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11 mai 2010

La passion du livre au Moyen Age - II

La passion du livre au Moyen Age / Sophie Cassagnes-Brouquet. -- [Rennes] : Éditions Ouest-France, 2003. -- 126 p. :livreMA ill. en coul. ; 27 cm. -- ISBN 2-7373-3018.1. -- (Coll. Histoire)
 
Comprend une bibliographie et un glossaire.


Résumé

Les livres au Moyen Age occupent une place importante et privilégiée dans la société. Ils sont omniprésents dans la vie religieuse, et petit à petit, ils envahissent la vie laïque.

C'est une histoire du livre au Moyen Age que l'auteur a voulu faire connaître à un public de non initié. Elle nous présente d'abord, en première partie, les conditions de production du livre: le travail des scribes et enlumineurs ainsi que les lieux de production. Le livre est ensuite introduit. Elle nous parle du prix de ces ouvrages précieux, des premières bibliothèques, des collectionneurs et des bibliophiles. La troisième partie, nous parle de l'utilisation des livres, des lecteurs et de la lecture. La dernière partie revient sur le travail de l'enlumineur. Les livres du Moyen Age sont en effet, non seulement un texte, mais une oeuvre d'art complète renfermant des images et des peintures fabuleuses.

Les livres produits au Moyen Age font partie du patrimoine culturel et artistique de notre société. Trop souvent cependant, ces oeuvres sont protégées et cachées dans les musées et les bibliothèques. L'auteur a voulu nous faire connaître ce patrimoine méconnu.

Commentaires personnels

J'ai une passion des livres. On s'en doute ! J'ai une passion des livres, autant pour leur contenu que pour le contenant. J'aime l'objet. Au complet. Et j'aime le Moyen Age. Comme je l'ai déjà dit sur ce carnet, j'ai étudié la littérature et en particulier la littérature médiévale. Cet ouvrage était donc pour moi !

L'auteur, spécialiste du Moyen Age et de l'art médiéval, nous propose un texte complet mais accessible sur le livre au Moyen Age. Le livre s'adresse à un grand public, mais l'auteur ne simplifie pas à l'extrême son propos. L'ouvrage nous présente plusieurs aspects du livre à cet époque. On nous présente les méthodes de fabrication des livres, de leurs prix et valeurs, les endroits où sont conservés les ouvrages, les différentes bibliothèques de l'époque. On nous parle ensuite de l'utilisation des livres qui varie selon les lecteurs et des différentes façons de lire.

DSC_5180Les différents types de livres sont brièvement présentés. L'auteur s'attarde très peu sur les formes et genres du livre. Elle nous présente plutôt l'aspect artistique des livres au Moyen Age. Une grande partie de l'ouvrage aborde l'enluminure. On nous parle des artistes, les enlumineurs, qui décorent les livres. Les façons de travailler, les peintures utilisées et les outils sont décrits. On nous parle aussi des liens entre le texte et les illustrations, des libertés artisitiques que les enlumineurs prenaient parfois et de l'iconographie utilisée.

L'ouvrage de Sophie Cassagnes-Brouquet est surtout axé sur le côté artistique. Il ne faut donc pas consulter l'ouvrage pour connaître la littérature au Moyen Age. J'aurais personnellement aimé un peu plus d'information sur les types de littératures, mais ce n'est de toute évidence pas le but poursuivi par l'auteur. Le livre nous parle principalement du livre en tant qu'objet et de l'utilisation que l'on en fait à cet époque. On peut également voir les transformations du livre au cours de cette longue période qu'est le Moyen Age : les méthodes de création, les façons de l'aborder et de le conserver, la valeur et les prix du livre, les formes de lectures et les différents types de lecteurs. Et surtout les façons d'illustrer les textes.

Le livre est abondamment illustré et on nous présente des livres et des pages d'ouvrages provenant de bibliothèques de toute la France. On découvre ainsi des livres et des enluminures magnifiques et que l'on ne peut pour ainsi dire jamais voir. L'ouvrage de Cassagnes-Brouquet veut nous faire découvrir les trésors qui se cachent dans les bibliothèques.

Je tiens cependant à souligner un irritant qui concerne, je suppose, la maison d'édition, plus que l'ouvrage ou l'auteur. Ce livre me semblait une bonne approche du livre au Moyen Age et de l'enluminure. Il remplit bien son rôle d'introduction et les images complètent de façon magnifique le texte de Sophie Cassagnes-Brouquet. Cette édition coûte 15€, ce qui me semble normal pour un livre de ce genre : format, papier glacé, abondantes illustrations en couleur... Quelques temps plus tard, je vois un autre livre sur le "livre au Moyen Age". Petit livre poche, sans illustration à 6€. Le titre est différent : "Le Livre au Moyen Age" et le quatrième de couverture aussi. Je ne remarque pas le nom de l'auteur. Et bien, c'est exactement le même livre. Mot pour mot. Et sans illustrations. Il est moins dispendieux, il est vrai. Mais un livre traitant principalement de l'enluminure sans images illustrant le propos, me semble bien triste. Et pourquoi mettre un autre titre? J'ai cru à un autre texte... et je me retrouve avec une version moins intéressante du même livre. Évidemment, c'est ma faute pour ne pas avoir reconnu le nom de l'auteur... mais quand même !!!

Enfin... le texte de Sophie Cassagnes-Brouquet est intéressant, facile à lire et l'édition illustrée est tout simplement fascinante et magnifique ! Pour découvrir des manuscrits pratiquement inaccesibles et pour connaître un peu les façons de lire et d'aborder le livre au Moyen Age, c'est un excellent ouvrage !

Premier article : La passion du livre au Moyen Age - I

ExtraitsDSC_5178

"Les bibliothèques des laïcs conservent également quelques manuscrits profanes, destinés au plaisir et au désir d'évasion de leurs lecteurs. Ces ouvrages sont écrits en langue ulgaire. Ces livres sont souvent plus précieux et plus rares que les manuscrits de dévotion et ne sont accessibles qu'aux plus riches membres de l'aristocratie. [...] Ces manuscrits sont souvent somptueusement décorés par des peintures qui allient l'anachronisme à une élégance courtoise." p. 76

"La distance qui nous sépare de leur création [les livres], leur conservation miraculeuse en font des objets presque sacrés que les bibliothèques ou les collectionneurs privés conservent jalousement. De temps en temps, de trop rares expositions dévoilent à un public ébloui la richesse de ce patrimoine." p. 125

Sources

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10 mai 2010

La passion du livre au Moyen Age - I

livreMALa passion du livre au Moyen Age / Sophie Cassagnes-Brouquet. -- [Rennes] : Éditions Ouest-France, 2003. -- 126 p. : ill. en coul. ; 27 cm. -- ISBN 2-7373-3018.1. -- (Coll. Histoire)

Comprend une bibliographie et un glossaire.

Quatrième de couverture

Depuis le Moyen Age, l'histoire du livre est indissociable de celle de notre civilisation occidentale. La passion du livre est bien un trait caractéristique du Moyen Age, un legs que cette période a transmis parmi tant d'autres à notre civilisation occidentale. Les bibliothèques européennes renferment ainsi une grande part de notre patrimoine culturel et artistique, trop souvent méconnu.
C'est cette relation passionnelle que les hommes et les femmes du Moyen Age on entretenue avec le livre que cet ouvrage souhaite éclairer. La production de cet objet rare et précieux est due au travail lent et laborieux des scribes et au talents des enlumineurs. Les lecteurs et leur façon de lire nous introduisent dans le monde varié des livres du Moyen Age. Les livres ne sont pas seulement un texte mais aussi un fabuleux répertoire d'images. S'il en a les moyens, le commanditaire d'un manuscrit n'hésite pas à faire appel à un enlumineur pour décorer son livre. Les plus grands artistes participent au décor des manuscrits, la peinture est dans les livres.
La diversité des images, leur richesse et leur fantaisie qu'un lecteur contemporain découvre en parcourant les manuscrits du Moyen Age, ce monde de couleurs inaltérées, toujours aussi chatoyantes que ni le temps ni l'usure n'ont pu ternir, sont autant d'éléments qui permettent d'expliquer la fascination qu'exercent encore sur nous les manuscrits du Moyen Age.

L'auteur

Sophie Cassagnes-Brouquet est née à Chatou en 1957. Elle fait des études à l'Université de Toulouse et est agrégée d'histoirelivreMA1 en 1981. Elle possède un doctorat en histoire médiévale (thèse sur la violence des étudiants à Toulouse à la fin du Moyen Age qu'elle fit sous la direction de Jacques Le Goff) ainsi qu'un doctorat en histoire de l'art médiéval. Elle est d'abord conservateur des Antiquités et des Objets d'Art en Corrèze. Elle est ensuite professeur agrégé de l'enseignement du seconde degré à l'Université de Dijon-Bourgogne de 1991 à 1997. Puis, elle sera Maître de conférences à l'Université de Rennes II jusqu'en 2002. Elle est professeur d'histoire médiévale à l'Université de Limoges en 2002. Elle enseigne aujourd'hui l'histoire médiévale à l'Université de Toulouse II le Mirail et fait partie de plusieurs groupes et sociétés historiques.

Elle se consacre à la recherche sur l'histoire du Moyen Age et est l'auteur de nombreux articles et ouvrages sur le sujet autant pour les chercheurs que pour le grand public, tels que La passion du livre au Moyen Age, Les métiers au Moyen Age, La vie des femmes au Moyen Age, etc. Ses recherches portent sur de nombreux aspects de la vie au Moyen Age, principalement sur la ville à la fin du Moyen Age, et sur l'art et la culture.

Ses recherches récentes portent sur les arts, l'iconographie, l'artisanat et les artistes aux Moyen Age, spécialement les métiers artistiques. Elle écrit également des romans. Elle publie son premier roman, L'anonyme d'Avignon en 1992.

Bibliographie partielle

  • Les Vierges noires. Regards et fascination (1990)
  • Marien en Limousin (1991)
  • L'anonyme d'Avignon (roman) (1992)
  • Les anges & les démons (1993)
  • Les couleurs de la norme et de la déviance (1993)
  • Les feux barbares (roman) (1995)
  • L'Àge d'or de la forêt (1995)
  • Culture, artistes et société dans la France médiévale (1998)
  • Histoire de l'Angleterre médiévale (2000)
  • D'art et d'argent: les artistes et leur clients dans l'Europe du Nord, XIIIe-XVe siècle (2001)
  • La passion du livre au Moyen Age (2003)
  • L'image du monde: trésors des enluminures de la Bibliothèque de Rennes (2003)
  • Un mystère à Brocéliande (roman) (2004)
  • La vie quotidienne au Moyen Age (2004)
  • Vivre en ville au Moyen Age (2005)
  • Sur les pas des papes d'Avignon (2005)
  • Les Romans de la Tables ronde: premières images de l'univers arthurien: un trésor enluminé de la bibliothèque de Rennes (2005)
  • L'art en famille: les millieux artistiques à Londres à la fin du Moyen Age (2005)
  • Le château fort (2005)
  • Le manuscrit de Compostelle (roman) (2006)
  • Louis XI ou le mécénat bien tempéré (2007)
  • L'alchimiste errant (roman) (2007)
  • Poètes et artistes : la figure du créateur en Europe au Moyen Age et à la Renaissance (2007)
  • Un manuscrit d'Anne de Bretagne (2007)
  • Les métiers au Moyen Age (2008)
  • Meurtres à la cour de Richard III (2008)
  • La vie des femmes au Moyen Age (2009)

Résumé et commentaires personnels à suivre...

Extraits

"Une vision excessive a longtemps persisté à propos de "temps obscurs" où la culture était réservée à quelques moines, cloîtrés dans leurs abbayes. Une grande masse d'illétrés, nobles et paysans, aurait été dénuée de tout savoir, tenue à l'écart des connaissances les plus élémentaires. C'est une interprétation assez erronée. Elle omet un fait majeur, celui de la lecture orale et collective" p.49

"À l'époque où les écoles fleurissent à PAris, les laïcs, en particulier les aristocrates, abandonnent l'oralité pour la lecture silencieuse de livres religieux et profanes. La lecture se répand dans la noblesse aussi bien chez les hommes que chez les femmes." p.60

Sources

23 avril 2010

Que des livres...

"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire,
j'ai la certitude d'être encore heureux
"
[Jules Renard]

Lecture

"Un livre a toujours deux auteurs:
celui qui l'écrit et celui qui le lit
"

[Jacques Salomé]

Journée mondiale du livre et du droit d'auteur
Diada de la San Jordi...

Des livres, des roses...
Des mots à lire...
Des mots à protéger !!!

18 mars 2010

Petites histoires avec un chat ... Expérience de lecture

Pap1Je ne peux dire que j'aime beaucoup les recueils de nouvelles. Je n'en lis pratiquement jamais. Et je lis rarement un recueil de nouvelles d'un seul et même auteur. Je considère que c'est un genre difficile et lorsqu'un auteur publie plusieurs nouvelles, je trouve souvent le style répétitif.

Pourtant, j'ai pu lire des nouvelles qui m'ont marquée, des nouvelles inoubliables et j'ai même aussi écrit des nouvelles.

Mais lorsque je choisis un livre en bibliothèque ou en librairie, je vais rarement prendre un recueil de nouvelles. Même d'auteurs que j'aime.

Je n'ai pas acheté ce recueil, il me fut offert en cadeau. Par une amie qui connait mon amour des chats et qui avait beaucoup aimé le livre. Elle venait me voir à Barcelone et a pensé que j'aimerais bien un livre d'un nouvel auteur québécois. J'ai été très touchée, mais le livre a rejoint ma PAL et y demeura jusqu'à la semaine dernière.

Le Défi La Plume Québécoise m'a obligé en quelque sorte à sortir ce livre de la pile. Je voulais pour le défi lire de nouveaux auteurs québécois et comme je n'en ai pas des masses dans ma PAL, je me suis dit que c'était le bon moment.

Je dois dire que 3 choses m'ont tout de suite séduites. Avant même d'ouvrir le recueil.

