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30 décembre 2010

Chanson de Noël : Vive le vent

Et les chansons de Noël ont retrouvé le chemin de ma maison encore une fois cette année. Et même de la voiture. Comme chaque année, j'ai sorti mon "album de Noël"... toujours plus de chansons viennent faire partie de ma liste... Mais bien sûr, les chansons traditionnelles font parties de ma liste et pour la plupart ce sont des chants que je connais depuis mon enfance:
"Au Royaume du Bonhomme Hiver", "Promenade en traîneau", "Mon beau sapin", "Il est né le divin enfant"... et ainsi de suite !

Évidemment, j'ai d'abord connu les chansons en français, puis certaines en anglais. J'ai ensuite connu les deux versions... Le Petit Rennes au Nez rouge et Rudolf the Rednose Reindear... J'ai Vu Maman Embrasser Le Père Noël et "I saw Mommy kissing Santa Claus"... Parfois les paroles sont sensiblement les mêmes, parfois fort différentes...

DSC_9885Une chanson que j'aime beaucoup est "Vive le Vent". J'ai d'abord connu la version en français... Vive le vent, vive le vent, vive le vent d'hiver ! Une chanson que l'on apprenait à l'école et qui résumait bien l'hiver et le Temps des fêtes de mon enfance...

Vive le temps, vive le temps
Vive le temps d'hiver
Boule de neige et jour de l'an
Et bonne année grand-mère...

C'était festif, joyeux, entraînant... et encore aujourd'hui, cette chanson me rappelle les journées trop courtes à jouer dans la neige et les nuits scintillantes des repas et des veillées du Temps des Fêtes.

Quelques années plus tard, j'ai bien sûr entendu le Jingle Bells... j'imagine que c'est probablement dans les magasins... J'ai bien sûr réalisé que c'était le même air, mais je ne comprenais pas vraiment les mots. Et puis j'ai enfin appris l'anglais, et j'ai réalisé que les paroles étaient en fait, assez différente. Qu'importe, les deux versions sont belles et entraînantes... et font partie de mon disque de Noël !
DSC_9903
Mais je suis curieuse... quelle version est la première ? Alors, vous me connaissez... j'ai cherché, fait mes recherches booléennes et voici...

Et bien, c'est  James Lord Pierpont, un ministre, compositeur et organiste américain qui composa cette chanson en 1857. Il composa supposément sa chanson dans une taverne de Medford dans le Massachussetts. L'édifice porte encore une plaque disant que la chanson fut composée à cet endroit. Le titre original était "The One Horse Open Sleigh" et l'auteur se serait inspiré des courses de traîneaux en vogue à l'époque. Il modifia cependant le titre quelques années plus tard, en 1959, pour Jingle Bells. Le titre invitant les gens à faire tinter les cloches joyeusement en se promenant en traîneau.

Le premier enregistrement de la chanson date de 1898. Elle fut enregistrée par le Edison Male Quartet sur un cylindre phonographique.

Fait cocasse, la chanson fut tout d'abord composée pour l'Action de Grâce américaine, la Thanksgiving. Mais elle était si populaire qu'on la chantait aussi à Noël et elle est devenue rapidement un cantique des Fêtes.

Bing Crosby, The Andrew Sisters, Ella Fitzgerald, Elvis Presley, nombreux sont les artistes qui ont chanté Jingle Bells. Elle fut adaptée en français en 1948 par Francis Blanche. Titrée "Vive le Vent", elle fut interprétée par de nombreux artistes, Dalida, Mireille Mathieu, Ginette Reno, etc. Les paroles ont été changées pour la version française, mais l'esprit joyeux et la musicalité des cloches de Noël ont été gardé.

À lire:

Jingle Bells

Dashing through the snow
In a one horse open sleigh
O'er the fields we go
Laughing all the way
Bells on bob tails ring
Making spirits bright
What fun it is to laugh and sing
A sleighing song tonight

Oh, jingle bells, jingle bells
Jingle all the way
Oh, what fun it is to ride
In a one horse open sleigh
Jingle bells, jingle bells
Jingle all the way
Oh, what fun it is to ride
In a one horse open sleigh

A day or two ago
I thought I'd take a ride
And soon Miss Fanny Bright
Was seated by my side
The horse was lean and lank
Misfortune seemed his lot
We got into a drifted bank
And then we got upsot

Oh, jingle bells, jingle bells
Jingle all the way
Oh, what fun it is to ride
In a one horse open sleigh
Jingle bells, jingle bells
Jingle all the way
Oh, what fun it is to ride
In a one horse open sleigh yeah

Jingle bells, jingle bells
Jingle all the way
Oh, what fun it is to ride
In a one horse open sleigh
Jingle bells, jingle bells
Jingle all the way
Oh, what fun it is to ride
In a one horse open sleigh


Vive le vent


Sur le long chemin
Tout blanc de neige blanche
Un vieux monsieur s'avance
Avec sa canne dans la main
Et tout là-haut le vent
Qui siffle dans les branches
Lui souffle la romance
Qu'il chantait petit enfant :

Refrain:
Vive le vent, vive le vent
Vive le vent d'hiver
Qui s'en va sifflant, soufflant
Dans les grands sapins verts...
Oh ! Vive le temps, vive le temps
Vive le temps d'hiver
Boule de neige et jour de l'an
Et bonne année grand-mère...
Joyeux, joyeux Noël
Aux mille bougies
Quand chantent vers le ciel
Les cloches de la nuit,
Oh ! Vive le vent, vive le vent
Vive le vent d'hiver
Qui rapporte aux vieux enfants
Leurs souvenirs d'hier...

Et le vieux monsieur
Descend vers le village,
C'est l'heure où tout est sage
Et l'ombre danse au coin du feu
Mais dans chaque maison
Il flotte un air de fête
Partout la table est prête
Et l'on entend la même chanson :
(Refrain)

Boule de neige et jour de l'an
Et bonne année grand-mère !
Vive le vent d'hiver !

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11 novembre 2013

Abbaye de Valmagne - Réflexions

Val1Il y a de ces endroits qui nous volent une partie de notre coeur. Le château de Quéribus est un de ces endroits. Et l'Abbaye de Valmagne en est un autre. J'ai ainsi un morceau de mon coeur dans divers pays. Mais les lieux qui m'ont vraiment troublée, il y en a peu. Quéribus fait cependant encore partie de la liste... ainsi que Valmagne.

Ah Valmagne... Juste dire ton nom me fait soupirer. Le pire est que j'ai si peu de photos de toi de notre première rencontre. Il faut dire que la première fois que je t'ai visité j'avais mon premier appareil numérique et j'avais encore des réflexes anciens... on ne prenait vraiment pas beaucoup de photos dans ce temps-là. Et les photos intérieures... ouf, on n'en parle même pas... floues, floues, floues. Mais d'autres visites eurent lieues. Et là, je t'ai pris sous toutes tes coutures... intérieures et extérieures. Le moindre recoin de tes bâtiments, de tes jardins, fut capturé. Et donc moi aussi j'ai des morceaux de toi.

Je suis allée à Valmagne une dizaine de fois. Je l'ai visité en entier deux fois seulement. La première fois, ce fut une visite guidée incroyablement intéressante où notre guide nous a raconté Valmagne. La deuxième fois, c'était un 26 décembre, alors que nous revenions de fêter Noël chez des amis à Montpellier. Arrêt obligatoire à Valmagne. Pas de tour guidé, nous dit-on à la boutique. Mais nous pouvions tout de même aller à l'intérieur avec des informations dans un cahier et un plan. Nous étions seuls. Il faisait froid, humide. C'était inoubliable. J'adore ces visites à des dates improbables qui nous permettent de découvrir ces lieux en solitaire. valmagne2

Les autres fois nous n'avons fait que passer rapidement. L'abbaye était sur notre chemin et nous ne pouvions pas ne pas nous arrêter. Parfois un simple arrêt devant pour l'observer. Parfois, un tour rapide des jardins. Souvent - très souvent - une simple visite à la boutique pour faire le plein de bons produits et de livres. Ah la boutique... Pour moi, elle est aussi magique que l'abbaye. Remplie de tentations littéraires, culinaires et viticoles. Et les gens sont si souriants et accueillants.

C'était un arrêt obligatoire... nécessaire. Et habituel. Je m'ennuie de ne plus pouvoir dire lorsque nous sommes sur la route : "on arrête à Valmagne?". Valmagne est loin maintenant. J'y rêve parfois. Lorsque nous retournons voir mon père en Espagne, nous faisons toujours un saut en France. Et en octobre 2012, nous n'avons pas trahi notre tradition. Et un saut à plusieurs de nos endroits préférés fut fait. Valmagne fut évidemment obligatoire.

Un peu d'histoire...

Note : L’histoire de l’abbaye de Valmagne est longue et mouvementée. Je ne prétends pas ici présenter son historique complet. Les sources proposées plus bas, le font très bien. Voici juste un petit aperçu tout personnel. Cliquez ici.

Quelques sources à consulter...

2 septembre 2011

Terminée, cette lecture étrange.

TM1_copyAlors, elle est terminée cette lecture. Terminée. Plouf et soupirs... Lecture ratée ? Disons... à côté de la cible. Quelques bons passages tout de même, mais que j'aurais aimé lire dans un autre livre.

Le livre se partageait entre une pseudo-intrigue semi-policière teintée de mystère simili-société pas tout à fait secrète qui fricoterait peut-être dans un complot ancien et des retours en arrière sur la vie de vrais et faux personnages qui ont contribué aux bases des sciences de l'information : "inventeur" de la table des matières, premiers encyclopédistes et bibliographes, etc.

Alors, moi je dis, en bon espagnol, "fuera" (dehors) l'histoire du meurtre, de la société secrète et du complot... parce que "ouf" c'était pénible, fort peu crédible et complètement inutile... Et pitié sur la partie "bibliothéconomie", parce que j'ai beau savoir que les méthodes de travail sont parfois différentes entre le Québec et la France, mais là, c'était difficile à croire et certains passages m'ont vraiment attristée. Encore une fois, je me demande vraiment dans quel siècle, l'auteur a fait ses études, bon sang !!!

Je crois en faire un billet tout de même... pas pour tout détruire, mais pour ne pas perdre ma lecture.

Mais avant d'essayer de comprendre un peu plus le roman et de partager mon commentaire personnel... quelques passages qui m'ont fait si rire... (ben oui, on peut bien se faire plaisir un peu aussi ! et puis, je n'ai pas corné toutes ces pages pour rien !!!). Avertissement... les italiques et le gras seront de moi, histoire de bien souligner ce qui a fait lever mes yeux au plafond !!! Et je ne peux m'empêcher d'y aller de mes commentaires ;-)

"Cette personne avait-elle été tuée pour avoir refusé d'avouer le contenu d'un document ? Tels les médecins ou les prêtres, les bibliothécaires ou les documentalistes ont leurs règles, leurs devoirs : le secret est de mise dans la profession." p.9 (Vraiment ! Oui, on suit un code d'éthique, et oui, la protection des renseignements personnels est cruciale... mais refuser de revéler le contenu d'un document !!! c'est de la censure ça!!! page 9, c'est mal parti !!!)

