

Quatrième couverture

[...] Un pêcheur de Fjällbacka trouve une petite fille noyée. Bientôt, on constate que Sara, sept ans, a de l’eau douce savonneuse dans les poumons. Quelqu’un l’a donc tuée avant de la jeter à la mer. Mais qui peut vouloir du mal à une petite fille? Alors qu’Erica vient de mettre leur bébé au monde et qu’il est bouleversé d’être papa, Patrik Hedström mène l’enquête sur cette horrible affaire. Car sous les apparences tranquilles, Fjällbacka dissimule de sordides relations humaines – querelles de voisinage, conflits familiaux, pratiques pédophiles – dont les origines peuvent remonter jusqu’aux années 1920. Quant aux coupables, ils pourraient même avoir quitté la ville depuis longtemps. Mais lui vouer une haine éternelle.

Commentaires personnels

Erica et Patrick ont maintenant une petite fille. Et ce n'est pas facile ni pour l'un ni pour l'autre. Évidemment, un drame n'est jamais loin et cette fois c'est le corps d'une petite fille qui est retrouvée dans la mer. Patrick se rend sur les lieux pour découvrir qu'il connaît l'enfant. C'est la petite fille d'une amie d'Erica. La mort d'un enfant n'est jamais facile, encore moins lorsqu'on connaît la famille et surtout lorsque l'on découvre que la mort d'apparence accidentelle est en fait un meurtre.

Ce troisième roman de Läckberg est construit un peu différemment des précédents. Alors que dans les deux premiers romans nous avions bien quelques retours en arrière dans le passé, ici ce procédé est beaucoup plus présent et important. Nous avons une histoire carrément parallèle. On se doute bien que cette histoire a une incidence dans le drame du présent, mais tous les liens ne seront révélés qu'à la toute fin.

Nous sommes immédiatement plongés dans l'histoire de la famille de la petite fille et des gens qui les entourent. Les chicanes, les querelles et guerres entre voisins qui prennent parfois des tournures tragiques, les secrets et mensonges, ... les vies troubles et troublées d'habitants de la petite ville d'apparence tranquille font encore une fois surface lors de l'enquête de Patrick.

L'intrigue est cette fois beaucoup mieux ficelée que dans le deuxième roman. J'ai retrouvé l'intensité du premier roman. Mais elle n'est pas sans défaut. Beaucoup trop de personnages, encore une fois. Et on place nombres d'éléments inutiles. On a l'impression que l'auteur avait envie de parler de certaines choses et qu'elle trouve le moyen d'en parler peu importe leur place dans l'intrigue : syndrome d'asperger, pédophilie... ces éléments m'ont semblé alourdir l'intrigue et ne rien y apporter.

Mais en général, l'intrigue principale fut très bien menée... enfin, jusqu'à la fin qui, elle, est complètement décevante : le dénouement et coupable, les liens entre l'histoire passée et le drame actuel... tous improbables. Et surtout, la façon dont Patrick résoud le meurtre... digne des mauvais drames policiers...

Les personnages secondaires sont encore une fois les plus intéressants. Mais surtout l'histoire se déroulant dans le passé. J'aurais carrément pu ne lire que ces passages. Erica est un peu plus présente dans ce roman, mais à peine. J'ai aimé son questionnement sur l'instinct maternel cependant. Très rafraîchissant et inhabituel. Même commentaire sur le caractère difficile de la petite victime. On parle rarement des enfants ayant ce genre de comportement. Bravo, à l'auteure.

Mais la fin... la toute fin... que dire... j'y reviens.

Voir aussi :

Sources à consulter

19 février 2014

Quelques livres de Camilla Läckberg - L'auteur

Läckberg001Ces derniers temps, j'ai commencé à lire les romans de Camilla Läckberg. Une collègue adore absolument cette auteure et me l'avait chaudement recommandée. J'ai lu les trois premiers romans. Je pensais d'abord donner mes commentaires pour chacun de ces trois livres mais, une fois n'est pas coutume, je vais commenter les trois livres à la fois... Voyez-vous je lis rarement des séries. Et ce, pour plusieurs raisons... Mais j'y reviendrai.

L'auteur

Jean Edith Camilla Läckberg Eriksson est née à Fjällbacka en Suède en 1974. Elle aime écrire et raconter des histoires dès son enfance. Mais elle choisit de faire des études en économie à l'Universté de Göteborg. Elle travaille pendant quelques années comme économiste mais redécouvre sa passion pour l'écriture alors qu'elle suit un cours de création littéraire spécialisé en roman policier. Elle commence à écrire son premier roman pendant le cours. La Princesse de glace sera publié en 2003. Elle publie son second roman, Le Prédicateur l'année suivante.

