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Quelques pages d'un autre livre ouvert...
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23 décembre 2011

Noël bientôt

DSC_5055_copyBon, il était temps bordel !!!

Cela n'allait pas du tout. Un Noël vert, ça ne marche pas. Pas ici en tout cas. Déjà que les Noëls verts de Barcelone me déprimaient en bibitte... il me fallait tout mon "petit change" pour me mettre dans le mood de Noël. Car Noël pour moi, c'est important... c'est vital.

Je sais... je n'ai rien écrit depuis un bon bout. Le temps passe vite. Je travaille beaucoup, et je prépare Noël, malgré l'absence de neige. Magasinage, cuisine, décorations. En général, j'arrive à la maison, et je suis épuisée. Je vous lis un peu, et puis après le souper, je lis. (oui, et je lis, je lis, je lis... tous ces livres qui me passent entre les mains... je veux tous les lire et je manque de temps !). J'ai pleins de textes de commencer... des textes qui traitent de Noël, qui parlent de livres, de moments, de cuisine... de Noël... mais rien ne trouve le chemin du blog. Tous en suspens.

Mais, j'avoue que la "chaleur", la pluie et surtout le manque de neige me minaient l'esprit. J'étais down, down, down... j'avais beau me mettre de la musique de Noël á en venir folle, à me dire que ce n'est pas l'absence de neige et de froid qui règneraient sur mon humeur... à quelques jours de Noël, j'étais à peine dans le mood... Et je n'ai même pas encore fait de biscuits de Noël. C'est triste.

Noël pour moi est synonyme de neige, de froid... soupir... heureusement que les gens décorent beaucoup ici !!! Alors, hier soir avant de me coucher, j'ai chantonné cette chanson... DSC_5094_copy

I'm dreaming of a white Christmas 
Just like the ones I used to know
Where the treetops glisten, 
and children listen 
To hear sleigh bells in the snow....

Et en me levant ce matin... j'ouvre les rideaux et voilà !!! Oh ce n'est pas une tempête, à peine un centimètre... mais c'est déjà ça !!! On ne voit plus le brun et le vert... Vive le blanc manteau blanc ! En cette première journée de vacances, je m'en vais de ce pas à la cuisine faire mes biscuits de Noël !!! :D

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11 mars 2012

Le moment captif d'un dimanche : les premières gouttes

"Il faut toujours un hiver pour bercer un printemps" DSC_0619

Mais est-ce que l'hiver, lui, fut assez cajolé ? J'en suis loin d'être certaine. Je ne suis pas sûre qu'on l'ait assez caressé. A-t-il été assez endormi sous la neige et le froid pour laisser le printemps se réveiller doucement ?

L'hiver doit bercer le printemps. Et on doit se laisser bercer par l'hiver... le froid, la neige, la glace... et donc je ne sais pas.

Et si l'hiver n'a pas été cajolé, il n'a pas pu bercer le printemps. Et si l'hiver n'a pas réussi à suffisament bercer le printemps, celui-ci peut décider d'être ratoureux et frileux. Ou au contraire il arrivera trop vite.

Et s'il arrive trop vite, l'été peut être perturbé. C'est fragile un été. Et si court. Tout est question de balance et de berceuse.

Et pour le moment, par la fenêtre, je vois la neige disparaître très rapidement et les gouttes s'égoutter à une vitesse folle. Et je me questionne.

"Les brefs étés ont souvent des printemps précoces"

1 avril 2012

Le moment captif d'un dimanche : grimacer

2012-04-01"Le fou rire est immortel" [Jean-Michel Ribes]

C'est quand on ne regarde pas que les rires viennent nous surprendre. Au détour d'un couloir, en suivant la galerie, en levant les yeux.

Tout est sérieux. Tout est solennel. On garde le silence. On admire, on contemple. On s'émerveille, on sourit mais on n'ose pas rire. On chuchotte le plus silencieusement possible. On se retourne vers nous avec des yeux sévères, alors on se taie et on baisse la tête piteusement.

On écoute le guide religieusement. Il explique pleins de choses toutes très intéressantes. Mais nous sommes fatigués. Combien d'églises peut-on visiter en une journée ? Un moment donné... on est un peu saturé, vous savez.

Mais c'est tellement beau, touchant, historique et émotif. Alors on suit le guide et on se tait.

Et puis, on lève la tête au détour d'un coin et des visages nous grimacent impunément. Oh, on sait que ce sont des infirmités représentés en mascarons grotesques... le guide vient de tout nous expliquer, ce qu'on savait déjà, puisque c'est la millième église que l'on visite cette année. Ce n'est pas drôle. Qu'on se dit. Mais on se pousse du coude... "même les mascarons, en ont marre du guide qui semble boire ses propres paroles"... et la fatigue aidant, les gloussements reprennent...

Discrètement, tout d'abord... puis, les mascarons se multipliant, le guide cacassant, nous avons dû quitter brusquement, pris d'un fou rire envahissant... ben quoi, on a bien le droit de se détendre !

"Ha - ha - ha, Ho - ho - ho - And a couple of tra - la - las
That's how we laugh the day away, In the Merry Old Land of Oz" [Wizard of Oz]

7 mars 2012

Lorsque j'étais une oeuvre d'art de Schmitt

568303-gfLorsque j'étais une oeuvre d'art : roman / Eric-Emmanuel Schmitt. -- [Paris] : Albin Michel, 2004. -- 252 p. ; 18 cm. -- ISBN 2-253-10958-4. -- (Coll. Livre de Poche ; 30152)

Quatrième de couverture

Lorsque j'étais une oeuvre d'art est un livre sans équivalent dans l'histoire de la littérature, même si c'est un roman contemporain. Il raconte le calvaire d'un homme qui devient son propore corps, un corps refaçonné en oeuvre d'art au mépris de tout respect pour son humanité. Malléable, transformable, il n'est plus qu'un corps sans âme entre les mains d'un esprit diabolique dont le génie tient avant tout à son manque de scrupule. [Michel Meyer, Eric-Emmanuel Schmitt ou les Identités bouleversés]

L'auteur

Éric-Emmanuel Schmitt est né à Sainte-Foy-lès-Lyon en France en 1960. Il étudie en littérature et en philosophie. Il enseigne pendant quelques mois à Saint-Cyr alors qu'il fait son service militaire. Il enseignera ensuite quelques ego2années à Cherbourg puis à l'Université de Chambéry.

Il écrit depuis sa jeunesse et il publie dans les années 1990, des pièces de théâtre qui connaissent beaucoup de succès. Il écrira ensuite plusieurs romans et il touchera même au monde de l'opéra.

Depuis 2002, il vit à Bruxelles et a obtenu sa naturalisation belge en 2008. Il a donc aujourd'hui une double nationalité.

Biographie plus compléte et première bibliographie (partielle) 1991-2008 : ici

  • Le Sumo qui ne pouvait pas grossir (2009)
  • Concerto à la mémoire d'un ange (2010)
  • Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent (2010)
  • La femme au miroir (2011)

Site de l'auteur, ici.

Résumé

Un jeune homme s'apprêtant à faire une autre tentative de suicide en sautant en bas d'une falaise se fait offrir par un homme un marché étrange. Cet homme, un artiste très connu, lui propose d'attendre 24 heures avant de se suicider, si d'ici là, il ne lui a pas fait changer d'idée, il ne l'empêchera pas de se tuer. Le jeune homme accepte et le suit dans sa magnifique et déemesurée demeure et lui propose alors un marché encore plus étrange.

L'artiste propose au jeune homme de lui offrir son corps et de devenir entièrement sa possesion et ultimement son oeuvre d'art. Le corps du garçon deviendra le canevas de sa plus grande création. Le jeune homme accepte et signe sa liberté, sa volonté, sa vie à l'artiste. Il devient un objet, une Oeuvre d'Art. Il n'a plus aucun droit.

L'oeuvre d'art voit le jour sous les soins d'un médecin et la vision de l'artiste. Et le monde entier accourt admirer "le monstre". Celui-ci vit tout d'abord sa nouvelle vie en triomphe, mais peu à peu, cette nouvelle forme d'esclavage lui pèse. Comment peut-il échapper à l'artiste et au monde de l'art alors qu'il n'est plus qu'un objet ?

Commentaires personnels (très) personnel

Le titre m'a intrigué. Le quatrième de couverture, évasif, m'a accroché. Je voulais absolument lire ce livre d'un auteur que j'aime bien. Et puis, le livre est resté dans ma PAL pendant quelques années. Il y a quelques semaines, il s'est retrouvé ouvert entre mes mains. Pour une lecture longtemps retardée mais longtemps voulue. Et maintenant, je ne sais pas trop comment aborder mon commentaire. Car c'est le 2e livre de Schmitt que je critique sur ce blog et malheureusement, c'est encore une déception. Et pourtant j'aime vraiment beaucoup l'auteur. J'ai adoré La part de l'autre, L'évangile selon Pilate, Oscar et la dame rose et beaucoup d'autres. Ce n'est pas que j'ai détesté "Lorsque j'étais une oeuvre d'art", non pas du tout... mais c'est tout de même une déception. Car je n'ai pas aimé, je n'ai pas détesté... il m'a semblé fade et sans surprise... voyons voir...

Le problème c'est que j'ai aimé lire ce conte à saveur philosophique. J'aime beaucoup la plume de Schmitt. Et toujours le cas. De ce point de vue, Schmitt nous offre encore une fois un texte magnifique. Chaque phrase est fluide et le texte s'enchaîne facilement entre prose et chanson. Et il est facile et plaisant de se perdre dans les mots et le style de l'auteur.

Mais j'ai malheureusement décroché en ce qui concerne le propos de l'auteur.

Fable ou conte philosophique, texte existentialiste ? Je ne sais trop. Mais les thèmes de ce court texte sont facilement identifiables. Et ce dès les premières lignes. Et avec ces thèmes que l'on comprend dès le début (je dirais presque dès le titre et le quatrième de couverture), on devine rapidement la fin.

Re-résumons. Un homme veut en finir avec la vie. Il a déjà essayé plusieurs fois, mais sans succès. Il rate ses suicides. Pourquoi, veut-il se suicider ? Il se sent ordinaire, il se sent sans intérêt, il se sent laid. Car il est le frère des jumeaux Firelli, des mannequins d'une beauté incroyable, apparamment.  Donc, la vie est horrible et il veut mourir. Il pense que cette fois, il réussira à se suicider, mais sur cette falaise qu'il a choisi, il y a Zeus-Peter Lama. Un artiste fabuleusement talentueux et connu mondialement qui lui  propose d'acquérir les droits à son corps pour en faire une oeuvre d'art. Lama cherche à toujours repousser les limites de l'art et travailler le corps de cet homme est son prochain projet. Le jeune Firelli renonce donc à tous ses droits d'être humain pour devenir un objet et une oeuvre d'art. Il renonce à son suicide. Mais renonce aussi à sa vie. Il meurt "officiellement" et devient Adam-Bis, l'ouvre de Lama. Les mutiliations-transformations artistiques le rendent méconnaissable et même ses frères ne le reconnaîtront plus.

