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21 mars 2009

Poèmes choisis de Saint-Denys-Garneau - Suite

Poèmes choisis : précédés d'une chronologie, d'une bibliographie et de jugement citiques / Saint-Denys-Garneau. -- Montréal : Fides, Bibliothèque Canadienne-Française, 1970. -- 141 p. ; 17 cm. -- ISBN 0-7755-0369-XSDG1

Le recueil

Ce recueil fut publié en 1970. On y retrouve plusieurs poèmes du seul recueil publié par Hector de Saint-Denys Garneau: Regards et Jeux dans l'Espace. Saint-Denys Garneau publia son recueil en 1937 mais retira de la vente, presque immédiatement, toutes les copies de son oeuvre.

Après sa mort en 1943, on publia de nombreux recueils de son oeuvre. Dès 1949, Fides publie Poésies complètes, incluant des pièces retrouvées en plus des poèmes de Regards et Jeux dans l'Espace. Depuis de nombreux recueils de ses poèmes sont parus: des recueils complets, des morceaux choisis, des textes commentés,... On publie aussi de nombreuses études sur son oeuvres poétiques et sur sa peinture. On commenta également ses rares textes non poétiques, ses lettres ainsi que son journal, qui furent également publiés après sa mort. Sa poésie fut traduite en anglais et en espagnol.

Le recueil "Poèmes choisis" publié par Fides en 1970 comporte deux sections: Regards et Jeux dans l'Espace avec 17 poèmes des 28 poèmes de ce recueil ; Les Solitudes avec 35 poèmes. L'ouvrage propose également une brève chronologie, une bibliographie ainsi que quelques critiques.

Commentaires personnels

Lire les poèmes de Saint-Denys Garneau s'est suivre son cheminement intérieur. C'est vivre avec lui ses moments plus doux, plus joyeux pour marcher petit à petit un chemin plus sombre et finalement voir les effets de la maladie qui l'affaiblit.

On sent d'abord nettement dans ce recueil, le côté plus léger, plus enjoué de sa poésie. Il nous parle de jeux, d'enfants, de danses, de rivières, de fraîcheur, de soleil, de lumière, de musique, d'arbres (Le Jeu, Spectacle de la danse, Rivière de mes yeux, Flûte, Les ormes, Saules, etc.)... "Ô mes yeux ce matin grands comme des rivières  Ô l'onde de mes yeux prêts à tout reflèter  Et cette fraîcheur sous mes paupières   Extraordinaire..." "Cette voix verte presque marine  Et soupiré un son tout frais  Par une flûte.". Les premiers poèmes de Regards et Jeux dans l'Espace semblent vouloir une certaine action, un certain mouvement. Par le jeu, et par son regard sur ce qui l'entoure, il essaie de reconstruire un monde plus libre, accueillant. Mais son propos est parfois déjà inquiet... "Et pourtant dans son oeil gauche quand le droit rit  Une gravité de l'autre onde s'attache à la feuille d'un arbre...".

Puis nous avons un poème qui amène tranquillement l'ombre (Paysage en deux couleurs sur fond de ciel). Dans ce poème, le premier vers nous souligne "La vie la mort sur deux collines"... la vie et la mort, le soleil et l'ombre. Le poème suivant, Maison fermée, aborde nettement la solitude, la désolation. Dans le poème Accompagnement, Saint-Denys Garneau réalise pleinement la perte de son être, il étale sa solitude, son malaise profond et surtout il avoue son échec... échec de se réaliser pleinement dans sa vie, dans la société et dans la poésie "Ma solitude au bord de la nuit   N'a pas été bonne..." "Elle est venue pour nous ravir et pour nous lâcher. Dans le cercle de notre lâcheté  Elle est venue pour nous voler...".

Les poèmes qui suivent et qui font partie de Solitudes (publiés après sa mort) parlent tous (ou presque) de mort, de solitude sans issue, de nuit, de douleurs, de tristesse. Le poète crie maintenant sa douleur, sa détresse "... Sans plus de refuge au sein de soi  Contre le mortel frisson des vents..." Le poète nous livre sa fragilité, son désarroi, son angoisse, son impuissance, son incompréhension face à ses maux physiques et psychologiques  "Je marche à côté d'une joie  D'une joie qui n'est pas à moi  D'une joie à moi que je ne puis pas prendre...". Saint-Denys Garneau utilise ses poèmes pour exprimer ses angoisses et sa solitude ainsi que pour exorciser sa maladie. Une quête personnelle, spirituelle, existentielle... mais qu'il considèra comme un échec et voudra en effacer toute trace.

Son style est proche de la narration. Ses vers racontent, décrivent, expliquent sa pensée. On peut avoir l'impression qu'au-delà  de sa recherche intérieure, il s'adresse tout de même à nous. Ou alors, il se parle à lui-même, essayant de se faire comprendre ce regard qu'il porte sur lui et sur le monde. Ses vers se sont libérés des contraintes de la poésie classique - on dit qu'il ouvre la poésie québécoise à la modernité - et donc par sa poésie tentait de se libérer lui-même des contraintes de la société de l'époque.

Une pensée et une image sur le blog de Lali. Un poème sur Chatperlipopette,

Voir le premier article : Poèmes choisis de Saint-Denys-Garneau

Voir aussi: Cage d'oiseau (poème)

Quelques extraits:

"À part vingt-cinq fleurs qui ont brûlé pendant le jour le jardin est beau    À part vigt-cinq fleurs qui sont fanées et nous partons faire une promenade parfaite comme s'il ne manquait rien    Mais nous sentons bien  Malgré la fraîcheur du soir qui se dévoile et la parfaite légère cadence de nos pas    En nous se glisser le poids des fleurs mortes  Se glisser en nous    Vingt-cinq fleurs tombées dans un coin du jardin    Font chavirer en nous tout le jardin    Se rouler tout le jardin " (Extrait de "Ce qui était perdu") p. 81

Sources

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18 mars 2009

Poèmes choisis de Saint-Denys-Garneau

SDG1Poèmes choisis : précédés d'une chronologie, d'une bibliographie et de jugement citiques / Saint-Denys-Garneau. -- Montréal : Fides, Bibliothèque Canadienne-Française, 1970. -- 141 p. ; 17 cm. -- ISBN 0-7755-0369-X

L'auteur

Hector de Saint-Denys Garneau est né en 1912 à Montréal. Son père, Paul Garneau, est comptable. Son grand-père, Alfred Garneau, est poète ainsi que son arrière-grand-père, François Xavier Garneau. Sa mère, Hermine Prévost, est la descendante du général baron Juchereau de Saint-Denys. Il est le cousin, de l'auteur québécoise Anne Hébert. Il passe son enfance au manoir ancestral à Sainte-Catherine-de-Fossanbault. En 1920, le jeune Hector peint ses premières toiles.

SDG2

Il fera ses études classiques en philosophie et en belles lettres dans diverses écoles à Québec et à Montréal. Il fréquenta entre autres, le collège Bon-Pasteur à Québec, le Collège Jean-de-Brébeuf à Montréal et l'École des Beaux-Arts, également à Montréal. Il gagne quelques concours littéraires grâce à ses poèmes.

En 1928, on lui diagnostique une lésion au coeur -suite d'une fièvre rhumatismale. Il devra mettre un terme final à ses études, en 1934, à cause de son état de santé. Il retourne alors vivre avec ses parents au manoir.

Il continue cependant à peindre et à écrire. Il communique régulièrement avec ses amis et participe à diverses expositions. Il participe également à la fondation d'une revue artistique, La Relève. Il y publie de nombreux textes. Il publie également dans Les Idées, Le Canada et L'Action Nationale. Il entreprend aussi la rédaction d'un journal, de contes, récits et de poèmes.

Son état de santé le mène à un état de plus en plus dépressif et son entourage note son état dès 1935. En 1937, ses amis l'encouragent à publier ses poèmes. Ses parents financeront la publication de son recueil Regards et Jeux dans l'Espace. L'accueil de l'ouvrage par la critique et le public est mitigé et peu après la publication du recueil, Saint-Denys Garneau le retire du marché.

Dépressif et déçu, il part pour la France avec un ami, mais revient rapidement. Il devient de plus en plus solitaire et évite toute fréquentation. Il ne publie plus aucun texte mais poursuit l'écriture. Le 24 octobre 1943, Hector de Saint-Denys Garneau décède des suites d'un malaise cardiaque alors qu'il est parti en canot sur la rivière Saint-Jacques. Il a 31 ans. Après sa mort, on publiera son journal, des lettres et des poèmes inédits.

Commentaires personnels à suivre...

Voir aussi: Cage d'oiseau (poème)

Quelques extraits:

"Et jusqu'au sommeil perdu dont erre l'ombre autour de nous sans nous prendre     Estompe tout, ne laissant que ce point en moi lourd lourd lourd    Qui attend le réveil au matin pour se mettre tout à fait debout    Au milieu de moi détruit, desarçonné, désemparé, agonisant", p. 119

Sources

 

5 février 2009

Le Vide de Senécal - Suite

Le Vide / Patrick Sénécal. -- [Québec] : Alire, 2007. --642 p. ; 22 cm. VS

Commentaires personnels

Ce roman de Patrick Senécal est souvent considéré comme une mordante analyse et critique sociale. Mais est-ce une critique ou une simple constatation ? Senécal y traite principalement de ce qu'il considère le vide, c'est à dire, l'insignifiance de nos vies en général. La réalité absurde de nos existences, la futilité de notre quotidien, l'injustice banale qui parsème la vie. Il appuie sur le malaise, la désillusion, le sentiment de déchéance...

Et il emploie tous les moyens pour nous le faire comprendre.

Les romans de Senécal oscillent habituellement entre l'intrigue policière et l'horreur. Et ce roman semble à prime abord ne pas faire exception. Bien qu'ici, il est vrai qu'on retrouve une analyse sociale qui penche beaucoup vers l'analyse psychologique.

L'auteur a choisi une façon particulière de nous présenter son roman. Un mise en forme qui a beaucoup étonnée la critique et les lecteurs. Les chapitres ne sont pas en ordre. Le livre commence au chapitre 21 puis passe au chapitre 8, etc. Le lecteur a donc le choix de lire le roman d'une couverture à l'autre, les chapitres en désordre et passant ainsi à travers de nombreux flashbacks - pour la plupart bien placée mais avec quelques passages plus boîteux. Ou alors, on suit l'ordre habituel, commençant au chapitre 1, à la page 31, puis au chapitre 2, à la page 249, etc. On privilège habituellement une façon de lire ou l'autre (en grande partie, la lecture dans le désordre...) mais personnellement, je trouve les deux lectures aussi difficiles et intéressantes.

Plusieurs critiques centrent leur analyse sur la critique que Senécal semble faire de la téléréalité. Il est vrai qu'il présente ce type de télévision sous un jour très négatif. Mais je crois que ce n'est pas le sujet central du roman. Les personnages sont au centre de l'histoire et surtout leur mal de vivre. Mais c'est un mal de vivre personnel, qui tente tant bien que mal de culpabiliser la société et sa supposée vacuité. Trouver un sens à sa vie, aller au delà de la banalité et de la routine, réaliser que finalement, l'absurdité de l'existence est évidente. Chercher à combler le vide par des rêves fous et finalement se rendre compte que la réalisation du rêve n'a rien changé dans ce vide de notre existence...

C'est cependant une erreur, selon moi, de ne voir dans le roman que du pessimisme, du noir, du fatalisme. Le roman, par plusieurs personnages, nous dit que ce vide que ressente certains personnages n'est qu'un vide personnel... on peut mettre le blâme sur tout et chacun, mais il n'en reste qu'à nous de le combler... et pas nécessairement par des moyens extrêmes, mais par de petits gestes.

Le roman ne me semble pas vraiment une enquête policière, même si le personnage de Pierre Sauvé, policier, demeure le plus intéressant. Son intervention policière dans la trame de l'histoire n'arrive qu'à la fin et est secondaire. Ce qui prime ici est le développement du caractère des personnages. Leur évolution personnelle est définie par divers moments clés qui changent leur vie dramatiquement.

Beaucoup de moments forts dans le roman de Senécal. Et on y note une nette évolution dans le développement des personnages. Mais il reste que personnellement, je vois de gros manques à cette histoire. Le passages les mieux réussis du roman demeurent selon moi, les chapitres traitant de la relation entre le policier et sa fille, et l'évolution du personnage de Maxime Lavoie. Ces chapitres sont pour la plupart bien menés, écrits sobrement et efficacement. Je note cependant, encore une fois, un surplus de scènes violentes, sexuelles pour la plupart, qui me semblent excessives. Ou plutôt non nécessaires à l'intrigue. L'impact de certains passages ne nécessitait pas cette abondance de détails. On a parfois l'impression que ces détails ne sont là que pour être bien sûr de choquer un peu et de rester dans la classe "gore" dans laquelle l'auteur fut placé avec ses romans précédents. Cela gâche la sauce, selon moi. Et cela me semble une écriture "adolescente". Comme si l'auteur ne sortait pas de sa phase "choc, pipi, caca, pénis"... On a souvent l'impression que l'auteur en fait trop, à un point tel que c'est souvent plus "risible" que choquant. Et cela rend par moment son écriture "vide", sans intérêt. Car pour choquer et bouleverser il n'est pas nécessaire de tout dire... Plusieurs intrigues et personnages - tel le personnage de Frédéric Ferland - sont complètement perdus ainsi.