Läckberg se consacre ensuite à l'écriture et les romans policiers se succèdent alors. Elle diversifie cependant aussi un peu ses intérêts. Elle publie des livres de cuisine et touche à la littérature jeunesse. Elle garde aussi quelques liens avec son passé d'économiste et est une collaboratrice de deux entreprises : Sahara (design de bijoux) et Sono Vaso (vêtements de maternité).

Elle a reçut de nombreux prix dont le Grand Prix de la Littérature policière en 2008 pour La Princesse de glace. Une adaptation de ses romans a été réalisée pour la télévision suédoise et il y a également eu une adaptation en bande dessinée de son premier roman. Elle vit aujourd'hui à Stockholm avec son mari et ses enfants.

Site web de l'auteur en anglais et en suédois. Page Facebook de l'auteure. Son compte Twitter.

Bibliographie sommaire

  • La princesse des glaces (2003)
  • Le prédicateur (2004)
  • Le tailleur de pierre (2005)
  • L'oiseau de mauvais augure (2006)
  • Cyanure (2006)
  • L'enfant allemand (2007)
  • La Sirène (2008)
  • À table avec Camilla Läckberg (2008) (Livre culinaire)
  • Le gardien de phare (2009)
  • La faiseuse d'anges (2011)
  • Fest, mat och kärlek (2011) (Livre culinaire)
  • Super-Charlie (2011) (Livre jeunesse)
  • Super-Charlie et le Voleur de doudou (2012) (Livre jeunesse)
  • Mord och mandeldoft (2013)
  • Super-Charlie och mormorsmysteriet (2013)

Commentaires personnels

Camilla Läckberg est surtout connue pour sa série de romans policiers débutant avec La Princesse des glaces et mettant en vedette la romancière Erica Falck et le policier Patrick Hedström. La série a été adaptée pour la télévision, cependant les épisodes ne reprennent pas les romans mais proposent plutôt de nouvelles histoires.

Les intrigues de cette de romans se déroulent toujours en grande partie à Fjällbacka, ville natale de l'auteure et de ses personnages principaux. Fjällbacka est un ancien port de pêche située sur la côte ouest de la Suède. C'est maintenant une ville balnéaire estivale très populaire. Les romans sont résolument ancrés dans la petite ville scandinave. Cette dernière est un personnage à part entière. Les saisons sont aussi très liées aux romans et à leurs intrigues, autant le froid hivernal que la chaleur écrasante des étés suédois.

La série reprent également les mêmes personnages dans chaque roman. Il y a bien sûr Erica Falk, romancière et Patrick Hedström, policier et un ami d'enfance. Mais nous retrouvons aussi d'autres personnages secondaires: Anna Maxwell, la soeur d'Erica et Lucas son mari, Dan Karlsson, ancien copain d'Erica et plusieurs collègues de Patrick, Matin Molin, Annika Jansson, Gösta Flygare, Ernst Lundgren et l'inspecteur principal, Bertil Mellberg.

Commentaires sur les livres et derniers commentaires à suivre...

Extrait

"Erica s'installa sur la véranda et regarda l'archipel. Cette vue lui coupait toujours le souffle. Chaque saison apportait sa mise en scène spectaculaire et cette journée proposait un soleil éblouissant jetant des cascades étincellante de lumière sur la glace épaisse qui recouvrait l'eau." (p.13 - La princesse des glaces)

Sources à consulter

11 février 2014

Dylanne et moi d'André Carpentier

dylan01wDylanne et moi : roman / André Carpentier. -- [Montréal] : Boréal, c2012. -- 134 p. ; 22 cm. -- ISBN : 978-2-7646-2169-1

Quatrième de couverture

« J’étais sans faim ni autre soif que d’ajouter de l’inédit à ma vie, ou de la réorienter. N’était-ce pas, inconsciemment bien sûr, pour cette raison que j’avais accepté cette aventure artistique à deux ? Pour me retrouver, moi, dans une nouvelle expérience de vie, comme on se retrouve soi et soi seul en voyage, en relation de front à front avec la multitude. Mais cela je le dis avec le recul. Sur le coup, je pensais à fuir. »

 

Un homme répond à une petite annonce parue dans un hebdo culturel. Il est médecin et il est en convalescence à la suite d’un cancer. Ladite annonce propose « une expérience artistique à deux – galants s’abstenir ». Après quelques échanges de courriels, il se rend à l’atelier d’artiste de Dylanne, et il est déconcerté devant l’originalité du projet qu’on lui propose.