Évidemment, les inconvénients et mauvais côtés de cette nouvelle vie font rapidement oublier tous les avantages et l'euphorie des premiers jours. Il a perdu sa vie, sa liberté. Il n'a plus aucun droit. Il est un objet. D'autant plus, qu'il rencontre un vieux peintre et sa fille qui l'encouragent et surtout lui donnent la volonté de reconquérir et réclamer son droit à la vie et à la liberté.

De beaux sujets : le suicide, la vie, la mort, la définition de la beauté et la laideur, les limites de l'art, les limites de la liberté, les droits à la vie, à l'existence, l'esclavage, le voyeurisme, le matérialisme... et bien sûr le fameux "pacte avec le diable"

Le problème pour moi, c'est que c'est tellement prévisible et cliché... que je n'ai pu y croire un instant. Je sais qu'en tant que fable/conte, le texte se doit de faire passer ses messages de façon évidente... Mais je ne pouvais croire à la situation. Même un innocent pouvait comprendre le contrat qu'il passait. Il renonçait à sa vie et ses droits pour les donner à l'artiste (oui, bon, pour les besoins du récit, on va dire que c'est possible dans notre société occidentale d'aujourd'hui). Il se suicide donc de toute façon. Mais pour ensuite se rebeller contre cette condition d'objet. Dis donc l'innocent, tu brailles parce que tu es moins beau que tes frères, tu veux te tuer, mais à la place tu mets ta vie entre les mains d'un artiste complètement fou et égocentrique et après tu te rebelles... je dis en baillant "Assume!!!". Surtout qu'on ne peut pas dire que faire un pacte avec le diable et ça aille mal puisse encore surprendre qui que ce soit! (Le lecteur y compris)

Certaines idées étaient bonnes: le musée, la vente aux enchères, l'exposition chez un particulier... mais bizarrement j'étais absolument incapable d'y croire... et ce, je le répète, même en gardant en tête le but de cette fable.

Le personnage principal m'énervait sans arrêt, Lama était inbuvable et les autres personnages insignifiants. Les seuls qui m'ont intéressés sont les "fameux" jumeaux. Peut-être était-ce le but de l'auteur après tout... mais si c'est le cas, il a tout de même perdu sa cible car je n'ai jamais réussi à entrer dans ma lecture. Tout est trop gros et irréaliste.

Mais le pire dans tout cela c'est la fin... car c'est une sorte de "happy end" complètement inapproprié. What the hell... je n'ai pu m'empêcher de penser ! Tout est bien qui finit bien !!! Et en plus, le méchant Lama reçoit ce qu'il mérite. L'oubli total. Bordel, il manquait juste ça.Quelle déception.

Je me rend compte que je suis loin d'être objective. Que mon commentaire n'est fait que de ressentis. Et aucune analyse objective. Mais bon... j'assume. Contrairement au personnage principal.

L'avis de : Allie, Edith Cannac, Keven Girard, Alecto, Isabelle, Sunniva, Flo_boss, Kenza,

Extraits

"La force de la beauté, c'est de faire croire à ceux qui la côtoient qu'ils sont eux-mêmes devenus beaux. Mes frères gagnaient des millions en vendant cette illusions. On se les arrachait pour des soirées, des inaugurations, des émissions de télévisions, des couvertures de magazines. Je ne pouvais blâmer les gens de tomber dans le piège de ce mirage, j'en avais été moi-même la promière victime. Enfant, j'étais perduadé d'être aussi magnifique qu'eux." p. 20

"Il ne peignait pourtant rien de ce qui est visible. Il peignait l'air. Un air précis, celui du matin même, entre la mer illimitée et le ciel illimité. Si je quittait son cadre, je ne voyais plus qu'avec mes yeux, j'inventoriais des éléments connus, répertoriés, l'ordinaire d'un bord de mer, la plage de la marée basse, les rochers endormis, les oiseaux profitant du retrait des eaux pour chasser à même le sol, l'éther éblouissant. J'y voyais ce qui avait été et n'était déjà plus, un moment du temps, cet air-là de dix heures du marin [...]" p. 116

"Comme La Joconde de Vinci ou le David de Michel-Ange, j'avalais les crétineries sans broncher. Pour être une oeuvre d'art célébrée et commentée par le monde entier, il faut soit être très bien élevé comme Mona Lisa, soit ne comprendre que l'hébreu ancien comme David, soit, comme moi, s'en foutre royalement." p. 169

Sources à consulter

6 janvier 2013

Moment captif du dimanche : désenluminer

neige2« La lumière d’une bougie n’est en rien diminuée si elle en allume une autre. » [Anonyme]

Il neige dehors. Quelques centimètres sont encore tombés aujourd'hui. Je ne m'en lasse pas. Je vais dehors pour ramasser cette neige virevolante.

J'arrête quelques instants. Les lumières de Noël réfléchissent délicatement sur la neige qui envahit la cour, sur les flocons qui tombent calmement.

J'ai le coeur triste soudainement. Les lumières disparaîtront dans quelques heures. Le Temps des Fêtes est terminé. Habituellement, quand le Jour de l'An est passé, je passe aussi à autre chose. Je trouvais difficile de rester dans les festivités jusqu'au 6 janvier lorsque j'habitais en Espagne.

Mais cette année, j'étais incapable d'enlever les décorations et les lumières. Il y avait si peu de neige avant Noël... et il y en a tellement maintenant... Difficile de se séparer de cette luminosité encolorée et toute enveloppée de cette blancheur.

Il fera noir ce soir. Toutes les lumières seront remisées dans leurs boîtes jusqu'à l'année prochaine. Les prochains jours, les prochaines nuits sembleront fades. C'est toujours comme ça. Trop de lumières et de scintillements rendent la vie soudainement terne lorsqu'ils disparaissent.

Une lumière s'éteint et une nouvelle lumière s'allume. Les lumières seront toujours là, il suffira de les faire renaître dans nos yeux. C'est facile. Il faut simplement s'ouvrir aux éclats de chaque instant.

« La lumière existe dans l'obscurité ; ne voyez pas avec une vision obscure. » [Koan zen]

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17 février 2013

Moment captif d'un dimanche : s'enflammer

DSC_0025"Dans un large fauteuil, près du foyer béni, comme on peut voyager, l'hiver, à l'infini!" [Hyppolyte Laroche]

C'est une soirée froide. Une soirée comme je les aime. Il a fait trop doux ces derniers jours. Je veux un hiver de neige et de froid.

Je m'encouverture doucement sur mon divan. Je ferme presque toutes les lumières. Un feu brûle dans la cheminée. Je prends mon livre, mais mes yeux n'arrivent pas à rester sur la page. Ils ne peuvent s'empêcher d'observer les flammes qui valsent et me réchauffent.

Et mon esprit s'envole tranquillement. Il suit le crépitement du bois et poursuit la fumée qui s'évade dans la cheminée. Mes pensées virevoltent follement et se transforment en rêves. Des rêves doux, des rêves fous, des rêves déraisonnables, des rêves incroyables.

J'imagine des voyages absurdes, des folies incroyablement réalisables, des projets majestueux, des songes lumineux.

Petit à petit, la chaleur m'engourdit. Les flammes m'hypnotisent. Et je m'évade vers l'infini.

"Car le feu qui me brûle est celui qui m'éclaire" [Etienne de la Boétie]

9 mars 2013

Je chuchotte un coup de mon coeur

C'est tout bizarre... Une belle coïncidence ! Mais certains diraient qu'il n'y a pas de coïncidence et que ceci est la cause de cela. Et c'est bien évident. C'est normal et y avoir pensé, j'aurais fait cet article sur mon crime littéraire sans coeur bien avant. DC2Bs

Car forcément, trois jours après avoir rédigé l'article en question, j'ai eu un coup de coeur renversant.

Un livre que j'ai refermé en disant "Wow"... ce que je ne fais plus depuis longtemps. Et surtout pour ce genre littéraire.

Car mon vide de coups de coeur est - ou était - compartimenté. Et deux genres étaient particulièrement touchés: les romans policiers et les romans fantastiques. Des pincements de coeur j'en avais presque eus dans d'autres genres... mais pas pour ces deux-là. Et surtout, cela faisait encore plus longtemps que je n'en avais pas eus. Des années et des années... sans avoir pu fermer un roman policier ou un roman fantastique et m'être dit : "Wow, quel roman incroyable". Cela faisait une éternité que je n'avais pas été captivé par l'intrigue d'un roman policier ou inquiété par un roman fantastique.

Mais voilà... c'est arrivé hier ! J'en avais des frissons. Je vous jure. Vous avez peut-être lu le livre et vous êtes surpris. Ou vous lirez le livre et vous ne comprendrez pas. Ça arrive. On ne peut pas avoir tous les mêmes coups de coeur.

Mais je vous le jure quand j'ai lu la dernière page de ce roman, je n'en revenais pas. Non seulement, je l'avais lu en 2 jours, mais je voulais continuer. Je voulais d'autres pages. Et je souhaitais retourner en arrière pour qu'il me reste encore des pages à lire.

Et ce fut une surprise totale. Car j'ai commencé ce livre, il y a deux semaines. J'ai lu les 18 premières pages et je me suis couchée. Je le sais car je n'avais même pas pris la peine de mettre un marque-page, je l'avais cornée cette page, ce qui veut dire que le roman ne m'apparaissait pas comme un roman à conserver précieusement. Conserver ? Probablement. Avec soin ? Non. C'était ok, mais rien qui ne me semblait renversant. Et puis les jours suivants, j'ai lu autre chose.

Avant hier, j'avais besoin d'un petit livre pour mon trajet de train. C'est-à-dire d'un format poche. Il ne me restait que quelques minutes avant de partir alors j'ai pris le livre le plus près et qui était du format adéquat. Celui-ci. Le trajet de train fut trop court. Toute la journée, j'ai pensé au livre et j'avais hâte au trajet du retour. Le soir... j'avais pleins de projets. Que j'ai mis de côté pour lire. Jusqu'à 2h00 du matin. Le lendemain... je n'ai pu que lire et quand j'ai reposé le livre, j'en voulais encore. Trop court, ce livre de 568 pages.

