La réparation de Katia Gagnon
La réparation : roman / Katia Gagnon. -- [Montréal] : Boréal, 2011. -- 216 p. ; 22 cm. -- ISBN 978-2-7646-2089-2
Quatrième de couverture
La journaliste Marie Dumais apprend dans les actualités le suicide d’une élève du secondaire, Sarah Michaud. Il semble que l’enfant était victime d’intimidation. On lui confie une série de papiers sur l’affaire.
Elle interroge les professeurs et les autres élèves. Elle rend visite aux parents. Ce sont de pauvres gens qui n’ont pas su défendre leur fille perdue parmi les petits bourgeois fréquentant le collège privé où Sarah n’a été acceptée que grâce à ses dons exceptionnels pour les mathématiques. Tout le monde voudrait tant qu’on cesse de parler de cette affaire, mais Marie veut savoir la vérité. Pourquoi Sarah Michaud est-elle morte ?
Dans ce premier roman mené comme un suspense, Katia Gagnon nous tient en haleine jusqu’au bout. Elle nous fait partager le destin d’êtres marqués, mais elle célèbre aussi tout le bien que peut apporter un regard qui réchauffe, une main tendue, l’amour et la compassion d’inconnus que la vie place sur notre chemin.
La Réparation est un hommage à ceux qui survivent et à ceux qui leur permettent de le faire.
L'auteur
Katia Gagnon est née en 1970. Elle a étudié à l'UQAM où elle a obtenu un baccalauréat en communications. Depuis 1996, elle est journaliste dans le quotidien La Presse. Elle y occupera diverses fonctions dont éditorialiste et directrice des informations générales.
Elle publie son premier roman en 2011, La réparation. Elle continue d'écrire et de travailler comme journaliste.
Bibliographie
- Au pays des rêves brisés (avec Hugo Meunier - Témoignages) (2008)
- La réparation (2011)
- Histoires d'ogres (2014)
Pour lire certains de ces articles dans La Presse. Son compte Twitter. Une entrevue avec l'auteur dans la revue Les libraires.
Mes commentaires
Nous avons deux histoires dans le roman. Ce que le quatrième de couverture ne dévoile pas. Nous avons bien sûr, l'enquête de la journaliste Marie Dumais sur le suicide d'une adolescente, victime d'intimidation. Et nous avons aussi l'histoire de Marie-Lune Provencher, sauvée par la DPJ (Direction de la protection de la jeunesse), d'une mère abusive. On devine assez rapidement le lien entre les deux histoires. Ce qui n'enlève rien à l'intensité de ces deux mêmes histoires.
Je ne peux parler de ce roman, sans devenir un peu émotionnelle. Ce sujet me touche. Et Katia Gagnon l'a très bien abordé. Ce qui est rare. Elle n'est pas tombé dans l'exagération. L'intimidation n'a pas besoin d'être frappante, parfois elle est insidieuse. Mais elle est là.
J'ai appris aussi que l'auteur s'est inspirée d'un fait divers qu'elle a voulu à l'époque couvrir. Un jeune garçon, victime d'intimidation, disparaît. L'auteure, qui couvre les affaires sociales, essaie de contacter l'école du jeune garçon pour essayer de comprendre les raisons de cette disparition. On lui refuse l'accès à l'école. Elle en fera un reportage fictif. Ce qui en fait un texte intimement réaliste.
Maintenant, revenons au texte. Gagnon écrit très bien. Et elle sait doser son intrigue. Son écriture est simple et nous rejoint facilement. Parfois, un peu simple... à la limite de l'analyse... C'est même ce qu'on lui reproche parfois. Mais, selon moi, l'auteure arrive à ne pas basculer complètement dans le journalisme pur et simple. Le texte demeure fluide, doux et prenant.
On reproche aussi à l'auteur de ne pas assez condamner les intimidateurs et leurs "complices" (écoles, parents, etc.). Je dirais que oui, j'aurais voulu, moi aussi, plus de conséquences. Mais je comprends. D'un côté, il n'y a souvent aucune conséquence. Trop souvent. Et aussi... rien n'est aussi simple que ça. Coupables, non coupables... Il y a des vies. Pas des excuses mais des circonstances... Rien n'est simple.
Mais ici, j'ai de la difficulté à poursuivre mon avis car j'ai peur de trop en dire... Disons, que malgré le fait que j'ai adoré le roman de Gagnon, j'ai eu beaucoup de difficulté avec la "2e histoire". J'ai trouvé que cette histoire n'était pas nécessaire au roman et que surtout elle aurait plutôt eu sa place dans un autre roman. Elle aurait mérité un autre roman. Dans La Réparation elle était de trop. Et surtout c'était trop prévisible. Cette 2e histoire est forte, mais n'est pas nécessaire ici.
Mais l'essentiel du roman est l'intimidation. Et Katia Gagnon nous fait parfaitement comprendre et fait vivre les ravages de l'intimidation. Peu importe sa forme ; sa violence ou sa subtilité.
L'avis de Karine:), Suzanne, Prospéryne, Stellabloggeuse, Bouquineuse boulimique, Kay.
Les mots de l'auteur (Extraits)
"Persuader l'école de la laisser fouiner dans les couloirs n'allait pas être facile. Tout le monde était encore traumatisé par le décès de la jeune fille. Déjà, les parents accusaient l'école secondaire de leur fille, un collège privé, d'avoir fermé les yeux sur l'intimidation dont elle était victime. Aucune personne sensée ne voudrait d'une journaliste dans ce portrait." p. 16
"Leurs actes d'intimidation n'étaient jamais directs. Elle n'a jamais été frappée ou quelque chose du genre. Non, c'était plutôt de l'exclusion, des mauvaises blagues... -- Oui, répondit la directrice. Ils ont minimisé les actes. Ils ont prétendu que c'était fait simplement pour rire, qu'ils n'avaient rien contre la petite Michaud." p. 86
"-- Harceleurs, vous y allez un peu fort. Il ne s'agissait que de blagues, d'un goût douteux, je le reconnais, mais rien de violent. Cette histoire a été largement exagérée. En partie par votre faute, les journalistes.
Rien de violent. Marie, incrédule, souligna deux fois l'expression. Elle sortie de la classe, soufflée." p.97
Pour en savoir un peu plus