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8 janvier 2014

Le dîner de Herman Koch

DSC_5339Le dîner / Herman Koch ; traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin. -- Paris : Belfond, 2011. -- 329 p. ; 23 cm. -- ISBN 978-2-7144-4664-0

Quatrième de couverture

Deux frères se donnent rendez-vous avec leurs épouses dans un restaurant branché d'Amsterdam.

Hors-d'oeuvre : le maître d'hôtel s'affaire. Plat principal : on parle de tout, des films à l'affiche, des vacances en Dordogne. Dessert : on évite soigneusement le véritable enjeu du dîner, les enfants.

Car leurs fils respectifs ont commis un acte d'une violence inouïe. Un café, un digestif, l'addition.

Reste la question : jusqu'où irions-nous pour préserver nos enfants ?

L'auteur

Herman Koch est né en 1953 à Amhem aux Pays-Bas. Il est un scénariste très connu aux Pays-Bas. Il a écrit pour la télévision, la radio et pour la presse écrite. Il est également connu comme acteur,DSC_5339 copy notamment pour la série télévisée Jiskefet (1990-2005) qui est une suite du programme radiophonique humoristique Borat auquel il a également participé.

Son roman Le Dîner paraît en 2009 aux Pays-Bas. Il est traduit en plusieurs langues et connaît un succès international. Il est adapté au théâtre et une adaptation cinmatographique devrait être produite prochainement.

Herman Koch a également publié sous le pseudonyme de Menno Voorhot. Marié avec une espagnole, il vit principalement à Barcelone avec sa famille.

Bibliographie partielle

  • De voorbijganger (1985)
  • Red ons, Maria Montanelli (1989)
  • Wings of Fame (scénario) (1990)
  • Eindelijk oorlog (1996)
  • Geen agenda (1998) 
  • Het evangelie volgens Jodocus (1999) 
  • Eten met Emma (2000) 
  • Schrijven & drinken (2001) 
  • Dingetje , columns (2001) 
  • Alle verhalen , verhalen (2003)
  • Odessa Star (2003) 
  • Denken aan Bruce Kennedy (2005) 
  • Het diner (Le Dîner) (2009)
  • De ideale schoonzoon , columns (2010)
  • Zomerhuis met zwembad (2011) 

Résumé

Deux couples se réunissent pour un repas au restaurant. Deux frères et leurs épouses. Ils doivent discuter de leurs fils. Le récit nous présente les personnages, leurs émotions, leurs vécus et surtout leurs réactions face aux actes de leurs fils. Faux huis clos dans un restaurant.

Commentaires personnels (attention, même les émotions peuvent être annonciatrices de spoilers !)

Le roman met en scène un repas au restaurant. Deux frères, accompagnés de leurs épouses, se donnent rendez-vous dans un grand restaurant de la ville pour discuter d'une situation délicate concernant leurs fils. Petit à petit, nous découvrons les événements qui ont réunis les parents. 

L'auteur commence son texte de façon légère. Nous pourrions penser, à la limite, lire une comédie de moeurs. Puis, au fur et à mesure que les plats sont servis, les conversations légères deviennent de plus en plus tendues. Les masques tombent petit à petit et la véritable raison de leur rencontre se dessine tranquillement. Ils doivent prendre une décision difficile : comment réagir face à l'acte horrible commis par leurs fils.

Que dire de ce roman ? Le roman fut énormément lu et critiqué sur la blogosphère, par exemple sur Babelio. Il me semble que tout a été dit. Est-ce que j'ai aimé le roman ? Énormément. Est-ce que c'est un chef d'oeuvre ? Pas nécessairement. Je pourrais passer plusieurs paragraphes à énumérer les points que je considère forts et ceux que je crois faibles. La force des personnages mais le peu d'empathie que j'ai ressenti envers les principaux personnages ; la lenteur à dévoiler ce qu'on a déjà deviné mais le poids de cette révélation ; le texte simpliste mais percutant... enfin, vous voyez.

En fait, je peux surtout vous dire l'émotion que j'ai ressentie tout au long de ma lecture. J'étais tout d'abord intriguée. Puis les relations entre les 4 personnages principaux m'ont troublée. Et puis, j'ai commencé à me douter que ce que les deux jeunes garçons avaient fait était horrible. Puis j'ai su que c'était inexplicable. Et j'étais bouleversée. Plus je lisais et plus je devinais et savais, plus j'étais mal à l'aise. L'acte était répugnant, mais pendant quelques instant je me suis demandé pourquoi cela me troublait autant. Et puis...

Soudainement, je me suis dis: "ça ressemble à ce qui s'est passé, il y a quelques années à Barcelone". Une histoire horrible qui avait eu lieu en 2005 et qu'on nous avait présenté à l'infini à la télé. On en avait parlé sans arrêt. On avait analysé l'horreur sur toutes ses coutures. Jusqu'à ce qu'on ne soit plus capable d'en entendre parler. J'ai tout de suite fait quelques recherches et j'ai découvert qu'en effet, c'est cette histoire qui a inspiré l'auteur, qui, marié à une espagnole, vit à Barcelone. Je dois donc avouer que le texte m'a beaucoup touchée... La nouvelle m'avait bouleversée à l'époque et le roman de Koch m'a renversée. Et, je l'avoue, révoltée.

Et l'auteur rend bien l'horreur que j'avais ressentie à ce moment. Il offre parfois une analyse simpliste du pourquoi, mais c'est aussi ce qu'on en avait dit à l'époque. Et c'est une réponse normale. Et cet acte, la passivité des jeunes, leur manque d'émotion, leur cruauté, l'utilisation des médias sociaux, le nombrilisme, le besoin d'être vu, etc. ; tout ça m'avait dégoutée à l'époque et m'a encore dévastée lors de ma lecture. Mais ce qui me révolte le plus et que je ne suis pas capable d'accepter c'est la réaction de certains des parents (personnages du livre, pas les vrais) et la décision qu'ils prennent face aux gestes de leur enfant. Tout mon être se révolte contre ce qu'ils proposent. Je n'ai pas d'enfants, je sais, mais je ne comprends pas et je ne peux être d'accord. J'ai donc refermé le livre en colère et plusieurs mois plus tard je suis encore enragée quand j'y pense.

C'est une lecture percutante, pas sans défaut, mais qui restera longtemps dans mes souvenirs.

Extraits

"Chaque fois que j'ai assisté à une telle scène, je l'ai trouvée incroyable, incroyable et stupéfiante : voir mon frère, ce rustre maladroit, ce plouc borné qui doit manger "pas plus tard que maintenant" et ingurgite son tournedos sans joie en trois bouchées, cet abruti si prompt à s'ennuyer, dont les yeux s'égarent dès que le sujet ne le concerne pas directement ; voir ce frère qui est le mien commencer littéralement à rayonner sur une estrade et sous la lumière des projecteurs et des éclairages dans un studio de tél´vision - le voir en un mot devenir un homme politique charismatique." p. 118

"Je ne vais pas raconter ce qu'avait Claire, car c'est une affaire privée, je trouve. La maladie que l'on a ne concerne personne ; en tout cas c'est à Claire de décider si elle veut en parler, pas à moi, Je dirai simplement que sa vie n'était pas en jeu, il n'en a du moins pas été question dans un premier temps." p. 224

Sources à consulter

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15 octobre 2013

L'invitation de Pairolí

DSC_4225L'invitation / Miquel Pairolí ; traduit du catalan par Anne Charlon. --[Paris] : Éditions Autrement, [c 2011]. -- 166 p. ; 19 cm. -- ISBN 978-2-7467-1531-8. -- (Coll. Littératures - tinta blava ; créée et dirigée par Llibert Tarragó)

Quatrième de couverture

Nous sommes en 1939. Pour sauver leur fils condamné à mort par les franquistes, M. et Mme Forest sont prêts à tout. D'abord intrigués par l'invitation à dîner du commissaire Carpentier, ils décident de saisir leur chance.

Récital d'opéra, domestiques impassibles, conversations saugrenues : les Forest sont désarçonnés. Vont-ils enfin pouvoir parler de leur fils ? Sans compter cette interminable succession de mets au goût férocement épicé...

L'auteur

Miquel Pairolí i Sarrà est né en 1955 à Quart dans la province de Girona (Gérone) en Espagne. Ses parents sont des agriculteurs. Il fait ses études primaires et secondaires à Gérone. Dans les années '70, il étudie en langue et littérature hispanique (philologie hispanique) en se concentrant sur l'aspect catalan, d'abord au collège universitaire de Gérone puis à l'université autonome de Barcelone. En 1976, il commence à travailler comme journaliste et

mp1collabore à la revue Presència. Les années suivantes, il écrit dans les pages littéraires de Avui et puis dans Punt Diairi. Après son service militaire, il continue dans la voie journalistique mais donne également des cours de catalan aux adultes.

Ce n'est qu'à partir de 1987, qu'il se consacre au journalisme ainsi qu'à son oeuvre littéraire. Il écrit plusieurs romans, ainsi que des essais, des biographies, une pièce pour le théâtre et un scénario pour la télévision. Il fait également quelques traductions. Son oeuvre a été primée à quelques reprises, notamment son roman Cera.

Il décède le le 6 juillet 2011 à Salt, tout près de Girona.

Le site de l'auteur en catalan.

Bibliographie sommaire (romans)

  • El camp de l'Ombra (1995)
  • El convit (1998) (L'invitation, 2001)
  • El manuscrit de Virgili (2004)
  • Cera (2008)

Bibliographie complète sur le site de l'auteur.

Commentaires personnels

L'invitation de Miquel Pairolí est un roman qui m'a beaucoup troublé. Je l'ai lu d'un seul souffle et même si j'avais partiellement deviné la fin, j'ai tourné la dernière page en tremblant. Comment un roman si bref pouvait-il contenir tant de cruauté sans pourtant en dire beaucoup ?

L'histoire est simple en somme. L'auteur nous raconte l'histoire d'un repas. Un repas rempli d'ambiguïtés, de sous-entendus, de menaces, mais surtout de haine et mépris. Tout le roman se passe en huis clos lors de ce repas. Enfin, sauf une première scène qui nous présente l'exécution d'un prisonnier de guerre.

Nous sommes en Espagne, plus précisément en Catalogne en 1939. La Guerre Civile est officiellement terminée et Franco a gagné. La guerre fut difficile partout. Les franquistes sont au pouvoir et exercent une impitoyable répression. Les émotions sont à fleur de peau. Ceux qui ont gagné, ceux qui ont perdu. La haine, la rancune, la soif de vengeance, le désir de régler de vieux comptes. Certains ont maintenant un nouveau pouvoir qu'ils comptent bien exercer. Il leur est possible de faire payer d'anciennes humiliations, de se venger des affronts dont on ne se souvient même pas, dont on n'est même pas conscients avoir faits.

Le fils adoptif des Forest a été arrêté et emprisonné. C'est un rebelle et il est condamné à mort. Il sera exécuté. Dans un dernier effort pour le sauver, les Forest demande l'aide du nouveau commissaire de police, Carpentier. Devant leur supplication, Carpentier, étrangement, leur envoie une invitation pour un dîner chez lui. Pourquoi les inviter chez lui ? On s'interroge sur ses motivations dès le début. Il aurait pu les rencontrer à son bureau ou même rendre sa décision sans même les rencontrer... On se doute donc qu'il a ses propres motivations. Et on sent déjà la malveillance dans cette invitation.

Le texte nous présente tout d'abord la famille Carpentier. Nous les voyons attendre l'arrivée des Forest. Je ne peux que souligner le texte de Pairolí qui est tout en subtilité mais qui nous enveloppe totalement dans un brouillard malsain. Puis les Forest arrivent et le repas commence. La façon dont le repas se déroule, les propos futiles et l'arrogance du clan Carpentier, les mouvements des serviteurs, la frustation, l'espoir, le désespoir et le dégoût des Forest... tout est malaise. Un malaise qui commence doucement mais qui devient visqueux. On ne peut que voir un danger se propager, mais bizarrement, on sait que les Forest ne sont pas menacés physiquement. Ce sera pire que ça.

On devine tout de suite que Carpentier veut se venger des Forest et qu'il fera payer cher la vie de leur fils. Cette invitation est remplie de mépris. Mais le mépris appelle le mépris et cette invitation n'est pas innocente. Les invitations qui ne furent jamais faites sont aujourd'hui payées. Et le repas ne pourra jamais être digéré. Et j'en dis trop.

Les personnages principaux sont beaucoup plus complexes qu'on ne le croit. Et chaque parole, chaque action, et surtout chaque description est nécessaire et horrible. Les apparences sont parfois trompeuses, les épices cachant la vérité.

Miquel Pairolí est un artiste, il excelle à masquer l'évidence dans le banal... une chanson, une histoire, une fable, un conte. Comme tout conte, on ne peut que se questionner... a-t-on le droit de punir une injustice et un affront par autant de monstruosité... aussi subtile soit-elle.

Les mots de l'auteur sont efficaces et précis. Il y a tant de brutalité dans les phrases mais jamais de vulgarité. Dans ces quelques pages, on sent toute la rancoeur des nouveaux dirigeants, on sent le ressentiment et l'incompréhension entre les classes sociales... mais on ne peut comprendre les moyens incroyables, extrêmes et immoraux qu'on peut prendre pour se venger d'anciennes injustices. Le roman est tout en malaise et humiliation, chaque parole, chaque geste est chargé intensité.

J'ai l'impression que je ne fais que souligner l'incroyable densité et intensité du texte de Pairolí. Mais je dois aussi dire à quel point les mots de l'auteur sont précis et efficaces. On lit le texte facilement. On se laisse prendre et envelopper par son style et la lourdeur du propos ne touche jamais le texte. Le suspense reste jusqu'à la fin, même si on devine une partie de la réalité de ce repas. Et on sent que la folie n'est jamais loin.

Oh... et si ce n'est pas clair... c'est un coup de coeur total ! C'est un roman incroyablement troublant...

L'avis de Clara

Extraits

"Le rire de Carpentier se fit alors presque insultant, un rire gras, franc, qui dégénéra en une quinte de toux bronchitique. Rubèn était parfois tellement naïf ! [...] -- Ils ne savent rien ? -- Évidemment ! Qu'est-ce que tu t'imagines ? Tu sais, mon petit, cette soirée promet d'être très, très amusante. Je te recommande donc de prendre tout cela comme un jeu. Si tu le fais, tu vas passer un excellent moment, vraiment excellent." p.16-17.

"Forest hésita un instant. Il aurait voulu ériger un monument à la vérité. Dire d'une voix claire, sur un ton cynique, quelques mots bien sentis, se lever et partir. Mais ils ne pouvaient pas, dans leur situation, s'offrir ce plaisir. C'est pourquoi Forest ravala tout ce qu'il aurait voulu dire, comme il avait avalé tous ces plats qui leur avaient été servis, et il ne put que mâchonner une réponse polie, qu'il voulut stricte et brève." p. 96

À consulter

23 juillet 2013

Le goût des pépins de pomme de Katharina Hagena

Pepin1Le goût des pépins de pommes / Katharina Hagena ; traduit de l'allemand par Bernard Kreiss. -- [Paris] : Éditions Anne Carrière, 2010. -- 285 p. ; 18 cm. -- ISBN 978-2-253-15705-2. -- (Coll. Livre de poche ; 32131).