"Attention, danger ! Son odeur est un piège, il sent le goût du grain de blé que l'on mâche enfant pour en faire du chewing-gum, avec un rien de cacahuètes caramélisés" p. 11 [...] Elle avait l'impression que le regard de Lucas coulait sur ses lèvres. Laurette sentait des vaguelettes de frissons un peu partout dans son cou ; elle était la proie d'un courant de rivière qui allait l'entraîner." p. 11 (Oh really, après 30 secondes de conversation ! Suis-je en train de lire un Harlequin ? Et je sais pas, moi, mais une odeur qui me rappelle mon enfance, du chewing-gum et des peanuts... ça ne m'émoustille pas, mais bon, à chacune ses fantasmes... oh et... "il SENT, le GOÛT... hummm)

" - Vous connaissez le dictionnaire de Moreri ? - Un peu, répondit Laurette, c'est un dictionnaire du XVIIe siècle où l'on trouve "les mots et les choses" traités ensemble. [...] Si je me souviens bien de mes cours à l'École des bibliothécaires, je crois que ce dictionnaire a eu beaucoup de succès et à été plusieurs fois réédité." p.103 (Et si je me souviens bien mes cours de bibliothéconomie, on ne perdait pas trop notre temps sur l'histoire des dictionnaires anciens. Oui, c'est très intéressant et on avait un peu d'histoire de la profession, mais il y a tant de choses à apprendre que les dictionnaires anciens n'étaient pas la priorité.)

"Elle était prise, lui dit-elle, d'une envie terrible de se soulager ; elle s'enfuit derrière un bosquet et il entendit le son délicieux d'un petit jet dont le bruit tenace se prolongeait, long comme un ruban d'eau courante qui sortirait d'un gros gobelet et n'en finirait pas." p.174 (sans commentaire... ou plutôt si, je vais devoir meiux écouter la prochaine fois que je vais aller aux toilettes)

"- Mademoiselle Lerbier, baissez votre voix. Combien de fois faudra-t-il vous le dire. Taisez-vous ! Les yeux de la bibliothécaire lançaient des flammes bleues comme celles d'un camping-gaz" p. 214 (Oh dear... quel cliché, il ne manque que le chignon et l'index sur les lèvres... chuttt... "flammes bleues comme celles d'un camping-car" je commence à croire que c'est fait exprès... et ça me fait trop penser "aux yeux noirs comme des poèles à frire"  dans un épisode des Flintstone!!! oui, oui, le poème que Fred avait écrit à Wilma ! )

"- Est-ce un nouveau système de classement ? - Non, plutôt un ancien : on a repris la classification Dewey d'avant Olet" p.240 (Je n'ai même pas pris la peine de mettre le reste car j'aurais dû mettre les deux pages entières qui suivent... la condescendance dans cette phrase est palpable... et pour la forme.. cet "ancien" système est encore utilisé dans des milliers de bibliothéques. La classification décimale universelle est intéressante mais loin d'être la meilleure - comme ces pages le laissent entendre. Oui, ça c'est un soupir de bibliothécaire.)

"Lucas se précipitait vers Laurette, la débâillonna, lui enleva ses liens et se pencha vers elle, le visage confiant : - J'ai eu peur ma fine mouche, tu était scotchée ! Laurette battit ses longues jambes, étira ses bras, lui attrapa la nuque et l'attira à elle pour l'embrasser." p386 (Alors là... quand je viens de frôler la mort, je ne pense qu'à battre mes longues jambes, non mais, c'est qu'il faut sauter au cou du mec, et hop, on oublie qu'on a été torturé... oui, je donne des "punchs".)

Et je passe, un nombre incalculable de pages cornées... d'autres soupirs harlequinesques, le mot archives au singulier, les métaphores à toutes les deux phrases (Philippe Mérières glissa vers elle son regard comme une étoffe soyeuse déroulée par la main experte d'un vendeur habile, p.242), les commentaires sexistes ou si clichés qu'on a de la difficulté à croire qu'ils sont sérieux, les commentaires sur les gynécologues, le vouvoiement de la dame et le tutoyement du monsieur, le sauvetage à la fin, la secte de vierges, ... enfin c'est sans fin...

Mais... voilà... il me faut en faire un billet... je veux approfondir la chose ! à venir donc ! :D

23 octobre 2011

Le moment captif d'un dimanche : sanglantoler

2011_10_30« Il y a de grandes flaques de sang sur le monde -- Où s’en va-t-il tout ce  sang répandu – Est-ce la terre qui le boit et qui se saoule -- drôle de soûlographie alors si sage… si monotone »  [Jacques Prévert]

La bouche grande ouverte. Le sang s’échappe sans retenue. Le vin, le sang, la vie. Que de poésie dans ces moments octobriens. Laisser le sang couler, ne pas le bander, ne pas guérir la blessure. Se laisser englutiner de mots.  

Les feuilles qui tombent doucement dehors m’enveloppent d’un voile rouge. Le vent qui s’amuse à les faire tournoyer dans le vide m’amène des pensées joyeusement terribles et halloweenesques. Le mois d’octobre est teinté de sang et de vie. Une vie qui s’écoule de nos veines fébriles et qui nourrit la terre gourmande, la lune assoiffée et nos esprits inquiets. Une vie qui s'égoutte tranquillement pour dormir jusqu'au printemps.

La grimace m’obsède. J’en rêve le jour, j’en cauchemarde la nuit. Je vois ce liquide écarlate se répandre à mes pieds. Je sais qu’il ne m’appartient pas. Mais que c’est aussi ma vie qui coule avidement par cette bouche étrangère.  Je fabule sur une image sanglante, j'oublie les images joyeuses et vivantes. Et ça m’amuse énormément.

« Cause it’s always got to be blood. […]  Blood is life, lack-brain. Why do you think we eat it? It's what keeps you going. Makes you warm. Makes you hard. Makes you other than dead. 'Course it's her blood." [Spike. Buffy, the Vampire Slayer]

13 novembre 2013

Abbaye de Valmagne - Un peu d'histoire...

(Note : L'histoire de l'abbaye de Valmagne est longue et mouvementée. Je ne prétends pas ici présenter son historique complet. Les sources proposées plus bas, le font très bien. Voici juste un petit aperçu tout personnel. - Voir aussi : Abbaye de Valmagne - Réflexions).

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Un peu d'histoire...

  • Nom : Abbaye Sainte-Marie de Valmagne
  • Fondation : 1138
  • Localisation : Villeveyrac  au Languedoc  (près de Mèze)
  • Congrégations : Ordre de Saint-Benoît (1138 à 1145) / Ordre cistercien (1145 à 1791)

L’abbaye est officiellement fondée en 1138. Les religieux qui la fondèrent venaient de l’abbaye Notre-Dame d’Ardorel  et suivaient la règle bénédictine. Le terrain leur fut donné par les seigneurs de Cabrières. Cette donation fut confirmée par Raymond Trencavel, Vicomte de Béziers. L’endroit était idéal à cause de la proximité d’une source et de la protection naturelle contre les vents offerte par les rochers. Le lieu était aussi près de l’ancienne Via Domitia. Le territoire était connu sous le nom de Vallis Magna ou encore Villa Magna. L’évêque d’Agde sanctionne en 1139 la donation.

L’abbaye se rattacha à l’Ordre de Saint-Benoît jusqu’en 1144 alors que le second Abbé voulut l’incorporer à l’Ordre cistercien qui était très fort à cette époque. L’abbaye fut donc rattachée à l’abbaye de Bonnevaux. Malgré certaines oppositions, l’abbaye devient cistercienne et suit une règle plus stricte fortement influencée par Saint Bernard de Clairvaux. L’architecture de Valmagne est donc aussi pensée afin de favoriser la prière et le recueillement : simplicité, dépouillement,… Ce rattachement, confirmé par le pape Adrien IV en 1159, permis également la construction de moulins, de granges, d’un jardin, d’un vignoble, …

La vie à l’abbaye exige un travail manuel. Les moines travailleront donc comme forgerons et tisserands, certains seront copistes. Les moines, qui ont fait vœu de silence, vivent cependant principalement pour la contemplation et la prière. Ce sont les frères convers, qui sont des religieux et non des moines, qui vont travailler aux champs, vignobles, etc.

Les richesses de Valmagne s’accumulent rapidement au fil des ans. On remplace en 1257, la simple église romane par une église gothique. Le cloître est aussi remplacé. Des bâtiments s’ajoutent au fur et à mesure des donations. L’abbaye de Valmagne devient rapidement très riche et puissante. Elle est également intimement liée à l’Histoire et on retrouve son nom ou celui de plusieurs de ses abbés mentionnés à plusieurs reprises.

Mais les temps d’opulence vont arriver à une fin. Les famines au début du XIVe siècle, la Guerre de Cent Ans débutant en 1337, l’effroyable épidémie de

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peste noire de 1348 vont transformer l’abbaye. Plusieurs bâtiments disparaissent, le nombre de moines et de frères diminuent et les difficultés ne font que croître. En effet, les abbés avaient toujours été élus par les moines, mais en 1477 l’abbaye fut mise en commende, c’est-à-dire que les abbés sont maintenant nommés par le Roi. Ceux-ci sont choisis au bénéfice des familles nobles de la région et beaucoup d’abus sont commis. Les guerres de religion viennent s’ajouter au tableau et Valmagne est à l’agonie. Il n’y a plus vraiment d’abbé à partir de 1571. Le dernier abbé s’étant réformé au protestantisme. En 1575, plusieurs moines et des catholiques s’étant réfugiés à l’abbaye sont massacrés par les troupes de l’abbé, l’église est saccagée. L’abbaye est abandonnée et est la cible de brigands.

Un siècle plus tard, les moines tentent de revenir à Valmagne et à reconstruire ce qu’ils pouvaient. Ils tentent de redonner sa splendeur passée à l’église mais ne peuvent tout restaurer. Ils devront par exemple, murer les fenêtres ne pouvant refaire les vitraux. Quelques familles nobles de la région contribuent à la restauration mais ce n’est que vers 1680 que Valmagne retrouve un peu de sa splendeur. En effet, le Cardinal Pierre de Bonzi administre l’abbaye et veut faire de celle-ci un palais épiscopal. La richesse revient à Valmagne et on y vit une vie aux allures royales. Les moines ne vivent plus vraiment selon la règle cistercienne.

Les travaux ont cependant ralenti car l’abbaye est fortement endettée. La Révolution française va clore cette période faste. En 1790, les quelques moines encore sur place s’enfuient. L’abbaye est envahie et détruite par les paysans. Elle devient un bien national et est vendue. Le nouveau propriétaire qui acheté le domaine principalement pour le vignoble, transforme l’église en cave à vin. L’abbaye évite ainsi la destruction complète.

À la mort du propriétaire, le domaine est encore une fois mis en vente. Il est racheté par le comte de Turenne en 1838 et appartient toujours à cette famille. De nombreuses restaurations furent entreprises par le comte puis par ces descendants. Depuis 1997, l’ensemble de l’abbaye est classé aux monuments historiques. Le vignoble fonctionne toujours et les vins qui y sont produits sont réputés. On peut visiter le domaine et de nombreux concerts ont lieu dans l’abbaye.

Quelques sources à consulter...

