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litterature quebecoise
25 février 2010

Je ne me lève jamais avant fin générique - Réjane Bougé

leve2Je ne me lève jamais avant la fin du générique : récit / Réjane Bougé. -- [Montréal] : Québec Amérique, 2005. -- 238p. ; 22 cm. -- (Littérature d'Amérique). -- ISBN 2-7644-0392-5

Quatrième de couverture

S'il y a les petites vues, les grandes vues et les vues animées, Réjane Bougé a, quant à elle, un faible pour les "belles vues", ces dernières lui rappelant la tante aimante avec qui elle regardait le cinéma Kraft du jeudi et les films en fin de soirée. Autant de mélodrames dignes de Douglas Sirk !

À sa manière, Je ne me lève jamais avant la fin du générique, constitue le bilan d'une cinéphile. Ce récit se présente donc comme l'émouvante histoire d'une amoureuse du cinéma qui, sans aucune prétention critique, a décidé de répertorier des scènes, tant à la vie qu'à l'écran, et de monter comment elles se répondent, soulevant ainsi les délicats rapports qu'entretiennent les images avec la réalité. Car, si l'auteure a projeté sa propre vie dans les films, c'est que ceux-ci n'existent qu'à travers les yeux de qui les voient ! Joies, deuils, désirs et désarrois: on naviguera dans ce livre un peu comme dans un catalogue, pour renouer avec les émotions et les sensations que le septième art a distillées dans l'imaginaire collectif.

Que Réjane Bougé dise ne jamais se lever avant la fin du générique, elle non plus, voilà qui est heureux, aussi bien pour le cinéma que pour la littérature.

L'auteurLeve1

Réjane Bougé est née à Montréal au Québec, en 1957. Elle étudie d'abord à l'Université du Québec à Montréal (UQAM) où elle obtient un baccalauréat en Études Littéraires en 1985. Elle fera ensuite, en 1993, un certificat en Études Italiennes à l'Université de Montréal.

Elle devient animatrice et journaliste à la radio de Radio-Canada en 1984 et elle y animera diverses émissions littéraires et culturelles pendant plus de 15 annés, dont l'émission Midi Culture. Elle publie son premier roman en 1992 et se consacre aujourd'hui presque entièrement à l'écriture.

Bibliographie

  • L'amour cannibale (1992)
  • La voix de la sirène (1994)
  • L'année de la baleine (1999)
  • Abécédaire des pays imaginaires (2002) (avec Maude Bonenfant)
  • Je ne me lève jamais avant la fin du générique (2005)

Résumé et Commentaires personnels

Se rappeler de moments de sa vie à travers les films qui l'ont marquée, voici le récit autobiographique que propose Réjane Bougé. Plus qu'un simple bilan des films qu'elle a vu au cours de sa vie, l'auteur choisit plutôt de se remémorer des scènes qui se reflètent dans des instants de sa vie. Telle scène lui rappelent telle personne, telle émotion, telle tragédie, tel désir, tel deuils, telle aventure, telle peur, telle joie... son apprentissage de la vie se miroite dans des films de toutes les époques et de tous les genres.

Cette vie qu'elle nous raconte, c'est sa vie. Peut-être parfois lègèrement embellie par ses souvenirs. Mais toujours intimement liée au cinéma. Elle nous présente des scènes sur un écran. Un écran qui prend la forme de souvenirs parfois flous, parfois déformés par les émotions ou les années. Mais toujours bien réels pour l'amoureuse de cinéma qu'elle semble être.

Nous passons donc au travers de certains moments de sa vie. Son enfance, son adolescence, sa vie d'adulte, parfois des "flashbacks", parfois des réflexions... parfois des silences, des fondus au noir. Elle ne nous explique pas tout. Elle nous laisse remplir les blancs laissés par son écriture.

Je ne connaissais pas tous les films dont elle parle. Parfois, j'aurais aimé en savoir plus, j'avais l'impression que je n'avais pas toute l'information pour comprendre sa réflexion. Mais les films qu'elle présente sont les films tels qu'elle les a vu... alors parfois même les films que je connaissais, je les voyais autrement. Car un film vit aussi à travers les yeux de celui qui le voit.

Mais les films font aussi partie de l'imaginaire collectif et parfois il suffit de dire une réplique, évoquer une scène pour qu'on se comprenne... Un souvenir commun... Et des moments qu'elle décrivait semblaient aussi raconter des instants de ma vie. Le cinéma fait partie de bien des vies. Combien de fois, tel scène de notre vie nous rappelle un film... et le contraire.

Le texte semble à la fois intime mais aussi très analytique. On passe parfois des souvenirs intimes à une analyse de films et de séquences. Elle semble parfois pousser son analyse très loin, de façon presque technique. Parfois, on semble plus tomber dans une réfléxion personnelle, voire philosophique.

Et on ne peut que se questionner sur le récit... "roman autobiographique"... quelle est la part de vérité, quelle est la fiction ? Mais je ne crois pas qu'il faut s'attarder à ces questionnements. Nos vies sont une suite de scènes... et c'est ce que Réjane Bougé a voulu nous montrer.

Le roman est québécois et plusieurs allusions furent pour moi autant de petits moments doux... des souvenirs d'annonces publicitaires, des habitudes, des noms de rues, des endroits... même le cinéma sur la couverture m'a troublée... aujourd'hui un "Jean-Coutu", je me rappelle très bien de cet édifice ! Et que dire du Cinéma Lumière qui a tant marqué ma propre enfance! Je croyais que personne ne se souvenait de cet endroit ! Et le cinéma Château... aujourd'hui une sorte de centre spirituel... tout à côté de ce restaurant que j'ai fréquenté, à quelques coins de rues de mon appartement... L'auteur a su en une phrase exprimer ma pensée: "Sur le plastique brisé de la marquise, les messages alternent. Un laconique "Jésus t'aime" a longtemps tenu l'affiche. "Parler avec Dieu c'est relaxant": dans la maxime actuelle, l'adjectif étincelle en rouge. Mais quelle est donc cette religion molle qui se présente comme une excroissance de la massothérapie ? Le bistro "Les Derniers Humains" venu se greffer à l'édifice, sur le flanc droit, immerge cette église dans un climat apocalyptique." p. 218

Mais ces souvenirs intimement liés à Montréal, se déplacent aussi en France, en Italie, en Angleterre... Ce n'est donc pas un obstacle à la lecture du texte... on peut facilement se perdre dans ces salles de cinéma, dans ces films et dans ces moments d'une vie.

Choisir de raconter un peu sa vie au travers des films qu'elle a visionné me rappelle un peu l'exercice que je fais parfois ici avec les émissions de télévision... ma "vie télévisuelle"... et je n'ai pu m'empêcher de sourire... Ce que les médias peuvent nous avoir marqués !

Extraits

"Les critiques parlent rarement des conditions de projection puisqu'ils ne fréquentent à peu près pas les cinémas. Ignorent-ils que, si Don Quichotte se bat contre des moulins à vent, les spectateurs, eux, luttent contre des majors qui les respectent autant que les oeuvres, c'est-à-dire fort peu?" p. 24

"Au cinéma, on peut créer l'illusion que deux personnes discutent ensemble. Je n'ai jamais vraiment dialogué avec ma mère, mais j'ai longtemps caressé l'idée que nous pouvions le faire. La possibilité était là, virtuelle. J'ai gardé cet espoir jusqu'à ce qu'elle soit admise aux soins palliatifs. Une semaine avant qu'elle meure, nos deux films en parallèle me semblèrent dans l'ordre des choses." p. 36

"Quand je lis, des espaces se déploient et se creusent autour des mots." p. 52

"En couleurs, en noir et blanc : cette dichotomie, qui paraîtrait étrange aux enfant d'aujourd'hui, nous était d'autant plus naturelle que nous la retrouvions à la maison, rivés devant un petit écran qui débitait des tranches de vie incolores. Nous étions donc entraînées à circuler entre ces deux états, à traverser "le mur des couleurs". p.77

"Avant l'apparition du cinéma, les hommes n'envisageaient pas les derniers instants de leur vie sous la forme de ce légendaire film qui va se dérouler. À cause de la vitesse qu'elle semble impliquer, cette métaphore moderne m'effare. Nous donne-t-on au moins le tmeps de rire ou de pleurer de quelques scènes." p. 88

Sources à consulter

... et mon premier roman du Défi la Plume Québécoise...

Defi

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27 janvier 2010

Défi La Plume Québécoise

Après mon premier swap en octobre, voici mon premier "challenge" !

C'est Suzanne qui lance ce petit défi pas trop difficile:

  • pas de limite de temps
  • pas d'obligation en genre
  • pas de liste à faire

(mais il serait bien de le mentionner à Suzanne si vous participez!)

Mais une obligation en nombre: 4 livres.
4 livres d'auteurs québécois !
Un peu de littérature québécoise... classique, nouvelle, poésie, romans, théâtre,...
pas de limites !

Defi

Un petit défi pour faire découvrir ou redécouvrir
la littérature québécoise.

Par le passé, j'ai beaucoup lu d'oeuvres québécoises.
Mais beaucoup moins depuis les dernières années.
Alors pour me remettre à la lecture de la
littérature de mon coin de pays,
je m'inscris au défi !

21 janvier 2010

Devant deux portraits de ma mère de Nelligan

Devant deux portraits de ma mère

[Émile Nelligan]

Ma mère, que je l'aime en ce portrait ancien, Pauline1
Peint aux jours glorieux qu'elle était jeune fille,
Le front couleur de lys et le regard qui brille
Comme un éblouissant miroir vénitien!

Ma mère que voici n'est plus du tout la même;
Les rides ont creusé le beau marbre frontal;
Elle a perdu l'éclat du temps sentimental
Où son hymen chanta comme un rose poème.

Aujourd'hui je compare, et j'en suis triste aussi,
Ce front nimbé de joie et ce front de souci,
Soleil d'or, brouillard dense au couchant des années.

Mais, mystère de coeur qui ne peut s'éclairer!
Comment puis-je sourire à ces lèvres fanées?
Au portrait qui sourit, comment puis-je pleurer?

Commentaires personnels

Le temps passe. Le temps vole la jeunesse pour lui donner des rides. Pour tout le monde... pour nous, pour nos soeurs, nos frères, nos pères, nos mères. Le temps passe et semble tuer les sourires qui furent, les joies qui ont passées. Mais la mère demeure. Jeune, nous ne l'avons pas connue. Vieille, elle est comme un tableau de sa vie. Une oeuvre d'art, une peinture de ce qu'elle représente pour nous.

Car notre mère est un portrait. Nous avons une image de notre mère. Est-ce une illusion ? Peut-être. L'image du passée est-elle plus belle que celle du présent ? Le vieux portrait nous donne une image jeune, le portrait plus récent, nous offre une image fanée. Le temps. Mensonger. Est-ce que l'image de jeunesse est vraiment plus douce que l'image de vieillesse ?

Les portraits parlent. Ils nous livrent des histoires. Nous cachent parfois des secrets. Que se cache derrière les sourires, derrières les rides ? Les portraits nous parlent mais que leur répondre ? Peut-on leur répondre ?

Poème considéré classique de Nelligan... sonnet, strophes, rimes embrassées, alexandrins, quatrains, tercets... poème classique. Sujet classique aussi: la mère. Notre mère qui fut jeune et qui vieillit. Portraits de notre mère qu'il faut affronter et accepter et que le poète nous chante dans des rimes douces mais rythmées.

Le poème est classique, parfois considéré "ancien", archaïque selon certains critiques. Mais il demeure une musique à lire à haute voix. Les sons suivent les images, les vers s'écoulent graduellement comme des notes phonétiques. Une succession de mots et images entrecoupés de pauses, de silences...