Quatrième de couverture

À la mort de Bertha, ses trois filles et sa petite-fille, Iris, la narratrice, se retrouvent dans leur mainson de famille, à Bootshaven, dans le nord de l'Allemagne, pour la lecture du testament. À sa grande surprise, Iris hérite de la maison. Bibliothécaire à Fribourg, elle n'envisage pas, dans un premier temps, de la conserver. Mais à mesure qu'elle redécouvre chaque pièce, chaque parcelle du merveilleux jardin, ses souvenirs font resurgir l'histoire émouvante et tragique de trois générations de femmes. Un grand roman sur le souvenir et l'oubli.

L'auteur

Katharina Hagena est née en 1967 à Karlsruche. Elle fit des études en littérature allemande et anglaise à Marbourg,

Fribourd-en-Brisgau et Zurich. Elle passera deux ans à Dublin pour y rédiger une thèse sur James Joyce qu'elle présente en 1995.

Elle commence à enseigner la littérature en 1995, tout d'abord au Trinity College à Dublin Pepin2puis à l'Université d'Hambourg et à celle de Lünebourg. Elle occupera ces postes jusqu'en 2002. Elle vit aujourd'hui à Hambourg avec sa famille et travaille comme pigiste. Elle publie également des romans pour adultes et pour enfants.

Site de l'auteur (en allemand)

Bibliographie sommaire

  • Der Gerschmack von Apfelkernen (Le goût des pépins de pommes) (2008)
  • Grausi schaut unter den Stein (pour enfants) (2008)
  • Albert Albatros albert (pour enfants) (2010)
  • Vom Schlafen und Verschwinden (L'envol du héron) (2012)

Commentaires personnels... (bon...disons plutôt expérience de lecture !)

Je ne sais si j'aurais lu ce livre s'il n'était pas arrivé sur mon chariot de dons à évaluer. Le titre et la couverture auraient sûrement attiré mon regard, mais comme le livre date de 2008, je ne pense pas que j'aurais croisé son chemin. Il était donc sur mon chariot de dons. Petit livre de poche pas tout neuf. Nous ne gardons que rarement les livres de poche, ils vieillissent malheureusement trop mal. Ils vont donc directement dans la vente de livres (s'ils sont encore présentables, on s'entend). 

J'ai donc pris le livre pour le mettre de côté et c'est alors qu'il a attiré mon attention. Le titre bien sûr que je trouve magnifique. Surtout que les pépins de pomme sont toxiques. Bon, il faudrait en manger beaucoup pour que cela cause des problèmes, mais le titre m'a tout de suite intrigué. La couverture est bien jolie, je lis donc le quatrième de couverture. Là, bon, c'est ok. Il ne m'attire pas particulièrement mais n'est pas non plus inintéressant. Ce n'est pas habituellement, le genre de livre qui m'intéresse. Et le fait que le personnage principal soit bibliothécaire me fait hésiter... je n'ai pas trop eu de chance avec les bibliothécaires dans la littérature. Mais le titre... le titre m'envoûte littéralement ! Alors, je décide de l'acheter et de le lire.

Disons-le tout de suite, le titre ne fut pas le seul à m'envoûter ! Et quand j'adore un livre, soit je le lis en un respire, soit je le savoure à petites doses. Et c'est ce que j'ai fait avec le roman de Katharina Hagena. J'ai mis un temps fou à lire les 285 pages. Quand je lisais plus de 20 pages à la fois, je m'obligeais à le reposer. Pour que jamais il ne se termine.

Je vous préviens tout de suite cependant... ce n'est pas un grand roman. Rien de renversant. Et les avis (fort nombreux sur Babelio et sur la blogosphère) sont partagés. Mais moi... il m'a touchée.

L'histoire ? Une vieille dame, souffrant d'Alzheimer depuis de nombreuses années, décède. Ses filles et son unique petite-fille se réunissent pour les obsèques. Et c'est Iris, la petite-fille, qui hérite de la maison familiale. Va-t-elle la garder ? Elle ne croit pas mais elle emménage quelques jours pour y réfléchir et pour se décider. Le récit se partage ensuite inégalement entre le quotidien d'Iris pour les quelques jours qui suivent et les souvenirs. Le passé prend la majeure partie du texte. Nous revivons la vie des différentes femmes qui ont laissé leurs parfums à la maison. Trois générations. Il y a bien quelques traces des hommes aussi. Mais si peu. Les souvenirs sont parfois ceux d'Iris, réels ou devinés, parfois ceux d'autres personnages. On sent bien qu'il y a une part de vérités et une part de mensonges dans ses souvenirs d'événements passés. Mais se souvenir n'est-il pas souvent travestir la réalité ? On embellit, on amplifie, on diminue. On tricote des souvenirs sur ce qu'on nous a raconté. On s'approprie les souvenirs des autres. Et on oublie la plupart des moments passés.

Il y a beaucoup de souvenirs dans ce roman. Et beaucoup de secrets. Beaucoup de larmes aussi. Et quelques rires. Beaucoup d'improbabilités aussi, surtout dans le présent, mais contrairement à certains, cela ne m'a pas dérangé. Comme les souvenirs, la mémoire altère parfois aussi le présent et c'est ainsi que j'ai lu les moments "actuels" du roman. Et les robes anciennes, les rencontres fortuites et fréquentes, les pics-nics improbables et les jardins impossibles ne m'ont pas causé de soucis dans ma lecture.

L'écriture de Hagena est douce, remplie de descriptions charmantes et souvent invraisemblables. Et les figures de style sont innombrables. Je me demande à quoi le roman ressemble en allemand. Dans cette traduction française, il m'a paru rempli de musique, de saveurs et d'odeurs. Je n'aime habituellement pas les longues descriptions et les figures de style qui se multiplient, mais ici j'ai tout simplement adoré.

Et à chaque fois que j'ai refermé le livre, je n'ai pu m'empêcher de plonger moi aussi dans mes souvenirs. Et de les voir autrement. Les magnifier, les romancer, les transformer, les diminuer... Et à les revivre et les raconter dans ma tête, ils m'ont semblés nouveaux.

(Note: Et la bibliothécaire dans tout cela ? Et bien, pour moi, c'est la seule petite contrariété du roman... quand lirais-je une description réaliste d'un bibliothécaire ? Je ne l'espère plus vraiment !)

Extraits

"Tante Anna est morte à seize ans d'une pneumonie qui n'a pas guéri parce que la malade avait le coeur brisé et qu'on ne connaissait pas encore la pénicilline." p. 9

"Bertha commençait par croquer rapidement un large anneau autour du ventre de la pomme, puis elle grignotait prudemment le bas autour de la fleur, ensuite le haut entourant le pédoncule, quant au coeur, elle le jetait au loin par-desus son épaule. Anna mangeait lentement et consciencieuement, de bas en ahut - tout. Les pépins, elle les mâchonnait durant des heures. Lorsque Bertha lui disait  que les pépins étaient empoisonnés, Anna répliquait qu'ils avaient un goût de massepain. Elle ne recrachait que la queue. C'est Bertha qui m'a raconté cela un jour en constatant que je mangeais les pommes exactement comme elle." p.71

"Les billets se sont multipliés. Lorsque nous étions à Bootshaven, il en voltigeait de toutes parts. Comme il y avait toujours du courant d'air, les papiers flottaient lentement à travers la cuisine comme les grandes feuilles des tilleuls en automne, dehors, dans la cour." p.161

À consulter

 

3 avril 2013

Stigmates et BBQ de Dompierre

dompStigmates et BBQ : roman / Stépane Dompierre. -- [Montréal] : Québec Amérique, [c2011]. -- 249 p. : 22 cm. -- ISBN 978-2-7644-1296-1. -- (Coll. Littérature d'Amérique / dirigée par Isabelle Longpré, no 91)

Quatrième de couverture

En participant au concours proposé sur l'emballage de sa marque favorite de pain blanc, Nathalie souhaitait gagner le troisième prix, un magnifique barbecue à gaz de marque Major Flam en acier inoxidable avec grilloir en fonte émaillée, thermomètre intégré, bouton-pressoir d'allumage électronique, deux tablettes latérales en bois et housse de protection. Mais non, avec sa malchance habituelle, il avait fallu qu'elle gagne l'Italie.

Les préférences de Nathalie Duguay ont toujours été du côté de la routine rassurante et de l'anonymat. La visite d'une chapelle à Sienne lui fera perdre tout ça rapidement. La vie, plus forte que la force d'inertie, la fera sortir de sa zone de confort à grands coups de pied de cul.

Croyez-vous aux miracles ?

Dans son quatrième roman, Stéphane Dompierre nous emmène pour dix jours à Sienne, ou l'amitié et les liens mystérieux qui unissent les humains sont au centre d'un voyage initiatique nouveau genre. Et ce, toujours avec cette plume qui le caractérise, entre humour, cynisme, irrévérence et petits blasphèmes.

L'auteurBBQ1

Stéphane Dompierre est né en 1970 à Montréal. Il étudie en musique et joue avec plusieurs groupes, mais il commence rapidement à écrire. Il écrit son premier roman, Un petit pas pour l'homme, en 2004. La même année, il reçoit le Grand Prix de la relève littéraire Archambault.

Il écrit des nouvelles et plusieurs articles, notamment une chronique hebdomadaire sur le portail de Yahoo! Québec et dans le magazine Elle Québec. Il est également scénariste pour la télévision et le cinéma et est très actif sur la scène littéraire québécoise.

Bibliographie

  • Un petit pas pour l'homme (2004)
  • Mal élevé (2007)
  • Jeunauteur T.1 (BD avec Pascal Girard) (2008)
  • Morlante (2009)
  • Jeunauteur T.2 (BD avec Pascal Girard) (2010)
  • Stigmates et BBQ (2011)
  • Amour et libertinage (collectif) (2011)
  • Corax (2012)
  • Dictionnaire de la révolte étudiante (collectif) (2012)
  • Fâché noir (2013)

Blog de l'auteur, sa chronique Faché noir (sur Yahoo! Québec) et son site,

Commentaires personnels

Il arrive qu'un quatrième de couverture nous donne envie et qu'une couverture nous fasse sourire. On prend alors le livre et on commence sa lecture avec impatience. Et puis, après la dernière page, on referme le livre tristement. A-t-on apprécié notre lecture? Oui. A-t-on aimé ? Pas vraiment. A-t-on détesté ? Pas vraiment. Alors ? Et bien, ni chaud, ni froid. Quelques bons passages, plusieurs roulements des yeux. Au final, une histoire pleine de promesses, des moments intéressants, des moments inutiles et une fin décevante.

Une femme ordinaire, routinière et banale, à la limite de l'insignifiance, participe à un concours dans l'espoir de gagner un barbecue à gaz. Le genre de rêve que l'on trouve banal mais qui satisfait pleinement Nathalie Duguay. Elle fait même une petite prière dans l'espoir de gagner. Et elle gagne. Mais elle gagne le voyage à Sienne en Toscane en Italie. Pour la plupart du monde, c'est un voyage de rêve, pour Nathalie c'est une catastrophe. Malgré tout, elle décide de faire ce voyage.

Le voyage commence pour Nathalie et elle est obligée de sortir de ses habitudes. Elle semble s'adapter petit à petit à sa vie de voyageuse. Elle fait des rencontres, dont une jeune italienne, Laura, qui deviendra son amie et qui la poussera en dehors de sa zone de confort.  Mais voilà que dans une église, elle est témoin d'un miracle. Enfin, elle n'en est pas certaine. Elle doute. Elle ne peut cependant douter trop longtemps, d'autres phénomènes étranges vont bientôt survenir, allant même jusqu'aux guérisons miraculeuses. Toute la ville de Sienne est bientôt au courant et on la réclame partout. Elle est une vedette spirituelle et elle n'a pas le choix d'y croire. Enfin, elle n'en est pas du tout certaine. À travers ces interrogations religieuses, elle n'oublie pas d'explorer son amitié avec Laura ainsi que sa sexualité.

Les critiques - et il me semble que Dompierre lui-même - ont qualifié le roman d'un pastiche trash de Mange, Prie, Aime. Peut-être. Disons que selon moi, c'est un peu allé chercher loin une comparaison pour attirer un lectorat potentiel. Lequel ? Je ne sais trop.

J'ai bien aimé le prémisse de l'histoire et le personnage principal. Et j'aimais bien l'idée du miracle qui fait d'une femme ordinaire qui ne veut pas d'histoire, la vedette d'un comédie-dramatique religieuse. Mais voilà. Dompierre ne va pas au bout de cette idée. Et la fin est un tantinet décevante. J'aurais préféré qu'il n'explique rien, qu'il laisse planer le doute.

Et je déplore la quantité innombrable de scènes inutiles, généralement sexuelles. Honnêtement, je ne vois pas ce que la plupart de ces scènes viennent faire dans l'histoire. Elles n'apportent en général absolument rien, sauf quelques rares scènes concernant le personnage principal. Je ne sais pas si c'est juste moi, mais il me semble avoir lu nombres de romans québécois ces dernières années qui semblent avoir besoin de mettre des scènes inutilement crus, voire vulgaires. Comme si cela démontrait une ouverture d'esprit ou que l'auteur osait briser certaines limites. Pour moi, ça démontre surtout un manque d'imagination et une volonté enfantine de briser de prétendus tabous. Comme si on ne pouvait pas être original ou se démarquer qu'en étant volontairement vulgaire ou en utilisant des mots crus. Ça fait terriblement pipi, caca, vagin, queue et je trouve ça lassant. Et contrairement à d'autres, je ne trouve pas cela irrévérencieux, cynique ou audacieux. Enfin... (oh la la les résultats de recherche que je vais avoir avec ce dernier paragraphe!).

Le style d'écriture de Dompierre est en général simple et très minimaliste. Dompierre a une plume directe et écrit le quotidien même si parfois le quotidien est chamboulé par le miraculeux. Pas de description, il dit lui-même que le lecteur a déjà en tête les lieux où se situent ces romans, il ne les décrit donc pas. Il préfère parler des petits détails amusants ou différents. À prime abord, j'aime cette façon de faire. Je n'ai jamais aimé les trop longues descriptions. Mais j'avoue que parfois quelques petites descriptions auraient pu être agréables. Et c'est aussi généraliser et assumer que tous les lecteurs vont avoir en tête les mêmes choses. Cela peut en perdre plus d'un.

Donc, j'ai apprécié le texte de Dompierre tout en étant déçue. Et au final, je n'ai pas vraiment envie de découvrir d'autres texte de l'auteur. Ce que je trouve triste.

L'avis de Rachel Graveline, Jason Lepage, Prosperyne, Benoit Bourdeau, Kay, Nancy.