  • Abbaye de Valmagne. -- [Colmar : S.A.E.P, 1989]. -- 39 p. : photogr. certaines en coul. ; 25 cm. -- Comprend une bibliogr.
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4 août 2013

Moment captif d'un dimanche : céphalée migratoire

BeFunky_DSC_8164"C'est que j'ai mal à la tête ce matin -- Ce qui me cause, ce qui me cause -- C'est que j'ai mal à la tête ce matin -- Ce qui me cause bien du chagrin"

Toc toc toc !!!  Chut, silence, pas un bruit... TOC TOC TOC !!! Mais qui est là ? Qui cogne si fort sur ma tête ? Qui cherche à entrer et foutre encore plus le bordel ? Mais c'est moi, ma chérie, celle qui aime bien envahir ta tête et s'y installer confortablement. Je ne veux pas de toi, vilaine. Quand tu viens chez moi, tu prends toute la place, tu ne me laisses plus une minute pour penser. Quand tu es là, je ne comprends plus rien. Je n'ouvrirai pas la porte.

Tu n'as pas le choix ma jolie. Quand tu me sens frapper à ta porte c'est que je suis déjà là. Et je suis là pour rester. Je m'installe et tu n'as rien à dire. Tu peux bien essayer tous tes trucs, toutes tes potions magiques, toutes tes incantations, j'y suis, j'y reste.

Méchante migraine. Sournoise parasite. Je vais te combattre avec toutes les armes possibles. Les conventionnelles, les fantaisistes, les traditionnelles et les nouvelles. Tu partiras car je ne veux pas de toi.

Je partirai. Oui. Parfois, je te laisserai gagner rapidement. Parfois, je te ferai souffrir aussi longtemps que possible. Je fais à ma tête. Et c'est tout. Mais je promets de partir. Mais pour l'instant, je frappe. Je frappe un peu partout... sur les murs de ta tête, sur les parois de ton cerveau, sur les idées de ton imaginaire. Toc, toc, toc.

"La poésie est une maladie du cerveau" [Alfred de Vigny]

30 mars 2014

Le moment captif d'un dimanche : Font des flic(que), flac(que)

2014-03-30"La mer c'est dégueulasse, les poissons baisent dedans." [Renaud]

Ne sont-ils pas magnifiques, ces poissons ? J'aime beaucoup les poissons. Et tout ce qui vie dans les mers, les océans, les lacs, les rivières,... dans l'eau. J'adore aller dans les aquariums et voir tous ces différents poissons. Je les trouve fascinants. Je peux passer des heures à les observer.

Je n'ai pas d'aquarium chez moi et je ne suis pas certaine que j'aurais la patience pour vraiment m'en occuper. Car il faut beaucoup de temps, de patience et d'amour pour bien s'occuper d'un aquarium et s'assurer de son équilibre.

La mer me fascine et j'ai même pensé, il y a très longtemps, étudier en biologie marine. La diversité de la vie est incroyable. Et on ignore encore tant de choses sur cette vie. Dans les profondeurs des étangs, des rivières, des lacs, des mers, des océans... encore tant d'inconnus et de mystères.

Et c'est ce qui fait que j'ai une peur bleue de mettre un pied dans l'eau. C'est sombre, mystérieux et pleins de poissons qui gigotent et qu'on ne voit pas !

"Les poissons gigotent -- Les poissons barbotent -- Les poissons vivent dans l'eau." [Cannelle et Pruneau, Passe-Partout]

20 octobre 2013

Le moment captif d'un dimanche : d'os et d'eau fraîche

2013-10-28"Combien de ce que nous sommes est inscrit dans notre chair et nos os, mais caché aux yeux du monde par notre vêture" [Théodore Roszak]

On peut visiter une ville de nombreuses fois et toujours y découvrir de nouvelles choses. C'est ce qui fait qu'une ville est unique et magique.

Mais parfois, on peut être arrogant et dire irrespectueusement qu'on la connait cette ville, que c'est la 6e fois qu'on la visite. Que les musées, on les a fait, que l'Union Square et la Statue de la Liberté, ce n'est pas nécessaire d'y retourner, on connait, mais que bon, on peut bien y retourner encore une fois, juste pour dire.

Et puis, une nouvelle visite est planifiée. Comme on travaille en bibliothèque, on se dit, qu'on va prendre un livre sur la ville, histoire de découvrir de nouveaux restaurants, peut-être. Et puis, au détour d'une page, au détour d'une rue, une découverte.

Il nous appelle dès qu'on approche, cet aimable paquet d'os, reflet de notre vie intérieure. Il nous demande de jeter un coup d'oeil dans la vitrine. Il nous connaît. Étonnement, hésitation, curiosité, on ne peut qu'entrer. Nous ne sommes pas les seuls. Je peux même affirmer que nous ne sommes pas les seuls curieux. Il y a même sûrement plus de voyeurs que d'acheteurs. Mais je suppose que les propriétaires le savent. Comment ne pourrait-il pas y avoir de curieux avec tous ses insectes, animaux naturalisés, squelettes vrais et reproduits, fossiles, reptiles en bocaux et j'en passe. Oh, il y a aussi des bijoux et objets de décorations, mais toujours avec cette touche bien particulière de The Evolution Store.

On ressort de la boutique/musée avec un sentiment d'avoir tout vu... ou presque... On ne peut s'empêcher d'être troublé, de se sentir légèrement indécent d'avoir succombé à cette curiosité morbide et vaguement déçu de n'avoir rien acheté !

En place depuis 1993, à New York,  The Evolution Store continue de présenter et vendre les objets les plus déroutants. 

"Une suite d'os s'accrochant et s'emboîtant bizarrement les uns dans les autres, une suite de vieux ustensiles grançants et cliquetants, voilà ce qu'était un squelette. " [Claude Simon]

 

27 octobre 2013

Le moment captif d'un dimanche : sac d'os

001"Fantômes : Signe extérieur évident, d'une frayeur interne." [Ambrose Bierce]

Un "bag of bones" et des fantômes illuminés. Voilà ce qui manquait au décor. Et voilà qui complète la décoration. Un "bag of bones", "bag of bones", "bag of bones", c'est comme un litanie. C'est plus horrifiant et chantant que "sac d'os".

Je ne peux m'empêcher de le répéter dans ma tête. C'est une obsession. Je place chaque os avec soin. Et puis je les entoure d'une ribambelle de fantômes. Les fantômes éclaireront les os. Toujours en répétant "bag of bones", "bag of bones", "bag of bones". C'est une obsession, je dis.

Je suis bien fière de mes ossements et de mes fantômes. Ils seront effrayant pour les enfants qui viendront chercher des bonbons. "Bag of bones", "bag of bones", "bag of bones".

Je vais me coucher. Les fantômes encore illuminés. Ils s'éteindront plus tard... le minuteur est bien programmé. Je m'endors doucement. Mes rêves sont remplis de brouillard. Des lumières envahissent le brouillard. Des lumières blanches qui dansent parmi des ossements. C'est une danse macabre euphorique. C'est artistique et horrifique. J'essaie de les chasser, mais je leur ai donné une vie, je dois les accepter. Je les rejoins donc en chantant joyeusement : "bag of bones", "bag of bones", "bag of bones".

"Les fantasmes sont comme les fantômes : ils n'obsèdent et hantent que celui qui leur donne naissance." [Maxime Chattam]

29 septembre 2013

Le moment captif d'un dimanche : seul sur le sable

01"Un mot est un oiseau au milieu d'une page. C'est l'infini" [Antonio Soler]

Il marche sur le soleil. Ce sont les premiers mots qui me sont venus à l'esprit quand je l'ai vu. Ses pattes laissent une écriture fine sur le sable et il m'a semblé qu'il resterait là pour l'éternité.

Puis il a commencé à courir de plus en plus vite. Arrête ! que je me suis dit, tu vas perdre ton ombre. Mais il ne m'écoutait pas vraiment. Comment pouvait-il m'entendre de toute façon puisque je me parlais à moi-même.

Je le regardais se mouiller du soleil couchant et je sus qu'il partirait à ce moment. Il devait bien finir par partir.  Il ne pouvait rester sur le sable uniquement parce que je voulais le regarder encore un peu. Je n'avais pas vraiment le droit de l'obliger à rester. Il le savait et je le savais. Alors, je l'ai regardé s'envoler. Sur le sable, le soleil illumine encore la trace de son passage. Le soleil se couchera bientôt. Les vagues viendront bientôt effacer ses pas sur le sable. Mais ils ne s'effaceront pas de ma mémoire.

"Les adieux ressemblent à des oiseaux qui apprennent à voler" [Dominique Sampiero]

9 avril 2014

Certaines n'avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka

certaines1Certaines n'avaient jamais vu la mer / Julie Otsuka ; traduit de l'anglais (américain) par Carine Chichereau. -- [Paris] : Phébus, c2012. -- 139 p. : 21 c. -- ISBN 978-2-7529-0670-0

Quatrième de couverture

L’écriture de Julie Otsuka est puissante, poétique, incantatoire. Les voix sont nombreuses et passionnées. La musique sublime, entêtante et douloureuse. Les visages, les voix, les images, les vies que l’auteur décrit sont ceux de ces Japonaises qui ont quitté leur pays au début du XXe siècle pour épouser aux États-Unis un homme qu’elles n’ont pas choisi.

C’est après une éprouvante traversée de l’océan Pacifique qu’elles rencontrent pour la première fois celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui dont elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir.

À la façon d’un chœur antique, leurs voix se lèvent et racontent leur misérable vie d’exilées… leur nuit de noces, souvent brutale, leurs rudes journées de travail, leur combat pour apprivoiser une langue inconnue, l’humiliation venue des Blancs, le rejet par leur progéniture de leur patrimoine et de leur histoire… Une véritable clameur jusqu’au silence de la guerre. Et l’oubli.

L'auteur

certaines2Julie Otsuka est né en Californie aux États-Unis en 1962 dans une famille d'origine japonaise. Elle étudie la peinture et la sculpture à l'Université Yale et obtient son diplôme en Arts en 1984. Elle poursuit ses études l'Université de Columbia où elle obtient une Maîtrise en Arts en 1999. Elle commence sa carrière en tant qu'artiste peintre mais commence à écrire vers ses 30 ans. Elle publie son premier roman When the Emperor Was Divine en 2002. Il remportera de nombreux prix. Son second roman, The Buddha in the Attic, est publié en 2011. Il remportera également de nombreux prix. La traduction française, Certaines n'avaient jamais vu la mer, a remporté le Prix Femina étranger en 2012.

Elle continue d'écrire et vit aujourd'hui à New York.

Bibliographie

  • When the Emperor Was Divine (2002) (Quand l'empereur était un dieu, 2004)
  • The Buddha in the Attic (2011) (Certaines n'avaient jamais vu la mer, 2012)

Site de l'auteur en anglais.

Commentaires personnels

Comment ce petit livre de 139 pages peut-il contenir autant d'émotions et de poésie ? Je suis littéralement tombée en amour avec le "roman" de Julie Otsuka. Ce fut un coup de coeur renversant.