Tout d'abord, le titre... évidemment !!!  Mon amie me connait quand même assez bien... Non seulement le fait que le chat semblait à l'honneur dans le recueil m'a plu immédiatement, mais j'adore l'intitulé ! J'adore le titre, tout simplement, spécialement la petite parenthèse ! Il m'arrive de ne pas choisir un livre, même si je n'en ai entendu que du bien, parce que je n'aime pas le titre ! Et oui, c'est plastique et textuel, mais il faut qu'un titre me plaise. (Évidemment, je ne lis pas uniquement les livres dont les titres me plaisent, sinon, je ne lirais pas beaucoup... mais ça demeure un critère et un gros avantage pour le choix du livre).

Ensuite, le nom de l'auteur. Que je ne connaissais pas du tout. Et dont je n'avais jamais entendu parler. Véronique Papineau... je trouve cela bien joli ! Et de plus, le nom de Papineau, m'a encore fait pensé aux chats.... Une association toute personnelle, évidemment. Et qui n'a rien à voir avec le nom ou l'auteur. Voyez-vous, soeurette a eu un magnifique chat noir, absolument non-photogénique et totalement fou. Oh, il était adorable et très gentil ! Mais vraiment bizarre et un peu stupide ! Elle lui avait donné un nom se terminant en "o". Cela faisait bien un mois qu'elle l'avait chez elle. Un jour, il fit une de ses bizarreries dont lui seul connaissait le secret et impliquant le robinet. J'ai éclaté de rire, étant témoin de cette acrobatie et j'ai dit: "C'est vraiment pas la tête à Papineau, ton chat !" Soeurette, riant aussi, a bien sûr approuvé... et a décidé que ce nom lui irait comme un gant. Le chat fut donc rebaptisé "Papineau" ! (Pour ceux qui ne connaîtrait pas l'expression, Louis-Joseph Papineau était un homme politique québécois du XIXe siècle, grand orateur et très intelligent. Quand on dit que "ça prends pas la tête à Papineau" cela signifie généralement qu'il ne faut pas être nécessairement très intelligent pour comprendre une chose relativement simple).

Finalement, la couverture ! Elle est absolument splendide ! Enfin, moi, je la trouve tout simplement magnifique. Les couleurs, le dessin, la composition... enfin tout !!! Et ça aussi c'est important pour moi. Je vais lire un livre dont je n'aime pas la couverture... oui... mais je vais souvent ne pas acheter ou emprunter un livre dont la couverture ne me plait pas. Ou alors, je vais choisir une autre édition... (Oui, je sais, c'est encore incroyablement superficiel, mais c'est ainsi... une couverture moche, un titre moche... et le livre peut risquer de ne pas être choisi... c'est sûrement un de mes crimes littéraires, tiens... je devrai m'en confesser dans la bonne section!)

Donc... Le Défi La Plume Québécoise, le titre, le nom de l'auteur et la couverture m'ont fait ouvrir le livre et lire son contenu, malgré mon peu d'intérêt pour les nouvelles. Le titre, le nom de l'auteur et la couverture vont faire de ce livre, une belle expérience de lecture ! En faire un livre que j'aime regarder dans ma bibliothèque. Le contenu ? Et bien... disons... que je ne suis pas plus emballée par les nouvelles qu'avant... Quelques belles histoires... Plusieurs qui m'ont ennuyée ou laissé indifférentes. Une ou deux histoires qui auraient dû être plus développées. Un exercice stylistique intéressant dans une nouvelle, répétitif dans la deuxième qui reprend le même style. Trop peu de chats à mon goût, mais très bien utilisés. La nouvelle sans chat... intéressante pour son apport à la parenthèse du titre, mais très ennuyeuse pour moi.

Non, définitivement... cette expérience de lecture est principalement inoubliable pour moi... pour des raisons hors contenu !!!

Voir aussi: Petites histoires avec un chat dedans (sauf une) (critique de lecture)

17 mars 2010

Petites histoires avec un chat dedans (sauf une)

Petites histoires avec un chat dedans (sauf une) : nouvelles / Véronique Papineau. -- [Montréal]: Boréal, 2008. -- Pap1175p. ; 22 cm. -- ISBN 978-2-7646-0596-7

Quatrième de couverture

La vie n'est pas toujours simple, même - et surtout? - quand on est jeune, comme les personnages que Véronique Papineau met en scène dans ces nouvelles. Histoires de cœur, histoires de baise, problèmes de travail ou d'argent, tout cela peut nous faire passer de fichus quarts d'heure, qu'il nous arrive très souvent de traverser sous le regard à la fois attentif et impassible de nos chats. Ils voient tout, comprennent tout, mais ils ne nous jugent jamais.

Avec le chat, Véronique Papineau partage de nombreuses qualités: l'art de la légèreté, le coup de griffe qu'on n'a pas vu venir, la caresse qui déchire.

Qu'elle raconte l'histoire d'amants qui se rencontrent à 120 kilomètres-heure sur l'autoroute, la fugue de deux adolescents dans la grande ville, la fin de la noce pour la demoiselle d'honneur qu'emporte l'ambulance, chacune de ces scènes de la vie contemporaine prend un relief inattendu, tout comportement est soumis au regard de cette fine observatrice, à son humour à la fois tendre et cruel. Jamais elle ne rate sa proie. 

Pap2L'auteur

Véronique Papineau est née à Sainte-Brigide d'Iberville, petit village québécois, en 1980. Elle étudia en Lettres au cégep puis en traduction à l'université. Elle a travaillé comme rédactrice de sous-titre pour les malentendants. Elle aime depuis toujours la littérature et dit volontiers que son rêve était de publier un livre à 30 ans. Elle participe à divers concours. Elle publiera sa première oeuvre, un recueil de nouvelles, à l'âge de 28 ans. Petites Histoires avec un chat dedans (sauf une) a été en nomination pour le Grand Prix Littéraire Archambault 2009 (prix du public - 9e édition).

Elle habite aujourd'hui Montréal et est correctrice pour un magazine local. Elle continue d'écrire et prépare un nouveau roman.

Résumé

Ce livre nous propose douze nouvelles, douze petites histoires, sauf une, qui nous offre le passage d'un chat. Un passage parfois furtif, où l'on sent à peine sa présence. Un passage parfois central, alors qu'il devient le coeur de l'histoire. Mais toutes les histoires, sauf une seule, comporte la présence d'un chat.

Une histoire de rupture, une histoire de dépression, une histoire de fugue, des histoires de frères, des histoires de couples, une histoire de rencontre, des histoires d'amour, une histoire de folie, des histoires d'enfants,...

Commentaires personnels

Onze histoires avec un chat faisant une apparition. Une histoire, sans chat. L'auteur a donc écrit la majorité de ses histoires en intégrant la présence d'un chat. Le chat est à parfois à peine visible. On le sent au détour d'une phrase et on le voit plus. Parfois, il est essentiel à l'histoire. Comme un vrai chat, sa présence est parfois discrète, parfois sournoise, parfois douce, parfois féroce. Les personnages détestent parfois le chat, l'ignorent souvent... ou alors en sont complètement épris. Le chat est souvent l'observateur, parfois le catalysateur... D'une façon ou d'une autre, sa présence est un symbole important de l'histoire. Même lorsqu'il ne fait que passer rapidement. Il a toujours une raison de faire partie de l'histoire.

Ce recueil de nouvelles est la première oeuvre de Véronique Papineau. L'auteur n'a de toute évidence pas choisi de commencer avec un genre facile. Et comme la plupart des recueils de nouvelles, les histoires sont ici inégales. Certaines m'ont parues simples, voire simplistes. D'autres, beaucoup trop courtes. J'ai beaucoup aimé certaines histoires, d'autres m'ont carrément ennuyées. L'auteur a cependant fait un effort évident pour varier le style de ces nouvelles. Le thème qu'elle s'était elle-même imposée a cependant parfois semblé difficile à suivre. Elle a donc tenté de suivre un thème tout en cherchant à éviter l'uniformité de ses textes. Mission très difficile qu'elle a plus ou moins réussi. Dans l'ensemble, cependant, je dirais qu'elle s'en ait assez bien tiré.

L'auteur dit qu'elle observe les gens et que ses histoires sont inspirées de ses observations. Les personnages sont très bien dépeints et crédibles. Les situations sont anecdotiques. L'auteur nous offre des situations familières. On reconnait facilement des gens de notre entourage ou des situations que nous avons vécues ou que des gens que nous connaissons ont pu vivre.

Il y a beaucoup d'humour dans les textes de Véronique Papineau. Un humoir plutôt noir, parfois très ironique et sarcastique. Mais j'ai parfois senti quelques clichés. Et certaines situations ou personnages m'ont semblé stéréotypés. On note une certaine désillusion de l'amour et des couples qui est assez caractéristique de notre époque. Et on pourrait croire que l'auteur passe certains "messages" ainsi que ses idées sur le monde contemporain, sur une génération qu'elle qualifie certainement de désabusée et sur les relations en géneral.

Je crois aussi que certaines histoires auraient pu être facilement développées. Je suis souvent restée sur ma faim, dans un sens. Les personnages m'ont souvent semblé intéressants et complexes mais trop peu développés. Même dans le contexte d'une nouvelle. L'auteur nous en dit trop ou pas assez, dans un sens. Et certaines histoires me semblaient mériter plus que quelques pages.

Le propos le plus important et intéressant du volume demeurent cependant la présence du chat qui ancre définitivement chaque histoire dans la réalité et le quotidien. D'ailleurs, l'histoire qui m'a le moins plu est celle qui n'a point de chat dedant !

Les avis de Christine Jeanney (Pagesapages), Club de lecture, Maxime Jobin, Caro[line], Jessica, d'autres avis sur la Recrue du mois.

Voir aussi: Petites histoires avec un chat... Expérience de lecture

Extraits

"Dormir très mal. Se réveiller au milieu de la nuit et, jusqu'à l'aube, avoir des pensées comme une autoroute. Vers cinq heures, voir les lampadaires s'éteindre. Sombrer dans un sommeil impalpable.Snoozer pendant une heure. Être en retard, comme chaque matin. S'en foutre. Avant de se mettre debout, songer que notre vue sera la même jusqu'à la fin de semaine, jusqu'à la fin du mois, jusqu'à la fin de l'année. Être envahie par une immense lassitude." p. 55 (Dormir très mal)

"Costa nous connaissait et nous connaissions Costa. Qu'il aille trouver refuge dans le lavabo de la salle de bains par les chaudes journées de juillet ne nous étonnait plus. Qu'il passe ses après-midi à dormir dans le fauteuil capitonné du salon n'était plus un secret pour personne. Qu'il vienne immanquablement nous voir chaque fois que l'un de nous siégeait sur les toilettes, qu'il vienne poser ses deux pattes de devant sur notre cuisse avant qu'on ne se penche vers lui et que notre nez ne touche son museau humide, cela faisait partie du quotidien." p. 108 (La mort d'un chat)

Sources à consulter

... et mon deuxième roman du Défi la Plume Québécoise...

Defi

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10 mars 2010

Quelques boutiques à Barcelone...

Barcelona Shops / Photographs by Consol Bancells ; [Redacció i coordinació: Begoña Garcia]. – [Barcelona]: Angle Editorial, 2007. – 190 p. : photgr. en coul. ; 19 x 19 cm. – 978-84-96970-05-2

Livre en anglais, espagBShopnol et catalan.

Quatrième de couverture

The most charming traditional shops – Las tiendas tradicionales con más encanto – Les botigues tradicionals amb més encant.

L'auteur

Consol Bancells est une photographe indépendante catalane. Elle a fait des études en Histoire de l'Art à l'Universitat de Barcelona. Elle se consacre aujourd'hui à la photographie et se spécialise dans l'architecture et les arts décotatifs. Elle a écrit et réalisé les photographies de plusieurs oeuvres, principalement sur le modernisme. Elle publie également dans diverses revues et magazines.

Bibliographie

  • Sant Pau, Hospital Modernista (1988)
  • El Modernisme a Mallorca (1989)
  • Guia del Modernisme a l'Eixample (1990)
  • Farmàcies Modernistes de Barcelona (2006)
  • Botigues Històriques de Catalunya (2006)
  • Barcelona Botigues amb encant (2007)
  • Farmàcies Històriques de Catalunya (2007)
  • El Modernisme (2008)
  • Ignasi Oms i Ponsa Arquitecte (2009)
  • Barcelona II.lustrada. La Ciutat del segle XVIII (2009)

Le site de la photographe.

Résumé

Une promenade dans Barcelone à la rencontre des boutiques historiques de la ville. La photographe nous propose ses photographies des plus belles, anciennes et représentatives boutiques de Barcelone.

Commentaires personnels

Barcelona Shops est un livre de petit format mais chaque page nous fait découvrir une boutique de Barcelone. Ces boutiques ne sont BShop2pas, pour la plupart, cachées ou inacessibles. Elles se trouvent facilement. On les croise souvent. Mais il suffit d'ouvrir les yeux. Et c'est ce qu'à fait la photographe.

Nous la suivons dans les rues de la ville à la recherche des boutiques anciennes. Les vieilles boutiques de Barcelone qui se caractérisent par leur ancienneté, mais aussi par leur beauté et leur architecture traditionnelle. La grande majorité des endroits datant du début du XXe siècle et sont représentatives du Modernisme et du Noucentisme (mouvement essentiellement catalan). Mais certaines boutiques sont plus anciennes.

Ces boutiques sont emblématiques de la ville. Elles rappellent son histoire, ses traditions, sa vie. Se sont souvent de vieilles épiceries  ou encore des pharmacies, toujours en fonction. Quelques boutiques de vêtements, et même une boutique de bougies et chandelles... la plus vieille de Barcelone.

J'ai souvent croisé ces endroits. J'ai même aussi photographié ces boutiques. Je me souviens aussi d'avoir acheté des chandelles, lors d'une visite en 1994, dans cette boutique antique "Cerería Subirá" qui existe et vend des chandelles depuis 1761.