ExtraitJaime_la_plumeQ

"Très peu excitante, jusqu'à maintenant, la vie d'adulte de Nathalie. De petits gestes banals, dans le respectdes lois et des pressions sociales, rien qui ne la distingue des autres, mais il ne faudrait tout de même pas minimiser ce qui au fond constitue l'essence de sa personne. Elle rince ses boîtes de conserve avant de les mettre dans son bac de recyclage, traverse les intersections au feu vert, lave ses vêtements à l'eau froide, tâte et hume les cantaloups pour mieux les choisir, époussette son dieffenbachai, cuit ses pâtes al dente, utilise régulièrement la soir dentaire, achète des soutiens-gorge de la bonne taille, laisse sécher sa vaiselle dans l'égouttoir, écoute parfois la radio, à faible volume, pour meubler, retirer le germe des gousses d'ail avant de s'en servir, remplace les piles des détecteurs d'incendie chaque fois qu'on avance ou qu'on recule l'heure, plie les genoux pour soulever des objets lourds, baillse le chauffage avant d'aller dormir, congèle ses restes de sauces à spaghetti, glisse des semelles coussinées anti-odeur dans ses chaussures, s'épile le publis en n'y laissant qu'une mince ligne de poils, [...] ne croit à pas à l'homéopathie, se lave les mains souvent, éteint toutes les lumièeres le soir de l'Halloween et tant d'autres choses encore.

Les biographies de Nathalie, et Dieu sait qu'il y en aura, s'attarderont très peu sur cette vie d'avant son arrivéee en Italie. Avec raison. Les gens n'aiment pas qu'on leur raconte des vies ordinaires. Se rendre compte que c'est dans la banalité qu'on se ressemble le plus, ça crée un malaise. On préfère s'identifier aux gens d'exception. Avec Nathalie, on sera bientôt servi." p. 21 à 23

Sources à consulter

 

25 mars 2013

Le chuchoteur de Donato Carrisi

DC2AsLe chuchoteur / Donato Carrisi, traduit de l'italien par Anaîs Bokobza. -- [Paris] : Calmann-Lévy, 2011. --574 p. ; 18 cm. -- ISBN 978-2-253-15720-5. -- (Coll. Livre de poche : thriller ; 32245)

Quatrième de couverture

Cinq petites filles ont disparu. Cinq petites fosses ont été creusées dans la clairière. Au fond de chacune, un petit bras, le gauche. Depuis le début de l'enquête, le criminologue Goran Gavila et son équipe ont l'impression d'être manipulés. Chaque découverte macabre les oriente vers un assassin différent. Lorsqu'ils découvrent un sixième bras, appartenant à une victime inconnue, ils appellent en renfort Mila Vasquez, experte en affaires d'enlèvement. Dans le huis clos d'un appartement, Gavila et ses agents vont s'échafauder une théorie à laquelle nul ne veut croire... Un époustouflant thriller littéraire inspiré de faits réels.

L'auteur

Donato Carrisi est né en 1973 à Martina Franca en Italie. Il étudie d'abord en droit puis en criminologie et en sciences du comportement. Sa thèse portera sur un tueur en série italien, Luigi Chiatti, surnommé le "Monstre de Foligno". Puis il délaisse le droit et dès 1999, il commence à écrire des scénarios pour la télévision et le cinéma.  Son premier roman, Le Chuchoteur, a gagné de nombreux prix dont le prix Camaiore, le prix Bancarella, le prix SNCF du polar européen et le prix des lecteurs du Livre de poche et plusieurs autres. Il vit présentement à Rome.

Bibliographie

  • Il suggeritore (2009) (Le Chuchoteur, 2010)
  • Il tribunale delle anime (2011) (Le Tribunal des âmes, 2012)

Filmographie

  • Casa famiglia (série, 2001)
  • Casa famiglia 2 (série, 2003)
  • Era mio fratello (film pour la télévision, 2007)
  • Nassiryia – Per non dimenticare (film pour la télévision, 2007)
  • Squadra antimafia – Palermo oggi  (série, 2009)
  • Moana (télévision, 2009)

Site web de l'auteur en français et en italien.

Commentaires [très] personnels

Comment commenter sans trop en dire. Je vais y aller de mon expérience de lecture tout simplement, puisque j'ai déjà teinté mon commentaire avec mes précédents billets... Donc... depuis des mois - disons honnêtement des années - je n'ai pas eu de coup de coeur pour une lecture... et encore moins pour un roman policier. Le problème, d'après moi, c'est sur-lecture. J'ai tant lu de romans policiers qu'il me semble maintenant toujours être déçu par ma lecture. J'ai peut-être trop d'attentes... probablement. Mais il demeure que cela fait une éternité que je n'ai pas été emballé par une lecture d'un roman policier. Jusqu'au roman de Donato Carrisi.

Le quatrième de couverture n'est pas un très bon résumé du roman, selon moi. Oui, nous avons bien comme prémisse la découverte des 6 bras de fillettes. Mais beaucoup de gens ont tout de suite assumé que l'histoire se dirigerait vers l'enlèvement de petites filles et obligatoirement vers la pédophilie. Et bien qu'un des cas est bien relié à la pédophilie, le reste du roman en est bien loin.

Le roman commence de façon classique. Des fillettes disparues, leur bras gauche découvert dans des fosses, des policiers enquêtent. Mais voilà, qu'un sixième bras est trouvé appartenant à une fillette inconnue. Qui est-elle ? Parmi les enquêteurs, un criminologue réputé, le Dr. Goran Gavila. Ce dernier participe activement aux enquêtes de la police. Mais ce cas est différent, il implique des enlèvements en série d'enfants. Ils vont donc faire appel, à une enquêtrice spécialisée dans les enlèvement, surtout le rapt d'enfants.

Le roman suit donc l'enquête de cette équipe composée également de quelques policiers. Le texte principal suit en grande partie la perspective de l'enquêtrice Mila Vasquez. Mais il est cependant entrecoupé de rapports d'un directeur de prison sur un mystérieux prisonnier qui doit être relâché sous peu [avec une police de caractère plus petite] et des réflexions d'une petite fille manifestement prisonnière [texte en italique]. Ces deux disgressions vont s'avérer très importantes.

J'ai rarement été aussi prise par une lecture. Contrairement à certains avis, je n'ai pas eu de la difficulté à me plonger dans le roman... une fois passée le premier chapitre, ceci dit. Comme je l'ai déjà dit, j'ai commencé ma lecture et j'ai corné la page à la fin du premier chapitre. Sans avoir été accroché, sans plus y penser. J'ai repris la lecture plusieurs jours plus tard. Mais là, je ne l'ai plus cessée. Deux jours plus tard, j'avais terminé le roman avec un sentiment enivrant d'une lecture trépignante et un sentiment de vide laissé par la dernière page tournée.

Je dois avouer que le roman est très "visuel". Je verrais sans peine un film de ce roman, ou même une série télé. Cela pourra peut-être déplaire à certains lecteurs. L'auteur écrit des scénarios et cela transpire dans son roman. Nous sommes très loin des romans policiers à la "agatha christie". Et c'est tant mieux. [Ne vous trompez pas je suis une amoureuse folle des romans d'Agatha!!!]. Le suspense monte petit à petit et les rebondissements sont multiples. J'avoue que j'ai été bluffé par certains revirements. Mais en repensant à ma lecture, je m'aperçois que certaines choses auraient pu être devinées. Mais ma lecture était si intense et rapide que je n'ai rien vu. Et j'en suis bien contente. Sinon, je n'aurais pu me dire "wow, je ne l'avais pas vu venir, celle-là" et cela aurait été dommage.

Les personnages sont légèrement caricaturaux et ils sont développés un peu comme dans certains films ou séries du genre. Mais les croire superficiels est faux. L'auteur réussit à créer des personnages humains avec nombres de défauts mais pas trop et plusieurs qualité, mais pas à l'excès. Les relations entre les personnages se développent tranquillement et, selon moi, de façon assez réaliste. Je ne supporte habituellement pas les relations "vaguement amoureuses" entre les principaux protagonistes, mais ici, la relation entre Mila et Goran se déroule doucement et réserve beaucoup de surprises. Elle est essentielle aux personnages et le dénouement m'a prise par surprise (même si je sais que beaucoup de lecteurs l'avaient deviné... je répète, j'ai lu tout d'un trait ;-) ).

Le roman m'a beaucoup fait pensé a certaines séries policières que j'aime beaucoup: Criminal Minds, CSI, etc. Le texte est centré sur une enquête policière, c'est  le focus principal. Mais on se penche parfois un peu sur les personnages, leurs vies, leur personnalité, les rapports entre eux... et chaque épisode amène un élément nouveau au personnage. On s'attache tranquillement à eux, même ceux qui sont d'abord déplaisants. Des liens se dessinent au fil de la saison,  mais le coeur du texte demeure l'enquête. C'est la même chose ici. L'enquête est au centre du roman, mais chaque chapitre nous fait connaître un peu plus les personnages et les raisons qui les font agir ainsi. Parfois, c'est un peu cliché, mais cela s'intègre tout de même bien au texte.

Je dois quand même dire que certains passages m'ont achalée et m'ont semblé "faciles" : on piétine ? faisons appel à un personnage sans rapport qui va faire débloquer un peu l'histoire ; on est dans une impasse ? quel heureux hasard, on trouve miraculeusement cet indice venu de nulle part. Mais c'est minime dans l'ensemble. Et on sent que l'auteur maîtrise bien son sujet. Il a étudié en droit et en science du comportement après tout. Et il dit s'être inspiré de cas réels (brrr, cela donne des frissons !).

Maintenant qu'en est-il de l'intrigue ? Il est difficile de la raconter sans trop en révéler. Disons simplement que les corps des cinq fillettes seront retrouvés un à un, amenant une enquête distincte à chaque fois. Et la fillette du 6e bras ? Je ne peux le dire ! Et le tueur ? C'est un psychopathe, oui... et il chuchotte. Voilà. Vous savez tout. 

En conclusion... j'ai adoré ma lecture ! L'aimerez-vous ? Peut-être... peut-être pas... Pour moi, ce fut une lecture passionnate survenue juste au bon moment.

Lire aussi : Je chuchotte un coup de mon coeur

Extraits

"Pas de compassion. Il ne nous y a pas autorisés. Il ne nous a laissé que la peur. On ne peut pas avoir pitié pour ces petites victimes. Il veut seulement nous faire savoir qu'elles sont mortes... Vous trouvez que cela a un sens ? Des milliers d'oiseaux dans le noir, contraints à crier autour d'une lumière improbable. Nous ne pouvons pas les voir, mais eux, ils nous observent - des milliers d'oiseaux. Que sont-ils ? C'est simple. Mais c'est aussi très illusoire. Et il faut se méfier des illusionnstes : parfois, le mal nous trompe en revêtant la forme la plus simple des choses." p. 16

"[...], Goran avait accroché dans sa salle de cours la photo en noir et blanc d'un enfant. Un petit d'homme dodu et sans défense. Ses étudiants la voyaient tous les jours et finissaient par se prendre d'affection pour cette image. Quand - plus ou moins au milieu du semestre - quelqu'un avait le courage de lui demander de qui il s'agissait, il les mettait au défi de deviner. Les réponses étaient variées et pleines de fantaisie. Et il s'amusait de leurs expressions quand il leur révélait que cet enfant était Adolf Hitler. Après la guerre, le chef nazi était devenu un monstre dans l'imaginaire collectif, et pendant des années les nations qui étaient sorties victorieuses du conflit s'étaient opposées à toute autre vision. Ainsi, personne ne connaissait les photos de l'enfance du Führer. Un monstre ne pouvait pas avoir été un enfant, il ne pouvait pas avoir ressenti autre chose que de la haine, avoir vécu une existence similaire à tant d'autres enfants de son âge, qui étaient par la suite devenus ses victimes." p.32

"Les yeux vifs, les cheveux emmêlés, une dent de devant qui manquait, une tache de gras bien visible sur son pull vert, arborée comme une médaille. Billy Moore reposait pour toujours sur cette photo et dans le petit cimetière à côté de l'église de l'institut. Il n'était pas le seul enfant à y être enterré, mais sa tombe était la plus belle. Un ange de pierre déployait ses ailes en un geste protecteur." p. 228

Sources à consulter

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9 mars 2013

Je chuchotte un coup de mon coeur

C'est tout bizarre... Une belle coïncidence ! Mais certains diraient qu'il n'y a pas de coïncidence et que ceci est la cause de cela. Et c'est bien évident. C'est normal et y avoir pensé, j'aurais fait cet article sur mon crime littéraire sans coeur bien avant. DC2Bs

Car forcément, trois jours après avoir rédigé l'article en question, j'ai eu un coup de coeur renversant.

Un livre que j'ai refermé en disant "Wow"... ce que je ne fais plus depuis longtemps. Et surtout pour ce genre littéraire.

Car mon vide de coups de coeur est - ou était - compartimenté. Et deux genres étaient particulièrement touchés: les romans policiers et les romans fantastiques. Des pincements de coeur j'en avais presque eus dans d'autres genres... mais pas pour ces deux-là. Et surtout, cela faisait encore plus longtemps que je n'en avais pas eus. Des années et des années... sans avoir pu fermer un roman policier ou un roman fantastique et m'être dit : "Wow, quel roman incroyable". Cela faisait une éternité que je n'avais pas été captivé par l'intrigue d'un roman policier ou inquiété par un roman fantastique.

Mais voilà... c'est arrivé hier ! J'en avais des frissons. Je vous jure. Vous avez peut-être lu le livre et vous êtes surpris. Ou vous lirez le livre et vous ne comprendrez pas. Ça arrive. On ne peut pas avoir tous les mêmes coups de coeur.

Mais je vous le jure quand j'ai lu la dernière page de ce roman, je n'en revenais pas. Non seulement, je l'avais lu en 2 jours, mais je voulais continuer. Je voulais d'autres pages. Et je souhaitais retourner en arrière pour qu'il me reste encore des pages à lire.

Et ce fut une surprise totale. Car j'ai commencé ce livre, il y a deux semaines. J'ai lu les 18 premières pages et je me suis couchée. Je le sais car je n'avais même pas pris la peine de mettre un marque-page, je l'avais cornée cette page, ce qui veut dire que le roman ne m'apparaissait pas comme un roman à conserver précieusement. Conserver ? Probablement. Avec soin ? Non. C'était ok, mais rien qui ne me semblait renversant. Et puis les jours suivants, j'ai lu autre chose.

Avant hier, j'avais besoin d'un petit livre pour mon trajet de train. C'est-à-dire d'un format poche. Il ne me restait que quelques minutes avant de partir alors j'ai pris le livre le plus près et qui était du format adéquat. Celui-ci. Le trajet de train fut trop court. Toute la journée, j'ai pensé au livre et j'avais hâte au trajet du retour. Le soir... j'avais pleins de projets. Que j'ai mis de côté pour lire. Jusqu'à 2h00 du matin. Le lendemain... je n'ai pu que lire et quand j'ai reposé le livre, j'en voulais encore. Trop court, ce livre de 568 pages.

Je prépare mon article parce que pour une fois, je veux le faire tout de suite (oui, j'écris rarement un texte après avoir lu le livre... bon, jamais !) et essayer de transmettre ce qui m'a fait "coup de coeurer" ce roman policier. Parce que ce n'est pas nécessairement le style, l'histoire ou ... bon... je rédige et je vous reviens.

Mais j'annonce officiellement que je vais enfin mettre un "vrai" coup de coeur "récent" sur la table des "Coups de coeur" demain !

(PS - Bon, je regarde mon montage, de la couverture avec le "coup de coeur" et c'est weird... mais je laisse... mais weird...)