Et je suis vraiment heureuse de l'avoir lu en français. Je suis certaine qu'il est aussi magnifique en anglais, après tout, il a été écrit en anglais. Mais je trouve le titre en français beaucoup plus joli que celui en anglais. "The Buddha in the Attic" me semble sec, impersonnel, froid, matériel. "Certaines n'avaient jamais vu la mer" me rappelle une chanson, un vers. Il m'enveloppe et m'intrigue : qui sont-elles ? pourquoi n'avaient-elles jamais vu la mer ? pourquoi la voyaient-elles maintenant ? Et la couverture de la traduction française est magnifique, les couleurs sont douces. Oh, la couverture du roman en anglais est bien aussi... mais un simple coup d'oeil à la couverture française et l'image et le titre m'avaient conquise. Je n'ai même pas lu le quatrième de couverture, c'est tout dire. Ce pourquoi, je ne savais pas que le roman était une traduction (le nom de l'auteur ne me donnant aucun indice). Et je suis bien heureuse de ne pas avoir lu ce quatrième de couverture, car j'aurais sûrement pris la version originale puisque je préfère habituellement lire, si possible, un roman dans sa langue d'origine. Encore une fois, j'aurais peut-être beaucoup aimé... mais je m'imagine mal, en anglais, la même poésie, la même musicalité du texte traduit.

Mais revenons au roman... commentaires à suivre !

Extraits

"Sur le bateau chaque nuit nous nous pressions dans le lit les unes des autres et passions des heures à discuter du continent inconnu où nous nous rendions. Les gens là-bas, disait-on, ne se nourrissaient que de viande et leur corps était couvert de poils [...]. Les arbres étaient énormes. Les plaines immenses. Les femmes, bruyantes et grandes - une bonne tête de plus, avions-nous appris, que les plus grands de nos hommes. Leur langue était dix fois plus compliquée que la nôtre et les coutumes incroyablement étranges. Les livres se lisaient de la fin vers le début et on utilisait du savon au bain. On se mouchait dans des morceaux de tissu crasseux que l'on repliait ensuite pour les ranger dans une poche, afin de les utiliser encore et encore. Le contraire du blanc n'était pas le rouge mais le noir. Qu'allions-nous devenir, nous demandions-nous, dans un pays aussi différent ?" p. 15

"Certains des nôtres sont partis en pleurant. Et certains en chantant. L'une avait la main plaquée sur la bouche parce qu'elle avait le fou rire. Certains étaient ivres. D'autres sont partis en silence, tête baissée, pleins de gêne et de honte." p.116

Sources à consulter

11 mai 2014

Le moment captif d'un dimanche : transmission

2014-01d

"On a du mal à croire qu'il fut une époque où l'on transmettait vêtements et musique à nous enfants." [Doug Larson]

Il y a quelques jours, une collègue est venue à la bibliothèque, nous présenter son petit bébé qui a à peine 1 mois. Le bébé était magnifique. Tout minuscule et si doux. Ses petits yeux fermés. Tout mignon quoi.

Quand elle fut partie, une autre collègue me regarde et me demande avec un sourire : "tu as combien d'enfants ?" L'éternelle question et l'éternel questionnement sur le visage lorsque je dis que je n'ai pas d'enfant. J'ai 42 ans. Alors, on me regarde un peu comme si je venais d'une autre planète. Certaines personnes prennent alors un air oscillant entre la stupéfaction, la pitié, l'incompréhension et l'encouragement et demandent : "est-ce que tu en veux ?"

Que répondre ? Dire tout simplement la vérité les bouleverse encore plus. Non, je ne veux pas d'enfants. Je ne suis pas une mère dans l'âme. J'aime beaucoup les enfants, mais je n'en veux pas.

Je n'aurai donc pas d'éternité, je ne transmettrai rien à mes enfants. Il n'y aura personne pour dire, "ma mère a vécu ceci et ma grand-mère a fait cela." À ma mort, le souvenir de mon existence disparaîtra avec moi. Il vivra un peu avec PisTout, soeurette, quelques cousins et amis. Peut-être mon filleul se rappelera quelques moments pendant un certain temps, puis je disparaîtrai complètement.

J'ai déjà dit ici et ici que ma mère n'aurait pas dû être mère. Ce qui ne veut pas dire qu'elle ne fut pas une bonne mère. Elle fut merveilleuse. Et je ne suis pas mère. Ce qui ne veut pas dire que je ne suis pas maternelle à mes heures. Je ne suis simplement pas une mère. Et je ne veux pas être une mère. Mais ça, c'est trop difficile à expliquer quand on me demande pourquoi je n'ai pas d'enfants ou si je veux des enfants. Et beaucoup trop difficile à comprendre. On préfèrerait encore que je dise que je ne peux pas en avoir, au moins on pourrait compatir et afficher un air triste.

"Mais que vas-tu faire quand tu seras vieille", me demande-t-on souvent. M'arranger toute seule, je suppose. Je n'aurai pas d'enfants dans l'unique but qu'ils s'occupent de moi plus tard. Je vois parfois la déception dans les yeux de mon père, de mes beaux-parents ou de quelques oncles et tantes. Pas de petits-enfants ou de neveux pour s'amuser. J'ai parfois l'impression que je dois me justifier ou me sentir coupable. Bien que je suis pas trop certaine de savoir pourquoi... Est-on vraiment obligé d'avoir des enfants ? Doit-on obligatoirement transmettre ses gènes ?

"Nos enfants, c'est notre éternité." [Robert Debré]

10 avril 2014

Certaines n'avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka - Suite

certaines1Certaines n'avaient jamais vu la mer / Julie Otsuka ; traduit de l'anglais (américain) par Carine Chichereau. -- [Paris] : Phébus, c2012. -- 139 p. : 21 c. -- ISBN 978-2-7529-0670-0

Quatrième de couverture

L’écriture de Julie Otsuka est puissante, poétique, incantatoire. Les voix sont nombreuses et passionnées. La musique sublime, entêtante et douloureuse. Les visages, les voix, les images, les vies que l’auteur décrit sont ceux de ces Japonaises qui ont quitté leur pays au début du XXe siècle pour épouser aux États-Unis un homme qu’elles n’ont pas choisi.

C’est après une éprouvante traversée de l’océan Pacifique qu’elles rencontrent pour la première fois celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui dont elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir.

À la façon d’un chœur antique, leurs voix se lèvent et racontent leur misérable vie d’exilées… leur nuit de noces, souvent brutale, leurs rudes journées de travail, leur combat pour apprivoiser une langue inconnue, l’humiliation venue des Blancs, le rejet par leur progéniture de leur patrimoine et de leur histoire… Une véritable clameur jusqu’au silence de la guerre. Et l’oubli.

Commentaires personnels (suite)

Mais revenons au roman de Julie Otsuka. Dans ses deux romans, l'auteur a choisi de parler de la vie des immigrés japonais du début du 20e siècle. Dans son premier roman, elle nous présentait les camps d'internement américains où plus de 120 000 Japonais durent vivre pendant et après la 2e Guerre Mondiale. Elle s'était en grande partie inspirée de l'histoire de sa propre famille ; sa mère, son oncle et ses grands-parents maternels ayant dû vivre dans un camp de l'Utah pendant plusieurs années. Dans son 2e roman, Otsuka reprend se sujet mais commence son histoire bien avant. Elle nous parle de ses jeunes Japonaises qui ont traversé l'océan Pacifique pour venir rejoindre en Amérique des maris qu'elles n'avaient jamais vus qu'en photographie. Ce sont les "picture brides", de jeunes femmes, souvent jeunes, vierges, naïves, venant de la campagne, pauvres (pas toutes, évidemment, mais la plupart). Elles cherchent une vie meilleure et se laissent séduire par ces hommes qui les courtisent par lettres et photographies leur promettant richesse et bonheur. Elles font donc des mariages par correspondance et embarquent dans des bateaux en direction des États-Unis et de leur mari qui les attendent.

Le roman nous raconte donc en 8 chapitres le parcours de ces femmes : la traversée en bateau, alors qu'elles sont remplies d'espoirs et de craintes ; l'arrivée et la rencontre avec ce mari inconnu, les mensonges, la première nuit trop souvent difficile et triste, la violence ou l'indifférence ; la rencontre avec les Américains, les incompréhensions et préjugés, le travail et la vie dure, le désenchantement et la résignation ; la naissance des enfants ; la vie de leurs enfants, les petites joies et le détachement des jeunes ; le début de la guerre, la méfiance, les peurs, la stigmatisation, la solitude, la suspicion qui pèse sur eux tous, les traitres ; l'annonce des départs pour les camps d'internement, le dernier jour, le déchirement, la peur, la souffrance, la séparation ; et puis la disparition, où sont les Japonais se demandent les Américains qui les côtoyaient souvent dans l'indifférence. Nous avons les voix des femmes, puis des Japonais en général pour terminer avec la voix des Américains. Est-ce un roman historique ? Sûrement... Julie Otsuka nous raconte l'histoire des premiers immigrés japonais. Une histoire peu connue. La vie de ses femmes - et de leurs maris et familles - est difficile, remplie de sacrifices, souvent triste. Elles travaillent durement, sans relâche. Elles ont perdus tous les rêves, illusions, espoirs qu'elles avaient sur le bateau qui les a amenées vers cette nouvelle vie. On pourrait avoir l'impression que le roman ne nous parle que des malheurs et des déceptions de ces femmes, mais on peut aussi trouver ici et là des traces de moments doux et joyeux. Toutes n'ont pas eu la même vie, certaines furent malheureuses, certaines furent heureuses.

Tant d'histoires à raconter. L'auteur aurait pu ne choisir que de parler d'une ou de quelques unes de ces histoires. Mais elle a choisi de nous les raconter toutes ! Je trouve cette décision absolument géniale. Car malgré les 139 pages, l'auteur arrive à nous raconter toutes les histoires, toutes les possibilités, tous les rêves, toutes les déceptions, toutes les blessures, toutes les petites joies. Elles nous présentent donc des bribes, des fragments, des portions de vies. Pour certains lecteurs, c'était trop peu, trop bref, trop rapide, trop sec, trop énumératif, trop répétitif, ... J'ai trouvé ce procédé imaginatif, inspirant... j'ai pris les bribes et j'ai imaginé le reste de leur vie. J'ai pu ainsi apprendre et comprendre ces différentes vies... Je ne lis pas uniquement sur la vie d'une ou deux ou trois de ces femmes, mais sur des milliers ! Qui se ressemblent et qui sont toutes différentes les unes des autres.

Je me suis perdue parmi toutes ces voix. J'ai tendu l'oreille et il m'a semblé les entendre chuchoter doucement juste pour moi, leurs rêves, leurs peurs, leurs tristesses, leurs déceptions et leurs espoirs. Elles parlaient toutes en même temps mais elles me parlaient une après l'autre, pour être certaines que je comprenne bien leur histoire. Elles parlaient ensemble, comme un chœur antique, et semblaient réciter un poème, une litanie, une incantation...

L'auteur a choisi un style narratif qui en a rebuté plusieurs et qui surprend au début. Je dois avouer qu'on aime ou on déteste. Certains ont aimé au début puis s'en sont lassé. J'ai ADORÉ ! Il n'y a pas de narrateur, car les femmes sont toutes les narratrices, toutes à la fois, une à une. Elles nous parlent directement, par un "nous" collectif qui semble parfois devenir inclusif. Nous faisons partie des histoires, de l'Histoire. Chaque fragment de ces vies peut nous rejoindre, peut être un fragment de notre vie. Et à la toute fin, ce nous appartient aux autres, aux Américains. Et nous sommes encore une fois inclus dans ce nous.