Un portrait, des portraits, des sourires, des pleurs... des regards et des rides... Les yeux de la mère, son regard, son front, ses lèvres, son sourire... notre mère. Mais notre mère demeure une femme. Elle fut jeune, vivante, amoureuse, folle, insouciante. Il y a une distance entre les portraits de notre mère et notre rapport avec elle et avec ceux-ci. Le poème nous rappelle cette distance. Et il y a une distance entre les représentations de la mère. Est-ce la même femme ? Notre mère est multiple. Elle fut multiple dans sa vie et elle fut multiple dans nos vies.

Pourquoi, la mère, la femme sourit-elle dans le premier portrait ? Pourquoi est-elle jeune ? Pourquoi est-elle vieille ensuite? Que s'est-il passé dans sa vie que nous ne voyons pas sur les portraits et qui en font deux femmes différentes ?

Le poème est souvent considéré comme mièvre, sentimental... trop même. Mais l'est-il ? Il nous présente ces deux femmes différentes. Il nous présente le passage du temps sur une femme. Sur la mère. Mais le passé était-il moins triste que le présent ? Le poème est classique, ses thèmes aussi... mais son interprétation est ambigüe.

Deux portraits que Nelligan nous peint avec des couleurs vives, expressives et où le textuel devient image et expression. Les mots sont un jeu qu'il faut comprendre. Et pour comprendre, il faut jouer ! Jouer avec les vers, les symboles. Un signe, un symbole, une centaine de significations.

Une mère, des mères. Cette femme qui fut notre mère est plurielle et unique.

14 mai 2009

Le Monde irrémédiablement désert de Garneau

Le Monde irrémédiablement désert
(Hector de Saint-Denys Garneau, Les Solitudes)

Dans ma main
Le bout cassé de tous les chemins

Quand est-ce qu'on a laissé tomber les amarres
Comment est-ce qu'on a perdu tous les chemins

La distance infranchissable
Ponts rompus
Chemins perdus

Dans le bas du ciel, cent visages

Impossibles à voir
La lumière interrompue d'ici là
Un grand couteau d'ombre
Passe au milieu de mes regards

De ce lieu délié
Quel appel de bras tendus
Se perd dans l'air infranchissable

La mémoire qu'on interroge
A de lourd rideaux aux fenêtres
Pourquoi lui demander rien?
L'ombre des absents est sans voix
Et se confond maintenant avec les murs
De la chambre vide.

Où sont les ponts les chemins les portes
Les paroles ne portent pas
La voix ne porte pas

Vais-je m'élancer sur un fil incertain
Sur un fil imaginaire tendu dans l'ombre
Trouver peut-être les visages tournés
Et me heurter d'un grand coup sourd
Contre l'absence

Les ponts rompus
Chemins coupés
Le commencement de toutes présences
Le premier pas de toute compagnie
Gît cassé dans ma main.


deserertCommentaires personnels

Triste. Vide. Éloignement. Solitude. Abandon. Absence. Une impossibilité de rejoindre la vie qui le fuit. Aucune volonté de la rejoindre mais peur de disparaître. Rejet des autres, mais peur d'être seul. Impossibilité d'être avec les autres, impossibilité d'être seul. Et encore : peur atroce du rejet, mais rejet des autres. Que de tristesse et de contradictions dans ces vers. Un mélange aussi de fragilité et de rage silencieuse.

C'est une impuissance de communiquer que je lis dans ces mots. Incapable de se faire comprendre par les autres, il cherche aussi à se comprendre lui-même. Il semble pourtant abandonner... semble prêt à s'enfermer dans le mutisme et le rejet qui caractérisent les derniers moments de sa vie. Il semble s'enfermer dans un malaise profond d'où il ne peut plus que contempler les brisures de son âme.

On sent également qu'il abandonne. Et qu'il sent que tous ont abandonné. Surpris de cet abandon, qu'il n'a pas vu survenir... il se questionne sur quand c'est produit cet abandon, quand les rêves furent perdus, oubliés... un profond désarroi s'emparre de lui. Il ne sait que faire ; a peur de se qu'il devrait peut-être faire. Et s'il faisait ce qu'il devrait peut-être faire... cela servira-t-il à quelque chose ? cela en vaut-il la peine ? Toute tentative n'est-elle pas voué à l'échec ? On lit un découragement certain, mais aussi un manque de courage - à la limite de la lâcheté. Désarroi, tristesse... mais aussi une sorte d'apitoiement sur soi-même... Et une forte envie de le secouer m'étreint à la lecture de ces vers que je trouve pourtant si beaux. Le secouer, oui, mais surtout de lui parler et de le faire parler... la mort semble lui parler cependant et il semble malheureusement qu'il l'a écouté.

Dans ces vers, il y a un renoncement triste, vaguement cynique, quoique définitivement naïf.

13 mai 2009

Trois p'tits chats

Trois p'tits chats / René Boulanger. --[Montréal] : VLB Éditeurs, 2006. -- 111 p. ; 23 cm. -- ISBN 3pc978-2-890005-938-2

Quatrième de couverture


« Une des chansons enfantines les plus connues, Trois p’tits chats, recèle d’étranges images qui évoquent la mort et la furie guerrière. Elle fait penser à ces dessins que les psychologues font faire aux enfants qui vivent des traumatismes à la suite de bombardements. La théorie de l’inconscient suggère que de grandes catastrophes de l’histoire peuvent être perçues, revécues, intériorisées à travers les contes et les légendes. J’ai choisi de reconstituer le récit que cette chanson évoque. Le drame, enfoui sous la légèreté musicale, réapparaît ici dans une action qui se situe durant la Seconde Guerre mondiale, en juin 1940, dans une colonne de réfugiés. »

L'auteur

3pc4René Boulanger est né à Saint-Paulin (conté de Maskinongé) au Québec, en 1951. Son père est bucheron et sa mère est cuisinière sur les chantiers. Ils auront 6 enfants. En 1963, sa famille déménage à Montréal.

Durant son adolescence, il s'engagera dans dans diverses causes, dont la lutte nationale. Il aura plusieurs petits emplois qu'il perdra ou quittera rapidement. En 1980, il s'inscrit finalement à l'université (à l'UQAM) et obtient un certificat en scénarisation cinématographique puis un baccalauréat en Études littéraires. Il écrit quelques scénarios de court métrage dont deux seront filmés: "En plein coeur" et "La vieille dame". Il écrit également des textes pour la radio, pour le théâtre ainsi que de nombreux articles.

Il publie son premier roman "Rose Fenian" en 1993. Puis, "Les feux de Yamachiche" en 1997. Ses premiers romans sont des récits historiques et il se penche alors résolument sur l'histoire du Québec.

Il vit présentement à Montréal mais a également une maison en Mauricie. Il continue à écrire des romans, des articles et des scénarios.

Bibliographie partielle

  • Rose Fenian (1993)
  • Les feux de Yamachiche (1997)
  • Trois p'tit chats (2006)

Résumé

Nous sommes en juin 1940, à Paris. Les Nazis ont envahi la France et les gens fuient la ville pour se réfugier en campagne. Une femme et sa fille quittent également Paris et veulent rejoindre Bordeaux où les attend son époux, aviateur pour l'armée. Elles tentent d'abord de quitter par train, mais doivent bientôt rejoindre les milliers d'exilés qui marchent sur les routes de France.

À leur départ, elles amènent avec elles, des valises et trois petits chats que Sophie, la fillette, garde dans ses bras. La marche est difficile et petit à petit, elles doivent abandonner leurs possessions. Tout au long de leur chemin, elles rencontreront plusieurs personnages et devront vivre cet exil du mieux qu'elles le pourront...

Commentaires personnels

Le quatrième de couverture est explicite... et c'est mon plus grand reproche au roman ! Quelle idée d'expliquer tout de suite sa propre démarche!!!  Nous aurions bien fini par comprendre... Enfin... Donc, René Boulanger, pour son roman Trois p'tits chats, a utilisé la comptine enfantine bien connue, pour raconter son histoire. Chaque chapitre commence par un des mots de la comptine. Ce mot devient donc le sujet central du chapitre... Trois p'tit chats, chapeau d'paille, paillasson, somnambule... La comptine, suite de mots en apparence sans lien logique, prend donc, petit à petit, une signification assez sombre et raconte la la fuite d'une mère et sa fille pendant la guerre. Car derrière les histoires, chansons et comptines pour enfants, on peut parfois trouver des aspects sombres et lugubres. La comptine semble légère, pourtant elle renferme des mots tristes ou étranges... "fou de rage", "courtisane" "fugitif", "typhoïde", "veuve de guerre"... Et si ces mots d'enfants cachaient une réalité sombre, qu'une mélodie joyeuse permettait d'effacer pendant quelques instants ? Quand la réalité est insoutenable, se réfugier dans l'imaginaire et l'absurde est parfois la seule issue possible.

L'auteur est québécois, mais a choisi de parler de la Seconde Guerre Mondiale, qu'il n'a pas connu - étant né au Québec au début des années 50. Mais il avoue lui-même que son récit est le récit d'une invasion... et qu'on peut l'associer à toutes les histoires d'un pays, d'un peuple, d'une région subissant l'invasion, la guerre, la violence, la perte de liberté.

Le récit suit le chemin douloureux, la triste fuite d'une mère et de sa fille. Nous suivons pas à pas, la perte de leurs illusions, de leurs possessions, de leur naïveté... autant de la petite fille que de la mère. Parfois les mots décrivent brutalement la réalité de la guerre et de cet exil, parfois ils s'échappent dans la poésie et le rêve... mais toujours ils restent attachés à la comptine. On a parfois du mal à comprendre le lien entre le mot de la comptine et la réalité de leur périple, mais toujours le lien se fait, doucement et douloureusement.

Dans leur fuite, la mère et sa fille rencontreront des compagnons, des amis, des ennemis... elles lutteront, pleureront, auront peur, ... mais jamais elles n'abandonneront : "[...] Mais ce n'est pas le plus important ! Tu sais ce que c'est ? -- Non !  Alors Brigitte fait arrÊter la voiture, se penche vers sa fille aux yeux de déesse blonde et lui caresse les cheveux. Elle lui donne un baiser sur le front puis les joues et la bouche. Elle colle sa tête sur la sienne: -- Vivre, ma chérie ! Vivre enconre et encore !" (p105).

Le texte est rempli de poésies, de souvenirs difficiles et durs ainsi que d'espoirs. Il se lit rapidement, presque aussi vite que la comptine. On a peut-être parfois l'impression de suivre un exercice de style (l'auteur doit bien sûr suivre la comptine, ce qui n'est pas toujours évident) et j'ai parfois trouvé certains passages un peu mièvres et remplis de "bons sentiments" lègèrement naïfs. Mais contrairement à certaines critiques, je n'ai pas eu l'impression de lire un texte excessivement nationaliste.

En conclusion, ce petit livre est joliment construit et se laisse lire avec plaisir !

Citations

"Elle répète à nouveau: "Maman!" Et Brigitte lui répond: "Je suis là, ma chérie!" Puis les trois petits chats viennent s'endormir dans les bras de Sophie et font une boule qui ronronne au milieu du monde hostile. Toute blanche, la boule s'enroule et la blonde Sophie s'endort sur ce paillasson qui porte ses rêves." p.15

"Sébastienne cherche son mouchoir puis essuie le sang du visage de Sophie aux yeux effarés et qui, la tête pleines de songes et de pensées inouïes, voit son avenir se dérouler devant elle. Un avenir effrayant, rempli d'angoisse. Elle songe un instant à Marcel, le jeune matelot de la péniche, à qui elle a dit: "J'ai peur." Maintenant, elle n'a plus peur. Sa peine est trop forte!" p. 98-99

Sources

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9 avril 2009

L'idiote aux cloches de Nelligan

L'idiote aux cloches 

I

Elle a voulu trouver les cloches
Du Jeudi-Saint sur les chemins ;
Elle a saigné ses pieds aux roches
À les chercher dans les soirs maints,
Ah ! lon lan laire,
Elle a meurtri ses pieds aux roches ;
On lui disait : « Fouille tes poches.
– Nenni, sont vers les cieux romains ;
Je veux trouver les cloches, cloches,
J
e veux trouver les cloches
Et je les aurai dans mes mains » ;
Ah ! lon lan laire et lon lan la.         