L'histoire est intéressante, et on peut nettement déceler par moment une écriture solide. Voyons voir comment Senécal poursuivra son travail de créa
tion.

L'avis de d'Alexandre (Fortrel), Stéphane, Stfoch (sur Plume Libre), Suzanne, Karine, Blogueuse cornue, Christian, Renart Léveillé.

Consulter le premier article: Le Vide de Senécal

Citations

"Non, on n'est pas cons, répondit Lavoie. Mais on ne veut pas réfléchir ! On n'en a pas envie ! Déjà qu'on travaille sept à dix heures par jour, on ne se fere pas chier à réfléchir en plus ! Faisons comme tout le monde, à la place ! Écoutons les mêmes conneries que tout le monde, mangeons la même merdre, achetons les mêmes cochonneries et pensons tous la même chose ! C'est plus simple ! C'est rassurant ! Et pendant un certain temps, ça marche ! On se croit heureux parce qu'on est ce qu'on nous dit d'être ! Et on y croit, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ?" p. 444

Sources

4 février 2009

Le Vide de Sénécal

Le Vide / Patrick Sénécal. -- [Québec] : Alire, 2007. --642 p. ; 22 cm. VS

Quatrième de couverture


Pierre Sauvé
À l'orée de la quarantaine, veuf, père d'une fille de vingt ans. Sergent-détective à la police municipale de Drummondville, il enquête sur un quadruple meurtre qui a toutes les apparences d'un crime passionnel.

Frédéric Ferland
Début de la cinquantaine, divorcé, père de deux adultes qu'il ne voit guère, il cherche depuis des années l'excitation ultime, celle qui donnera un sens à son existence et à la vie en général, qu'il a toujours trouvée terne. Psychologue, il exerce sa profession dans la ville de Saint-Bruno.

Maxime Lavoie
Trente-sept ans, célibataire, idéaliste et milliardaire. Il y a deux ans, il a quitté ses fonctions de président de Lavoie inc. pour devenir le producteur et l'animateur de Vivre au Max, l'émission de téléréalité la plus controversée de l'heure... mais aussi la plus populaire.

Trois hommes différents, trois existences que tout sépare. Or, contre toute attente, leurs chemins se croiseront bientôt et leur vie en sera bouleversée à jamais. Tout comme celle de milliers de gens... tout comme la vôtre !
 

L'auteur

Patrick Senécal est né en 1967 dans la ville de Drummondville au Québec. Patrick Senécal aime particulièrement l’écriture forte où les émotions, la tension, le suspense, la terreur et le fantastique se mélangent. Parallèlement à son écriture, Senécal continue aujourd’hui d’enseigner au Cégep de Drummondville.

Voir la biographie de l'auteur sur cet article.

Voir le site de l'auteur.


Résumé (attention spoilers)

Pierre Sauvé est policier. Il vit à Drummondville. Sa vie se résume à sa carrière. Il adore son métier. Peut-être trop. Sa femme le quitte et elle part avec leur petite fille. Pierre comprend mal, mais tente de vivre cette séparation. Alors qu'il est en retard pour venir chercher sa fille, il se cogne à une porte fermée. Il attend et attend. Malheureusement, le pire arrive, son ex-femme est retrouvée noyée et il doit maintenant prendre la garde sa petite fille, traumatisée par la mort de sa mère. Il n'arrivera jamais à établir un contact avec sa fille qui le quitte à ses 17 ans pour aller vivre sa vie à Montréal. Pierre continuera à se perdre dans son travail.

Parallèlement, le roman nous présente Maxime Lavoie. Son père, homme d'affaires riche et célèbre, meurt brutalement d'une crise cardiaque en compagnie de sa dernière conquête. Maxime, qui méprise son père, ses affaires et son mode de vie, doit venir identifier le corps. Le bras droit de son père, Masima, lui conseille vivement de prendre la relève de son père, dont Maxime vient d'hériter de toute la fortune. Maxime ne veut tout d'abord rien savoir, mais accepte finalement. Avec le soutien de son meilleur ami, Francis, il croit pouvoir changer les pratiques d'une grosse multinationale. Mais essayer de rester honnête et juste dans ce monde est très difficile. Et après la mort accidentelle de Francis, Maxime n'en peut plus. Un voyage qui tourne à l'horreur change complètement sa vie. Il abandonne la direction de l'entreprise de son père et décide de se consacrer à la production et réalisation d'une émission de téléréalité complètement irréelle qui permet aux gens de réaliser leur rêve le plus fous. Mais Maxime a un objectif caché derrière cette émission vide de sens.

Alors que les premières émissions commencent avec grand succès, un téléspectateur cherche à auditionner afin de rencontrer Maxime. Frédéric Ferland croit avoir enfin trouver quelqu'un qui comprend le vide de l'existence. Cela fait plusieurs années que Frédéric cherche à combler ce mal de vivre qui le poursuit: sexe, sport extrême, meurtre, il considère même le suicide. Mais sa rencontre avec Maxime semble le rapprocher d'une réponse à ses questionnements. Il se rend cependant compte très rapidement que le vide de Maxime n'est pas le même que le sien. Il poursuit tout de même sa route avec Maxime vers l'objectif que ce dernier s'est donné.

Pendant ce temps, des suicides et des meurtres violents qui semblent gratuits se multiplient. Pierre Sauvé est chargé de l'enquête. Sa route croisera celle de Frédéric Ferland, psychologue. Les trois vies sont maintenant liées dans ce vide omniprésent.

Commentaires personnels à suivre

Citations

"Sous les exhortations gestuelles de l'animateur de foule, les spectateurs en studio se mirent à applaudir, certains poussèrent même des petits cris d'enthousiasme. Tout en souriant, Maxime ne cessait de se répéter les consignes qu'il avait bien assimilées au cours de la semaine. Les consignes du jeu..." p. 126

Sources

3 février 2009

Cage d'oiseau de Saint-Denys-Garneau

Cage d'oiseau

Je suis une cage d'oiseau
Une cage d'os
Avec un oiseau

L'oiseau dans sa cage d'os
C'est la mort qui fait son nid

Lorsque rien n'arrive
On entend froisser ses ailes

Et quand on a ri beaucoup
Si l'on cesse tout à coup
On l'entend qui roucoule
Au fond
Comme un grelot

C'est un oiseau tenu captif
La mort dans ma cage d'os

Voudrait-il pas s'envoler
Est-ce vous qui le retiendrez
Est-ce moi
Qu'est-ce que c'est

Il ne pourra s'en aller
Qu'après avoir tout mangé
Mon cœur
La source de sang
Avec la vie dedans

Il aura mon âme au bec.


OsCommentaires personnels


Cage d'oiseau, un des poèmes les plus connus du poète, paru en 1937 dans son seul recueil de poésies qu'il publia à compte d'auteur avec l'aide financière de ses parents.

Solitude et mort, sujets fréquents de Hector de Saint-Denys Garneau. Poème de 24 vers libres qui semble une simple litanie. Une longue parole d'un poète qui veut rendre légitime son désir de mourir. L'oiseau est la mort et elle fait son nid tranquillement.  L'oiseau est dans une cage d'os, elle-même prisonnière de sa propre mortalité. Car elle contient un nid construit par la mort. Un cercle de vie et de mort.

Et l'oiseau est à l'intérieur. Il vit à l'intérieur du poète. Il le gruge, le dévore et s'évadera que s'il prend la vie du poète. Le poète est la cage de l'oiseau mais ne pourra de toute évidence pas contenir cet être. Il devra se sacrifier - sacrifier son âme - pour permettre à l'oiseau de vivre. Mais l'oiseau pourra-t-il vivre sans sa cage ?

Tragique. Oui. On sent qu'il n'y a pas d'espoir.

Beaucoup ont analysé ce poème si connu de Saint-Denys Garneau. On discours sur les métaphores... et surtout sur les liens entre le titre et le texte. Le texte n'étant en soi qu'une métaphore (dites filée) du titre. On dit aussi que l'oiseau est l'organe - le coeur - de Saint-Denys Garneau... Le poète était souffrant, son coeur véritablement malade. Et la cage d'os est simplement sa propre cage thoraxique. Qui peine à retenir ce coeur souffrant. Et Saint-Denys Garneau ressentait le besoin de parler de son coeur qui le menait probablement à une mort rapide. Est-ce l'analyse qu'on doit faire de ce poème? Probablement. D'autres parlent aussi de la prison littéraire dans laquelle le poète se sent. Il voudrait se libérer des règles, des normes littéraires de l'époque. Peut-être.

Pour moi, c'est tout simplement un poème triste à lire à voix haute très lentement. Un poème sur la solitude, sur la mort, sur la délivrance qui s'échappe. Chaque mot signifiant une blessure. Chaque mot un souffle du coeur.

Sources à consulter

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22 novembre 2008

La grande séduction (2003)

Cinéma: La grande séduction (2003)

Fiche technique:

Langue: Français (VO)Sed2
Année: 2003
Durée
:  110 min.
Pays
: Canada (Québec
)

Réalisateur: Jean-François Pouliot
Producteurs: Roger Frappier, Luc Vandal
Scénario: Ken Scott
Cinématographie
: Allen Smith
Musique originale
: Jean-Marie Beno
ît

Distribution: Raymond Bouchard (Germain Lesage) ; Rita Lafontaine (Hélène Lesage) ; David Boutin (Christopher Lewis) ; Lucie Laurier (Eve Beauchemin) ; Benoît Brière (Henri Giroux) ; Bruno Blanchet (Steve Laurin) ; Donald Pilon (Monsieur Dupré) ; Clémence DesRochers (Clothilde Brunet) ; Pierre Collin (Yvon Brunet) ; Marc Legault (Marcel Sigouin) ; Gilles Pelletier (Alphonse Pinsonneault)

Synopsis (attention spoilers):

Sainte-Marie-La-Mauderne, est un petit village portuaire québécois. Les habitants du village ont toujours vécu de la pêche mais depuis quelques années, les poissons semblent avoir disparu. Les 120 villageois qui demeurent toujours dans leur village sont sans emplois et vivent donc de leur chèque  mensuel d'assistance gouvernementale, "le bien-être social" comme on l'appelle au Québec.

Une lueur d'espoir apparaît à l'horizon, une grande compagnie considère la possibilité de construire une usine dans leur village. Sed7Cette usine relancerait l'économie du village, empêcherait l'exode des villageois vers d'autres villes et redonnerait leur fierté aux habitants. Mais les dirigeants de l'entreprise exigent que le village ait un médecin sur place. Comme nombre de petits villages, Sainte-Marie-La-Mauderne n'a pas de médecin.

Par un heureux hasard de circonstances, un médecin montréalais se voit obligé à aller passer un mois dans le village. Les villageois ont donc 30 jours pour le "séduire" par tous les moyens et le convaincre ainsi de devenir leur médecin. Tout est fait pour sauver leur village.

À propos:

La première du film, La Grande Séduction, eut lieu le 20 mai 2003 au Festival de Cannes, puis le 11 juillet de la même année au Québec. Il sortit en France et en Suisse, puis en Belgique, en 2004.

Il connut un grand succès lors de sa sortie, à la fois au Québec que dans le reste du Canada. Il connut également un succès international.

Il reçut de nombreuses nominations et prix. Entre autres prix, on peut souligner, le prix des meilleurs images aux Génie et de nombreux prix aux Jutra. Il gagna aussi le prix de l'audience à l'Atlantic Film Festival de 2003, un prix au Bagkok International Film Festival de 2005, un prix au Sao Paulo International Film Festival de 2004 et un prix au Sundance Film Festival de 2004. Il reçut également des prix en Belgique et en Espagne.

Le film permit à la région québécoise de la Basse-Côte-Nord de connaître un regain d'intérêt de la part des touristes et a vu le nombre de visiteurs augmenté considérablement depuis 2003.

Commentaires personnels:

Genre: Comédie.

Jusqu'où peut-on aller pour séduire quelqu'un ? Jusqu'à quel point est-on prêt à mentir pour se sortir de la honte et assurer saSed5 survie ? Est-on prêt à blesser un inconnu pour retrouver sa dignité ? La grande séduction qu'entreprend le village de Sainte-Marie-La-Mauderne sur le docteur Lewis devient rapidement un tissu de mensonges.