Lire aussi: Le chuchoteur de Donato Carrisi

5 mars 2013

Un crime littéraire : sans coeur

L'amour, toujours l'amour. Je me souviens de livres qui ont conquis mon coeur. De livres que j'ai aimés passionnément. De livres qui m'ont renversée. De coups de foudre fulgurants et irrésistibles. Et des livres qui ont charmé mon coeur au fil des pages. Petit à petit, mais pour toujours. J'ai aussi connu des livres qui ont volé mon coeur et qui ne me l'ont jamais rendu. Ils ont gardé une parcelle de ma vie et mon coeur tremble quand je me rappelle ma lecture et leurs mots.

Mais aujourd'hui, j'ai l'impression de ne plus avoir de coeur. Je lis un livre et j'aime ou je n'aime pas. Mais c'est tout. Elle me semble si loin, la dernière fois où j'ai fermé un livre, lu sa dernière page et soupiré d'amour fou. Je ferme le livre et je me dis que c'était bien, très bien, bon, très bon... Est-ce que CCCLj'ai aimé le livre ? Sûrement. Est-ce que j'ai adoré ? Parfois. Vais-je en garder un souvenir impérissable ? Est-ce que je l'ai aimé d'amour fou ? Probablement pas.

Mais est-ce que je peux encore m'enflammer pour une lecture ? Peut-être que non. Est-ce que d'avoir si lu, j'ai perdu la capacité de m'émerveiller  ?

Est-ce qu'un livre peut encore me transporter, me transformer ? Je ne sais plus. Et je suis triste. Je m'ennuie du temps où je m'installais confortablement dans un fauteil et me perdais toute entière dans un livre, oubliant les heures qui s'écoulaient trop rapidement. Je me souviens avec nostalgie du temps où je combattais la fatigue pour poursuivre ma lecture, les yeux lourds et picotant. Mais est-ce si important ? Est-ce nécessaire de vivre la passion littéraire ? Je ne sais plus.

Mais ne plus vivre follement une lecture n'est pas un crime. À peine un petit délit de coeur. Là où se trouve mon crime littéraire est dans mes mensonges honteux, dans les faux coups de coeur que je place sur notre table "coups de coeur du personnel" à la bibliothèque. Oh, j'ai bien choisi mes premiers livres dans mes amours d'antan. Mes vieux amants ont eu leur place sur la table. Mes amours sincères n'étant évidemment pas tous présents dans nos collections, j'ai rapidement présenté tous mes coups de coeur. Et maintenant... et bien, mes livres sur la table ne sont pas vraiment un coup de coeur... à peine un pincement. Ce sont des livres que j'ai bien aimé, oui. Des livres que j'ai aimé d'amour fou, non. Des livres que je recommande aux autres, oui. Des livres qui ont volé mon coeur, non. Des livres que j'ai lu avec plaisir, oui. Des livres qui m'ont tenue réveillé toute la nuit car je ne pouvais poser le livre avant de le terminer, non. Des livres qui m'ont distrait agréablement, oui. Des livres qui m'ont trotté dans la tête des heures et des jours après les avoir refermés sur la dernière pas, non. Et donc, je suis coupable de mentir et de m'inventer des lectures amoureuses.

Mais où sont donc passés mes coups de coeur ?

5 février 2013

Le brunissement des baleines blanches de Boucar Diouf

 Balenine2Le brunissement des baleines blanches / Boucar Diouf. -- [Montréal] : Le Intouchables, [c2011]. -- 127 p. : ill ; 23 cm. -- ISBN 978-2-89549-422-5

Quatrième de couverture

Globi, une femelle bélouga qui souhaite sauver sa famille de la pollution du Saint-Laurent, décide de quitter le grand fleuve pour rejoindre les mers du sud. Mais, pendant son escapade, incapable de garder le cap, elle échoue sur une plage de la Nouvelle-Angleterre. Secourue par des biologistes, elle se retrouve quelques jours plus tard nageant dans un aquarium avec un vieux phoque retraité du cirque, nommé Jo Groenland. Le phoque, qui a toujours rêvé de retourner vivre dans la nature, lui propose un stratagème qui leur permettra de prendre le large. Cette mise en scène digne des plus grands spectacles leur redonnera la liberté ! De retour dans l'estuaire, l'artiste réalisera cependant que la vie d'un phoque libre n'est pas aussi simple qu'il l'imaginait.

L'auteur

Boucar Diouf est né au Sénégal en 1965 (certaines sources donnent 1966). Il a étudié à l'Université Cheikh-Anta-Diop de Balenine1Dakar où il a fait une maîtrise et une attestation d'études approfondies à la faculté des sciences. En 1991, il reçoit une bourse pour venir faire des études en océanographie à l'Université du Québec à Rimouski. Il obtient son doctorat en 1998. Après son doctorat, il décide de rester au Québec. Dans ses propres mots: "Finalement, j’ai décidé de faire ma thèse de doctorat sur les adaptations au froid chez les poissons. C'est après avoir soutenu ma thèse, cinq ans plus tard, que je me suis posé la question fatale : « Qu'est-ce que tu vas faire avec une telle spécialisation au Sénégal où il fait quarante degrés à l'ombre ? »"

Il est tout d'abord chargé de cours à l'Université du Québec à Rimouski, où il enseigne la physiologie animale et la biochimie. Rapidement, cependant, ses talents d'humoriste sont remarqués. Il consacre de plus en plus de temps à l'humour. Il participe à divers concours et prépare de nombreux numéros. En 2005, il remporte le Prix de la révélation au festival du Grand Rire de Québec. Sa carrière d'humoriste est lancée. Il monte plusieurs spectacles et se taille rapidement une place sur la scène québécoise. Il devient également un chroniquer et animateur pour plusieurs émissions de télévision dont la très populaire émission Des kiwis et des hommes.

Il vit aujourd'hui dans la ville de Québec avec sa famille. Il poursuit sa carrière d'humoriste, animateur, écrivain. Il continue également de s'impliquer socialement pour l'intégration des communautés culturelles. Il visite régulièrement les écoles et bibliothèques et est invité à différents congrès. Il a reçu de nombreux prix et distictions dont le prix Jacques-Couture pour la promotion du rapprochement interculturel en 2006. Il n'oublie pas la science et continue de s'impliquer dans le monde de l'enseignement et de l'océanographie. Depuis janvier 2013, il anime une nouvelle émission Océania sur la mer, les animaux qui la peuplent et les gens qui vivent par et pour la mer.

Bibliographie partielle

  • Mystérieuse de Kaloua (2005)
  • Sous l'arbre à palabres, mon grand-père disait... (2007)
  • La commission Boucar pour un raccommodement raisonnable (2008)
  • Le brunissement des baleines blanches (2011)

Site web de l'auteur

Commentaires personnels

Quel magnifique conte ! Et un conte éducatif, en plus. On peut sans hésitation qualifier son texte de "mélange entre la poésie et la science" comme le fait Alexandre Shields dans son article du Devoir (Le Devoir, 9 mai 2011).

belugaL'auteur aime le fleuve Saint-Laurent. Mais très pollué, celui-ci se porte plus ou moins bien. Pour sensibiliser les gens aux problèmes environnementaux du fleuve, l'océanographe a choisi de mettre au centre de son texte, la baleine blanche du St-Laurent, le béluga.

Selon l'auteur, le béluga est véritablement le symbole du fleuve Saint-Laurent et de ses problèmes. Le béluga est un cétacé qui vit dans les eaux arctiques et subarctiques. Sauf pour une population isolée vivant dans le Saint-Laurent et dans le fjord du Saguenay. On estime que cette population y vit depuis environ 7000 ans. Elle est estimée aujourd'hui à environ 1000 individus. On a longtemps accusé le béluga de détruire les populations de saumon et morue et il fut victime d'une chasse sauvage. Aujourd'hui, c'est la pollution qui menace le cétacé. Les bélugas du Saint-Laurent demeurent à l'année dans le fleuve, ils sont donc particulièrement affectés par la pollution et on note de nombreux cas de cancers.

Boucar Diouf a mis près de huit ans pour écrire son texte. L'idée lui vient alors qu'il est guide pour les enfants à l'école de la mer sur la Côte-Nord. Il aime vulgariser la science pour les enfants et veut les amener à aimer la mer et à la comprendre. Et surtout les sensibiliser aux liens entre l'homme et l'environnement. Il veut alors écrire un conte sur la mer.

"Le brunissement des baleines blanches" nous raconte donc l'histoire d'une jeune femelle béluga, Globi, qui veut sauver sa famille d'une maladie qui menace son espèce. Malgré les dangers, elle quitte son environnement (l'estuaire du Saint-Laurent) et part à l'aventure pour trouver un milieu plus sain. Elle se retrouve cependant dans un aquarium sur la côte américaine. Elle y fait la connaissance d'autres résidents de la mer, dont un phoque du Groenland. Mais Globi doit sauver sa famille et avec l'aide de ses nouveaux amis, elle réussit à s'échapper. Ensemble, ils repartent pour le fleuve Saint-Laurent.

Le conte, par définition, doit distraire et instruire. Et le conte de Diouf suit exactement cette ligne directrice. Son principal défi était de rendre la science qu'il voulait diffuser, poétique. Et je crois qu'il a assez bien réussi. L'aspect philosophie et l'aspect morale, que l'on retrouve aussi souvent dans les contes, sont également présent.

C'est une belle histoire que l'on lit avec plaisir. J'ai beaucoup appris en lisant le conte de Boucar Diouf et j'ai voulu en apprendre plus. Mais il est vraiment important de savoir, quand on ouvre le livre, que c'est un conte jeunesse. Car je dois avouer que dans notre bibliothèque, il était classé avec les livres adultes. Et au début de ma lecture, j'ai eu de la difficulté avec le texte. J'étais un peu surprise, je trouvais les phrases légèrement "enfantines et simples". Et je trouvais l'aspect "vulgarisation scientifique" un peu trop évident. Comme le but est de donner des informations tout en divertissant, le texte devient parfois didactique. J'ai même fait une pause dans ma lecture pour faire quelques recherches sur cette oeuvre de Diouf pour rapidement m'apercevoir que son public cible était les jeunes. Ma lecture a pu ensuite se poursuivre avec plaisir.

Les mots sont doux, le conte puissant et triste. Les personnages sont attachants et les problèmes décrits sont malheureusement trop réels. Et j'espère bien que l'auteur reprendra, comme il le dit, son personnage de Jo Groenland, le phoque philosophe. C'est un superbe personnage, haut en couleurs, sage et drôle.

Une fois ma lecture terminée, j'ai cependant tout de suite fait reclassé le livre dans la section jeunesse. Les adultes peuvent bien entendu se perdre dans le beau texte de Boucar Diouf, mais il reste un conte pour enfants.  Et il doit être abordé comme tel, sinon, la lecture peut être déroutante. Car le livre est finalement: " "C'est une belle et poétique histoire pour enfants, mais elle me semble invraisemblable.[...]" "Tu ne comprends pas. Ce qui est important dans cette histoire, c'est la morale de la fin. Dans un conte, on peut prendre un légume et en faire un super-héros, pour autant que ses actions contribuent à améliorer la société dans laquelle on vit." ". p.103

ExtraitsJaime_la_plumeQ

"Je suis Jo Groenland dit "le Voyageur". Je me suis produit sous tous les chapiteaux de la planète. J'ai dansé et fait tourner des ballons sur les musiques endiablées des Beatles et d'Elvis Presley. J'ai fraternisé avec des éléphants d'Afrique, des tigres du Bengale, des caïmans de l'Onénoque. Bref, je suis la fierté de tous les pinnèedes de la Terre". p. 36

" "Je me demande, fit le Cajun, si Beethoven ou Mozart savaient qu'un jour leur musique serait écoutée par les morues..." "Je suis certain, cracha Joe Groenland, que s'ils l'avaient su, ils n'auraient pas créé une si belle musique [...]"." p. 72

Sources à consulter

27 janvier 2013

Moment captif du dimanche : cacher ce livre

DSC_5345 copy"Le livre n'est pas. La lecture le crée, à travers des mots créés, comme le monde est lecture recommencée du monde par l'homme" [Edmond Jabès]

"Mini-Brum ! Je ne peux pas lire, si je n'ai pas de livre !!! Je sais bien qu'il est tout douillet ce livre, mais on va commencer à croire que je ne lis plus, si tu ne me laisse pas finir ma lecture." " Allez, sois gentil et redonne-moi mon livre"

Mais comment voulez-vous que j'aie le courage de troubler son sommeil ! Il rêve sûrement à tous ces mots qui refont le monde dans les pages qu'il garde précieusement.

Mais tout de même... il m'empêche de finir ma lecture. Et avec tout ces retards, on va penser que je ne lis pas... alors que je n'ai jamais autant lu ! Je lis sans arrêt... pendant mes trajets d'autobus, pendant mon heure de lunch... le soir, la nuit, la fin de semaine...

Je suis envahie de livres. Mes livres de toujours, les livres que j'achète sans arrêt, les livres que j'emprunte... Je lis tellement que je n'ai plus le temps pour rien d'autres. C'est boulot, souper et lecture. Je vous jure. Je n'ai même pas le temps d'écrire.

"Mais enfin, Mini-Brum, ça suffit comme ça ! Redonne-moi mon livre immédiatement... et n'essaie pas de m'amadouer avec tes ronronnements... ça ne marche plus avec moi... bon, bon... encore quelques minutes, mais après tu me rends mon livre !"

"Les chats ont de la veine : l'obscurité ne les empêche pas de lire" [Louis Scutenaire]

 

24 août 2012

Jade, l'enfant de la mer de Stéphane Bourget

jade11Jade, l'enfant de la mer / Stéphane Bourget. -- [Varennes] : Éditions ADA, [c2001]. -- 248 p. ; 21 cm. -- ISBN 978-2-89667-388-9

Quatrième de couverture

La petite Jade a 5 ans. Durant des vacances au bord de la mer, Lucille, la plus sage et la plus âgée des baleines qui sillonnent les mers, lui annonce qu'un jour, elle deviendra une sirène. Lorsque Jade fait part de cette discussion à sa Mamie Dutour, qui est émerveillée par l'imagination de sa petite-fille, celle-ci est loin de se douter de l'importance que prendra cette chimère dans un avenir rapproché. Quelques année plus tard, un 25 décembre au matin, l'enfant est la seule survivante d'un terrible accident de voiture qui la plonge dans un coma traumatique. C'est alors que sa grand-mère devra affronter plusieurs épreuves pour la survie de sa petite sirène, qui est dorénavant tout ce qui lui reste au monde.

L'auteur

Stéphane Bourget est né à Montréal en 1960. Il abandonne les études très jeune et rejoint rapidement le monde du travail.  Il retourne cependant sur les bancs d'école dans sa quarantaine pour terminer son secondaire et faire des études en informatique. Il est cependant avant tout un écrivain et livre plusieurs romans, notamment en littérature jeunesse.

Bibliographie

  • Max la Loupe enquête - Père Noël a disparu (2009)
  • Le Témoin du passé (2008)
  • Jugement au sommet (2008)
  • L'ange déchu - Tome 1 Perception (2009)
  • Max la Loupe enquête - Tome 1 Le manoir hanté (2009)
  • Max la Loupe enquête - Tome 2 Le monstre du lac Kawatapy (2009)
  • Simon (avec Maxime Bourget) (2010)
  • Max la Loupe enquête - Tome 3 Le loup-garou de Sainte-Geneviève (2010)
  • Max la Loupe enquête - Tome 4 Le mystère de l'Arboretum Morgan (2011)
  • Jade, l'enfant de la mer (2011)

Blog de l'auteur.