II

Or vers les heures vespérales
Elle allait, solitaire, aux bois.
Elle rêvait des cathédrales
Et des cloches dans les beffrois ;
Ah ! lon lan laire,
Elle rêvait des cathédrales,
Puis tout à coup, en de fous râles

S’élevait tout au loin sa voix :
« Je veux trouver les cloches, cloches,
Je veux trouver les cloches
Et je les aurai dans mes mains » ;
Ah ! lon lan laire et lon lan la.       

III

Une aube triste, aux routes croches,
On la trouva dans un fossé.
Dans la nuit du retour des cloches
L’idiote avait trépassé ;
Ah ! lon lan laire,
Dans la nuit du retour des cloches,
À leurs métalliques approches
Son rêve d’or fut exaucé :
Un ange mit les cloches, cloches
Lui mit toutes les cloches,
Là-haut, lui mit toutes aux mains ;
Ah ! lon lan laire et lon lan la.

Commentaire personnel

Poème que je ne peux que lire à haute voix. Presque une incantation. Sûrement un chant. Parfois un chant lent, parfois une balade rapide. Je vois des blessures et de la solitude, évidemment. Et j'entends des sons. Qui se répètent.

Une quête pour trouver sa spiritualité ou pour trouver son identité. Mais parfois se trouver veut dire mourir et renaître. Et l'idiote est trouver dans un fossé. Morte. L'innocence et l'idiotie... la solitude aveugle à une foi absolue se doit de s'éteindre avec éclat...  une mort fracassante au son des cloches.  La recherche de l'absolu, qu'il soir religieux ou personnel, ne se fait que dans la mort d'une parcelle de soi.

Recherche de grandeur. Recherche infinie de quelque chose de simple dans la complexité. On semble oublier que l'essentiel peut être dans la simplicité, dans les petites choses. Croire que le divin ne peut que se rencontrer dans le grandiose. Recherche vaine. But ultime parfois atteint, mais pas de la façon que l'on pourrait croire.

Voir aussi :

21 mars 2009

Poèmes choisis de Saint-Denys-Garneau - Suite

Poèmes choisis : précédés d'une chronologie, d'une bibliographie et de jugement citiques / Saint-Denys-Garneau. -- Montréal : Fides, Bibliothèque Canadienne-Française, 1970. -- 141 p. ; 17 cm. -- ISBN 0-7755-0369-XSDG1

Le recueil

Ce recueil fut publié en 1970. On y retrouve plusieurs poèmes du seul recueil publié par Hector de Saint-Denys Garneau: Regards et Jeux dans l'Espace. Saint-Denys Garneau publia son recueil en 1937 mais retira de la vente, presque immédiatement, toutes les copies de son oeuvre.

Après sa mort en 1943, on publia de nombreux recueils de son oeuvre. Dès 1949, Fides publie Poésies complètes, incluant des pièces retrouvées en plus des poèmes de Regards et Jeux dans l'Espace. Depuis de nombreux recueils de ses poèmes sont parus: des recueils complets, des morceaux choisis, des textes commentés,... On publie aussi de nombreuses études sur son oeuvres poétiques et sur sa peinture. On commenta également ses rares textes non poétiques, ses lettres ainsi que son journal, qui furent également publiés après sa mort. Sa poésie fut traduite en anglais et en espagnol.

Le recueil "Poèmes choisis" publié par Fides en 1970 comporte deux sections: Regards et Jeux dans l'Espace avec 17 poèmes des 28 poèmes de ce recueil ; Les Solitudes avec 35 poèmes. L'ouvrage propose également une brève chronologie, une bibliographie ainsi que quelques critiques.

Commentaires personnels

Lire les poèmes de Saint-Denys Garneau s'est suivre son cheminement intérieur. C'est vivre avec lui ses moments plus doux, plus joyeux pour marcher petit à petit un chemin plus sombre et finalement voir les effets de la maladie qui l'affaiblit.

On sent d'abord nettement dans ce recueil, le côté plus léger, plus enjoué de sa poésie. Il nous parle de jeux, d'enfants, de danses, de rivières, de fraîcheur, de soleil, de lumière, de musique, d'arbres (Le Jeu, Spectacle de la danse, Rivière de mes yeux, Flûte, Les ormes, Saules, etc.)... "Ô mes yeux ce matin grands comme des rivières  Ô l'onde de mes yeux prêts à tout reflèter  Et cette fraîcheur sous mes paupières   Extraordinaire..." "Cette voix verte presque marine  Et soupiré un son tout frais  Par une flûte.". Les premiers poèmes de Regards et Jeux dans l'Espace semblent vouloir une certaine action, un certain mouvement. Par le jeu, et par son regard sur ce qui l'entoure, il essaie de reconstruire un monde plus libre, accueillant. Mais son propos est parfois déjà inquiet... "Et pourtant dans son oeil gauche quand le droit rit  Une gravité de l'autre onde s'attache à la feuille d'un arbre...".

Puis nous avons un poème qui amène tranquillement l'ombre (Paysage en deux couleurs sur fond de ciel). Dans ce poème, le premier vers nous souligne "La vie la mort sur deux collines"... la vie et la mort, le soleil et l'ombre. Le poème suivant, Maison fermée, aborde nettement la solitude, la désolation. Dans le poème Accompagnement, Saint-Denys Garneau réalise pleinement la perte de son être, il étale sa solitude, son malaise profond et surtout il avoue son échec... échec de se réaliser pleinement dans sa vie, dans la société et dans la poésie "Ma solitude au bord de la nuit   N'a pas été bonne..." "Elle est venue pour nous ravir et pour nous lâcher. Dans le cercle de notre lâcheté  Elle est venue pour nous voler...".

Les poèmes qui suivent et qui font partie de Solitudes (publiés après sa mort) parlent tous (ou presque) de mort, de solitude sans issue, de nuit, de douleurs, de tristesse. Le poète crie maintenant sa douleur, sa détresse "... Sans plus de refuge au sein de soi  Contre le mortel frisson des vents..." Le poète nous livre sa fragilité, son désarroi, son angoisse, son impuissance, son incompréhension face à ses maux physiques et psychologiques  "Je marche à côté d'une joie  D'une joie qui n'est pas à moi  D'une joie à moi que je ne puis pas prendre...". Saint-Denys Garneau utilise ses poèmes pour exprimer ses angoisses et sa solitude ainsi que pour exorciser sa maladie. Une quête personnelle, spirituelle, existentielle... mais qu'il considèra comme un échec et voudra en effacer toute trace.

Son style est proche de la narration. Ses vers racontent, décrivent, expliquent sa pensée. On peut avoir l'impression qu'au-delà  de sa recherche intérieure, il s'adresse tout de même à nous. Ou alors, il se parle à lui-même, essayant de se faire comprendre ce regard qu'il porte sur lui et sur le monde. Ses vers se sont libérés des contraintes de la poésie classique - on dit qu'il ouvre la poésie québécoise à la modernité - et donc par sa poésie tentait de se libérer lui-même des contraintes de la société de l'époque.

Une pensée et une image sur le blog de Lali. Un poème sur Chatperlipopette,

Voir le premier article : Poèmes choisis de Saint-Denys-Garneau

Voir aussi: Cage d'oiseau (poème)

Quelques extraits:

"À part vingt-cinq fleurs qui ont brûlé pendant le jour le jardin est beau    À part vigt-cinq fleurs qui sont fanées et nous partons faire une promenade parfaite comme s'il ne manquait rien    Mais nous sentons bien  Malgré la fraîcheur du soir qui se dévoile et la parfaite légère cadence de nos pas    En nous se glisser le poids des fleurs mortes  Se glisser en nous    Vingt-cinq fleurs tombées dans un coin du jardin    Font chavirer en nous tout le jardin    Se rouler tout le jardin " (Extrait de "Ce qui était perdu") p. 81

Sources

18 mars 2009

Poèmes choisis de Saint-Denys-Garneau

SDG1Poèmes choisis : précédés d'une chronologie, d'une bibliographie et de jugement citiques / Saint-Denys-Garneau. -- Montréal : Fides, Bibliothèque Canadienne-Française, 1970. -- 141 p. ; 17 cm. -- ISBN 0-7755-0369-X

L'auteur

Hector de Saint-Denys Garneau est né en 1912 à Montréal. Son père, Paul Garneau, est comptable. Son grand-père, Alfred Garneau, est poète ainsi que son arrière-grand-père, François Xavier Garneau. Sa mère, Hermine Prévost, est la descendante du général baron Juchereau de Saint-Denys. Il est le cousin, de l'auteur québécoise Anne Hébert. Il passe son enfance au manoir ancestral à Sainte-Catherine-de-Fossanbault. En 1920, le jeune Hector peint ses premières toiles.

SDG2

Il fera ses études classiques en philosophie et en belles lettres dans diverses écoles à Québec et à Montréal. Il fréquenta entre autres, le collège Bon-Pasteur à Québec, le Collège Jean-de-Brébeuf à Montréal et l'École des Beaux-Arts, également à Montréal. Il gagne quelques concours littéraires grâce à ses poèmes.

En 1928, on lui diagnostique une lésion au coeur -suite d'une fièvre rhumatismale. Il devra mettre un terme final à ses études, en 1934, à cause de son état de santé. Il retourne alors vivre avec ses parents au manoir.

Il continue cependant à peindre et à écrire. Il communique régulièrement avec ses amis et participe à diverses expositions. Il participe également à la fondation d'une revue artistique, La Relève. Il y publie de nombreux textes. Il publie également dans Les Idées, Le Canada et L'Action Nationale. Il entreprend aussi la rédaction d'un journal, de contes, récits et de poèmes.

Son état de santé le mène à un état de plus en plus dépressif et son entourage note son état dès 1935. En 1937, ses amis l'encouragent à publier ses poèmes. Ses parents financeront la publication de son recueil Regards et Jeux dans l'Espace. L'accueil de l'ouvrage par la critique et le public est mitigé et peu après la publication du recueil, Saint-Denys Garneau le retire du marché.

Dépressif et déçu, il part pour la France avec un ami, mais revient rapidement. Il devient de plus en plus solitaire et évite toute fréquentation. Il ne publie plus aucun texte mais poursuit l'écriture. Le 24 octobre 1943, Hector de Saint-Denys Garneau décède des suites d'un malaise cardiaque alors qu'il est parti en canot sur la rivière Saint-Jacques. Il a 31 ans. Après sa mort, on publiera son journal, des lettres et des poèmes inédits.

Commentaires personnels à suivre...

Voir aussi: Cage d'oiseau (poème)

Quelques extraits:

"Et jusqu'au sommeil perdu dont erre l'ombre autour de nous sans nous prendre     Estompe tout, ne laissant que ce point en moi lourd lourd lourd    Qui attend le réveil au matin pour se mettre tout à fait debout    Au milieu de moi détruit, desarçonné, désemparé, agonisant", p. 119

Sources

 

5 février 2009

Le Vide de Senécal - Suite

Le Vide / Patrick Sénécal. -- [Québec] : Alire, 2007. --642 p. ; 22 cm. VS

Commentaires personnels

Ce roman de Patrick Senécal est souvent considéré comme une mordante analyse et critique sociale. Mais est-ce une critique ou une simple constatation ? Senécal y traite principalement de ce qu'il considère le vide, c'est à dire, l'insignifiance de nos vies en général. La réalité absurde de nos existences, la futilité de notre quotidien, l'injustice banale qui parsème la vie. Il appuie sur le malaise, la désillusion, le sentiment de déchéance...

Et il emploie tous les moyens pour nous le faire comprendre.

Les romans de Senécal oscillent habituellement entre l'intrigue policière et l'horreur. Et ce roman semble à prime abord ne pas faire exception. Bien qu'ici, il est vrai qu'on retrouve une analyse sociale qui penche beaucoup vers l'analyse psychologique.