Les photos du livre sont superbes et un petit texte accompagne chaque boutique. Peut-être un peu court. Il aurait été plaisant d'avoir un peu plus d'information sur l'histoire de chaque boutique. Mais le livre est essentiellement centré sur la photographie et sur la découverte de ces boutiques. On nous offre un plan avec la localisation de chacune des boutiques afin de pouvoir les admirer par soi-même... Barcelone se découvre véritablement à pied ! Il faut se promener tranquillement et toujours regarder partout afin de découvrir les endroits un peu plus discrets mais aussi superbes et intéressants que les attraits plus connus (les maisons de Gaudí, les cathédrales, etc.).

Sources à consulter

8 mars 2010

Sukkwan Island - David Vann

Suk1Sukkwan Island : roman / David Vann ; traduit de l'américain par Laura Derajinski. -- [Paris] : Gallmeister, 2009. -- 191 p. ; 21 cm. -- ISBN 978-2-35178-030-5. -- (Nature Wrinting)

Quatrième de couverture

Une île sauvage du Sud de l'Alaska, accessible uniquement par bateau ou hydravion, tout en forêts humides et montagnes escarpées. C'est dans ce décor que Jim décide d'emmener son fils de treize anspour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une succession d'échecs personnels, il voit là l'occasion de prendre un nouveau départ et de renouer avec ce garçon qu'il connaît si mal.

La rigueur de cette vie et les défaillalnces du père ne tardent pas à transformer ce séjour en cauchemar, et la situation devient vite incontrôlable. Jusqu'au drame violent et imprévisible qui scellera leur destin.

Sukkwan Island est une histoire au suspence insoutenable. Avec ce roman qui nous entraînen au coeur des ténèbres de l'âme humaine, David Vann s'installe d'emblée parmi les jeunes auteurs américains de tout premier plan.

L'auteurSuk2

David Vann est né en Alaska, sur l'île Adak, en 1966. Il étudia à l'Université Stanford et y obtient un Master of Fine Arts (MFA) en Création Littéraire. Il publie régulièrement dans divers magazines The Atlantic Monthly, Esquire, Men's Journal, Outside's GO, National Geographic Adventure, Writer's Digest, et plusieurs autres.  En 2005, il publie ses mémoires intitulées A Mile Down: The True Story of a Disastrous Career at Sea, racontant son périple sur les mers. Il a en effet parcouru plus de 40 000 milles sur les océans.   

Il a enseigné à plusieurs universités: Stanford, Cornell SF State et Florida State University. Aujourd'hui, il vit en Californie avec son épouse et enseigne à l'Université de San Francisco. Il construit également un catamaran et prévoit repartir en mer pour un tour du monde solitaire.

Le site de l'auteur.

Bibliographie

  • A Mile Down: The True Story of a Disastrous Career at Sea (2005)
  • Legend of a Suicide (2008)

Résumé

Un homme, vivant une période difficile de sa vie, décide de partir pendant une année et de vivre dans une île isolée d'Alaska. Il demande à son fils de 13 ans, de vivre l'expérience avec lui et de l'accompagner sur l'île.

Ils partent donc tous les deux pour vivre dans une cabane sur l'île Sukkwan, accessible uniquement par bateau ou hydravion. Ils arrivent à l'île avec quelques provisions et matériel, prêts à travailler dur pour affronter la prochaine année. Mais dès le début, il semble que le père n'est pas du tout préparé à vivre cette expérience. Les difficultés s'accumulent et le père se laissent aller à sa dépression, laissant son fils complètement désemparé.

Le père et le fils se retrouvent pris dans un engrenage qui se terminera par un geste horrible qui changera leurs destins.

Commentaires personnels (attention spoilers)

Lecture commune avec : L'Or des Chambres

Sukkwan Island n'est pas à proprement parler un roman. Le titre est en fait une nouvelle qui fut publiée dans le recueil "Legend of a suicide" en 2008. Sukkwan Island est la nouvelle principale du recueil qui en contient 6 au total. La majorité des nouvelles prennent place en Alaska. Le personnage principal des nouvelles est principalement un jeune garçon nommé Roy. Les nouvelles ont également pour principal thème le suicide.

Le père de David Vann s'est suicidé suite à une dépression en 1980. David Vann avait alors 13 ans. Avant de mettre fin à ces jours, son père aait demandé à son fils de partir avec lui pour une île en Alaska.  Vann a lui-même expliqué que Sukkwan Island est une tentative de comprendre son père et son état psychologique. Par son récit, il essaie de se rapprocher de son père. Il a dit dans une entrevue que sa nouvelle est aussi une façon de se venger de son père... le faire payer en quelque sorte pour la culpabiblité qu'il ressent face au suicide de son père. Comme beaucoup de proches de suicidés, il s'est longtemps senti responsable de la mort de son père. Il a porté longtemps sur ses épaules le suicide de son père et dans la nouvelle, il se fera en quelque sorte porter par son père.

La nouvelle a pour thème principal la relation entre le père et le fils. C'est une analyse des rapports entre un père et son enfant. Et surtout un questionnement sur les responsabilités du parent face à son enfant. Un père a-t-il le droit de mettre son enfant dans une situation non contrôlé ? Éloignés de tous, sans moyens de communication fiable, sans véritables connaissances de la survie en nature... A-t-il le droit de mettre son enfant en danger ? Et a-t-il le droit de raconter à son fils de telles confidences ? Quand peut-il cesser d'être le père pour être un simple homme ? A-t-il le droit de se reposer sur son fils encore très jeune ?

Très rapidement, on sent que le père est malade. Il est faible, dépressif, suicidaire et surtout imprudent et irresponsable. Il n'est pas préparé pour vivre dans cet isolement. Ni d'un point de vue pratique, ni d'un point de vue psychologique. Il met volontaire son fils face à des situations difficiles. Il le laisse seul, il l'amène dans des promenades dangereuses, il se blesse volontairement, il pleure toutes les nuits et confie des choses délicates et inappropriées à son fils. Il est extrêmement égocentrique et centré sur lui-même et utilise même le chantage émotif pour que son fils reste sur l'île. Il est incapable de s'occuper de son fils et a donc échoué comme père. Le personnage est détestable et on sent vraiment le règlement de compte de l'auteur avec son propre père.

Le texte est divisé en deux parties et ce n'est un secret pour personne - puisque la publicité et le marketing entourant l'oeuvre fut très explicite - que la première partie se termine à la page 113 par un événement choc qui changera tout. La première partie est essentiellement la vie des deux personnages sur l'île. Leur tentative pour y survivre. Cette partie est essentiellement la raison pour laquelle le livre fait partie de la collection "Nature Writing" c'est-à-dire "Écriture de la nature". L'île d'Alaska est presque un personnage à part entière. On voit et on sent l'île... sa nature, ses intempéries, sa beauté et son aspect sauvage. Le père et le fils doivent apprendre à vivre sur l'île et à affronter ses éléments.

Cette première partie se termine par une mort. Les prochaines pages se concentrent essentiellement sur la culpabilité du survivant et le poids de cette mort sur lui.

La première partie est lente... les minutes semblent passées difficilement pour les personnages. On les sent souffrir dans chaque page. On sent les inquiétudes du fils et son désillusionnement face à son père. On ressent les échecs de son père, son désespoir. J'ai cependant eu beaucoup de difficulté à accepter les personnages. Ils m'ont semblé improbables. Ils sont essentiellement des émotions que l'auteur a assemblé dans deux personnages représentant le "père" et le "fils". Comme plusieurs lecteurs je ne suis pas capable de croire à la situation. Ce projet irréel... comment un père peut-il amener son fils pendant un an sur une île déserte en y étant pas préparé ? comment une mère peut-elle laisser son fils partir avec un père instable ? J'ai eu aussi de la difficulté à croire à certains événements... toute l'histoire de l'ours, par exemple, m'a semblé incroyable... j'avais l'impression qu'elle était fausse, "arrangée". Une simple mise en scène.

Malgré tout, c'est la partie que j'ai trouvé la plus agréable à lire. Évidemment, tout au cours de la lecture, on est en attente de "l'événement". On sent donc une tension qui s'installe. Plus les jours passent, plus on sent la situation devenir dramatique. Cependant, je n'ai pas senti la noirceur ou le cauchemar, comme plusieurs l'ont ressenti. La situation est tense mais prévisible. On sent qu'il y aura quelque chose d'irréversible qui se produira. Parce qu'on nous y a préparé... Et honnêtement... cet événement n'est pas bien difficile à prévoir ! Dès les premières pages, j'avais un doute. Et puis après la chute "accidentelle" du père, je savais plus ou moins ce qui allait venir... les événements suivants confirmaient petit à petit: les planches à faire, la cache à creuser et recreuser, les marches en pleine nuit, l'avion manqué, la pluie, les pleurs et confidences du père, les fusils, etc. Mais honnêtement... cet évènement n'était pas inévitable. Il m'a même paru un peu exagéré et "gros". Il a lieu car l'auteur a besoin qu'il arrive... pour pouvoir régler ses comptes avec son propre père. Car même si j'avais deviné ce qui allait arriver... en vérité cet événement arrive un peu n'importe comment et pour rien. La situation était difficile mais pas à ce point tragique ! Pour expliquer un tel geste, il en faut un peu plus. Je répète.... cette mort a lieu car sinon l'auteur ne pouvait exorciser ses propres démons.

Et donc, à la page 113, je ne fus pas surprise. Suicide ou meurtre... ce n'est pas vraiment important... c'est en fait le même acte pour l'auteur.

La deuxième partie m'a semblé vaguement inutile. Et encore plus improbable. Selon moi, elle n'est finalement qu'une métaphore des sentiments de culpabilité que l'on peut ressentir face à des gestes hors de notre contrôle... et que l'auteur tente d'exorcicer. Il se venge et en même temps pardonne à son père. Il lui donne la possibilité de payer son crime à travers le désespoir du survivant du texte. En quelque sorte, il nous raconte comment il vit les émotions contradictoires qu'il ressent face à son père. Désillusion et colère, culpabilité et rage, amour et haine. Mais j'ai trouvé la lecture de cette deuxième partie longue et fade... une longue suite de plaintes et d'apitoiement sur soi-même. Je suppose que pour l'auteur elle est la suite logique et essentielle. Tout comme la conclusion, essentielle elle-aussi. Elle vient boucler la boucle. Le cercle de la mort dans laquelle l'auteur voulait sortir. Ils sont tous morts.

Sukkwan Island est essentiellement un texte introspectif et libérateur pour l'auteur. L'histoire n'est pas sans charme mais manque cruellement de cohérence. La plume de l'auteur est très inégale. Elle est surtout thérapeutique et donc elle varie au gré des émotions que l'auteur cherche à transmettre. Même si j'ai apprécié la lecture, je dois avouer que j'ai été un peu déçue. Et je crois qu'essentiellement mon appréciation vient du fait que je comprends, aujourd'hui, le drame personnel que Vann a voulu décrire et se libérer. Mais sans cette information, le livre m'a d'abord apparu un peu ennuyant, invraisemblable et exagérément tragique. Ce qui me fait questionner... Si je dois connaître la vie de l'auteur et ses motivations pour apprécier la lecture de son texte... quelle valeur a à mes yeux cette nouvelle ? Si je ne peux apprécier les mots sans connaître cette information c'est que le texte n'a pas réussi à me rejoindre. Malheureusement.

Les avis de : Papillon, Stephie, Caroline, Anne-Sophie, Malice, Véronique (alias la Pyrénéenne), Keisha, Cuné, Saxaoul, Virginie, Sylire, In Cold BLog, Moby, Mango, Leiloona, La Sardine, Cathulu, Brize, Cynic, Yspaddaden, Cryssilda, Un coin de blog, Bookomaton et Bladelor.

Extraits

"Roy se sentait mis sur un pied d'égalité avec son père. Aucun d'eux ne savait quoi faire et ils allaient devoir apprendre ensemble. Il grimpa la courte distance qui le séparait des toilettes et vit les plantes déjà piétinées lors de leur précédent passage. Ils creuseraient des sentiers à tous les niveaux, partout où ils iraient." p. 20

"Il n'était qu'à une centaine de mètres de la dernière pointe quand il entendit le ronronnement du moteur, il s'arrêta pour voir l'avion décolleer de la baie, se détacher de sa propre écume et s'élever maladroitement au-dessus du chenal. Roy resta planté là en fixant le point où l'appareil avait disparu, la respiration saccadée, tenaillé par le sentiment qu'un événement terrible  était survenu." p. 81

Sources à consulter

25 février 2010

Je ne me lève jamais avant fin générique - Réjane Bougé

leve2Je ne me lève jamais avant la fin du générique : récit / Réjane Bougé. -- [Montréal] : Québec Amérique, 2005. -- 238p. ; 22 cm. -- (Littérature d'Amérique). -- ISBN 2-7644-0392-5

Quatrième de couverture

S'il y a les petites vues, les grandes vues et les vues animées, Réjane Bougé a, quant à elle, un faible pour les "belles vues", ces dernières lui rappelant la tante aimante avec qui elle regardait le cinéma Kraft du jeudi et les films en fin de soirée. Autant de mélodrames dignes de Douglas Sirk !

À sa manière, Je ne me lève jamais avant la fin du générique, constitue le bilan d'une cinéphile. Ce récit se présente donc comme l'émouvante histoire d'une amoureuse du cinéma qui, sans aucune prétention critique, a décidé de répertorier des scènes, tant à la vie qu'à l'écran, et de monter comment elles se répondent, soulevant ainsi les délicats rapports qu'entretiennent les images avec la réalité. Car, si l'auteure a projeté sa propre vie dans les films, c'est que ceux-ci n'existent qu'à travers les yeux de qui les voient ! Joies, deuils, désirs et désarrois: on naviguera dans ce livre un peu comme dans un catalogue, pour renouer avec les émotions et les sensations que le septième art a distillées dans l'imaginaire collectif.

Que Réjane Bougé dise ne jamais se lever avant la fin du générique, elle non plus, voilà qui est heureux, aussi bien pour le cinéma que pour la littérature.

L'auteurLeve1

Réjane Bougé est née à Montréal au Québec, en 1957. Elle étudie d'abord à l'Université du Québec à Montréal (UQAM) où elle obtient un baccalauréat en Études Littéraires en 1985. Elle fera ensuite, en 1993, un certificat en Études Italiennes à l'Université de Montréal.