Je prépare mon article parce que pour une fois, je veux le faire tout de suite (oui, j'écris rarement un texte après avoir lu le livre... bon, jamais !) et essayer de transmettre ce qui m'a fait "coup de coeurer" ce roman policier. Parce que ce n'est pas nécessairement le style, l'histoire ou ... bon... je rédige et je vous reviens.

Mais j'annonce officiellement que je vais enfin mettre un "vrai" coup de coeur "récent" sur la table des "Coups de coeur" demain !

(PS - Bon, je regarde mon montage, de la couverture avec le "coup de coeur" et c'est weird... mais je laisse... mais weird...)


Lire aussi: Le chuchoteur de Donato Carrisi

31 mars 2013

Le moment captif d'un dimanche : oiseaux de verre

2013Paques"Il y a le possible, cette fenêtre du rêve ouverte sur le réel" [Victor Hugo]

Un air de printemps se dessine. Sur la vitre d'une fenêtre flottante, l'oiseau gazouille doucement. Il chante la couleur qui l'entoure.

Pâques est ici et on se dit alors qu'on peut finalement croire que les fleurs rêvées vont bientôt nous envahir. La neige lumineuse et douce paisiblement disparaît. Il n'en reste presque plus. Encore un peu, ici et là.

Au détour d'une randonnée, ce balcon fleuri apparaît joyeusement. Les couleurs s'emparent de chaque coin. Des guirlandes, des fleurs, des oeufs, des oiseaux... le printemps quoi.

L'hiver m'a enveloppé. Avec joie, je me suis emmitouflée dans la neige et le froid. Mais petit à petit, j'ai commencé à rêver du printemps. Je me demandais où il se cachait vraiment. Et je l'ai trouvé... camouflé sagement, dans une cour intérieure, sur un balcon secret, d'une boutique discrète, au coin d'une rue silencieuse, d'un petit village joyeux.

"L'oiseau s'est libéré de la terre. Désormais, il sera prisonnier du ciel" [Valeriu Butulescu]

 

25 mars 2013

Le chuchoteur de Donato Carrisi

DC2AsLe chuchoteur / Donato Carrisi, traduit de l'italien par Anaîs Bokobza. -- [Paris] : Calmann-Lévy, 2011. --574 p. ; 18 cm. -- ISBN 978-2-253-15720-5. -- (Coll. Livre de poche : thriller ; 32245)

Quatrième de couverture

Cinq petites filles ont disparu. Cinq petites fosses ont été creusées dans la clairière. Au fond de chacune, un petit bras, le gauche. Depuis le début de l'enquête, le criminologue Goran Gavila et son équipe ont l'impression d'être manipulés. Chaque découverte macabre les oriente vers un assassin différent. Lorsqu'ils découvrent un sixième bras, appartenant à une victime inconnue, ils appellent en renfort Mila Vasquez, experte en affaires d'enlèvement. Dans le huis clos d'un appartement, Gavila et ses agents vont s'échafauder une théorie à laquelle nul ne veut croire... Un époustouflant thriller littéraire inspiré de faits réels.

L'auteur

Donato Carrisi est né en 1973 à Martina Franca en Italie. Il étudie d'abord en droit puis en criminologie et en sciences du comportement. Sa thèse portera sur un tueur en série italien, Luigi Chiatti, surnommé le "Monstre de Foligno". Puis il délaisse le droit et dès 1999, il commence à écrire des scénarios pour la télévision et le cinéma.  Son premier roman, Le Chuchoteur, a gagné de nombreux prix dont le prix Camaiore, le prix Bancarella, le prix SNCF du polar européen et le prix des lecteurs du Livre de poche et plusieurs autres. Il vit présentement à Rome.

Bibliographie

  • Il suggeritore (2009) (Le Chuchoteur, 2010)
  • Il tribunale delle anime (2011) (Le Tribunal des âmes, 2012)

Filmographie

  • Casa famiglia (série, 2001)
  • Casa famiglia 2 (série, 2003)
  • Era mio fratello (film pour la télévision, 2007)
  • Nassiryia – Per non dimenticare (film pour la télévision, 2007)
  • Squadra antimafia – Palermo oggi  (série, 2009)
  • Moana (télévision, 2009)

Site web de l'auteur en français et en italien.

Commentaires [très] personnels

Comment commenter sans trop en dire. Je vais y aller de mon expérience de lecture tout simplement, puisque j'ai déjà teinté mon commentaire avec mes précédents billets... Donc... depuis des mois - disons honnêtement des années - je n'ai pas eu de coup de coeur pour une lecture... et encore moins pour un roman policier. Le problème, d'après moi, c'est sur-lecture. J'ai tant lu de romans policiers qu'il me semble maintenant toujours être déçu par ma lecture. J'ai peut-être trop d'attentes... probablement. Mais il demeure que cela fait une éternité que je n'ai pas été emballé par une lecture d'un roman policier. Jusqu'au roman de Donato Carrisi.

Le quatrième de couverture n'est pas un très bon résumé du roman, selon moi. Oui, nous avons bien comme prémisse la découverte des 6 bras de fillettes. Mais beaucoup de gens ont tout de suite assumé que l'histoire se dirigerait vers l'enlèvement de petites filles et obligatoirement vers la pédophilie. Et bien qu'un des cas est bien relié à la pédophilie, le reste du roman en est bien loin.

Le roman commence de façon classique. Des fillettes disparues, leur bras gauche découvert dans des fosses, des policiers enquêtent. Mais voilà, qu'un sixième bras est trouvé appartenant à une fillette inconnue. Qui est-elle ? Parmi les enquêteurs, un criminologue réputé, le Dr. Goran Gavila. Ce dernier participe activement aux enquêtes de la police. Mais ce cas est différent, il implique des enlèvements en série d'enfants. Ils vont donc faire appel, à une enquêtrice spécialisée dans les enlèvement, surtout le rapt d'enfants.

Le roman suit donc l'enquête de cette équipe composée également de quelques policiers. Le texte principal suit en grande partie la perspective de l'enquêtrice Mila Vasquez. Mais il est cependant entrecoupé de rapports d'un directeur de prison sur un mystérieux prisonnier qui doit être relâché sous peu [avec une police de caractère plus petite] et des réflexions d'une petite fille manifestement prisonnière [texte en italique]. Ces deux disgressions vont s'avérer très importantes.

J'ai rarement été aussi prise par une lecture. Contrairement à certains avis, je n'ai pas eu de la difficulté à me plonger dans le roman... une fois passée le premier chapitre, ceci dit. Comme je l'ai déjà dit, j'ai commencé ma lecture et j'ai corné la page à la fin du premier chapitre. Sans avoir été accroché, sans plus y penser. J'ai repris la lecture plusieurs jours plus tard. Mais là, je ne l'ai plus cessée. Deux jours plus tard, j'avais terminé le roman avec un sentiment enivrant d'une lecture trépignante et un sentiment de vide laissé par la dernière page tournée.

Je dois avouer que le roman est très "visuel". Je verrais sans peine un film de ce roman, ou même une série télé. Cela pourra peut-être déplaire à certains lecteurs. L'auteur écrit des scénarios et cela transpire dans son roman. Nous sommes très loin des romans policiers à la "agatha christie". Et c'est tant mieux. [Ne vous trompez pas je suis une amoureuse folle des romans d'Agatha!!!]. Le suspense monte petit à petit et les rebondissements sont multiples. J'avoue que j'ai été bluffé par certains revirements. Mais en repensant à ma lecture, je m'aperçois que certaines choses auraient pu être devinées. Mais ma lecture était si intense et rapide que je n'ai rien vu. Et j'en suis bien contente. Sinon, je n'aurais pu me dire "wow, je ne l'avais pas vu venir, celle-là" et cela aurait été dommage.

Les personnages sont légèrement caricaturaux et ils sont développés un peu comme dans certains films ou séries du genre. Mais les croire superficiels est faux. L'auteur réussit à créer des personnages humains avec nombres de défauts mais pas trop et plusieurs qualité, mais pas à l'excès. Les relations entre les personnages se développent tranquillement et, selon moi, de façon assez réaliste. Je ne supporte habituellement pas les relations "vaguement amoureuses" entre les principaux protagonistes, mais ici, la relation entre Mila et Goran se déroule doucement et réserve beaucoup de surprises. Elle est essentielle aux personnages et le dénouement m'a prise par surprise (même si je sais que beaucoup de lecteurs l'avaient deviné... je répète, j'ai lu tout d'un trait ;-) ).

Le roman m'a beaucoup fait pensé a certaines séries policières que j'aime beaucoup: Criminal Minds, CSI, etc. Le texte est centré sur une enquête policière, c'est  le focus principal. Mais on se penche parfois un peu sur les personnages, leurs vies, leur personnalité, les rapports entre eux... et chaque épisode amène un élément nouveau au personnage. On s'attache tranquillement à eux, même ceux qui sont d'abord déplaisants. Des liens se dessinent au fil de la saison,  mais le coeur du texte demeure l'enquête. C'est la même chose ici. L'enquête est au centre du roman, mais chaque chapitre nous fait connaître un peu plus les personnages et les raisons qui les font agir ainsi. Parfois, c'est un peu cliché, mais cela s'intègre tout de même bien au texte.

Je dois quand même dire que certains passages m'ont achalée et m'ont semblé "faciles" : on piétine ? faisons appel à un personnage sans rapport qui va faire débloquer un peu l'histoire ; on est dans une impasse ? quel heureux hasard, on trouve miraculeusement cet indice venu de nulle part. Mais c'est minime dans l'ensemble. Et on sent que l'auteur maîtrise bien son sujet. Il a étudié en droit et en science du comportement après tout. Et il dit s'être inspiré de cas réels (brrr, cela donne des frissons !).

Maintenant qu'en est-il de l'intrigue ? Il est difficile de la raconter sans trop en révéler. Disons simplement que les corps des cinq fillettes seront retrouvés un à un, amenant une enquête distincte à chaque fois. Et la fillette du 6e bras ? Je ne peux le dire ! Et le tueur ? C'est un psychopathe, oui... et il chuchotte. Voilà. Vous savez tout. 

En conclusion... j'ai adoré ma lecture ! L'aimerez-vous ? Peut-être... peut-être pas... Pour moi, ce fut une lecture passionnate survenue juste au bon moment.