L'auteur a choisi une façon particulière de nous présenter son roman. Un mise en forme qui a beaucoup étonnée la critique et les lecteurs. Les chapitres ne sont pas en ordre. Le livre commence au chapitre 21 puis passe au chapitre 8, etc. Le lecteur a donc le choix de lire le roman d'une couverture à l'autre, les chapitres en désordre et passant ainsi à travers de nombreux flashbacks - pour la plupart bien placée mais avec quelques passages plus boîteux. Ou alors, on suit l'ordre habituel, commençant au chapitre 1, à la page 31, puis au chapitre 2, à la page 249, etc. On privilège habituellement une façon de lire ou l'autre (en grande partie, la lecture dans le désordre...) mais personnellement, je trouve les deux lectures aussi difficiles et intéressantes.

Plusieurs critiques centrent leur analyse sur la critique que Senécal semble faire de la téléréalité. Il est vrai qu'il présente ce type de télévision sous un jour très négatif. Mais je crois que ce n'est pas le sujet central du roman. Les personnages sont au centre de l'histoire et surtout leur mal de vivre. Mais c'est un mal de vivre personnel, qui tente tant bien que mal de culpabiliser la société et sa supposée vacuité. Trouver un sens à sa vie, aller au delà de la banalité et de la routine, réaliser que finalement, l'absurdité de l'existence est évidente. Chercher à combler le vide par des rêves fous et finalement se rendre compte que la réalisation du rêve n'a rien changé dans ce vide de notre existence...

C'est cependant une erreur, selon moi, de ne voir dans le roman que du pessimisme, du noir, du fatalisme. Le roman, par plusieurs personnages, nous dit que ce vide que ressente certains personnages n'est qu'un vide personnel... on peut mettre le blâme sur tout et chacun, mais il n'en reste qu'à nous de le combler... et pas nécessairement par des moyens extrêmes, mais par de petits gestes.

Le roman ne me semble pas vraiment une enquête policière, même si le personnage de Pierre Sauvé, policier, demeure le plus intéressant. Son intervention policière dans la trame de l'histoire n'arrive qu'à la fin et est secondaire. Ce qui prime ici est le développement du caractère des personnages. Leur évolution personnelle est définie par divers moments clés qui changent leur vie dramatiquement.

Beaucoup de moments forts dans le roman de Senécal. Et on y note une nette évolution dans le développement des personnages. Mais il reste que personnellement, je vois de gros manques à cette histoire. Le passages les mieux réussis du roman demeurent selon moi, les chapitres traitant de la relation entre le policier et sa fille, et l'évolution du personnage de Maxime Lavoie. Ces chapitres sont pour la plupart bien menés, écrits sobrement et efficacement. Je note cependant, encore une fois, un surplus de scènes violentes, sexuelles pour la plupart, qui me semblent excessives. Ou plutôt non nécessaires à l'intrigue. L'impact de certains passages ne nécessitait pas cette abondance de détails. On a parfois l'impression que ces détails ne sont là que pour être bien sûr de choquer un peu et de rester dans la classe "gore" dans laquelle l'auteur fut placé avec ses romans précédents. Cela gâche la sauce, selon moi. Et cela me semble une écriture "adolescente". Comme si l'auteur ne sortait pas de sa phase "choc, pipi, caca, pénis"... On a souvent l'impression que l'auteur en fait trop, à un point tel que c'est souvent plus "risible" que choquant. Et cela rend par moment son écriture "vide", sans intérêt. Car pour choquer et bouleverser il n'est pas nécessaire de tout dire... Plusieurs intrigues et personnages - tel le personnage de Frédéric Ferland - sont complètement perdus ainsi.

L'histoire est intéressante, et on peut nettement déceler par moment une écriture solide. Voyons voir comment Senécal poursuivra son travail de créa
tion.

L'avis de d'Alexandre (Fortrel), Stéphane, Stfoch (sur Plume Libre), Suzanne, Karine, Blogueuse cornue, Christian, Renart Léveillé.

Consulter le premier article: Le Vide de Senécal

Citations

"Non, on n'est pas cons, répondit Lavoie. Mais on ne veut pas réfléchir ! On n'en a pas envie ! Déjà qu'on travaille sept à dix heures par jour, on ne se fere pas chier à réfléchir en plus ! Faisons comme tout le monde, à la place ! Écoutons les mêmes conneries que tout le monde, mangeons la même merdre, achetons les mêmes cochonneries et pensons tous la même chose ! C'est plus simple ! C'est rassurant ! Et pendant un certain temps, ça marche ! On se croit heureux parce qu'on est ce qu'on nous dit d'être ! Et on y croit, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ?" p. 444

Sources

4 février 2009

Le Vide de Sénécal

Le Vide / Patrick Sénécal. -- [Québec] : Alire, 2007. --642 p. ; 22 cm. VS

Quatrième de couverture


Pierre Sauvé
À l'orée de la quarantaine, veuf, père d'une fille de vingt ans. Sergent-détective à la police municipale de Drummondville, il enquête sur un quadruple meurtre qui a toutes les apparences d'un crime passionnel.

Frédéric Ferland
Début de la cinquantaine, divorcé, père de deux adultes qu'il ne voit guère, il cherche depuis des années l'excitation ultime, celle qui donnera un sens à son existence et à la vie en général, qu'il a toujours trouvée terne. Psychologue, il exerce sa profession dans la ville de Saint-Bruno.

Maxime Lavoie
Trente-sept ans, célibataire, idéaliste et milliardaire. Il y a deux ans, il a quitté ses fonctions de président de Lavoie inc. pour devenir le producteur et l'animateur de Vivre au Max, l'émission de téléréalité la plus controversée de l'heure... mais aussi la plus populaire.

Trois hommes différents, trois existences que tout sépare. Or, contre toute attente, leurs chemins se croiseront bientôt et leur vie en sera bouleversée à jamais. Tout comme celle de milliers de gens... tout comme la vôtre !
 

L'auteur

Patrick Senécal est né en 1967 dans la ville de Drummondville au Québec. Patrick Senécal aime particulièrement l’écriture forte où les émotions, la tension, le suspense, la terreur et le fantastique se mélangent. Parallèlement à son écriture, Senécal continue aujourd’hui d’enseigner au Cégep de Drummondville.

Voir la biographie de l'auteur sur cet article.

Voir le site de l'auteur.


Résumé (attention spoilers)

Pierre Sauvé est policier. Il vit à Drummondville. Sa vie se résume à sa carrière. Il adore son métier. Peut-être trop. Sa femme le quitte et elle part avec leur petite fille. Pierre comprend mal, mais tente de vivre cette séparation. Alors qu'il est en retard pour venir chercher sa fille, il se cogne à une porte fermée. Il attend et attend. Malheureusement, le pire arrive, son ex-femme est retrouvée noyée et il doit maintenant prendre la garde sa petite fille, traumatisée par la mort de sa mère. Il n'arrivera jamais à établir un contact avec sa fille qui le quitte à ses 17 ans pour aller vivre sa vie à Montréal. Pierre continuera à se perdre dans son travail.

Parallèlement, le roman nous présente Maxime Lavoie. Son père, homme d'affaires riche et célèbre, meurt brutalement d'une crise cardiaque en compagnie de sa dernière conquête. Maxime, qui méprise son père, ses affaires et son mode de vie, doit venir identifier le corps. Le bras droit de son père, Masima, lui conseille vivement de prendre la relève de son père, dont Maxime vient d'hériter de toute la fortune. Maxime ne veut tout d'abord rien savoir, mais accepte finalement. Avec le soutien de son meilleur ami, Francis, il croit pouvoir changer les pratiques d'une grosse multinationale. Mais essayer de rester honnête et juste dans ce monde est très difficile. Et après la mort accidentelle de Francis, Maxime n'en peut plus. Un voyage qui tourne à l'horreur change complètement sa vie. Il abandonne la direction de l'entreprise de son père et décide de se consacrer à la production et réalisation d'une émission de téléréalité complètement irréelle qui permet aux gens de réaliser leur rêve le plus fous. Mais Maxime a un objectif caché derrière cette émission vide de sens.

Alors que les premières émissions commencent avec grand succès, un téléspectateur cherche à auditionner afin de rencontrer Maxime. Frédéric Ferland croit avoir enfin trouver quelqu'un qui comprend le vide de l'existence. Cela fait plusieurs années que Frédéric cherche à combler ce mal de vivre qui le poursuit: sexe, sport extrême, meurtre, il considère même le suicide. Mais sa rencontre avec Maxime semble le rapprocher d'une réponse à ses questionnements. Il se rend cependant compte très rapidement que le vide de Maxime n'est pas le même que le sien. Il poursuit tout de même sa route avec Maxime vers l'objectif que ce dernier s'est donné.

Pendant ce temps, des suicides et des meurtres violents qui semblent gratuits se multiplient. Pierre Sauvé est chargé de l'enquête. Sa route croisera celle de Frédéric Ferland, psychologue. Les trois vies sont maintenant liées dans ce vide omniprésent.

Commentaires personnels à suivre

Citations

"Sous les exhortations gestuelles de l'animateur de foule, les spectateurs en studio se mirent à applaudir, certains poussèrent même des petits cris d'enthousiasme. Tout en souriant, Maxime ne cessait de se répéter les consignes qu'il avait bien assimilées au cours de la semaine. Les consignes du jeu..." p. 126

Sources

3 février 2009

Cage d'oiseau de Saint-Denys-Garneau

Cage d'oiseau

Je suis une cage d'oiseau
Une cage d'os
Avec un oiseau

L'oiseau dans sa cage d'os
C'est la mort qui fait son nid

Lorsque rien n'arrive
On entend froisser ses ailes

Et quand on a ri beaucoup
Si l'on cesse tout à coup
On l'entend qui roucoule
Au fond
Comme un grelot

C'est un oiseau tenu captif
La mort dans ma cage d'os

Voudrait-il pas s'envoler
Est-ce vous qui le retiendrez
Est-ce moi
Qu'est-ce que c'est

Il ne pourra s'en aller
Qu'après avoir tout mangé
Mon cœur
La source de sang
Avec la vie dedans

Il aura mon âme au bec.


OsCommentaires personnels


Cage d'oiseau, un des poèmes les plus connus du poète, paru en 1937 dans son seul recueil de poésies qu'il publia à compte d'auteur avec l'aide financière de ses parents.

Solitude et mort, sujets fréquents de Hector de Saint-Denys Garneau. Poème de 24 vers libres qui semble une simple litanie. Une longue parole d'un poète qui veut rendre légitime son désir de mourir. L'oiseau est la mort et elle fait son nid tranquillement.  L'oiseau est dans une cage d'os, elle-même prisonnière de sa propre mortalité. Car elle contient un nid construit par la mort. Un cercle de vie et de mort.

Et l'oiseau est à l'intérieur. Il vit à l'intérieur du poète. Il le gruge, le dévore et s'évadera que s'il prend la vie du poète. Le poète est la cage de l'oiseau mais ne pourra de toute évidence pas contenir cet être. Il devra se sacrifier - sacrifier son âme - pour permettre à l'oiseau de vivre. Mais l'oiseau pourra-t-il vivre sans sa cage ?

Tragique. Oui. On sent qu'il n'y a pas d'espoir.

Beaucoup ont analysé ce poème si connu de Saint-Denys Garneau. On discours sur les métaphores... et surtout sur les liens entre le titre et le texte. Le texte n'étant en soi qu'une métaphore (dites filée) du titre. On dit aussi que l'oiseau est l'organe - le coeur - de Saint-Denys Garneau... Le poète était souffrant, son coeur véritablement malade. Et la cage d'os est simplement sa propre cage thoraxique. Qui peine à retenir ce coeur souffrant. Et Saint-Denys Garneau ressentait le besoin de parler de son coeur qui le menait probablement à une mort rapide. Est-ce l'analyse qu'on doit faire de ce poème? Probablement. D'autres parlent aussi de la prison littéraire dans laquelle le poète se sent. Il voudrait se libérer des règles, des normes littéraires de l'époque. Peut-être.