Elle devient animatrice et journaliste à la radio de Radio-Canada en 1984 et elle y animera diverses émissions littéraires et culturelles pendant plus de 15 annés, dont l'émission Midi Culture. Elle publie son premier roman en 1992 et se consacre aujourd'hui presque entièrement à l'écriture.

Bibliographie

  • L'amour cannibale (1992)
  • La voix de la sirène (1994)
  • L'année de la baleine (1999)
  • Abécédaire des pays imaginaires (2002) (avec Maude Bonenfant)
  • Je ne me lève jamais avant la fin du générique (2005)

Résumé et Commentaires personnels

Se rappeler de moments de sa vie à travers les films qui l'ont marquée, voici le récit autobiographique que propose Réjane Bougé. Plus qu'un simple bilan des films qu'elle a vu au cours de sa vie, l'auteur choisit plutôt de se remémorer des scènes qui se reflètent dans des instants de sa vie. Telle scène lui rappelent telle personne, telle émotion, telle tragédie, tel désir, tel deuils, telle aventure, telle peur, telle joie... son apprentissage de la vie se miroite dans des films de toutes les époques et de tous les genres.

Cette vie qu'elle nous raconte, c'est sa vie. Peut-être parfois lègèrement embellie par ses souvenirs. Mais toujours intimement liée au cinéma. Elle nous présente des scènes sur un écran. Un écran qui prend la forme de souvenirs parfois flous, parfois déformés par les émotions ou les années. Mais toujours bien réels pour l'amoureuse de cinéma qu'elle semble être.

Nous passons donc au travers de certains moments de sa vie. Son enfance, son adolescence, sa vie d'adulte, parfois des "flashbacks", parfois des réflexions... parfois des silences, des fondus au noir. Elle ne nous explique pas tout. Elle nous laisse remplir les blancs laissés par son écriture.

Je ne connaissais pas tous les films dont elle parle. Parfois, j'aurais aimé en savoir plus, j'avais l'impression que je n'avais pas toute l'information pour comprendre sa réflexion. Mais les films qu'elle présente sont les films tels qu'elle les a vu... alors parfois même les films que je connaissais, je les voyais autrement. Car un film vit aussi à travers les yeux de celui qui le voit.

Mais les films font aussi partie de l'imaginaire collectif et parfois il suffit de dire une réplique, évoquer une scène pour qu'on se comprenne... Un souvenir commun... Et des moments qu'elle décrivait semblaient aussi raconter des instants de ma vie. Le cinéma fait partie de bien des vies. Combien de fois, tel scène de notre vie nous rappelle un film... et le contraire.

Le texte semble à la fois intime mais aussi très analytique. On passe parfois des souvenirs intimes à une analyse de films et de séquences. Elle semble parfois pousser son analyse très loin, de façon presque technique. Parfois, on semble plus tomber dans une réfléxion personnelle, voire philosophique.

Et on ne peut que se questionner sur le récit... "roman autobiographique"... quelle est la part de vérité, quelle est la fiction ? Mais je ne crois pas qu'il faut s'attarder à ces questionnements. Nos vies sont une suite de scènes... et c'est ce que Réjane Bougé a voulu nous montrer.

Le roman est québécois et plusieurs allusions furent pour moi autant de petits moments doux... des souvenirs d'annonces publicitaires, des habitudes, des noms de rues, des endroits... même le cinéma sur la couverture m'a troublée... aujourd'hui un "Jean-Coutu", je me rappelle très bien de cet édifice ! Et que dire du Cinéma Lumière qui a tant marqué ma propre enfance! Je croyais que personne ne se souvenait de cet endroit ! Et le cinéma Château... aujourd'hui une sorte de centre spirituel... tout à côté de ce restaurant que j'ai fréquenté, à quelques coins de rues de mon appartement... L'auteur a su en une phrase exprimer ma pensée: "Sur le plastique brisé de la marquise, les messages alternent. Un laconique "Jésus t'aime" a longtemps tenu l'affiche. "Parler avec Dieu c'est relaxant": dans la maxime actuelle, l'adjectif étincelle en rouge. Mais quelle est donc cette religion molle qui se présente comme une excroissance de la massothérapie ? Le bistro "Les Derniers Humains" venu se greffer à l'édifice, sur le flanc droit, immerge cette église dans un climat apocalyptique." p. 218

Mais ces souvenirs intimement liés à Montréal, se déplacent aussi en France, en Italie, en Angleterre... Ce n'est donc pas un obstacle à la lecture du texte... on peut facilement se perdre dans ces salles de cinéma, dans ces films et dans ces moments d'une vie.

Choisir de raconter un peu sa vie au travers des films qu'elle a visionné me rappelle un peu l'exercice que je fais parfois ici avec les émissions de télévision... ma "vie télévisuelle"... et je n'ai pu m'empêcher de sourire... Ce que les médias peuvent nous avoir marqués !

Extraits

"Les critiques parlent rarement des conditions de projection puisqu'ils ne fréquentent à peu près pas les cinémas. Ignorent-ils que, si Don Quichotte se bat contre des moulins à vent, les spectateurs, eux, luttent contre des majors qui les respectent autant que les oeuvres, c'est-à-dire fort peu?" p. 24

"Au cinéma, on peut créer l'illusion que deux personnes discutent ensemble. Je n'ai jamais vraiment dialogué avec ma mère, mais j'ai longtemps caressé l'idée que nous pouvions le faire. La possibilité était là, virtuelle. J'ai gardé cet espoir jusqu'à ce qu'elle soit admise aux soins palliatifs. Une semaine avant qu'elle meure, nos deux films en parallèle me semblèrent dans l'ordre des choses." p. 36

"Quand je lis, des espaces se déploient et se creusent autour des mots." p. 52

"En couleurs, en noir et blanc : cette dichotomie, qui paraîtrait étrange aux enfant d'aujourd'hui, nous était d'autant plus naturelle que nous la retrouvions à la maison, rivés devant un petit écran qui débitait des tranches de vie incolores. Nous étions donc entraînées à circuler entre ces deux états, à traverser "le mur des couleurs". p.77

"Avant l'apparition du cinéma, les hommes n'envisageaient pas les derniers instants de leur vie sous la forme de ce légendaire film qui va se dérouler. À cause de la vitesse qu'elle semble impliquer, cette métaphore moderne m'effare. Nous donne-t-on au moins le tmeps de rire ou de pleurer de quelques scènes." p. 88

Sources à consulter

... et mon premier roman du Défi la Plume Québécoise...

Defi

17 février 2010

Petit moment de relâche...

Oui... le mois de février se déroule lentement.
Et célébrons les moments d'évasion
loin des nuages de Barcelone...

1

Mais je dois avouer que les dernières semaines
j'ai traîné des pieds
j'ai cherché le confort de mon sofa
je me suis perdue dans de vieilles émissions
de séries que je connais par coeur

J'ai regardé le ciel gris
et j'ai chialé

Je lis mot à mot un livre
que pourtant je trouve incroyablement
intéressant...

Je traîne
Je paresse
Je néglige
Je procrastine
...

Mais...
Je reviens tranquillement
Je recommence à lire
Et je me botte le postérieur...

Oui... car ça suffit
la paresse et la fainéantise...
Et le soleil
est dans ma tête... :)

8 février 2010

Sur ma peau de Gillian Flynn

gillian2Sur ma peau / Gillian Flynn ; roman traduit de l'anglais par Christine Barbaste. -- [Paris] : Calmann-Lévy, 2008, [c2006]. -- 381 p. ; 18 cm. -- ISBN 978-2-253-12070-4. -- (Coll. Livre de Poche : Thriller, 37274)

Titre original: Sharp objects

Quatrième de couverture

La ville de Wind Gap dans le Missouri est sous le choc : une petite fille a disparu. Déjà l'été dernier, une enfant avait été sauvagement assassinée... Une jeune journaliste, Camille Preak, se rend sur place pour couvrir l'affaire. Elle-même a grandi à Wind Gap.

Mais pour Camille, retourner à Wind Gap, c'est réveiller de douloureux souvenirs. À l'adolescence, incapable de supporter la folie de sa mère, Camille a gravé sur sa peau les souffrances qu'elle n'a pu exprimer. Son corps n'est qu'un entrelacs de cicatrices...

On retrouve bientôt le cadavres de la fillette. Très vite, Camille comprend qu'elle doit puiser en elle la force d'affronter la tragédie de son enfance si elle veut découvrir la vérité...

L'auteurGillian1

Gillian Flynn est en 1971 à Kansas City dans le Missouri. Ses parents sont tous deux des professeurs à des collèges communautaires. Son père enseigne le cinéma et sa mère la lecture. Elle étudia à l'Université du Kansas et obtint un diplôme en Études Anglaises et en Journalisme.

Elle travailla pendant deux ans pour un magazine de Californie, Workforce, pour lequel elle écrivit des articles sur les ressources humaines. Elle s'établit ensuite à Chicago où elle complèta une maîtrise en journalisme à l'Université de Northwestern. Elle déménagea ensuite à New York où elle travailla comme critique de cinéma pour le Entertainment Weekly. Son travail lui permit de voyager un peu partout dans le monde. En plus, d'écrire sur le cinéma, elle écrivit également sur la télévision, toujours pour le Entertainment Weekly.

Elle écrit son premier roman en 2006 qui fut un succès. Elle gagna deux Dagger Awards pour "Sharp Objects" et elle ácrit présentement le scénario pour la version cinématographique qui est prévue. Elle publie son deuxième roman en 2009. Elle vit présentement à Chicago avec son conjoint.

Bibliographie

  • Sharp Objects (2006)
  • Dark Places (2009)

Voir le site de l'auteur

Résumé

Une jeune journaliste de Chicago, Camille Preaker, est envoyée dans sa ville natale pour enquêter et écrire sur la disparition d'une petite fille. Il y a quelques mois, une autre petite fille a été retrouvée morte et on parle déjà de meurtre en série. Camille n'est guère enthousiaste à l'idée de revoir les lieux où elle a grandit et où vivent encore sa mère, son beau-père et sa demie-soeur.

Elle se rend néanmoins à Wind Gap, au Missouri, pour tenter d'écrire un article qui satisfera son éditeur en chef - et ami - et qui peut-être la fera connaître comme journaliste. Mais pour cela, elle doit aussi affronter son passé. Un passé qu'elle ne peut oublier et qu'elle a même gravé sur son corps.

Camille ne s'automutile plus mais les mots sont toujours sur son corps. Et elle doit maintenant revoir sa mère, dont elle n'a jamais ressenti l'amour, son beau-père qui semble vivre dans un autre monde, sa demie-soeur qu'elle connaît à peine, et l'ombre de sa soeur, longtemps malade et morte alors que Camille était une jeune adolescente.

Entre des retrouvailles avec une famille qu'elle aimerait oublier ainsi qu'une ville qui semble figée dans le temps, une enquête difficile sur les meurtres de fillettes et une aventure avec le policier en charge de l'enquête, Camille tentera de comprendre son passé et deviner son futur.

Commentaires personnel

Annoncé comme un roman policier, le roman de Gillan Flynn dépasse largement les paramètres du genre. En fait, j'ai cessé assez rapidement de considérer le livre comme un roman policier pour le lire comme un roman psychologique. Une histoire de famille, principalement.

Le roman de Flynn est essentiellement centré sur son personnage principal, la journaliste, Camille Preaker. L'histoire est présentée de son point de vue et elle est complètement impliquée dans l'intrigue. Mais rapidement, on se rend compte que l'intrigue policière n'est qu'un prétexte pour développer des sujets plus difficiles. La résolution des meurtres (oui, je ne crois surprendre beaucoup en disant que la 2e petite fille sera retrouvée, elle aussi, morte et mutilée de la même façon que la 1ère petite fille) n'est pas sans importance et l'enquête est tout de même bien menée.

L'écriture semble efficace, même si la traduction a tout de même quelques lacunes. Cependant, la lecture est agréable. Pour plusieurs lecteurs, le personnage principal leur a semblé sans intérêt. On la qualifie d'égocentrique, froide, vaguement alcoolique, voire même vulgaire. Personnellement, j'ai trouvé le personnage de Camille très crédible. Torturée, marquée, stigmatisée par son enfance, enfantine, imparfaite, incohérente, oui... mais crédible. Très crédible. Le rythme est lent. C'est vrai. On avance tranquillement. Il y a peu de rebondissements, peu de tension... même si je suis restée accrochée jusqu'à la fin.

Le roman donne également une place importante à la ville où ont lieu les meurtres. La ville et ses habitants sont décrits et analysés. Ils font partis de l'intrigue, à titre individuel et comme un tout. On peut être surpris et même choqués de certains comportements des gens de la petite ville. Mais encore une fois, l'ensemble m'a paru très crédible. On peut trouver que les comportements des habitants sont exagérés mais la vie dans une petite ville peut parfois cachée des problèmes, secrets, manipulations et vices aussi troublants - et parfois même plus troublants - que dans les grandes villes. L'horreur et la monstruosité est souvent derrière les rideaux de son voisin pourtant bien "normal". Par ce retour à sa ville natale, le personnage principal doit affronter plus d'un démon. Et accepter certaines révélations dont elle se doutait peut-être depuis toujours.

Le roman ne fut pas pour moi, un mystère. J'ai presque tout deviné - le(s) meurtrier(s) et les raisons des crimes - presque immédiatement. Mais bizarrement, cela ne m'a pas empêcher de dévorer et d'adorer le roman. En oubliant que le livre est sensé être un roman policier, on peut l'apprécier à sa juste valeur. Car l'intrigue principale tourne autour de Camille et sa famille. Principalement sa relation avec sa mère - et ses soeurs. Et sur certains problèmes psychologiques, l'automutilation par exemple, et d'autres que je n'ose pas citer... pour ne pas trop dévoiler l'intrigue.

Flynn semble avoir bien étudié son sujet et a réussi à transmettre toute la tension et la douleur d'une vie écorchée - littéralement - par son enfance et sa famille. Une lecture passionnante et sombre.

L'avis de Kattylou, Brian M. Dunn, Manu, Miss Alfie, Choupynette, Joelle et Ingrid Barnay.