La Grande Séduction n'est pas un "grand" film. L'histoire est connue et on a déjà vu ce genre d'histoire souvent. On a d'ailleurs comparé - justement - le film à Doc Hollywood, Walking Ned Devine et même la série télévisée Northen Exposure, qui ont tous repris un peu la même idée. Les personnages du film sont caricaturaux et l'histoire connue, certes, mais La Grande Séduction décrit tout de même une situation bien réelle de plusieurs villages québécois - et plusieurs petits villages reculés de nombres de pays - l'industrie qui avait fait naître le village n'existe plus, le village se vide peu à peu, les habitants tentent de survivre dans une économie inexistante... et surtout, les villageois manquent de tout... des ressources essentielles... Les villages n'ont plus de médecins... (et de services essentiels, tout simplement).

Pour se sortir de la pauvreté, pour survivre, les gens sont parfois prêts à faire n'importe quoi ! Et on nous présente ici, d'une façon "dramaticomique", jusqu'à où on peut aller... Certes, nous avons ici une comédie. Et on rit franchement - la scène de la partie de cricket est légendaire... mais j'aime particulièrement le billet de 5$ que le docteur trouve quotidiennement ! Mais les émotions sont également présentes... personnellement, j'ai trouvé très touchants de nombreux moments, particulièrement quand le "gérant de banque", après s'être fait dire qu'il pouvait être facilement remplacé par un "guichet automatique" décide d'accorder le fameux prêt...

Mais ce qui donne réellement son charme au film, ce sont les personnages et l'interprétation fabuleuse des acteurs. On sent vraiment que les acteurs ont compris les personnages et se sont donnés complètement dans leur rôle.

Un film sur la recherche de sa dignité, sur la corruption, sur la vérité et le mensonge... qui ne sont pas nécessairement là où on le croit ! Plus qu'un film, nous avons ici une véritable fable. On nous présente une histoire touchante - mais sans tomber dans la sentimentalité - avec une morale bien simple... il vaut mieux dire la vérité pour garder sa dignité.

Pas de grande histoire d'amour ici, mais de grandes histoires d'amitiés ! Les relations entre les personnages sont parfois drôles, parfois tristes, mais toujours intenses. La relation principale étant celle entre Germain, le maire et le docteur Lewis. Tous les personnages finissent par devenir sympathiques et on ne peut que s'attendrir sur leurs imperfections. Et tout se termine bien... rien de très fracassant... mais ce n'est pas bien important ! Il est parfois essentiel de voir un film qui nous fait sourire tout simplement. 

Je n'avais pas eu la chance de voir le film à sa sortie au Québec. Prise dans les préparatifs de mon déménagement pour l'Espagne, j'avais mis de côté les sorties au cinéma. Puis quelques mois plus tard, alors que j'étais en Espagne, je vois annoncer le film à l'affiche à mon cinéma préféré présentant des versions originales... Je dois avouer que ce fut un moment "émotionnel" pour moi. De voir ces acteurs que je connais si bien, dans un paysage magnifique, d'entendre mon français... Et je garde précisieusement la fiche critique - en espagnol - qu'ils offraient au cinéma !

Sources:

23 mai 2008

Poésies complètes de Nelligan - L'oeuvre

Nel2Poésies complètes 1896-1899 / Émile Nelligan ; introduction de Luc Lacoursière. – Nouv. éd. -- [Montréal] : BQ, c1989. -- ISBN : 2-89406-022-X (br.)

L’œuvre:

Les poèmes de Nelligan ne furent tout d’abord publiés ensemble que lors de la parution du livre Emile Nelligan et son œuvre puis avec le recueil Poésies complètes.

Les poésies de Nelligan furent traduites une première fois en anglais par P.F. Widdows en 1960. Puis parut en 1983 le recueil The Complete Poems of Emile Nelligan par Fred Cogswell.

L’édition présentée ici des Poésies complètes 1896-1899 comprend une introduction de Luc Lacoursière rédigée en 1951. Cette édition comprend les poèmes que Louis Dantin publia dans Emile Nelligan et son œuvre. L’édition comprend ensuite des poèmes divers qui furent publiés entre 1896 et 1939 dans divers journaux, magazines et revues. Plusieurs de ces poèmes avaient été publiés sous des pseudonymes. D’autres poèmes inédits ont égales été ajoutés. Ce sont principalement des textes retrouvés dans des manuscrits conservés de la famille Nelligan.

Il est parfois difficile de déterminer les versions finales des poèmes. Diverses révisions par Nelligan et par d’autres personnes, dont Dantin, existent. Une chose est certaine, si nous avons ici, la grande majorité des poèmes écrits par Nelligan, nous ne pouvons retrouver le recueil qu’avait d’abord voulu l’auteur mais qu’il n’avait jamais terminé. Quelques plans existent et on peut avoir une idée des poèmes qu’il voulait faire figuré dans son recueil « Du récital des anges ».

Son œuvre entière semble comporter environ 170 textes : poèmes, rondeaux, sonnets et quelques poèmes en prose. On le rattache surtout au symbolisme et on lui donne comme influence, Verlaine, Baudelaire, Poe. On dit aussi que sa poésie est parnassienne et recherche principalement la beauté.  

Commentaires personnels :

Alors que Nelligan avait réussi a attiré l’attention de ses pairs et du public sur son œuvre lors de son vivant, c’est véritablement après sa mort qu’il devient célèbre et reconnu comme un grand poète.

Ses poèmes sont publiés dans diverses éditions et anthologies, des introductions et des commentaires sont publiés. Les critiques, mémoires et thèses se sont multipliés au cours des années. On lit et étudie ses poèmes à l’école. Un prix Émile-Nelligan est donné chaque année depuis 1979 à un poète canadien. Nelligan est définitivement un incontournable de la littérature québécoise.

Je n’essaierai donc pas ici de faire une analyse poussée de sa poésie. Beaucoup d’ouvrages, articles et sites Internet existent... Mais je vais tenter de donner quelques pistes personnelles de lecture de sa poésie… donner quelques unes de mes impressions.

Je ne connais pas beaucoup de gens qui ne connaissaient pas Nelligan. Et il est toujours très populaire. Même au secondaire et au cégep, on le lit volontiers. Ceux qui n’aiment pas la littérature ou la poésie ont quand même un petit penchant pour Nelligan. Il est jeune, tourmenté… il a écrit alors qu’il était un adolescent… il a écrit sa révolte et ses rages (on met souvent de côtés ses autres poésies aux thèmes plus classiques). Et combien de jeunes filles ont eu une image de Nelligan… ce beau jeune homme bohème au regard trouble…

J’ai lu Nelligan au primaire… Soir d’Hiver et le Vaisseau d’Or sont les premiers poèmes de Nelligan que j’ai lus. Puis j’ai encore lu Nelligan au secondaire, et ensuite au cégep, puis encore à l’université. J’ai lu et analysé pour l’école… et j’ai lu et observé pour mon plaisir.

J’ai toujours senti beaucoup de musicalité dans les vers de Nelligan. Les mots semblent là pour être lu à voix haute. Des mélodies me viennent souvent à l’esprit quand je lis les poèmes de Nelligan et on a souvent mis en musique ses vers. Beaucoup de mots étranges dans ses textes, parfois même des néologismes. Des mots tronqués, rassemblés pour former de nouveaux mots… Il joue avec la grammaire, les sens et même l’orthographe.

Les poèmes de Nelligan me semblent souvent mélancoliques, tristes… peu de gaieté dans sa poésie, même si parfois on semble pouvoir valser sur ses vers. L’utilisation de formes classiques pour ses vers nous donne parfois encore plus une impression de mélodie.

Les symboles sont importants dans sa poésie. Nelligan se considérait comme un romantique incompris. Il parle beaucoup de l’enfance, de la mort, de l’amour et de la folie. Parfois quelques thèmes religieux… Il rêve surtout. On sent l’immatériel, l’imaginaire…

Mais je vois surtout dans ses poèmes une sensibilité et une volonté d’affirmer son « moi ». Il est jeune et cherche à retrouver son enfance mais aussi à s’en détacher. Il semble ne pas savoir s’il veut rester enfant ou devenir adulte. Il aime la beauté, l’amour et la lumière mais aussi la mort, le sombre et la morosité. On lit beaucoup de pleurs dans ses poèmes et on voit beaucoup d’hantise. Les saisons semblent aussi rythmer ses vers… mais surtout l’automne et l’hiver. Il y a surtout des fins, mais parfois quelques renaissances et renouveaux.

Voir aussi:

Sources :

21 mai 2008

La romance du vin de Nelligan

La Romance du vin

Tout se mêle en un vif éclat de gaieté verte
Ô le beau soir de mai ! Tous les oiseaux en chœur,
Ainsi que les espoirs naguère à mon cœur,
Modulent leur prélude à ma croisée ouverte.

Ô le beau soir de mai ! le joyeux soir de mai !
Un orgue au loin éclate en froides mélopées ;
Et les rayons, ainsi que de pourpres épées,
Percent le cœur du jour qui se meurt parfumé.

Je suis gai ! je suis gai ! Dans le cristal qui chante,
Verse, verse le vin ! verse encore et toujours,
Que je puisse oublier la tristesse des jours,
Dans le dédain que j’ai de la foule méchante !

Je suis gai ! je suis gai ! Vive le vin et l’Art !…
J’ai le rêve de faire aussi des vers célèbres,
Des vers qui gémiront les musiques funèbres
Des vents d’automne au loin passant dans le brouillard.

C’est le règne du rire amer et de la rage
De se savoir poète et objet du mépris,
De se savoir un cœur et de n’être compris
Que par le clair de lune et les grands soirs d’orage !

Femmes ! je bois à vous qui riez du chemin
Ou l’Idéal m’appelle en ouvrant ses bras roses ;
Je bois à vous surtout, hommes aux fronts moroses
Qui dédaignez ma vie et repoussez ma main !

Pendant que tout l’azur s’étoile dans la gloire,
Et qu’un rythme s’entonne au renouveau doré,
Sur le jour expirant je n’ai donc pas pleuré,
Moi qui marche à tâtons dans ma jeunesse noire !

Je suis gai ! je suis gai ! Vive le soir de mai !
Je suis follement gai, sans être pourtant ivre !…
Serait-ce que je suis enfin heureux de vivre ;
Enfin mon cœur est-il guéri d’avoir aimé ?

Les cloches ont chanté ; le vent du soir odore…
Et pendant que le vin ruisselle à joyeux flots,
Je suis gai, si gai, dans mon rire sonore,
Oh ! si gai, que j’ai peur d’éclater en sanglots !

Commentaires personnels

Nelligan a composé ce poème en réponse à une critique négative de ses poèmes. La critique ne comprend pas ses poèmes. IlVin est jeune, déçu, et cherche à être reconnu. Il compose des vers qui expriment sa tristesse. Il lira La romance du vin lors de la 4e et dernière séance publique de l’École littéraire auquel il appartenait et qui eut lieu au château de Ramezay à Montréal. Les poèmes que Nelligan lira lors de cette soirée, incluant La romance du vin, seront très bien reçus et ces amis l’acclameront lors de sa lecture. Nelligan sort triomphant de cette soirée de mai.

L’ovation que lui font les invités et membres de l’École littéraire se continue jusque dans la rue. Nelligan est acclamé dans la rue du château de Ramezay jusqu’à sa demeure sur la rue Laval. Il devient instantanément un poète reconnue et acclamé. Il connaît le succès. Quelques temps après cette soirée, il est conduit à l’asile pour « folie », « dépression »,… Il ne sortira plus des hôpitaux psychiatriques.

Le poème La romance du vin est considéré comme un cri du cœur du poète. Suite à la critique négative qu’il avait reçu, Nelligan est à la fois triste et enragé, et se considère alors comme un poète incompris. Il utilise des images négatives, sombres, moroses, tragiques. Il se sent persécuté, trahi.

«  C’est le règne du rire amer et de la rage
De se savoir un poète et objet de mépris,
De se savoir un cœur et de n’être pas compris
Que par le clair de lune et les grands soirs d’orage ! »

Emile Nelligan se consacre à la poésie. Il a abandonné ses études, ne poursuit aucune carrière ou emploi… que pourtant son père tente de lui trouver. Il veut vivre de ses poèmes, de l’art. Il veut être connu pour sa poésie.

« J’ai le rêve de faire aussi des vers célèbres »

Ses vers précédents ont été critiqués de façon très négative. Il veut offrir des vers qui le feront connaître et surtout reconnaître comme un poète. Ses amis, les spectateurs, sa ville, tous l’acclament avec ces vers… Le poème est relativement classique dans sa structure. Il comporte 9 quatrains et Nelligan clame, dénonce, contraste et rime.

Ces gens qui l’avaient humilié, qui avait « ri » de lui… aujourd’hui le célèbrent. Dans ce poème, Nelligan cri… il s’exclame constamment… un point d’exclamation qui se répète… Il pointe du doigt la foule qui rie de lui et ne le comprend pas. Et bien sûr, il dénonce aussi. C’est un des objectifs de ce poème.