Pour moi, c'est tout simplement un poème triste à lire à voix haute très lentement. Un poème sur la solitude, sur la mort, sur la délivrance qui s'échappe. Chaque mot signifiant une blessure. Chaque mot un souffle du coeur.

Sources à consulter

23 mai 2008

Poésies complètes de Nelligan - L'oeuvre

Nel2Poésies complètes 1896-1899 / Émile Nelligan ; introduction de Luc Lacoursière. – Nouv. éd. -- [Montréal] : BQ, c1989. -- ISBN : 2-89406-022-X (br.)

L’œuvre:

Les poèmes de Nelligan ne furent tout d’abord publiés ensemble que lors de la parution du livre Emile Nelligan et son œuvre puis avec le recueil Poésies complètes.

Les poésies de Nelligan furent traduites une première fois en anglais par P.F. Widdows en 1960. Puis parut en 1983 le recueil The Complete Poems of Emile Nelligan par Fred Cogswell.

L’édition présentée ici des Poésies complètes 1896-1899 comprend une introduction de Luc Lacoursière rédigée en 1951. Cette édition comprend les poèmes que Louis Dantin publia dans Emile Nelligan et son œuvre. L’édition comprend ensuite des poèmes divers qui furent publiés entre 1896 et 1939 dans divers journaux, magazines et revues. Plusieurs de ces poèmes avaient été publiés sous des pseudonymes. D’autres poèmes inédits ont égales été ajoutés. Ce sont principalement des textes retrouvés dans des manuscrits conservés de la famille Nelligan.

Il est parfois difficile de déterminer les versions finales des poèmes. Diverses révisions par Nelligan et par d’autres personnes, dont Dantin, existent. Une chose est certaine, si nous avons ici, la grande majorité des poèmes écrits par Nelligan, nous ne pouvons retrouver le recueil qu’avait d’abord voulu l’auteur mais qu’il n’avait jamais terminé. Quelques plans existent et on peut avoir une idée des poèmes qu’il voulait faire figuré dans son recueil « Du récital des anges ».

Son œuvre entière semble comporter environ 170 textes : poèmes, rondeaux, sonnets et quelques poèmes en prose. On le rattache surtout au symbolisme et on lui donne comme influence, Verlaine, Baudelaire, Poe. On dit aussi que sa poésie est parnassienne et recherche principalement la beauté.  

Commentaires personnels :

Alors que Nelligan avait réussi a attiré l’attention de ses pairs et du public sur son œuvre lors de son vivant, c’est véritablement après sa mort qu’il devient célèbre et reconnu comme un grand poète.

Ses poèmes sont publiés dans diverses éditions et anthologies, des introductions et des commentaires sont publiés. Les critiques, mémoires et thèses se sont multipliés au cours des années. On lit et étudie ses poèmes à l’école. Un prix Émile-Nelligan est donné chaque année depuis 1979 à un poète canadien. Nelligan est définitivement un incontournable de la littérature québécoise.

Je n’essaierai donc pas ici de faire une analyse poussée de sa poésie. Beaucoup d’ouvrages, articles et sites Internet existent... Mais je vais tenter de donner quelques pistes personnelles de lecture de sa poésie… donner quelques unes de mes impressions.

Je ne connais pas beaucoup de gens qui ne connaissaient pas Nelligan. Et il est toujours très populaire. Même au secondaire et au cégep, on le lit volontiers. Ceux qui n’aiment pas la littérature ou la poésie ont quand même un petit penchant pour Nelligan. Il est jeune, tourmenté… il a écrit alors qu’il était un adolescent… il a écrit sa révolte et ses rages (on met souvent de côtés ses autres poésies aux thèmes plus classiques). Et combien de jeunes filles ont eu une image de Nelligan… ce beau jeune homme bohème au regard trouble…

J’ai lu Nelligan au primaire… Soir d’Hiver et le Vaisseau d’Or sont les premiers poèmes de Nelligan que j’ai lus. Puis j’ai encore lu Nelligan au secondaire, et ensuite au cégep, puis encore à l’université. J’ai lu et analysé pour l’école… et j’ai lu et observé pour mon plaisir.

J’ai toujours senti beaucoup de musicalité dans les vers de Nelligan. Les mots semblent là pour être lu à voix haute. Des mélodies me viennent souvent à l’esprit quand je lis les poèmes de Nelligan et on a souvent mis en musique ses vers. Beaucoup de mots étranges dans ses textes, parfois même des néologismes. Des mots tronqués, rassemblés pour former de nouveaux mots… Il joue avec la grammaire, les sens et même l’orthographe.

Les poèmes de Nelligan me semblent souvent mélancoliques, tristes… peu de gaieté dans sa poésie, même si parfois on semble pouvoir valser sur ses vers. L’utilisation de formes classiques pour ses vers nous donne parfois encore plus une impression de mélodie.

Les symboles sont importants dans sa poésie. Nelligan se considérait comme un romantique incompris. Il parle beaucoup de l’enfance, de la mort, de l’amour et de la folie. Parfois quelques thèmes religieux… Il rêve surtout. On sent l’immatériel, l’imaginaire…

Mais je vois surtout dans ses poèmes une sensibilité et une volonté d’affirmer son « moi ». Il est jeune et cherche à retrouver son enfance mais aussi à s’en détacher. Il semble ne pas savoir s’il veut rester enfant ou devenir adulte. Il aime la beauté, l’amour et la lumière mais aussi la mort, le sombre et la morosité. On lit beaucoup de pleurs dans ses poèmes et on voit beaucoup d’hantise. Les saisons semblent aussi rythmer ses vers… mais surtout l’automne et l’hiver. Il y a surtout des fins, mais parfois quelques renaissances et renouveaux.

Voir aussi:

Sources :

21 mai 2008

La romance du vin de Nelligan

La Romance du vin

Tout se mêle en un vif éclat de gaieté verte
Ô le beau soir de mai ! Tous les oiseaux en chœur,
Ainsi que les espoirs naguère à mon cœur,
Modulent leur prélude à ma croisée ouverte.

Ô le beau soir de mai ! le joyeux soir de mai !
Un orgue au loin éclate en froides mélopées ;
Et les rayons, ainsi que de pourpres épées,
Percent le cœur du jour qui se meurt parfumé.

Je suis gai ! je suis gai ! Dans le cristal qui chante,
Verse, verse le vin ! verse encore et toujours,
Que je puisse oublier la tristesse des jours,
Dans le dédain que j’ai de la foule méchante !

Je suis gai ! je suis gai ! Vive le vin et l’Art !…
J’ai le rêve de faire aussi des vers célèbres,
Des vers qui gémiront les musiques funèbres
Des vents d’automne au loin passant dans le brouillard.

C’est le règne du rire amer et de la rage
De se savoir poète et objet du mépris,
De se savoir un cœur et de n’être compris
Que par le clair de lune et les grands soirs d’orage !

Femmes ! je bois à vous qui riez du chemin
Ou l’Idéal m’appelle en ouvrant ses bras roses ;
Je bois à vous surtout, hommes aux fronts moroses
Qui dédaignez ma vie et repoussez ma main !

Pendant que tout l’azur s’étoile dans la gloire,
Et qu’un rythme s’entonne au renouveau doré,
Sur le jour expirant je n’ai donc pas pleuré,
Moi qui marche à tâtons dans ma jeunesse noire !

Je suis gai ! je suis gai ! Vive le soir de mai !
Je suis follement gai, sans être pourtant ivre !…
Serait-ce que je suis enfin heureux de vivre ;
Enfin mon cœur est-il guéri d’avoir aimé ?

Les cloches ont chanté ; le vent du soir odore…
Et pendant que le vin ruisselle à joyeux flots,
Je suis gai, si gai, dans mon rire sonore,
Oh ! si gai, que j’ai peur d’éclater en sanglots !

Commentaires personnels

Nelligan a composé ce poème en réponse à une critique négative de ses poèmes. La critique ne comprend pas ses poèmes. IlVin est jeune, déçu, et cherche à être reconnu. Il compose des vers qui expriment sa tristesse. Il lira La romance du vin lors de la 4e et dernière séance publique de l’École littéraire auquel il appartenait et qui eut lieu au château de Ramezay à Montréal. Les poèmes que Nelligan lira lors de cette soirée, incluant La romance du vin, seront très bien reçus et ces amis l’acclameront lors de sa lecture. Nelligan sort triomphant de cette soirée de mai.

L’ovation que lui font les invités et membres de l’École littéraire se continue jusque dans la rue. Nelligan est acclamé dans la rue du château de Ramezay jusqu’à sa demeure sur la rue Laval. Il devient instantanément un poète reconnue et acclamé. Il connaît le succès. Quelques temps après cette soirée, il est conduit à l’asile pour « folie », « dépression »,… Il ne sortira plus des hôpitaux psychiatriques.

Le poème La romance du vin est considéré comme un cri du cœur du poète. Suite à la critique négative qu’il avait reçu, Nelligan est à la fois triste et enragé, et se considère alors comme un poète incompris. Il utilise des images négatives, sombres, moroses, tragiques. Il se sent persécuté, trahi.

«  C’est le règne du rire amer et de la rage
De se savoir un poète et objet de mépris,
De se savoir un cœur et de n’être pas compris
Que par le clair de lune et les grands soirs d’orage ! »

Emile Nelligan se consacre à la poésie. Il a abandonné ses études, ne poursuit aucune carrière ou emploi… que pourtant son père tente de lui trouver. Il veut vivre de ses poèmes, de l’art. Il veut être connu pour sa poésie.

« J’ai le rêve de faire aussi des vers célèbres »

Ses vers précédents ont été critiqués de façon très négative. Il veut offrir des vers qui le feront connaître et surtout reconnaître comme un poète. Ses amis, les spectateurs, sa ville, tous l’acclament avec ces vers… Le poème est relativement classique dans sa structure. Il comporte 9 quatrains et Nelligan clame, dénonce, contraste et rime.

Ces gens qui l’avaient humilié, qui avait « ri » de lui… aujourd’hui le célèbrent. Dans ce poème, Nelligan cri… il s’exclame constamment… un point d’exclamation qui se répète… Il pointe du doigt la foule qui rie de lui et ne le comprend pas. Et bien sûr, il dénonce aussi. C’est un des objectifs de ce poème.

« Dans le dédain que j’ai de la foule méchante ! »

« Femmes ! je bois à vous qui riez du chemin
Ou l’Idéal m’appelle en ouvrant ses bras roses ;
Je bois à vous surtout, hommes aux fronts moroses
Qui dédaignez ma vie et repoussez ma main ! »

Et Nelligan veut crier qu’ils sont sans importance… qu’il est ivre de la poésie, de l’art… que les commentaires des autres n’ont aucune importance. Il est poète et il entend vivre intensément sa vie d’artiste… quitte à en souffrir…

 « Je suis follement gai, sans être pourtant ivre !… »

Il est triste, mélancolique et dépressif mais aussi euphorique et excité. Il alterne entre la tristesse et la gaieté. Il a peur de l’échec, cherche le succès… ne sais pas comment vivre avec l’un ou l’autre. Il rit et il pleure.

«  Oh ! si gai, que j’ai peur d’éclater en sanglots ! »

Il est jeune. Il vit de passion… finalement comme beaucoup d’adolescents. L’aurait-on traité de fou aujourd’hui ? L’aurait-on enfermé dans un asile ? Probablement pas…

« Moi qui marche à tâtons dans ma jeunesse noire »

Il oscille entre l’automne et le printemps. Entre ce qu’il considère sombre, mélancolique et ce qu’il voit comme un renouveau, une renaissance… entre la mort et la vie. Il marche dans le brouillard et la lumière. La création semble être ce qu’il croit qui va le sauver. Il cherche un idéal qu’il pense trouver dans la poésie.