Pour moi, ce roman a été un long chant poétique. J'ai été envoûté, charmé et bercé par les mots de Julie Otsuka et surtout par les moments emprisonnés par ces mots... Peut-être que vous n'avez pas aimé, peut-être que vous n'aimerez pas... moi, j'ai encore un frisson qui me parcoure quand je pense à ce roman. Je ferme les yeux et la couverture me hante ; j'entends les chants de ces femmes - ces hommes, ces enfants,... tous ces gens - qui me rappellent qu'elles -ils- ont existé.

L'avis d'Hélène, Vermicélia, Les Écrits Vains, L'Oeil qui fume, Achille 49, George, Colette sur Mediapart, et les 287 avis sur Babelio !

Mon premier billet sur l'auteur et quelques premiers commentaires ici...

Extraits

"Au début nous nous posions sans cesse des questions. Pourquoi montaient-ils sur leurs chevaux par la gauche et non la droite ? Comment parvenaient-ils à se différencier les uns des autres ?[...] À quoi rêvaient-ils ? Qui priaient-ils ? Combien de dieux avaient-ils ? Était-ce vrai qu'ils voyaient un homme dans la lune au lieu d'un lapin ?" p. 35

"Nous avons accouché en silence, comme nos mères, qui n'avaient jamais émis ni cri, ni plainte. [...] Nous avons accouché en pleurant, comme Nogiku, qui a attrapé les fièvres et n'a pas pu se lever pendant trois mois. Nous avons accouché facilement, en deux heures et puis nous avons eu la migraine pendant cinq ans. [...] Nous avons accouché en secret, dans les bois, d'un enfant dont notre mari savait qu'il n'était pas de lui." p.67

Sources à consulter

23 février 2014

Le moment captif d'un dimanche : rayonnement

2014-02-26"Quelle flamme pourrait égaler le rayon de soleil d'un jour d'hiver." [Henry David Thoreau]

Il fait froid. C'est un hiver froid. Très froid. On a bien eu de la neige à Montréal, mais pas tant que cela. Il neige toujours autour de l'île mais jamais beaucoup sur celle-ci. Ce qui fait le bonheur de la plupart des gens que je connais mais qui me rend un peu triste. J'aime la neige.

J'aime aussi le froid. Mais un peu moins, je l'avoue. Et surtout lorsqu'il persiste. Mais je l'aime bien aussi. Le froid mordant, vivifiant... celui qui donne un nez et des joues rouges, celui qui me secoue le matin et me dit "allez réveille-toi, la journée va être magnifique!"

Car quand il fait froid, le ciel est habituellement si bleu. Le soleil est envahissant. Il est partout. Il s'empare de chaque coin du ciel. Et se répand partout. Il glisse sur la neige et nous oblige à fermer les yeux. Il est absolument éblouissant et résolument aveuglant.

Il fait froid. On dit qu'il fait -14ºC mais avec le facteur vent, on frise les -22ºC. Et pourtant, le soleil est si brillant qu'il s'amuse à faire fondre la neige sur mon toit. Elle vacille et se laisse tomber goutte à goutte. Mais il fait si froid. Elle n'a d'autres choix que de se transformer en longs glaçons scintillants. Le soleil joue avec le froid. Il illumine ma maison, la chauffe et la transforme en château de glace.

"La maison tournée vers le soleil est chauffée la premiere." [Proverbe chinois]

20 avril 2014

Le moment captif d'un dimanche : oublier le temps

SAM_0356"I'm late / I'm late / For a very important date / No time to say "Hello, Goodbye" / I'm late, I'm late, I'm late." [White Rabbit, Lewis Carroll]

Mais je ne suis jamais en retard quand il s'agit de lapins, de printemps  ou de Pâques. Comme je ne saurais être en retard pour Noël, Halloween, St-Valentin... Je sais quand décorer et mes lapins sortent de leurs boîtes au moins un mois avant ladite fête que je ne fête pas soit dit en passant. Mais est-ce important ?

 

Je décore donc je fête. Je décore donc je suis. Ouf. Vraiment ? Peut-être bien. Les lapins envahissent, comme à chaque année, chaque coin de ma maison. Quelques poules, quelques oeufs, quelques poussins, mais surtout pleins de lapins.

Et puis cet après-midi, notre lapin sauvage a fait sa première apparition dans ma cour. Donc mes lapins intérieurs se sentent moins seuls. Ils savent que leur roi est au rendez-vous. Je dis n'importe quoi, je le sais, je divague et je fais des fantaisies. Mais n'est-ce pas le but de toutes ces décorations ? Vivre pendant quelques jours, quelques semaines dans un décor fantaisiste, fantastique... Et le temps n'existe plus dans cet univers. On n'est jamais en retard, jamais aujourd'hui, toujours hier ou demain, toujours dans un univers sans boussole, sans horloge...

"La fantaisie est un perpétuel printemps." [Jphann Wolfgang von Schiller]

1 février 2015

Le moment captif d'un dimanche : splendeur

2015-02-10

"Plutôt que de maudire les ténèbres, allumons une chandelle, si petite soit-elle." [Confucius]

Si on regarde directement la lumière, elle crée habituellement la noirceur. On ne voit plus rien que la lumière. Autour tout disparait. On ne voit plus que la lumière. Mais si on se détourne de la lumière, petit à petit, les contours des objets prennent formes. On commence à distinguer ce qui nous entoure.

Doit-on allumer une chandelle lorsqu'il n'y a plus de lumière ? Ou devrait-on se laisser envahir par l'obscurité ? Pourquoi détester la noirceur ? Pourquoi ne pas l'accepter dans toute sa noirceur ? Qu'est-ce que la lumière a que la noirceur n'a pas ? On maltraite l'obscurité. On la déteste, on la combat. Et pourtant, elle est lumineuse et remplie de possibilités. Et la lumière n'existeraient pas sans elle. Sans les ténèbres, les étoiles et les rêves n'existeraient pas.

Et sans les ténèbres, ces chandelles ne seraient pas si jolies.

"On ne pourrait apprécier la lumière, si nous ne connaissions pas les ténèbres." [Mick Deev]

 

28 mars 2014

La gifle de Christos Tsiolkas

LaGifle01La gifle / Christos Tsiolkas ; traduit de l'anglais (Australie) par Jean-Luc Piningre. -- Paris : Belfond, c2011. -- 466 p. ; 24 cm. -- ISBN 9782714446459. 

Quatrième de couverture

Provoquant, urgent, impitoyable, un roman coup de poing, une révélation dans la lignée d'un Don DeLillo ou d'un Jonatha Franzen.

Lors d'un barbecue entre amis, un adulte gifle un enfant qui n'est pas le sien.

Un incident qui va créer une onde de choc parmi les invités et provoquer une série d'événements explosifs. Mais aussi révéler, derrière les belles apparences, le racisme ordinaire, la drogue, l'alcool, la honte et une extrême solitude.

Tout à tour violent et bouleversant de tendresse, un très grand roman qui dresse, avec une formidable lucidité, le tableau d'un Occident en pleine confusion.

L'auteur

Christos Tsiolkas est né à Melbourne, en Australie, en 1965, d'une famille d'origine grecque. Il obtient un diplôme en Arts en LaGifle021987 de l'Université de Melbourne. Il écrit son premier roman, Loaded, en 1995. En 1998, le roman est adapté au cinéma sous le titre de Head On. Il a gagbé de nombreux pris, notamment pour Dead Europe et The Slap (La Gifle). Aujourd'hui, il est un auteur reconnu, il a écrit de nombreux romans, pièces de théâtre et scénarios pour la télévision et le cinéma.

Bibliographie

  • Loaded (1995)
  • Jump cuts (1996) (avec Sasah Soldatow)
  • Thug (1998) (avec Spiro Economopoulos)
  • The Jesus Man (1999)
  • Who's Afraid of the Working Class? (Théâtre) (1999) (avec Andrew Bowell, Melissa Reeves et Patricia Cornelius)
  • Elektra AD (Théâtre) (1999)
  • Viewing Blue Poles (Théâtre) (2000)
  • Satum's Return (2000)
  • The Devil's Playground (2002)
  • Fever (Théâtre) (2002) (avec Andrew Bowell, Melissa Reeves et Patricia Cornelius)
  • Dead Caucasians (Théâtre) (2002)
  • Dead Europe (2005)
  • Non Parlo di Salo (2005) (avec Spiro Economopoulos)
  • The Slap (2008)
  • Barracuda (2013)

Commentaires personnels

Le roman de Tsiolkas a paru en 2008 sous le titre original de The Slap, il fut adapté pour la télévision australienne en 2011. Le roman comme la mini-série de 8 épisodes connurent un immense succès en Australie. Le roman fut également très populaire à travers le monde et a été nommé et a remporté de nombreux prix.

Disons-le immédiatement, j'ai bien aimé le roman, mais il ne m'a pas emballé. Malgré cela, je le recommande chaudement car je suis certaine qu'il devrait beaucoup plaire. Ceci dit, j'aimerais beaucoup, mais vraiment beaucoup voir la mini-série qui fut réalisée car je vois sans difficulté cette adaptation. Même que je suis certaine que la mini-série me plairait encore plus que le roman.

La prémisse est simple. Lors d'un barbecue entre amis, familles et voisins, un enfant de 3-4 ans, Hugo, complètement insupportable et capricieux se montre aggressif et menace un autre enfant. Devant l'absence de réaction des parents du gamin et des autres adultes, le père de l'enfant menacé va gifler Hugo. Et c'est cette gifle qui va complètement bouleverser les vies des différents personnages. Les parents du gamin fautif - car il faut souligner que Hugo est mal élevé, difficile, criard, gâté et vraiment, mais vraiment insupportable, mais est-ce la faute du gamin ou des parents ? - vont porter plainte contre Harry, le père ayant giflé leur fils, pour coups et blessures.

La gifle de Tsiolkas est un roman choral. C'est-à-dire que nous allons avoir à tour de rôle le point de vue de différents narrateurs, et donc des différents personnages. Nous commencerons par la perspective de Hector, l'hôte du barbecue et qui nous racontera l'incident. Puis, chaque chapitre, nous propose le commentaire d'un autre personnage et la suite des événements. Ce qui permet d'avoir différentes voix, et surtout différentes visions de la gifle et de ses conséquences et répercussions.

Voilà. Je ne suis pas hyper fan des romans choraux. Et certains personnages m'ont agacée au plus haut point. La plupart des protagonistes sont franchement désagréables. Et donc l'auteur a réussi à provoquer en moi de fortes réactions émotives. Il faut dire que la prémisse, la fameuse gifle, vient nous chercher. On est rarement neutre face à un tel geste. Voyons voir... voici un exemple des sentiments que j'ai vécu au long du roman... L'enfant était incroyablement insupportable, gâté, mal élevé et se montrait une menace pour un autre. Les parents ne faisant rien, je serais aussi intervenue pour protéger mon enfant. Aurais-je donné une gifle ? Peut-être pas, mais l'émotion peut intervenir. Le fait que les parents du giflé poursuivent le gifleur m'a énervée au plus haut point, car je sais que cela arrive trop souvent. Les gens n'ont rien de mieux à faire que poursuivre les autres pour des insignifiances. Les réactions des autres personnages face au geste et à la poursuite m'ont aussi énervée. Et surtout, le plus difficile, le gifleur s'avère un "trou d'cul" fini (désolée, mais c'est exactement ce qui m'est venu à l'esprit). Mais les autres personnages ne sont pas bien plus sympathiques. Ce qui ne fait pas un mauvais roman. Car ces personnages, je m'en souviens.