Résumé et Commentaires personnels

Une petite fille, Jade, et sa grand-mère se promènent sur la plage. Jade lui confie alors, qu'une des baleines qu'elles peuvent voir au loin, vient de lui apprendre qu'un jour elle se transformera en sirène. Sa grand-mère est attendri par l'imagination de sa petite-fille et lui donne alors le surnom de "petite sirène". Quelques années passent et un drame survient un 25 décembre. Jade et sa famille venaient de célébrer Noël avec sa grand-mère, lorsque sur le chemin du retour, un horrible accident de voiture tue son père et sa mère. Jade est l'unique survivante mais est dans un profond coma. Sa grand-mère qui vient de perdre sa fille et son gendre doit maintenant s'occuper de sa "petite sirène".

Toute la vie de la grand-mère se dirigera alors vers sa petite-fille. Elle consacrera tout son temps à la guérison, au réveil de Jade. Elle tentera par tous les moyens de rester le plus possible avec la petite fille, lui parlant, lui racontant la vie qui passe, célébrant son anniversaire, tentant d'être positive, souriante. Mais le temps va passer et Jade reste absente. Se réveillera-t-elle un jour ? Et alors que sa grand-mère doit petit à petit reprendre sa vie, elle devra affronter de nouvelles épreuves.

Je dois dire que comme Allie, c'est la couverture qui a attiré mon regard. La couverture et le titre. Je l'ai déjà dit, une couverture et un titre peuvent me faire reposer un livre ou le garder. Et puis le quatrième de couverture. Il m'a tout de suite accroché. Mais il m'a aussi un peu trompé. Et je m'attendais à un peu plus de fantaisie ou fantastique dans le texte. À tout le moins à un aspect plus "conte". Et ce n'est pas ça. Je m'attendais aussi à ce que la baleine soit... hum... comment dire... plus présente. L'imagination a une place importante et la baleine aussi, éventuellement, mais pas assez selon moi.

Le texte de Stéphane Bourget est centrée sur "les relations" entre Jade et sa grand-mère. La relation qu'elles avaient avant l'accident, la relation presqu'à sens unique (mais pas tout à fait) que maintient à tout prix la grand-mère pendant le coma de sa petite-fille et finalement la relation après...

C'est un texte triste mais tout de même ensoleillé. Un roman sur le deuil, la mort et la maladie, le courage, l'espoir,  l'acceptation et l'imagination. Comme Allie, j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup d'humanité, d'émotions et de sentiments dans les mots de Bourget. Mais peut-être un peu trop de "bons sentiments". Il m'a semblé à un moment être enveloppé par trop de belles actions, beaux sentiments, bonnes personnes... un peu trop... sirupeux. Même si cela m'a achalée par moment, j'ai tout de même beaucoup aimé le texte.

Les personnages principaux, Jade et la grand-mère, sont très bien menés. On a l'impression de les connaître petit à petit, et on s'attache vraiment à eux. J'ai cependant eu de la difficulté avec les personnages secondaires qui m'ont paru caricaturaux. Autant dans leurs actions que dans leurs dialogues.

Jade, l'enfant de la mer est un beau petit roman qui se lit rapidement mais qui réussit, malgré quelques petites maladresses, à nous toucher doucement et à nous faire questionner sur la mort, la vie, et l'imagination.

L'avis d'Allie.

Extrait

"5h12. Moins de deux heures après s'être endormie, Christine se réveilla en sursaut. Ses yeux étaient ouverts, mais son esprit ne l'était pas tout à fait. Elle jeta un regard furtif en direction de son réveil. Elle porta ensuite une attention particulière aux bruits environnants et ne remarqua rien de particulier. Pendant qu'elle reprenait ses sens, elle se demandait bien ce qui pouvait être responsable de ce brusque réveil. Elle ne dut pas attendre longtemps pour connaître la réponse. Le tintement strident de la sonnette de la porte d'entrée du rez-de-chaussée se fit entendre. Son coeur sortit presque de sa poitrine." p. 24

Sources à consulter

3 août 2012

Une journée avec monsieur Jules de Broeckhoven

 jules1Une journée avec Monsieur Jules : roman / Diane Broeckhoven ; traduit du néerlandais par Marie Hooghe. -- [Paris] : NiL éditions, 2011. -- 108 p. ; 18 cm. -- ISBN 978-2-84111-458-0

Quatrième de couverture

Depuis des années, Alice et Jules ont leur petit rituel : chaque matin, tandis qu'elle paresse au lit, c'est lui qui prépare le café avant de dresser, au salon, la table du petit déjeuner. Puis, à dix heures pile, le fils de la voisine, David, a l'habitude de partager une partie d'échecs avec celui qu'il appelle "Monsieur Jules". Mais ce jour-là, lorsque Alice rejoint son époux au salon, elle le retrouve tranquillement assis sur le canapé, toujours vêtu de son pyjama, l'air serein mais le regard étonné. Mort.

Dehors, il neige à gros flocons et David s'apprête à sonner à leur porte...

Avec une infinie délicatesse, Diane Broeckhoven compose une petite musique, discrète et feutrée, pour décrire les gestes et motifs quotidiens d'un couple de vieux amants. Sous prétexte de mort, son texte nous parle surtout de la vie.

L'auteurjules2

Diane Broeckhoven est née à Anvers en Belgique en 1946. Elle travaillera comme journaliste pendant de nombreuses années. Tout d'abord à Anvers, à partir de 1967, pour le journal De standaard. Elle s'installe à Haarlem dans les Pays-Bas en 1970. Elle y demeurera jusqu'en 2000. Elle retourne ensuite à Anvers. Pendant son séjour aux Pays-Bas, elle continue à collaborer à de nombreux journaux. Elle y commence aussi à écrire. Elle écrit De buitenkant van Meneer Jules (Une journée avec Monsieur Jules) en 2001.

Diane Browckhoven a écrit près d'une trentaine de romans dont plusieurs ont reçu des prix et furent traduits en diverses langues. La grande majorité de son oeuvre est consacrée à la littérature jeunesse.

Bibliographie

Voir le site Wikipedia

Résumé et Commentaires personnels

Alice et Jules sont mariés depuis de nombreuses années. Ils sont un vieux couple plein d’habitudes, de rituels, d’amour et de secrets. Un matin, Alice se réveille et sent l’arôme du café que prépare Jules comme à tous les matins. Une journée comme les autres. Mais lorsqu’elle le rejoint, Jules est assis sur le sofa et ne lui répond pas. Il est mort, sans bruit, après avoir fait le café du matin. Incapable de s’en séparer tout de suite, elle décide de ne pas appeler les autorités, ne pas appeler l'ambulance, ne pas avertir leur fils. Elle décide de passer encore quelques moments avec lui… pour lui confier tout ce qu’elle ne lui a jamais dit.

Mais la vie continue, la journée suit son cours. Les heures passent. Le petit voisin va venir pour sa partie d'échecs habituelle. Que va-t-elle faire ? Elle ne peut se résoudre à entamer les procédures qui amèneront loin d'elle son époux. Elle a simplement besoin de quelques heures pour lui dire adieux. Elle fera donc du garçon autiste, son complice pour quelques heures.

Voici un roman tout en douceur. Nous accompagnons Alice dans cette dernière journée avec son époux. Elle veut le toucher, lui parler, lui raconter ses secrets avant de devoir le quitter. Nous assistons donc, tels des voyeurs,  à la dernière journée entre Jules et son épouse. Nous écoutons les mots d'Alice. Nous sommes témoins de sa tristesse, son désarroi, sa peur de se retrouver seule. C'est une douce et délicate histoire d’amour ! C'est certain. Mais c'est aussi une histoire de souvenirs parfois tristes et difficiles. Et nous avons aussi droit à la confession d'Alice qui peut maintenant tout dire à Jules. Les choses qu'elle lui avait cachées, les choses qu'elle savait sur lui sans lui admettre... Elle dévoile les secrets de son époux, les choses qu'il pensait lui avoir cachées. Ils avaient tous les deux leurs secrets, leurs silences. Et parfois nous pouvons sentir dans les confessions d'Alice, une petite amertume, des regrets et des reproches. La vie d'un couple n'est pas que faite de beaux moments. Il y a des moments douloureux. Et ils font partis du tout qui construit une vie de couple. Et l'auteur réussit en très peu de pages à nous transmettre toutes les facettes de ce couple vieillissant.

Car le texte de Broeckhoven est court. Trop court ? Non, car il dit tant de choses. Nous avons l'impression de violer l'intimité du couple. On écornifle. On écoute aux portes. Et on ne pourrait décemment être trop longtemps indiscret. Ce ne serait pas décent, non?

Deux autres personnages viendront bousculer un peu la journée d'Alice. En particulier le petit voisin autiste, David, qui vient tous les jours pour sa partie d'échec avec Jules. Je dois avouer ici, que même si la dynamique entre Alice et David lors de cette journée est bien intéressante, j'aurais préféré ne voir et n'entendre qu'Alice et Jules.

Un tout petit livre bien émouvant.

L'avis de Athalie, Anne, Aifelle1, Celeste, Lali, Moka,

Extraits

"Il n'avait pas souffert. Alice le savait, ça la rassurait. Elle se demanda si elle devait lui fermer les yeux. Au cinéma, elle avait vu comment, d'un mouvement subtil du pouce, des proches parents abaissaient les paupières du défunt. ELle se leva, se plaça à la droite de Jules et pusa la main sur son visage. Elle tremblait. L'été précédent, elle avait trouvé près de l'entrée de l'immeuble un moineau tombé du nid. Elle l'avait emporté dans l'appartement et tenu dans sa main, le seul endroit imaginable pour le laisser mourir. Aprèes un dernier frémissement, il était mort, encore enrobé de chaud duvet. Le frçolement des paupières de Jule et la caresse presque imperceptible de ses cils contre sa paume réveillèrent soudain le souvenir de l'oisillon. Non, elle ne pouvait pas faire ça ou l'étonnement disparaîtrait du visage de Jules." p. 19

" "La neige reste dehors, la chaleur est à l'intérieur", dit-il. Ça ressenblait à un poème." p. 107

Sources à consulter

 

22 juin 2012

Silence de sang de Sue Walker

Desherber1Silence de sang / Sue Walker ; roman traduit de l'anglais par Magali Pès. -- [Grainville] : City Editions, c2006. -- 414 p. ; 24 cm. -- ISBN 2-35288-003-3

Quatrième de couverture

Sept personnes. Séparées par le temps. Réunies par un terrible secret qui ne peut plus rester caché.

Il y a vingt-six ans de cela, à Édimbourg, sept adolescents ont vécu pendant un an dans un centre expérimental pour jeunes surdoués et psychotiques. Depuis, ils ont tous quitté "l'Unité". Mais elle ne les a jamais quittés.

Innes Haldane tente depuis des années d'oublier cette sombre époque. Un jour, un appel téléphonique inattendu et la nouvelle des morts étranges de deux anciens pensionnaires de "l'Unité" la poussent à renouer avec son passé.

Quel terrible secret rend ainsi sept personnes esclaves de leur culpabilité ? Quel sanglant règlement de compte vient de commencer ?

L'auteur

Sue Walker est née à Edinburg en Écosse. Elle vit présentement en Angleterre dans le Sussex. Elle est journaliste et se spécialise dans les enquêtes criminelles. Elle travaille principalement pour la télévision, notamment pour la BBC et Channel 4. Son premier roman The Reunion obtint un bon accueil et fut traduit dans plusieurs langues.

Bibliographie partielle

  • The Reunion (Silence de sang) (2004)
  • The Reckoning (2007)
  • The Dead Pool (2008)
  • The Burning (2010)

*Dates incertaines

Site web de l'auteur

Sur le site de Penguin Books

Commentaires personnels (brefs et très personnels)

Fin des années 70. Des jeunes "délinquants" ayant des troubles comportementaux sont envoyés dans un institut nouveau genre. Entre hôpital psychiatrique et centre de réforme, les intervenants et infirmiers tentent de réhabiliter un groupe de 7 jeunes particulièrement difficiles et assez violents pour certains. 26 ans plus tard, certains de ces anciens patients sont retrouvés morts: suicide, accident... Les autres membres du groupe n'en sont pas certains.

Ce qui semble commencer comme un roman policier, voire un thriller, devient vite un roman psychologique. Un secret semble lié certains des membres du groupe. Et on réalise rapidement qu'il s'agit d'un événement ayant eu lieu alors qu'ils se trouvaient dans ce centre.

Le roman de Sue Walker est très bien mené. Nous alternons les points de vue et les époques, et il y a de nombreux flash backs entrecoupés de rapports des intervenants, mais l'histoire reste facile à suivre. L'écriture est efficace et nous sommes rapidement intrigués. On comprend assez vite en quoi peut consister ce secret mais sans toutefois le connaître complètement ce qui nous permet de poursuivre la lecture agréablement. Le livre est difficile cependant et le fameux secret est effrayant. Même si je me doutais en gros de ce qu'ils avaient fait, je n'avais pas été aussi loin dans l'horreur dans mes suppositions. Et j'imagine difficilement comment ils ont pu vivre avec cet événement sur leur conscience. Ce fut difficile à lire. L'auteur qui est une journaliste se spécialisant dans les enquêtes criminelles connaît bien le sujet.

Alors, j'ai bien aimé ce roman. Il m'a tenu en haleine jusqu'à la fin. J'ai aimé le développement des personnages et le déroulement de l'intrigue.

Mais...

Jamais je n'aurais lu ce livre si ce n'était qu'il était dans mon chariot de romans à élaguer !!! Je trouve la couverture atroce et affreusement kétaine. Le titre est tout simplement stupide et cliché. Quelle horrible "traduction" ! Un peu loin du "The Reunion" original, qui en disait beaucoup plus sur le roman que "Silence de sang". Au visuel, on a l'impression d'avoir un livre assez insignifiant... Mais comme je devais l'évaluer, j'ai lu le quatrième de couverture. Il m'a suffisamment intriguée pour que je décide de donner un sursis au roman et que le ramène chez moi. J'avais envie de le lire. Rapidement cependant, j'ai compris que nous n'aurions pas droit à une enquête typique d'un roman policier. Et les morts étranges sont rapidement décrites et expliquées. Et le personnage dont on parle sur le quatrième de couverture "Innes" n'a pas un très grand rôle dans le roman. Le quatrième de couverture ne rend vraiment pas bien l'aspect thriller psychologique et c'est très dommage.

Non, vraiment... je comprends le peu de prêts du roman. Deux emprunts le premier mois, puis plus rien. Et c'est triste car sans être un coup de coeur, j'ai vraiment beaucoup aimé le roman de Sue Walker ! Il mérite plus que deux prêts ! Malheureusement, j'ai dû être sévère, et je l'ai élagué. J'avoue que j'ai été heureuse de voir qu'il a tout de même été acheté rapidement dans la vente de livres. J'espère qu'il a trouvé un lecteur qui l'appréciera !

L'avis de: Martell, Gemma et Kimbofo.