« Pendant que tout l’azur s’étoile dans la gloire,
Et qu’un rythme s’entonne au renouveau doré,
Sur le jour expirant je n’ai donc pas pleuré,
Moi qui marche à tâtons dans ma jeunesse noire ! »

Il y a une certaine gaieté dans le poème… on sent qu’il cherche à convaincre de son ivresse. Comme on peut parfois être heureux… se sentir transporter pour ensuite retomber dans la tristesse.

« Tout se mêle en un vif éclat de gaieté verte
Ô le beau soir de mai ! Tous les oiseaux en chœur, »

Les vers expriment les contradictions de ses émotions. Joyeux, rayonnant, froid et triste…

«  Ô le beau soir de mai ! le joyeux soir de mai !
Un orgue au loin éclate en froides mélopées ;
Et les rayons, ainsi que de pourpres épées,
Percent le cœur du jour qui se meurt parfumé. »


Les termes se suivent, parfois musique, parfois simples sons. Les choses sont couleurs, sons, odeurs, … Souvent des termes inattendus qui se placent sans crier gare un à la suite de l’autre. Évoquant des images imparfaites mais tenaces.

« Tout se mêle en un vif éclat de gaieté verte »

« Je suis gai ! je suis gai ! Dans le cristal qui chante, »

« Percent le cœur du jour qui se meurt parfumé. »

« Ou l’Idéal m’appelle en ouvrant ses bras roses »

« Les cloches ont chanté ; le vent du soir odore… »

Nelligan appelle le vin. Le vin qui enivre mais qui donne aussi la connaissance. On voit les choses d’une façon plus claire mais plus triste. On peut devenir joyeux tout en conservant sa tristesse. Le vin ouvre les yeux et les fait souvent pleurer.

«  Et pendant que le vin ruisselle à joyeux flots,
Je suis gai, si gai, dans mon rire sonore,
Oh ! si gai, que j’ai peur d’éclater en sanglots ! »

Mais la tristesse de Nelligan semble devenir sa force. Ce qui le pousse à écrire, à vivre. Mais ce qui semble aussi l’accabler. Son échec va devenir son succès. Il aspire au succès, mais surtout à la reconnaissance des autres. Comme beaucoup de gens, comme la plupart des adolescents.

Il rage, pleure et est parfois intensément heureux… Et ne sait comment vivre avec toutes ces émotions contradictoires… Contradiction entre son corps, son esprit… ses désirs et ses émotions.

« Serait-ce que je suis enfin heureux de vivre ;
Enfin mon cœur est-il guéri d’avoir aimé ? »

Il semble le sujet principal du poème. Ou plutôt ses émotions, ses contradictions le sont. Cherchant à faire reconnaître son individualité mais voulant l’approbation des autres. Il est blessé. Veut qu’on le sache. Dire sa haine des autres, mais souligner son besoin de reconnaissance. Il cherche à crier sa rage de vivre. Sa volonté d’être et d’être reconnu comme individu… Il est… « Je suis… » dit-il à répétition.


Voir aussi:

20 mai 2008

Les poésies complètes de Nelligan - L'auteur

Poésies complètes 1896-1899 / Émile Nelligan ; introduction de Luc Lacoursière. – Nouv. éd. -- [Montréal] : BQ, c1989. -- ISBN : 2-89406-022-X (br.)

Quatrième de couverture :

Nelligan : « Génie éternellement vivant », « phénomène admirable de précocité » (…) peu d’œuvres canadiennes connaissant une faveur aussi grande et qui persiste au-delà des modes. La carrière brève autant que fulgurante du poète nous vaut des poésies qui demeurent l’objet d’un véritable culte.

L’auteur :

Émile Nelligan est né à Montréal un 24 décembre 1879. Son père était irlandais et sa mère québécoise. Deux filles viendrontNel1 s’ajouter à la famille Nelligan. À partir de 1886, Émile fréquente plusieurs écoles dont il s’absentera fréquemment. Jusqu’en 1895, il obtint de bons résultats scolaires. Alors qu’il fréquente le collège Sainte-Marie en 1896, il connaît cependant quelques difficultés dans ses études.

Il publie son premier poème en juin de 1896, Rêve fantasque, dans le Samedi, sous le pseudonyme d'Émile Kovar. Il poursuit ses études en syntaxe au collège Sainte-Marie avec des résultats moyens. En février de 1897, son ami, Arthur de Bussières, poète, fait admettre Nelligan à l’École littéraire, cercle de jeunes « littérateurs » qui se réunissaient toutes les semaines pour discuter de littérature, arts et sciences et pour lire des poèmes. On retrouve cependant son inscription sous le nom de « Lennigan ». Emile Nelligan est le plus jeune membre du groupe.

La même année, à l’âge de 17 ans, il décide d’abandonner ses études et de se consacrer à la poésie. Il essaie de publier ses poèmes dans diverses publications. Il essaie d’abord de publier sous des noms incomplets. Les publications exigent une identité et une adresse pour publier les poèmes. Il publiera quelques poèmes dans le Monde illustré (sous le nom d’Émil Nellighan) et l’Alliance nationale.

Nelligan fut toujours très près de sa mère, pianiste, qui l’a initié à la musique et à l’art. Il a cependant de nombreux disputes avec son père. À l’été de 1898, Nelligan s’engage comme matelot et part pour Liverpool. On ne sait trop si c’est par choix ou si son père, mécontent que son fils ait laissé les études, l’y obligea. Il fera le voyage mais quitte ce poste dès son retour. Il tentera ensuite de travailler comme commissaire-comptable (emploi que son père lui avait trouvé), mais il quitte également cet emploi. À cause de ses nombreuses absences, il ne fait plus à ce moment parti de l’École Littéraire, même si d’autres membres lisent parfois de ses poèmes.

D’autres poèmes de Nelligan sont publiés dans diverses publications. En décembre, il est réadmit à l’École Littéraire.

En 1899, Nelligan travaille à un recueil de poésie qu’il veut appeler «  Le Récital des Anges ». Il continue à assister aux réunions de l’École littéraire ainsi qu’aux séances publiques du groupe. On le décrit alors comme un jeune homme extravagant et bohème. On connaît peu sa vie sentimentale et il ne sembla pas avoir eu de relations amoureuses sérieuses. À travers sa correspondance et sa poésie, on peut déduire le passage de quelques femmes dans sa vie, parfois réelles – sa mère, ses sœurs, sa cousine, et autres femmes – parfois idéales ou imaginaires.

Une critique négative de son poème Le Perroquet, l’attriste beaucoup. Il décide alors de ne plus collaborer au  et délaisse pour un temps les réunions de l’École littéraire. Mais il reprend ensuite ses activités littéraires. Il écrira le poème Monde illustré La Romance du vin, en réponse à la critique négative qu’il avait reçu. Le poème est très bien reçu à sa lecture lors de la 4e séance publique de l’École littéraire. Il est acclamé par ses amis mais cette lecture marque sa dernière apparition à l’École littéraire.

Il publie Les Communiantes dans le Petit Messager du Très Saint-Sacrement en juin de 1899. Mais il travaille beaucoup à son œuvre. Il est cependant surmené et dépressif. Son père demande qu’on le conduise à la Retraite Saint-Benoît, un asile. On lui diagnostique une schizophrénie qu’on nomme alors « démence précoce ». Il y reste jusqu’en 1925. Il sera ensuite conduit à l’hôpital psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu. Il y restera jusqu’à la fin de sa vie. Son oeuvre demeurera incomplète.

Il continue d’écrire mais les poèmes qu’il compose pendant ces années d’internement sont peu nombreux. Il retravaille plutôt ses poèmes.  Ses amis font publier quelques uns de ses poèmes inédits et les lisent à l’occasion.

En 1902, Louis Dantin publie une étude sur Emile Nelligan incluant des poèmes inédits dont Soir d’hiver.  Cette étude fera connaître Nelligan du grand public. Dantin prépare également un premier recueil des poèmes de Nelligan. Malheureusement, le projet est suspendu par les supérieurs de Dantin qui n’approuvent pas l’œuvre. Dantin quitte Montréal mais laisse à la famille Nelligan, le recueil qu’il préparait.

En 1904, le livre Émile Nelligan et son œuvre paraît avec une préface de Louis Dantin. Le recueil est bien accueilli par la critique et le public, autant au Canada et en France. Les années qui suivent, plusieurs poèmes inédits de Nelligan sont publiés dans diverses publications.

En 1925 paraît une deuxième édition de livre Émile Nelligan et son œuvre. Et en 1932, la troisième édition. Nelligan est maintenant à Saint-Jean-de-Dieu. Il sort quelques fois mais très rarement. Plusieurs personnes vont le voir et lui demandent de lire ces poèmes.

Émile Nelligan meurt le 18 novembre 1941 à Saint-Jean-de-Dieu. Il sera enterré au cimetière Côte-des-Neiges. La 4e édition Émile Nelligan et son œuvre paraîtra en 1945 et en 1952 paraît la 1e édition des Poésies complètes. Il deviendra un des poètes les plus importants du Québec.

Sources :

À suivre...

Voir aussi:

 

11 mars 2008

Soir d'hiver par Émile Nelligan

Soir d'hiver

Ah! comme la neige a neigé!

Ma vitre est un jardin de givre.
Ah! comme la neige a neigé!
Qu'est-ce que le spasme de vivre
Ô la douleur que j'ai, que j'ai!

Tous les étangs gisent gelés,
Mon âme est noire: Où vis-je? où vais-je?
Tous ses espoirs gisent gelés:
Je suis la nouvelle Norvège
D'où les blonds ciels s'en sont allés.

Pleurez, oiseaux de février,
Au sinistre frisson des choses,
Pleurez, oiseaux de février,
Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses,
Aux branches du genévrier.

Ah! comme la neige a neigé!
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah! comme la neige a neigé!
Qu'est-ce que le spasme de vivre
A tout l'ennui que j'ai, que j'ai!...

Commentaire personnel

Un des poèmes les plus connus de Nelligan, surtout le fameux vers... et encore et toujours un de mes préférés. Même si le poème semble froid et triste. Pour moi, il est calme et doux. Un rêve blanc, glacé, mais à travers une vitre... Le noir et le blanc sont dans chaque vers, la vie et la mort. Pour arriver plutôt à une immobilité... que semble déplorer le poète. Semble… mais tout est semblant dans les poèmes de Nelligan. Alors que tout est mortellement réel dans ces vers, le symbolisme et surtout l’illusion y sont présents aussi.

Le poème me laisse mélancolique, nostalgique. Bizarrement, il me rappelle les plus belles neiges et les plus horribles froids. Il me rappelle la douleur mais aussi la joie… Cette douleur de la vie me semble gelée dans la glace. Le givre de la vitre me raconte des histoires. L’étang me miroite mon âme parfois si triste.

La neige qui enseveli mon ancien chez-moi me semble lointaine. Les images qui sont parvenues jusqu’à moi, les histoires qu’on m’a racontées m’ont plongée dans la réflexion et les souvenirs. Et m’ont rappelé ce vers si connu… que sûrement beaucoup de personnes ont répété ces dernières semaines… « Ah! comme la neige a neigé!»… Et alors que février est loin, que les fleurs et bourgeons apparaissent partout, ce poème m’a aussi ramené à ces émotions qui m’assaillent ces derniers temps… et le givre n’est pas que sur les fenêtres québécoises. Immatériel, invisible, chaud et froid… sur les humeurs des mes jours.