Lire aussi : Je chuchotte un coup de mon coeur

Extraits

"Pas de compassion. Il ne nous y a pas autorisés. Il ne nous a laissé que la peur. On ne peut pas avoir pitié pour ces petites victimes. Il veut seulement nous faire savoir qu'elles sont mortes... Vous trouvez que cela a un sens ? Des milliers d'oiseaux dans le noir, contraints à crier autour d'une lumière improbable. Nous ne pouvons pas les voir, mais eux, ils nous observent - des milliers d'oiseaux. Que sont-ils ? C'est simple. Mais c'est aussi très illusoire. Et il faut se méfier des illusionnstes : parfois, le mal nous trompe en revêtant la forme la plus simple des choses." p. 16

"[...], Goran avait accroché dans sa salle de cours la photo en noir et blanc d'un enfant. Un petit d'homme dodu et sans défense. Ses étudiants la voyaient tous les jours et finissaient par se prendre d'affection pour cette image. Quand - plus ou moins au milieu du semestre - quelqu'un avait le courage de lui demander de qui il s'agissait, il les mettait au défi de deviner. Les réponses étaient variées et pleines de fantaisie. Et il s'amusait de leurs expressions quand il leur révélait que cet enfant était Adolf Hitler. Après la guerre, le chef nazi était devenu un monstre dans l'imaginaire collectif, et pendant des années les nations qui étaient sorties victorieuses du conflit s'étaient opposées à toute autre vision. Ainsi, personne ne connaissait les photos de l'enfance du Führer. Un monstre ne pouvait pas avoir été un enfant, il ne pouvait pas avoir ressenti autre chose que de la haine, avoir vécu une existence similaire à tant d'autres enfants de son âge, qui étaient par la suite devenus ses victimes." p.32

"Les yeux vifs, les cheveux emmêlés, une dent de devant qui manquait, une tache de gras bien visible sur son pull vert, arborée comme une médaille. Billy Moore reposait pour toujours sur cette photo et dans le petit cimetière à côté de l'église de l'institut. Il n'était pas le seul enfant à y être enterré, mais sa tombe était la plus belle. Un ange de pierre déployait ses ailes en un geste protecteur." p. 228

Sources à consulter

7 avril 2013

Moment captif d'un dimanche : fondue

"Chaque chose a son temps en hiver comme au printemps" [Dicton français]DSC_5547

Bon peut-être, mais c'est qu'il s'est laissé désirer cette semaine, ce printemps. Il garde pour lui son beau temps. Il ne veut pas le partager. Bon. Aujourd'hui, il y a bien quelques degrés de plus, mais à peine. Hier, on grelottait encore. J'ai beau aimé l'hiver, quand c'est le printemps, j'ai envie de printemps.

Et on a beau dire qu'il ne faut pas se découvrir d'un fil en avril, j'enlèverais bien encore quelques couches, moi. Je regarde l'hiver fondre petit à petit, mais je commence à être impatiente. Et pourtant, je suis très patiente côté température. Je laisse les choses arriver tranquillement. Je préfère nettement que le printemps s'installe doucement. Je n'aime pas passer de -5ºC à 20ºC en quelques jours.
 Je préfère voir la nature se transformer graduellement. Mais là, il est temps, printemps, que tu travailles un peu plus ! Et permet à la neige et à la glace d'enfin fondre complètement. Regarde ce pauvre glaçon flotter tristement dans l'eau encore trop froide. Aller, printemps... un petit effort ok ?

"Certains matins de printemps ont une fraîcheur de grenouille" [Francis Dannemark]

24 juin 2013

Le moment captif d'un dimanche : le souhait du lundi

04"On en vient à aimer son désir et non plus l'objet de son désir." [Friedrich Nietzsche]

J'aime la pluie. J'aime les gouttes qui dégouttent sur mon toit. J'aime les gouttelettes qui tombent doucement sur ma terrasse. J’aime l’odeur de la pluie d’été.

Il y a quelques jours c’était une pluie de printemps. Trop froide. Aujourd’hui, c’est une pluie d’été. Trop humide.

J’aime la pluie. Mais trop de pluie me fait soupirer. Les fleurs brunissent. Les tomates restent désespérément vertes. Et mes yeux s’ensommeillent.

Ma tête est lourde ; mes gestes pesants ; mes idées paresseuses. Je suis sans mouvement.

C’est alors que l’oiseau s’est posé sur mon balcon. Il m’a regardé doucement. Il m’a promis de faire revenir le soleil. Mais il m’a aussi dit de faire attention que le soleil pouvait avoir le même effet.  J’ai répondu que j’en avais assez de la pluie. Je voulais du soleil et de la chaleur. L’oiseau a acquiescé et s’est envolé.

Aujourd’hui, il fait soleil. Un soleil puissant produisant une chaleur étouffante. La pluie de hier a disparu. L’humidité a pris sa place. Il fait beau, il fait chaud. Et le soleil brille.

J’aime le soleil. Mais trop de soleil me fait transpirer. Les fleurs sont molles. Les feuilles jaunissent et ramollissent. Et mes yeux s’ensommeillent.

Ma tête est lourde ; mes gestes pesants ; mes idées paresseuses. Je suis sans mouvement.

L’oiseau me regarde d’une branche à l’ombre. Il me demande si je suis contente, il a tenu sa promesse. Je lui réponds que je suis contente. Il me regarde en soupirant, il sait bien que je lui mens. Il fallait faire attention à ton souhait, me dit-il. Il se moque de moi. Et il a bien raison. La prochaine fois, je prendrai garde à bien réfléchir avant de souhaiter…  

24 décembre 2013

C'est l'attente...

Douce veille de Noël...

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Le temps de faire les biscuits et

de ficeler les derniers cadeaux...

 

Le soleil brille sur la neige

mon chat dort enveloppé

dans un rayon lumineux

 

Dans quelques heures, il fera noir

nous allumerons le feu,

nous mangerons trop

et nous échangerons des babioles.

 

Et demain ce sera Noël...

 

16 février 2014

Le moment captif d'un dimanche : visionnaire

2014-04-13"Plus on prend de la hauteur et plus on voit loin." [Proverbe chinois]

Si parfois, on oublie de regarder derrière soi, parfois, on ne voit pas plus loin que le bout de son nez. On oublie aussi de mettre ses lunettes et on ne voit clairement que ce qu'il y a tout près de nous. Tout le reste est flou. On ne pense pas à ce qui pourrait se passer plus tard et on ne réfléchit pas aux conséquences du présent.

Il est certain que de ne regarder au loin, on pourrait passer à côté du tout près. Après tout, il faut voir ce qu'il y a juste devant pour commencer à avancer. Si on ne regarde que la route au loin, on pourrait tomber dans le trou qui se trouve juste à nos pieds.

Et donc, il faut balancer un peu notre vision. Se retourner de temps en temps pour évaluer les gestes passés. Regarder sous nos pieds pour analyser le moment présent. Et s'élever pour ragarder devant nous. Regarder ce qui va se passer et ce qui pourrait se passer. Regarder loin et parfois encore plus loin. Et additionner le passé avec le présent pour extrapoler ce que l'avenir pourrait nous offrir. Un rétroviseur, des lunettes d'approche... et une petite dose d'imagination, de rêves et de pragmatisme.

"Pour juger le monde, il faut le voir de loin et l'avoir beaucoup vu de près." [François de la Rochefoucaud]

15 octobre 2013

L'invitation de Pairolí

DSC_4225L'invitation / Miquel Pairolí ; traduit du catalan par Anne Charlon. --[Paris] : Éditions Autrement, [c 2011]. -- 166 p. ; 19 cm. -- ISBN 978-2-7467-1531-8. -- (Coll. Littératures - tinta blava ; créée et dirigée par Llibert Tarragó)

Quatrième de couverture

Nous sommes en 1939. Pour sauver leur fils condamné à mort par les franquistes, M. et Mme Forest sont prêts à tout. D'abord intrigués par l'invitation à dîner du commissaire Carpentier, ils décident de saisir leur chance.

Récital d'opéra, domestiques impassibles, conversations saugrenues : les Forest sont désarçonnés. Vont-ils enfin pouvoir parler de leur fils ? Sans compter cette interminable succession de mets au goût férocement épicé...

L'auteur

Miquel Pairolí i Sarrà est né en 1955 à Quart dans la province de Girona (Gérone) en Espagne. Ses parents sont des agriculteurs. Il fait ses études primaires et secondaires à Gérone. Dans les années '70, il étudie en langue et littérature hispanique (philologie hispanique) en se concentrant sur l'aspect catalan, d'abord au collège universitaire de Gérone puis à l'université autonome de Barcelone. En 1976, il commence à travailler comme journaliste et

mp1collabore à la revue Presència. Les années suivantes, il écrit dans les pages littéraires de Avui et puis dans Punt Diairi. Après son service militaire, il continue dans la voie journalistique mais donne également des cours de catalan aux adultes.

Ce n'est qu'à partir de 1987, qu'il se consacre au journalisme ainsi qu'à son oeuvre littéraire. Il écrit plusieurs romans, ainsi que des essais, des biographies, une pièce pour le théâtre et un scénario pour la télévision. Il fait également quelques traductions. Son oeuvre a été primée à quelques reprises, notamment son roman Cera.

Il décède le le 6 juillet 2011 à Salt, tout près de Girona.

Le site de l'auteur en catalan.

Bibliographie sommaire (romans)

  • El camp de l'Ombra (1995)
  • El convit (1998) (L'invitation, 2001)
  • El manuscrit de Virgili (2004)
  • Cera (2008)

Bibliographie complète sur le site de l'auteur.

Commentaires personnels

L'invitation de Miquel Pairolí est un roman qui m'a beaucoup troublé. Je l'ai lu d'un seul souffle et même si j'avais partiellement deviné la fin, j'ai tourné la dernière page en tremblant. Comment un roman si bref pouvait-il contenir tant de cruauté sans pourtant en dire beaucoup ?

L'histoire est simple en somme. L'auteur nous raconte l'histoire d'un repas. Un repas rempli d'ambiguïtés, de sous-entendus, de menaces, mais surtout de haine et mépris. Tout le roman se passe en huis clos lors de ce repas. Enfin, sauf une première scène qui nous présente l'exécution d'un prisonnier de guerre.

Nous sommes en Espagne, plus précisément en Catalogne en 1939. La Guerre Civile est officiellement terminée et Franco a gagné. La guerre fut difficile partout. Les franquistes sont au pouvoir et exercent une impitoyable répression. Les émotions sont à fleur de peau. Ceux qui ont gagné, ceux qui ont perdu. La haine, la rancune, la soif de vengeance, le désir de régler de vieux comptes. Certains ont maintenant un nouveau pouvoir qu'ils comptent bien exercer. Il leur est possible de faire payer d'anciennes humiliations, de se venger des affronts dont on ne se souvient même pas, dont on n'est même pas conscients avoir faits.