 

André Carpentier propose ici une réflexion sur l’intériorité, la beauté, la complicité entre deux êtres, mais aussi sur l’imprévu qui peut survenir et auquel parfois on tente de se dérober

L'auteurdylan002

André Carpentier est né en 1947 à Montréal. Il obtient, en 1973, une maîtrise en Études littéraires à l'Université du Québec à Montréal (UQÀM) et en 1986, un doctorat en Études françaises à l'Université de Sherbrooke. Il commence à écrire dans les années 70 et reçoit en 1983 le Prix Boréal pour Du Pain des oiseaux. En plus d'écrire des romans, il touche également à la bande dessinée et écrit pour la revue L'Écran en 1974. Il sera également directeur adjoint au Pavillon international de l'Humour de Terre des Hommes.

Il enseigne à l'UQÀM mais travaille aussi comme animateur et critique littéraire à la radio de Radio-Canada.

Blogue.

Bibliographie partielle

  • Axel et Nicolas, suivi de Mémoires d'Axel (1973)
  • L'Aigle volera à travers le soleil (1978)
  • Rue Saint-Denis (1978)
  • Du pain des oiseaux (1982)
  • Journal de mille jours (1988)
  • De ma blessure atteint, et autres détresses (1990)
  • Carnet sur la fin du possible (1993)
  • Gésu retard (1999)
  • La renouée des oiseaux (1999)
  • Mendaint de l'infini (2002)
  • Ruelles, jours ouvrables (2005)
  • Dylanne et moi (2012)

Commentaires personnels (attention spoilers)

Note : Bon, j'ai averti que mon commentaires contenait des spoilers, mais je m'aperçois qu'il en contient beaucoup trop. J'ai beaucoup aimé le roman de Carpentier. C'est une belle lecture. Une exploration du paraître, de l'être, de l'âme et de la création artistique. C'est un texte intriguant et envoûtant. Si vous pensez le lire, ne lisez pas mon commentaire. Même si on devine assez rapidement l'essence de la démarche artistique de Dylanne, il serait dommage de ne pas le découvrir petit à petit au fil des mots et des séances artistiques.

[Spoilers à venir]

Un médecin répond à une petite annonce dans un journal de Montréal. Il a survécu à un cancer et est un peu à la recherche de lui-même. La petite annonce offre une expérience unique à vivre : "une expérience artistique à deux". Mais il est clairement dit que rien de sexuel ou romantique n'est proposé.

Après avoir sondé un peu le terrain, l'homme décide d'accepter la proposition de Dylanne et se rend à son studio. Mais la séance artistique le prend par surprise. Dylanne lui demande de se dévêtir, de prendre des poses mais surtout de la prendre, elle, en photo, alors qu'elle le regarde. Le modèle nu devient le photographe et doit photographier l'artiste qui l'observe. Malgré ses réticences et son esprit cartésien, il se laisse envahir par l'inspiration artistique de Dylanne.

Cette expérience le projette en lui-même et nu, se laisse envahir par l'expérience. Quand nous sommes nus, quand nous ne sommes plus protégés par les vêtements, nous sommes exposés. Notre vulnérabilité est exposée. Notre âme est à découvert. Et se dévoiler n'est jamais facile. Mais c'est ce que recherche Dylanne. Après cette séance, il quitte le pays pour faire du travail humanitaire. Il part à la recherche de lui-même et de son identité. Mais Dylanne ne quitte pas son esprit. Son expérience le pousse à sortir de son moule, à transgresser ce qu'il pensait être. Quand il revient au Québec, il décide de revoir Dylanne. Il la retrouve à une séance de signature de son livre "Derniers regards". Et alors, il comprend la démarche de Dylanne. La capture de ses derniers moments de voyante. Les derniers moments qu'elle a pu voir.

Il accepte alors de participer à une deuxième séance de photographie. Elle sera alors le photographe. Une photographe aveugle. Il a alors l'impression de ne plus exister. Elle ne le voit pas. Seul l'appareil le voit. Fige un moment. Capture un moment. Et si on n'existait que dans le regard de l'autre ; et surtout que si on avait conscience de ce regard.