Extrait

"Cet été. L'été 1977. Tout le monde se souvenait d'un été en particulier, non? C'est drôle: son été à elle, c'était celui qu'elle avait passé dans un hôpital psychiatrique. Ce fut un été mémorable. Mais un été à oublier. De quoi se souvenait-elle ? De la chaleur. De la pluie. De la végétation luxuriante. Indécemment luxuriante. Démesurément luxuriante." p. 136.

20 juin 2012

Désherber en silence...

Desherber2Désherber... Élaguer... entre les deux, je préfère encore dire le deuxième. Oui, parce qu'enfin, il me semble que dire que je fais du "déherbage" me semble beaucoup trop péjoratif. Comme si j'enlevais la "mauvaise herbe". Car, si souvent - trop souvent - se sont de très "belles fleurs" que l'on doit élaguer !!! 

Alors j'aime mieux dire que je dois faire une évaluation périodique des collections qui entre dans le processus de développement de nos collections. Ouf... Reste qu'il faut élaguer. Parce que la bibliothèque, elle n'agrandira pas de façon magique. Et lorsque chaque mois, je fais la sélection de nouveaux livres, je sais qu'il faudra qu'éventuellement j'en élague presque la même quantité !

Il y a l'élagage continuel... le facile... les livres qui arrivent sur mon bureau parce qu'ils sont en piètre état. Endommagés par les usagers et le temps... les pages déchirées, parfois raturées... les couvertures brisées... les tranches sales et tachées... Et alors, il est facile de prendre une décision: un classique ? un best-seller beaucoup lu ? On le remplace. Ou on essaie de le réparer, le relier... le sauver. Sinon, hop... on l'élague. Bye bye livre. Et puis, il y a les multiples copies. Un livre populaire est souvent acheté en plusieurs copies, histoire de diminuer les listes d'attente pour le prêt. Mais quand la popularité diminue, et bien on élimine les copies. Façon facile et en plus sans culpabilité de faire de la place sur les rayons. Ça, c'est le facile.

Et puis, il y a l'élagage évident... lorsqu'on veut garder à jour une collection. La nouvelle édition du Guide du Routard sur l'Espagne vient de paraître et a fait sa place sur les rayons ? Hop, l'ancienne édition est à l'éliminer. La dernière biographie du pape Jean-Paul II date de 1999, et sur les 7 autres, 4 datent de 1984, 2 de 1985, 1 de 1994 ? On regarde l'état des livres, on en élague quelques uns et on trouve une biographie plus récente. Le livre le plus récent sur l'histoire de la Grèce date de 2005 ? Vite, on actualise le sujet, et on élague les livres trop vieux. Il s'agit de vérifier l'actualité de l'information, la pertinence, etc. Ça, c'est l'évident.

Mais il y a aussi l'élagage qui brise le coeur... Celui qui se fait chaque année et que je viens de terminer, j'ai nommé l'élagage de la fiction. Comme je suis en charge du développement des collections en français, je suis aussi responsable de l'élagage des romans. Et ça c'est difficile... Je le répète, nous sommes vraiment au maximum de notre espace. Donc acquérir de nouveaux livres signifie obligatoirement en éliminer. Et comment, je fais cet élagage ? Je suis notre politique qui précise que l'élagage doit se baser sur l'année de publication, le nombre de prêt et surtout la date du dernier prêt.

Alors, je fais faire une liste... une longue, longue, longue liste de tous les titres comprenant ces renseignements. Je fais retirer des étagères, ceux qui n'ont pas été empruntés depuis 4 ans et on me les apporte par chariots dans mon bureau. Et alors commence l'évaluation individuelle. Est-ce un classique ? Un incontournable d'un auteur reconnu ? A-t-il gagné des prix ? Oui. Alors même s'il n'a pas été emprunté depuis longtemps, il retourne sur les tablettes. Mais si la réponse est non, alors, je dois être intraitable. Bye bye, cher roman.

Mais parfois, ça me brise littéralement le coeur. Je lis le quatrième de couverture... l'histoire semble intéressante. Je lis quelques critiques du roman... toutes excellentes. Soupirs. Et pourtant, le roman a été emprunté 5 fois pendant les premiers mois de son acquisition et après plus rien. Ou alors, il fut trèes emprunté pendant la première année, puis rien depuis 4 ans. Pourquoi ? Pourquoi l'a-t-on oublié ?

Il faut dire que trop souvent, les gens ne dépassent pas les rayons avec les Nouveautés. Donc, une fois que nous enlevons le livre des nouveautés pour le mettre en rayonnage... il disparaît des regards. Et alors, si le roman n'est pas d'un auteur hyper connu ou très populaire... il a besoin d'avoir un sacré bon titre pour que les gens qui vont en rayonnage prennent la peine de le sortir pour au moins lire le quatrième de couverture !

Et alors, nous essayons de les sortir, d'en parler... nous avons une table "Coups de coeur", nous faisons des bibliographies, etc. Et puis, parfois, je triche... quelques uns des romans que je devais élaguer, j'en étais incapable, alors j'ai testé: je les ai remis dans la section "Nouveautés". Et vous devinez, non ? Et oui, ils ont été immédiatement empruntés !!!

Mais je dois élaguer... c'est nécessaire. Alors, je désherbe, impitoyablement. Et il arrive quoi des livres que nous élaguons ? Ils seront vendus par les Amis de la bibliothèque, ou encore envoyés dans des associations à but non-lucratifs. Et ils auront peut-être la chance de vivre à nouveau !!!

7 juin 2012

Crime littéraire: superficialité

Je marche tranquillement dans les rangées de la librairie, de la bibliothèque... ou m[eme... de la vente de garage. Qu'est-ce qui attire mon regard ? Une image bien sûr. CouvertureMais parfois il n'y a pas d'image. Alors c'est le titre. Et oui. Je suis très souvent bien superficielle. La couverture ou le titre sont parfois l'unique raison pourquoi, je prends un livre dans mes mains.

Donc, je prends le livre. Je regarde la couverture. L'image est importante. Évidemment. J'ai déjà reposé un livre qui avait une couverture que je trouvais horrible. J'ai déjà hésité à acheter un livre que je voulais intensément parce que je n'aimais tout simplement pas la couverture. Ou encore, parce que le livre ayant été adapté au cinéma, ne se trouvait plus qu'avec l'affiche du film en couverture... ÇA... je ne suis pas capable... vraiment. Comme si le roman n'existait plus que parce qu'il avait été adapté au cinéma ! Pfff.

Mais si l'image ne me fait pas reposer le livre ou s'il n'y a tout simplement pas d'image... alors c'est le titre. Mais je dois avouer que le titre est aussi parfois le premier contact. Mais oui... quand le livre est bien posé sur une tablette, on ne voit que la tranche. Alors, le titre est le premier contact. Et encore une fois, ce premier regard est important. Bien sûr, j'ai souvent lu des livres dont je détestais les titres - particulièrement des traductions - parce que je savais que je voulais le lire... à cause d'une critique, de l'avis d'un ami. Ou parce que je me suis forcée à tourner le livre, malgré son image, malgré son titre affreux, pour lire le quatrième de couverture. Mais, il ne faut se le cacher... la couverture et le titre sont pour beaucoup de lecteurs, PRIMORDIAL... (alors auteurs... si vous ne pouvez pas contrôler la couverture, tentez, du moins (car, je sais que parfois c'est impossible, car le travail éditorial et publicitaire s'infiltre partout) de trouvez un "bon" titre !)

Mais j'avoue avoir reposé des livres sans même lire le quatrièeme de couverture, simplement parce le titre m'apparaissait insignifiant, inintéressant ou stupide. Ou que la couverture était - à mes yeux - horrible.

Mais si mon regard accepte la couverture, si mon esprit concède le titre... alors la prochaine étape est évidemment le quatrième de couverture. Alors là, c'est encore plus compliqué et difficile. Parfois, il n'y en a pas... ou alors qu'une ligne ou deux... Désolée, mais moi, il me faut un résumé. Même si je connais et aime l'auteur... un titre n'est pas suffisant. Parfois, ce sont des critiques que l'on retrouve à l'arrière, et ça je ne suis pas capable s'il n'y a pas au moins un petit résumé. Et puis, ça m'achale... je veux un résumé, pas des fleurs lancés par les autres ou un pitch de marketing.

Mais il n'est pas facile de rédiger un quatrième de couverture. Oh non. Et j'ai bien souvent été trompée par un quatrième de couverture alléchant... on lit le résumé, on se dit que le roman semble très très intéressant et on pleure de dépit. Ou le roman n'est pas aussi bon que le résumé le laissait entendre... et donc on s'est laissé avoir par un pitch d'éditeur (et ça, à la limite, je peux accepter). Ou alors, le résumé ne correspond pas du tout, mais alors là, pas du tout, au contenu du roman. On pense lire un roman d'horreur et on se retrouve avec une histoire d'amour... on pense avoir choisi un thriller et on a un roman psychologique... C'est carrément enrageant...

Mais le pire crime demeure à mes yeux, les quatrièmes de couverture en disant trop peu. Comme si on avait voulu garder le secret, ne pas trop en dire... sauf que combien de livres ne seront pas lus parce le résumé ne "résume" pas bien le roman ?!?! Et je le vois tous les jours. Des romans que j'achète parce que j'ai lu des critiques, j'ai vu un résumé sur mon outil de sélection (résumé qui est souvent très différent du quatrième de couverture)... et je me dis "Wow, quel roman intéressant!!!" Et puis, il arrive, et le quatrième de couverture ne dit rien... quelques mots, quelques phrases... et alors les gens qui prennent le roman - pourtant en section Nouveautés (et on s'entend que c'est "la" section hot que la plupart des usagers ne dépasse pas !!!) - le reposent immédiatement. Rien ne les a accrochés. L'image, la couverture, le titre... c'est bien beau... mais s'il n'y a pas un "BON" résumé du roman, les gens ne le prennent pas. Et je fais partie de la "gang" !

Et alors, j'essaie de remédier à mon crime de superficialité... en essayant d'atténuer la superficialité des autres... Je fais des affiches "accrocheuses" de ces romans que je sais être excellents, et dont je suis certaine qu'ils vont plaire à beaucoup de mes usagers. J'en parle dans nos bulletins, je les mets dans nos bibliographies thématiques, je les mets sur notre table "Coups de coeur des employés"... Mais ça m'enrage, je vous jure... c'est quoi l'idée des éditeurs de ne mettre aucun quatrième de couverture ou alors que quelques lignes... ou pire, un résumé qui en dit trop ou pas assez... ou encore qui ne rejoint pas du tout le contenu réel de l'histoire...

Il y a des romans qui dorment sur nos étagères. Ce sont d'excellents romans. Mais certains ont une couverture si horrible que cela me gène de les mettre dans mes coups de coeur, même s'ils sont excellents. Certains ont un titre si insignifiant que c'est honteux de les publiciser. Certains ne sortent qu'une fois que je les ai annoncés dans notre bulletin, en faisant moi-même un résumé...

Alors... oui, c'est un crime, cette superficialité... mais il y a tant de livres à lire qu'il faut bien se baser sur quelque chose, non ?

 

7 mars 2012

Lorsque j'étais une oeuvre d'art de Schmitt

568303-gfLorsque j'étais une oeuvre d'art : roman / Eric-Emmanuel Schmitt. -- [Paris] : Albin Michel, 2004. -- 252 p. ; 18 cm. -- ISBN 2-253-10958-4. -- (Coll. Livre de Poche ; 30152)

Quatrième de couverture

Lorsque j'étais une oeuvre d'art est un livre sans équivalent dans l'histoire de la littérature, même si c'est un roman contemporain. Il raconte le calvaire d'un homme qui devient son propore corps, un corps refaçonné en oeuvre d'art au mépris de tout respect pour son humanité. Malléable, transformable, il n'est plus qu'un corps sans âme entre les mains d'un esprit diabolique dont le génie tient avant tout à son manque de scrupule. [Michel Meyer, Eric-Emmanuel Schmitt ou les Identités bouleversés]

L'auteur

Éric-Emmanuel Schmitt est né à Sainte-Foy-lès-Lyon en France en 1960. Il étudie en littérature et en philosophie. Il enseigne pendant quelques mois à Saint-Cyr alors qu'il fait son service militaire. Il enseignera ensuite quelques ego2années à Cherbourg puis à l'Université de Chambéry.

Il écrit depuis sa jeunesse et il publie dans les années 1990, des pièces de théâtre qui connaissent beaucoup de succès. Il écrira ensuite plusieurs romans et il touchera même au monde de l'opéra.

Depuis 2002, il vit à Bruxelles et a obtenu sa naturalisation belge en 2008. Il a donc aujourd'hui une double nationalité.

Biographie plus compléte et première bibliographie (partielle) 1991-2008 : ici

  • Le Sumo qui ne pouvait pas grossir (2009)
  • Concerto à la mémoire d'un ange (2010)
  • Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent (2010)
  • La femme au miroir (2011)

Site de l'auteur, ici.

Résumé

Un jeune homme s'apprêtant à faire une autre tentative de suicide en sautant en bas d'une falaise se fait offrir par un homme un marché étrange. Cet homme, un artiste très connu, lui propose d'attendre 24 heures avant de se suicider, si d'ici là, il ne lui a pas fait changer d'idée, il ne l'empêchera pas de se tuer. Le jeune homme accepte et le suit dans sa magnifique et déemesurée demeure et lui propose alors un marché encore plus étrange.

L'artiste propose au jeune homme de lui offrir son corps et de devenir entièrement sa possesion et ultimement son oeuvre d'art. Le corps du garçon deviendra le canevas de sa plus grande création. Le jeune homme accepte et signe sa liberté, sa volonté, sa vie à l'artiste. Il devient un objet, une Oeuvre d'Art. Il n'a plus aucun droit.

L'oeuvre d'art voit le jour sous les soins d'un médecin et la vision de l'artiste. Et le monde entier accourt admirer "le monstre". Celui-ci vit tout d'abord sa nouvelle vie en triomphe, mais peu à peu, cette nouvelle forme d'esclavage lui pèse. Comment peut-il échapper à l'artiste et au monde de l'art alors qu'il n'est plus qu'un objet ?

Commentaires personnels (très) personnel

Le titre m'a intrigué. Le quatrième de couverture, évasif, m'a accroché. Je voulais absolument lire ce livre d'un auteur que j'aime bien. Et puis, le livre est resté dans ma PAL pendant quelques années. Il y a quelques semaines, il s'est retrouvé ouvert entre mes mains. Pour une lecture longtemps retardée mais longtemps voulue. Et maintenant, je ne sais pas trop comment aborder mon commentaire. Car c'est le 2e livre de Schmitt que je critique sur ce blog et malheureusement, c'est encore une déception. Et pourtant j'aime vraiment beaucoup l'auteur. J'ai adoré La part de l'autre, L'évangile selon Pilate, Oscar et la dame rose et beaucoup d'autres. Ce n'est pas que j'ai détesté "Lorsque j'étais une oeuvre d'art", non pas du tout... mais c'est tout de même une déception. Car je n'ai pas aimé, je n'ai pas détesté... il m'a semblé fade et sans surprise... voyons voir...

Le problème c'est que j'ai aimé lire ce conte à saveur philosophique. J'aime beaucoup la plume de Schmitt. Et toujours le cas. De ce point de vue, Schmitt nous offre encore une fois un texte magnifique. Chaque phrase est fluide et le texte s'enchaîne facilement entre prose et chanson. Et il est facile et plaisant de se perdre dans les mots et le style de l'auteur.