 

Voir aussi:

8 mars 2008

Ô Solitude ! (suite)

Ô Solitude ! / D. Kimm. -- Montréal: Triptyque, 1987. -- 135 p. : 6 photogr. ; 21 cm. – ISBN 2-89031-056-6Solitude

Commentaire personnels

Ô solitude
est un roman poétique. Divisé en 7 parties, les 6 premières identifiées par un chiffre romain, la dernière partie intitulée « La Fille du Capitaine ». Chaque partie – exceptée la dernière – est composée de petits chapitres titrés du nom de trois filles : Anne, Dominique et Edith. Puis, une page grise, suivie d’une photographie d’une statue, puis une page de texte en italique non titrée. L'oeuvre de D. Kimm est dédié « à elles, aux filles-solitaires »… Chaque fille solitaire, comme les statues présentées, semble à la recherche d’elle-même. Le livre nous présente d’abord les 3 filles, Anne, Dominique et Edith, puis nous livre une synthèse des trois dans le texte en italique, peut-être l’auteur… Nous sommes témoins de leurs réflexions, leurs peurs, rencontres et leurs relations avec les autres, et surtout leur solitude. Puis la fille du capitaine, solitaire sur son île nous apparaît. Ne parlant plus, se promenant seule sur la plage, ne sachant pas elle-même si elle est folle, se perd dans le vent et… « trace des paroles secrètes, des mots dans le sable blanc. Elle regarde la lune en pleine face jusqu’à avoir mal aux yeux. Elle fait des incantations. Elle gémit, elle hurle dans sa tête. Elle hurle sa plainte de fille-louve. Elle hule sa plainte de louve-blessée. Elle hurle sa plainte de fille-solitaire. ».

Difficile de parler du livre de D. Kimm sans retourner dans mes souvenirs. Première année de cégep, cours de création littéraire par Philippe Haeck… lectures obligatoires, textes à écrire et rencontre avec auteurs. Premier livre de la session : Ô Solitude ! de D. Kimm. J’aimais déjà beaucoup lire et j’aimais la poésie, mais à 17 ans, mon expérience littéraire était encore jeune. Le livre de D. Kimm me transporta littéralement… Les mots m’émurent et je me perdis dans la lecture de ce livre trop court. Les photographies de statues me touchèrent profondément, surtout celle de la couverture qui est une de mes statues préférées de Montréal. J’avais trouvé les mots significatifs, vibrants, poétiques et réels. Et puis, D. Kimm fut invitée dans mon cours. Et elle parla. Mon amie et moi fûmes véritablement ensorcelées par sa présence, par ses mots et par son livre. Longtemps nous avons dit qu’elles nous avaient ensorcelées à être des filles, à rester jeunes.

J’ai relu le livre la semaine dernière. Et même si je suis d’accord que la relecture est souvent importante et nécessaire, mais je crois aussi qu’il y a certains livres qu’il ne faut pas relire. Comme il y a des films qu’il ne faut jamais revoir.

Et je crois fermement que je n’aurais pas dû relire ce livre. Il m’avait tellement marqué, tellement touché… et cette relecture m’a plu, mais sans plus. J’ai vu des choses que je n’aurais pas voulu voir… Et j’ai eu des réflexions que je n’aurais pas voulu avoir… et je me dis que même si j’ai encore aimé cette lecture, j’ai perdu un peu de l’ivresse que me donnaient ces mots. Je me suis sentie triste, vide… Perdre ses illusions… ses souvenirs… perdre le moment… La lecture m’a encore plu, mais j’ai perdu l’ivresse… C’est un peu triste. Mais j’aime encore les mots. Je les vois simplement autrement.

Citations

« Je suis quelque chose entre la fée, la fille et la sorcière. Disons que je passe de la princesse à la folle. Quand je marche dans la rue, des milliers d’oiseaux défilent derrière moi. C’est fabuleux. Des milliers de corbeaux, des milliers de vautours. Quelle désolation – c’est fabuleux ! » p. 25

« Elle trouve étrange cette nostalgie soudaine pour son enfance. Elle pense que ce n’est pas son genre. Et puis tout de suite après, presque en même temps, elle pense… pourquoi pas ? Qui a décidé, qui peut décider de son genre ? » p. 49

« J’ai les mains glacées. Je suppose que je dois y voir le signe d’une malédiction. Je ne suppose rien. Les mains glacées vous obligent à demeurer solitaire. Ne pas se toucher, ne pas se laisser toucher, ne toucher personne. » p. 109

Premier article

7 mars 2008

Ô Solitude !

Ô Solitude ! / D. Kimm. -- Montréal: Triptyque, 1987. -- 135 p. : 6 photogr. ; 21 cm. – ISBN 2-89031-056-6

Quatrième de couverture

D. Kimm est une fille…………………. née en 1959………………. vit à Montréal……………….. elle aime les statues……………. la solitude, elle………………son premier livre…………………

L’auteur

Solitude2D.Kimm est née en 1959. Elle a fait des études en histoire à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Elle publie son premier roman en 1987, Ô Solitude !. Elle touche à plusieurs domaines artistiques : l’écriture, la performance, la mise en scène, la danse, … Elle organise plusieurs ouvrages collectifs : Le Montréal des écrivains en 1988, l’Anthologie de la poésie des femmes en 1990 et en 2003. Elle publie également dans plusieurs revues.

Elle participe et présente divers spectacles de danse, de théâtre et de poésie. À partir de 1994, elle prend la direction artistique de plusieurs événements et spectacles. Ces spectacles, tels Le Bestiaire, Dérives pour voyeurs consentants, Le Marché des Mots Dits, Auteurs et personnages: Cabaret littéraire à double tranchant (quelques exemples) regroupent à la fois des artistes, danseurs, musiciens, comédiens ainsi que des écrivains et poètes.  En 1995, elle créa le spectacle Pas de chicane dans ma cabane présenté dans le cadre du Festival des Francophonies de Limoges. Elle dirige également l’organisme à but non lucratif Les Filles électriques. Ce groupe a pour mandat de « créer, diffuser et archiver des œuvres et événements artistiques interdisciplinaires liés au texte performé. » Les Filles électriques produisent entre autres le Festival Voix d’Amérique, proposant des œuvres liées à la littérature orale, au « spoken word », au texte performé.

Elle présentera en 1999, un spectacle multidisciplinaire La Suite mongole qui sera publié en 2001, sous forme de livre accompagné d’un cédérom. Artiste versatile et très active, elle crée avec l’artiste Alexis O’Hara, un spectacle. Et elle a sorti il y a peu de temps, un disque solo Le Silence des hommes.

Une biographie plus détaillée sur le site de l’auteur : . On peut visionner une entrevue avec D. Kimm à l’émission Ça manque à ma culture.

Bibliographie

  • Ô Solitude! (1987),
  • Chevale (1989)
  • Tableaux (1991)
  • La Suite mongole, livre+cédérom (2001)

Commentaires à suivre... 

15 juin 2007

Le Survenant (Lecture obligatoire)

survenant44C'est la première chose qui vient à l'esprit de bien des gens... et je m'inclus dans ces gens. Depuis quelques années certaines personnes pourraient peut-être penser au film. La version de 1995, évidemment, pas la version de 1957.

J’ai dû lire trois fois le Survenant. Et je l’ai lu 5 fois en tout. Donc, trois lectures obligatoires et deux lectures pour le plaisir.

Et je dois avouer que ma première lecture… hum hum… mes deux premières lectures du roman de Guèvremont furent ardues. 

Secondaire 4, 15 ans, première lecture du Survenant. Roman de la terre écrit avec un langage disons-le légèrement archaïque à mes oreilles. Malgré le fait que j’adorais lire, je dois avouer que la lecture « obligatoire » du roman fut difficile. Je l’ai lu rapidement, en biais et je n’ai absolument rien apprécié, ni compris. Je n’ai retenu que le langage de mes « aïeux » et quelques souvenirs de ma grand-mère : les « veillées », les « contes » et autres coutumes. Mais je n’ai pas réellement lu le roman.

Première année de Cégep, 17 ans et des poussières… autre lecture obligatoire du Survenant. J’étais alors dans le programme de Lettres, mais le cours qui obligeait la lecture du livre était un cours obligatoire pour tous, le cours de français intitulé : Littérature québécoise. Le roman étant un incontournable, il fait partie de la plupart des cursus des cours de littérature québécoise. Encore aujourd’hui… même si certains professeurs sortent des sentiers battus.

Toujours est-il que cette seconde lecture fut à peine plus intéressante. Disons tout de même que je l’ai lu complètement et non en biais, et que je l’ai trouvé légèrement plus intéressant. Quelques personnages m’apparurent plus intrigants et intéressants, mais sans plus.

Et puis ce fut l’analyse en classe. La discussion de groupe. Et puis certaines choses s’éclaircirent, quelques passages se distinguèrent. Et je l’ai relu. Pour moi… pour le comprendre mieux. Et cette troisième lecture non-obligatoire fut agréable. J’ai commencé à lire le livre d’une façon différente. À lire l’histoire, à voir les symboles, à comprendre la poésie des mots utilisés.

Première année d’Études françaises à l’Université de Montréal, 19 ans, ce fameux cours d’une année où il y a 80 livres à lire –sans compter les livres des autres cours-. Dans cette liste de 80 livres, certains étaient obligatoires et communs à tous, d’autres libres. Parmi les livres obligatoires… Le Survenant. Mais cette fois j’étais contente. J’ai donc relu le livre. Et en plus cette fois, j’avais eu des cours d’histoire de mon coin de pays… et j’avais une meilleure idée de contexte social, historique, culturel…

Cette lecture fut particulièrement incroyable… non seulement, je lisais le livre en comprenant finalement l’époque, les symboles, les thèmes… mais maintenant, je pouvais me perdre dans l’histoire… essayer de comprendre le Survenant, ayant de la compassion pour le père Didace et également pour son fils et sa femme… sourire devant les gestes et pensées d’Angélina et le Survenant…

Et puis, il y a quelques mois, j’ai relu le livre… encore une fois, pour moi… bien sûr le nouveau film – pas mauvaise adaptation, il faut le dire – m’a donné envie de relire les mots.

Et je le dis et je le répète c’est un chef d’œuvre… un point marquant dans l’histoire littéraire du Québec mais aussi une histoire touchante, un cri pour la liberté… même si une partie de moi aurait bien voulu que le Survenant reste avec sa « belle brune »…

Et cette lecture obligatoire devient obligatoire car on se doit de lire ce livre… pour son histoire, pour son importante littéraire, pour sa représentation d’une époque de l’histoire québécoise… parce que telle une étoile, le Survenant passe dans notre vie pour ressortir sans avis mais en ayant complètement changé notre perception…

Mais bon… je comprends la difficulté de lire le livre… ma cousine de 16 ans ne l’a pas trouvé bien intéressant… peut-être plus tard…

- Commentaires sur l'auteur
- Le Survenant (suite 1) - Résumé et oeuvre
- Le Survenant (suite 2) - Commentaires personnels
 

29 mai 2007

Le Survenant (Suite 2)

Le Survenant / Germaine Guèvremont; chronologie, bibliographie et jugements critiques d’Aurélien Boivin. – Montréal : Fides ; Bibliothèque québécoise, 1986. – 233 p. ; 17 cm. – ISBN 2-7621-0839-X

Commentaires personnels :

L’histoire du roman de Germaine Guèvremont peut sembler simple, voire banale. Un homme – un itinérant – cogne à la porte d’une maison à la campagne pour demander un repas. Le père de la famille, non seulement l’invite à les joindre à leur table, mais lui offre le logis en échange de son travail. Cet homme qui survient à l’improviste dans cette famille, va former des liens avec celle-ci et avec les habitants du village. Il transformera leur vie. Puis il part comme il était venu, à l’improviste.

Le roman s’inscrit également dans ce qui est convenu d’appeler « roman de la terre », bien qu’il soit un des derniers représentants du genre. Il présente en effet, les principaux aspects que l’on peut retrouver dans ce genre de roman : la vie rurale ainsi que les traditions, les valeurs et les habitudes des gens vivant de la terre àSurvenant1 cette époque. On nous présente les différentes tâches rurales quotidiennes et annuelles, puisque nous passons une année entière, un cycle complet, sur la ferme des Beauchemin avec le Survenant. Le roman s’inscrit donc parfaitement dans le genre « terroir » par sa peinture de la vie, « de l’âme » paysanne.