Le fils adoptif des Forest a été arrêté et emprisonné. C'est un rebelle et il est condamné à mort. Il sera exécuté. Dans un dernier effort pour le sauver, les Forest demande l'aide du nouveau commissaire de police, Carpentier. Devant leur supplication, Carpentier, étrangement, leur envoie une invitation pour un dîner chez lui. Pourquoi les inviter chez lui ? On s'interroge sur ses motivations dès le début. Il aurait pu les rencontrer à son bureau ou même rendre sa décision sans même les rencontrer... On se doute donc qu'il a ses propres motivations. Et on sent déjà la malveillance dans cette invitation.

Le texte nous présente tout d'abord la famille Carpentier. Nous les voyons attendre l'arrivée des Forest. Je ne peux que souligner le texte de Pairolí qui est tout en subtilité mais qui nous enveloppe totalement dans un brouillard malsain. Puis les Forest arrivent et le repas commence. La façon dont le repas se déroule, les propos futiles et l'arrogance du clan Carpentier, les mouvements des serviteurs, la frustation, l'espoir, le désespoir et le dégoût des Forest... tout est malaise. Un malaise qui commence doucement mais qui devient visqueux. On ne peut que voir un danger se propager, mais bizarrement, on sait que les Forest ne sont pas menacés physiquement. Ce sera pire que ça.

On devine tout de suite que Carpentier veut se venger des Forest et qu'il fera payer cher la vie de leur fils. Cette invitation est remplie de mépris. Mais le mépris appelle le mépris et cette invitation n'est pas innocente. Les invitations qui ne furent jamais faites sont aujourd'hui payées. Et le repas ne pourra jamais être digéré. Et j'en dis trop.

Les personnages principaux sont beaucoup plus complexes qu'on ne le croit. Et chaque parole, chaque action, et surtout chaque description est nécessaire et horrible. Les apparences sont parfois trompeuses, les épices cachant la vérité.

Miquel Pairolí est un artiste, il excelle à masquer l'évidence dans le banal... une chanson, une histoire, une fable, un conte. Comme tout conte, on ne peut que se questionner... a-t-on le droit de punir une injustice et un affront par autant de monstruosité... aussi subtile soit-elle.

Les mots de l'auteur sont efficaces et précis. Il y a tant de brutalité dans les phrases mais jamais de vulgarité. Dans ces quelques pages, on sent toute la rancoeur des nouveaux dirigeants, on sent le ressentiment et l'incompréhension entre les classes sociales... mais on ne peut comprendre les moyens incroyables, extrêmes et immoraux qu'on peut prendre pour se venger d'anciennes injustices. Le roman est tout en malaise et humiliation, chaque parole, chaque geste est chargé intensité.

J'ai l'impression que je ne fais que souligner l'incroyable densité et intensité du texte de Pairolí. Mais je dois aussi dire à quel point les mots de l'auteur sont précis et efficaces. On lit le texte facilement. On se laisse prendre et envelopper par son style et la lourdeur du propos ne touche jamais le texte. Le suspense reste jusqu'à la fin, même si on devine une partie de la réalité de ce repas. Et on sent que la folie n'est jamais loin.

Oh... et si ce n'est pas clair... c'est un coup de coeur total ! C'est un roman incroyablement troublant...

L'avis de Clara

Extraits

"Le rire de Carpentier se fit alors presque insultant, un rire gras, franc, qui dégénéra en une quinte de toux bronchitique. Rubèn était parfois tellement naïf ! [...] -- Ils ne savent rien ? -- Évidemment ! Qu'est-ce que tu t'imagines ? Tu sais, mon petit, cette soirée promet d'être très, très amusante. Je te recommande donc de prendre tout cela comme un jeu. Si tu le fais, tu vas passer un excellent moment, vraiment excellent." p.16-17.

"Forest hésita un instant. Il aurait voulu ériger un monument à la vérité. Dire d'une voix claire, sur un ton cynique, quelques mots bien sentis, se lever et partir. Mais ils ne pouvaient pas, dans leur situation, s'offrir ce plaisir. C'est pourquoi Forest ravala tout ce qu'il aurait voulu dire, comme il avait avalé tous ces plats qui leur avaient été servis, et il ne put que mâchonner une réponse polie, qu'il voulut stricte et brève." p. 96

À consulter

31 décembre 2013

Et une autre année...

2014-01Déjà une autre année qui est sur le point de nous quitter.

C'est fou comme le temps passe vite. Je suis certaine que c'est un cliché, mais plus je vieillis et plus les années semblent s'enfuir rapidement. Insaississables. Elles passent si vite maintenant. Je me souviens d'un temps où les années semblaient si longues. Les semaines, les mois étaient interminables.

Parfois, j'ai l'impression que le temps passe trop vite, comme tout le monde, je suppose. J'ai fait quoi de cette dernière année ? 2013 m'a semblé si chargée, si remplie de tant de choses que je ne l'ai pas remarquée. Elle a passé en un souffle. Et j'ai l'impression que je n'ai pas vraiment su la voir.

Oh, elle fut bien remplie cette année, ça c'est certain, mais est-ce que j'ai pris le temps de profiter de ces moments ? Est-ce que j'ai pris le temps de respirer doucement et sentir les minutes passées ?

On n'a souvent pas le choix de courir. La vie peut être une course folle. Il faut vivre avec cette réalité. Mais il faut prendre le temps de compter les secondes une fois de temps en temps.

Alors, demain, nous serons en 2014... Je ne prends habituellement pas de résolutions. Je n'en prends pas cette année, non plus. Mais aujourd'hui, je me souhaite tout simplement de prendre le temps de perdre mon temps de temps en temps... C'est important, je crois.

Et je vous souhaite de prendre le temps de passer votre temps comme vous l'entendez une fois de temps en temps...

Alors une Bonne Année à tous !

15 janvier 2014

J'haïs le hockey de Barcelo - L'auteur

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J'haïs le hockey : roman / François Barcelo. -- [Montréal] : Coups de tête, c2011. -- 111 p. ; 21 cm. -- ISBN 9782896710003. -- (Coups de tête ; 45)

Quatrième de couverture

Antoine Vachon haït le hockey. À la suite de l'assassinat de coach de l'équipe de hockey de son fils, Antoine se voit pourtant contraint de le remplacer à pied levé, sans savoir alors que sa vie va changer. Le flou persiste. Qui a assassiné le coach ? Et surtout, pourquoi ? Le fils d'Antoine aurait-il quelque chose  à voir dans tout cela ? L'entraineur était pourtant connu et apprécié dans sa communauté, il s'occupait bien de ses joureurs, trop bien peut-être...

François Barcelo signe ici un roman vif, nerveux, outrageux, sensible, noir, étonnant skakespearien, tragique , sportif, amoureux, désillusionné, un roman sur l'amour, sur la trahison, sur l'incompréhension...

L'auteur

François Barcelo est né en 1941 à Montréal. Il commence à écrire très jeune, influencé par sa mère qui est elle-même écrivaine. Alors qu'il est dans son adolescence, il remporte un prix littéraire (Radio-Canada) pour jeunes auteurs. Ses oeuvres se retrouvent également finalistes dans le Prix du Cercle du livre de France. Hockey2

Il fait des études littéraires à l'Université de Montréal et obtient une maîtrise. Il continue à écrire et son oeuvre comprend des romans jeunesses, des essais et des romans pour adultes. Il est aussi, pendant un certain nombre d'années, publicitaire, travaille pour plusieurs agences et devient même le vice-président de J.Walter Thompson. Il publie son premier roman en 1981 et remporte le Prix du Gouverneur général en 2006 pour son roman jeunesse La Fatiguante et le Fainéant. Son roman pour adultes, Cadavres, publié en 1998, sera publié par Gallimard et est adapté au cinéma en 2008.

Il continue aujourd'hui à écrire autant pour la jeunesse que pour un public adulte et recevra de nombreux prix. Son oeuvre est traduite en nombreuses langues.

Site Web de l'auteur (avec une biographie complète)

Bibliographie partielle

  • Agénor, Agénor, Agénor et Agénor (1981)
  • La Tribu (1981)
  • Ville-Dieu (1982)
  • Aaa, Aâh, Ha ou les amours malaisées (1986)
  • Nulle Part au Texas (1989)
  • Les Plaines à l'envers (1989)
  • Je vous ai vue, Marie (1990)
  • Le Voyageur à six roues (1991)
  • Ailleurs en Arizona (1991)
  • Pas tout à fait en Californie (1992)
  • Longues histoire sourtes (nouvelles) (1992)
  • De Loulou à Rébecca (et vice versa, plus d'une fois) (sous le pseudonyme d'Antoine Z. Erty) (1993) 
  • Moi, les parapluies… (1994)
  • Vie de Rosa (1996)
  • Vie sans suite (1997)
  • Cadavres (1998)
  • Pince-nez le crabe en conserve (roman jeunesse) (1999)
  • Tant pis (2000)
  • Une histoire de pêche (2000)
  • Chiens sales (2000)
  • L'ennui est une femme à barbe (2001)
  • J'enterre mon lapin (2001)
  • Route barrée en Montérégie (2003)
  • Rire noir (Nouvelles) (2004)
  • Le Nul et la Chipie (roman jeunesse) (2004)
  • Bossalo (2005)
  • Les Pas de mon papa (roman jeunesse) (2005)
  • Bonheur Tatol (2006)
  • Dernier soir sur un pont (nouvelles) (2006)
  • La Fatigante et le Fainéant (roman jeunesse) (2006)
  • Les Mains de ma maman (roman jeunesse) (2006)
  • Chroniques de Saint-Placide-de-Ramsay (2007)
  • Petit Chien pas de pattes (2008)
  • Fantasia chez les Plouffe (2010)
  • Le Seul Défaut de la neige (2010)
  • Petit héros fait caca comme les grands (roman jeunesse) (2010)
  • Le menteur et la rouspéteuse (roman jeunesse) (2010)
  • J'haïs le hockey (2011)
  • J'haïs les bébés (2012)
  • J'haïs les vieux (2013)

Commentaires personnels à suivre...

Sources à consulter

4 avril 2014

L'écorchée de Carrisi

ecorchéeL'écorchée / Donato Carrisi, traduit de l'italien par Anaîs Bokobza. -- [Paris] : Calmann-Lévy, c2013. --431 p. ; 23 cm. -- ISBN 978-2-7021-5388-8.

Quatrième de couverture

"Je les cherche partout. Je les cherche toujours." Sept ans après s'être mesurée au Chuchoteur, Mila Vasquez travaille aux Limbes, le département des personnes disparues. L'enquêtrice excelle dans son domaine. Peut-être parce qu'elle est incapable d'éprouver la moindre émotion. Ou peut-être parce qu'elle même porte dans sa chair la marque des ténèbres.