Extraits

"Je me coupe, voyez-vous. Je me taillade la peau, je l'incise. Je la creuse. Je suis un cas très particulier. Je n'agis pas ainsi sans raison : ma peau hurle. Elle est couverte de mots - cuire, bonbon, minou, boucles -, comme si un élève de cours préparatoire avait appris à écrire sur ma chair, avec un canif. " p. 96

" - Parfois, tu laisses kes gens te faire du mal, mais en réalité, c'est toi qui leurs fais mal", m'a rétorqué Amma en sortant une sucette de sa poche. À la cerise. "Tu vois ce que je veux dire? Quand quelqu'un cherche à te bousiller, et que tu le laisses faire, c'est toi qui le bousilles encore plus. Et après, c'est toi qui as le pouvoir. Tant que tu ne perds pas la tête." p. 277

Sources à consulter

27 janvier 2010

Défi La Plume Québécoise

Après mon premier swap en octobre, voici mon premier "challenge" !

C'est Suzanne qui lance ce petit défi pas trop difficile:

  • pas de limite de temps
  • pas d'obligation en genre
  • pas de liste à faire

(mais il serait bien de le mentionner à Suzanne si vous participez!)

Mais une obligation en nombre: 4 livres.
4 livres d'auteurs québécois !
Un peu de littérature québécoise... classique, nouvelle, poésie, romans, théâtre,...
pas de limites !

Defi

Un petit défi pour faire découvrir ou redécouvrir
la littérature québécoise.

Par le passé, j'ai beaucoup lu d'oeuvres québécoises.
Mais beaucoup moins depuis les dernières années.
Alors pour me remettre à la lecture de la
littérature de mon coin de pays,
je m'inscris au défi !

25 janvier 2010

Dans les bois de Coben

BoisDans les bois / Harlan Coben ; traduit de l'américain par Roxane Azimi. -- [Paris] : Belfond, c2008. -- 490 p. ; 18 cm. -- ISBN 978-2-266-19194-4. -- (Coll. Pocket; no 13988)

Titre original: The Woods

Quatrième de couverture

Été 1985, New Jersey. Paul Copeland est animateur d'un camp de vacances à la lisière des bois. Une nuit, il abandonne quelques heures son poste. Quatre jeunes en profitent pour s'éclipser, dont sa soeur, Camille. On ne les reverra plus. Seuls deux corps seront retrouvés. On attribuera leur mort à un tueur en série qui sévissait dans la région.

Vingt ans plus tard. Paul est devenu procureur. Alors qu'il plaide dans une affaire de viol, il est appelé à identifier un corps. Stupéfait, il reconnaît formellement Gil Perez, un des disparus. Pourquoi les parents de Gil s'obstinent-ils à nier son identité? Et si Gil a été en vie tout ce temps? Bien décidé à faire la lumière sur le drame qui n'a jamais cessé de le ronger, Paul va replonger dans les souvenirs de cette terrible nuit...

L'auteurBois2

Harlan Coben est né dans une famille juive en 1962 à Newark dans le New Jersey aux États-Unis. Il grandit et fréquenta l'école dans la ville de Livingston également dans le New Jersey. Il étudia en Sciences Politiques au Amhers College.

Après ses études, il travailla tout d'abord dans la compagnie de tourisme de son grand-père. Il découvrit cependant rapidement qu'il voulait écrire et publia ses premiers romans au début des années 90. Après quelques thrillers, il décida de développer une série dont le personnage principal deviendrait le point central. Il gagna plusieurs prix pour ses romans et il est le premier auteur à avoir reçu les trois principaux prix pour les oeuvres de suspense: Edgar Award, Shamus Award et Anthony Award. Il écrit aussi parfois de courtes nouvelles pour le New York Times.

Au cours des années, il écrivit à nouveau des romans en dehors de sa fameuse série. Un de ces romans, Tell no one, fut porté à l'écran en 2006 par le directeur Guillaume Canet sous le titre "Ne le dis à personne". Ses livres sont aujourd'hui traduits dans près de 40 langues.

Père de quatre enfants, il vit présentement à Ridgewood avec sa famille.

Bibliographie

  • Play Dead (1990)
  • Miracle Cure (1991)
  • Deal Breaker (1995) (série Myron Bolitar)
  • Drop Shot (1996) (série Myron Bolitar)
  • Fade Away (1996) (série Myron Bolitar)
  • Back Spin (1997) (série Myron Bolitar)
  • One False Move (1997) (série Myron Bolitar)
  • The Final Detail (1999) (série Myron Bolitar)
  • Darkest Fear (2000) (série Myron Bolitar)
  • Tell no one (2001)
  • Gone for Good (2002)
  • No Second Chance (2003)
  • Just One Look (2004)
  • The Innocent (2005)
  • Death Do Us Part (2006)
  • Promise Me (2006) (série Myron Bolitar)
  • The Woods (2007)
  • Hold Tight (2008)
  • Long Lost (2009) (série Myron Bolitar)

Résumé

Un jeune procureur de 38 ans, Paul Copeland, nouvellement veuf et père d'une petite fille, plaide une cause importante qu'il espère lui permettra de commencer une carrière politique. Pendant qu'il travaille sur le procès, deux policiers viennent lui demander d'identifier le corps d'un homme, retrouvé assassiné. Copeland reconnaît immédiatement Gil Perez, disparu il y a 20 ans et considéré mort. Perez avait disparu en même temps que la soeur de Copeland, alors que ce dernier était moniteur dans un camp de vacances. Il y a 20 ans, Copeland avait relâché sa surveillance pour aller retrouver une jeune fille dans les bois. Cette même nuit, quatre des jeunes dont il était responsable s'aventurent en cachette dans ces mêmes bois. Deux sont retrouvés assassinés et deux - dont sa soeur - disparaissent.

Aujourd'hui, Copeland est remis face aux événements qui ont changé sa vie. Se sentant responsable et coupable de cette tragédie qui a détruit sa famille. À l'époque, un tueur en série a été accusé des meurtres, même si sa culpabilité n'a jamais été démontré pour la tragédie de la colonie de vacances. Devant le cadavre de Gil Perez, Copeland ne peut que remettre en question cette culpabilité. Et si sa soeur était aussi vivante ?

Commentaires personnels

On reproche souvent aux livres de Coben de toujours conserver le même genre d'intrigue et de personnages. Comme c'est le premier livre que je lis de l'auteur, je n'ai évidemment pas ce reproche à lui faire. Ma lecture se fit rapidement. elle fut agréable en générale, même si j'ai noté certaines longueurs.

L'auteur réussit à nous intriguer dès le début. Comment Copeland peut reconnaître quelqu'un déclaré mort il y a 20 ans ? Et pourquoi les parents de la victime insistent-ils pour dire que ce n'est pas leur fils ? On se questionne avec Copeland et on le suit au fil des pages dans sa poursuite de la vérité. L'auteur nous offre cependant de longs passages sur le procès que mène Copeland pendant son enquête. Ce procès est intéressant et m'a parfois fait oublier l'intrigue principale. En fait, je trouve que le procès prend même un peu trop de place... on nous donne trop de détails sur celui-ci, mais dans un sens pas assez. C'est-à-dire,que ce procès est si intéressant que j'aurais préféré qu'il soit l'intrigue principale d'un autre roman.

L'intrigue principale est cependant aussi passablement intéressante. Elle met en scène un événement du passé qui petit à petit apparait sous un autre jour. Et qui devient encore plus horrible que le personnage principal ne le soupçonnait. Rien de ce qu'il croyait savoir n'est réel. Jusque dans les dernières pages. Beaucoup de secrets et mensonges... peut-être un peu trop. C'est ce qui a fait que malgré mon intérêt pour le roman, je n'ai pas été complètement emballée par celui-ci. Les personnages sont bien décrits. Le style est direct et facile à suivre. Le personnage principal est intéressant - même s'il m'a paru parfois un brin naïf -, les personnages secondaires bien utilisés. Le suspence est présent et nous porte tout au long du roman. J'ai tout de même trouvé que certains événements frisaient l'invraisemblance et certaines ficelles du genre étaient un peu trop visibles.

En somme, une lecture agréable et rapide. Tout simplement.

L'avis de Laure, La Livrophile, Ingrid Barnay, Homelaet, Deliregirl1, Mpbernet, Excessif, Jean-Claude, Amanda sur Critique Libre, et Hannibal.

Extraits

"J'ai toujours su compartimenter ma vie. Je ne suis pas le seul, mais, sur ce point, je suis imbattable. Je peux créer des univers séparés dans mon propre monde. Gérer un aspect de mon existence sans qu'il interfère avec les autres. Certains, en regardant un film de gangsters, s'étonnent qu'on puisse être aussi violent dans la rue et aussi affectueux et attentionné à la maison. Moi, j'y arrive très bien" p. 56-57

"Il perçait dans sa voix une pointe d'accent de jeune fille de bonne famille qui tranchait sur le décor ambiant. Je me retenais de la détailler trop ouvertement. Elle s'en est aperçue et a souri légèrement. Surtout ne me prenez pas pour un pervers. Ça n'a rien à voir. La beauté féminie me bouleverse. Je ne dois pas être le seul." p. 143

Sources

21 janvier 2010

Devant deux portraits de ma mère de Nelligan

Devant deux portraits de ma mère

[Émile Nelligan]

Ma mère, que je l'aime en ce portrait ancien, Pauline1
Peint aux jours glorieux qu'elle était jeune fille,
Le front couleur de lys et le regard qui brille
Comme un éblouissant miroir vénitien!

Ma mère que voici n'est plus du tout la même;
Les rides ont creusé le beau marbre frontal;
Elle a perdu l'éclat du temps sentimental
Où son hymen chanta comme un rose poème.

Aujourd'hui je compare, et j'en suis triste aussi,
Ce front nimbé de joie et ce front de souci,
Soleil d'or, brouillard dense au couchant des années.

Mais, mystère de coeur qui ne peut s'éclairer!
Comment puis-je sourire à ces lèvres fanées?
Au portrait qui sourit, comment puis-je pleurer?

Commentaires personnels

Le temps passe. Le temps vole la jeunesse pour lui donner des rides. Pour tout le monde... pour nous, pour nos soeurs, nos frères, nos pères, nos mères. Le temps passe et semble tuer les sourires qui furent, les joies qui ont passées. Mais la mère demeure. Jeune, nous ne l'avons pas connue. Vieille, elle est comme un tableau de sa vie. Une oeuvre d'art, une peinture de ce qu'elle représente pour nous.

Car notre mère est un portrait. Nous avons une image de notre mère. Est-ce une illusion ? Peut-être. L'image du passée est-elle plus belle que celle du présent ? Le vieux portrait nous donne une image jeune, le portrait plus récent, nous offre une image fanée. Le temps. Mensonger. Est-ce que l'image de jeunesse est vraiment plus douce que l'image de vieillesse ?

Les portraits parlent. Ils nous livrent des histoires. Nous cachent parfois des secrets. Que se cache derrière les sourires, derrières les rides ? Les portraits nous parlent mais que leur répondre ? Peut-on leur répondre ?

Poème considéré classique de Nelligan... sonnet, strophes, rimes embrassées, alexandrins, quatrains, tercets... poème classique. Sujet classique aussi: la mère. Notre mère qui fut jeune et qui vieillit. Portraits de notre mère qu'il faut affronter et accepter et que le poète nous chante dans des rimes douces mais rythmées.

Le poème est classique, parfois considéré "ancien", archaïque selon certains critiques. Mais il demeure une musique à lire à haute voix. Les sons suivent les images, les vers s'écoulent graduellement comme des notes phonétiques. Une succession de mots et images entrecoupés de pauses, de silences...

Un portrait, des portraits, des sourires, des pleurs... des regards et des rides... Les yeux de la mère, son regard, son front, ses lèvres, son sourire... notre mère. Mais notre mère demeure une femme. Elle fut jeune, vivante, amoureuse, folle, insouciante. Il y a une distance entre les portraits de notre mère et notre rapport avec elle et avec ceux-ci. Le poème nous rappelle cette distance. Et il y a une distance entre les représentations de la mère. Est-ce la même femme ? Notre mère est multiple. Elle fut multiple dans sa vie et elle fut multiple dans nos vies.

Pourquoi, la mère, la femme sourit-elle dans le premier portrait ? Pourquoi est-elle jeune ? Pourquoi est-elle vieille ensuite? Que s'est-il passé dans sa vie que nous ne voyons pas sur les portraits et qui en font deux femmes différentes ?

Le poème est souvent considéré comme mièvre, sentimental... trop même. Mais l'est-il ? Il nous présente ces deux femmes différentes. Il nous présente le passage du temps sur une femme. Sur la mère. Mais le passé était-il moins triste que le présent ? Le poème est classique, ses thèmes aussi... mais son interprétation est ambigüe.

Deux portraits que Nelligan nous peint avec des couleurs vives, expressives et où le textuel devient image et expression. Les mots sont un jeu qu'il faut comprendre. Et pour comprendre, il faut jouer ! Jouer avec les vers, les symboles. Un signe, un symbole, une centaine de significations.

Une mère, des mères. Cette femme qui fut notre mère est plurielle et unique.

19 janvier 2010

Tentations... un tag en or

 NouRentrée littéraire - Janvier 2010

Bon, je fus taguée la semaine dernière. Un tag provenant de L'Or des Chambres et nous demandant de parler de nos tentations de la rentrée littéraire. J'ai un peu paniquée, je dois l'avouer ! C'est que je suis presque incapable de dire non à un tag... mais je suis aussi bien loin de la rentrée littéraire !

Les seules rentrées littéraires qui m'ont concernée furent lorsque je travaillais dans une bibliothéque... le développement de la collection m'obligeait à acheter les nouveautés... mais honnêtement d'un point de vue personnel, je n'ai jamais vraiment suivi les rentrées littéraires... C'est à peine si je suis la production littéraire des auteurs contemporains que j'aime ou même aodre !