Mais j'ai malheureusement décroché en ce qui concerne le propos de l'auteur.

Fable ou conte philosophique, texte existentialiste ? Je ne sais trop. Mais les thèmes de ce court texte sont facilement identifiables. Et ce dès les premières lignes. Et avec ces thèmes que l'on comprend dès le début (je dirais presque dès le titre et le quatrième de couverture), on devine rapidement la fin.

Re-résumons. Un homme veut en finir avec la vie. Il a déjà essayé plusieurs fois, mais sans succès. Il rate ses suicides. Pourquoi, veut-il se suicider ? Il se sent ordinaire, il se sent sans intérêt, il se sent laid. Car il est le frère des jumeaux Firelli, des mannequins d'une beauté incroyable, apparamment.  Donc, la vie est horrible et il veut mourir. Il pense que cette fois, il réussira à se suicider, mais sur cette falaise qu'il a choisi, il y a Zeus-Peter Lama. Un artiste fabuleusement talentueux et connu mondialement qui lui  propose d'acquérir les droits à son corps pour en faire une oeuvre d'art. Lama cherche à toujours repousser les limites de l'art et travailler le corps de cet homme est son prochain projet. Le jeune Firelli renonce donc à tous ses droits d'être humain pour devenir un objet et une oeuvre d'art. Il renonce à son suicide. Mais renonce aussi à sa vie. Il meurt "officiellement" et devient Adam-Bis, l'ouvre de Lama. Les mutiliations-transformations artistiques le rendent méconnaissable et même ses frères ne le reconnaîtront plus.

Évidemment, les inconvénients et mauvais côtés de cette nouvelle vie font rapidement oublier tous les avantages et l'euphorie des premiers jours. Il a perdu sa vie, sa liberté. Il n'a plus aucun droit. Il est un objet. D'autant plus, qu'il rencontre un vieux peintre et sa fille qui l'encouragent et surtout lui donnent la volonté de reconquérir et réclamer son droit à la vie et à la liberté.

De beaux sujets : le suicide, la vie, la mort, la définition de la beauté et la laideur, les limites de l'art, les limites de la liberté, les droits à la vie, à l'existence, l'esclavage, le voyeurisme, le matérialisme... et bien sûr le fameux "pacte avec le diable"

Le problème pour moi, c'est que c'est tellement prévisible et cliché... que je n'ai pu y croire un instant. Je sais qu'en tant que fable/conte, le texte se doit de faire passer ses messages de façon évidente... Mais je ne pouvais croire à la situation. Même un innocent pouvait comprendre le contrat qu'il passait. Il renonçait à sa vie et ses droits pour les donner à l'artiste (oui, bon, pour les besoins du récit, on va dire que c'est possible dans notre société occidentale d'aujourd'hui). Il se suicide donc de toute façon. Mais pour ensuite se rebeller contre cette condition d'objet. Dis donc l'innocent, tu brailles parce que tu es moins beau que tes frères, tu veux te tuer, mais à la place tu mets ta vie entre les mains d'un artiste complètement fou et égocentrique et après tu te rebelles... je dis en baillant "Assume!!!". Surtout qu'on ne peut pas dire que faire un pacte avec le diable et ça aille mal puisse encore surprendre qui que ce soit! (Le lecteur y compris)

Certaines idées étaient bonnes: le musée, la vente aux enchères, l'exposition chez un particulier... mais bizarrement j'étais absolument incapable d'y croire... et ce, je le répète, même en gardant en tête le but de cette fable.

Le personnage principal m'énervait sans arrêt, Lama était inbuvable et les autres personnages insignifiants. Les seuls qui m'ont intéressés sont les "fameux" jumeaux. Peut-être était-ce le but de l'auteur après tout... mais si c'est le cas, il a tout de même perdu sa cible car je n'ai jamais réussi à entrer dans ma lecture. Tout est trop gros et irréaliste.

Mais le pire dans tout cela c'est la fin... car c'est une sorte de "happy end" complètement inapproprié. What the hell... je n'ai pu m'empêcher de penser ! Tout est bien qui finit bien !!! Et en plus, le méchant Lama reçoit ce qu'il mérite. L'oubli total. Bordel, il manquait juste ça.Quelle déception.

Je me rend compte que je suis loin d'être objective. Que mon commentaire n'est fait que de ressentis. Et aucune analyse objective. Mais bon... j'assume. Contrairement au personnage principal.

L'avis de : Allie, Edith Cannac, Keven Girard, Alecto, Isabelle, Sunniva, Flo_boss, Kenza,

Extraits

"La force de la beauté, c'est de faire croire à ceux qui la côtoient qu'ils sont eux-mêmes devenus beaux. Mes frères gagnaient des millions en vendant cette illusions. On se les arrachait pour des soirées, des inaugurations, des émissions de télévisions, des couvertures de magazines. Je ne pouvais blâmer les gens de tomber dans le piège de ce mirage, j'en avais été moi-même la promière victime. Enfant, j'étais perduadé d'être aussi magnifique qu'eux." p. 20

"Il ne peignait pourtant rien de ce qui est visible. Il peignait l'air. Un air précis, celui du matin même, entre la mer illimitée et le ciel illimité. Si je quittait son cadre, je ne voyais plus qu'avec mes yeux, j'inventoriais des éléments connus, répertoriés, l'ordinaire d'un bord de mer, la plage de la marée basse, les rochers endormis, les oiseaux profitant du retrait des eaux pour chasser à même le sol, l'éther éblouissant. J'y voyais ce qui avait été et n'était déjà plus, un moment du temps, cet air-là de dix heures du marin [...]" p. 116

"Comme La Joconde de Vinci ou le David de Michel-Ange, j'avalais les crétineries sans broncher. Pour être une oeuvre d'art célébrée et commentée par le monde entier, il faut soit être très bien élevé comme Mona Lisa, soit ne comprendre que l'hébreu ancien comme David, soit, comme moi, s'en foutre royalement." p. 169

Sources à consulter

17 février 2012

Bibliographie no1 : Des jardins et des livres

Fictions

  • Le jardin au bout du monde / Gabrielle Roy. -- 1975.  [Quatre récits. Le quatrième porte le titre du recueil. "Un jardin au JardinsLivresbout du monde est né de la vision que je saisis un jour, en passant, d'un jardin pleins de fleurs à la limite des terres défrichées, et de la femme y travaillant, sous le vent, en fichu de tête, qui leva vers moi le visage [...]" Gabrielle Roy]
  • Le jardin des Henderson : roman / Catherine Hermany-Vieille. -- 1991. [Mai 1929. Un romancier et son épouse quittent la Virginie pour Paris. Mais la vie à Paris n'est pas celle à laquelle ils s'attendaient. L'Allemagne menace et malgré leurs problèmes, ils décident de s'enfuir en Tunisie où ils achètent un terrain. Ils y construiront une maison entourée d'un jardin magique. Une nouvelle vie les attend.]
  • Le jardin du docteur Des Oeillets / Denis Monette. -- 2011. [Narcisse Des Oeillets est médecin. Il épouse une jeune fille du nom de Marguerite Fougère. Ils décident de créer un jardin dans lequel ils cultiveront des fleurs au nom de leurs futurs enfants. Ils auront 4 enfants: Rose, Iris, Violette et Jasmin. Mais la vie est loin d'être facile pour cette famille dont le père légèrement déséquilibré est plus horticulteur que médecin.]
  • Lila et les neufs plantes du désir / Margot Berwin. -- 2009 (Traduction de l'anglais). [Une jeune femme de 32 ans, newyorkaise jusqu'au bout des doigts n'imagine pas la vie ailleurs. Pourtant, sa vie sera complètement transformée lorsqu'elle achètera un oiseau du paradis. Les fleurs deviennent sa passion et elle part à l'aventure au coeur de la jungle du Yucatan pour découvrir les 9 plantes du désir.]
  • Le petit jardin des fées / Anne Duguël. -- 2010. [Trois petites filles se retrouvent pendant les vacances d'été à Pastourou, petit village du Tarn, et s'amusent dans un petit jardin clos qu'elles appelent le "Petit jardin des Fées". Le jardin appartient à la grand-mère de deux des petites filles, Vanille, 9 ans et Fleur, 7 ans. Mais cette année, un horrible drame arrive et elles ne viendront plus jouer dans le petit jardin.]
  • Quatre saisons parmi les fleurs / Janine Montupet. -- 2000. [Anicia subit un très grave accident. Elle y survit, mais est complètement défigurée et devient aveugle. Elle va vivre chez son oncle horticulteur et ses cousins sur une grande propriété près de Nice. Alors qu'elle tente de réapprendre à vivre elle se voit confronter aux secrets de sa famille.]
  • Le Roman de la Rose / Guillaume de Lorris et Jean de Meun. -- XIIIe siècle. [Voyage initiatique d'un poète dans le jardin du plaisir. Il y rencontrera la rose, véritable incarnation de la femme aimée.]
  • Rosa Candida / Audur Ava Olafsdottir. -- 2007 (Traduction de l'islandais). [À la suite de l'accident de voiture de sa mère, son fils Arnljótur décide de quitter sa famille. Un lien spécial unissait le garçon à sa mère, son jardin et sa serre où elle cultivait une rose très rare, la Rosa candida, et où Arnljótur a aimé Anna.]
  • La tulipe du mal / Jörg Kastner. -- 2011 (Traduction de l'allemand).[Au XVIIe siècle, les Pays-bas sont fous de la tulipe. Mais un meurtrier sème la terreur dans la population en tuant les citoyens et en laissant dans leur main un pétale d'une variété de tulipe inconnue.]
  • La tulipe noire / Alexandre Dumas. -- 1850. [Avec comme toile de fond la guerre franco-hollandaise, le roman raconte l'histoire de Cornelius van Baerle qui malgré les malheurs et péripéties poursuit son rêve de créer une tulipe noire.]
  • Un jardin en Espagne : retour au Generalife / Katia Canciani. --2006. [La rencontre d'une femme et d'un jardin. Au fil de ses promenades dans ce jardin d'Andalousie, une femme se rémémore sa vie et ce questionne sur ses choix, son destin.]

Documentaires

  • Au Jardin des émotions / Lorraine Bourgeois et François Perreault. -- 2008.  [Les auteurs nous montrent que jardiner ce n'est pas seulement cultiver la terre, mais aussi une expérience unique. La créativité, l'amour, l'amitié et les émotions font partie des jardins.]
  • C'était le printemps : la vie rurale traditionnelle dans la vallée du St-Laurent / Jean Provencher et Johanne Blanchet. -- 1990. [On nous présente la saison du printemps et les activités qui la caractérisaient à l'époque de nos ancêtres.]
  • Jardins oubliés, 1860-1960 / Alexander Reford. -- 1999. [Témoignage des magnifiques jardins du patrimoine québécois.  Plus d'une centaine de jardins est présentée nous révélant que la tradition du jardin au Québec a ses racines aux débuts de la colonisation.]
  • Les plus beaux jardins du monde : deux milles ans de créations / Jean-Paul Pigeat. -- 2003. [Promenade dans les plus beaux jardins du monde. L'auteur nous les présente, nous les raconte... Jardins d'eau, jardins paysager, etc. c'est un tour de jardins historiques, modernes, connus et inconnus.]
  • Printemps au jardin / Steven Bradley. -- 1999. [Idées, trucs et informations pour créer son jardin au printemps.]
  • La sagesse du jardinier / Gilles Clément. -- 2006. [L'auteur nous présente son métier de jardinier comme une voie vers la sagesse, comme un chemin initiatique. À travers ses expériences personnelles et professionnelles, il partage sa vision sprituelle du jardin.]
16 février 2012

Questions de bibliographies

La semaine dernière, Allie nous demandait des suggestions de livres ayant pour thème le jardin... Et comme il s'adonne que je suis précisément en train de réaliser une bibliographie pour la bibliothèque sur le printemps et les jardins dans les livres... je me suis dit que non seulement je pouvais lui suggérer quelques titres, mais tant qu'à faire que je pouvais peut-être la mettre ici aussi ! Et puis... tant qu'à faire... je pense mettre les autres aussi... tant qu'à faire.

Mais avant de mettre celle sur les jardins... je tiens à préciser certaines choses. Bilio

Nous utilisons plusieurs façons de faire découvrir nos livres à la bibliothèque. Nous avons des clubs de lecture, des heures du conte, des expositions, des conférences, des listes de nouveautés, des tables thématiques, ... et bien sûr des bibliographies/suggestions de lecture.

Nous en faisons plusieurs par année, et la bibliothèque possédant des collections en anglais et en français, nous en faisons donc dans les deux langues. Je participe à celles en français.

Nos bibliographies en français ont cependant des caractéristiques très précises:

  • Elles doivent avoir des oeuvres de fiction et des documentaires.
  • Les livres doivent, bien sûr, se trouver de notre collection.
  • Les livres doivent être dans la collection des adultes ou des adolescents... pas dans la collection jeunesse (ils font leurs propres bibliographies).
  • Et très important... les fictions doivent être, de préférence, des oeuvres originales en français
  • Les seules traductions inclues sont des livres de langues étrangères (autres que l'anglais). Donc si l'original est en italien, suédois, etc., on peut inclure le livre dans la bibliographie. Nous ne mettons donc, autant que possible, pas de traductions d'oeuvres anglaises. Pas de traduction de l'anglais, sauf si on juge le livre un incontournable. Par exemple, je ne pouvais faire ma bibliographie de Noël sans Le Noël d'Hercule Poirot et Christmas Pudding d'Agatha Christie !!!! [Edit. J'explique pourquoi nous ne mettons pas de traductions anglaises : la bibliothèque a une collection avec beaucoup plus de livres en anglais étant un quartier majoritairement anglophone - quoique ça commence à changer - et nous faisons beaucoup plus de bibliographies en anglais. Avec celles en français nous voulons promouvoir la littérature francophone et étrangère, donc à moins d'un incontournable, on évite les traductions en anglais.]
  • Et finalement, nous avons évidemment une limite d'espace : la bibliographique doit tenir sur un dépliant (format Lettre) et donc une limite de titres.

Donc.... je précise que mes bibliographies seront loin d'être complètes (on a dû faire un choix, toujours question d'espace sur notre dépliant et question que le livre doit se trouver dans notre bibliothèque), ne comprend pratiquement pas de traductions de l'anglais... voilà... j'aime autant avertir pour ne pas recevoir une panoplie de : "tu as oublié, celui-ci ou celui-là" ! Mais si j'ai oublié un documentaire intéressant, une fiction française ou étrangère (encore une fois pas anglaise)... alors là... vous pouvez me le dire, je l'ajouterai pour une prochaine fois !!! Et qui sait, si on ne l'a pas à la bibliothèque, je l'achèterai peut-être !!!

Les bibliographies que nous produisons à la bibliothèque ont des vignettes représentant chacun des livres, la cote pour retrouver le livre dans la bibliothèque et un résumé provenant de notre base de données bibliographiques. Ici, je me contenterai de mettre le titre, l'auteur, l'année et un petit, tout petit résumé... ok ? :D

Ah oui... et je me dois d'ajouter que, malheureusement, je n'ai pas lu tous ces livres... un jour peut-être ! (oui, parce que bon... je passe pas mes journées á lire ! ce qui est bien difficile quand on passe ses journées parmi les livres !)... et si je les ai lus, je ne les ai pas nécessairement aimé ! Et oui !!! L'idée est de faire découvrir des livres aux abonnés sur un thème... de les intriguer, les intéresser. Je ne donne mon avis que s'ils me la demandent.