Mais au-delà de la gifle, le roman nous présente surtout des vies et une société australienne. L'auteur critique les défauts du pays dans lequel il vit et qui finalement est le sien. Mais ces défauts sont dans toutes les sociétés : racisme, sexisme, homophobie, misogynie... C'est une vision très froide. Et ma foi, assez pessimiste. Je le répète, presque tous les personnages sont antipathiques et sont présentés sur leur pire jour. Les tensions et les préjugés sont omniprésents. Les apparences se fissurent et face à la gifle et la poursuite, les personnages se positionnent, se déchirent et se dévoilent. Il paraît que le livre et surtout la série a soulevé nombres de débats en Australie.

Mais il demeure que pour moi, un roman purement choral me semble toujours long... Surtout quand la trame narrative se poursuit d'un narrateur à l'autre. C'est difficile à expliquer, mais ça m'achale. Ceci dit, je le répète, j'ai tout de même bien aimé le roman. Je sais, c'est paradoxal. Sur le coup, tout m'a énervé et ma lecture m'a paru s'éterniser. Mais en rétrospective, je le recommande !

Extrait

« Voilà, ce qu’étaient finalement l’amour, son allure son essence une fois disparus la luxure, l’extase, le danger, l’aventure. Il reposait avant tout sur la négociation, sur deux individus qui acceptent les réalités sales, banales et domestiques d’une vie partagée. Cet amour-là assurait une forme de bonheur familier. Toute alternative était probablement impossible, inaccessible et il valait mieux renoncer à l’inconnu. »

Source à consulter

23 avril 2015

Lire les roses

2015-04-24"Le grand inconvénient des livres nouveaux, c'est qu'ils nous empêchent de lire les anciens." [Joseph Joubert]

En cette Journée Mondiale du Livre et du Droit d'auteur, je vous souhaite de lire les livres qui vous plaisent... qu'ils soient anciens ou nouveaux, obscurs ou populaires, brefs ou longs, légers ou denses...

 

7 juin 2015

Le moment captif d'un dimanche : suite

2015-06-07"Impossible de vous dire mon âge, il change tout le temps." [Alphonse Allais]

Demain, il y a 40 ans, j'avais 4 ans. Et j'avais eu le plus bel anniversaire de ma petite et courte vie. Je n'en croyais pas mes yeux et j'avais reçu tout ce que j'avais pointé du doigt dans le catalogue de Distribution aux Consommateurs. C'était impossible. Je savais que c'était impossible mais c'était bien réel... la caravane et la piscine ! Mes barbies pourraient passer un bel été à la campagne. Si je ne souris pas sur la photo c'est que, vraiment, je n'y croyais pas... Ma mère avait même mis une serviette verte pour faire l'herbe... (bon, probablement pour ne pas mouiller le plancher, mais je ne voyais évidemment que de l'herbe).

Aujourd'hui, je pense à l'anniversaire que j'aurai demain, il y a 40 ans... et je souris en me rappelant de la surprise que j'aurai en ouvrant mes cadeaux. Et je souris en me rappelant de la fierté que j'avais d'avoir enfin 4 ans. Mes trois ans étaient terminés et j'avais maintenant 4 ans. J'étais grande. Mais le temps passait si lentement. Cela avait pris une éternité pour passer à travers mes trois ans. Mais ça y était. 4 ans. Et dans un mois, je pourrais dire que j'avais 4 ans et un mois. Et puis, ce serait 4 ans et demi. Jusqu'à mes 5 ans. Tous les jours, j'étais plus vieille. Chaque jour, j'étais différente.

Chaque jour, je suis différente. J'ai 43 ans, demain 44 ans, hier 42 ans, après-demain, j'aurai 26 ans, et puis un matin, 10 ans. Ensuite, peut-être 31 ans et je serai pleine de défis ou encore je me sentirai comme si je n'avais que 14 ans et le monde me semblera noir. Après une dure journée, j'aurai l'impression d'avoir 76 ans et je voudrai simplement dormir, ou encore d'avoir 6 ans et j'aurai besoin de mon ourson préféré. J'aime tous les âges que j'ai eus et tout ceux que j'aurai. Car j'ai tous ces âges en moi. Tous les jours, j'ai 44 ans, j'ai 84 ans et j'ai 4 ans.

"How old would you be if you didn't know how old you are?" [Satchel Paige]

8 avril 2015

La vérité sur l'Affaire Harry Quebert - Expérience de lecture

AHQ1La vérité sur l'affaire Harry Quebert : roman / Joël Dicker. -- [Paris] : Éd. de Fallois, 2012. -- 669 p. ; 23 cm. -- ISBN : 978-2-87706-816-1

Quatrième de couverture

A New York, au printemps 2008, alors que l’Amérique bruisse des prémices de l’élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans la tourmente : il est incapable d’écrire le nouveau roman qu’il doit remettre à son éditeur d’ici quelques mois.

Le délai est près d’expirer quand soudain tout bascule pour lui : son ami et ancien professeur d’université, Harry Quebert, l’un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se retrouve accusé d’avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une liaison.

Convaincu de l’innocence de Harry, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquête. Il est rapidement dépassé par les événements : l’enquête s’enfonce et il fait l’objet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa carrière d’écrivain, il doit absolument répondre à trois questions : Qui a tué Nola Kellergan ? Que s’est-il passé dans le New Hampshire à l’été 1975 ? Et comment écrit-on un roman à succès ?

Sous ses airs de thriller à l’américaine, La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert est une réflexion sur l’Amérique, sur les travers de la société moderne, sur la littérature, sur la justice et sur les médias.

Mon expérience de lecture

Pour en savoir un peu plus sur l'auteur et pour connaître ma perception de l'histoire - comprendre ici un résumé du roman - c'est dans mon billet précédent.

Maintenant voyons voir... Comme je l'ai dit, je me sens très mal à l'aise de donner mes commentaires sur le roman. Que n'a-t-on pas déjà dit sur le roman ? Alors, je vais y aller de mon expérience de lecture.

Il y a quelques semaines, j'avais une semaine de vacances. Et contrairement à nos habitudes, nous n'avions pas de voyage de prévu. Une semaine bien tranquille à la maison. J'en ai profité pour ramener des  livres que je n'ai pas le temps de lire d'ordinaire... vous savez ces briques interminables... dont fait partie le roman de Dicker. Mais pas trop long... même pas 700 pages. Et bien, il est arrivé une chose qui ne m'est pas arrivé depuis des années. Je l'ai terminé en 2 jours. Je me suis plongée dans le roman un lundi soir et j'ai eu de la difficulté à arrêter de lire, mais il fallait bien que je dorme. Je l'ai terminé le lendemain. Et pour cette unique raison... je l'aime d'un amour fou ! Ce qui ne veut pas dire qu'il n'a pas une foule de défauts qui m'ont franchement agacée. L'un n'empêchant pas l'autre.

J'ai adoré :

  • J'avais tout d'abord peur du fait que le roman se situe aux États-Unis alors que l'auteur soit suisse. Mais dans l'ensemble, cela a très bien passé. Quelques clichés ici et là, mais rien qui ne tue la lecture. J'ai bien senti la Nouvelle-Angleterre que je connais bien. Je me suis retrouvée dans la petite ville et j'ai trouvé mes repères.
  • J'ai adoré la leçon de création littéraire. Qui m'a semblé bien plus utile et intéressante que les tous mes cours de création littéraire... et j'en ai eu plusieurs. C'est bref, direct, parfois simpliste mais très pertinent.
  • J'ai adoré la multitude de personnages secondaires. Ils sont pour la grande majorité très bien campés. On les sent présents, on les sent vivre.
  • J'ai adoré les analepsies (retours en arrière). Ils sont très bien faits, pas trop longs et font avancer l'histoire.
  • J'ai adoré "l'enquête". On la suit facilement. Elle ne traîne pas trop. Les rebondissements sont plausibles. Les erreurs sont aussi plausibles. Je ne me suis pas ennuyée. Je voulais poursuivre, je voulais savoir. Certains l'ont trouvé convenue... peut-être. Mais personnellement, cela ne m'a pas dérangée.
  • La fin. Je n'avais pas tout deviné. Et certains aspects m'ont surpris. Bon, je savais que Nola était probablement complètement folle, mais ça c'est une autre histoire. L'intrigue est très bien été menée et je n'avais pas deviné bien des choses.

J'ai trouvé très ennuyeux (je ne dirais pas détesté, mais parfois ce furent des roulements de yeux et des soupirs sans fin) :

  • L'écriture de Dicker qui ne m'a pas épatée. Disons qu'il fallait que je me rappelle par moment que ce n'était pas une mauvaise traduction, mais bien les mots de l'auteur. Beaucoup de clichés, de lieux communs et de phrases ordinaires... Pas d'explosion dans la rédaction, mais bon, ça se lit quand même très bien.
  • Les passages sur la boxe. Cela m'a paru forcé et je n'y aie vu qu'un effort de faire américain. Inutile et ennuyant. Les parallèles que l'auteur semblaient vouloir faire entre la boxe, l'écriture et la personnalité de ses personnages m'a semblé très boiteux.
  • Le semblant de parallèle entre Marcus et Joël Dicker. Oui, parce que même s'il dit que non, on ne peut que s'empêcher de faire la comparaison.
  • Marcus et Harry... Oui, c'est triste, mais ce ne furent pas mes personnages préférés. Nola, non plus. Surtout pas Nola ! Et aussi la mère de Marcus... come on, peut-on être plus cliché ? Mais malgré que ces personnages principaux (et secondaire pour la mère) m'ont souvent irritée, cela n'a pas nuit à ma lecture. Paradoxal, mais c'est ainsi.

J'ai franchement détesté :

  • Alors là, j'ai complètement et entièrement détesté la fameuse histoire d'amour entre Harry et Nola. C'est vraiment le seul point qui aurait pu me faire abandonner ma lecture. Une chance que, même si elle est présente, elle ne prend pas toute la place. Tout d'abord, je l'ai trouvé tellement insignifiante... et tellement "trop". Une fille de quinze ans qui tombe en amour avec un homme plus vieux, ok. Qu'elle soit toute "c'est la fin du monde, si tu me laisses", "l'amour de ma vie", etc. ça passe parce qu'à cet âge-là, on est un peu extrême, intense et inconscient du reste de notre vie. Mais que pour Harry ce soit la même chose, c'est pour moi, complètement pathétique. On peut à la rigueur éprouver une attirance pour une personne mineure, mais de dire que c'est l'amour de notre vie, que c'est le seul amour, qu'on ne peut vivre sans, et blablabla... come on. C'est une adolescente !!! Chaque fois qu'on parlait de l'amour entre les deux, je décrochais littéralement. Je ne donnerai pas trop de détails (même si j'ai déjà spoilié pas mal), mais disons que pour moi, c'était non seulement inintéressant mais vraiment pas crédible.

Alors, voilà... pas d'analyse... juste des ressentis.

En résumé... J'ai adoré même si le roman m'a agacée sur bien des points. Mais quel beau moment de lecture et quel bonheur de pouvoir me perdre dans un roman pendant deux jours sans trop me sentir coupable de passer mes après-midis à simplement lire !