On a tous ressenti l'envie de s'évanouir dans la nature. De fuir le plus loin possible. De tout laisser derrière soi. Or chez certains, cette sensation ne passe pas. Elle leur colle à la peau, les obsède, les dévore et finit par les engloutir. Un jour, ils se volatilisent corps et biens. Nul ne sait pourquoi. Bientôt, tout le monde les oublie. Sauf Mila.

Et puis, soudain, ces disparus réapparaissent pour tuer. Face à eux, Mila devra échafauder une hypothèse convaincante, solide, rationnelle. Une hypothèse du mal. Mais pour les arrêter, il lui faudra à son tour basculer dans l'ombre. 

L'auteurDonai

Donato Carrisi est né en 1973 à Martina Franca en Italie. Il étudie d'abord en droit puis en criminologie et en sciences du comportement. Sa thèse portera sur un tueur en série italien, Luigi Chiatti, surnommé le "Monstre de Foligno". Puis il délaisse le droit et dès 1999, il commence à écrire des scénarios pour la télévision et le cinéma.  Son premier roman, Le Chuchoteur, a gagné de nombreux prix dont le prix Camaiore, le prix Bancarella, le prix SNCF du polar européen et le prix des lecteurs du Livre de poche et plusieurs autres. Il vit présentement à Rome.

Bibliographie

  • Il suggeritore (2009) (Le Chuchoteur, 2010)
  • Il tribunale delle anime (2011) (Le Tribunal des âmes, 2012)
  • L'ipotesi del male (2013) (L'écorchée, 2013)

Filmographie

  • Casa famiglia (série, 2001)
  • Casa famiglia 2 (série, 2003)
  • Era mio fratello (film pour la télévision, 2007)
  • Nassiryia – Per non dimenticare (film pour la télévision, 2007)
  • Squadra antimafia – Palermo oggi  (série, 2009)
  • Moana (télévision, 2009)

Site web de l'auteur en français et en italien.

Commentaires [très] personnels

J'avais eu un véritable coup de coeur pour Le Chuchoteur, le premier livre de Donato Carrisi. Ce fut vraiment une lecture incroyable pour moi. C'était le premier roman de l'auteur. Et donc, j'ai eu peur de lire son deuxième roman, Le Tribunal des âmes. Peur d'être déçue, de m'attendre à trop. Surtout que j'avais lu plusieurs commentaires négatifs de lecteurs ayant adoré comme moi, Le Chuchoteur. Je ne l'ai donc pas lu. Quand L'écorchée est arrivé sur nos tablettes à la bibliothèque, je ne voulais pas le lire, lui non plus. Mais une collègue à qui j'avais recommandé le premier livre me l'a mis entre les mains après sa lecture en disant qu'il était super. J'ai hésité, mais en voyant la couverture qui me rappelait le premier roman et en lisant sur le quatrième de couverture que Mila était de retour, je me suis laissée tenter. Et j'en suis fort heureuse car j'ai encore une fois adorée ma lecture. Et ce fut comme pour le premier, une lecture éclair... je me forçais littéralement à déposer le livre pour ne pas le terminer trop rapidement !

Nous retrouvons donc encore une fois, Mila Vasquez, cette enquêtrice, écorchée de la vie dans tous les sens du mot. Nous sommes 7 ans après les événements ayant eu lieu dans Le Chuchoteur. Au fil des pages, nous verrons comment ces événements ont changé et transformé Mila. Même si ces blessures ont également des racines dans son passé torturé. L'enquête mais surtout sa rencontre avec son partenaire dans le premier roman ont laissé des traces vivantes.

Mila travaille maintenant dans un département appelé les Limbes. Un endroit oublié où les policiers tentent d'élucider les cas de disparitions jamais résolues. Des hommes, femmes et enfants qui ont complètement disparu... sont-ils vivants ? sont-ils morts ? Personne ne le sait. Et Mila veut les retrouver. Mais voilà que des disparus réapparaissent et commettent des crimes horribles. À l'aide d'un agent spécial, devenu un paria, Mila tente de résoudre ces nouveaux - et anciens - crimes.

Mila demeure un personnage torturé mais attachant. Elle semble si fragile tout étant - semble-t-il - sans peur. Elle se lance dans l'enquête comme dans toutes ses enquêtes, sans aucune limite. L'intrigue est très bien ficelée même si certains de ces fils sont un peu apparents. L'auteur continue à nous mener dans un univers terrifiant et complexe. Encore ici, j'ai eu l'impression de "voir" les mots que je lisais. Tout est visuel dans sa façon d'écrire. Et je ne peux que répéter ce que j'avais dit lors de commentaire pour le Le Chuchoteur... j'ai été complètement embarquée dans l'intrigue.

Et l'écriture de Carrisi est si fluide que l'on est tout simplement pris dans le courant de cette intrigue. Nous nous retrouvons encore dans un monde d'influences et de malveillance. Les gens ne sont pas ce qu'ils semblent et tous ont des secrets, particulièrement Mila. Et encore une fois, j'ai lu si vite le roman, que je n'ai absolument rien deviné et ça, ça me fait vraiment plaisir !

Et je n'ai pas vu venir les derniers mots du roman. Qui implique clairement une suite ! Hum...

Une suite ? Autres commentaires à venir !

Extraits

"Pendant sa carrière de chercheuse de personnes disparues, Mila avait appris que, aussi loin qu'on fuie, où qu'on aille, notre maison nous suit toujours. Même quand on déménage souvent, on reste toujours liés à une habitation. Comme si c'était nous qui lui appartenions, au lieu du contraire. Comme si nous étions constitués des mêmes matériaux - terre en guise de sang, bois dans les jointures, od de ciment." p.60

Sources à consulter

5 avril 2014

L'écorchée de Carrisi - La suite

ecorchéeL'écorchée / Donato Carrisi, traduit de l'italien par Anaîs Bokobza. -- [Paris] : Calmann-Lévy, c2013. --431 p. ; 23 cm. -- ISBN 978-2-7021-5388-8.

Quatrième de couverture

"Je les cherche partout. Je les cherche toujours." Sept ans après s'être mesurée au Chuchoteur, Mila Vasquez travaille aux Limbes, le département des personnes disparues. L'enquêtrice excelle dans son domaine. Peut-être parce qu'elle est incapable d'éprouver la moindre émotion. Ou peut-être parce qu'elle même porte dans sa chair la marque des ténèbres.

On a tous ressenti l'envie de s'évanouir dans la nature. De fuir le plus loin possible. De tout laisser derrière soi. Or chez certains, cette sensation ne passe pas. Elle leur colle à la peau, les obsède, les dévore et finit par les engloutir. Un jour, ils se volatilisent corps et biens. Nul ne sait pourquoi. Bientôt, tout le monde les oublie. Sauf Mila.

Et puis, soudain, ces disparus réapparaissent pour tuer. Face à eux, Mila devra échafauder une hypothèse convaincante, solide, rationnelle. Une hypothèse du mal. Mais pour les arrêter, il lui faudra à son tour basculer dans l'ombre. 

Commentaires [encore plus] personnels (attention en rouge, ce sera des spoilers)

Vous vous souvenez peut-être que je n'aime pas trop les séries. En général, je déteste surtout quand dans un roman policier, on se sent perdu si on n'a pas lu les romans précédents. J'aime lire une intrigue, je ne veux pas nécessairement devoir connaître toute la vie de l'enquêteur. Ce qui ne veut pas dire que quand j'aime un personnage, je n'aime pas le retrouver dans un autre roman. En autant que sa vie précédente ne soit pas absolument essentielle à la compréhension du roman actuel. Vous comprenez ? Enfin, j'y reviendrai un autre moment. Tout ça pour dire, que Carrisi m'a presque déçu. Si ce n'était que le roman est presque aussi réussi à mes yeux que le premier, j'aurais eu une petite déception. Pourquoi ? Disons, que j'aurais vraiment apprécié de lire dans le quatrième de couverture que L'écorchée est carrément une suite du roman Le Chuchoteur. J'ai vu sur Internet que certaines éditions le mentionnaient sur leur couverture. C'est important selon moi. Car le roman se révèlera être une véritable suite du premier roman. Non seulement, nous retrouvons le même personnage principal et plusieurs autres personnages secondaires du premier roman, mais au fil des pages, on retrouve également des éléments et personnages importants. Les événements du premier roman vont directement influencer ce roman.

Mais au moins, l'auteur est honnête sur ce coup, son 3e roman est une suite du 1er (le 2e roman n'ayant rien à voir). On parle même de tome 2. Certaines librairies titrent même le roman : L'écorchée - Le chuchoteur 2 ! C'est tout dire. Et ça change tout mon rapport au livre.

Quand j'ai commencé à lire le roman, je croyais lire un autre roman avec Mila. Une nouvelle enquête, quelques éléments connus, certains traits de caractéres... mais c'est tout. Et puis, petit à petit, je me disais "hum, si un lecteur n'a pas lu Le Chuchoteur, il ne comprendra pas ceci ou cela. Quand une série policière reprend un personnage, les événements qui reviennent se doivent d'être minines et non significatifs. Ici, l'auteur présente certains événements comme s'il prenait pour acquis qu'on savait de quoi il parlait. Et ça, c'est une des choses qui me déplaît dans certaines séries. Alors, je me suis questionnée. Pourquoi ? Je l'avoue j'étais légèrement déçue de Carrisi. Mais comme, moi, j'avais lu le roman précédent et que celui-ci était absolument captivant, je suis passée par-dessus mes réserves.

Et puis l'auteur ira jusqu'à faire carrément revenir un personnage central. Ceci m'a surprise au plus haut point. Je n'avais vraiment pas deviné - malgré certaines similitudes entre les romans - ce revirement. J'en ai été bouleversé et j'ai eu de la difficulté à y croire. Et puis, j'ai encore une fois eu l'impression d'être dans une série de télévision. Dans cette optique, cela me semblait plausible. Et finalement, le roman se conclut sur une ouverture complète vers une autre suite !

Il semble certain qu'il y aura un 3e volet à la "série Le Chuchoteur". Maintenant que je sais que c'est une véritable série, je l'accepte facilement. Si l'intrigue est créée dans cette optique, je n'ai pas de problème. J'aurais juste aimé le savoir en ouvrant L'écorchée. Et même si j'adore Mila et la plume de Carrisi, je souhaite sincèrement que ce sera une trilogie. Car je n'aime pas les séries qui s'étirent. Je ne regarde pas un nouvel épisode d'une énième saison... je lis un roman. Et même si j'ai adoré ces deux romans... je ne veux pas que la sauce s'étire. Et puis, une trilogie, c'est une forme littéraire en soi-même... On peut la prendre comme un tout. Certains éléments des deux romans s'éclaireront sûrement sur un autre jour. Et le troisième tome est souvent le plus fort. Le roman qui revient sur les origines, le début. On retourne en arrière, on revient sur ses certitudes, sur ce qu'on croyait savoir. Enfin, nous verrons bien. Mais pour une fois, j'ai hâte de retrouver Mila et les gens qui l'entourent.