Ces photographies feront parties d'un second livre. Mais l'homme n'arrive pas à se réconcilier avec cette dernière séance de photos. Il ne retrouve plus Dylanne. Et le roman de Carpentier est plein de silences. Le roman est lui même une multitude de moments captifs, de photographies, d'instants de vie. Le roman s'intitule Dylanne et moi et c'est exactement le résumé du livre. L'homme n'existe que par l'art de Dylanne. Ou encore, Dylanne force l'homme à vivre par son art, l'oblige à comprendre et dépasser ses propres limites. L'homme renaît grâce, à cause de Dylanne. Mais celle-ci disparaît petit à petit. Elle aura réussit à voir et à exister un peu plus longtemps à travers ces photographies.

C'est un roman sur la création et sur les limites de nos existences. Mais surtout sur comment nous pouvons aller au-delà des apparences et de nos limites, autant physiques que psychiques. C'est un texte tout en douceur et en lenteur. L'écriture est sobre mais puissante. Le roman en révèle finalement très peu. Nous ne saurons pratiquement rien sur l'homme et encore moins sur Dylanne. L'important est la démarche artistique. L'important est le dévoilement de nos faiblesses et notre capacité à en assumer les conséquences. L'important c'est notre regard sur nous-mêmes.

L'avis de Lali, David Hébert, Prospéryne, Jean-Michel Fortier,

Extraits

"Elle saisit mes mains, les souleva un instant vers son visage, et, comment dire ? elle les renifla avec l'insistance d'un animal. Et de même pour ma joue. Certes, cela me rappela sa demande expresse de ne porter ni parfum ni baume après-rasage le jour de la séance, mais je ne parvenais pas à saisir le lien avec les photos à faire. Elle me laissa sur place et, comme pour se l'approprier par les pieds et par tout le corps, elle arpenta l'espace dégagé du loft. Peut-être croyait-elle que le vide ne s'exprime jamais mieux que dans un lieu conçu pour être plein." [p.30]

"Des faisceaux lumineux tombant des fenêtres et des spots se répercutaient sur le plancher et faisaient rebondir des lueurs éblouissante par tout le loft. Dylanne s'y déplaçait à vitesse variable en déployant d'amples mouvements de bras et de jambes. Elle s'arrêtait inopinément, pivotait sur son axe, puis se remettait en marche. Le frottement de ses pieds nus sur le plancher produisait des couinements aigus, on aurait dit une guitare classique grinçant aux changements d'accords."[p. 41]

Sources à consulter

27 janvier 2014

Le poison des roses de Mirjam Pressler

Roses1Le poison des roses : roman / Mirjam Pressler ; traduit de l'allemand par François Mathieu et Dominique Taffin-Jouhaud. -- [Paris] : Calmann-Lévy, c2007. -- 262 p. ; 21 cm. -- ISBN 9782702138090. -- (Coll. Suspense (Calmann-Lévy (Firme)) [14].

Quatrième de couverture

Auteur de romans policiers à succès, Lisa Bratt mène seule une vie bien rangée après deux divorces, dans un univers douillet et volontairement isolé. Mais un soir, elle ramène chez elle Annabella, une jeune SDF victime d’une agression dont elle a été par hasard le témoin.

Leur trouble cohabitation dérègle totalement l’existence de Lisa. Elle continue cependant à travailler à son prochain roman – dont l’héroïne, une passionnée de roses, projette d’empoisonner son mari – et un jeu subtil s’installe bientôt entre la vie réelle et la fiction…

Mais la nuit où Lisa découvre Annabella totalement ivre, ce sont les souvenirs de sa propre enfance qui remontent à la surface. Après la mort de sa sœur jumelle, son père parti, Lisa n’a plus été pour une mère alcoolique que l’« enfant de reste »…

Tout en nuances, ce roman d’une grande justesse raconte, dans un style sobre et précis, le glissement inexorable d’une vie banale vers le cauchemar. Du grand art, qui n’est pas sans rappeler celui de Patricia Highsmith.

L'auteurRoses2

Mirjam Pressler est né en 1940 à Darmstadt en Allemagne. Elle étudie en art à Akademie für Bildende Künste à Francfort et les langues à Munich. Elle vivra un an en Israël. Puis elle retourne en Allemagne où elle a plusieurs différents emplois. Elle commence à écrire en 1979. L'année suivant, en 1980, son premier roman, Chocolat amer, reçoit le prix du livre de l'enfance et de la jeunesse d'Oldenbourg. Elle continue d'écrire, principalement pour la jeunesse, et est également traductrice. Elle reçoit de nombreux prix dont un prix spécial de la littérature jeunesse pour son travail de traductrice et des prix pour l'ensemble de son oeuvre. Elle vit aujourd,hui à Munich où elle continue à écrire et à traduire.