« Dans le dédain que j’ai de la foule méchante ! »

« Femmes ! je bois à vous qui riez du chemin
Ou l’Idéal m’appelle en ouvrant ses bras roses ;
Je bois à vous surtout, hommes aux fronts moroses
Qui dédaignez ma vie et repoussez ma main ! »

Et Nelligan veut crier qu’ils sont sans importance… qu’il est ivre de la poésie, de l’art… que les commentaires des autres n’ont aucune importance. Il est poète et il entend vivre intensément sa vie d’artiste… quitte à en souffrir…

 « Je suis follement gai, sans être pourtant ivre !… »

Il est triste, mélancolique et dépressif mais aussi euphorique et excité. Il alterne entre la tristesse et la gaieté. Il a peur de l’échec, cherche le succès… ne sais pas comment vivre avec l’un ou l’autre. Il rit et il pleure.

«  Oh ! si gai, que j’ai peur d’éclater en sanglots ! »

Il est jeune. Il vit de passion… finalement comme beaucoup d’adolescents. L’aurait-on traité de fou aujourd’hui ? L’aurait-on enfermé dans un asile ? Probablement pas…

« Moi qui marche à tâtons dans ma jeunesse noire »

Il oscille entre l’automne et le printemps. Entre ce qu’il considère sombre, mélancolique et ce qu’il voit comme un renouveau, une renaissance… entre la mort et la vie. Il marche dans le brouillard et la lumière. La création semble être ce qu’il croit qui va le sauver. Il cherche un idéal qu’il pense trouver dans la poésie.

« Pendant que tout l’azur s’étoile dans la gloire,
Et qu’un rythme s’entonne au renouveau doré,
Sur le jour expirant je n’ai donc pas pleuré,
Moi qui marche à tâtons dans ma jeunesse noire ! »

Il y a une certaine gaieté dans le poème… on sent qu’il cherche à convaincre de son ivresse. Comme on peut parfois être heureux… se sentir transporter pour ensuite retomber dans la tristesse.

« Tout se mêle en un vif éclat de gaieté verte
Ô le beau soir de mai ! Tous les oiseaux en chœur, »

Les vers expriment les contradictions de ses émotions. Joyeux, rayonnant, froid et triste…

«  Ô le beau soir de mai ! le joyeux soir de mai !
Un orgue au loin éclate en froides mélopées ;
Et les rayons, ainsi que de pourpres épées,
Percent le cœur du jour qui se meurt parfumé. »


Les termes se suivent, parfois musique, parfois simples sons. Les choses sont couleurs, sons, odeurs, … Souvent des termes inattendus qui se placent sans crier gare un à la suite de l’autre. Évoquant des images imparfaites mais tenaces.

« Tout se mêle en un vif éclat de gaieté verte »

« Je suis gai ! je suis gai ! Dans le cristal qui chante, »

« Percent le cœur du jour qui se meurt parfumé. »

« Ou l’Idéal m’appelle en ouvrant ses bras roses »

« Les cloches ont chanté ; le vent du soir odore… »

Nelligan appelle le vin. Le vin qui enivre mais qui donne aussi la connaissance. On voit les choses d’une façon plus claire mais plus triste. On peut devenir joyeux tout en conservant sa tristesse. Le vin ouvre les yeux et les fait souvent pleurer.

«  Et pendant que le vin ruisselle à joyeux flots,
Je suis gai, si gai, dans mon rire sonore,
Oh ! si gai, que j’ai peur d’éclater en sanglots ! »

Mais la tristesse de Nelligan semble devenir sa force. Ce qui le pousse à écrire, à vivre. Mais ce qui semble aussi l’accabler. Son échec va devenir son succès. Il aspire au succès, mais surtout à la reconnaissance des autres. Comme beaucoup de gens, comme la plupart des adolescents.

Il rage, pleure et est parfois intensément heureux… Et ne sait comment vivre avec toutes ces émotions contradictoires… Contradiction entre son corps, son esprit… ses désirs et ses émotions.

« Serait-ce que je suis enfin heureux de vivre ;
Enfin mon cœur est-il guéri d’avoir aimé ? »

Il semble le sujet principal du poème. Ou plutôt ses émotions, ses contradictions le sont. Cherchant à faire reconnaître son individualité mais voulant l’approbation des autres. Il est blessé. Veut qu’on le sache. Dire sa haine des autres, mais souligner son besoin de reconnaissance. Il cherche à crier sa rage de vivre. Sa volonté d’être et d’être reconnu comme individu… Il est… « Je suis… » dit-il à répétition.


Voir aussi:

20 mai 2008

Les poésies complètes de Nelligan - L'auteur

Poésies complètes 1896-1899 / Émile Nelligan ; introduction de Luc Lacoursière. – Nouv. éd. -- [Montréal] : BQ, c1989. -- ISBN : 2-89406-022-X (br.)

Quatrième de couverture :

Nelligan : « Génie éternellement vivant », « phénomène admirable de précocité » (…) peu d’œuvres canadiennes connaissant une faveur aussi grande et qui persiste au-delà des modes. La carrière brève autant que fulgurante du poète nous vaut des poésies qui demeurent l’objet d’un véritable culte.

L’auteur :

Émile Nelligan est né à Montréal un 24 décembre 1879. Son père était irlandais et sa mère québécoise. Deux filles viendrontNel1 s’ajouter à la famille Nelligan. À partir de 1886, Émile fréquente plusieurs écoles dont il s’absentera fréquemment. Jusqu’en 1895, il obtint de bons résultats scolaires. Alors qu’il fréquente le collège Sainte-Marie en 1896, il connaît cependant quelques difficultés dans ses études.

Il publie son premier poème en juin de 1896, Rêve fantasque, dans le Samedi, sous le pseudonyme d'Émile Kovar. Il poursuit ses études en syntaxe au collège Sainte-Marie avec des résultats moyens. En février de 1897, son ami, Arthur de Bussières, poète, fait admettre Nelligan à l’École littéraire, cercle de jeunes « littérateurs » qui se réunissaient toutes les semaines pour discuter de littérature, arts et sciences et pour lire des poèmes. On retrouve cependant son inscription sous le nom de « Lennigan ». Emile Nelligan est le plus jeune membre du groupe.

La même année, à l’âge de 17 ans, il décide d’abandonner ses études et de se consacrer à la poésie. Il essaie de publier ses poèmes dans diverses publications. Il essaie d’abord de publier sous des noms incomplets. Les publications exigent une identité et une adresse pour publier les poèmes. Il publiera quelques poèmes dans le Monde illustré (sous le nom d’Émil Nellighan) et l’Alliance nationale.

Nelligan fut toujours très près de sa mère, pianiste, qui l’a initié à la musique et à l’art. Il a cependant de nombreux disputes avec son père. À l’été de 1898, Nelligan s’engage comme matelot et part pour Liverpool. On ne sait trop si c’est par choix ou si son père, mécontent que son fils ait laissé les études, l’y obligea. Il fera le voyage mais quitte ce poste dès son retour. Il tentera ensuite de travailler comme commissaire-comptable (emploi que son père lui avait trouvé), mais il quitte également cet emploi. À cause de ses nombreuses absences, il ne fait plus à ce moment parti de l’École Littéraire, même si d’autres membres lisent parfois de ses poèmes.

D’autres poèmes de Nelligan sont publiés dans diverses publications. En décembre, il est réadmit à l’École Littéraire.

En 1899, Nelligan travaille à un recueil de poésie qu’il veut appeler «  Le Récital des Anges ». Il continue à assister aux réunions de l’École littéraire ainsi qu’aux séances publiques du groupe. On le décrit alors comme un jeune homme extravagant et bohème. On connaît peu sa vie sentimentale et il ne sembla pas avoir eu de relations amoureuses sérieuses. À travers sa correspondance et sa poésie, on peut déduire le passage de quelques femmes dans sa vie, parfois réelles – sa mère, ses sœurs, sa cousine, et autres femmes – parfois idéales ou imaginaires.

Une critique négative de son poème Le Perroquet, l’attriste beaucoup. Il décide alors de ne plus collaborer au  et délaisse pour un temps les réunions de l’École littéraire. Mais il reprend ensuite ses activités littéraires. Il écrira le poème Monde illustré La Romance du vin, en réponse à la critique négative qu’il avait reçu. Le poème est très bien reçu à sa lecture lors de la 4e séance publique de l’École littéraire. Il est acclamé par ses amis mais cette lecture marque sa dernière apparition à l’École littéraire.

Il publie Les Communiantes dans le Petit Messager du Très Saint-Sacrement en juin de 1899. Mais il travaille beaucoup à son œuvre. Il est cependant surmené et dépressif. Son père demande qu’on le conduise à la Retraite Saint-Benoît, un asile. On lui diagnostique une schizophrénie qu’on nomme alors « démence précoce ». Il y reste jusqu’en 1925. Il sera ensuite conduit à l’hôpital psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu. Il y restera jusqu’à la fin de sa vie. Son oeuvre demeurera incomplète.

Il continue d’écrire mais les poèmes qu’il compose pendant ces années d’internement sont peu nombreux. Il retravaille plutôt ses poèmes.  Ses amis font publier quelques uns de ses poèmes inédits et les lisent à l’occasion.

En 1902, Louis Dantin publie une étude sur Emile Nelligan incluant des poèmes inédits dont Soir d’hiver.  Cette étude fera connaître Nelligan du grand public. Dantin prépare également un premier recueil des poèmes de Nelligan. Malheureusement, le projet est suspendu par les supérieurs de Dantin qui n’approuvent pas l’œuvre. Dantin quitte Montréal mais laisse à la famille Nelligan, le recueil qu’il préparait.

En 1904, le livre Émile Nelligan et son œuvre paraît avec une préface de Louis Dantin. Le recueil est bien accueilli par la critique et le public, autant au Canada et en France. Les années qui suivent, plusieurs poèmes inédits de Nelligan sont publiés dans diverses publications.

En 1925 paraît une deuxième édition de livre Émile Nelligan et son œuvre. Et en 1932, la troisième édition. Nelligan est maintenant à Saint-Jean-de-Dieu. Il sort quelques fois mais très rarement. Plusieurs personnes vont le voir et lui demandent de lire ces poèmes.

Émile Nelligan meurt le 18 novembre 1941 à Saint-Jean-de-Dieu. Il sera enterré au cimetière Côte-des-Neiges. La 4e édition Émile Nelligan et son œuvre paraîtra en 1945 et en 1952 paraît la 1e édition des Poésies complètes. Il deviendra un des poètes les plus importants du Québec.

Sources :

À suivre...

Voir aussi:

 

24 mars 2008

Jésus de Montréal (1989) - Suite

Commentaires personnels: (attention spoilers)

Genre : Drame

Jesus8Le film prend place à Montréal dans une société occidentale moderne. Et Denys Arcand s’applique à transposer les Évangiles, la vie de Jésus et le récit de la Passion dans le destin d’une troupe d’acteurs. Alors que l’acteur principal, Daniel, commence à monter sa représentation de la Passion, les comparaisons avec les Évangiles se font de plus en plus claires.

Daniel recrute des amis pour jouer dans sa pièce, tel Jésus qui recrute ses disciples. Ses disciples mènent principalement des vies insatisfaisantes et sont plus qu’heureux de le suivre dans cette aventure. La Passion qu’ils présenteront est controversée et attirent immédiatement une foule de spectateurs. La pièce et surtout Daniel deviennent la coqueluche des critiques et Daniel reçoit des offres de toute part. Mais l’Église est scandalisée et veut interdire le spectacle. Nous retrouvons ici, la foule d’admirateurs, les Tentations (avocats, critiques, etc.), le Sanhédrin (les prêtres qui veulent faire cesser la transmission du message de Daniel), la dernière cène (le dernier repas des acteurs), les exemples sont multiples et leur transposition, originale. D’autres événements qui ont lieu dans la vie de Daniel et des autres acteurs sont également un miroir des évangiles, comme par exemple, les marchand du Temple et la colère de Jésus et la destruction des étalages. Nous retrouvons cette scène dans la colère de Daniel devant les publicitaires qui exploitent son amie et la destruction de l’équipement.

Dans son film, Arcand veut présenter une histoire qui a été raconté d’innombrables fois. Arcand propose donc une relecture des Évangiles et une transposition contemporaine du message du Christ. Il veut raconter autrement une histoire connue. Donner une version différente, une interprétation humaine, Arcand veut offrir une vision athée de ce qu’il considère comme la mythologie catholique. Jésus est un homme, un personnage historique qui a laissé un message et ce message est à nouveau retransmis par Daniel. Jusqu’à la toute fin du film, alors que la pièce est brutalement interrompue et Daniel sur la croix, est blessé. Même la résurrection est reproduite sous une forme moderne ainsi que la continuité de l’œuvre de Daniel par ses disciples. Dans son exercice de relecture des Évangiles, Arcand en profite aussi pour faire ses commentaires sur la société moderne : les critiques, l’art, le cinéma, la publicité, le système de santé, etc. sans oublier le métier d’acteur, lui-même.