Carrisi est vraiment un excellent auteur de romans policiers. Il a réussi à me faire aimer ses personnages et à me tenir en haleine pendant deux romans. Ses textes ne sont pas sans défauts et certains éléments sont parfois un peu tirés par les cheveux, mais il réussit à nous faire oublier ces invraisemblances. Encore une fois un coup de coeur !

Lire aussi mes premiers commentaires : L'écorchée de Carrisi.

L'avis de Tetedelivre, Livresse des mots, Achille 49, Cajou, Laure.

Extraits

"Je ne sais pas pourquoi, mais quand il s'agit de criminels les gens décrivent tous plus ou moins le même visage : petits yeux et front large. Les thèses anthropologiques affirment que c'est un héritage de l'évolution - l'ennemi aiguise son regard quand il nous toise, et le front est la première chose que l'on remarque quand on doit repérer un adversaire qui se cache dans un espace ouvert." p. 209

Sources à consulter

5 octobre 2014

Moment captif d'un dimanche : tissage

2014-10-05"Nous tissons notre destin, nous le tirons de nous comme l'araignée sa toile." [François Mauriac]

Elle glisse le long d'une aile ; ses longues pattes caressant la statue. Elle a senti une vibration sur sa toile, mais ce n'était qu'une feuille morte poussée par le vent. Sa toile est dense. Sa toile est solide. Elle peut résister aux débris qui passent. Et attraper son prochain repas. L'araignée sait que sa toile lui permettra de vivre en capturant la vie des autres. Elle enveloppera le destin d'un autre de sa toile et vivra jusqu'à demain.

Elle ignore la peur. Elle ne se questionne pas sur son avenir. Elle ne se tourmente pas avec son futur. Et elle ne médite pas sur ses rêves. Elle ne se chagrine pas lorsque sa toile se brise. Elle repart à zéro ou alors reprend les fils qui tiennent encore et recommence à tisser. Elle tisse et retisse. Elle crée et recrée. Elle continue et persiste. Elle vit aujourd'hui et verra demain.

"On candystripe legs the spiderman comes -- softly through the shadow of the evening sun" [The Cure]

28 octobre 2014

Nous avons tous peur de B.R Bruss

bruss2Nous avons tous peur / B.R. Bruss. – [Paris] : Baleine, c2007. – 252 p. ; 17 cm. – ISBN 978-2-84219-419-2. – (Collection Baleine Noire / dirigée par J.-F. Platet)

Quatrième de couverture

Les habitants d'une petite ville canadienne ont peur. Une peur pas ordinaire. Une peur qui leur fait quitter la ville, ou qui les rend fous. Un jeune journaliste du Winnipeg Standard est envoyé pour enquêter et comprendre. Il y découvrira l'horreur...

L’auteur

Auguste Isidore René Bonnefoy est né à Lempdes-sur-Allagnon en Haute-Loire en 1895. Après la Première Guerre Mondiale, il devient journaliste. Il publie son premier roman, Gilbert et l'Autorité, en 1928 sous le nom de René Bonnefoy. Il écrit plusieurs romans sous ce nom. Puis après la Deuxième Guerre Mondiale, dans laquelle son implication semble controversée, il recommence à écrire sous divers pseudonymes. Il s'intéresse également à l'art ; il est illustrateur, peintre et sculpteur. Il utilise divers pseudonymes pour signer ses oeuvres.

Il meurt à Paris en 1980.

Sa biographie est complexe et extensive. Elle est remplie de controverses également. Pour mieux connaître l'auteur, son oeuvre, etc., je vous conseille cet excellent site : brbruss.fr. Je vous conseille également les articles sur le site Fantastik Blog (Charles Moreau).

Bibliographie partielle

Plus de 80 romans et nouvelles, sous divers pseudonymes.

Sous le nom de René Bonnefoy - Plusieurs nouvelles et 6 romans dont :Bruss1

  • Gilberte et l'Autorité (1928)
  • Bacchus-Roi (1930)
  • Aspects de Royat (1932)

Sous le nom de B.R. Bruss - plus de 50 romans dont :

  • Et la planète sauta... (1946)
  • L'apparition des Surhommes (1953)
  • La guerre des soucoupes (1954)
  • Maléfices (1956)
  • Nous avons tous peur (1956)
  • Bihil (1961)
  • Le mur de lumière (1962)
  • Complot Vénus-Terre (1963)
  • Les translucides (1964)
  • Le soleil s'éteint (1965)
  • Parle, robot ! (1969)
  • Les Hamils (1971)
  • Les espaces enchevétrés (1979)

Sous le nom de Roger Blondel - une dizaine de romans dont :

  • Le mouton enragé (1956)
  • L'archange (1963)
  • Bradfer et l'éternel (1964)
  • Le boeuf (1966)
  • Les graffitis (1975)
  • Les fontaines pétrifiantes (1978)

Sous le nom de Georges Brass (romans érotiques) - 7 romans dont :

  • Faiblesses de femmes
  • L'amour ne se mange pas en salade
  • Hôtel du plaisir
  • Les corps en feu

Il publie sous d'autres pseudonymes dont Jacques Huriel, Marcel Castillan, Roger Fairelle. Il fait également plusieurs traductions sous le nom de Roger Bertin.

Vous pouvez lire une bibliographie très complète ici et sous forme de tableau ici.

Commentaires personnels (attention spoilers)

Je dois commencer par dire que je ne connaissais pas du tout René Bonnefoy sous aucun de ses pseudonymes. Ce qui semble étrange à lire sa biographie et à voir son extensive bibliographie. Jamais entendu parler ! Et pourtant j'ai étudié en Études françaises. Et même si nous ne lisions pas tout, évidemment, nous avions de nombreux cours d'histoire de la littérature... toutes les époques, tous les genres. Même le cours sur la science-fiction ne l'a jamais mentionné, alors qu'il semble y avoir consacré plusieurs romans. Enfin... passons.

Ensuite, disons également que j'ai lu Nous avons tous peur, uniquement pour valider mon intuition qu'il était mal classé. C'est une raison comme une autre. Lorsque je fais de l'élagage et qu'un livre a de très mauvaises statistiques de prêt, je me questionne. Ce livre était dans la section Science-Fiction de la bibliothèque, qui est très utilisée. Après quelques recherches complétées par une lecture du livre (oui oui, des fois, je me sacrifie pour prouver une théorie !) et bien, ce roman n'avait rien à faire en Science-Fiction ! Allez hop, reclassification dans la fiction générale - car nous n'avons pas de section Fantastique/horreur.

Nous avons tous peur fut publié en 1956 mais a été réédité de nombreuses fois. Le roman est considéré comme une des oeuvres classiques de la collection Angoisse de la maison d'édition Fleuve noir.

L'histoire se situe à Cockshill, une petite ville de la Saskatchewan au Canada, au milieu des années 50. (Je précise "de la" ou "en" Saskaschewan... et non pas "dans le" comme on retrouve en page 10... je ne sais pas pourquoi mais ce genre "d'erreur" m'achale au plus haut point. C'est sans importance, je le sais, et je ne suis pas à l'abri d'en faire moi-même, mais je n'ai pas de correcteur ou de maison d'édition derrière moi, enfin !) Un journaliste est envoyé sur place pour enquêter sur un mystère qui ne semble pas très important mais qui l'intrigue tout de même : les habitants semblent fuir la ville, pourtant agréable et prospère. Les gens quittent la ville, un à un, sans apparente raison.

Dès son arrivée, il commence son enquête. Et alors que les gens vivant à l'extérieur de la ville ne semblent pas comprendre eux-même ce qui affecte ses habitants, il se rend compte rapidement que ces derniers semblent, quant à eux, exténués et apeurés. Personne ne veut d'abord répondre à ses questions. Il parcours la ville qu'il trouve belle, paisible, florissante. Et pourtant, les gens la fuient ; ils déménagent, deviennent fous ou se suicident. Ceux qui restent sont terrifiés.

Mais dès sa première nuit, un début de réponse commence à se former. Un terrible cauchemar l'a profondément troublé. Il tente de l'oublier mais petit à petit il commence à comprendre ce qui terrorise tous les gens qui vivent à Cockhill.

Le livre commence doucement. L'intrigue est mise en place lentement. On nous présente le journaliste, on apprend à le connaître avant son arrivée dans la ville. Ce qui nous permet de mieux voir les changements qui s'opèrent petit à petit en lui. Le mystère s'installe tranquillement. Et on sent la peur qui s'intensifie au fil des jours - des pages. On en dit peu. Jamais nous ne saurons avec exactitude la teneur des cauchemars du journaliste, ou des autres résidents. On sait qu'ils sont horribles, qu'ils sont terriblement personnels et qu'ils mettent en scène la même créature, Blahom (nom un peu ridicule selon moi,  mais certains l'ont trouvé très intéressant).

L'auteur nous plonge au coeur d'une histoire suffoquante où les gens sombrent dans l'horreur à chaque fois qu'ils ferment les yeux. C'est un texte qui est terriblement efficace. Épuisés, les gens tentent par tous les moyens de ne pas dormir. Ils ne travaillent plus, les enfants ne vont plus à l'école. Ils errent dans la ville. Et on ne peut pas s'empêcher d'avoir un peu peur lorsque nous posons le livre pour aller soi-même se coucher !

Mais malheureusement, l'histoire s'éternise un peu. On ajoute un 2e journaliste et on soupoudre une histoire d'amour un peu ringarde. Et puis, cela se répète un peu. Puisque personne ne dit rien sur les raisons de leur peur, on ne peut que répéter les mêmes scènes. Certaines sont cependant très bien menées et très angoissantes, même si on ne nous présente rien de bien épeurant... Pas de bains de sang, pas de monstres cachés... mêmes les rêves cauchemardesques peuvent sembler bien anodins à la lecture puiqu'on les décrit à peine. La peur se construit petit à petit. Les images terrifiantes ne sont qu'évoquées. On doit tout s'imaginer.