Site de l'auteur en allemand.

Bibliographie partielle

Bibliographie très extensive. Principalement des romans jeunesse et quelques romans pour adultes. Quelques titres ont été traduits en d'autres langues dont le français et l'anglais. Je n'ai cependant pas pu trouver de listes autres qu'en allemand. On peut trouver sa bibliographie complète en allemand sur Wikipedia.de.

Commentaires personnels

Encore une fois, je n'aurais jamais découvert ce roman, s'il n'avait été présent sur ma liste d'élagage. J'ai trouvé le quatrième de couverture alors j'ai décidé de le lire avant de l'envoyer dans la vente de livres... oui, car 5 prêts en 2007 et rien après, c'est la mort d'un livre en bibliothèque publique qui manque d'espace, à moins d'être un classique. Cruel mais c'est la vie.

Donc, nous avons ici une auteur de romans policiers, Lisa, un peu asociale et recluse. Elle a peu d'amis, sort rarement de chez elle. Elle consacre ses journées à l'écriture de son prochain roman dans lequelle elle raconte le futur assassinat d'un homme par son épouse qui cultive des roses. Un soir, elle assiste à une altercation entre une jeune fille et son copain. Elle intervient et finit par ramener cette jeune fille sans abri, Annabella, chez elle. Cette décision impulsive ne ressemble pas à Lisa, mais elle est d'abord heureuse de cette cohabitation. Mais rapidement, Annabella envahit la vie de Lisa. La jeune fille s'incruste chez Lisa et commence à envahir tous les aspects de sa vie. Elle profite de Lisa et la manipule. Elle finit même par influencer le roman que Lisa écrit.

Le roman oscille d'ailleurs entre les pages que Lisa écrit et sa relation avec Annabella. Les personnages du roman de Lisa prennent vie petit à petit et nous assistons à leur histoire. Les deux histoires s'entremêlent et se parlent. Ces deux histoires sont intéressantes mais comme d'autres lecteurs j'ai eu un faible pour l'histoire de la cultivatrice de roses. Et j'aurais presque voulu avoir un autre roman vraiment consacré à cette famille. Mais le roman dans son ensemble est vraiment bien construit.

La narratrice, Lisa, est un personnage beaucoup plus complexe qu'il n'apparaît au tout début. Et le personnage d'Annabella me semble décrit de façon superficiel. On n'arrive pas à vraiment connaître Annabella, mais cela m'apparait essentiel à l'histoire. L'essentiel du roman est la perception que Lisa a de son aventure avec Annabella. Et surtout ce sont ces sentiments qui sont mis au premier plan. Elle a besoin de sauver la jeune fille, elle s'essaie au rôle de sauveur, de mère, de mentor... Elle croit pouvoir sauver Annabella, elle est certaine qu'elle peut construire une relation avec elle. Mais Annabella n'est pas un ange. Elle manipule, profite de Lisa. Elle est même volontairement cruelle et perverse. Elle s'amuse et joue les victimes pour mieux profiter de l'auteur. Elle ne veut pas jouer le jeu de la relation mère-fille que Lisa veut tant vivre. Cette relation malsaine transforme tout de même Lisa. Elle l'oblige à confronter son passé, ses relations passées et actuelles, ses démons intérieurs. Mais Annabella finira par dépasser les limites de l'auteure.

Le roman de Pressler m'a envoûté. J'ai bien aimé ce jeu de manipulations qui va dans les deux sens. Car même si Annabella est le personnage qui est foncièrement et ouvertement manipulateur, Lisa exerce sa propre manipulation aussi. Le texte a bien quelques longueurs et j'ai eu quelques soupirs d'exaspérations face à la prétendue naïveté de la narratrice. Parfois, j'ai ragé devant l'obstination de Lisa a vouloir "sauver" la jeune fille. Et j'ai douté de la crédibilité de certaines actions des personnages. Et comme je l'ai dit, j'aurais bien aimé voir plus de finalité dans le roman que Lisa écrivait. Mais ces petites critiques ne changent pas le fait que j'ai beaucoup aimé le roman. Mirjam Pressler a une écriture efficace et joue avec les mots. Elle fait également parlé sa narratrice a une tierce personne. Lisa raconte son histoire a une personne, en lui disant "tu". Ce n'est pas un procédé facile et c'est souvent mal utilisé. Pressler le fait très bien.