9 février 2012

Le petit jardin des Fées d'Anne Duguël

fesjpg copyLe petit jardin des Fées / Anne Duguël. -- [Verneuil-sur-Seine] : Éditions [Mic_Mac], 2010. -- 20 cm. ;176 p. -- ISBN 978-2917460177

Quatrième de couverture

"Attention! Si vous n'avez pas le coeur bien accroché, n'ouvrez pas ce livre ! L'indicible vous y attend !"

Résumé

Trois petites filles se retrouvent pendant les vacances d'été à Pastourou, petit village du Tarn, et s'amusent dans un petit jardin clos qu'elles appelent le "Petit jardin des Fées". Le jardin appartient à la grand-mère de deux des petites filles, Vanille, 9 ans et Fleur, 7 ans. Mais cette année, un horrible drame arrive et elles ne viendront plus jouer dans le petit jardin.

Plusieurs personnages nous racontent leur version de ce drame selon leur perspective, leur vision des faits. Petit à petit, le passé rejoint le présent et les indices dessinent lentement l'histoire terrible du petit jardin.

L'auteur

Anne Liger-Belair est née en 1945 à Ixelle en Bruxelles. Elle fait des études en Arts-déco en Belgique. Elle sera journaliste principalement au Moyen-Orient. Elle s'installe en France au début des années 70 et collabore à plusieurs magazines tels Hara-Kiri, fesjpg2Pomme d;api, Charlie Hebdo, Pif, etc. Elle animera également a la radio, une émission sur la bande dessinée.

Elle publie son premier album pour enfants en 1987 intitulé Prince charmant poil aux dents.

Elle est surtout connue pour ses ouvrages écrits sous le pseudonymes de Gudule et destinés aux enfants. Elle signe la plupart de ses romans et nouvelles pour adultes de Anne Duguël et Anne Carali. La plupart de ses romans fantastiques sont réunis sous les titres "Le Club des petites filles mortes" et " Les filles mortes se ramassent au scalpel".

Le blog de l'auteur.

Bibliographie partielle

  • Et Rose elle a vécu (1990)
  • Agence Torgnole, frappez fort (1991)
  • Amazonie sur Seine (1991)
  • Le Corridor (1991)
  • Mémé est amoureuse (1992)
  • Asylum (1994)
  • Gargouille (1995)
  • Lavinia (1995)
  • La Baby-Sitter (1995)
  • La Petit Fille aux araignées (1995)
  • Petite chanson dans le pénombre (1996)
  • Ne vous disputez jamais avec un spectre (1997)
  • Au Gringo's bar (1998)
  • Entre chien et louve (1998)
  • Mon âme est une porcherie (1998)
  • Dans la bulle de l'ange (1998)
  • Petit théâtre de brouillard (1999)
  • Un jour, je serai assassinée sous ma douche! (1999)
  • L'amour en chaussettes (1999)
  • J'ai 14 ans et je suis détestable (2000)
  • Barbés Blues (2001)
  • Regardez-moi! (2001)
  • La Mort aux yeux de porcelaine (2001)
  • La Bibliothécaire (2001)
  • Géronima Hopkins attend le Père Noël (2002)
  • Kaïra (2002)
  • Nous ne retrouvons pas les chiens (2004)
  • La Ménopause des fées 1 : Le Crépuscule des dieux (2005)
  • La Ménopause des fées 2 : Le retour (2006)
  • La Ménopause des fées 3 : La Nuit des porcs vivants (2007)
  • La poupée aux yeux vivants (2008)
  • Gare à la poupée Zarbie (2008)
  • Du moment que ce n'est pas sexuel (2008)
  • Le Petit jardin des Fées (2010)

Commentaires personnels

En lisant le titre, on pourrait penser à un conte. Mais déjà la couverture, si on la regarde bien, nous fait songer qu'un ogre y est présent. Mais les ogres ne font-ils pas partie des contes ? Certainement. Et aussi bref soit-il, le quatrième de couverture nous permet déjà d'anticiper les pires cauchemars. 

Trois petites filles passent l'été à s'amuser dans un petit village français. Elles ont choisi comme terrain de jeux, un petit jardin emmuré qui appartient à la grand-mère de deux des fillettes. Un jour, elles décident qu'elles vont attraper les fées qui se cachent sûrement dans le jardin. Pour les attraper, elles doivent les attirer. Elles vont donc passer leur temps à se déguiser, écouter de la musique et surtout à danser. Le conte commence dans l'insouciance des enfants. Il se terminera dans le drame. Mais ça on le sait dès les premières pages, car on nous annonce qu'un drame est arrivé à une des fillettes.

Le texte est composé de la narration de plusieurs personnages. Tour à tour, ces narrateurs vont raconter les événements qui ont mené au drame. Il n'y a donc pas de narration neutre... Ils sont neuf personnages à nous parler, à raconter ce dont ils se souviennent, ce qu'ils pensent, ce qu'ils ont observé. La soeur, l'amie et la grand-mère de la fillette prennent très souvent la parole, mais également de nombreux autres résidents du village. Les voix sont différentes, et cela peut déstabiliser la lecture au début. Mais on s'habitue rapidement aux mots et styles des différents narrateurs.

Le livre est donc une succession de narrateurs qui racontent l'histoire. Mais à leur manière et surtout à leur vitesse. On ne nous dit presque rien au début. Petit à petit, au fil des narrations, on nous en révèle plus. Et on a l'impression de ramasser des indices, découvrir les protagonistes, comprendre le passé, découvrir les victimes, les bourreaux ... pour voir apparaître le dénouement, que l'on finit par deviner bien sûr. Mais redouter. Et espérer qu'on se trompe.

Et à travers les récits si différents de ce même drame, on a l'impression de lire également sur la beauté et l'horreur des petits villages, sur ce qui fait de nous, des héros et des monstres, sur les conséquences de nos actes, sur le poids des paroles, des rumeurs, des secrets et des silences, ... Chaque personnage nous raconte le drame, mais nous aussi raconte la vie. La plume de l'auteur est tout simplement sublime et on se perd avec bonheur dans cette abondance de voix. Et malgré les horreurs de ce petit jardin, malgré les larmes et le sang qui y ont coulé, on ne peut s'empêcher d'y voir aussi les petites fées...

L'avis de : Serge Perraud, Lionel Labosse sur Altersexualite.com, Lucie Chenu,

Extraits

"Comment naît la rumeur ? Nul ne le saurait le dire. Elle semble - dans les petits villages, du moins - sourdre du sol à la manière des sources, et s'infiltrer insidieusement dans les consciences avant de devenir une lame de fond qui submerge tout." p. 47

"Mais pouvais-je savoir, inconsciente que j'étais, que les lieux ont une mémoire ? Qu'ils gardent à jamais le souvenir des faits qui s'y sont déroulés ? Le petit jardin, théâtre d'événements insoutenables, était maudit. L'air qu'on y respirait asphyxiait lentement. Sa terre suintait la mort comme celle d'un cimetière. Et c'était cet "écrin" vénéneux que j'avais offert à mes petites filles." p. 77

Sources à consulter

21 novembre 2011

Et ce salon du livre ?

Quelle journée ! J'étais vraiment exténuée ! Ça ne paraît pas grand chose comme ça, mais deux conférences de plusieurs heures et une ballade parmi tous ces éditeurs, ces livres et ces auteurs, ça use les souliers... et les pieds et le dos.

DSC_2840Vous savez, je ne suis pas certaine cependant que la partie "promenade parmi les kiosques" en vaille vraiment la peine. Je préfère encore aller dans les libraries - indépendantes, si possible - pour faire mes acquisitions. On a une salle juste pour les nouveautés et juste pour les professionnels, on peut s'assoir et feuilleter tranquillement les livres et prendre des notes. C'est beaucoup plus pratique. Après quelques heures à tournoyer dans les rangées, à regarder les livres, etc., j'étais complètement vidée. Et, d'un point de vue personnel, je préfère aussi acheter mes livres dans une librarie.

Pour ce qui est des auteurs qui étaient là... même si Patrick Sénécal était en signature, je ne me suis pas sentie le courage de faire la ligne... Et je me suis rappelée que je ne suis pas particulièrement "fan" en général. Même quand j'adore un auteur, je ne me sens pas le besoin de le rencontrer ou d'avoir sa signature dans mon livre. Mais je comprends pourquoi d'autres le font. C'était quand même spécial de le voir en personne ou de voir d'autres auteurs dont je connais le nom.

En ce qui concerne les conférences, alors là, cela en valait grandement la peine !!! Les deux conférences auxquelles j'ai assistées étaient vraiment très très intéressantes. Elles étaient orientées "lectures jeunesses", et même si ce n'est pas mon "département" (nous avons une bibliothécaire-jeunesse et une bibliothécaire-ado), les discussions ont vraiment été passionnantes.

Mais c'est surtout l'activité du matin qui m'a le plus marquée. C'était sous forme de table ronde que c'est déroulé la conférence, avec un éditeur, une bibliothécaire, et des auteurs, dont Louis Émond, et donc tous dans le milieu de la littérature jeunesse. Le sujet était la lecture chez les garçons et le lien avec la réussite scolaire. Les propos qui ont été tenus autant du côté des participants que de l'assistance étaient vraiment pertinents et intéressants.

Est-ce que les garçons lisent moins ? Est-ce pour cela qu'ils ont de moins bons résultats à l'école? Beaucoup de questions furent étudiées... pas de solutions mais beaucoup d'éclaircissements et plusieurs pistes de réponses. On nous dit beaucoup dans les médias que les garçons ne lisent pas et qu'ils ont de moins bonnes notes. Et on insiste tellement que l'on croit que c'est un fait nouveau. Mais c'est faux. Depuis toujours il y a eu des résultats différents entre filles et garçons. Mais depuis les dernières décennies les filles poursuivent leurs études plus longtemps et donc on note la différence. Mais est-ce une si grande différence ?

Selon les chiffres qui furent donnés pendant la conférence, les écarts se trouvent surtout entre les garçons de milieux favorisés et ceux de milieux défavorisés. Donc, c'est plus une question socioéconomique. Et puis... les garçons lisent... juste différemment.

Louis Émond a donné cette anecdote très "parlante". Alors qu'il visitait une classe, il demande "qui n'aime pas lire? qui ne lit jamais?" Plusieurs mains se lèvent... la plupart des garçons, quelques filles. Puis il demande s'ils lisent des BDs. Quelques mains descendent... s'ils lisent des "documentaires", des livres sur les autos, les volcans, etc... á la fin, il n'y avait plus une seule main de levée. Donc le problème est plutôt ce qu'on appelle lire... Lire n'est pas synonyme de littérature. Les gens ont une idée de ce que devrait être la lecture... une lecture importante... Et pourtant  l'important dans la lecture est de choisir les livres qui nous rejoignent, qui nous parlent, qui nous font envie...

Alors, les garçons lisent, des romans, des bds, des documentaires... Enfin... la discussion fut extrèmement intéressante et remplie d'optimiste. Et j'étais fière de voir qu'à notre bibliothèque on rejoignait vraiment les jeunes lecteurs... de 1 ans à 18 ans... Et les adultes aussi... l'important est de lire, de s'intéresser aux livres (physiques ou virtuels) et à l'information.

Et j'ai quitté la salle avec des images de mon père qui lit ses petits livres que j'appelle affectueusement "tes romans harlequin-westerns"... des petits livres en espagnol, se passant dans le "far-west" remplis d'intrigues répétitives de cowboys et d'amérindiens... pas de la grande littérature, on s'entend là-dessus ! Mais il en lit une dizaine et plus par semaine... depuis toujours... C'est un grand lecteur mon père !

8 novembre 2011

La somme de toute chose

Il y a de ces livres que l'on achète pour lire. Ou pour mettre dans sa PAL, c'est selon ! Mais ils ont potentiellement la chance d'être DSC_3232lus. Et il y a de ces livres qu'on achète et qu'on ne lira pas.

Comme celui-ci. Je l'ai vu sur un présentoir, un certain dimanche après-midi de l'été dernier. Après une superbe journée à se promener sur les routes des Cantons de l'Est, nous avions terminé notre randonnée par un arrêt à l'abbaye de Saint-Benoît-du-Lac. Cela faisait très lontemps que je n'avais pas visité l'endroit et ça nous disait de faire une petite visite. Et puis, on a toujours besoin d'un bon fromage, non ?

Après une petite visite de l'abbaye, nous sommes allés à la boutique. À l'entrée de la boutique, il y avait un petit présentoir rempli de livres de toutes sortes. Quelques livres neufs, mais la plupart usagés. Et parmi ces livres, sa couverture verte m'a fait un clin d'oeil. J'aime bien les vieux livres et j'aime en acheter. Parfois des livres que j'ai déjà lus, parfois d'autres que je compte bien lire un jour.

Je le prends doucement. Il est lourd. Une étiquette rouge sur le dessus. 1$. Je regarde le titre: Summa Theologiae Moralis, III. De Sacramentis par Beneductus Henricus Merkelbach O.P.. 1939.

Un énorme livre en latin, assez vieux. J'aime les vieux livres (je sais, je me répète). Et à 1$, je me dis que je n'ai pas grand chose à perdre ! Alors, le livre prend le chemin du sac, parmi les fromages, les bouteilles de cidre et autres babioles gourmandes.

DSC_3239Une fois chez moi, je commence à feuilleter le livre... mon latin est loin, mais alors là, à des années-lumières de mon cerveau. Mais je peux quand même déchiffrer un peu. Ça jase de sacraments, et donc d'eucharistie, pénitence, d'ordination et de mariage. Intéressant. Et puis, je feuillette la partie sur le mariage, et alors là, je tape des mains (métaphoriquement, car je tiens encore le livre...). Les marges sont remplies de notes.... en latin, en anglais et en français, de trois écritures différentes.... Pleins de passages soulignés, de références et surtout de commentaires... Les pensées des prêtres qui ont possédés le livre... Les passages qu'ils ont jugés importants pour leurs sermons ou leurs conseils sur le mariage... des mots bien de leurs temps... bien catholiques. Il me semble les voir assis à une table, prenant des notes, réfléchissant au mariage...

Et j'aime encore plus le livre. Tous les livres ont une vie, mais certaines vies sont plus évidentes et émouvantes. J'aime voir les livres respirés, les entendre chuchottés.

Le livre m'a coûté 1$. Sans les notes, il vaudrait pas mal plus (c'est un livre quand même assez rare, j'ai fait quelques recherches). Mais avec les notes, il est encore plus précieux pour moi. Sans les notes, il ne serait qu'un vieux livre religieux intéressant et joli dans ma bibliothèque. Avec les notes, il est tout cela, mais maintenant il a une vie que je découvre petit à petit. Je n'ai pas acheté le livre pour lire le texte (je ne pense pas jamais retrouvé assez de mon latin pour cela!) mais maintenant, je me retrouve à tout de même le parcourir...

Ce sont les marges que je déchiffre.

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Quelques pages d'un autre livre ouvert...
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