Quand j'achète un livre... c'est parfois parce qu'on m'en a parlé ou que j'ai lu une critique sur un forum ou blog... mais surtout c'est parce que je suis dans une librairie et que je farfouille... je prends un livre, je le taponne, je lis le quatrième de couverture, je le feuillette... Parfois, je m'aperçois que c'est un livre vieux de 5 ans, mais pour moi, c'est un nouveau livre... Évidemment, dans les libraries, j'explore toujours la table des nouveautés, même chose en bibliothèque. Mais ce n'est pas quelque chose qui m'attire ou qui raisonne mon choix.

De plus, à Barcelone, les nouveautés francophones et anglophones sont souvent vieilles de quelques mois ou mêmes quelques années... Non, je ne cours pas les rentrées... je suis même assez anti "salon du livres"...

Mais, comme cela vient d'un endroit que je viens à peine de découvrir mais que j'affectionne déjà... je veux bien essayer de me prêter un peu au jeu... Donc... ce qui me tente de la rentrée ? Voyons voir...

- Il y a bien le nouveau Arturo Pérez-Revierte, El asedio, qui doit sortir au mois de mars. Le nouveau roman de cet auteur que j'aime beaucoup et qui a écrit "Le CLub Dumas" et "Le Tableau du Maître FLamand" ainsi que la série "Capitaine Alatriste", se déroulera à Cádiz en 1811. Ce sera un roman historique-policier-d'aventures-d'espionnage, etc...

- Peut-être La poupée de Kokoschka d'Hélène Frédérick. Roman inspirée d'une histoire vérédique.

"A Munich, en 1918, le peintre Oskar Kokoschka fait fabriquer une poupée grandeur nature à l'effigie d'Alma Malher dont il fut l'amant fébrile et jaloux. Le destin de cette curieuse commande est conté par Hermine Moos, conceptrice de la marionnette. Au gré de son journal écrit au quotidien, apparaît une femme hors du commun, pudique et iconoclaste, soumise et émancipée. Ce portrait d'une vie de bohème au féminin s'ancre dans un contexte historique fort : débâcle de la société prussienne et révolution perdue spartakiste. 'La Poupée de Kokoschka' éclaire la monstruosité de tout fantasme de possession, et parle autant du pacte amoureux que de l'acte de création." (résumé Evene)

- Il y a le roman d'Anne Carrière, Ce soir, je vais tuer l'assassin de mon fils, car l'histoire me rappelle mon roman préféré de Patrick Sénecal - Les Sept Jours du Talion -  et que je veux voir comment fut traité un sujet semblable. On parle ici de vengeance et justice personnelle...

- Il y a bien Sukkwan Island de David Vann... parce que je l'ai déjà vu critiqué sur certains blogs et que l'histoire me semble intéressante. Cela se passe en Alaska, c'est un huis-clos qui semble terrible entre un père et son fils.

- Et puis, Choses dites: entretiens, 1959-1993 (avec Gaston Miron) de Marie-Andrée Beaudet et Pierre Nepveu. Parce que j'aime Gaston Miron... parfois... et parce que Pierre Nepveu fut un de mes professeurs de littérature et que je l'ai adoré...

Ouf... maintenant, si je réussis à feuilleter ces ouvrages, je pourrais bien les acheter ! ;)

14 janvier 2010

La chambre des parents

chambre1La chambre des parents / Brigitte Giraud. -- [Paris] : Fayard, [c1997]. -- 152 p. ; 18 cm. -- ISBN 978-2-253-12414-6. -- (Coll. Livre de poche ; 31289)

Quatrième de couverture

Je reviendrai. Je garerai la voiture en haut de l'impasse. Je regarderai la maison.

Douze ans. Douze ans que je n'aurai plus mis les pieds dans cet endroit.

J'avais eu envie de devenir quelqu'un de normal. À présent que la voie était libre, j'avais compris que je n'étais capable de rien.

Ni boulot, ni petite bonne femme, ni colonies de vacances pour les mômes.

Une chose était encore possible: m'en revenir auprès de ma mère vieillissante, usée par la vie et le chagrin.

Ma mère, le seul être au monde qui m'ouvrira encore sa porte parce qu'elle sait pourquoi j'ai tué Papa.

L'auteurchambre3

Brigitte Giraud est née en 1960 à Sidi-Ben-Abbes en Algérie. Elle travailla comme journaliste, libraire et traducteur. Elle publia son premier roman, La Chambre des parents, en 1997. Elle vit aujourd'hui à Lyon où elle continue d'écrire. Elle est également impliquée dans la programmation de la Fête du livre de Bron. Son roman, Une année étrangère, publié en 2009, reçut le prix du jury Jean Giono. Elle reçut également le Goncourt de la Nouvelle.

Bibliographie

  • La Chambre des parents (1997)
  • Nico (1999)
  • À présent (2001) (récit)
  • Marée noire (2004)
  • J'apprends (2005)
  • L'amour est très surestimé (2007) (nouvelles)
  • Avec les garçons (2009)
  • Une année étrangère (2009)

Résumé

Un homme en prison depuis douze ans pour le meurtre de son père va bientôt retrouver la liberté. Cette sortie de prison lui fait peur. Il se questionne sur ce qu'il fera lorsqu'il sera libre. Où ira-t-il? Pendant ces derniers jours en prison, il se rappelle les années avant son incarcération, ce qui l'a conduit à son crime. Il se rappelle également ces années de prison. Mais surtout, il s'interroge sur comment il peut poursuivre sa vie hors des murs sombres mais rassurants de la prison.

Commentaires personnels

La Chambre des parents est le premier roman de Brigitte Giraud, écrit en 1997, et récipiendaire du Prix littéraire des étudiants. Le roman est court. À peine 152 pages dans mon édition. Il se lit comme une confession, comme un murmure capté sur les murs d'une cellule.

Le narrateur commence son récit par une phrase courte: "Je reviendrai". Il imagine le futur. Il voit son retour à la vie libre. Il essaie de s'imaginer revenir chez lui. Chez sa mère. Mais il sait déjà que ce retour sera difficile voire impossible. Mais il espère. Même en le décrivant imparfait, il essaie de se rassurer par ce retour. Il voit ce retour au "futur", non au conditionnel. Et le texte suit ce futur possible. Fin du premier chapitre.

Puis le texte est au présent. Le narrateur dans sa cellule se questionne. Il ne sait pas s'il veut être libre. Il est plus facile d'être en prison. Loin de tout, il n'a pas à affronter ces gestes,  sa vie. Il se laisse vivre. Sans trop réfléchir. Et c'est réconfortant. Fin du deuxième chapitre.

Et nous tombons dans le passé. L'imparfait. Il raconte sa vie avant le crime. Sa vie imparfaite mais innocente. Il nous traîne dans ses souvenirs. Et dans la narration de ses souvenirs, il parle en italique à une Marianne. Il lui parle au présent, il la tutoie au présent dans ses souvenirs. Fin du troisième chapitre.

Et le texte oscille ainsi entre le futur conditionnel ou non, le passé, le présent, le je, le tu... On entend les pensées du narrateur sur son présent en prison, on écoute ses souvenirs, on dessine avec ses futurs possibles. On passe de la réalité aux souvenirs. Et on apprend petit à petit comment il en est arrivé à tuer son père. On comprend ce qui l'a mené à ce crime. La véritable prison n'étant pas nécessairement celle du présent.

Nous lisons l'histoire d'une famille triste, immobile, sans vie... un père absent, une mère qu'il cherchera toute sa vie sans la trouver, une enfance pesante et silencieuse. Et Marianne. Le seul trait lumineux de ces pages décrivant une vie sombre.

Comment vivra-t-il en dehors des murs étouffants mais réconfortants de la prison ? Comment vivra-t-il avec son geste ? Comment vivra-t-il sans son père ? Il revoit donc encore son futur, mais au conditionnel. Car il ne sait plus. Il essaie de comprendre. Et il essaie de l'expliquer. En se parlant à lui-même, en écrivant, en racontant sa vie à son compagnon de cellule.

J'ai lu le roman de Giraud en quelques instants perdus dans un avion. J'ai été transporté par son écriture sobre aux temps multiples. Je me suis laissée emportée par son texte réaliste mais poétique. J'ai adoré sauté du futur au passé, puis revenir au dur présent. J'ai dévoré le texte pour savoir. Pour comprendre pourquoi ce meurtre. Dans les souvenirs, j'ai cherché les indices, tenter de supposer ce qui a mené ce jeune homme à tuer son père.

Ma seule peine est la chute... la vérité révélée dans les toutes dernières lignes. Je dois avouer qu'elle m'a déçue. Et que je ne l'ai pas trouvé à la hauteur du texte sublime que je venais de lire. Elle est logique et sûrement plausible. Elle est honorable aussi. Mais je ne l'ai pas aimé... je l'ai trouvé décevante. Il me semble que le motif était... insignifiant...

Mais, cette fin dont je n'ai pas été satisfaite, ne m'a pas gâché ma lecture ! J'ai adoré ce petit roman intense et touchant.

 

Extraits

"Franchir une porte est une douleur parce qu'aucune raison ne te pousse jamais à la franchir. Et tu fais comme si tu n'y pensais pas, tu prend un air détaché. Ici ou là est la même chose, le temps qui prend toute la place, qui t'écrase si fort que tu deviens le temps, tu le bouffes puis le digères ou bien tu suffoques, tu vomis. Tu succombes avec une pensée pour les torturés à qui le bourreau fait avaler des litres et des litres d'eau. Toi, tu bois du temps et tu es saoul." p. 26

"Si nous avions pu, nous aurions échangé. Tu me donnes ta jeunesse et je te donne mon désir de vivre. Mais nul magicien ne faisait partie de notre histoire, et quand bien même, nous nous serions méfiés." p. 127

Sources à consulter

4 janvier 2010

Un crime littéraire - Procrastination donnée

BDJ'ai déjà parlé de mon grand désordre classifié qui me désespère mais semble être là pour durer ! Je disais dans cet aveu d'un si petit crime littéraire que j'avais toujours tenté d'ordonner mes livres. Mais que lorsque j'avais fait mes études en bibliothéconomie, ce besoin avait pris des proportions deweyènes (ou deweyennes?). Oui, car j'ai toujours préféré Dewey à LC... ou a d'autres codes de classification. J'ai un petit faible pour le Dewey si imparfait !

Et bien mes études bibliothéconomiques me firent commettre un autre petit crime littéraire ! Oh, il est tout petit et discret... mais il me nargue chaque fois que j'ouvre un certain dossier de mes archives personnelles informatiques...

Avec l'arrivée de certains logiciels, nous nous sommes plus ou moins tous mis à créer des documents personnels: des textes, des feuilles de calculs, des présentations animées, pour ne nommer que ceux-ci ! Utiles et essentiels aux études et au travail... et bien pratiques personnellement. Et bien sûr, il y avait ce logiciel permettant de faire des bases de données. J'ai même travaillé professionnellement avec une base de données créée pour traiter les archives qui fut développée avec ce logiciel tout simple.

Donc, dans mon désir de tout organiser mes livres, mais devant mon incapacité à les ordonner physiquement, je me suis dit que je pouvais me créer ma base de données de livres ! Mon propre catalogue de bibliothèque... avec mes champs personnels... un catalogue bien cataloguer avec les règles de catalogage ! Super ! Merveilleux !

Et hop, on se lance dans la création d'une super base de données de tous mes livres. Choix des champs, création des pages, liens entre les champs et les pages... tout un travail qui m'a occupé pendant des heures ! Une base pour les descriptions de livres, une base pour les auteurs, une base pour les genres... Beaucoup de travail. Puis finalement, je commence l'entrée de données. Va chercher une pile de livres, saisit les informations sur le livre, détermine le sujet, entre l'information sur l'auteur, cherche des informations complémentaires... c'est très complet ! Je suis satisfaite ! Mais c'est très long... très très très très long...

Les premiers jours... les premiers mois, je suis très zélée ! Je taponne sur mon clavier avec entrain. Une pile de livres, puis une autre... puis une autre... je sens que j'avance. Puis, le temps passe... je suis fatiguée le soir après le travail... je passe quelques semaines sans entrer de données. Ce n'est pas trop grave, je me dis, l'été arrive et j'aurai amplement le temps de continuer. C'est que j'en ai des livres... des rangées et des rangées. Mais l'été passe rapidement entre voyages, lectures, visites... et je n'entre qu'une toute petite pile de livres.

C'est l'automne... le temps de reprendre le travail que je me dis ! J'entre plusieurs livres dans la base de données. Je peux à présent faire de nombreux liens entre les bases et je produis des listes et des rapports ! C'est sensationnel ! Je suis toute énervée. Et bien contente de mes descriptions catalographiques. Mais pour que ce soit complet, il faut que j'entre les livres... Il en manque encore beaucoup. Heureusement, j'entre immédiatement tout nouveau livre. Enfin... au début. Puis, je me dis, je vais les entrer après les avoir lu, car j'ajoute maintenant mon appréciation de lecture. Donc, évidemment, il faudra que je retourne dans la note si j'entre le livre avant de l'avoir lu ! Mais bien sûr, je finis parfois la lecture ailleurs que chez moi, ou alors très tard dans mon lit... je remets donc la description dans ma base de données à plus tard...

Et puis, le plus tard, prend du retard. Les livres à décrire s'accumulent, sans compter ceux qui ne sont pas encore entrés... Et puis, tous ces livres me découragent un peu. J'ai envie de le faire, mais je remets au lendemain, puis au lendemain, puis au surlendemain... je procrastine ainsi depuis des années ! Oui, oui, des années ! Ma base n'est toujours pas terminée... et maintenant elle date. Toute cette procrastination l'a vieillie... elle prend de l'âge et le porte mal... je voudrais aujourd'hui la refaire complètement !

Parfois, je me lève pleine de bonne volonté ! Mais quand je vois tous ces livres... je capitule... et j'en prend finalement un pour le lire et je me jure de le décrire un autre jour...