Très bon roman. Alors pourquoi ne sort-il pas ? Je l'avoue, je ne l'ai pas élagué. Je l'ai mis dans la section "coup de coeur" (même si ce n'est pas nécessairement un coup de coeur, je l'ai suffisamment aimé pour l'y mettre) et évidemment quelqu'un l'a emprunté tout de suite. Tant de livres oubliés, trop de livres oubliés.

Extraits

"Il est étrange, n'est-ce pas, qu'il soit beaucoup plus difficile de raconter des épisodes gais et agréables que de narrer des événements dramatiques; C'est pareil en littérature, quand un auteur décrit trop de faits joyeux au quotidien, les lecteurs que nous sommes se mettent à penser, oui d'accord, j'ai pigé : il sourit, elle sourit, le soleil brille dans le ciel azuré, les pensées fleurissent dans les massifs du jardin public, mais qu'est-ce que ça signifie, qeul rapport avec moi; et nous nous ennuyons, alors que les déceptions, les humiliations, une haine subconsciente éveillent des souvenirs et nous incitent à comparer, apprécier classifier ce qui nous est personnel en fonction de ce qui vient d'ailleurs, et à recréer constamment notre passé jusqu'à en avoir limé toutes les aspérités." p. 45

Sources à consulter

26 janvier 2014

Le moment captif d'un dimanche : effeuillée

2013-12b"L'arbre se sauve en faisant tomber ses feuilles." [P.J. Jouve]

Un livre se ferme. Une feuille s'échappe sournoisement. Elle tombe doucement sur le sol. Elle porte l'histoire de nos vies. Chaque nervure est une cicatrice naturelle. Une ride sur ma peau.

J'ai froid. Je regarde la feuille tombée et je sais que je dois me sauver. Je dois quitter cet endroit. Suivre l'autre feuille qui tombe un peu plus loin. C'est une erreur. Je le sais. Je dois récupérer toutes les feuilles. Je me retourne. Je dois retrouver la première page. Je fouille dans la neige. Je ne trouve plus mon chemin. Je ne vois plus la trace de mes pas dans la neige.

Où se trouve la première page. La première feuille se cache dans un rayon de soleil. J'ai failli la détruire. Je me penche. Je suis incapable de la cueillir. Je dois refaire ma vie et la retranscrire sur d'autres feuilles qui feront de nouveaux livres. Je soupire et je récupère ma vie. Je me souviens des feuilles passées qui sont tombées des arbres qui se sont sauvés trop vite. Je souris. Je poursuis ma route.

"Mes livres ne sont pas des livres, mais des feuilles détachées et tombées presque au hasard sur la route de ma vie." [Chateaubriand]

16 janvier 2014

J'haïs le hockey de Barcelo - Commentaires personnels

Hockey1J'haïs le hockey : roman / François Barcelo. -- [Montréal] : Coups de tête, c2011. -- 111 p. ; 21 cm. -- ISBN 9782896710003. -- (Coups de tête ; 45)

Quatrième de couverture

Antoine Vachon haït le hockey. À la suite de l'assassinat de coach de l'équipe de hockey de son fils, Antoine se voit pourtant contraint de le remplacer à pied levé, sans savoir alors que sa vie va changer. Le flou persiste. Qui a assassiné le coach ? Et surtout, pourquoi ? Le fils d'Antoine aurait-il quelque chose  à voir dans tout cela ? L'entraineur était pourtant connu et apprécié dans sa communauté, il s'occupait bien de ses joueurs, trop bien peut-être...

François Barcelo signe ici un roman vif, nerveux, outrageux, sensible, noir, étonnant, skakespearien, tragique , sportif, amoureux, désillusionné, un roman sur l'amour, sur la trahison, sur l'incompréhension...

Commentaires personnels

Quel horroble quatrième de couverture. Il commence pourtant très bien et attire mon attention, ensuite il en dit un peu trop. On peut presque deviner. Et puis, ce dernier paragraphe... hum, il me semble qu'on a dû oublier un adjectif, non ? Non mais, c'est quoi l'idée de l'éditeur de décrire ainsi le roman de son auteur... peut-on avoir plus fourre-tout comme énumération. C'est dommage car si certains adjectifs collent très bien et d'autres moins bien, c'est le côté "je vous fais une analyse toute faite du roman de mon auteur... vous n'avez pas y réfléchir" qui m'achale vraiment beaucoup. Heureusement, cela ne m'a pas empêcher de lire le livre et de l'aimer.