Arcand met beaucoup d’efforts pour présenter sa critique de la société et sa critique de la religion catholique. Dès les premières scènes, alors qu’on nous présente une oeuvre de Dostoievski adaptée pour le théâtre,  Les frères Karamozov, l’acteur sur scène prononce ces paroles « Il faut détruire l'idée de Dieu dans l'esprit de l'homme! Alors seulement, chacun saura qu'il est mortel, sans aucun espoir de résurrection, et chacun se résignera à la mort avec une fierté tranquille […] ». Le message d’Arcand est clair, les symboles transparents. Et certains pourraient dire qu’il est même trop clair, trop explicite…

Le scénario est original et intelligent, même si certaines scènes semblent faciles (afin de transposer un moment précis de la vie de Jésus à la vie moderne, je pense à la scène des « marchands du Temple »). On sent tout de même qu’on veut nous expliquer que le message de Jésus n’a rien de divin… c’est le message d’un homme simplement qu’on peut retrouver facilement aujourd’hui. Daniel change la vie des acteurs qui l’ont suivi et son œuvre se poursuivra après sa mort. Certains trouvent que le film est légèrement moralisateur. Et il est vrai que sans entrer dans les leçons de morale, on sent qu’Arcand veut nous transmettre un certain message. Mais bien que dramatique et émouvant, Jésus de Montréal reste un film drôle, satirique et divertissant. Le film lui-même bien dirigé, les acteurs offrent une belle performance, même si Lothaire Bluteau semble un peu passif dans son interprétation. Les dialogues sont intéressants, vifs et efficaces. L’histoire est bien menée, les symboles et les transpositions bien choisies. Jésus de Montréal, de par son discours demeure un de mes films préférés d’Arcand.

Sources :


Premier article: Jésus de Montréal (1989)

23 mars 2008

Jésus de Montréal

Cinéma : Jésus de Montréal (1989)Jesus1

Fiche technique :

Langue : Français (VO)
Année : 1989
Durée
: 119 min.
Pays
: Canada (Québec)

Directeur : Denys Arcand
Producteurs : Roger Frappier, Pierre Gendron
Scénario : Denys Arcand
Cinématographie
: Guy Dufaux
Musique originale
: Jean-Marie Benoît, François Dompierre, Yves Laferrière

Distribution: Lothaire Bluteau (Daniel) ; Catherine Wilkening (Mireille) ; Johanne-Marie Tremblay (Constance) ; Rémy Girard (Martin) ; Robert Lepage (René) ; Gilles Pelletier (Fr. Leclerc) ; Yves Jacques (Richard Cardinal)

Synopsis : (attention spoilers)

Chaque année pour Pâques, un sanctuaire catholique bien connu de Montréal (l’Oratoire Saint-Joseph) présente une mise en scène de la Passion du Christ. Le Père Leclerc, directeur du sanctuaire et responsable de cette « pièce » déplore que les spectateurs se fassent de plus en plus rare. Voulant « dépoussiérer » la Passion, le Père Leclerc fait appel à un jeune acteur-directeur pour qu’il monte une version plus actuelle et moderne de celle-ci. Daniel Coulombe incarnera Jésus dans sa propre vision de la Passion du Christ et il choisira les acteurs qui l’accompagneront dans cette aventure. Ces acteurs quitteront tout pour le suivre dans cette représentation de la vie du Christ.

Pour construire sa mise en scène, il étudiera les faits historiques et fera de nombreuses recherches qui l’amèneront à découvrir la vie du Christ sous une lumière différente. Petit à petit, des parallèles entre la vie de Jésus et la vie de Daniel s’établissent : du recrutement des « disciples » à différents « miracles » en passant par divers événements comme la destruction du Temple, la Tentation, etc.

Daniel et ses acteurs mettent en scène une Passion du Christ provocante, déroutante qui remet tout en question. Le public adore mais les autorités religieuses, scandalisées, tenteront d’interdire le spectacle. Alors que la troupe continue, malgré tout, à présenter sa vision de la Passion, ils commencent à voir de plus en plus leur propre vie se confondre avec la vie du Christ et de ses disciples et apôtres.

Devant l’opposition grandissante de l’Église, ses amis et ses admirateurs poussent Daniel à poursuivre les représentations. Daniel devient de plus en plus convaincu de son interprétation des évangiles et se bat pour son œuvre. La ligne entre son personnage et lui-même devient de plus en plus floue.

Le Père Leclerc donne finalement un ultimatum à Daniel, il doit reprendre l’ancienne mise en scène plus traditionnelle ou cesser complètement ses représentations. Daniel et sa troupe refusent de changer leur version et décident de continuer à présenter leur vision de la Passion. Jusqu’à la fin, la vie de Jésus se miroitera dans la vie de Daniel et ses « disciples ».

À propos : (attention spoilers)

Paru en 1989, Jésus de Montréal de Denys Arcand suit directement Le Déclin de l’empire américain paru en 1986. Dans ce film, Arcand poursuit sa critique de la société moderne tout en posant maintenant un regard sur la « mythologie » catholique.

En plus, des différents symboles religieux, Arcand touche à plusieurs sujets modernes, comme on peut lire sur la jaquette du film : « Dans Jésus de Montréal, il est question de l'évangile selon St-Marc, de la publicité des eaux de Cologne, des frères Karamazov, du doublage des films pornographiques, du Big Bang, de la fortune de Coca-Cola Classique, du monologue de Hamlet, de l'inconvénient d'être né au Burkina-Faso, d'un soldat romain appelé Pantera, des fascistes qui communient tous, des transplantations d'organes et de la vignette de Paul Newman. Bref, de tout ce qui est 'incontournable'. ».

Le tournage du film s’était d’abord effectué dans le secret. Arcand expose clairement ses opinions et il savait que les critiques pouvaient surgir. Le film est présenté à Cannes en compétition officielle. Il remportera le Prix du Jury et le Prix du Jury Œcuménique. Il sera également en compétition pour la Palme d’Or.

Le film sortira sur les écrans au Québec et en France où il remportera un grand succès.  Il restera sur les écrans de Montréal pendant plus d’un an. Il remportera de nombreux prix, dont plusieurs Genies. Il remportera également des prix à Toronto, Seattle et Chicago et il sera en nomination aux Golden Globe Awards et aux Oscars.

Sources :

Commentaires personnels à suivre...

11 mars 2008

Soir d'hiver par Émile Nelligan

Soir d'hiver

Ah! comme la neige a neigé!

Ma vitre est un jardin de givre.
Ah! comme la neige a neigé!
Qu'est-ce que le spasme de vivre
Ô la douleur que j'ai, que j'ai!

Tous les étangs gisent gelés,
Mon âme est noire: Où vis-je? où vais-je?
Tous ses espoirs gisent gelés:
Je suis la nouvelle Norvège
D'où les blonds ciels s'en sont allés.

Pleurez, oiseaux de février,
Au sinistre frisson des choses,
Pleurez, oiseaux de février,
Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses,
Aux branches du genévrier.

Ah! comme la neige a neigé!
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah! comme la neige a neigé!
Qu'est-ce que le spasme de vivre
A tout l'ennui que j'ai, que j'ai!...

Commentaire personnel

Un des poèmes les plus connus de Nelligan, surtout le fameux vers... et encore et toujours un de mes préférés. Même si le poème semble froid et triste. Pour moi, il est calme et doux. Un rêve blanc, glacé, mais à travers une vitre... Le noir et le blanc sont dans chaque vers, la vie et la mort. Pour arriver plutôt à une immobilité... que semble déplorer le poète. Semble… mais tout est semblant dans les poèmes de Nelligan. Alors que tout est mortellement réel dans ces vers, le symbolisme et surtout l’illusion y sont présents aussi.

Le poème me laisse mélancolique, nostalgique. Bizarrement, il me rappelle les plus belles neiges et les plus horribles froids. Il me rappelle la douleur mais aussi la joie… Cette douleur de la vie me semble gelée dans la glace. Le givre de la vitre me raconte des histoires. L’étang me miroite mon âme parfois si triste.

La neige qui enseveli mon ancien chez-moi me semble lointaine. Les images qui sont parvenues jusqu’à moi, les histoires qu’on m’a racontées m’ont plongée dans la réflexion et les souvenirs. Et m’ont rappelé ce vers si connu… que sûrement beaucoup de personnes ont répété ces dernières semaines… « Ah! comme la neige a neigé!»… Et alors que février est loin, que les fleurs et bourgeons apparaissent partout, ce poème m’a aussi ramené à ces émotions qui m’assaillent ces derniers temps… et le givre n’est pas que sur les fenêtres québécoises. Immatériel, invisible, chaud et froid… sur les humeurs des mes jours.

 

Voir aussi:

8 mars 2008

Ô Solitude ! (suite)

Ô Solitude ! / D. Kimm. -- Montréal: Triptyque, 1987. -- 135 p. : 6 photogr. ; 21 cm. – ISBN 2-89031-056-6Solitude

Commentaire personnels

Ô solitude
est un roman poétique. Divisé en 7 parties, les 6 premières identifiées par un chiffre romain, la dernière partie intitulée « La Fille du Capitaine ». Chaque partie – exceptée la dernière – est composée de petits chapitres titrés du nom de trois filles : Anne, Dominique et Edith. Puis, une page grise, suivie d’une photographie d’une statue, puis une page de texte en italique non titrée. L'oeuvre de D. Kimm est dédié « à elles, aux filles-solitaires »… Chaque fille solitaire, comme les statues présentées, semble à la recherche d’elle-même. Le livre nous présente d’abord les 3 filles, Anne, Dominique et Edith, puis nous livre une synthèse des trois dans le texte en italique, peut-être l’auteur… Nous sommes témoins de leurs réflexions, leurs peurs, rencontres et leurs relations avec les autres, et surtout leur solitude. Puis la fille du capitaine, solitaire sur son île nous apparaît. Ne parlant plus, se promenant seule sur la plage, ne sachant pas elle-même si elle est folle, se perd dans le vent et… « trace des paroles secrètes, des mots dans le sable blanc. Elle regarde la lune en pleine face jusqu’à avoir mal aux yeux. Elle fait des incantations. Elle gémit, elle hurle dans sa tête. Elle hurle sa plainte de fille-louve. Elle hule sa plainte de louve-blessée. Elle hurle sa plainte de fille-solitaire. ».

Difficile de parler du livre de D. Kimm sans retourner dans mes souvenirs. Première année de cégep, cours de création littéraire par Philippe Haeck… lectures obligatoires, textes à écrire et rencontre avec auteurs. Premier livre de la session : Ô Solitude ! de D. Kimm. J’aimais déjà beaucoup lire et j’aimais la poésie, mais à 17 ans, mon expérience littéraire était encore jeune. Le livre de D. Kimm me transporta littéralement… Les mots m’émurent et je me perdis dans la lecture de ce livre trop court. Les photographies de statues me touchèrent profondément, surtout celle de la couverture qui est une de mes statues préférées de Montréal. J’avais trouvé les mots significatifs, vibrants, poétiques et réels. Et puis, D. Kimm fut invitée dans mon cours. Et elle parla. Mon amie et moi fûmes véritablement ensorcelées par sa présence, par ses mots et par son livre. Longtemps nous avons dit qu’elles nous avaient ensorcelées à être des filles, à rester jeunes.

J’ai relu le livre la semaine dernière. Et même si je suis d’accord que la relecture est souvent importante et nécessaire, mais je crois aussi qu’il y a certains livres qu’il ne faut pas relire. Comme il y a des films qu’il ne faut jamais revoir.

Et je crois fermement que je n’aurais pas dû relire ce livre. Il m’avait tellement marqué, tellement touché… et cette relecture m’a plu, mais sans plus. J’ai vu des choses que je n’aurais pas voulu voir… Et j’ai eu des réflexions que je n’aurais pas voulu avoir… et je me dis que même si j’ai encore aimé cette lecture, j’ai perdu un peu de l’ivresse que me donnaient ces mots. Je me suis sentie triste, vide… Perdre ses illusions… ses souvenirs… perdre le moment… La lecture m’a encore plu, mais j’ai perdu l’ivresse… C’est un peu triste. Mais j’aime encore les mots. Je les vois simplement autrement.