On nous présente également l’opposition entre la vie rurale, sédentaire et traditionnelle et la vie nomade, libre, sans attaches et souvent représentée comme n’ayant pas de morale. La « bonne » vie et la « mauvaise » vie. On oppose aussi les gens vivant à la campagne et dans les villages avec les gens sans attaches, les coureurs des bois, mais aussi les gens vivant à la ville.

Les personnages représentent en général assez bien ces archétypes. Les habitants du Chenal-du-Moine sont sédentaires, ancrés dans la tradition et respectueux des valeurs familiales et religieuses. Ils sont attachés à la vie rurale, simple et fruste. Ils préconisent avant trois valeurs qui sont pour eux fondamentales et qui devraient être universelles : la famille, la religion et la terre.  

Le Survenant, quant à lui, représente l’opposé. Un personnage libre, sans attache, sans famille, sans passé, incertain du futur. Il est fort, bagarreur, aime « bien » vivre, boire et fêter. Il représente la vie errante, l’aventure, les terres et la vie inconnues. Il représente également un ancien style de vie qui rappelle aux habitants sédentaires du village, la vie de leurs ancêtres qui sont venus de loin pour coloniser les terres du Québec.

Mais l’auteur va au-delà de ces archétypes. Elle donne plusieurs dimensions à ses personnages et c’est ce qui fait démarquer son roman du style en général et de d’autres romans du genre.

Les membres de la famille Beauchemin présentent plusieurs aspects contradictoires. Le père Didace sympathise immédiatement avec le Survenant et le considère comme un fils adoptif – en remplacement de son propre fils qui le déçoit. Le Survenant permettra au père de réaliser certains rêves, ainsi que de voir une figure de fils qui lui manque. Il lui procure également l’occasion de finalement fuir – symboliquement et ensuite physiquement - un peu cette famille qui le déçoit ainsi que sa vie qu’il considère terne (alors qu’avant il l’a considérait comme naturelle et remplie de valeurs traditionnelles et importantes). Sa famille est en crise et il le sait.

Le fils Beauchemin et sa femme ne voient pas du même œil la présence du Survenant dans leur maison. Ils sont jaloux, se sentent menacés par cette présence. Mais cette présence les pousse également à exprimer leur véritable nature, leurs désirs et espoirs.

Bien que plusieurs des habitants et voisins sont réticents à la présence du Survenant, ils l’acceptent tout de même pour un temps. Ils viennent le voir, écoutent ses histoires, boivent avec lui, … Le Survenant, bien qu’il amène une rupture dans leur vie traditionnelle, apporte également une pause dans leur vie routinière, tranquille, sûre, mais également lente, répétitive et ennuyante. Cette rupture est à la fois mal vue et souhaitée.

Le Survenant, bien qu’ayant tous les traits typiques du personnage du coureur des bois, du « grand-dieu-des-routes ». Mais il est également un sage qui apporte souvent les bons mots aux bons moments. Malgré ses extérieurs rudes et frustres, il sait se montrer doux et tendre. Il a une personnalité magnétique qui semble attirer les gens à lui, même s’il bouleverse la vie de ceux qu’il croise.

On peut facilement voir dans ce personnage qui arrive, transforme la vie des gens qu’il rencontre, et quitte ensuite sans bruit, une figure de sauveur, presque messianique. Il passe rapidement, le temps d’un cycle annuel, telle une étoile qui guide le chemin. Et son passage va changer la vie de la famille Beauchemin, de l’infirme Angélina et des habitants du village. Il les confronte à eux-mêmes, à leur vie, au choix qu’ils ont fait et aux choix qu’ils doivent faire. Après son départ, les gens ne seront plus les mêmes. Le père Didace prévoit un nouveau mariage, Alphonsine attend finalement un enfant, tous des symboles de renouveau, de recommencement. De plus, certains personnages, comme Amable et Angélina sont plus sûr d’eux-mêmes.

Ce qui rend le roman intéressant et le démarque des autres romans de la terre sont principalement ses personnages uniques ainsi que l’écriture simple mais poétique. On se sent vivre aux côtés des habitants du Chenal-du-Moine, on apprend à les connaître et à les comprendre. Et on veut suivre le Survenant.

Le Survenant est devenu une figure mythique – non seulement dans le roman – mais dans la littérature québécoise. Et ce surtout par cette nouvelle fin que l’auteur a livré quelques mois avant la fin de sa vie. Le personnage demeure maintenant un mystère. Contrairement à la première version du roman, le personnage quitte les Beauchemin et le Chenal-du-Moine sans qu’on ne sache rien de lui que ce qu’il a nous a laissé entrevoir lors de son passage. Son importance demeure d’avoir transformé les vies de ceux qu’il a croisé…

- Commentaires sur l'auteur
- Le Survenant (suite 1) - Résumé et oeuvre
- Le Survenant (Lecture obligatoire) – Réflexion personnelle

Extraits :

« Angélina approchait. Venant l’aperçut.

- Aïe, la Noire ! Veux-tu me servir pour l’amour de la vie ? Je me meurs de faim.

Ce premier tutoiement la remua toute. La voix un peu tremblante, elle dit :

- Si vous voulez ôter votre étoile de sur la table, je vous apporte une assiette enfaîtée.

- Mon étoile ?

- Oui, votre grande main en étoile… 

Il vit sa main dont les doigts écartés étoilaient en effet la nappe. Il éclata de rire. Mais quand il se retourna pour regarder l’infirme, celle-ci avait disparu parmi les femmes autour du poêle. »

Sources :

http://felix.cyberscol.qc.ca/LQ/auteurG/guevre_g/surve_gg.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Survenant_(roman)
http://www.germaineguevremont.ca/
http://www.geocities.com/comunitatea_romina/gheorghemircea_survenant.htm
http://www.fabula.org/actualites/article17040.php
http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/evenements/816.html
http://jydupuis.apinc.org/dotclear/index.php/2005/05/28/78-le-survenant-de-germaine-guevremont


 


28 mai 2007

Le Survenant (Suite 1)

Le Survenant / Germaine Guèvremont; chronologie, bibliographie et jugements critiques d’Aurélien Boivin. – Montréal : Fides ; Bibliothèque québécoise, 1986. – 233 p. ; 17 cm. – ISBN 2-7621-0839-X

survenantRésumé :
Un soir d’automne, pendant le repas, un inconnu frappe à la porte de la famille Beauchemin vivant dans un village québécois nommé Chenal du Moine, tout près de la ville de Sorel. L’inconnu demande à manger et le père de famille Didace Beauchemin, l’invite à joindre sa famille à table. L’étranger, dont on ne connaîtra jamais le nom et que l’on appelle tout simplement, « le Survenant » ou encore « Venant » s’installe donc chez les Beauchemin pour y travailler dans les champs et sur la ferme. La famille, composée du père d’une cinquantaine d’année, veuf, de son fils Amable et de sa bru Alphonsine, accueille cet homme d’environ 30 ans, dans leur logis.

Le Survenant est un homme fort, travaillant, adroit et solide, mais aussi insouciant, beau parleur et légèrement bagarreur et buveur. L’étranger plait immédiatement à Didace mais son fils et sa femme le voit comme un intrus dans leur famille. Il prend peu à peu part à la vie de la famille Beauchemin mais également des voisins et les gens du village. Il se liera particulièrement avec Angélina Desmarais, une « vieille fille » malgré son âge, à cause d’une légère infirmité, qui habite avec son père.

L’étranger, qu’on considère et appelle parfois « Grand-Dieu-des-Routes » transformera la vie des habitants du Chenal du Moine, en particulier la vie des Beauchemin et d’Angelina, qui s’épanouira enfin. Il devient rapidement une personne importante dans la vie de Didace et Angelina. Mais il cause aussi bien des jalousies et commérages. Il représente à la fois la liberté des grands chemins mais également une menace à la vie sédentaire des gens du village.

Le Survenant travaillera pour les Beauchemin pendant une année entière. Il participera à la vie des Beauchemin mais également à celles des gens du village. Participant aux soirées, contant des histoires de ces jours sur la route, buvant avec les hommes, « flirtant » avec les femmes. Le Survenant semble s’adapter petit à petit à la vie sédentaire. Mais bientôt il doit choisir, rester avec le père Didace qui le traite comme son fils adoptif et avec Angélina qui est amoureuse de lui, ou bien répondre à son besoin de liberté et reprendre la route.

Il quittera le Chenal du Moine un autre soir d’automne, à l’improviste, sans avertir, sans dire adieu. Son départ laisse certains tristes, d’autres contents, mais personne indifférent. Il a transformé les gens qu’il a rencontrés.

L’œuvre :

L’édition lue et étudiée dans ce billet est celle de 1968. L’auteur qui avait d’abord publié « Le Survenant » en 1945 avait remis, en 1968, quelques mois avant sa mort, à son éditeur une copie de l’édition de 1966 avec des corrections.

Germaine Guèvremont avait apporté quelques corrections mineures à son texte, principalement de nature linguistique ou stylistique. La trame reste la même, aucun ajout ou retrait de passages. La principale correction est une modification du dénouement. Dans le roman paru en 1945, la fin dévoile un peu l’identité du Survenant et nous donne des éléments de sa vie ancienne. L’auteur décide de changer sa fin et de laisser l’identité du Survenant, un mystère. Le Survenant demeure ainsi un mystère, un personnage mythique.

Ce changement ajoute à l’aspect légendaire, presque irréel du passage du Survenant dans la vie des habitants du Chenal le Moine. Le personnage devient plus grand que nature. C’est un changement d’importance et qui a beaucoup apporté, selon nombres de critiques, à l’œuvre de Guèvremont.

« Le Survenant »  est un pilier de ce qu’on appelle le « roman de la terre » canadien-français. Il marque cependant la fin d’un genre qui est né au 19e siècle. Le roman de la terre « québécois » exalte les bienfaits de la terre par laquelle passe le salut de l’âme. Plusieurs de ces romans, « diabolisent » le coureur des bois, le nomade et les villes. Le roman de Guèvremont reprend les mêmes thèmes, mais les différences sont moins claires. On met encore une fois en évidence l’opposition entre la vie sédentaire et la vie nomade. Mais on voit moins clairement l’opposition bien/mal entre ces deux types de vies. Le roman ne prend pas clairement position et se fait beaucoup moins moralisateur que la plupart des romans de ce genre. Il présente encore un portrait de la vie rurale mais les personnages sont plus complexes et conflictuels.

Le roman québécois changera après la guerre et le roman de la terre s’éteint peu à peu. « Le Survenant » est souvent considéré comme le dernier roman du genre. La guerre, l’industrialisation, la ville, puis la révolution tranquille va transformer les thématiques des romans québécois. Avec la vie en campagne qui décline, les valeurs religieuses et culturelles du genre disparaissent de la littérature de l’époque.

Autant dans le roman, il y a un « avant » et un « après » le Survenant pour les autres personnages, autant il y a un « avant » et un « après » Le Survenant dans le paysage de la littérature québécoise.

Le succès du roman fut immédiat. Les critiques de l’époque sont élogieuses pour ce roman de la terre, écrit par une femme de surcroît. L’histoire est simple et n’est pas en soit original. Mais l’écriture simple et poétique de l’auteur, les descriptions ainsi que la finesse de la psychologie des personnages contribuent à en faire un grand roman.

Roman de la terre, roman régionaliste, «Le Survenant » est surtout un roman de liberté. Adapté à la radio et à la télévision, le roman fut à nouveau adapté pour le cinéma en 2005.

Sources
:

http://felix.cyberscol.qc.ca/LQ/auteurG/guevre_g/surve_gg.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Survenant_(roman)
http://www.germaineguevremont.ca/
http://www.geocities.com/comunitatea_romina/gheorghemircea_survenant.htm
http://www.fabula.org/actualites/article17040.php
http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/evenements/816.html
http://www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=F1ARTF0005839

** Commentaires et réflexions personnelles à suivre...

 

- Commentaires sur l'auteur 
- Le Survenant (suite 2) - Commentaires personnels
- Le Survenant (Lecture obligatoire) – Réflexion personnelle

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