8 décembre 2009

Le théorème du Perroquet - Expérience de lecture

Guedaj

"Quand il y a mort d'homme, il y a quatre éventualité. Mort naturelle, accident, suicide, meurtre. Ce n'est évidemment pas une mort naturelle. Vous avez envisagé l'accident et le suicide. Mais vous avez oublié le meurtre, déclara Perrette d'un ton assuré." p. 129

J'ai choisi ce livre car le 4e de couverture me semblait intéressant. J'aime les histoires policière. J'aime les libraries, les bibliothèques et les livres. J'aime les mathématiques. En lecture, je dois souligner, car malgré mes résultats excellents à l'école, je n'aimais pas du tout les mathématiques... Mais j'aime lire sur les mathématiques. Et j'aime les intrigues qui impliquent les mathématiques. Comme le roman de Guillermo Martinez, par exemple. Mais Mathématique du crime m'avait laissé sur ma faim. Pas assez de mathématiques dans ce crime impliquant cette science.

Et puis, même si je trouvais la couverture assez quelconque... j'aime bien les perroquets et je voulais savoir comment celui-ci pouvait devenir un théorème.

J'ai commencé ma lecture un soir. Dans les meilleures conditions. J'avais extrêmement envie de lire le roman. J'étais enveloppée de ma couverture préférée. Et j'ai commencé à tourner les pages. Lentement. Pendant des jours et des jours.

Et puis, j'ai lu l'excellent billet d'Ankya et je me suis dit que je devais continuer ma lecture. Car oui, j'étais hésitante. En fait, je dois dire que je peinais littéralement à lire ce roman que pourtant je ne détestais pas lire.

J'ai rarement été aussi perdue dans une lecture. Perdue dans tous les sens. Je lisais avidement les passages sur l'histoire des mathématiques même si parfois ils m'endormaient carrément. Je voulais poursuivre l'intrigue même si parfois je l'oubliais totalement tellement on en parlait peu. Et j'étais complètement surprise quand on la mentionnait ! De quoi parle-t-on ? me disais-je alors ! Puis, je me rappelais qu'il y avait en effet une intrigue dans le roman... un mystère à élucider qui impliquait la mort d'un homme, le legs d'une bibliothèque, le sauvetage d'un perroquet...

Mais les jours et les nuits se sont multiplés... les 600 quelques pages me semblaient absolument interminables. Je n'ai jamais autant détesté lire un lire que j'aimais bien. Et ce fut terriblement difficile de le terminer même si je garde un bon souvenir de ma lecture. Un paradoxe complet pour la lectrice que je suis...

Et finalement... je dois avouer que j'aurais préféré que l'auteur oublie son intrigue pour se concentrer sur ses personnages et son histoire des mathématiques. Car honnêtement... non seulement l'intrigue est bien mince et mal menée mais en plus elle se termine en queue de poisson ! Non... j'aurais véritablement préférée qu'on oublie ce côté du roman. De toute façon, l'auteur semblait aussi l'oublier, ce qui faisait que je l'oubliais aussi. Le roman est long. Trop long. Et on a parfois l'impression qu'il y a plus d'un livre dans ce roman.

Et puis... cette dernière page... cette conférence des oiseaux... je préfère nettement l'oublier elle aussi... c'est trop... trop... TROP. Et puis, je préfère oublier les critiques que j'ai lu me révélant que contrairement à ce que l'éditeur nous annonce, l'auteur n'est pas véritablement un mathématicien...

Et donc, je garde le texte qui me raconte les mathématiques par le biais de discussions et de mises en scènes montées par des personnages intéressants - quoique sous-développés - et de visites à des lieux uniques et remplis d'informations précieuses. Et j'oublie cettte histoire improbable de perroquet, de vieux amis et d'Amazonie.

Et donc... j'ai aimé même si ce fut long et pénible à lire (oui, je sais, cela ne fait aucun sens, mais bon !)

Voir aussi : Le théorème du Perroquet - Commentaires

7 décembre 2009

Le théorème du Perroquet de Guedj

GuedajLe théorème du perroquet / Denis Guedj. -- [Paris] : Éditions du Seuil, [c1998] --654 p. : graph. ; 18 cm. -- ISBN 978-2-02-042785-2. -- (Points ; P785).

Comprend un glossaire.

Quatrième de couverture

Monsieur Ruche, libraire à Montmartre, reçoit une lettre d'Amazonie signée d'un ami récemment disparu. Ce dernier lui lègue une incroyable bibliothèque d'ouvrages de sciences. Aidé de Nofutur, le perroquet amnésique, Ruche plonge dans l'histoire des mathématiques pour élucider le mystère de cette disparition. Un roman qui réconcilie avec humour littérature et mathématiques.

L'auteur

Denis Guedj est en 1940 à Sétif en Algérie. Il est professeur d'histoire des sciences et d'épistémologie à Paris. À partir de 1994, il entrepris la rédaction d'une chronique dans le cahier Eurêka de la publication Libération traitant de l'actualité vue à travers les mathématiques. Sa chronique qui se termina en 1997, fut rassemblée dans un ouvrage intitulé "La gratuité ne vaut plus rien". Guedj

Il est également écrivain et a écrit plusieurs ouvrages. Il est aussi un réalisateur - et même interprète - et a participé à plusieurs films. On le qualifie aujourd'hui de mathématicien en raison de l'importance des mathématiques dans ces textes.

Bibliographie partielle

  • La Méridienne (1987)
  • La révolution des savants (1988)
  • L'empire des nombres (1996)
  • La gratuité ne vaut plus rien et autres chroniques mathématiques (1997)
  • Le théorème du perroquet (1998)
  • Génis ou le Bambou parapluie (1999)
  • Le mètre du monde (2000)
  • Le Bela - Autobiographie d'une caravelle (2001)
  • One Zero Show - Du point à la ligne (2001)
  • Les cheveux de Bérénice (2003)
  • Zéro ou les cinq vies d'Aémer (2005)
  • Villa des hommes (2007)
  • Les mathématiques expliquées à mes filles (2008)

Résumé

Une librarie à Paris. M. Ruche, un vieux libraire et philosophe, aujourd'hui invalide, reçoit une lettre d'un vieil ami, Elgar Grosrouve, qu'il n'a pas vu depuis de nombreuses années et qui se trouve maintenant au Brésil. Cette lettre lui annonce l'arrivée imminente de la totalité de sa bibliothèque personnelle entièrement consacrée aux mathématiques.

Alors que M. Ruche se questionne sur les raisons de ce don par son ami, il se confie à ses proches: Perrette Liard, qui s'occupe maintenant de sa librairie et qui vit près de lui avec ses trois enfants, les jumeaux Jonathan et Léa et Max qui est presque sourd et qui ramène à la maison un perroquet qu'il a miraculeusement sauvé de deux hommes étranges.

Les livres arrivent enfin et avec eux, un mystère encore plus grand. À travers les livres et les fiches écrites de la main de Grosrouve, M. Ruche et ses proches tenteront de découvrir ce que cache son ami. Ils tenteront de découvrir pourquoi Grosrouve est mort et pourquoi a-t-il donnée sa bibliothèque à M. Ruche. Les mathématiques semblent tenir les réponses à leurs interrogations et ils plongent tous dans l'histoire de cette science parfois bien philosophique.

Commentaires personnels

Publié en 1998, Le théorème du perroquet fut un très grand succès et fut traduit en 20 langues. Le roman se veut une rencontre entre l'intrigue policière et l'histoire des mathématiques.

Dès les premiers chapitres du roman, il est évident que l'auteur cherche à nous faire découvrir les mathématiques et son histoire. En partant d'une intrigue vaguement policière, l'enquête de M. Ruche et ses amis sur la mort de Grosrouve, l'auteur nous fait parcourir de façon intéressante l'histoire des mathématiques. À ces deux prémisses, les mathématiques et la mort de Grosrouve, se greffe diverses histoires. On nous présente la vie des principaux personnages: Perrette Liard et ses trois enfants, M. Ruche et sa relation avec Elgar Grosrouve. Et à ces personnages centraux s'ajoute aussi le perroquet sauvé par Max, baptisé Nofutur et qui participe à l'exploration des mathématiques avec la petite "famille" de la librairie.

Le style de Guedj est simple sans être dépourvu de poésie. Mais la véritable poésie vient des mathématiques et non du récit. Car le le texte de Guedj demeure sans surprise. Il est agréable et facile à lire, sans plus. Quelques longueurs. En fait, ce sont surtout des longueurs qu'on nommerait disgressions. C'est à dire qu'on se lance dans des anecdoctes historiques sur les biographies de mathématiciens et on se perd dans la chronologie des avancés de la science... et on oublie de revenir à l'intrigue qui n'est finalement pas vraiment "principale". L'auteur prend même parfois la liberté de changer de point de vue pour entrer dans une narration mettant directement en premier plan un personnage historique. Mais c'est toujours très bref et on se demande parfois pourquoi il y a eu ainsi changement de perspective. De plus, l'écriture devient parfois un peu trop didactique. On semble glisser du roman à l'étude et on perd ainsi de la fluidité de lecture.

Je crois qu'il est aussi important de souligner que les mathématiques ne sont qu'un prétexte à l'intrigue. Ou alors l'intrigue n'est qu'un prétexte pour raconter l'histoire des mathématiques. Car les deux semblent souvent sans rapport et même les personnages semblent oublier à l'occasion pourquoi ils sont plongés dans l'étude de cette science.

Les mathématiques prennent toute la place et volent la vedette à toute autre intrigue. La présentation de l'histoire des mathématiques, de l'évolution de la science est très intéressante. J'avoue que comme beaucoup de lecteurs du roman, j'aurais aimé qu'on me présente les mathématiques ainsi... en nous donnant un peu d'histoire avec les théories et formules. Cependant, il y a aussi beaucoup de formules dans le roman et de développements et d'explications... et cela ajoute parfois aux longueurs du roman. Elles ont peu d'incidences sur l'intrigue et sont encore une fois, une diversion au déroulement du roman. La fin est définitevement baclée... on oublie les intrigues amorcée (la naissance des jumeaux, l'adoption de Max, sa surdité), on raccourcit les mystères (l'implication du perroquet, la mort de Grosrouve, les mystèrieux assaillants du débuts), on survole les personnages principaux sans vraiment les approfondir et on introduit de nouveaux personnages rapidement pour les oublier aussitôt, et on conclue l'intrigue principale en un clin d'oeil...

Non, vraiment, le roman est à lire comme une histoire romancée des mathématiques et il faut simplement se laisser envahir par cette histoire et les anecdotes qui la parsèment... Et ne pas oublier que ce n'est qu'un roman, que les informations ne sont pas complètes et qu'il y a beaucoup plus à apprendre sur le sujet.

Les avis de Martine, Houdac, Yue yin, Ankya, Cacahuete.

Voir aussi: Le théorème du Perroquet - Expérience de lecture

Extraits

"Il y a dans ces ouvrages des histoires qui valent celles de nos meilleurs romanciers. Les mathématiques : du Zola, du Balzac, du Tolstoï !" p. 43

"M. Ruche avait mis des années avant de s'apercevoir que Max ne répétait jamais, ni une phrase ni un geste. Plus étonnant encore venant de la part d'un garçon qui avait tant de peine à entendre, il ne faisait jamais répéter son interlocuteur. Comme si ce qui avait été mal perçu était définitivement perdu et qu'il n'y avait pas à revenir." p.270

"Ce qui avait été rompu, ce n'était pas les os. Qu'avait dit ce mathématicien? "La part subtile et glorieuse du calcul." C'est la part subtile qui avait été rompue. Et pour elle, il n'y a pas de raboutage. Que vienne une algèbre qui nous libérera de ces amputations invisibles. M. Ruche s'endormit, un goût amer dans la bouche. Et un sourire perdu au coin des lèvres.". p. 291

Sources à consulter

26 novembre 2009

L'Oeuvre au noir - Analyse et commentaires personnels

Noir2L'Oeuvre au noir ; suivi de notes de "L'oeuvre au noir" / Marguerite Yourcenar. -- [Paris] : Gallimard, c1968, c1991. -- 511 p. ; 18 cm. -- 978-2-036798-6. -- (Coll. Folio ; 798)

Analyse et commentaires personnels

Ce roman de Yourcenar peut sembler plus sombre que ces autres romans. Il fut d'ailleurs écrit pendant une période difficile de la vie de Marguerite Yourcenar. L'auteur, elle-même plus vieille et fragile, devait accompagner sa conjointe atteinte d'un cancer qui l'emportera rapidement. Yourcenar voit la vie avec un regard  triste, pessimiste et fataliste. L'auteur place cependant ce roman pami ses oeuvres importantes et qui ont marquées à la fois sa vie et sa carrière d'écrivain. Le roman a d'ailleurs remporté le prix Femina en 1968. En 1988, André Delvaux adaptera le roman au cinéma, avec l'accord de Yourcenar et c'est Gian Maria Volonté qui y incarne Zénon. Marguerite Yourcenar qui décède le 17 décembre 1987, ne verra pas le film de Delvaux.

Dans cette édition se trouve deux parties très intéressantes qui viennent compléter l'ouvrage. Tout d'abord, des "Carnets de notes" sur l'oeuvre. Ce sont des notes manuscrites de l'auteur qui nous offre ses réflexions lors de l'écriture, ses questionnements, ses hésitations, les raisons de certains choix, des détails supplémentaires sur ses personnages, des liens entre ses oeuvres, etc. Ensuite nous avons, une Note de l'auteur, qui nous raconte l'écriture et l'évolution du roman. Nous y apprenons, par exemple, que le roman fut d'abord un récit d'une cinquantaine de pages.

L'Oeuvre au noir raconte la vie de Zénon, un médecin, philosophe, alchimiste qui naquit à Bruges en 1510 et qui durant toute sa vie parcourt l'Europe. Il vit à cheval sur deux époques qui se confrontent dans leurs idées, religions et croyances. Un siècle qui quitte rapidement le Moyen Âge pour se diriger vers la Renaissance. Zénon vit de façon intense cette période de transition.

On suit la vie de Zénon, étape par étape, chacune datée et bien située dans son époque. On commence par son enfance d'orphelin puis sa vie de jeune adolescent et adulte. On le suit ensuite dans ses premières études et expériences. Cette première époque est nommée "La vie errante". C'est pendant cette première étape que Zénon bâtit son caractère et construit son bagage de connaissances. Il apprend et étudie. Il découvre le monde et se construit une réputation d'alchimiste, puis de médecin (chirurgien). Ces écrits seront constamment remis en question et même censurés et il devra éventuellent se cacher pour fuir les persécutions.