Citations

« Je suis quelque chose entre la fée, la fille et la sorcière. Disons que je passe de la princesse à la folle. Quand je marche dans la rue, des milliers d’oiseaux défilent derrière moi. C’est fabuleux. Des milliers de corbeaux, des milliers de vautours. Quelle désolation – c’est fabuleux ! » p. 25

« Elle trouve étrange cette nostalgie soudaine pour son enfance. Elle pense que ce n’est pas son genre. Et puis tout de suite après, presque en même temps, elle pense… pourquoi pas ? Qui a décidé, qui peut décider de son genre ? » p. 49

« J’ai les mains glacées. Je suppose que je dois y voir le signe d’une malédiction. Je ne suppose rien. Les mains glacées vous obligent à demeurer solitaire. Ne pas se toucher, ne pas se laisser toucher, ne toucher personne. » p. 109

Premier article

7 mars 2008

Ô Solitude !

Ô Solitude ! / D. Kimm. -- Montréal: Triptyque, 1987. -- 135 p. : 6 photogr. ; 21 cm. – ISBN 2-89031-056-6

Quatrième de couverture

D. Kimm est une fille…………………. née en 1959………………. vit à Montréal……………….. elle aime les statues……………. la solitude, elle………………son premier livre…………………

L’auteur

Solitude2D.Kimm est née en 1959. Elle a fait des études en histoire à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Elle publie son premier roman en 1987, Ô Solitude !. Elle touche à plusieurs domaines artistiques : l’écriture, la performance, la mise en scène, la danse, … Elle organise plusieurs ouvrages collectifs : Le Montréal des écrivains en 1988, l’Anthologie de la poésie des femmes en 1990 et en 2003. Elle publie également dans plusieurs revues.

Elle participe et présente divers spectacles de danse, de théâtre et de poésie. À partir de 1994, elle prend la direction artistique de plusieurs événements et spectacles. Ces spectacles, tels Le Bestiaire, Dérives pour voyeurs consentants, Le Marché des Mots Dits, Auteurs et personnages: Cabaret littéraire à double tranchant (quelques exemples) regroupent à la fois des artistes, danseurs, musiciens, comédiens ainsi que des écrivains et poètes.  En 1995, elle créa le spectacle Pas de chicane dans ma cabane présenté dans le cadre du Festival des Francophonies de Limoges. Elle dirige également l’organisme à but non lucratif Les Filles électriques. Ce groupe a pour mandat de « créer, diffuser et archiver des œuvres et événements artistiques interdisciplinaires liés au texte performé. » Les Filles électriques produisent entre autres le Festival Voix d’Amérique, proposant des œuvres liées à la littérature orale, au « spoken word », au texte performé.

Elle présentera en 1999, un spectacle multidisciplinaire La Suite mongole qui sera publié en 2001, sous forme de livre accompagné d’un cédérom. Artiste versatile et très active, elle crée avec l’artiste Alexis O’Hara, un spectacle. Et elle a sorti il y a peu de temps, un disque solo Le Silence des hommes.

Une biographie plus détaillée sur le site de l’auteur : . On peut visionner une entrevue avec D. Kimm à l’émission Ça manque à ma culture.

Bibliographie

  • Ô Solitude! (1987),
  • Chevale (1989)
  • Tableaux (1991)
  • La Suite mongole, livre+cédérom (2001)

Commentaires à suivre... 

12 décembre 2007

La Guerre des tuques (1984)

Cinéma : La Guerre des tuques  (1984)tuques

Fiche technique :

Langue : Francais (VO)
Année : 1984
Durée
: 90 min.
Pays
: Québec, Canada

Réalisateur : André Melançon
Producteurs : Rock Demers
Scénario : Roger Cantin et Danyèle Patenaude
Cinématographie
: François Protat
Musique originale
: Germain Gauthier

Distribution: Cédric Jourde (Luc Chicoine); Marie-Pierre A. D’Amouyr (Sophie Tremblay); Julien Elie (Pierre); Minh Vu Duc (François « Les Lunettes »); Maryse Cartwright (Lucie Tremblay); Mathieu Savard (Ti-Guy LaLune); Olivier Monette (Jean-Louis Lapierre); Patrick St-Pierre (Daniel Blanchette); Jean-François Leblanc (Chabot)

Hommage à la Guerre des Tuques sur YouTube:
http://www.youtube.com/watch?v=n1ZFIwBzbV8&mode=related&search=

Synopsis : (attention spoilers)

Alors que les vacances de Noël sont sur le point de commencer, des enfants (majoritairement des garçons) décident d’organiser une guerre. Les vainqueurs de cette guerre pourront se partager un butin. Ils se séparent en deux équipes menées par Pierre et Luc. Ce dernier sera d’ailleurs celui qui établira les règles de cette guerre. Une nouvelle élève – et sa petite sœur- se joindra à l’équipe de Pierre pendant la guerre. L’équipe de Luc est plus nombreuse et attaque continuellement l’équipe de Pierre qui s’est bâti un château-fort selon les plan de François les Lunettes. Au milieu de cette guerre, Ti-Guy La Lune et son cousin Daniel Blanchette de Victoriaville, pacifistes, restent en dehors de cette guerre et tentent de l’arrêter.

Rapidement, Luc prend les devants et commencent à décider de tout. Les autres enfants se rebellent et ne veulent plus jouer, mais Sophie, la nouvelle élève et voisine de Pierre, les incitent à continuer. La guerre continue donc avec plusieurs combats de balles de neiges. Mais les enfants ont aussi d’autres problèmes à penser. Luc et Sophie s’aiment bien même s’ils sont dans les équipes opposées, les larmes coulent parfois et Pierre est inquiet pour sa chienne Cléo, un Saint-Bernanrd, qui est vieille et qui est malade.

La guerre se poursuit et commence à devenir un véritable affrontement entre les enfants. Jusqu’à ce qu’un événement tragique impliquant Cloé provoque la fin de la guerre lors d’un combat entre les deux équipes.

À propos :

« La Guerre des tuques » est un classique du cinéma québécois et est le premier film de la série pour enfants « Contes pour Tous » de Rock Demers. Il fut filmé à la Baie Saint-Paul.

Le film a marqué plusieurs générations d’enfants. Même si aujourd’hui le film peut paraître un peu vieillot, beaucoup d’enfants apprécient encore le film et son histoire. Le film gagna un prix Genie et un Golden Reel . Il fut nommé pour plusieurs autres prix.

Complètement ancré dans la culture québécoise, le film fut néanmoins traduit en plusieurs langues. Le film a pour titre : The Dog Who Stopped the War au Canada anglais et The Great Snowball War en Australie.  Un film s’inspirant de la Guerre des tuques fut réalisé en 2001 par Roger Cantin: La Forteresse suspendue.

La réplique « La guerre, la guerre… c’est pas une raison pour se faire mal » fut utilisée en 2003 comme slogan contre la guerre en Irak.

Commentaires personnels: (attention spoilers)

Genre: Comédie dramatique, Famille

Plus encore qu’un classique, La Guerre des tuques est devenu presque instantanément un film culte du cinéma québécois et de plusieurs générations d’enfants. Le film est bien entendu destiné aux enfants, et plus précisément aux enfants québécois. Les vacances de Noël, la neige, les guerres de balles de neige, les expressions utilisées… tout ceci nous ramène au Québec et au monde des enfants. Mais le film touche également les adultes et transcende les frontières. Les rivalités entre enfants, les batailles organisées pendant les vacances, les petites histoires d’amour… tout ceci nous rappelle des souvenirs, peu importe notre âge ou notre lieu de résidence.

En 1984, j’étais déjà une jeune adolescente, mais je me rappelle vivement du film. J’avais même une amie qui faisait une brève apparition dans le film ! En effet, elle chantait dans la chorale. Ma sœur était plus jeune et elle en a également un souvenir impérissable. Les Contes pour tous avaient pour but d’offrir un conte pour enfant qui donnerait une certaine morale, mais qui n’était jamais trop poussée. Dans le premier film de la série, on parle des rivalités entre enfants, des conflits, des premières attirances et surtout de la guerre. Et on parle de la mort à la guerre. On offre une vision honnête et réaliste de cette guerre entre enfants qui commence comme un jeu pour obtenir un butin mais qui devient peu à peu plus qu’un simple jeu.

La Guerre des tuques n’est pas un chef d’œuvre cinématographique dans le sens que les images sont simples, mais c’est un chef d’œuvre du cinéma. Les acteurs sont naturels et très bien dirigés. Le portrait offert des enfants est réaliste de l’époque et des lieux.  

On nous présente des enfants qui agissent en enfants… ils font des erreurs, ils se chamaillent, se fâchent, rient et pleurent. Le film est simple et honnête. Peut-être manque-t-il d’effets spéciaux et de rebondissements pour les enfants d’aujourd’hui… mais je connais des gens qui ont montré à leurs enfants le film et ceux-ci ont beaucoup aimé… et ont été attristés à la fin. Mais le film est aussi une comédie et offre de nombreuses occasions de rire.

Je viens de regarder quelques extraits et j’ai encore des pincements au cœur à la fin ;) Et comment ne pas souligner la justesse de certains extraits, notamment sur la guerre et sur l’honneur… Évidemment, certaines citations sont des classiques et je n’ai qu’à dire « Daniel Blanchette de Victoriaville » à mes amis pour que tous rient… Et qui ne peut trouver touchante la scène « romantique » entre Luc et Sophie : « T’as de la neige là… T’as un trou dans ta mitaine » suivi du petit bec… ;)

Citations:

« La guerre, la guerre, c'est pas une raison pour se faire mal »

« Des flancs, des flancs. Kessé ca des flancs
Pas capab' parler comme tout le monde luiiiii »

« Marche ca déniaise »

« - Pourquoi Luc y nous donne pas des bonbons à nous autres?
- Nous autres on se bat pour l'honneur.
- J'aime mieux les bonbons. »

« Y fait dire qu'il est mort... - Il est pris dans un piège à renard à ours »

« OUACH ! ! Ma belle veste neuve ! ! -ÇA VA PAS »

Sources:

15 juin 2007

Le Survenant (Lecture obligatoire)

survenant44C'est la première chose qui vient à l'esprit de bien des gens... et je m'inclus dans ces gens. Depuis quelques années certaines personnes pourraient peut-être penser au film. La version de 1995, évidemment, pas la version de 1957.

J’ai dû lire trois fois le Survenant. Et je l’ai lu 5 fois en tout. Donc, trois lectures obligatoires et deux lectures pour le plaisir.

Et je dois avouer que ma première lecture… hum hum… mes deux premières lectures du roman de Guèvremont furent ardues. 

Secondaire 4, 15 ans, première lecture du Survenant. Roman de la terre écrit avec un langage disons-le légèrement archaïque à mes oreilles. Malgré le fait que j’adorais lire, je dois avouer que la lecture « obligatoire » du roman fut difficile. Je l’ai lu rapidement, en biais et je n’ai absolument rien apprécié, ni compris. Je n’ai retenu que le langage de mes « aïeux » et quelques souvenirs de ma grand-mère : les « veillées », les « contes » et autres coutumes. Mais je n’ai pas réellement lu le roman.

Première année de Cégep, 17 ans et des poussières… autre lecture obligatoire du Survenant. J’étais alors dans le programme de Lettres, mais le cours qui obligeait la lecture du livre était un cours obligatoire pour tous, le cours de français intitulé : Littérature québécoise. Le roman étant un incontournable, il fait partie de la plupart des cursus des cours de littérature québécoise. Encore aujourd’hui… même si certains professeurs sortent des sentiers battus.

Toujours est-il que cette seconde lecture fut à peine plus intéressante. Disons tout de même que je l’ai lu complètement et non en biais, et que je l’ai trouvé légèrement plus intéressant. Quelques personnages m’apparurent plus intrigants et intéressants, mais sans plus.

Et puis ce fut l’analyse en classe. La discussion de groupe. Et puis certaines choses s’éclaircirent, quelques passages se distinguèrent. Et je l’ai relu. Pour moi… pour le comprendre mieux. Et cette troisième lecture non-obligatoire fut agréable. J’ai commencé à lire le livre d’une façon différente. À lire l’histoire, à voir les symboles, à comprendre la poésie des mots utilisés.

Première année d’Études françaises à l’Université de Montréal, 19 ans, ce fameux cours d’une année où il y a 80 livres à lire –sans compter les livres des autres cours-. Dans cette liste de 80 livres, certains étaient obligatoires et communs à tous, d’autres libres. Parmi les livres obligatoires… Le Survenant. Mais cette fois j’étais contente. J’ai donc relu le livre. Et en plus cette fois, j’avais eu des cours d’histoire de mon coin de pays… et j’avais une meilleure idée de contexte social, historique, culturel…

Cette lecture fut particulièrement incroyable… non seulement, je lisais le livre en comprenant finalement l’époque, les symboles, les thèmes… mais maintenant, je pouvais me perdre dans l’histoire… essayer de comprendre le Survenant, ayant de la compassion pour le père Didace et également pour son fils et sa femme… sourire devant les gestes et pensées d’Angélina et le Survenant…

Et puis, il y a quelques mois, j’ai relu le livre… encore une fois, pour moi… bien sûr le nouveau film – pas mauvaise adaptation, il faut le dire – m’a donné envie de relire les mots.