Les mots de l'auteur (Extraits)

" Imaginez, Marcus, combien coûte un seul emplacement publicitaire dans le métro de New York. Une fortune. On paie beaucoup d’argent pour une affiche dont la durée de vie est limitée et dont le nombre de gens qui la verront est limité aussi : il faut que ces gens soient à New York et prennent cette ligne de métro à cet arrêt dans un espace de temps donné. Alors que désormais, il suffit de susciter l’intérêt d’une façon ou d’une autre, de créer le buzz comme on dit, de faire parler de vous, et de compter sur les gens pour faire parler de vous sur les réseaux sociaux : vous accédez à un espace publicitaire gratuit et illimité. Des gens à travers le monde entier se chargent, sans même s’en rendre compte, d’assurer votre publicité à une échelle planétaire. N’est-ce pas incroyable ? Les utilisateurs de Facebook ne sont que des hommes-sandwich qui travaillent gratuitement. Ce serait stupide de ne pas les utiliser." p.531

Pour en savoir un peu plus...

3 février 2016

La vallée du renard de Charlotte Link

ValleRenard01La vallée du renard / Charlotte Link ; traduit de l’allemand par Catherine Barret. – [Paris] : Presses de la Cité, 2014. – 462 p. ; 22 cm. – ISBN 978-2-258-10536-2

Quatrième de couverture

Il avait tout prévu. Tout, sauf la prison.

Un parking perdu en pleine campagne, par un après-midi ensoleillé d'août. Vanessa Willard attend son mari. Perdue dans ses pensées, elle ne remarque pas tout de suite la fourgonnette qui s'approche. Lorsque l'inquiétude s'empare d'elle, il est déjà trop tard. Un homme surgit, la maîtrise, la bâillonne et l'enlève. Enfermée dans une malle, elle est cachée au fond d'une caverne, avec de l'eau et de la nourriture pour une semaine. Mais avant d'avoir pu demander une rançon à sa famille, Ryan Lee, son ravisseur, est arrêté pour un autre délit.

Près de trois ans plus tard, Ryan sort de prison, la conscience lourde. Qu'est-il arrivé à sa victime? A-t-elle pu s'échapper ou est-elle toujours dans la grotte, réduite à l'état de cadavre? Alors que ces questions le hantent, l'histoire semble se répéter: une femme de l'entourage de Vanessa disparaît exactement dans les mêmes conditions...

 L’auteur

Charlotte Link est née en Allemagne à Francfort (Frankfurt am Main) en 1963. Elle commence à écrire très tôt et publie son premier roman à 19 ans. Elle écrit des livres pour enfants, des romans et nouvelles pour adultes. Elle écrit aussi pour de nombreux magazines et journaux. En 2007, elle reçoit le prix Goldene Feder pour son œuvre.

Biographie plus complète sur le site allemand de Wikipedia

Bibliographie sommaireValleRenard02

  • Cromwells Traum oder Die schöne Helena (La belle Hélène) (1985)
  • Wenn die Liebe nicht endet (Les Trois Vies de Margareta) (1986)
  • Sturmzeit (Le Temps des orages)(1989)
  • Schattenspiel (1991)
  • Wilde Lupinen (Les Lupins sauvages) (1992)
  • Die Stunde der Erben (L’heure de l’héritage) (1994)
  • Die Sünde der Engel (Le Péché des anges) (1995)
  • Das Haus der Scwestern (1997)
  • Der Verehrer (Le Soupirant) (1998)
  • Das Haus der Schwestern (La Maison des sœurs) (1999)
  • Die Rosenzüchterin (Les Roses de Guernesey) (2000)
  • Die Täuschung (Illusions mortelles) (2002)
  • Am Ende des Schweigens (Le Sceau du secret) (2003)
  • Der fremde Gast (L'Invité de la dernière heure) (2005)
  • Das Echo der Schuld (Le Poids du passé) (2006)
  • Die letzte Spur (La Dernière trace) (2008)
  • Das Andere Kind (L'Enfant de personne) (2009)
  • Der Beobachter (Une femme surveillée) (2011)
  • Im Tal des Fuchses (La Vallée du renard) (2012)
  • Die Betrogene (2015)

Bibliographie plus complète ici (en allemand)

Mes commentaires

Dire que je suis partagée dans mon avis est peu dire. J'écris rarement une critique immédiatement après avoir lu un roman. Mais je prépare mon texte : quatrième de couverture, auteur, mots de l'auteur, recherche, images... Tout est prêt. Il ne reste que mes commentaires à rédiger.

Et c'est ici que je bloque pour ce roman. Car au moment d'écrire mon commentaire, je me souvenais d'une lecture agréable mais je ne me souvenais pas de l'histoire. J'ai dû aller lire quelques avis pour me dire "ah oui, je me souviens maintenant". Et pour moi, ce n'est pas bon signe.

Alors voyons voir. C'est un roman un peu long à démarrer. L'auteur prend son temps pour bien mettre en place son histoire et nous présenter une panoplie de personnages. Beaucoup trop de temps selon moi, mais cela semble avoir plu à nombre de lecteurs. Disons que pour moi, cela casse un peu le suspense. Oui, ces personnages sont importants et il est essentiel de bien les comprendre pour suivre l'intrigue, mais j'aurais préféré apprendre à les connaître tout au long de ma lecture pas uniquement au début. C'est un détail, mais il m'a empêché de me perdre dans ma lecture. Une fois que le roman plonge dans le suspense, je n'étais pas accrochée. Et ensuite, les longueurs continuent.

L'histoire ? Elle est assez bien résumée dans le quatrième de couverture. Tout tourne autour de l'enlèvement de Vanessa. Et le après pour les personnages. Son mari, tourmenté par cette disparition, tente de refaire sa vie. Le kidnappeur sort enfin de prison et est lui aussi tourmenté par la culpabilité de son secret. S'ajoute à ces deux principaux personnages, les gens qui gravitent dans leur vie. Et puis arrivent d'autres disparitions... Comment est-ce possible ?

Je n'en dirai pas plus, car il faudrait en dire trop pour vraiment vous intriguer. Malgré les longueurs, l'intrigue est assez bien menée et bien que je n'étais pas renversée par la fin, j'ai été surprise. Mais je dois vous avouer que si je n'avais pas fait tout ce travail de recherche, il y a quelques mois, je ne suis pas certaine que j'aurais publié ce billet. Une lecture acceptable mais pas renversante. Dommage.

Les mots de l’auteur (Extrait)

« C’était comme si une ombre était passée sur la salle de bains. Peut-être un nuage avait-il réellement traversé le ciel, cachant un instant le soleil ?  Quoi qu’il en soit, à mon âge, je savais que la vie jouait parfois avec nous un jeu un peu cynique. Si le destin voulait que Vanessa revienne, chacun des instants que Matthew et moi allions désormais vivre ensemble serait à double tranchant. Matthew avait espéré pendant trois ans retrouver sa femme, mais si son vœu s’accomplissait au moment même où nous nous engagions l’un envers l’autre, les conséquences pourraient être dramatiques. » p.248

Pour en savoir un peu plus …

  • Page Wikipedia sur l’auteur (en français)
  • Critiques sur Babelio (12)
  • Article sur Info-culture.biz
  • L’Avis d’Elleon sur Fiches Livres
  • L’avis de Mylène Ancel sur Les lectures de Mylène
  • L’avis de Karine sur Mille et une pages
  • L’avis de Cla S sur Aux douceurs littéraires
  • L’avis d’Angélique Lily sur Les lectures de Lily
  • L’avis de Cassandre sur Romans sur Canapé
11 février 2016

Royaume scotch-tape de Chloé Savoie-Bernard

Scotch1Royaume scotch tape / Chloé Savoie-Bernard. -- [Montréal] : L'Hexagone, 2015.-- 74 p. ; 18 cm. -- ISBN978-2-89648-079-1

Quatrième de couverture

Une jeune femme parle, et par sa bouche, ce sont toutes les femmes – sorcières, fées, écrivaines, marâtres, aïeules, sœurs, fantômes – qui cherchent à s'exprimer. Sa voix se mêle aux leurs pour former un cri courageux contre le vacarme des forums de discussions, des télé-réalités, des revues à potins. Mais ce n'est pas assez : pour se bâtir un royaume à elle sur les ruines de son héritage, il lui faudra exhiber ses plaies, monter aux barricades, enfoncer toutes les portes, n'avoir peur de rien.

L'auteurScotch2

Chloé Savoie-Bernard fait son doctorat en littérature française à l'Université de Montréal.  Sa thèse porte sur la "lésion comme stratégie discursive dans la poésie féministe québécoise". Elle publie en 2015 son premier recueil de poésie.

Page Facebook de l'auteur

Mes commentaires

Nous parlions de poésie au travail. Nous préparons diverses activités pour promouvoir la poésie à la bibliothèque. Une collègue me dit qu'elle préfère les "classiques", Baudelaire, Rimbaud, Nelligan... Je lui dis que j'aime aussi mais que j'aime toute poésie. J'aime autant les vers classiques que les vers libres, autant les auteurs anciens que les nouveaux. Elle me donne alors ce petite livre et me conseille de le lire. "Je suis curieuse de savoir ce que tu en penses" me dit-elle. Je viens de le terminer. Je ne sais pas encore ce qu'elle en pense... Ce que moi j'en pense ?

Le premier poème "à l'agent d'immeuble" m'a renversée. Je n'ai pas nécessairement aimé tous les poèmes mais le recueil m'a émotionné. Complètement. Et je suis en amour avec la poésie de Savoie-Bernard.

Je voudrais bien vous analyser ces poèmes, mais l'auteur dit elle-même tout ce qu'il y a à dire lors des entrevues qu'elle a données au Voir et au Devoir. Lisez les articles (en lien plus bas)... Moi, je vais vous dire ce que j'ai ressenti. Tout simplement.

Poèmes sans majuscule et sans ponctuation. Je les ai lus en un seul souffle. Sans respirer. Les mots sont crus par moment, doux parfois. J'ai lu des blessures, des deuils, des larmes et des cris. J'ai suivi l'auteur d'un pas déterminé. À travers ses douleurs et ses bonheurs. J'ai été bercé par les mots de l'auteur mais aussi par les bouts de chansons, de contes et proverbes qui se faufilent dans ses textes.

J'ai cru lire des bouts de vie collés les uns aux autres de façon précaire. J'ai senti que l'auteur se livrait même si je réalise très bien que sa vie n'est pas ses poèmes. Ses secrets sont dans ces poèmes mais sans y être vraiment. Elle refait sa vie en crachant des vers fictionnels à la limite du réel.

L'auteur parle de poèmes de fille. La quatrième de couverture parle de femmes : sorcières, fées, écrivaines, marâtres, aïeules, sœurs, fantômes. Oui, certainement. Mais je n'ai pas senti qu'un monde féminin. Oui, j'ai senti la maternité, la féminité. Mais pas nécessairement. J'ai surtout senti la pression d'être. De survivre. Et ça, c'est pour tout le monde. 

Ces poèmes sont un déchirement, un cri et une absolution.

Les mots de l'auteur

(Ces deux poèmes ne suivent pas la mise en page originale. Je suis incapable de la reproduire sur cette plateforme. J'en suis vraiment désolée. Pour lire les mots de l'auteur sous leur forme d'origine, vous pouvez cliquer sur le lien plus bas. Mais je vous conseille vivement de vous procurer le livre !)