La deuxième partie du roman s'intitule "La vie immobile" et nous raconte comment Zénon retourne vivre à Bruges sous un faux nom. Il se cache dans sa propre ville et tente de retrouver une vie stable et anonyme. Il est médecin dans un couvent et l'ami du prieur. Malgré cette vie secrète, il poursuit ses réflexions philosophiques et ses expéiences, parfois avec succès, parfois non. Après la mort du prieur, il poursuit son métier de médecin et tente d'aider les pauvres et faibles. Mais ces pensées, ses expériences ne passeront pas toujours inaperçues et sa situaiton devient de plus en plus dangereuse.

Certains finiront par le reconnaître. D'autres lèveront le voile sur ses opinions et expériences. Et petit à petit, il se retrouve compromis dans des histoires troubles. La troisième partie, "La prison", nous relate son accusation, son procès ainsi que son emprisonnement et se termine par la "fin de Zénon".

La vie de Zénon s'inscrit entièrement dans son époque et à travers son personnage principal, Yourcenar nous raconte une époque trouble. Tout comme la vie de Zénon - et par le fait même, le roman - ce XVIe siècle est trouble, parfois décousu, souvent dangereux, contradictoire, insolite, troublant et désordonné. Est-ce que l'auteur a voulu nous dépeindre un homme extraordinaire dans un siècle trouble ? On pourrait le croire: un médecin, alchimiste, philosophe... mais on sent nettement, que Zénon est, malgré sa force et sa volonté de rester libre de corps et d'esprit, un homme simple et ordinaire.

On voit le siècle à travers la vie et les yeux de Zénon, mais aussi à travers divers autres personnages qui ont croisé sa vie, même de façon très brève: ses parents, sa famille, ses amis et ses ennemis. Le roman est presque un prétexte pour nous présenter une époque agitée, tendue, intolérante et difficile, mais riche en événements et surtout en changements cruciaux. Mais il est aussi un prétexte pour méditer, pour partager des réflexions sur l'époque, la religion, l'Église, les moeurs, etc. Yourcenar utilise la biographie fictive d'un alchimiste, médecin et philosophe pour raconter une époque confuse qui mélange science et magie, religion et superstition.

L'oeuvre est fournie, dense et remplie de descriptions détaillées. On utilise souvent un personnage pour simplement décrire l'époque ou un événement, sans pousser nécessairement le caractère du personnage. Ce qui fait que le texte peut parfois paraître s'éloigner de l'histoire principale. En fait, on reproche souvent à l'oeuvre de tarder avant d'entrer dans la vie même de Zénon. Et de souvent l'oublier en cours de route. Ce qui peut donner à l'occasion quelques longueurs. Et je dois avouer que j'ai moi-même eu un peu de difficulté au début à embarquer dans l'histoire. Mais ce fut bref... on se laisse ensuite rapidement envahir par l'époque - sa beauté et sa violence -, ses gens, ses moeurs et surtout la vie de Zénon: son apprentissage, ses découvertes, ses aventures amoureuses, ses problèmes, ses opinions, ses expériences, ses amitiés, ses combats...  Et ce roman raconte toutes les angoisses, les peurs, les doutes, les renoncements des hommes et femmes ayant vécu dans ce siècle tourmenté.

Malgré un style parfois qualifié de classique ou traditionnel, l'écriture demeure toujours fluide. Le style est soutenu, certes, mais surtout passionné. L'auteur nous offre un texte chargé et surtout recherché. Les discours sont parfois un peu longs, à la limite du texte informatif ou philosophique, mais, personnellement, je n'ai jamais trouvé le texte lourd. L'atmosphère est très riche et nous plonge directement dans le passé. C'est un roman, bien sûr, mais qui nous permet de revivre une époque ancienne et d'en apprendre sur celle-ci. On voit vivre une société, on voit évoluer les pensées, on découvre les barrières et les entraves, on observe les découvertes scientifiques, etc.

Et évidemment, on ne peut passer par dessus les références alchimiques, en commençant par le titre, bien sûr. Zénon est médecin et philosophe, mais aussi alchimiste. Le roman s'intitule "L'Oeuvre au Noir", ce qui est la première étape de ce qu'on nomme le "Grand Oeuvre" alchimique. Cette étape est préparatoire et consiste à purifier la matière pour atteindre un stade de putréfaction qui permettra d'éliminer toute imperfection et impureté. La "mort" pour "purifier". Il s'agit donc du moment où l'alchimiste combat ses "démons intérieurs" dans un premier temps, et essaie de se libérer de toute entrave psychologique, religieuse, philosophique, culturelle, etc. Il cherche à libérer complètement son esprit et pour se faire, il doit se purifier et éliminer, "détruire" toute imperfection, tout préjugé, etc. Pour continuer son travail, l'alchimiste doit complèter l'Oeuvre au noir, puis l'Oeuvre au blanc et finalement l'Oeuvre au rouge. À la fin de ces trois étapes, l'alchimiste sera libre et apte à transformer le plomb en or. Évidemment, ici, on parle autant de transformation réelle que symbolique.

Zénon travaillera toute sa vie à la réalisation du Grand Oeuvre. Le titre du roman est cependant peut-être l'indication que Zénon, n'accomplira dans sa vie que la première étape du Grand Oeuvre, c'est-à-dire l'Oeuvre au Noir. Les autres étapes ne pouvant s'accomplir que sur un autre plan de conscience et donc après sa mort - et donc peut-être simplement symbolique. Je crois que cependant, qu'il obtiendra finalement le Grand Oeuvre par le choix qui fera de mettre un terme à sa vie, et qu'il accomplit donc ainsi les trois étapes.

Pendant des années, il tentera d'ouvrir son esprit, de lutter pour la liberté d'expression - même lorsqu'il doit se cacher. Plusieurs ont reproché à Yourcenar de ne pas avoir fait de Zénon, un véritable alchimiste, mais uniquement un libre penseur. En effet, l'auteur ne nous donne que peu de renseignements sur la vie d'alchimiste de Zénon. Et ces réflexions et expériences ne semblent pas inclure l'aspect "mystique" souvent associé à l'aspect scientifique de l'alchimie. Je crois que l'alchimiste en Zénon est à chercher plutôt dans l'aspect initiatique de sa vie, de son parcours personnel, de l'évolution de ses idées et opinions, et surtout par le cheminement de son travail d'écriture. Du passage de l'état de noirceur, à un état plus stable pour finalement atteindre sa propre pierre philosophale - c'est à dire, la transmutation de l'impur à un état de réalisation et d'accomplissement. Nous avons dans les trois parties du roman, les trois étapes du Grand Oeuvre. Les liens peuvent se multiplier et plusieurs critiques s'y sont penchés.

Ma lecture fut longue. On ne peut lire le roman de Yourcenar rapidement. Il faut lire attentivement ce magnifique roman et se laisser envahir par l'époque et le personnage principal pour bien les comprendre et les apprecier. Je ne regrette pas ces heures perdues dans un livre grandiose et exceptionnel.

Les avis de In Cold Blog, de Betty, de Charlotte, MarcF, Madame de Keravel, et Nanne.

Premier article: L'Oeuvre au noir - L'auteur

Extraits

"La mort violente était partout, comme dans une boucherie ou dans un enclos patibulaire. Une oie égorgée criaillait dans la plume qui allait servir à tracer sur de vieux chiffons des idées qu'on croyait dignes de durer toujours." p. 235

"Pleins d'une révérencieuse pensée qui l'eùt fait mettre à mort sur toutes les laces publiques de Mahomet ou du Christ, il songea que les symboles les plus adéquats du conjectural Bien Suprême sont encore ceux qui passent absurdement pur les plus idolàtres, et ce globe igné le seul Dieu visible pour des créatures qui dépériraient sans lui. De même, le plus vrai des anges était cette mouette qui avait de plus que ls Séraphins et les Trônes l'évidence d'exister." p.337

Sources à consulter

25 novembre 2009

L'Oeuvre au noir - L'auteur

Noir2L'Oeuvre au noir ; suivi de notes de "L'oeuvre au noir" / Marguerite Yourcenar. -- [Paris] : Gallimard, c1968, c1991. -- 511 p. ; 18 cm. -- 978-2-036798-6. -- (Coll. Folio ; 798)

Quatrième de couverture

En créant le personnage de Zénon, alchimiste et médecin du XVIe siècle, Marguerite Yourcenar, l'auteur de Mémoires d'Hadrien, ne raconte pas seulement le destin tragique d'un homme extraordinaire. C'est toute une époque qui revit dans son infinie richesse, comme aussi dans son âcre et brutale réalité ; un monde contrasté où s'affrontent le Moyen Âge et la Renaissance, et où pointent déjà les temps modernes, monde dont Zénon est issu, mais dont peu à peu cet homme libre se dégage, et qui pour cette raison même finira par le broyer.
L'Oeuvre au Noir a obtenu en 1968 le prix Femina à l'unanimité. Ce livre a été traduit dans quinze langues.

L'auteur

Marguerite Antoinette Jeanne Marie Ghislaine Cleenewerk de Crayencour est née un 8 juin 1903 à Bruxelles en Belgique d'un père français et d'une mère belge. Sa mère mourut quelques jours après sa naissance et elle grandit en France près de Lille chez sa grand-mère paternelle. Son père choisit de l'instruire à

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la maison. Elle passe cependant avec succès la première partie de son baccalauréat, à Nice. En 1912, sa famille s'instale à Paris. Mais deux ans plus tard, la guerre les oblige à se réfugier en Angleterre, à Richmond. La jeune Marguerite apprend l'anglais et commence à étudier le latin.

Quelques années plus tard, elle écrit un poème classique dialogué, "Le jardin des chimères", inspiré de la légende d'Icare. Son père finance la publication du poème et aide sa fille à choisir un pseudonyme, vaguement dérivé de leur patronyme Crayencour, Yourcenar. En 1947, Marguerite Yourcenar fera légalisé son nom aux États-Unis.

En 1921, elle commence à écrire ce qui deviendra un de ces romans le  plus connu "Mémoires d'Hadrien". Pendant les ann´´es qui suivirent, Marguerite voyagea beaucoup seule ou avec son père: la France, la Suisse, l'Italie, etc. Elle s'inspirera de ses voyages pour ses écrits. Elle se rendit fréquemment en Suisse où son père, de plus en plus malade, se faisait soigner.

En 1929, elle publie son premier roman, Alexis ou Le Traité du vain combat qui prend la forme d'une longue lettre. La même année, son père décède à Lausanne, en 1929. Marguerite Yourcenar retourne ensuite à Paris où elle mène une vue bohème. Elle continue à voyager et se déplace fréquemment à Lausanne, Athènes, Bruxelles, Istambul, etc. Elle continue à écrire, romans, critiques, essais, récits et poésies, fréquente les cafés, a des liaisons avec différents h

ommes et femmes, ...

Alors que la Deuxième Guerre Mondiale s'annonce, Marguerite Yourcenar à court d'argent, décide de quitter l'Europe pour s'établir aux États-Unis avec sa compagne Grace Frick. Sa relation avec Frick durera plus de 40 ans. Yourcenar demande sa citoyenneté américaine en 1947. Elle passera le reste de sa vie dans ce pays où elle enseignera pendant plusieurs années la littérature françaises et l'histoire de l'art.

Elle publie finalement Mémoires d'Hadrien en 1951. Son roman connait un succès mondial et l'établit enfin comme un auteur reconnu. En 1970, elle est élue à l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique et à l'Académie française en 1980. Avec son élection à l'Académie française, elle devient la première femme à y siéger.

Elle vivra jusqu'à sa mort dans le Maine aux États-Unis, sur l'île Mount Desert Island. Elle continuera à écrire, participera à de nombreuses conférences, elle fera aussi plusieurs traductions et elle continue à voyager - France, Italie, Egypte, Maroc, Inde, Kenya,.... Elle recevra de nombreux prix pour ses oeuvres. Elle décède, d'un accident célébral, le 17 décembre 1987 à Mount Desert Island.

Bibliographie sommaire

  • Le jardin des chimères (1921)
  • Alexis ou le Traité du vain combat (1929)
  • La Nouvelle Eurydice (1931)
  • Pindare (1932)
  • Denier du rêve (1934)
  • La mort conduit l'attelage (1934)
  • Feux (1936)
  • Les songes et les sorts (1938)
  • Nouvelles orientales (1939)
  • Le coup de grâce (1939)
  • Mémoires d'Hadrien (1951)
  • Électre ou la chute des masques (1954)
  • Sous bénéfice d'inventaire (1962)
  • Ah mon beau château (1962)
  • Qui n'a pas son Minotaure? (1963)
  • L'Oeuvre au noir (1968)
  • Fleuve profond, sombre rivière (1974)
  • Le Labyrinthe du monde I. Souvenirs pieux (1974)
  • Le Layrinthe du monde II. Archives du Nord (1977)
  • La Couronne et la lyre (1979)
  • Mishima ou la Vision du vide (1980)
  • Comme l'eau qui coule (1982)
  • Le Temps, ce grand sculpteur (1983)
  • Les Charités d'Alcippe (1984)
  • Le Labyrinthe du monde III. Quoi ? L'éternité (1988)
  • Écrit dans un jardin (1992)
  • D'Hadrien à Zénon: correspondance, 1951-1956 (2004)
  • Une volonté sans fléchissement: correspondance, 1957-1960 (2007)

Commentaires personnels à suivre...

Extraits

"Suis-je Servet, cet âne, reprit sauvagement Zénon, pour risquer de me faire brûler à petit feu sur une place publique en l'honneur de je ne sais quelle interprétation d'un dogme, quand j'ai en train mes travaux sur les mouvements diastoliques et systoliques du coeur, qui m'importent beaucoup plus ? Si je dis que trois font un ou que le monde fut sauvé en Palestine, ne puis-je inscrire en ces aroles un sens secret au-dedans du sens extérieur, et m'enlever ainsi jusqu'à la gène d'avoir menti?" p. 141

Sources à consulter

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Quelques pages d'un autre livre ouvert...
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