Et je le dis et je le répète c’est un chef d’œuvre… un point marquant dans l’histoire littéraire du Québec mais aussi une histoire touchante, un cri pour la liberté… même si une partie de moi aurait bien voulu que le Survenant reste avec sa « belle brune »…

Et cette lecture obligatoire devient obligatoire car on se doit de lire ce livre… pour son histoire, pour son importante littéraire, pour sa représentation d’une époque de l’histoire québécoise… parce que telle une étoile, le Survenant passe dans notre vie pour ressortir sans avis mais en ayant complètement changé notre perception…

Mais bon… je comprends la difficulté de lire le livre… ma cousine de 16 ans ne l’a pas trouvé bien intéressant… peut-être plus tard…

- Commentaires sur l'auteur
- Le Survenant (suite 1) - Résumé et oeuvre
- Le Survenant (suite 2) - Commentaires personnels
 

29 mai 2007

Le Survenant (Suite 2)

Le Survenant / Germaine Guèvremont; chronologie, bibliographie et jugements critiques d’Aurélien Boivin. – Montréal : Fides ; Bibliothèque québécoise, 1986. – 233 p. ; 17 cm. – ISBN 2-7621-0839-X

Commentaires personnels :

L’histoire du roman de Germaine Guèvremont peut sembler simple, voire banale. Un homme – un itinérant – cogne à la porte d’une maison à la campagne pour demander un repas. Le père de la famille, non seulement l’invite à les joindre à leur table, mais lui offre le logis en échange de son travail. Cet homme qui survient à l’improviste dans cette famille, va former des liens avec celle-ci et avec les habitants du village. Il transformera leur vie. Puis il part comme il était venu, à l’improviste.

Le roman s’inscrit également dans ce qui est convenu d’appeler « roman de la terre », bien qu’il soit un des derniers représentants du genre. Il présente en effet, les principaux aspects que l’on peut retrouver dans ce genre de roman : la vie rurale ainsi que les traditions, les valeurs et les habitudes des gens vivant de la terre àSurvenant1 cette époque. On nous présente les différentes tâches rurales quotidiennes et annuelles, puisque nous passons une année entière, un cycle complet, sur la ferme des Beauchemin avec le Survenant. Le roman s’inscrit donc parfaitement dans le genre « terroir » par sa peinture de la vie, « de l’âme » paysanne.

On nous présente également l’opposition entre la vie rurale, sédentaire et traditionnelle et la vie nomade, libre, sans attaches et souvent représentée comme n’ayant pas de morale. La « bonne » vie et la « mauvaise » vie. On oppose aussi les gens vivant à la campagne et dans les villages avec les gens sans attaches, les coureurs des bois, mais aussi les gens vivant à la ville.

Les personnages représentent en général assez bien ces archétypes. Les habitants du Chenal-du-Moine sont sédentaires, ancrés dans la tradition et respectueux des valeurs familiales et religieuses. Ils sont attachés à la vie rurale, simple et fruste. Ils préconisent avant trois valeurs qui sont pour eux fondamentales et qui devraient être universelles : la famille, la religion et la terre.  

Le Survenant, quant à lui, représente l’opposé. Un personnage libre, sans attache, sans famille, sans passé, incertain du futur. Il est fort, bagarreur, aime « bien » vivre, boire et fêter. Il représente la vie errante, l’aventure, les terres et la vie inconnues. Il représente également un ancien style de vie qui rappelle aux habitants sédentaires du village, la vie de leurs ancêtres qui sont venus de loin pour coloniser les terres du Québec.

Mais l’auteur va au-delà de ces archétypes. Elle donne plusieurs dimensions à ses personnages et c’est ce qui fait démarquer son roman du style en général et de d’autres romans du genre.

Les membres de la famille Beauchemin présentent plusieurs aspects contradictoires. Le père Didace sympathise immédiatement avec le Survenant et le considère comme un fils adoptif – en remplacement de son propre fils qui le déçoit. Le Survenant permettra au père de réaliser certains rêves, ainsi que de voir une figure de fils qui lui manque. Il lui procure également l’occasion de finalement fuir – symboliquement et ensuite physiquement - un peu cette famille qui le déçoit ainsi que sa vie qu’il considère terne (alors qu’avant il l’a considérait comme naturelle et remplie de valeurs traditionnelles et importantes). Sa famille est en crise et il le sait.

Le fils Beauchemin et sa femme ne voient pas du même œil la présence du Survenant dans leur maison. Ils sont jaloux, se sentent menacés par cette présence. Mais cette présence les pousse également à exprimer leur véritable nature, leurs désirs et espoirs.

Bien que plusieurs des habitants et voisins sont réticents à la présence du Survenant, ils l’acceptent tout de même pour un temps. Ils viennent le voir, écoutent ses histoires, boivent avec lui, … Le Survenant, bien qu’il amène une rupture dans leur vie traditionnelle, apporte également une pause dans leur vie routinière, tranquille, sûre, mais également lente, répétitive et ennuyante. Cette rupture est à la fois mal vue et souhaitée.

Le Survenant, bien qu’ayant tous les traits typiques du personnage du coureur des bois, du « grand-dieu-des-routes ». Mais il est également un sage qui apporte souvent les bons mots aux bons moments. Malgré ses extérieurs rudes et frustres, il sait se montrer doux et tendre. Il a une personnalité magnétique qui semble attirer les gens à lui, même s’il bouleverse la vie de ceux qu’il croise.

On peut facilement voir dans ce personnage qui arrive, transforme la vie des gens qu’il rencontre, et quitte ensuite sans bruit, une figure de sauveur, presque messianique. Il passe rapidement, le temps d’un cycle annuel, telle une étoile qui guide le chemin. Et son passage va changer la vie de la famille Beauchemin, de l’infirme Angélina et des habitants du village. Il les confronte à eux-mêmes, à leur vie, au choix qu’ils ont fait et aux choix qu’ils doivent faire. Après son départ, les gens ne seront plus les mêmes. Le père Didace prévoit un nouveau mariage, Alphonsine attend finalement un enfant, tous des symboles de renouveau, de recommencement. De plus, certains personnages, comme Amable et Angélina sont plus sûr d’eux-mêmes.

Ce qui rend le roman intéressant et le démarque des autres romans de la terre sont principalement ses personnages uniques ainsi que l’écriture simple mais poétique. On se sent vivre aux côtés des habitants du Chenal-du-Moine, on apprend à les connaître et à les comprendre. Et on veut suivre le Survenant.

Le Survenant est devenu une figure mythique – non seulement dans le roman – mais dans la littérature québécoise. Et ce surtout par cette nouvelle fin que l’auteur a livré quelques mois avant la fin de sa vie. Le personnage demeure maintenant un mystère. Contrairement à la première version du roman, le personnage quitte les Beauchemin et le Chenal-du-Moine sans qu’on ne sache rien de lui que ce qu’il a nous a laissé entrevoir lors de son passage. Son importance demeure d’avoir transformé les vies de ceux qu’il a croisé…

- Commentaires sur l'auteur
- Le Survenant (suite 1) - Résumé et oeuvre
- Le Survenant (Lecture obligatoire) – Réflexion personnelle

Extraits :

« Angélina approchait. Venant l’aperçut.

- Aïe, la Noire ! Veux-tu me servir pour l’amour de la vie ? Je me meurs de faim.

Ce premier tutoiement la remua toute. La voix un peu tremblante, elle dit :

- Si vous voulez ôter votre étoile de sur la table, je vous apporte une assiette enfaîtée.

- Mon étoile ?

- Oui, votre grande main en étoile… 

Il vit sa main dont les doigts écartés étoilaient en effet la nappe. Il éclata de rire. Mais quand il se retourna pour regarder l’infirme, celle-ci avait disparu parmi les femmes autour du poêle. »

Sources :

http://felix.cyberscol.qc.ca/LQ/auteurG/guevre_g/surve_gg.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Survenant_(roman)
http://www.germaineguevremont.ca/
http://www.geocities.com/comunitatea_romina/gheorghemircea_survenant.htm
http://www.fabula.org/actualites/article17040.php
http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/evenements/816.html
http://jydupuis.apinc.org/dotclear/index.php/2005/05/28/78-le-survenant-de-germaine-guevremont


 


28 mai 2007

Le Survenant (Suite 1)

Le Survenant / Germaine Guèvremont; chronologie, bibliographie et jugements critiques d’Aurélien Boivin. – Montréal : Fides ; Bibliothèque québécoise, 1986. – 233 p. ; 17 cm. – ISBN 2-7621-0839-X

survenantRésumé :
Un soir d’automne, pendant le repas, un inconnu frappe à la porte de la famille Beauchemin vivant dans un village québécois nommé Chenal du Moine, tout près de la ville de Sorel. L’inconnu demande à manger et le père de famille Didace Beauchemin, l’invite à joindre sa famille à table. L’étranger, dont on ne connaîtra jamais le nom et que l’on appelle tout simplement, « le Survenant » ou encore « Venant » s’installe donc chez les Beauchemin pour y travailler dans les champs et sur la ferme. La famille, composée du père d’une cinquantaine d’année, veuf, de son fils Amable et de sa bru Alphonsine, accueille cet homme d’environ 30 ans, dans leur logis.

Le Survenant est un homme fort, travaillant, adroit et solide, mais aussi insouciant, beau parleur et légèrement bagarreur et buveur. L’étranger plait immédiatement à Didace mais son fils et sa femme le voit comme un intrus dans leur famille. Il prend peu à peu part à la vie de la famille Beauchemin mais également des voisins et les gens du village. Il se liera particulièrement avec Angélina Desmarais, une « vieille fille » malgré son âge, à cause d’une légère infirmité, qui habite avec son père.

L’étranger, qu’on considère et appelle parfois « Grand-Dieu-des-Routes » transformera la vie des habitants du Chenal du Moine, en particulier la vie des Beauchemin et d’Angelina, qui s’épanouira enfin. Il devient rapidement une personne importante dans la vie de Didace et Angelina. Mais il cause aussi bien des jalousies et commérages. Il représente à la fois la liberté des grands chemins mais également une menace à la vie sédentaire des gens du village.

Le Survenant travaillera pour les Beauchemin pendant une année entière. Il participera à la vie des Beauchemin mais également à celles des gens du village. Participant aux soirées, contant des histoires de ces jours sur la route, buvant avec les hommes, « flirtant » avec les femmes. Le Survenant semble s’adapter petit à petit à la vie sédentaire. Mais bientôt il doit choisir, rester avec le père Didace qui le traite comme son fils adoptif et avec Angélina qui est amoureuse de lui, ou bien répondre à son besoin de liberté et reprendre la route.

Il quittera le Chenal du Moine un autre soir d’automne, à l’improviste, sans avertir, sans dire adieu. Son départ laisse certains tristes, d’autres contents, mais personne indifférent. Il a transformé les gens qu’il a rencontrés.

L’œuvre :

L’édition lue et étudiée dans ce billet est celle de 1968. L’auteur qui avait d’abord publié « Le Survenant » en 1945 avait remis, en 1968, quelques mois avant sa mort, à son éditeur une copie de l’édition de 1966 avec des corrections.

Germaine Guèvremont avait apporté quelques corrections mineures à son texte, principalement de nature linguistique ou stylistique. La trame reste la même, aucun ajout ou retrait de passages. La principale correction est une modification du dénouement. Dans le roman paru en 1945, la fin dévoile un peu l’identité du Survenant et nous donne des éléments de sa vie ancienne. L’auteur décide de changer sa fin et de laisser l’identité du Survenant, un mystère. Le Survenant demeure ainsi un mystère, un personnage mythique.

Ce changement ajoute à l’aspect légendaire, presque irréel du passage du Survenant dans la vie des habitants du Chenal le Moine. Le personnage devient plus grand que nature. C’est un changement d’importance et qui a beaucoup apporté, selon nombres de critiques, à l’œuvre de Guèvremont.

« Le Survenant »  est un pilier de ce qu’on appelle le « roman de la terre » canadien-français. Il marque cependant la fin d’un genre qui est né au 19e siècle. Le roman de la terre « québécois » exalte les bienfaits de la terre par laquelle passe le salut de l’âme. Plusieurs de ces romans, « diabolisent » le coureur des bois, le nomade et les villes. Le roman de Guèvremont reprend les mêmes thèmes, mais les différences sont moins claires. On met encore une fois en évidence l’opposition entre la vie sédentaire et la vie nomade. Mais on voit moins clairement l’opposition bien/mal entre ces deux types de vies. Le roman ne prend pas clairement position et se fait beaucoup moins moralisateur que la plupart des romans de ce genre. Il présente encore un portrait de la vie rurale mais les personnages sont plus complexes et conflictuels.