Mais on attend tout de même des explications et nous n'en auront pas vraiment. Ou plutôt plusieurs toutes très décevantes et à la limite de la facilité. On ne répond jamais aux questions. Pourquoi les gens sont-ils tous victimes du même cauchemar ? Assiste-t-on ici à une hystérie collective, à un effet de contagion ? Sont-ils victimes d'un être irréel ou alors bien réel ? S'agit-il d'un envoûtement ? Et surtout pourquoi cela cesse-t-il lorsqu'ils quittent la ville ? Enfin, nous sommes au prise avec un nombre incalculable de questions qui ne seront jamais répondues. Probablement l'intention de l'auteur, mais cela m'a beaucoup déçue. Je trouve cette façon de ne rien dire pour laisser planer les doutes et les incertudes trop facile. Pendant des pages et des pages, on laisse l'angoisse monter et monter. Le suspence est insoutenable et puis, plus rien. C'est terminé. Dans un sens, je comprends pourquoi l'auteur voudrait laisser le mystère entier. La peur ne partira jamais puisqu'on ne sait pas ce qui l'a amenée. Mais je ne peux m'enlever ce sentiment que l'auteur n'avait tout simplement pas l'imagination nécessaire pour donner une explication plausible. Surnaturelle ou réelle, peu importe, mais une explication.

Enfin, cela n'enlève rien au roman que j'ai beaucoup aimé. Cela faisait très longtemps que je n'avais pas lu un roman fantastique qui m'a tenu en haleine très longtemps et qui m'a fait me demander si je laissais les lumières ouvertes un peu plus longtemps avant de me coucher.

Extraits

« Partout ailleurs j’aurais trouvé cette promenade délicieuse. Un merveilleux silence, coupé çà et là par quelque cri d’oiseau ou quelque bruissement d’insecte, régnait dans le sous-bois. Des parfums vivifiants pénétraient dans ma poitrine. Parfois, je voyais fuir devant moi de gracieux animaux, des écureuils, des biches, de petits rongeurs rapides et furtifs. Le soleil, par endroits, jouait entre les branches.

Mais je ne tardai pas à être vaguement oppressé, bien que sachant que je ne craignais absolument rien. C’était ridicule. » p. 57

« Quelque part du côté du lac Buffalo, dans le [sic] Saskatchewan… » p.10

« Toute la nuit il me harcela. Une nuit qui me sembla durer des siècles. Tantôt cela se passait sur la lande, tantôt dans la forêt, tantôt dans un immense couloir, tantôt dans une sorte de grenier sordide, plein de toiles d’araignées, de rats et de chauve-souris. Et tantôt je fuyais, le cœur battant à rompre, tantôt j’étais immobilisé, paralysé, pétrifié, le cœur serré dans un étau. » p. 117

Sources à consulter

22 mars 2015

Le moment captif d'un dimanche : évasion

2015-02"Le soleil accepte bien de passer par de petites fenêtres." [Frederik van Eeden]

Nous avons passé des nuits dans la noirceur avec les étoiles pour nous guider. Puis nous nous sommes enfermés dans une chambre obscure et avons rêvé de l'horizon.

Cette chambre si sombre enveloppe nos vies. Elle obscurcit notre réalité. Nous ne voyons plus rien. Nous oublions d'ouvrir les yeux. Nous oublions de rire, nous oublions de pleurer, nous oublions de voir la beauté du ciel, des étoiles et du soleil. Les promesses de nos vies.

Une petite fenêtre. Trop petite peut-être. Nous ne la voyons pas. Nous oublions de voir toutes les possibilités promises par cette petite ouverture. Mais la lumière s'infliltre sans pitié par la moindre fissure. Elle nous envahit et nous colore sans pitié. Chaque étincelle de couleur fouette notre regard de folie. La beauté qui transperce de ce trou de soleil nous illumine et nous aveugle. Le monde est notre rêve et nous l'acceptons à bras ouvert.

"Le monde n'est pas moins beau pour n'être vu qu'à travers une fente ou le trou d'une planche." [Henry David Thoreau]

19 avril 2015

Le moment captif d'un dimanche : ce qui est important

Une rose est une rose est une rose..."La vie est une rose dont chaque pétale est une illusion et chaque épine, une réalité." [Alfred de Musset]

Les roses, c'est important semble-t-il. Une rose peut tout changer dans une vie. Une rose c'est même une métaphore de la vie.

Il semblerait qu'une rose est une rose est une rose est une rose...

Une rose dans une cour inconnue est-elle plus ou moins importante qu'une rose dans ma cour. Est-ce uniquement le temps que je consacre à mes roses qui les rendent importantes. Cette rose inconnue ne m'appartient pas. Mais elle me semble importante aussi. Peut-être pas pour moi. Mais pour quelqu'un d'autre.

Et si la rose est éphémère, ma vie n'est peut-être pas réelle. Une rose est une rose est une rose est une rose, dit-on.

Et pourtant, la rose n'est pas ma fleur préférée. Elle me semble s'accorder trop d'importance. C'est une illusion pourtant. Chaque rose est une illusion bien réelle. Tranchante et touchante. Douloureuse et voluptueuse.

Chaque rose est une parcelle de vie éphémère. Importante. Car une rose est une rose est une rose est une rose...

"Vivez si m'en croyez, n'attendez à demain, Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie." [Pierre de Ronsard]

21 janvier 2015

Les archives de Pauline : Imprécision

013Une photo floue. Toute jeune elle est. Et elle se dépêche car elle sort en boîte. Toute jeune et insouciante elle était. Je ne l'ai évidemment pas connue à cette époque. Évidemment. 

Une photo floue. Elle a été surprise par le photographe. Pas de deuxième photo. Personne ne se doutait que la photo serait floue avant de la faire développer. C'était une chance à prendre. On prenait moins de photos dans ce temps-là. On économisait les prises. Et on prenait le risque que la photo soit ratée. Mais on a conservé la photo.

J'aime cette photo floue. J'aime la voir jeune, insouciante, virevoltante.

Mais la photo est floue. On ne la voit pas bien. Son visage est imprécis. On le distingue à peine. Comme mes souvenirs d'elle. Mes souvenirs deviennent flous. Ils s'embrouillent.

Le souvenir de son visage s'efface doucement. Les photos que je contemple sont différentes de ce souvenir. Le souvenir de son visage qui me sourit se confond petit à petit avec les images photographiques. Je sens que j'oublie la douceur de sa peau, les plis sur son visage, son sourire si rare en photo, l'odeur de son cou, la couleur de ses yeux, le son de sa voix... Elle s'efface, elle devient floue...

Cela fait trop longtemps que tu es partie et j'ai l'impression que tu deviens floue... je ne me souviens de toi que par les photos... ma mémoire fait défaut... ton image s'efface.

Mais je n'oublie pas ton anniversaire, maman... Je ne t'oublie pas.

 

23 avril 2014

Un jour, un livre, une rose, un droit d'auteur !

"Rien de l'univers n'est semblable si quelque part, on ne sait où, un mouton que nous ne connaissons pas a, oui ou non, mangé une rose." [Saint-Exupéry]

JMDLA

Cette journée est une journée remplie d'espoirs, remplie d'incertitudes. Une journée qui promet de défendre les mots ; une journée qui promet de se battre lors de combats souvent injustes. Une journée grandiose qui rêve de livres, de textes, d'auteurs pendant 24 petites heures. Mais une journée qui fait des cauchemars tous les autres heures de l'année.

On protège un mot, un vers, un chapitre, un livre... mais que lui arrive-t-il vraiment ? Quand on ne le voit pas ? Quand on détourne le regard ? Existe-t-il encore ? Et ça, c'est la question essentielle. Une question de vie littéraire.

Mais certains pièges littéraires sont vitaux à la vie d'une oeuvre. Ne jugez pas le livre, l'auteur, le lecteur, le "citationneur"...  Mais protégez la création... protégez les mots, vos mots...

"Si vous jugez le livre, le livre vous juge aussi" [Stephen King]

16 mai 2014

Choisir sa date

DSC_3142"Dans un couple, peut-être que l'important n'est pas de vouloir rendre l'autre heureux, c'est de se rendre heureux et d'offrir ce bonheur à l'autre." [Jacques Salomé]

PisTout et moi, on sait parfaitement que la date, c'est le 15 mai. Nous en sommes certains. En fait, j'en suis certaine. Car c'est la date du deuxième début de notre relation. Et je me souviens parfaitement de cette soirée.

Mais, 11 ans après le début de notre relation. 11 ans après une reconnaissance annuelle de ce 15 mai, nous nous sommes mariés. Étrange, après 11 ans, vous vous dites peut-être. Bon, peut-être pas, car ma vie ne vous intéresse pas tant que cela, je comprends parfaitement, mais j'ai envie de blablater alors tant pis, je vous dirai tout !

Après 11 ans de relation de "couple"... nous avons décidé de nous marier. Parce que en fait, nous partions pour l'Espagne et que pour les papiers c'était évidemment plus facile pour PisTout. Comme je suis citoyenne espagnole, et bien... faites le calcul. Au lieu des démarches pénibles pour visa et tout, ce fut papier rapide pour résidence. Donc, je suis capable de me sacrifier pour mon PisTout et j'ai dit ok au mariage. Ça vous surprend ? Et oui, c'est moi qui avait le plus de réticence au mariage. Pour moi, cela ne veut absolument rien dire de plus. Pas besoin de papier ou de cérémonie pour dire que j'aime. Et on s'entend qu'après 11 ans, cela ne changeait rien dans notre relation. Mais légalement cela nous donnait un sacré coup de main. Alors la décision fut évidente.

On a travaillé fort pour que cela se fasse près du 15 mai. Car oui, ça j'y tenais. Non, je ne suis pas romantique, je l'ai déjà dit. Mais cela ne veut pas dire que je ne peux pas être sentimentale parfois. Parfois. Je le souligne. Mais le 15 mai, c'était important pour moi. Et on a réussi à faire ce mariage un certain 17 mai 2003. Je vous épargne les détails. Je me laisserai sûrement aller à les raconter un autre mois de mai de toute façon.

Sauf que maintenant, on hésite toujours. Moi, je dis qu'il faut souligner le 15 mai. Mais la famille parle du 17 mai. Et bien que PisTout et moi ne sommes pas particulièrement attachés au 17 mai, ben, on a toujours une petite hésitation. Et donc, en général, on fait un compromis et on choisit le 16 mai.

Mais en fait, je blague... l'important pour nous c'est de le souligner tout simplement. Alors autant le 15 mai que le 17 mai, on se fait un clin d'oeil le matin. Et on se fait une petite soirée spéciale la fin de semaine avant ou après, c'est selon ce qui nous adonne le mieux. On n'est pas regardant sur la date ! Mais est-ce que la date exacte est si importante après tout ?

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Quelques pages d'un autre livre ouvert...
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