Disons-le tout de suite, je ne déteste pas le hockey. Mais je ne suis pas non plus une fan finie. J'aime bien écouter une partie mais je trouve un peu fou, la passion de certains amateurs et je dois avouer que je me bidonne bien lors des commentaires de certaines émissions sportives. Des analyses dignes des plus sérieuses analyses politiques ou économiques transposées au moindre jeu ou joueurs. C'est fascinant. Mais il faut souligner que ce n'est pas particulier au hockey, c'était bien pire en Espagne avec le fùtbol ! Mais je m'éloigne... Et juste pour terminer cette disgression, il faut souligner qu'on n'a pas besoin d'aimer ou haïr le hockey ou même de connaître le jeu, pour lire et apprécier le roman. Juste être un peu familier avec la passion ou la haine qu'on peut entretenir avec un sport...

Et donc, le personnage principal, Antoine Groleau haït le hockey, de façon viscérale. Et disons qu'au Québec, quelqu'un qui haït le hockey à ce point, surtout un "gars", c'est rare (c'est évidemment beaucoup plus commun que la mythologie hockeyesque québécoise veut le laisser croire, mais bon.). Ce n'est pas le personnage le plus reluisant, c'est un peu un perdant, comme on dit... mais avec un "grand coeur", vous voyez le genre ? Il a perdu sa femme, son emploi... il est désespéré. Et donc malgré le fait qu'il déteste le hockey et qu'il n'y connait absolument rien, il se voit obligé de devenir le coach de l'équipe de son fils, après que l'entraîneur habituel ait été assassiné. Il ne veut pas "jouer au coach", mais c'est d'abord, pour lui, un moyen de se rapprocher de son fils. Puis cette mésaventure d'entraîneur suppléant et inadéquat se transforme en enquête - ou quête - pour savoir ce qui est vraiment arrivé au coach et surtout pourquoi... Les réponses qu'il imagine ou finit par découvrir sont loin d'être jolies.

Et donc le roman commence un peu sur note humoristique mais rapidement, l'humour devient noir et puis, on ne rit plus du tout, et on touche un peu le tragique. Des choses horribles ont eu lieu, les personnages morts et vivants, jeunes et vieux ne sont pas ce qu'ils semblaient être et le "gars" un peu looser redevient rapidement un père. Le roman est court et le rythme rapide. Et la fin est inattendue et troublante. Et oui, on tombe dans des sujets difficiles, mais le roman est si court qu'on n'arrive pas à réaliser sur le moment tout le tragique de l'histoire. C'est très efficace comme écriture.

Dernier point... le narrateur, comme vous pouvez le lire dans les deux extraits que j'ai mis plus bas, s'adresse continuellement au lecteur. Habituellement, dans un roman, je supporte difficilement. Cela passe mieux à l'écran je trouve, petit ou grand - mais pas toujours. Il est difficile de briser le 4e mur, surtout en littérature, sans tomber dans le surfait et le cliché. Mais ici, étrangement, cela ne m'a pas du tout incommodé, j'ai même été amusée et charmée par ces répliques.

La bibliographie de l'auteur est longue et bizarrement c'est le premier livre que je lis de Barcelo. Ce ne sera pas le dernier.

(Oh et pour la forme, il y a une grosse différence entre dire "je hais le hockey" et "j'haïs le hockey"... le deuxième est plus viscéral !)

L'avis de Richard , Fibula, La Bouquineuse

Voir aussi : J'haïs le hockey de Barcelo - L'auteur

Extraits

"Je vais vous avouer une chose : j'haïs le hockey. Oui, je sais que c'est pas français, qu'on doit dire "je hais le hockey". Ou encore "je déteste le hockey". Mais quand on haït le hockey comme j'haïs le hockey, on a le droit de dire "je l'haïs". Si je suis là avec vous ce soir, c'est parce qu'on a trouvé personne d'autre. J'ai le malheur d'être le père de l'un d'entre vous et le président Beauchemin avait mon numéro de téléphone." p.30

"Je parie que vous y avez pensé avant moi : Colombe ! Vous avez raison : ça pourrait être Colombe. Elle est en forme. Elle a fait un demi-marathon l'été dernier. Ce n'est pas pour rien qu'elle est si bien conservée. Et elle est forte. Je le sais, elle m'a giflé, deux ou trois fois avant de me mettre à la porte." p. 74