Le roman québécois changera après la guerre et le roman de la terre s’éteint peu à peu. « Le Survenant » est souvent considéré comme le dernier roman du genre. La guerre, l’industrialisation, la ville, puis la révolution tranquille va transformer les thématiques des romans québécois. Avec la vie en campagne qui décline, les valeurs religieuses et culturelles du genre disparaissent de la littérature de l’époque.

Autant dans le roman, il y a un « avant » et un « après » le Survenant pour les autres personnages, autant il y a un « avant » et un « après » Le Survenant dans le paysage de la littérature québécoise.

Le succès du roman fut immédiat. Les critiques de l’époque sont élogieuses pour ce roman de la terre, écrit par une femme de surcroît. L’histoire est simple et n’est pas en soit original. Mais l’écriture simple et poétique de l’auteur, les descriptions ainsi que la finesse de la psychologie des personnages contribuent à en faire un grand roman.

Roman de la terre, roman régionaliste, «Le Survenant » est surtout un roman de liberté. Adapté à la radio et à la télévision, le roman fut à nouveau adapté pour le cinéma en 2005.

Sources
:

http://felix.cyberscol.qc.ca/LQ/auteurG/guevre_g/surve_gg.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Survenant_(roman)
http://www.germaineguevremont.ca/
http://www.geocities.com/comunitatea_romina/gheorghemircea_survenant.htm
http://www.fabula.org/actualites/article17040.php
http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/evenements/816.html
http://www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=F1ARTF0005839

** Commentaires et réflexions personnelles à suivre...

 

- Commentaires sur l'auteur 
- Le Survenant (suite 2) - Commentaires personnels
- Le Survenant (Lecture obligatoire) – Réflexion personnelle

21 mai 2007

Le Survenant

Le Survenant / Germaine Guèvremont; chronologie, bibliographie et jugements critiques d’Aurélien Boivin. – Montréal : Fides ; Bibliothèque québécoise, 1986. – 233 p. ; 17 cm. – ISBN 2-7621-0839-X


Quatrième de couverture : 

- Vous autres, vous savez pas ce que c’est d’aimer à voir du pays, de se lever avec le jour, un beau matin, pour filer fin seul, le pas léger, le cœur allège, tout son avoir sur le dos. Non! Vous aimez mieux piétonner toujours à la même place, pliés en deux sur vos terres de petite grandeur, plates et cordées comme des mouchoirs de poche.

L'auteur :

Germaine Grignon est née à Saint-Jérôme (au Québec) en 1893. Son père qui était avocat et sa mère qui s’adonnait à la peinture étaient tout deux des rêveurs et aimaient la littérature. Sa mère était une parente du fameux curé Labelle qui est renommé pour son implication dans le développement de la colonisation du pays.Germaine Germaine Grignon est également la cousine de l’auteur Claude-Henri Grignon qui a écrit entre autre le très connu roman : « Un homme et son péché ».

On lui fit faire des études chez les sœurs de Sainte-Croix à Sainte-Scholastique, ville de son enfance, puis chez les sœurs de Sainte-Anne à Saint-Jérôme et à Lachine. Son éducation fut complétée par des cours de piano et d’anglais à Toronto.

Elle occupa un poste au palais de justice de Saint-Scholastique puis à Sorel, pendant quelques années. Lors d’un voyage à Ottawa, elle rencontra Hyacinthe Guèvremont et ils se marièrent en 1916. Le couple vivra d’abord à Ottawa. Quatre ans plus tard, ils s’installent à Sorel qui est la ville natale de son mari. Ils auront cinq enfants.

En 1926, après la mort d’une de ses filles à l’âge de trois ans, Germaine Guèvremont décide d’écrire et devint tout d’abord journaliste pour le journal montréalais The Gazette. Elle écrira également pour le Courrier de Sorel. Lorsqu’elle s’installe à Montréal en 1935, elle interrompt brièvement sa carrière journalistique pour la reprendre en 1938, alors qu’elle écrit pour la revue Paysanna divers articles sur la culture. Elle y publie également des contes et des romans feuilletons.

Elle collaborera à la rédaction de la série des « Belles histoires des Pays d’en haut » avec son cousin Claude-Henri Grignon. Elle écrira également, en 1939, une pièce de théâtre « Une grosse nouvelle » ainsi qu’un roman-feuilleton intitulé « Tu sera journaliste » et qui est à caractère autobiographique. Dans beaucoup de ses œuvres et notamment dans ses contes, on peut retrouver comme sujets principaux la vie au Chenal du Moine ainsi que la famille Beauchemin.

À partir de 1940 jusqu’en 1942, elle écrit pour la revue L’Oeil, un billet mensuel. Elle utilise alors un pseudonyme « La femme du postillon ». C’est en 1942 qu’elle publiera un recueil de ses meilleurs contes intitulé « En pleine terre ».

Elle publie son œuvre principale et la plus célèbre « Le Survenant » en 1945. Ce roman qu’elle prend deux ans à écrire reprend l’univers de ses contes et elle y introduit de nouveaux éléments dont les célèbres personnages du Survenant et d’Angélina. Le livre est immédiatement reconnu comme une œuvre importante de la littérature canadienne-française (« québécoise »). Il recevra d’ailleurs les prix Duvernay (prix de la Société Jean-Baptiste) en 1945 et David en 1946. Il recevra également le prix Sully-Olivier de Serres en 1946 en France (prix de l’Académie francaise).

Ce succès est immédiatement suivi de la publication en 1947, d’un autre roman, qu’elle intitule « Marie-Didace ». Ce dernier qui est une suite du Survenant connaît également un vif succès. La même année elle reçoit la médaille de l’Académie canadienne-française qui est lui est décernée pour l’ensemble de son œuvre. Elle avait prévu une suite à ses deux romans. Ce roman, qui devait s’intituler « Le plomb dans l’aile »  restera une ébauche.

Elle sera élue membre, en 1949, à cette même Académie – aujourd’hui nommée l’Académie des lettres du Québec. Les deux romans seront traduits et publiés à New York et Londres en 1950. La traduction du Survenant, intitulé « The Outlander » obtiendra le prix du Gouverneur Général au Canada.

Germaine Guèvremont  adaptera ensuite ces œuvres, tout d’abord pour la radio sous le titre « Chenal du Moine » (radioroman) et ensuite pour la télévision (téléroman). Ces deux œuvres seront diffusées avec succès jusqu’au début des années 60.

La Société royale du Canada l’invitera à devenir membre en 1961. L’année qui suivit elle participe au Nouveau Journal. Elle recevra aussi de l’Université Laval à Québec et de l’Université d’Ottawa des doctorats « honoris causa ». Elle publie dans le journal Le Devoir et le magazine Châtelaine, certains passages d’un recueil de souvenirs qu’elle est en train de rédiger et qui doit s’intitulée « Le Premier Miel ». Ce recueil demeurera inachevé puisqu’elle décède en 1968 à Terrebonne au Québec.

Bibliographie :

Tu seras journaliste (1939) – Roman sous forme d’un feuilleton
En pleine terre. Paysanneries. Trois contes (1942) - Contes
Le Survenant (1945) – Roman
Marie-Didace (1947) – Roman

 Sources :

http://felix.cyberscol.qc.ca/LQ/auteurG/guevre_g/surve_gg.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Survenant_(roman)
http://www.germaineguevremont.ca/
http://www.geocities.com/comunitatea_romina/gheorghemircea_survenant.htm
http://www.fabula.org/actualites/article17040.php
http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/evenements/816.html
http://jydupuis.apinc.org/dotclear/index.php/2005/05/28/78-le-survenant-de-germaine-guevremont


Commentaires à suivre...

 

- Le Survenant (suite 1) - Résumé et oeuvre
- Le Survenant (suite 2) - Commentaires personnels
- Le Survenant (Lecture obligatoire) – Réflexion personnelle

 

6 mars 2007

Sept jours du talion, Les (Suite)

Commentaires personnels :

Un roman noir, entre le thriller psychologique et l’horreur, qui nous offre une histoire d’une intensité remarquable. En général ce roman de Patrick Senécal a été bien reçu par la critique et par le public. Le roman diffère des autres romans de l’auteur par le fait que le fantastique n’a pas – ou peu – de place dans le récit. Ce qui n’empêche pas l’auteur de décrire des scènes parfois insoutenables – à la limite de l’horreur.

7_joursOn peut facilement déduire du texte que le thème principal est la légitimité de la vengeance – plus que la vengeance elle-même. On analyse notre rapport à la vengeance – ce qu’on serait prêt à faire, ce qu’on permettrait de faire, au  nom de la vengeance.

On peut lire deux histoires : le récit d’un père qui enlève l’agresseur et assassin de sa fillette pour le punir justement – car il ne croit pas que la justice pourra le punir à la mesure du crime que ce « monstre » a commis ;  et le récit de l’enquête policière qui tente de les retrouver – pour amener le criminel devant la justice « légale » et pour empêcher ce père de devenir lui-même un criminel et un assassin. Pour l’empêcher de devenir peut-être lui-même un monstre.

Les scènes sanglantes parsèment ce roman – le personnage principal (le père) étant un chirurgien, les tortures infligées au « prisonnier » sont très bien décrites, très visuelles et très réalistes… on sent la souffrance de l’homme – autant celle de la victime que celle du bourreau, même si nous ne sommes pas toujours certains de qui joue quel rôle.

Il a peut-être un peu trop de détails, et j’ai trouvé que parfois les scènes moins développées en disaient plus et avaient plus d’impacts que celles très détaillées. Le roman est cependant très habilement mené, et on explore toutes les facettes de la vengeance – autant la délivrance qu’elle peut apporter que la souffrance qu’elle n’efface pas. Mais contrairement à quelques critiques, je ne crois pas qu’on parle ici de « haine ». Le père ne considère pas son prisonnier comme un humain, il le considère comme un monstre, une bête… il veut lui faire subir la douleur et l’horreur que sa fillette a ressenti. La vengeance n’implique pas la haine. Et après avoir terminé son acte de vengeance – qui durera 7 jours et qui se terminera par la mise à mort de ce monstre -  il a l’intention de se livre à la justice. Car il sait qu’il devra payer pour avoir torturer et tuer – même s’il ne considère pas cet « homme » comme un humain. Il est conscient de devoir suivre les « règles » établies. Ce détail rend son acte encore plus froid.

L’écriture est efficace, le rythme rapide –tout en sachant ralentir - et on nous fait vivre les émotions intensément, avant même que les événements ne se réalisent. Plusieurs scènes en huis clos, où on ressent presque l’intimité entre la victime et son bourreau – tout en ne cessant jamais de ce questionner sur les rôles de chacun. Plusieurs scènes de dialogues – sans nécessairement beaucoup « d’actions ».

On se questionne sur cette torture, sur la vengeance et sur l’identité du « monstre ». Le roman nous présente d’ailleurs l’opinion publique face à cet acte… les gens prennent positions, appuient ou condamnent le père. L’éthique, la morale, ou la vengeance ? Doit-on, peut-on, se faire justice soi-même ? Et comment peut-on vivre avec la décision ? Peu importe cette décision…

Certaines personnes ont de toute évidence critiqué les scènes très – trop – bien décrites, la trop grande quantité de détails, de sang, etc. Et il peu parfois être difficile de croire aux personnages. On a parfois l’impression que l’auteur en « met trop », qu’on a compris, qu’il n’est pas nécessaire d’en faire plus. Et même s’il est vrai que parfois, j’avais tendance à dire « ok, ça va, j’ai compris » et que l’aspect psychologique aurait pu être plus développé, je crois que l’intensité des scènes avaient leurs places dans la trame, lorsqu’on les prend dans leur ensemble et non, une à une. La violence et l’horreur servent à mener le lecteur vers le dénouement que plusieurs ont trouvé banal, mais qui selon moi, était évident et simple mais intense.  Il est surtout conséquent et crédible.

Certains peuvent avoir eu de la difficulté à comprendre les personnages ou à s’identifier à eux. Je croix cependant qu’ils sont très crédibles et très réalistes. On peut facile comprendre comment quelqu’un de pacifiste, ordinaire, peut perdre son « bon sens », sa morale, devant un acte aussi horrible commis sur une enfant – son enfant. Reste à voir, s’il peut aller au bout ! Le texte joue sur la capacité du lecteur à se mettre dans la peau des personnages – à la fois du tueur et du père -  et sur les sentiments que l’on aura pour ceux-ci. Identification et sentiment.

Quelques passages un peu hors contexte, selon moi, mais qui ne troublent pas trop le récit ; et qu’une analyse plus poussée permettrait sûrement de remettre en perspective.

Le roman nous fait réfléchir sur nos opinions personnelles – vengeance, peine de mort, torture, etc – et comment ces opinions peuvent être confrontées à la réalité. Notre morale, nos principes peuvent-ils être confrontés à l’horreur ?

Premier article: Sept jours du talion, Les

Sources :

 

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Quelques pages d'un autre livre ouvert...
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