à l'agent d'immeuble

on ne l’achètera pas votre maison -- l’expert a dit que les fondations étaient atteintes -- gangrenées -- par ici la terre est meuble -- argileuse on ne peut pas s’y fier sauf pour les fissures -- dans les murs -- il faudrait tout reconstruire bientôt -- on ne prendra pas ce risque-là

non exhaustif

des parents séparés -- du sextage -- de la consanguinité -- l’enlèvement parental -- être l’autre fille –alesse -- des mères dépressives – yoopa -- des relations à distance -- pas se faire rappeler – tinder -- du sexe anal -- la vitre du char fermé et la petite dedans au soleil – youporn -- ça ne fait pas des enfants forts

Pour lire d'autres extraits du recueuil

Pour en savoir un peu plus...

19 juin 2016

Le moment captif d'un dimanche : citadine

2016-05-03 « Je suis d’une ruelle comme on est d’un village – entre les hangars de tôle et les pissenlits – j’ai trop le souvenir de la petit cour – où il nous fut autrefois défendu de jouer à la balle – rapport aux vitres des voisins » [Sylvain Lelièvre]

Enfant, je rêvais de fleurs et d'arbres. Tous les étés, j'allais chez mes grands-parents à la campagne ; je courais dans la forêt et je m'amusais sur le bord du lac. Je jouais dans les herbes hautes et je faisais des bouquets de fleurs sauvages. J'avais tant besoin de fleurs et d'arbres que lorsque nous repartions vers la ville, j'imaginais que je ramenais avec moi toutes ces fleurs et tous ces arbres. Ils envahissaient la rue où j'habitais, ils brisaient le ciment, le béton et ils verdissaient mon trottoir, ma ruelle.

Ma mère avait une multitude de plantes - qui survivaient plus ou moins dans notre salon. Mon père avait un petit carré de terre dans le jardin communautaire. Il y passait ses samedis et ses dimanches pour ramener quelques tomates, poivrons et oignons.

Et moi, je jouais sur le béton. On jouait dans la rue, de grandes joutes de cachette. Tous les enfants de la rue y participaient et l'été, le jeu durait jusqu'à ce que le soleil soit presque couché. Nous rentrions alors à la maison, il fallait prendre le bain, se mettre en pyjama et alors nous avions encore quelques minutes. On sortait sur les balcons en pyjama et on se racontait des histoires jusqu'au coucher.

Et puis, je jouais dans la ruelle. On jouait aux élastiques, on sautait à la corde, on s'entretuait au ballon. On attendait la venue du camion de fruits et légumes, la cloche du monsieur qui aiguisait les couteaux et même parfois un vendeur de ballons et peluches. On courait même derrière le camion des éboueurs. Nous avons perdu des ballons dans la cour du voisin qui refusaient de nous les redonner. Nous avons vandalisé la porte du même voisin. Il ne l'a jamais dit à nos parents.

Puis les années ont passé. Et j'ai passé des soirées sur le balcon (avant ou arrière) à papoter avec mes amies des garçons du quartier... Il y a eu des soirées bien arrosées dans les cours voisines, des chicanes de balcons, du commérages et du linge étendu sur les cordes à linges.

Je rêvais de fleurs et d'arbre. Mais je rêve aujourd'hui de mon enfance rempli de ruelles, balcons et cordes à linge.

« J’habite au cœur des cordes à linge – où les oiseaux viennent quand même chanter – malgré l’absence d’arbres – je suis du quartier des fils électriques » [Sylvain Lelièvre]

13 avril 2016

Le phyto-analyste : thriller botanique de Bertrand Busson

phyto2Le phyto-analyste : thriller botanique / Bertrand Busson. — Montréal : Marchand de feuilles, c2012. – 292 p. ; 21 cm. – ISBN 978-2-923896-06-9

Quatrième de couverture

Savez-vous quelle fleur vous êtes ?

C'est la question que nous pose Germain, le phyto-analyste qui vient de perdre toutes ses plantes. Elles sont  mortes de proximité humaine. Pire, Germain semble souffrir d'une absence du myocarde : son coeur a été repiqué par un chou-fleur. Heureusement, il y a Rachel, la blonde aux yeux comme des olives à martini, pour lui faire croire que tout n'est pas pourri. Mais quel sera le diagnostic foliaire ? Quel remède les sauvera de la pourriture du monde ? L'enquête sur la mort verte est semée de bonheur shilomique, d'épiphanies sur l'amour, l'amitié, la fidélité. Le phyto-analyste, c'est l'art topiaire en son plus majestueux déploiement. Un roman pour ne pas oublier que nos mères nous ont tous donné comme limite la clôture du jardin.

L’auteurphyto1

Bertrand Busson est né à Laval au Québec en 1983. Il étudie à l'Université de Montréal et obtient un Baccalauréat en Arts. Il étudie également en création littéraire à l'UQAM. Il travaille comme rédacteur et correcteur.

Il publie son premier roman Le phyto-analyste : thriller botanique en 2012 qui recevra le Grand Prix littéraire Archambault.

Page Facebook de l'auteur.

Bibliographie

  • Le phyto-analyste : thriller botanique (2012)
  • La mandibule argentée (2014)

Mes commentaires

Quel étrange roman ! Difficile de ne pas être dérouté par le texte de Busson. Et comme beaucoup de lecteurs, je le fus aussi.

Mais commençons par l'histoire. Germain Tzaricot est un spécialiste en biologie végétale et se définit lui-même comme un analyste du comportement des plantes et expert dans la communication avec celles-ci, un "phyto-analyste", comme son père. Il vit une petite vie tranquille, entre ses plantes et le bar du quartier où il va régulièrement prendre un verre  avec la faune locale. Un jour, il découvre toutes ses plantes, mortes. Elles ont succombées à une étrange pourriture qui semble d'abord se propager dans son laboratoire puis ailleurs dans la ville. Lui-même semble atteint de cette pourriture et comble de malheur, alors qu'il commence une relation amoureuse avec la belle Rachel, son coeur se transforme en chou-fleur.

Et nous plongeons alors dans ce fameux "thriller botanique". Germain Tzaricot se lance dans une enquête remplie de rebondissements - pas toujours très vraisemblables - afin de découvrir l'origine de cette pourriture qui atteint les végétaux et ensuite les humains. L'auteur nous livre avec son texte très étrange et parfois difficile à suivre, un roman sur l'homme et la nature ; principalement sur l'impact négatif de l'humain : surconsommation, guerres, destruction de la nature, etc.

Le roman est original. Étrange. Et je dois avouer que ma lecture a été difficile au début. Et cela me désespérait. Car je voulais tellement tomber en amour immédiatement avec le roman. Je m'explique. Il faut dire que j'avais un faible pour le livre. J'avais acheté le roman pour la bibliothèque car je trouvais l'histoire originale, le titre intriguant, la couverture superbe et j'adore les coins arrondis des romans de l'éditeur Marchand de feuilles. Mais le livre n'attirait pas le regard des usagers et il n'était pas emprunté. Nous l'avons mis dans les présentoirs à l'entrée de la bibliothèque bien en vue, nous l'avons inclus dans diverses bibliographies : romans policiers québécois, romans sur les plantes, la nature, le printemps... Nous avons fait beaucoup d'effort pour le promouvoir. Mais rien à faire. Le livre n'était pas emprunté. Ça arrive. J'ai donc décidé de l'emprunter et de le lire.

Et j'ai dû m'y reprendre à 3 fois. Je commençais les premières pages et rien ne m'accrochait. J'ai posé et repris le livre. Puis reposé et repris. Finalement j'ai réussi à poursuivre ma lecture. Et j'ai beaucoup aimé, je dois le dire. Mais ce n'est pas un texte simple à lire. Ce qui, cependant, n'explique pas le fait que le livre n'est pas emprunté... Le titre ? La couverture ? Le résumé ? Ce qui me charme rebute peut-être. C'est parfois difficile à expliquer. Mais je ne l'abandonnerai pas. Maintenant que je l'ai lu, je peux essayer de le promouvoir encore un peu. Histoire que d'autres lecteurs découvrent ce faux thriller policier rempli de conspirations, de drogues meurtrières, de kidnapping, d'expériences étranges, de fortes amitiés, de sombres trahisons, et surtout de plantes.

Le texte de Busson n'est pas facile d'approche, et le style parfois un peu lourd, mais une fois apprivoisé, il est très charmant. Le roman semble parfois partir dans tous les sens et on se demande à l'occasion où l'auteur veut en venir avec ses plantes. Les rebondissements sont parfois improbables et l'histoire légèrement farfelue, mais tout a du sens même avoir un chou-fleur à la place du coeur.

Les mots de l’auteur

« Rachel semblait nerveuse, ce fut pourtant elle qui poussa les choses un peu plus loin en me sautant dans les bras. Dans les débris de mon appartement se perdit son joli nez cassé vers la gauche ; dans la terre éparpillée sur le sol s’engouffrèrent ses grands yeux verts nébuleux ; dans le courant  d’air provenant de la fenêtre brisée valsèrent ses longs cheveux blonds ; dans les coussins déchirés de mon divan se dissimulèrent les pointes de ses petits seins. » p.106

«[…] j’ai fait la découverte d,une chose terrible : le genre humain n’a plus besoin de cœur pour survivre. C’est l’évolution qui le veut ainsi, la nature a récupéré ce que nous avons semé pendant oute ces années de guerre et de terreur. Ces années de meurtres et de bombes. Ces années d’industrialisation, de consommation, de capitalisation, de destruction de ressources et des espèces. Il suffisait d’un simple ajustement dans la poitrine pour résoudre les lacunes dues à l’absence du myocarde. Vivre sans un muscle, ce n’est pas une tragédie, surtout si ce muscle, dans les circonstances mondiales actuelles, ne vous sert  plus à rien. » p.272

Pour en savoir un peu plus…

30 octobre 2016

Le moment captif d'un dimanche : merveilleuse chimère

2016-10-09 ogres« Ne sommes-nous pas, comme le fond des mers, peuplés de monstres insolites ? » [Henri Bosco]

Il y a des monstres partout. Dans nos maisons et dans nos jardins. Il y en a qui se cachent dans la forêt, dans les champs, dans les grottes, sur les routes et dans les lacs. Je vois des monstres dans mon miroir, dans mes cauchemars et dans mes rêves. Il y a des monstres dans les yeux de mes amis, de ma famille, de mes collègues et dans mes yeux.

Les monstres en moi sont multiples. Ils se font parfois discrets, je ne les entends pas, je les oublie. Mais parfois ils sont assourdissant et omniprésents. Je ne peux les éviter, je ne peux les combattre. Ils font surface et m'envahissent. Ils prennent toute la place. Ils grimacent et essaient de me faire peur. Ils se réflètent dans mes gestes, mes mots, mes espoirs, mes doutes.

J'ai déjà voulu les combattre, les anéantir ; je me suis épuisée à vouloir les détruire. Mais ces monstres font parties de moi. Sans eux, je serais incomplète. Et donc je les cajole et petit à petit je les calme et les dompte. Et j'apprends à vivre avec eux, les contrôler mais les laisser aussi vivre en moi. Mes petits monstres grimaçants.

« Chacun a en lui son petit monstre à nourrir.» [Madeleine Ferron]

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