Sources à consulter

15 janvier 2014

J'haïs le hockey de Barcelo - L'auteur

Hockey1

J'haïs le hockey : roman / François Barcelo. -- [Montréal] : Coups de tête, c2011. -- 111 p. ; 21 cm. -- ISBN 9782896710003. -- (Coups de tête ; 45)

Quatrième de couverture

Antoine Vachon haït le hockey. À la suite de l'assassinat de coach de l'équipe de hockey de son fils, Antoine se voit pourtant contraint de le remplacer à pied levé, sans savoir alors que sa vie va changer. Le flou persiste. Qui a assassiné le coach ? Et surtout, pourquoi ? Le fils d'Antoine aurait-il quelque chose  à voir dans tout cela ? L'entraineur était pourtant connu et apprécié dans sa communauté, il s'occupait bien de ses joureurs, trop bien peut-être...

François Barcelo signe ici un roman vif, nerveux, outrageux, sensible, noir, étonnant skakespearien, tragique , sportif, amoureux, désillusionné, un roman sur l'amour, sur la trahison, sur l'incompréhension...

L'auteur

François Barcelo est né en 1941 à Montréal. Il commence à écrire très jeune, influencé par sa mère qui est elle-même écrivaine. Alors qu'il est dans son adolescence, il remporte un prix littéraire (Radio-Canada) pour jeunes auteurs. Ses oeuvres se retrouvent également finalistes dans le Prix du Cercle du livre de France. Hockey2

Il fait des études littéraires à l'Université de Montréal et obtient une maîtrise. Il continue à écrire et son oeuvre comprend des romans jeunesses, des essais et des romans pour adultes. Il est aussi, pendant un certain nombre d'années, publicitaire, travaille pour plusieurs agences et devient même le vice-président de J.Walter Thompson. Il publie son premier roman en 1981 et remporte le Prix du Gouverneur général en 2006 pour son roman jeunesse La Fatiguante et le Fainéant. Son roman pour adultes, Cadavres, publié en 1998, sera publié par Gallimard et est adapté au cinéma en 2008.

Il continue aujourd'hui à écrire autant pour la jeunesse que pour un public adulte et recevra de nombreux prix. Son oeuvre est traduite en nombreuses langues.

Site Web de l'auteur (avec une biographie complète)

Bibliographie partielle

  • Agénor, Agénor, Agénor et Agénor (1981)
  • La Tribu (1981)
  • Ville-Dieu (1982)
  • Aaa, Aâh, Ha ou les amours malaisées (1986)
  • Nulle Part au Texas (1989)
  • Les Plaines à l'envers (1989)
  • Je vous ai vue, Marie (1990)
  • Le Voyageur à six roues (1991)
  • Ailleurs en Arizona (1991)
  • Pas tout à fait en Californie (1992)
  • Longues histoire sourtes (nouvelles) (1992)
  • De Loulou à Rébecca (et vice versa, plus d'une fois) (sous le pseudonyme d'Antoine Z. Erty) (1993) 
  • Moi, les parapluies… (1994)
  • Vie de Rosa (1996)
  • Vie sans suite (1997)
  • Cadavres (1998)
  • Pince-nez le crabe en conserve (roman jeunesse) (1999)
  • Tant pis (2000)
  • Une histoire de pêche (2000)
  • Chiens sales (2000)
  • L'ennui est une femme à barbe (2001)
  • J'enterre mon lapin (2001)
  • Route barrée en Montérégie (2003)
  • Rire noir (Nouvelles) (2004)
  • Le Nul et la Chipie (roman jeunesse) (2004)
  • Bossalo (2005)
  • Les Pas de mon papa (roman jeunesse) (2005)
  • Bonheur Tatol (2006)
  • Dernier soir sur un pont (nouvelles) (2006)
  • La Fatigante et le Fainéant (roman jeunesse) (2006)
  • Les Mains de ma maman (roman jeunesse) (2006)
  • Chroniques de Saint-Placide-de-Ramsay (2007)
  • Petit Chien pas de pattes (2008)
  • Fantasia chez les Plouffe (2010)
  • Le Seul Défaut de la neige (2010)
  • Petit héros fait caca comme les grands (roman jeunesse) (2010)
  • Le menteur et la rouspéteuse (roman jeunesse) (2010)
  • J'haïs le hockey (2011)
  • J'haïs les bébés (2012)
  • J'haïs les vieux (2013)

Commentaires personnels à suivre...

Sources à consulter

Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>
Publicité
Quelques pages d'un autre livre ouvert...
Publicité